Magazine sika finance N° 9 :
- Retrouvez les performances financières des sociétés cotées à la BRVM ;
- les analyses et prévisions de nos experts;
- et surtout les avis des acteurs sur les perspectives du marché BRVM.
Date de parution : Octobre 2022
1. Nous avons l’ambition
de faire de la BOAD une
institution de référence
pour un impact durable
sur l’intégration et
la transformation de
l’Afrique de l’ouest
SERGE EKUÉ
PRÉSIDENT DE LA BANQUE OUEST
AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT (BOAD)
INFLATION, DETTE, OR NOIR, …
L’AFRIQUE FACE À LA SPIRALE DE
LA GUERRE EN UKRAINE
3. WWW.SIKAFINANCE.COM
3
A
près la crise sanitaire de
2020 où les économies
africaines ont été plus ou
moins résilientes avec au
final la première récession enregistrée
par le continent en un quart de siècle,
le répit a été court. A peine avons-nous
eu une année pour tenter de colmater
les brèches laissées par la Covid-19
qu’il a fallu aussitôt réactiver le mode
résilience pour espérer faire face
aux effets collatéraux de la guerre
en Ukraine. Cette fois, l’inflation
s’est invitée dans nos assiettes avec
fracas ! 12% au Sénégal et 37,2%
au Ghana en septembre, 20,5% au
Nigéria en août. Dans l’UEMOA,
l’inflation était de 8,5% en août,
bien loin des niveaux généralement
en deçà des 3% d’avant 2020.
Cette inflation est en grande partie
alimentaire ; autant les produits
alimentaires importés ont flambé,
autant nos productions agricoles
locales ont fait de même, l’Afrique
ayant abandonné sa souveraineté
alimentaire, laissant à d’autres le
labeur d’assurer ‘’son pain quotidien’’.
En 2020, selon la CNUCED, plus de
80 % des importations de produits
alimentaires consommés en Afrique
provenaientdel’extérieurducontinent.
Pour un continent qui concentre 60%
des terres arables non exploitées de
la planète, il est enfin grand temps de
fairedel’agriculturevivrièreunsecteur
stratégique comme cela est le cas pour
le cacao, le coton, ou encore l’arachide.
La guerre en Ukraine a également
fait resurgir la problématique du
financement de nos économies.
Entre la hausse du dollar américain
et le durcissement des politiques
monétaires, il devient plus cher
d’emprunter sur le marché
international. Et pour les Etats,
le fardeau du service de la dette,
constituée en bonne partie en
dollars, donne des sueurs froides. Les
agences internationales de notation
n’ont d’ailleurs pas tardé à brandir le
carton rouge au Ghana et au Congo …
Faillible et résiliente. Il en faut bien
plus. L’Afrique ne peut plus continuer
à se laisser ballotter à tout va par
des crises qui arrivent de manière
impromptue et sporadique et qui
continuent de balafrer à chaque
occasion son économie au point
d’anéantir des années d’efforts.
Maintenir le rythme et le niveau des
investissements dans les secteurs
clés, pourvoyeurs d’emplois et de
croissance, y compris en temps de
chocs, reste donc primordial. Aux
côtés des Etats donc, les banques de
développement jouent un rôle capital
pour nourrir la nécessaire dynamique
économique, y compris en période de
troubles.
Dans la zone UEMOA, la Banque
ouest-africaine de développement
(BOAD) qui se prépare à célébrer
ses 50 ans en 2023, tient le bon bout.
Au sortir de la crise de la Covid-19,
l’institution commune aux Etats de la
région a élaboré un plan quinquennal
dont l’ambition est d’investir plus de
3 000 milliards FCFA, soit environ 4,6
milliards d’euros, dans la zone entre
2021 et 2025. Un chiffre qui vient
traduire une réelle ambition de jouer
un rôle moteur dans ces économies.
Expertfinancierderenom,SergeEKUE,
le président, explore toutes les voies,
allant de l’augmentation du capital,
en accueillant de nouveaux membres
à son tour de table, au recours au
financement durable, en passant par la
mise en place de nouveaux instruments
de financement. Près de 250 mille
emplois devraient être générés via
les projets financés sans compter
les effets induits pour les Etats.
Il nous est apparu judicieux par
ces temps d’incertitude de mettre
sous la lumière une institution qui
symbolise, comme d’autres, une
Afrique en marche, qui se construit,
en dépit des vents contraires.
A la BRVM, après une fin 2021 faste,
les fruits ont bien tenu la promesse
des fleurs. Les investisseurs ont
empoché des dividendes mirobolants
et ont vite fait d’oublier la grande
frustration de ces dernières années.
Et le premier semestre a donné
l’espoir d’une consolidation …
Pour nos investisseurs, cette neuvième
édition fait un tour d’horizon des
valeurs cotées pour les aider à
se projeter et faire les meilleurs
arbitrages.Etretrouveznosarticlessur
la thématique de ce numéro, « Inflation,
dette, or noir, … : L’Afrique face à la
spirale de la guerre en Ukraine » et les
interviews de figures de premier plan.
Bonne lecture à tous.
L’édito
Au-delà de la résilience Daniel AGGRÉ
Directeur général de SIKA FINANCE
4. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
4
S O M M A I R E
06 30 38
6.
42.
46.
58.
16.
26.
20.
54.
62.
38.
LA GRANDE INTERVIEW
MARCHÉ
MARCHÉ
MARCHÉ
A LA UNE
A LA UNE
INTERVIEW
INTERVIEW
INTERVIEW
INTERVIEW
Serge Ekué : Président de la Banque Ouest
Africaine de Développement
BRVM : Les sociétés cotées distribuent 153
milliards FCFA de dividendes de plus en un an
BRVM : Un premier semestre dopé par les
publications des résultats annuels
UMOA : 3 660 milliards FCFA levés sur
le marché au 1er semestre 2022
Dette publique africaine : la
double peine induite par la crise
ukrainienne
Hausse des cours du pétrole,
inflation : L’envers du décor de la
guerre en Ukraine en Afrique
68. FOCUS
La transformation de l’hevea en
Côte d’Ivoire
73. FICHES VALEURS
34. À LA UNE
Afrique : Des économies à la
fois faillibles et résilientes
30. INTERVIEW
‘‘ Nous sommes un investisseur
d’intérêt général qui intervient
notamment en appui des
politiques publiques... ’’
Lassina FOFANA : Directeur
général de la Caisse des Dépôts
et Consignations de Côte d’Ivoire
PARTNERS
‘‘ Nous permettons aux
personnes qui n’ont pas de notion
financière d’investir en bourse ’’
Franck DIAGOU :
Directeur général de
NSIA Asset Management
‘‘ Nous projetons 2,1 milliards de dollars
d’investissement en Côte d’Ivoire sur 5 ans ’’
Cheick Oumar OUATTARA : Représentant de
la Banque Islamique de Développement
‘‘ Nous mettons notre expertise au
service de la sécurité routière ’’
David FOFANA : Président Directeur
général de Mayelia Automotive
‘‘ Nous mettons à disposition toute l’expertise
locale, régionale et internationale du
groupe Société Générale afin de contribuer
durablement au développement de
l’économie togolaise. ’’
Jocelyne N’GUESSAN
Directrice générale de Société Générale Togo
6. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
6
« Nous avons l’ambition de faire de la BOAD
une institution de référence pour un impact
durable sur l’intégration et la transformation de
l’Afrique de l’Ouest »
SergeEKUE
PrésidentdelaBOAD
LA GRANDE INTERVIEW
Ces trois prochaines années ne seront pas de tout repos pour Serge EKUE. Le président de la BOAD, la banque de
développement des pays de l’UEMOA, porte un ambitieux projet, le plan quinquennal ‘’Djoliba’’, qui vise à investir plus de
3 000 milliards FCFA dans la région entre 2021 et 2025. Un volume d’investissement projeté qui représente tout de même
une hausse de 50% comparée au précédent plan quinquennal et qui est à la hauteur de la vision de ce banquier qui a fait
toutes ses classes sur les marchés des pays développés et émergents, et a choisi de revenir se mettre au service du continent
africain.
Expert reconnu des marchés financiers et des marchés de capitaux avec une vingtaine d’années d’expérience, Serge EKUE
a dirigé les activités de marchés de Natixis pour la zone Asie-Pacifique entre 2010 et 2016, avant d’assumer la direction
générale de la banque basée à Hong-Kong jusqu’à mars 2020, date à laquelle il a rejoint l’institution sous régionale.
« La Banque a besoin de décupler sa capacité de financement des économies et augmenter significativement les impacts
des projets financés … », affirme-t-il avec conviction. Et les chantiers sont nombreux, entre augmentation du capital,
financements innovants, etc., qui devront à terme générer près de 250 000 emplois dans la région, booster la production
électrique ou encore doper la production agricole, un domaine qui doit plus que jamais porter « la transformation
économique du continent ».
Rencontre avec un homme engagé qui a entamé la transformation d’une institution dont il veut faire le principal pilier du
développement de la région aux côtés des Etats.
7. WWW.SIKAFINANCE.COM
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Banquier dans un important
groupe international, vous avez
pris en main une banque de
développement dans un contexte
totalement différent. Qu’est-ce qui
a pu motiver un tel virage ?
La Banque Ouest Africaine de
Développement est l’une des
institutions les plus prestigieuses
du continent. Elle bénéficie d’une
excellente réputation auprès
de la communauté financière
internationale, et fait partie des
banques les mieux notées par les
agences de notation internationales.
‘’J’ai juste accepté de
relever les challenges
portés par la BOAD et de
contribuer de manière plus
active, au développement
de notre continent, notre
région et nos pays.’’
Son actionnariat est composé des
Etats de l’UEMOA, de la Banque
Centrale des Etats de l’Afrique de
l’Ouest (BCEAO), la France, la Chine,
le Royaume de Belgique, l’Inde,
l’Allemagne, la Banque Africaine de
Développement(BAD),leRoyaumedu
Maroc et elle s’apprête à accueillir de
nouveauxactionnairesinternationaux,
dans les semaines à venir. Elle est un
acteur majeur du financement du
développement et jouit d’une stature
internationale reconnue de tous et
par tous. Je n’ai donc pas opéré de
virage. J’ai juste accepté de relever les
challenges portés par la BOAD et de
contribuer de manière plus active, au
développement de notre continent,
notre région et nos pays.
Mon métier n’a pas changé. Les
contingences liées à son exercice
sont juste différentes et les
missions assignées ont une forte
valeur contributive au bien-être
des populations. Depuis deux ans,
j’éprouve beaucoup de fierté à
diriger cette Institution, à porter
sa voix partout dans le monde, et à
accompagnernosEtatsmembresdans
leur politique de développement. J’ai
par ailleurs, la chance de bénéficier de
l’expertise éprouvée et reconnue de
l’ensemble des équipes de la Banque.
L’une des premières décisions que
vous aviez prises une fois à la tête
de la BOAD, fin août 2020, a été
de solliciter une augmentation du
capital. Pouvez-vous expliquer les
raisons d’un tel choix et, deux ans
après, comment évolue ce dossier ?
A mon arrivée à la tête de la BOAD,
il nous a fallu poser deux regards
francs. D’une part, un regard sur
notre présent, un état des lieux du
développement de notre sous-région
; d’autre part, un regard d’avenir
désirable, un regard stratégique pour
le mandat qui m’est assigné.
‘’ (…) en dépit des
efforts consentis par les
autorités, les besoins de
développement de la
sous-région sont encore
immenses et croissants,
pour lutter contre la
pauvreté endémique,
les inégalités socio-
économiques et faciliter
l’accès des populations, aux
services sociaux de base
…’’
Il ressort ainsi des diagnostics
qu’en dépit des efforts consentis
par les autorités, les besoins de
développement de la sous-région
sont encore immenses et croissants,
pour lutter contre la pauvreté
endémique, les inégalités socio-
économiques et faciliter l’accès des
populations, aux services sociaux de
base (éducation, santé, eau, énergie,
denrées alimentaires, …). Ces défis
ont été exacerbés ces dernières
années, par des chocs (Covid-19,
conflit en Ukraine, etc.) qui pourraient
annihiler, en cas d’inaction, les progrès
accomplis, favorisant la paupérisation
des populations.
« Avec DJOLIBA, nous
avons l’ambition de faire de
la BOAD une institution de
référence pour un impact
durable sur l’intégration
et la transformation de
l’Afrique de l’Ouest. »
Pour répondre véritablement à
ces défis, aux côtés de nos Etats
et du secteur privé, j’ai engagé
l’implémentation d’un nouveau plan
stratégique 2021-2025, dénommé
Plan DJOLIBA, en référence au
nom du majestueux fleuve Niger, si
caractéristique de notre sous-région.
Il est parfaitement en phase avec les
Plans Nationaux de Développement
(PND) des Etats membres et aligné
sur les ODD*. Avec DJOLIBA, nous
avons l’ambition de faire de la BOAD,
une Institution de référence pour
un impact durable sur l’intégration
et la transformation de l’Afrique de
l’Ouest. En clair, la BOAD veut être
une Institution « Cœur de Cible » du
développement en Afrique de l’Ouest.
Pour ce faire, la Banque a besoin de
décupler sa capacité de financement
des économies et augmenter
significativement les impacts des
projets financés, en vue d’améliorer
les conditions de vie des populations,
notamment les jeunes et les femmes
qui constituent les franges les plus
vulnérables. Nous devons donc
accroître les capitaux propres de la
BOAD, afin de pouvoir répondre à ces
ambitions légitimes.
« La BOAD veut être une
institution « Cœur de Cible
» du développement en
Afrique de l’Ouest. »
« La Banque a besoin
de décupler sa capacité
8. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
8
de financement des
économies et augmenter
significativement les
impacts des projets
financés … »
Selon les experts, l’opération de
renforcement des fonds propres de
la BOAD est une transaction inédite
au monde, tant dans sa structuration
que dans son implémentation. Je me
réjouis de vous informer qu’après
deux années de dur labeur, l’opération
a été couronnée de succès. En effet,
les organes délibérants ont approuvé
un renforcement des fonds propres
de la Banque de 1,5 milliard US$
dont 900 millions US$ en capital
règlementaire (CT1) et 600 millions
US$ en dette hybride.
« Selon les experts,
l’opération de
renforcement des fonds
propres de la BOAD est
une transaction inédite au
monde … »
Il convient de mentionner qu’avec
cette opération, de nouveaux
actionnaires prestigieux feront leur
entrée au capital de la BOAD. La
part des non régionaux, disposant de
meilleures notations internationales,
devrait passer dès lors, de 6% à 20%
du capital, ce qui sera de nature à
ancrer profondément le rating «
investment grade » de la BOAD, voire
l’améliorer.
« Avec l’opération
d’augmentation du capital,
de nouveaux actionnaires
prestigieux feront leur
entrée au tour de table de
la BOAD. »
C’est l’occasion pour moi d’adresser
mes vifs remerciements aux autorités
de l’UEMOA (Etats membres,
BCEAO), aux actionnaires non
régionaux (notamment l’Allemagne,
la Belgique, la France, la BEI, la BAD,
le Royaume du Maroc, la Chine) et
aux administrateurs de la Banque,
pour leur constante sollicitude dans la
réussite de ce projet structurant pour
nos actions futures.
Symbole de votre ambition
d’accroître l’impact de la BOAD
sur l’économie régionale, vous avez
lancé l’ambitieux Plan quinquennal
2021-2025 Djoliba. Un plan de plus
de 3 000 milliards FCFA, en hausse
de 50%, comparé au précédent.
Que contient ce plan et quelles en
sont les ambitions ?
La vision du plan Djoliba est de
faire de la « BOAD, la Banque de
référence, pour un impact durable
sur l’intégration et la transformation
de l’Afrique de l’Ouest ». Cette
vision s’articule autour de trois axes
stratégiques opérationnels et deux
axes transversaux qui sont : primo,
renforcer l’intégration régionale ;
secundo, contribuer à la création de
valeur et d’emplois productifs ; tertio ,
renforcer la résilience au changement
climatique ; quarto, augmenter les
capacités de financement et, quinto,
renforcer les ressources humaines et
les systèmes de gestion.
Nos actions mettent l’accent sur
les cinq domaines que sont : i) les
infrastructures de transport et TIC/
digitalisation,ii)laproductionetl’accès
équitable à l’énergie et aux ressources
naturelles, iii) la production agricole et
la sécurité alimentaire, iv) l’immobilier
et l’habitat, notamment l’habitat social
et v) la santé et l’éducation.
Par ailleurs, le rôle et les besoins de
financement des micros, petites et
moyennes entreprises (MPME) sont
mis en avant, afin de diversifier le tissu
économique et créer des emplois
dans des domaines porteurs, comme
la transformation des matières
premières et l’immobilier social. Une
attention particulière est également
accordée à l’emploi des jeunes et
l’inclusion des femmes, ainsi qu’au rôle
du secteur financier (banques, SFD,
autres établissements financiers),
dans l’appui à ces domaines.
« (…) sur la période 2021-
2025, nous espérons,
entre autres, concourir
à la création de 244 000
emplois, contribuer à
hauteur de 3 710 milliards
FCFA au PIB des Etats… »
A travers le financement des projets
de développement, sur la période
2021-2025, nous espérons, entre
autres, concourir à la création de 244
000 emplois, contribuer à hauteur
de 3 710 milliards FCFA au PIB des
Etats et de 580 milliards FCFA, aux
taxes fiscales, augmenter de 87 700
m3/jour la production moyenne
d’eau potable dans la zone UEMOA
ou encore mettre en place 12 700
km de routes, en vue de faciliter le
déplacement des populations et des
biens.
Dans le secteur agricole, nous
comptons aménager 12 170
hectares de terres, pour permettre la
production de 170 300 tonnes de riz
par an. S’agissant de l’accès à l’énergie,
notre objectif en termes de capacité
supplémentaire est de 380 MW, avec
une part minimale de 39% affectée
aux énergies renouvelables.
« Dans le secteur agricole,
nous comptons aménager
12 170 hectares de
terres, pour permettre
la production de 170 300
tonnes de riz par an. »
Ces défis liés au développement ne
doivent pas nous faire négliger la
préservationdenotreenvironnement.
Ainsi, nous escomptons éviter environ
18 millions de tonnes de CO2.
9. WWW.SIKAFINANCE.COM
9
REJOIGNEZ-NOUS ET PARTICIPEZ À
LA TRANSFORMATION DE LA RÉGION.
DEVENEZ CRÉATEURS D’AVENIR À LA BOAD.
C A R R I E R E S . B OA D.O R G
PARTICIPEZ AUX GRANDS
CHANTIERS DE DEMAIN
#CRÉATEURSDAVENIR
10. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
10
Comment comptez-vous mobiliser
ces ressources ?
Le renforcement des fonds propres
à travers l’augmentation du capital
devrait permettre de libérer des
ressources additionnelles, pour le
financement de nouveaux projets.
En outre, cette augmentation de
capital entraînera une amélioration
significative de notre capacité
d’endettement, passant de 235% en
2021 à moins de 200% sur les cinq
prochaines années, pour une norme
de 300% à ne pas dépasser.
Avec cette marge substantielle et
grâce à notre notation internationale
qui pourrait même se voir améliorée
pour autant que notre zone demeure
stable, il est possible pour nous
d’émettre de la dette senior sur les
marchés financiers, à un coût inférieur
aux taux de financement proposés à
la plupart des autres émetteurs de
la zone UEMOA. En la matière, nous
n’excluons aucun format, aucune
devise, aucune structure, seule la
performance nous guidera.
« Il deviendra possible
pour nous d’émettre de
la dette senior sur les
marchés financiers, à un
coût inférieur aux taux
de financement proposés
à la plupart des autres
émetteurs de la zone
UEMOA… »
Sur la période du plan, la Banque
continuera à solliciter des lignes
de financement auprès de ses
partenaires traditionnels. De
nouveaux partenaires seront
aussi démarchés en vue de la
diversification et de la consolidation
des liens de partenariat.
Nous avons également démarré
d’autres chantiers d’optimisation
bilancielle. A cet effet, deux
instruments sont à l’étude, à savoir la
titrisation et l’assurance partielle du
portefeuille de prêts.
« De nouveaux instruments
de financement sont à
l’étude dont la titrisation…»
La titrisation va consister à transférer
une partie de nos prêts, dans un
véhicule dédié. Les économies
en fonds propres, ainsi réalisées,
permettront de financer de nouveaux
actifs au bilan à due concurrence des
fonds propres libérés, renforçant
ainsi la capacité d’intervention de la
Banque.
La souscription à une série de polices
d’assurance permettra de couvrir
le risque de défaut d’une partie du
portefeuille de prêts financés et
d’optimiser la consommation de fonds
propres. Une première opération a
été réalisée avec succès, en décembre
2021, sur un certain nombre de prêts
et une deuxième est en cours, visant à
couvrir tout ou partie du portefeuille
des prêts du guichet marchand.
Après 18 mois de mise en œuvre
de ce plan, quel bilan pouvez-vous
dresser ?
Depuis le démarrage de la mise en
œuvre du Plan Djoliba, environ 675
milliards FCFA de financements ont
été consentis aux Etats membres
de l’Union, soit 20% de la cible
quinquennale.
Dans le cadre du renforcement de
ses capacités de financement, des
avancées majeures ont été observées.
Je pourrais citer trois points.
Il y a l’augmentation de capital,
l’épine dorsale du plan qui a connu un
aboutissement satisfaisant, comme je
l’indiquais.
Il faut aussi noter le renforcement
technique des fonds propres. La
Banque a bénéficié au premier
semestre 2022, d’une mesure
d’optimisation de son bilan visant
la comptabilisation dans ses fonds
propres de 90 milliards FCFA de don,
au titre du mécanisme de bonification
mis en place par le Conseil des
Ministres, en décembre 2015.
Je pourrais égaler citer les mesures
d’optimisation financière. Les projets
de titrisation classique de créances et
d’assurance des prêts ont été amorcés
et connaissent une bonne évolution.
Par ailleurs, au cours de la période, la
Banqueamobilisédesressourcesd’un
montant total de 619 milliards FCFA
pour le financement de ses activités,
soit un taux de réalisation d’environ
41% de l’objectif quinquennal.
Afin de renforcer les ressources
humaines et ainsi assurer une
exécution optimale du Plan DJOLIBA,
la Banque a mené en 2021, un projet
de transformation organisationnelle
et de conduite du changement. Ce
projet permet de doter la Banque
des capacités (organisation, capital
humain, culture) requises pour
accroîtresonefficacitéopérationnelle.
La Banque, à la faveur de cette
transformation organisationnelle,
s’est dotée d’un Département de
l’Innovation et du Développement
Durable. Il permet à la banque
de renforcer sa politique/son
approche RSE et de mieux assister
et accompagner nos Etats, à
adresser les problématiques liées
au Développement Durable et à la
lutte contre les effets du changement
climatique.
A terme, les financements approuvés
au cours des 18 premiers mois,
permettront entre autres, la
création de plus de 100 000
emplois, l’installation de 229 MW de
puissance électrique, l’aménagement
de 3 900 hectares de surfaces
agricoles irriguées, une production
d’eau potable supplémentaire de
24 000 m3/j, la construction et la
réhabilitation de 575 km de routes et
la réduction d’environ 93 400 tonnes
équivalent CO2 de gaz carbonique.
Avec la crise en Ukraine, les
conditions d’emprunt se sont
durcies sur le marché international.
Ce contexte est-il de nature à
11. WWW.SIKAFINANCE.COM
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contrarier la mobilisation des
ressources, auprès de bailleurs de
fonds ?
Évidemment, les conditions
financières déterminent la manière
dont les coûts d’emprunt affectent la
disponibilité des fonds. Avec l’inflation
généralisée que nous connaissons
aujourd’hui, en raison entre autres, du
conflit en Ukraine, il était prévisible de
s’attendre à un relèvement des taux
directeurs des banques centrales,
ce qui entraîne un durcissement des
conditions de financement.
En effet, les marchés, par le jeu de
l’offre et de la demande, font croître
davantage les taux d’intérêt à long
terme, rendant ainsi plus onéreuses,
les ressources pour les bailleurs
de fonds. C’est-à-dire que les
investisseurs n’acceptent de souscrire
à des obligations émises par ceux-ci,
qu’à condition d’avoir des rendements
plus élevés.
Le coût de la ressource devenant
ainsi plus important, sa rétrocession
par les bailleurs de fonds devient
naturellement plus chère. Il ne s’agit
donc pas de la difficulté d’accès aux
ressources, mais surtout du coût de
son acquisition. Nous assistons à une
réévaluation de tous les actifs. Ce
phénomène est global et mondial.
Le plan est construit autour de
5 domaines d’intervention dont
l’agriculture. Un secteur crucial
que la crise de la Covid-19 et celle
de l’Ukraine a remis au cœur des
priorités. Quel est le portefeuille
prévu pour le secteur agricole et
quelle est votre approche en la
matière ?
Dans notre zone d’intervention,
l’agriculture occupe une place
importante dans la vie économique
et sociale des Etats membres. Elle
constitue l’activité principale de près
de 60% des actifs de l’union. Depuis
les années 2000, sous le leadership
des autorités de l’union, plusieurs
politiques et instruments (Politique
Agricole de l’Union en 2001, Fonds
Régional de Développement Agricole
en2006,ProgrammeCommunautaire
Décennal de Transformation
de l’Agriculture pour la Sécurité
Alimentaire et Nutritionnelle en
2015, etc.) ont été adoptés, en vue de
contribuer de manière durable, à la
satisfaction des besoins alimentaires
de nos populations.
Ainsi, en 2021, l’agriculture a
contribué entre 11% et 30%, selon les
Etats membres, au PIB de l’UEMOA et
pour 28%, aux exportations totales de
l’union.
Toutefois, ces performances n’ont
pas permis au secteur de faire face
aux importants besoins alimentaires
des populations de la région. En effet,
notre zone reste structurellement un
importateurnetdeproduitscéréaliers,
malgré ses grandes potentialités en
12. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
12
matière de développement agricole.
C’est dans cette logique que nous
renforcerons ces interventions avec
près de 20% des financements prévus,
contre un historique de 13%.
Nous pensons également qu’au-delà
de la production, il faut encourager
la transformation de ces matières
premièresagricolespourcréerplusde
valeur et diversifier les exportations ;
ce que nous comptons accentuer
comme l’indique l’axe 2 de notre plan :
« contribuer à la création de valeur
et d’emplois productifs, en appui aux
Etats et au secteur privé ».
Par ailleurs, avec l’impact des chocs
récents (Covid-19, crise ukrainienne,
etc.), notre conseil d’administration
vient d’approuver un Programme
d’urgence à impacts rapides d’un
montant de 200 milliards FCFA sur
la période 2022-2024 en faveur de
nos Etats, pour leur permettre de
répondre à l’urgence liée notamment
aux besoins alimentaires en lien avec
la flambée des prix des produits.
En janvier 2021, la BOAD a réussi
la première émission obligataire
à objectifs de développement
durable du continent. Une
opération primée à l’échelle
internationale. Comptez-vous
réitérer ce type d’émission et à
quelle échéance prévoyez-vous le
faire ?
La première émission obligataire à
objectifs de développement durable
du continent était un défi majeur et
nousavonsréussiàlerelever,euégard
au volume levé (750 millions d’euros
pour un carnet de commandes de plus
de4milliardsd’euros)àdesconditions
avantageuses (maturité de 12 ans
au taux de 2,75%). Cette opération
a permis à la BOAD de décrocher le
prix de l’obligation durable de l’année
2021.
Des projets verts ou sociaux ont
déjà été financés sur ces ressources
et d’autres sont en cours de
préparation, afin d’y être imputés.
Nos Etats membres ont besoin
de ressources de cette nature
(notamment concessionnelles) et
nous travaillerons à renouveler ce
type d’opération, si les conditions du
marché sont favorables.
Vous avez passé une bonne partie
de votre carrière professionnelle
sur les marchés des capitaux au
niveau international. Et l’on se
souvient que la BRVM a été l’une
des premières institutions de la
région que vous avez visitée après
votre prise de fonction. La BOAD
compte-t-elle être plus active sur
le marché régional pour contribuer
à son dynamisme ? Avez-vous des
projets dans ce sens ?
La BOAD compte rester active sur
le marché régional des capitaux pour
contribuer à son dynamisme.
Je voudrais rappeler que
conformément à ses Statuts (cf.
article 41 « La Banque peut organiser
ou contribuer à l’organisation d’un
marché financier de l’Union et au
bon fonctionnement de celui-ci. »),
la BOAD joue un rôle important sur
le marché dont elle est un important
émetteur et investisseur en capital et
en dette notamment.
« La Banque contribuera au
verdissement du marché
des capitaux de l’UEMOA
et à la promotion de
l’innovation financière. »
S’agissant de nos perspectives sur le
marché des capitaux domestiques, le
Plan DJOLIBA sera la boussole de nos
actions futures :
En référence à l’axe 3 du plan
(renforcerlarésilienceauchangement
climatique), la Banque contribuera au
verdissement du marché des capitaux
de l’UEMOA, et à la promotion
de l’innovation financière, pour
accroître l’investissement privé en
faveur du climat. Nous entendons
réaliser prochainement, un emprunt
obligataire (all-purpose) sur le
marché. Une émission possible de
green ou ESG Bond, si les conditions
tarifaires sont favorables, pourrait
être considérée comme une émission
benchmark par les investisseurs.
La Banque est en phase avec la
promotion d’un nouvel instrument
financier par le CREPMF, pour les
Etats et le secteur privé sur le MFR,
dénommé obligations vertes, sociales
et durables (OVSD), qui bénéficie d’un
cadre règlementaire ad hoc.
Également, au titre de l’axe 4 du
plan (renforcer les capacités de
financement), la Banque œuvrera à
l’approfondissementdelamobilisation
de ressources domestiques et
au développement de services
financiers innovants, en l’occurrence
l’arrangement de financements, le
Conseil, le derisking et la titrisation
des créances.
En outre, la Banque va poursuivre ses
investissements dans les instruments
de trésorerie et continuera à investir,
en capital (de manière sélective) et en
dette, dans des véhicules stratégiques
cotés ou non à la BRVM (sociétés,
fonds et entreprises).
La crise de la Covid-19 et celle en
Ukraine ont ébranlé les économies
et en particulier, celles des pays
en développement. Ces chocs
ont montré les limites de la forte
croissance continue des économies
africaines, sur la décennie 2010-
2019. Ces crises devraient-elles
amener à un changement de
paradigme dans les politiques de
développement sur le continent ?
Quel rôle peut alors jouer ici une
banque de développement ?
Il est vrai que ces différentes crises
aux conséquences multiples, à la
14. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
14
fois sanitaires, environnementales,
économiques et financières, ont révélé
lafragilitédenoséconomies.D’ailleurs,
leurs répercussions continueront de
se faire sentir pendant une longue
période. Il est donc important que les
pays africains puissent se saisir de
cette occasion, pour repenser leur
politique de développement.
« Le continent doit
centrer ses politiques de
développement sur ses
avantages compétitifs. »
Le continent doit centrer ses
politiques de développement sur ses
avantages compétitifs. Voyons cet
exemple illustratif ; l’Afrique recèle
65% des terres arables non cultivées
dans le monde, ainsi que des sources
d’eau douce en abondante quantité.
Paradoxalement,lecontinentcontinue
à dépendre fortement de l’extérieur
pour se nourrir. Les importations
de produits alimentaires pourraient
atteindre 110 milliards de dollars d’ici
à 2025.
Rien que cet exemple me conforte
dans l’idée que la transformation
économique du continent ne peut
se produire qu’avec une révolution
industrielle axée sur l’agriculture,
laquelledoits’appuyersurlesnouvelles
technologies et s’accompagner d’une
main-d’œuvre plus qualifiée.
« (…) la transformation
économique du continent
ne peut se produire qu’avec
une révolution industrielle
axée sur l’agriculture. »
Naturellement,la miseenœuvred’une
tellepolitiquededéveloppementdevra
être accompagnée d’investissements
conséquents, dans les infrastructures,
en particulier de transport et de
communication, indispensables non
seulement pour intégrer les secteurs
industrielsetagricoles,maisaussipour
densifier les échanges et accroître
l’intégration des économies de la sous-
région. Par ailleurs, une attention
particulière doit être accordée à
l’amélioration de la situation sanitaire
des populations, notamment par
la mise en place d’infrastructures
sociales de base, essentielles pour
combattre la pauvreté.
D’après les estimations récentes,
l’Afrique a besoin de 354 milliards
de dollars par an, pour atteindre les
ODD, en raison de la pandémie de
COVID-19 et de la crise en Ukraine,
alors que les États africains disposent
d’une marge de manœuvre budgétaire
limitée. C’est à ce niveau que les
banques de développement ont tout
particulièrement un rôle important à
jouer.
La BOAD pour sa part est en train de
se donner les moyens d’accompagner
convenablement les politiques de
développement de ses Etats membres,
notamment par un renforcement de
ses fonds propres.
Commentvoyez-vouslaBOADdans
les 10 ou 15 prochaines années ?
Nous allons commémorer les 50 ans
de l’institution en 2023. C’est l’âge de
la pleine maturité et nous comptons
consolider les acquis.
Il est clair que les actions engagées
depuis ma nomination en qualité de
Président, de même que celles en
perspective, seront déterminantes
pour l’avenir de la BOAD. Ainsi,
dans les 10 à 15 prochaines années,
nous ambitionnons de contribuer à
satisfaire une part importante des
besoins de financement des Etats
membres de l’UEMOA et soutenir
leurs objectifs d’émergence. C’est
dire avoir activement participé à la
transformation de l’Afrique de l’Ouest,
comme visé par le Plan Djoliba.
« J’ai la vision d’un groupe
bancaire financièrement
solide et performant, avec
une crédibilité et une
visibilité renforcées auprès
des investisseurs. »
A cet horizon, j’ai la vision d’un groupe
bancaire financièrement solide et
performant, avec une crédibilité et
une visibilité renforcées auprès des
investisseurs.
Si le secteur souverain est toujours
central, nous travaillerons au
développement d’une Banque
moderne qui s’inscrit dans son
temps avec de nouveaux métiers, de
nouvelles spécialisations et une agilité
financière permettant notamment
de mieux adresser le secteur privé.
Enfin, la croissance durable continuera
d’être notre boussole.
* Les ODD, les Objectifs du
Développement Durable des
Nations Unies, construits autour de
17 objectifs, visent globalement à
éradiquer la pauvreté sous toutes ses
formes et dans tous les pays, protéger
la planète et garantir la prospérité
pour tous.
Jean-Mermoz KONANDI
16. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
16
Dette publique africaine :
la double peine induite par la crise ukrainienne.
Face à la rareté des ressources publiques, le recours à
l’endettement des Etats africains était devenu nécessaire
aux financements de nombreux projets de développement
sur le continent, mais la gestion de cette dette constitue
aujourd’hui un goulot d’étranglement pour plusieurs
économies de la région.
D
efait,aprèslesannulationsdedettessouveraines
intervenues au début des années 2000 dans
le cadre de l’initiative « Pays Pauvres Très
Endettés » (PPTE), le stock de dette extérieure
des pays d’Afrique subsaharienne a de nouveau fortement
augmenté pour atteindre 395 milliards de dollars fin 2019,
soit le triple de son niveau de 2006 où il avait touché son
plus bas consécutivement aux annulations.
Le PIB de la région ayant progressé moins rapidement
par rapport à l’encours de la dette sur la période (2006-
2019), le ratio d’endettement (dette/PIB) de l’Afrique
subsaharienne a en conséquence augmenté, passant de
33,5% en moyenne entre 2010 et 2017 à 50,4% en 2019
puis 57,3% fin 2020. Il a même atteint des niveaux très
élevés dans certains pays comme le Soudan (259,4%),
l’Érythrée (182%), le Cap-Vert (155,6%), la Libye (155%),
le Mozambique (122%) et la RDC (101,68%).
Dans le détail, l’encours de la dette extérieure par type
de créanciers a fortement progressé entre 2006-2019,
en particulier pour les créanciers multilatéraux (+179%),
les créanciers bilatéraux (+123%) et les créanciers privés
(+470%).
À LA UNE
Répartition du niveau de dette publique extérieure
(400,6 milliards de dollars) des pays d’Afrique
subsaharienne en 2019
Répartition du niveau de dette publique extérieure
(155,5 milliards de dollars) des pays d’Afrique
subsaharienne en 2009
Source : Banque mondiale
Dette obligatoire
Autres créanciers privés
latéraux
Créanciers multi
15%
12%
35%
38%
34
9%
26%
31%
L’augmentation du recours aux marchés financiers
(dette obligataire) entraîne des risques importants de
refinancement et de change, ce qui réduit la soutenabilité
de la dette publique des pays africains.
Ce niveau d’endettement complique sérieusement les
perspectives de développement économique des pays
africains, en raison du service de la dette publique qui a
plus que triplé entre 2010 et 2019, reflétant à la fois la
hausse de l’endettement et des taux d’intérêt plus élevés
servis aux créanciers privés. A titre d’illustration, le ratio
17. WWW.SIKAFINANCE.COM
17
25 ans au service des investisseurs
du Marché Financier Régional
- Conseil financier : privatisation, cession
d’entreprise, fusion & acquisition, evaluation
financière, restructuration financière
- Financement structuré : financement de
projets, syndication de crédits, titrisation
- Marché des capitaux : introduction en bourse,
structuration et placements de titres
(actions, obligations, titres de créances etc.)
- Activités boursières : négociation boursière,
gestion de portefeuilles titres, tenue de
compte et conservation de titres
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18. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
18
‘’L’augmentation du recours aux marchés
financiers peut cependant aussi entraîner
des risques importants de refinancement
et de change, venant réduire la
soutenabilité de la dette publique.’’
La pandémie de la Covid-19 dont les effets négatifs
étaient très marqués sur toute l’année 2020 a intensifié
et exacerbé la situation fragile de la dette africaine. Ses
effets négatifs se sont transmis aux finances publiques des
Etats par différents canaux, dont notamment la réduction
du PIB via le choc direct sur l’offre et l’affaiblissement de
la demande globale qui comprime les recettes, la chute
des prix des matières premières, la baisse des transferts
internationaux et l’impossibilité d’accéder aux marchés de
capitaux internationaux.
On note également l’accroissement des pressions
budgétaires survenu dans un contexte où les marges de
manœuvre des finances publiques étaient déjà très faibles,
voire inexistantes. Ainsi, en juin 2021, 6 pays africains
étaient en situation de surendettement et 15 en risque
élevé de surendettement.
Cette situation a suscité une solidarité internationale en
matière de coopération multilatérale, débouchant sur la
mise en place de l’Initiative de Suspension du Service de la
Dette (ISSD) par les membres du G20 et du Club de Paris le
15 avril 2020. Celle-ci visant à suspendre et rééchelonner
les échéances de dette bilatérale de l’année 2020 (à
rembourser entre 2022 et 2024). Sur les 35 pays pauvres
éligibles à cette facilité, 25 se trouvaient en Afrique pour
un montant total différé de 830 millions de dollars entre
mai et décembre 2020.
Le conflit russo-ukrainien a accentué les déséquilibres
L’année 2021 a amorcé la reprise des économies africaines
après la parenthèse des heures chaudes de la Covid-19 en
2020, entraînant notamment une réduction des déficits
budgétaires. Cette tendance qui devrait se consolider en
2022 a été contrariée par la guerre en Ukraine qui jette un
voile d’incertitude sur une région dont la résilience est à
nouveau mise à l’épreuve.
En effet, le conflit ukrainien a entraîné une hausse
de l’inflation qui a atteint aujourd’hui des niveaux
sans précédent dans le monde. Cette situation oblige
Part des pays d’Afrique subsaharienne en fonction du niveau du risque de surendettement
Source : FMI, juin 2021
service de la dette sur les recettes publiques a augmenté
jusqu’à 85,5% en 2021. Pis, le FMI prévoit qu’à fin 2026, le
Nigéria pourrait consacrer 139% de ses recettes publiques
au paiement du service de la dette.
En conséquence, le nombre de pays africains présentant
un risque faible de surendettement baisse depuis 2013,
tandis que la part des pays avec un risque élevé ou en
surendettement est en hausse.
19. WWW.SIKAFINANCE.COM
19
notamment les banques centrales des grandes économies
à durcir leur politique monétaire, relevant leurs taux
directeurs et donc le loyer de l’argent.
Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale (la banque centrale)
a procédé depuis le début de l’année 2022 à plusieurs
relèvements de son taux directeur ; celui-ci est passé
de la fourchette 0 à 0,25% pour s’établir entre 2,25% et
2,50% depuis le 27 juillet 2022. Cette politique monétaire
restrictive des Etats-Unis a le don de renforcer la vigueur
dudollarquis’estfortementappréciéde9,82%parrapport
à l’euro notamment depuis fin décembre 2021.
Untelcontexte,enplusd’augmenterlescoûtsdesemprunts
internationaux, alourdit le fardeau de la dette des pays
africains, réduisant par ricochet la capacité du continent à
faire face à ses obligations extérieures. On rappelle à cet
effet que la plupart des levées de fonds effectuées par les
pays africains sur les marchés internationaux depuis 2010
étaient majoritairement libellées en dollars.
Répartition des émissions d’eurobonds par année en Afrique subsaharienne depuis 2010
Source : Thomson Reuters (Juillet 2021, hors Afrique du Sud)
‘’Sur les trois premiers trimestres
de 2022, aucun Etat n’est allé sur le
marché international de la dette alors
que les besoins de financement restent
importants.’’
Relevons qu’en 2021, nombre d’Etats africains ont pu
retourner sur le marché des eurobonds pour financer
leurs budgets. Et au regard du contexte actuel, sur les trois
premiers trimestres de 2022, aucun Etat n’est allé sur le
marché international de la dette alors que les besoins
de financement restent importants. C’est le cas de pays
comme la Côte d’Ivoire contrainte, selon Bloomberg, à
démarcher des banques internationales pour négocier un
prêt de 300 millions de dollars, soit près de 198 milliards
FCFA.
Globalement, les pays africains qui se sont fortement
endettéspourjugulerleseffetsnégatifsdelacrisesanitaire,
doivent à présent faire face à des coûts d’emprunts
exorbitants, doublés d’un alourdissement du fardeau de la
dette. Ce qui s’apparente bien à une double peine infligée
aux pays africains.
Dr Ange PONOU,
Economiste
20. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
20
INTERVIEW
Pas besoin d’être un intime des questions de finance pour
investir et gagner de l’argent à la bourse ! L’astuce : recourir
à une SGO, société de gestion d’OPCVM, entité habilitée,
chargée de gérer et faire fructifier l’épargne de ses clients
via le marché financier.
Peu connues du grand public, les SGO sont pourtant une
bonne alternative pour ‘’faire travailler’’ son argent et
revitaliser son pouvoir d’achat surtout que l’inflation
devient une vraie préoccupation sous nos cieux.
« Il est indéniable aujourd’hui qu’une épargne investie sur
le long terme doit impérativement inclure un portefeuille
boursier et cela est encore plus facile à travers une SGO »,
exhorte Franck DIAGOU, Directeur général de NSIA Asset
Management, une SGO en vue sur le marché régional de
l’UEMOA.
Titulaired’unMBAenFinanceobtenuàlaButlerUniversity
aux Etats-Unis, Franck DIAGOU est aussi actuaire
diplômé des Hautes Etudes en Assurances de l’INP-HB
de Yamoussoukro en Côte d’Ivoire. Avec plus de 20 ans
d’expérience, d’abord aux Etats-Unis et au Canada, il a
intégréen2011legroupeNSIAdontilaprislescommandes
de la SGO dix ans plus tard, en 2021.
Convaincu du potentiel du marché régional qui doit relever
le défi d’intégrer les habitudes des populations, il se livre
dans cette interview à un exercice pédagogique avec
comme illustration les performances financières générées
par les fonds gérés par NSIA Asset Management.
Les SGO restent relativement peu connues alors
qu’elles jouent pourtant un rôle important dans
l’animation du marché. Pouvez-vous nous dire ce qu’est
une SGO ?
Je vous remercie pour cette très bonne question que je me
permettrai d’élargir quelque peu. Je dirais qu’en plus de
notre rôle d’animateur du marché financier, nous jouons
un rôle crucial dans la gestion des épargnes et surplus de
trésorerie de nos clients. En réalité, nous démocratisons la
finance en donnant la possibilité à tout un chacun, financier
ou non, d’investir sur les marchés boursiers et financiers à
travers les produits que nous offrons.
Pour beaucoup, le monde de la bourse est un monde
inaccessible et incompréhensible. Et bien… le rôle des SGO
(Société de Gestion d’OPCVM) est de leur offrir un accès
facile au fort potentiel de rentabilité que la bourse peut
leur offrir.
Franck DIAGOU
Directeur général de NSIA Asset Management
« Nous permettons
aux personnes qui
n’ont pas de notion
financière d’investir
en bourse »
21. WWW.SIKAFINANCE.COM
21
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22. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
22
Une SGO offre à ses clients d’investir en bourse ou sur
le marché financier à travers des fonds qu’elle crée et
gère pour leur compte. Pour faire simple, on peut décrire
un fonds comme un panier dans lequel plusieurs clients,
entreprises ou particuliers sans distinction, déposent leur
argent. La somme totale collectée est ensuite confiée à un
gestionnaire spécialisé, que nous sommes (SGO), pour être
investie selon une stratégie précisée au départ (exemple
investir dans les actions). Le but de la SGO est donc de
générer le maximum de rentabilité possible dans les limites
de la stratégie définie pour le fonds. Nos clients déposent
donc juste leur argent dans ce produit et attendent le
résultat de leur placement. Comme on dit, ils laissent
l’argent travailler pour eux.
Quelles sont vos offres sur le marché et comment y
souscrire ?
NSIA Asset Management commercialise des produits
(fonds) ouverts à tous types de clients sans distinction de
fortune, d’origine, etc... Nous désignons ces fonds sous
l’appellation de fonds grand public. Nous proposons
aussi des fonds que nous créons spécialement pour des
groupes de clients qui le souhaitent (employé de la même
entreprise, employé de sociétés d’un même groupe,
associations, mutuelles, etc…).
« Nous proposons aussi des fonds que
nous créons spécialement pour des
groupes de clients qui le souhaitent … »
Dans tous les cas, nous disposons d’une offre complète
adaptée à tout type de client, jeune ou plus âgé, riche ou
pauvre, particulier, entreprise ou associations, etc... Tous
trouveront chaussures à leurs pieds en souscrivant chez
nous.
Vous savez aussi certainement qu’en finance, comme dans
la vie en général, vos chances de gagner ou de perdre
s’accroissent avec le niveau de risque que vous prenez.
Nous offrons dans cette logique des produits pour des
personnes qui ne souhaitent pas prendre de risques et
d’autres pour des clients qui souhaitent en prendre un peu
ou beaucoup plus.
Nous proposons donc au grand public les fonds
« Obligataire » très peu risqué, « Aurore Sécurité » qui
est adapté à toute personne qui ne désire pas perdre son
capital mais souhaite s’offrir des chances de gagner plus
que les produits d’épargne habituels ou des entreprises qui
souhaitent mieux rentabiliser leur surplus de trésorerie.
Notre fonds « NSIA FONDS DIVERSIFIE » est un peu plus
risqué mais son niveau de risque demeure très modéré
parce qu’il investit une part importante de ses actifs en
obligations. Ce fonds est adapté aux clients qui souhaitent
gagner plus que le précédent fonds tout en acceptant un
risque un peu plus important.
Et pour finir, notre fonds action, « Aurore Opportunités »,
que nous qualifions de risqué, investit principalement en
actions mais il offre l’opportunité de gagner gros. Je dirais
que ce fonds pourrait largement convenir aux jeunes qui
investissent sur le long terme ou aux personnes fortunées
à la recherche d’un surplus de rentabilité.
Comme vous le constatez, nous offrons des produits pour
tout type de client. En plus, nos clients ne sont pas obligés
d’investir tout leur argent dans un seul produit. Ils peuvent
le répartir sur plusieurs produits à leur guise.
Il est très facile de souscrire à nos produits et vous pouvez
le faire à partir de n’importe quel pays. Vous n’aurez qu’à
remplir quelques formulaires et nous fournir les éléments
habituels d’identification. Notre service client est toujours
disposé à vous assister et est disponible par mail à
serviceclient@nsiaasset.com ou par téléphone au +225 27
20 33 08 90.
Il vous faudra ensuite transférer le montant correspondant
à votre souscription sur le compte du ou des fonds désirés.
Pourquoi les épargnants devraient-ils confier à une
SGO comme la vôtre la gestion de leurs économies ?
C’était justement la question que j’attendais et je vous en
remercie. Comme je l’ai mentionné plus tôt, nos produits
offrent des avantages inestimables aux personnes ou
entreprises qui souhaitent s’offrir une chance de mieux
rentabiliser leur argent sans fournir d’effort particulier. Il
faut malheureusement reconnaître qu’ils sont peu connus
aujourd’hui.
Pourcommencer,etjel’aidéjàmentionné,nouspermettons
auxpersonnesquin’ontpasdenotionfinancièred’investiren
bourse;etc’estuneopportunitéànepasrater.Vouslesavez
sans doute, la bourse aujourd’hui permet à de nombreuses
personnes de générer des bénéfices considérables d’année
en année. Il est donc injuste que certaines personnes
soient exclues de cette opportunité majeure simplement
parce qu’elles ne la comprennent pas ou ne disposent pas
de suffisamment de temps pour y investir. Par contre, il
est aussi vrai que l’investissement boursier peut s’avérer
risqué, surtout sur le marché des actions qui offre aussi
le plus grand potentiel de revenus. Et c’est là que nous
intervenons… Nous gérons indirectement les placements
de nos clients sur le marché boursier. Ils n’ont donc pas
23. WWW.SIKAFINANCE.COM
23
besoin de connaître la bourse. Nous le faisons pour eux. En
prime, ils bénéficient de nos compétences techniques en
la matière, mais également d’un suivi journalier rapproché
de chacun des investissements que nous réalisons pour le
compte de nos fonds.
« (…) nous permettons aux personnes qui
n’ont pas de notion financière d’investir en
bourse ; et c’est une opportunité à ne pas
rater … »
Nos produits sont aussi très flexibles, nous donnons la
possibilitéànosclientsd’épargneràleurguise.Vouspouvez
épargner 1 000 FCFA ou plus sans limite de montant vers
le haut ou vers le bas. Vous épargnez également à votre
rythme, que vous souhaitiez faire un seul versement
l’année, chaque mois, chaque semaine, chaque jour… c’est
vous qui décidez. En plus, votre investissement n’est pas
bloqué… Vous pouvez donc en retirer une partie ou la
totalité à tout moment. Certes, nous ne recommandons pas
de le faire fréquemment mais il est important de savoir que
cette option reste disponible au cas où vous avez un besoin
urgent d’argent.
Nos produits peuvent aussi être nantis pour obtenir un
prêt auprès d’une institution de crédit. Dans ce cas, vous
vous offrez à la fois les chances de bien rentabiliser votre
épargne et de financer vos projets en sollicitant un prêt.
Vous pouvez épargner 1 000 FCFA ou
plus (…) que vous souhaitiez faire un seul
versement l’année, chaque mois, chaque
semaine, chaque jour… c’est vous qui
décidez. En plus, votre investissement
n’est pas bloqué…
Tous nos clients sont aussi mis sur un pied d’égalité. Un
particulier qui investit 5 000 FCFA bénéficiera du même
taux de rentabilité qu’une entreprise qui investit plusieurs
milliards dans le même fonds, le même jour. Nous offrons
24. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
24
donc les mêmes chances à tous.
Je vais m’arrêter là pour éviter d’en
dire trop. Mais sachez qu’il existe
encore de nombreux avantages que
nos conseillers se feront un plaisir
de vous détailler, qu’il s’agisse du
financement de vos projets ou de la
défiscalisation de nos produits. Il vous
suffira simplement de nous contacter
aux adresses mentionnées plus haut.
En la matière, la hantise est de
voir ses revenus s’effondrer en cas
de baisse du marché. Quels sont
vos garde-fous pour rassurer les
investisseurs ?
Nous offrons des garde-fous à
plusieurs niveaux. Pour faire simple,
un client, qui craint vraiment le risque,
peut simplement investir dans notre
fonds obligataire, peu risqué, mais
qui lui offrira de bonnes chances de
gagner plus que les produits d’épargne
classiques.
Mieux encore, l’une des forces
majeures de nos produits c’est la
flexibilité qu’ils vous offrent. Vous
pouvez donc sortir à tout moment
d’un fonds plus risqué vers un fonds
qui l’est moins et vice versa. Par
exemple, en cas de baisse du marché
des actions, vous pouvez sortir de
notre fonds actions pour souscrire
dans notre fonds obligataire qui est
très peu risqué. Dans tous les cas,
nos conseillers sauront vous orienter
selon la période.
Ilfautaussinoterqu’investirenbourse
est notre métier. Nous structurons
nos fonds de façon à diversifier leurs
placements et ainsi limiter les effets
que pourraient avoir la chute d’une
poignéedetitressurnotreportefeuille.
En plus, nous sélectionnons les titres
que nous incluons dans nos fonds en
fonction de la situation du marché et
des perspectives des entreprises qui
les ont émises. Le marché peut donc
baisser alors que la performance de
nos fonds progresse ou reste stable.
Il va sans dire, cependant, qu’en cas de
baisse de tous les titres sur un marché,
un fonds qui y investit accusera une
perte. Et si c’est le cas, le client peut
rapidement réagir tel que décrit plus
haut.
Pouvez-vous donner une idée des
performances des fonds que vous
gérez ?
Nos fonds grand public enregistrent
de très bonnes performances. Notre
fonds actions a enregistré, au 18
août, une hausse de 21,93% sur les
12 derniers mois. Il a généré une
performance de 23% sur l’année
2021. Depuis le début de l’année, il a
progressé de 11,90%.
Idem pour notre fonds NSIA FONDS
DIVERSIFIE, qui, à cette même
date, a progressé de 11,24% sur les
12 derniers mois. Il a généré une
performance de 13% en 2021 et
affiche au 18 Août une hausse de
+6,23% en 2022.
Pour finir, notre fonds le plus sécurisé,
« Aurore Sécurité » a seulement
débuté en fin d’année 2021 et a
progressé du début de l’année au 18
août de 5,07%.
La BRVM est sur une bonne
dynamique de reprise qui se renforce.
Que conseillerez-vous à ceux qui
hésitent encore à faire le choix du
marché en recourant aux services
d’une SGO ?
Je leur dirais qu’il est indéniable
aujourd’hui qu’une épargne investie
sur le long terme doit impérativement
inclure un portefeuille boursier et cela
est encore plus facile à travers une
SGO. Beaucoup oublient ou ignorent
ce que c’est que l’inflation, mais en
parlent tous les jours. L’argent perd de
la valeur avec le temps. La tomate, par
exemple, coûte plus cher aujourd’hui
qu’il y a 5 ans, etc… Et c’est ce que
mesure le taux d’inflation : le taux
auquel votre argent perd sa valeur.
Alors, si le taux d’inflation actuel est
évalué à 4%, cela signifie que mon
argent a perdu 4% de sa valeur depuis
le début de l’année. Donc lorsqu’une
personne place son épargne dans un
produit qui lui rapporte moins que ce
taux, son épargne perd de la valeur
avec le temps et l’inverse est aussi
vrai. C’est aussi simple que cela ! A
quoi sert-il d’épargner pour que notre
argent valle moins ?
« Lorsqu’une personne
place son épargne dans
un produit qui lui rapporte
moins que l’inflation, son
épargne perd de la valeur
avec le temps et l’inverse
est aussi vrai (…). A quoi
sert-il d’épargner pour
que notre argent vaille
moins ? »
En règle générale, épargner n’est pas
une chose facile, il est donc important
que les personnes qui souffrent pour
épargner puisse le faire dans des
produits qui leur offrent au moins
une rentabilité égale à l’inflation pour
éviter de perdre en pouvoir d’achat. Et
comme vous avez pu le constater plus
haut, nos produits vous offrent cette
opportunité.
Je finirai par dire que nous sommes les
seuls responsables de notre bien-être
financier. Il est important pour chacun
desavoirprendrelesbonnesdécisions
pour ne pas le regretter plus tard. Et
parmi ces bonnes décisions figure
l’investissement en bourse. Si vous
êtes prêts à prendre la bonne décision,
il vous suffit de nous contacter et nous
ferons le reste…
Jean-Mermoz KONANDI
26. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
26
Les deux chocs pétroliers des années soixante-dix ont
largement ouvert la porte à la première grande crise
économique dans de nombreux pays africains. 50 ans
après, même si le contexte diffère, les fortes hausses du
prix du brut font contraignent fortement des économies
africaines dont plus des 4/5ème sont des importateurs.
À
l’aube du jeudi 24 février 2022, le président
russe Vladimir Poutine a annoncé le début d’une
opération militaire dans la région du Donbass,
dans l’est de l’Ukraine. Cette déclaration a eu
pour conséquence de précipiter le cours du pétrole au-delà
des 100 dollars US le baril, son plus haut niveau depuis
2014. Huit ans après que le prix de l’or noir ait navigué au-
dessus des 100 USD, l’Afrique doit à nouveau faire face à
une équation périlleuse pour la plupart de ses Etats.
Dans ce contexte marqué par de fortes tensions inflation-
nistes et un creusement du déficit budgétaire, nous dres-
serons les gagnants et perdants de ce nouveau choc sur les
économies du continent.
LA RENTE PÉTROLIÈRE FAIT DES HEUREUX
GAGNANTS
Pour la grande majorité des pays du continent, la guerre
en Ukraine intervient à un moment extrêmement diffi-
cile, alors que la pandémie de la Covid-19 entre dans sa
troisième année avec des finances publiques déjà mises
à l’épreuve et qui limitent les marges de manœuvres des
gouvernements. Dans ce contexte, la hausse des cours du
pétrole devrait générer des recettes exceptionnelles pour
les 8 grands pays exportateurs de la région.
A ce sujet, dans son dernier rapport sur les perspectives
économiques mondiales publié en juillet 2022, le FMI an-
ticipe que les pays africains riches en ressources naturelles
et plus particulièrement exportateurs d’or noir devraient
enregistrer un fort rebond après avoir été contraints à une
récession l’année dernière du fait de la crise sanitaire.
Hausse des cours du pétrole, inflation :
L’envers du décor de la guerre en Ukraine en Afrique
À LA UNE
Les produits les plus
exportés par les
pays africains
Premier produit exporté en valeur pour
chaque pays
d'Afrique en 2020
*autres minerais : aluminium, titane, sel.
**dont cacao, café, thé, noix, épices, coton, tabac, huiles essentielles.
Source : Observatoire de la complexité économique (OEC)
Métaux & minéraux
Or
Cuivre, fer ou autres minerais *
Diamants
Hydrocarbures
Pétrole
Gaz
Agriculture, forêt & pêche
Produits agricoles **
Bois
Poisson
Industrie
Voitures
Bateaux
Câbles électriques
Turbines
27. WWW.SIKAFINANCE.COM
27
Top 10 des pays devant enregistrer les plus forts rebonds de la croissance en 2022 (en %) – Source FMI
Ainsi, la Guinée équatoriale dont 80% des recettes fiscales
proviennent des revenus pétroliers, devrait enregistrer le
plus fort rebond du continent avec une croissance qui de-
vrait avoisiner 6% contre -3% en 2021.
Il en est de même pour l’Angola, troisième producteur pé-
trolier du continent dont la modeste croissance du PIB
enregistrée en 2021 devrait être stimulée par la forte aug-
mentation du prix du pétrole. Ainsi, le redressement du
prix du pétrole brut, d’environ 55 USD le baril en janvier
2021 à plus de 120 USD en juin 2022, devrait renforcer
les recettes et améliorer les perspectives de croissance à
moyen terme. En 2022, le pays devrait ainsi voir son PIB
croître de 2,9%, tandis que le taux d’endettement (ratio
dette/PIB) devrait baisser à 78,9% contre 135% en 2020.
DES BUDGETS QUI SE CREUSENT
Si les pays africains producteurs se réjouissent de la hausse
des cours, les pays non pétroliers quant à eux devront faire
face à une forte dégradation de leur trésorerie. La hausse
des cours du pétrole devrait en effet compliquer un exer-
cice d’équilibre budgétaire déjà délicat, avec à l’exigence
d’assurer, au minimum, les dépenses de fonctionnement et
faire face à la dette qui s’alourdit avec la hausse du dollar.
La moitié des pays du continent présentent déjà un risque
élevé de surendettement (une dizaine de pays africains
ont une dette correspondant à plus de 80% de leur PIB).
La hausse des cours du pétrole représente un coût bud-
gétaire direct pour les pays à travers les subventions aux
carburants.
En Côte d’ivoire par exemple, ce sont 500 milliards FCFA
de subvention que le gouvernement a injecté pour conte-
nir l’augmentation du coût du carburant sur le premier se-
mestre. Au Cameroun, cette subvention a coûté 317 mil-
liards de FCFA au Trésor public sur la même période.
Les tensions sur les dépenses ne feront que s’accentuer à
mesure que la croissance s’essoufflera. Parallèlement, sur
fond de hausse des taux d’intérêt dans les pays avancés, les
financements pourraient devenir plus onéreux et plus diffi-
ciles à obtenir pour certains pays.
INFLATION : UNE ÉQUATION DIFFICILE À RÉSOUDRE
L’un des principaux défis pour le continent reste bien l'infla-
tion. En effet, la hausse des prix des matières énergétiques
et alimentaires, combinée aux politiques accommodantes
des banques centrales a nourri l’inflation mondiale. Le
continent africain, importateur net de pétrole, devrait ainsi
enregistrer une inflation de 12,2% en 2022 soit la plus im-
portante depuis 2008. Au Ghana, face à l'inflation frôlant
désormais les 30 % et un important endettement, le pays
s’est récemment résigné à solliciter l'aide du FMI.
Rang
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Pays
Guinée Equatoriale
Niger
Tchad
République de Centrafrique
République duCongo
Angola
Mauritius
Namibie
Gabon
Érythrée
2022
6,13
6,94
3,32
3,54
2,40
3,00
6,15
2,78
2,74
4,66
Écart
9,66
5,59
4,44
2,56
2,56
2,35
2,25
1,88
1,82
1,76
Source : BCEAO
2021
- 3,53
1,35
- 1,12
0,98
- 1,16
O,65
3,90
0,90
0,92
2,90
28. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
28
Classement des 10 pays africains avec l’inflation la plus élevée
Ces niveaux d'inflation très élevés ont obligé les banques
centrales à relever leurs taux directeurs, une politique
monétaire qui vise à réduire l’inflation mais qui pourrait
mettre à mal la croissance des entreprises et par ricochet
celui des Etats.
Pour conclure ce chapitre, il apparait indéniable que la
hausse du pétrole devrait réjouir les principaux pays afri-
cains producteurs mais à contrario aggraver les déséqui-
libres macroéconomiques des pays non pétroliers et faire
craindre des risques sociaux.
Ahmed DIALLO
Responsable de la Recherche
En effet, avec la crise de la covid-19
et la flambée des prix des matières
premières, l’économie ghanéenne fait
face à de nombreux défis tant budgé-
taires que monétaires. En deux ans, le
stock de la dette publique ghanéenne
a augmenté de 17 points de PIB (de
62,9% du PIB fin 2019 à 80,1% fin
2021). Le pays a également connu en
2020 un déficit record de 15,2% du
PIB sous l’effet combiné d’une baisse
historique des recettes et d’une
hausse des dépenses dans le contexte
de la crise à covid-19.
Il est à noter que l’inflation galopante
dans le pays ainsi qu’une dette pu-
blique en plein expansion ont incité
les principales agences de notation
à s’accorder sur la dégradation de la
note souveraine du pays, qui n’a ja-
mais été aussi basse. Début février,
Moody’s a ainsi dégradé la note du
Ghana de B3 à Caa1, puis à Caa2 fin
septembre. Début août 2022, c’était
au tour de Fitch de rabaisser la note
du pays à CCC contre B- en mi-janvier
2022 et S&P quant à elle a annoncé
une note de CCC+ avec des pers-
pectives négatives, soit un niveau de
risque plus élevé que le Burkina Faso
après le putsch.
Pays
Zimbabwe
Soudan
Ethiopie
Ghana
Sierra-Leone
Malawi
Angola
Rwanda
Nigeria
Burkina Faso
Dernier
257
149
33,5
31,7
28
23,5
22,96
19,6
18,6
17,8
Référence
2022-07
2022-06
2022-07
2022-07
2022-06
2022-06
2022-06
2022-07
2022-06
2022-06
Précédent
192
192
34
29,8
24,9
19;1
24,42
16,1
17,71
15,3
29. WWW.SIKAFINANCE.COM
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30. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
30
INTERVIEW
Nouveau venu dans l’écosystème financier ivoirien, la
Caisse des Dépôts et Consignations de Côte d’Ivoire (CDC-
CI), opérationnelle depuis la mi-2019, vient de réaliser
son premier coup d’éclat : sa participation au consortium
public qui a racheté, fin septembre, la BICICI, filiale de BNP
Paribas qui passe désormais sous pavillon de l’Etat ivoirien.
Instrument stratégique de développement en appui aux
politiques publiques, CDC-CI qui a vocation à devenir
l’un des principaux bailleurs de l’économie ivoirienne,
revendique déjà près de 200 milliards FCFA de fonds
investis. Une enveloppe qui devrait rapidement s’accroître
dans le sillage de la mise en place de son nouveau plan
stratégique triennal.
Aux commandes de l’institution depuis son lancement,
Lassina FOFANA, économiste et énarque - il est diplômé
du cycle supérieur de l’Ecole Nationale d’Administration
(ENA) d’Abidjan -, a été jusqu’à sa nomination en mars
2019, directeur général adjoint du trésor public ivoirien.
Il fait dans cette interview un tour d’horizon des missions
confiées à la CDC-CI qui se prépare activement à tenir son
rôle d’investisseur de choix.
Lancée il y a à peine trois ans, en 2019, la CDC-CI vient
de réaliser une très grande opération financière avec
sa participation au rachat des participations de BNP
PARIBAS et PROPARCO dans la BICICI. Pouvez-vous
nous en dire un mot ?
La Caisse des Dépôts et Consignations de Côte d’Ivoire
(CDC-CI), dans le cadre d’un consortium avec la BNI, la
CNPS et l’IPS-CGRAE, a participé au rachat des actions
du groupe BNP Paribas et PROPARCO dans le capital de
la BICICI.
La participation de la CDC-CI à cette opération lui permet
de détenir 12% du capital de la BICICI.
« La CDC s’est arrogée 12% du capital de la
BICICI. »
Cette opération rentre bien dans le cadre de nos missions.
En effet, l’article 6 de la loi portant création de la CDC-CI
stipule que « la CDC-CI peut prendre des participations
« Nous sommes un investisseur d’intérêt
général qui intervient notamment en appui
des politiques publiques… »
Lassina FOFANA
Directeur général de la Caisse
des Dépôts et Consignations
de Côte d’Ivoire
31. WWW.SIKAFINANCE.COM
31
ou créer toute filiale se rattachant directement ou
indirectement à son objet, sa mission ou à sa vocation. »
Cette opération, faut-il le rappeler, s’inscrit dans la vision
de SEM Alassane Ouattara, président de la République de
doter la Côte d’Ivoire d’un pool bancaire public de grande
envergure en vue de financer davantage l’économie.
Il faut donc s’attendre à voir la CDC-CI poursuivre ce
type d’investissement en capital. Plus globalement
quelle est votre stratégie d’investissement ?
Comme sus-indiqué, la prise de participation fait partie
des missions de la CDC-CI. Aussi elle pourra répéter des
opérations similaires si elles s’inscrivent dans la stratégie
globale de l’Etat.
IlestbonderappelerquelaCDC-CI,entantqu’investisseur
d’intérêt général, est une structure qui intervient
notamment en appui des politiques publiques.
Effectivement, nous disposons d’une stratégie
d’investissement récemment élaborée et encadrée
par nos doctrines d’investissement d’intérêt général,
d’investissement financier et du mandataire.
Quels sont les missions et les champs d’intervention de
la CDC-CI ?
Créée en 2018, ses activités ont effectivement démarré en
2019. La CDC-CI est un établissement public à vocation
financière, doté de la personnalité morale et de l’autonomie
financière. Elle est placée sous la tutelle du ministre chargé
des Finances et bénéficie de la garantie de l’Etat.
La CDC-CI a pour missions essentielles d’assurer la
conservation et la gestion sécurisée des fonds publics
et privés qui lui sont confiés et de contribuer au
financement de l’économie de la Côte d’Ivoire. Nos champs
d’intervention sont donc la mobilisation des ressources et
la contribution au financement de l’économie.
« Nos champs d’intervention sont
donc la mobilisation des ressources
et la contribution au financement de
l’économie. »
Youssouf FADIGA, DG de la BNI, Lassina FOFANA, DG de la CDC-CI, Yao KOUASSI, DG BICICI, Jean LEMIERRE, PCA de BNP Paribas, Charles Denis
KOUASSI, DG CNPS et Abdrahamane BERTE, DG CGRAE, lors de la finalisation du rachat de la BICICI le 29 septembre à Paris.
32. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
32
En ce qui concerne la mobilisation des ressources, la CDC-
CI assure la mobilisation et la gestion sécurisée des fonds
tels que ceux des Institutions de Prévoyance Sociale, des
concessionnaires de service public d’électricité, d’eau, de
téléphonie, des professions juridiques et judiciaires, des
cautionnements administratifs et judiciaires, des fonds en
déshérence auprès des compagnies d’assurance, des fonds
issus des comptes inactifs, des comptes dormants, etc.
Relativement à sa mission d’investisseur, elle intervient
en tant qu’investisseur d’intérêt général (infrastructures,
immobilier, soutien aux entreprises…). Elle intervient
également comme investisseur financier sur les marchés
monétaire et financier dans le cadre de la gestion de la
liquidité.
En trois ans, quel bilan pouvez-vous faire de l’action de
la CDC-CI ?
Il convient de préciser que les activités de la CDC-CI ont
commencé effectivement au deuxième semestre 2019
avec trois objectifs spécifiques à savoir mobiliser et gérer
les ressources, investir et renforcer la gouvernance et les
capacités opérationnelles.
EnmoinsdetroisanslaCDC-CIamultipliélespartenariats,
a su se positionner comme un acteur important de
l’écosystème financier national et sous-régional.
S’agissant de la mobilisation des ressources, la CDC-CI a
mobilisé d’importantes ressources auprès des institutions
de prévoyance sociale, des concessionnaires de service
public d’électricité, de téléphonie, des professions
juridiques et judiciaires, etc.
« La CDC-CI a réalisé des investissements
financiers d’un montant de 190 milliards
FCFA sur les marchés financier et
monétaire »
Concernant les investissements, la CDC-CI a réalisé
exclusivement des investissements financiers d’un
montant de 190 milliards F CFA dont 60 milliards FCFA
investis sur le marché financier et 130 milliards sur le
marché monétaire.
Relativement au renforcement des capacités
opérationnelles, la CDC-CI a élaboré des outils de
pilotage stratégiques tels que le dispositif de gestion et de
maîtrise des risques, le modèle prudentiel, les doctrines
d’investissements, le schéma directeur du système
d’information et le plan d’affaires 2021-2025 avec l’appui
de l’AFD, d’Expertise France et de la CDC France.
« En 2021, la CDC-CI a généré 4,18
milliards FCFA de résultat net ».
Ainsi au 31 décembre 2021, après mobilisation de toutes
ces ressources, elle a enregistré un total bilan de plus de
250 milliards FCFA, un résultat net de 4,18 milliards FCFA
et des fonds propres de 8,4 milliards FCFA.
La CDC-CI, on le voit, doit jouer un rôle majeur dans
l’économie ivoirienne. Quelle est votre stratégie pour
réalisercetteambitionetquellessontvosperspectives
de développement ?
Pour le démarrage de ses activités, la CDC-CI s’est dotée
d’un plan stratégique 20-22 dont la mise en œuvre lui a
permis de s’insérer dans l’écosystème financier.
En termes de perspectives de développement, la CDC-CI
est en train de finaliser son plan stratégique 2023-2025
décliné sur trois axes à savoir l’accroissement de nos
capacités de mobilisation de ressources, la réalisation
d’investissement dans les domaines des infrastructures,
de l’immobilier et du soutien aux entreprises et également
des investissements financiers sur les marchés monétaire
et financier. Et le troisième point porte sur le renforcement
du capital humain et le maintien de la gouvernance selon
les meilleures pratiques.
Il est bon d’indiquer que les missions et activités de la
CDC-CI sont complémentaires de celles des autres
acteurs du secteur bancaire et financier avec lesquels elle
entretient d’excellentes relations et entend collaborer en
synergie avec l’écosystème financier pour le financement
de l’économie ivoirienne.
Jean-Mermoz KONANDI
34. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
34
Afrique :
Des économies à la fois
faillibles et résilientes
En moins de trois ans, entre 2020 et 2022, les économies africaines, parmi les moins
développées au monde, ont dû faire face successivement à deux chocs majeurs : la crise de la
Covid-19 et la guerre en Ukraine. Des chocs qui ont eu pour effet de remettre en cause près
d’un quart de siècle de croissance régulière et qui rappellent de nouveau la fragilité de ces
économies.
À LA UNE
35. WWW.SIKAFINANCE.COM
35
A
vant la pandémie de la Covid-19, l’économie
africaine se trouvait sur une longue période
de croissance. En Afrique subsaharienne,
cette période est estimée à 25 années avant la
récession de 2020 qui s’est traduite par une contraction
de 1,41% du PIB (Produit intérieur brut), selon la Banque
mondiale.
La crise sanitaire s’est aussi traduite pour les pays d’Afrique
par une détérioration des soldes budgétaires couplée
d’une augmentation du niveau d’endettement. Toutefois,
sous l’effet de la hausse des prix des produits de base qui
a accompagné l’assouplissement des mesures strictes de
confinement, conjuguée à la reprise du commerce mondial,
l’économie africaine a fortement rebondi en 2021 avec un
taux de croissance de 6,9%, selon la Banque Africaine de
Développement (BAD).
Ce rebond a surtout été accompagné par des mesures de
relancebudgétairesetmonétaires.Lemontantdesmesures
de relance budgétaire déployées par les gouvernements
africains s’est élevé depuis janvier 2020 à 2,8% du PIB,
selon le FMI.
Le soutien budgétaire apporté par certains pays africains
aux entreprises et aux ménages a toutefois été très limité,
en raison du niveau insoutenable de la dette publique. C’est
notamment le cas des pays comme l’Angola et la Zambie qui
ont été contraints d’appliquer des mesures d’austérité, là
où une politique budgétaire anticyclique aurait pu amortir
le choc induit par la pandémie.
Au niveau de la politique monétaire, les banques centrales
de la région avaient procédé à un assouplissement des
conditions de financement en abaissant leurs principaux
taux directeurs, à l’effet de relancer la consommation
intérieure et l’investissement.
36. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
36
Malgré ces importants efforts, les
pays africains n’ont pas réussi à
mettre en place des mesures de
relance budgétaire adéquates pour
permettre une reprise durable,
génératrice d’emplois de meilleure
qualité, en raison de la faiblesse
de la consommation privée et de
la formation brute du capital fixe
(investissement). A titre d’illustration,
le déficit de financement de l’Afrique
subsaharienne a été estimé à 290
milliards de dollars en 2020, selon le
FMI.
Par ailleurs, la hausse de la dette
publique en Afrique à environ 70% du
PIB en 2021, a contribué à fragiliser
l’état des finances publiques, selon la
BAD. De plus, ces pays ont désormais
un accès limité aux marchés
internationaux de capitaux pour
financer leurs déficits budgétaires.
C’est dans ce contexte qu’est apparu
le conflit en Ukraine qui, en infligeant
le choc de la hausse des prix au reste
du monde, a jeté un voile d’incertitude
sur les perspectives économiques en
Afrique.
Les tensions inflationnistes ont
obligé les banques centrales du
continent à relever leurs principaux
taux directeurs, à l’instar de ceux
des banques centrales des pays
développés. Ce durcissement de la
politique monétaire qui se traduit par
un renchérissement du coût du crédit
à un effet négatif sur la croissance
économique.
STAGFLATION ?
C’est pourquoi dans les rapports
officiels de la Banque mondiale et
du Fonds Monétaire International,
il est de plus en plus question de
stagflation, un néologisme qui reflète
la situation d’une économie dans
laquelle se conjuguent la stagnation
de l’activité, de la production (faible
croissance économique et chômage
élevé) et la hausse des prix (inflation).
Ainsi, la croissance économique en
Afrique devrait ralentir à 4,2% en
2022, selon la dernière édition des
Perspectives économiques en Afrique
de la BAD. Pour sa part, la Banque
mondiale prévoit, à travers la dernière
édition du rapport Africa’s Pulse,
une croissance de 3,6% fin 2022 en
Afrique subsaharienne, en baisse par
rapport aux 4% enregistrés en 2021.
Dans l’UEMOA, par exemple, la
croissance économique devrait
ralentir légèrement à 5,8% en 2022,
contre une réalisation de 6% un an
auparavant. Dans le même temps,
le taux d’inflation devrait ressortir à
6,2% en 2022, contre 3,6% en 2021,
selon la BCEAO.
En somme, même si l’on note une
certaine résilience des économies
africaines dans le contexte actuel,
force est de reconnaître que leurs
perspectives de croissance restent
soumises à de fortes incertitudes,
avec des risques plutôt défavorables.
Les principaux facteurs de risques
qui pèsent sur la croissance sont
en effet liés à la forte vulnérabilité
des finances publiques due au
niveau d’endettement élevé, au
resserrement des conditions
financières internationales en lien
avec l’augmentation des pressions
inflationnistes. A cela s’ajoutent
égalementl’accroissementdesrisques
climatiques et environnementaux et
les problèmes sociopolitiques et de
sécurité.
A défaut d’évoquer une probable
remise en cause de la trajectoire
de croissance en Afrique après la
Covid-19, l’on pourrait indiquer
que l’économie africaine s’essouffle
clairement sous l’effet de nouveaux
chocs exogènes.
Pour stopper cette spirale négative,
des politiques audacieuses visant
à accélérer les transformations
structurelles des économies sont
notamment appelées de tous leurs
vœux, ainsi qu’un règlement définitif
de la question de la dette.
Dr Ange PONOU
Economiste
38. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
38
INTERVIEW
Société Générale TOGO est dédiée
à la clientèle des entreprises. Quels
services leur apportez-vous ?
Société Générale Togo fait partie du
Groupe Société Générale qui affiche
une volonté forte d’accompagnement
des entreprises africaines. Société
Générale est présent dans une dizaine
de pays sur le continent, ce qui fait de
lui, le seul groupe français et interna-
tional à maintenir cette croissance en
Afrique. Cette ambition de renforcer
sa présence en Afrique s’est révélée
au travers de son plan stratégique «
Transform to Grow » lancé en 2017.
Plan qui met en lumière la volonté
du groupe de contribuer collective-
ment au développement durable de
l’Afrique. Il en a découlé une initiative
dédiée « Grow With Africa » dont les
4 axes principaux sont : accompagner
les financements innovants (Agro &
énergies renouvelables), financer les
projets d’infrastructures, soutenir et
contribuer à l’inclusion financière, et
enfin accompagner les PME, moteur
de croissance de nos économies.
Pour revenir à votre question, Socié-
té Générale au Togo fait partie de nos
implantations les plus récentes avec
un peu plus de 7 années de présence.
Elle a pour cible principale le segment
corporate c’est-à-dire les entreprises
de taille intermédiaires locales, les
multinationales et les institutions.
Capitalisant sur plusieurs expertises
métiers régionale et internationale,
Société Générale Togo offre des ser-
vices de financements en soutien à
l’exploitation et aux investissements,
de structuration et de financement
Jocelyne N’GUESSAN
Directrice générale de
Société Générale Togo :
« Nous mettons
à disposition
toute l’expertise
locale, régionale
et internationale
du groupe Société
Générale afin
de contribuer
durablement au
développement de
l’économie togolaise. »
Société Générale Togo enchaîne un septième exercice sur le disputé marché togolais. Dédiée au segment corporate, la
succursale a pu surfer sur l’expertise éprouvée du groupe Société Générale pour consolider sa présence locale. Prochaine
étape de son développement : « ouvrir ses guichets aux PME », nous explique Jocelyne N’GUESSAN, la directrice générale,
dans cet entretien.
Alatêtedel’établissementdepuisjuillet2021,JocelyneN’GUESSANaétéjusteavantsanominationdirectriceadjointede
la clientèle entreprise chez Société Générale Côte d’Ivoire, la plus importante banque de la zone UEMOA. Cette diplômée
en finance de IFG Executive Education (MBA) et de IAE Paris – Sorbonne Business School, entend bien faire de Société
Générale Togo le principal acteur du financement du secteur productif.
40. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
40
de projets, d’accompagnement sur les
opérations de commerce à l’interna-
tional (Trade finance, Change, Fx) et
des solutions de cash management et
monétique.
Dans un contexte post COVID et en
pleine guerre Russo-Ukrainienne,
comment Société Générale Togo,
seule banque internationale de la
place Togolaise, peut-elle contri-
buer à faciliter les opérations à l’in-
ternational de ses clients ?
Les crises récentes ont mis en
exergue le besoin des entreprises en
financement accru, afin de faire face
aux imprévus et soulager leur tréso-
rerie, mais également une tendance :
la volatilité des cours sur les marchés
financiers. Ce dernier point fait porter
un risque sur les importateurs avec
une évolution défavorable des cours
mondiaux, le dollar s’étant apprécié
de près de 17% depuis 2021.
La gestion du risque est partie pre-
nante de l’activité bancaire d’un
groupe international, cette variable
risque est plus importante en temps
de crise. Le groupe Société Générale
à travers ses filiales et lignes métiers
spécialisées met en avant toute son
expertise pour conseiller et accom-
pagner ses clients en leur proposant
des solutions de financements à court
terme ainsi que des garanties néces-
saires pour la bonne exécution de
leurs opérations à l’international.
« Société Générale Togo
(…) permet aux clients
de bénéficier d’une
profondeur de liquidité
mais également de
couverture du risque
de change à travers le
Forward, change à terme
sec, et l’American Forward,
change à terme flexible. »
Société Générale Togo, avec l’appui
des salles de marchés à Paris & Abi-
djan, permet aux clients de bénéficier
d’une profondeur de liquidité mais
également de couverture du risque de
change à travers le Forward - change
à terme sec et l’American Forward -
change à terme flexible.
« A travers ses produits,
Société Générale Togo
permet à ses clients de se
prémunir de l’appréciation
ou la dépréciation de
devise étrangère (Dollar)
en sécurisant leur paiement
à l’international avec un
cours fixé jusqu’à plusieurs
mois à l’avance. »
Ces produits permettent aux clients
de se prémunir de l’appréciation ou
la dépréciation de devise étrangère
(Dollar) en sécurisant leur paiement
à l’international avec un cours fixé
à l’avance jusqu’à plusieurs mois en
avance.
Quel est le dispositif mis en place
par votre banque pour accompa-
gner la croissance des petites et
moyennes entreprises (PME) ?
A ce jour, Société Générale Togo n’in-
tervient pas sur la cible des PME. Tou-
tefois, au regard de la prépondérance
ces dernières (plus de 80%) dans le
tissu économique togolais, une ré-
flexion a été conduite et des actions
sont en cours, pour une ouverture
très prochaine de nos guichets aux
PME.
« (…) des actions sont en
cours, pour une ouverture
très prochaine de nos
guichets aux PME. »
Il est bon de rappeler que le 4ème
pilier de l’initiative Grow With Africa
est « Accompagner les PME, moteur
de croissance de nos économies ».
Société Générale Togo ne restera
donc pas en marge de cette dyna-
mique et s’inscrira, progressivement,
dans une approche multidimension-
nelle d’accompagnement des PME to-
golaises à l’instar des autres filiales du
groupe en Afrique. Le développement
de l’Afrique passe, indubitablement,
par un soutien fort de nos économies
et de nos entreprises.
Nous sommes déjà au second se-
mestre de cette année 2022. En
termes de priorité, quels sont les
challenges à relever par Société
Générale Togo sur un marché local
très concurrentiel ?
Vous l’avez dit, marché très concur-
rentiel avec la présence de quatorze
banques. Dans un tel environne-
ment, Société Générale Togo compte
capitaliser, essentiellement, sur les
facteurs de différentiations et son
positionnement à l’international mais
également accélérer le processus
d’élargissement de sa cible aux PME.
Enfin, d’autres challenges, inhérents
au renforcement des financements de
projets structurants et en ligne avec
la Feuille de route 2025 Togo, sont à
relever courant ce semestre.
« Société Générale Togo
compte capitaliser,
essentiellement, sur les
facteurs de différentiations
et son positionnement
à l’international mais
également accélérer le
processus d’élargissement
de sa cible aux PME. »
Nous comptons mettre à disposition
toute l’expertise locale, régionale et
internationale du Groupe Société
Générale afin de contribuer durable-
ment au développement de l’Econo-
mie Togolaise.
42. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
42
Avec une cagnotte bien garnie, les sociétés cotées se sont
montrées particulièrement généreuses, servant de belles
gratifications à leurs actionnaires.
L
a parenthèse de la crise sanitaire de la Covid-19
refermée, la relance des économies amorcée en
2021 a également profité aux sociétés cotées à la
BRVM. Si en 2020 ces dernières avaient enregistré
une enveloppe bénéficiaire en repli, l’exercice 2021 a
tenu toutes ses promesses avec des indicateurs clés de
performance (Chiffre d’affaires, bénéfice) qui se sont bien
orientés. Conséquence : le marché boursier s’est montré
BRVM :
Les sociétés cotées distribuent 153 milliards FCFA
de dividendes de plus en un an
MARCHÉ
43. WWW.SIKAFINANCE.COM
43
LE RÉSULTAT NET FLAMBE DE 57%
Dans la même veine que l’évolution du chiffre d’affaires,
les bénéfices des sociétés, pour leur part, ont cru plus que
proportionnellement. En effet, ces dernières ont dégagé
997,6 milliards FCFA de résultats nets en 2021, ce qui
représente une forte progression de 57% relativement aux
637 milliards FCFA réalisés en 2020.
L’exercice 2021 aura tenu toutes ses promesses. 37 des
sociétés ont généré des bénéfices en progression contre
seulement 27 en 2020. De plus, le nombre de sociétés
ayantréalisédespertesestpasséde5en2020à3en2021.
Il s’agit notamment de Filtisac (-1,28 milliard FCFA), Safca
(-603 millions FCFA, à sa 3e perte d’affilée) et Sucrivoire
(-6,57 milliards FCFA).
Les sociétés qui se sont le mieux illustrées à l’issue de l’année 2021
PALMARES CHIFFRE D’AFFAIRES
Le plus élevé SONATEL : 1 335 milliards FCFA
Plus forte progression (en montant) ETI : +128,8 milliards FCFA
Plus forte progression (en %) PALMCI: +63%
Les entreprises qui ont réalisé les meilleurs résultats bénéficiaires en 2021
PALMARES RESULTAT NET
Le plus élevé SONATEL : 252,46 milliards FCFA
Plus forte progression (en montant) ETI : +147,31 Milliards FCFA
Plus forte progression (en %) PALMCI: +1 106%
plus généreux comme pour récompenser la patience des
investisseurs.
Notons que 4 des 46 sociétés cotées n’avaient pas encore
publié leurs états financiers de 2021 au moment de la
rédaction de cet article, en l’occurrence, Air Liquide CI,
Movis, Sicor et Trituraf qui est en liquidation. De même,
les données financières de Movis, Sicor et Trituraf au
titre de l’année 2020 n’étaient pas encore publiées. Les
évolutions entre 2020 et 2021 sont présentées sur la base
des entreprises ayant publié en 2020 et les 42 dont les
données 2021 sont disponibles. Ce qui sous-entend que
ces chiffres évolueront très certainement mais auront un
impact négligeable sur les chiffres de ce présent article.
LE CHIFFRE D’AFFAIRES ATTEINT LA BARRE DES
6 900 MILLIARDS FCFA
Commençons par la performance commerciale de nos
sociétéscotéesquiaétécouronnéeparunchiffred’affaires
de 6 917,8 milliards FCFA en 2021, en progression de
11,92% en glissement annuel. Dans les détails, cette
avancée notable a été rendue possible grâce à 34 sociétés
dontleschiffresd’affairesontconnudescroissancescontre
8 qui ont vu leurs chiffres d’affaires replier. Précisons
par ailleurs qu’un an plus tôt, ce sont 25 des sociétés qui
avaient généré des revenus en hausse contre 18 autres qui
avaient vu leurs chiffres d’affaires reculer.
Sonatel, la plus grosse capitalisation de la BRVM
revendique non seulement le plus important chiffre
d’affaires, mais également la plus forte progression en
termes absolus, tandis que Palmci affiche le plus important
taux de croissance. Cette envolée de Palmci est due à la
forte demande mondiale en produits agricoles qui a permis
à la plupart des sociétés du secteur agricole de réaliser de
bonnes performances commerciales.
Dans le tableau suivant, nous vous présentons les sociétés
qui se sont le mieux illustrées à l’issue de l’année 2021.
44. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
44
LA RÉMUNÉRATION DES ACTIONNAIRES DE LA
BRVM BONDIT À 511 MILLIARDS FCFA
Avec une cagnotte bien garnie, les sociétés cotées se sont
montrées particulièrement généreuses, servant de belles
gratifications à leurs actionnaires. En effet, le marché a
enregistré son meilleur score en termes de dividendes sur
ces trois derniers exercices, en droite ligne avec le bénéfice
global généré. Ainsi, la somme des dividendes distribués
est passée de 361,3 milliards FCFA en 2020 à 511,37
milliards FCFA en 2021, soit une augmentation de 153
milliards FCFA représentant une hausse annuelle de 41%.
Rappelons qu’en 2019, ce montant s’établissait à 312,6
milliards FCFA.
Sékou Karamoko
Analyste junior
PALMARES RESULTAT NET
Le plus élevé SONATEL : 155,6 milliards FCFA
Plus forte progression (en montant) ETI : +23 Milliards FCFA
Plus forte progression (en %) PALMCI: +1 106%
46. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
46
BRVM:
Un premier semestre dopé par les publication des résultats annuels
FIN JUIN 2022
ÉVOLUTION COURS - BRVM COMPOSITE SUR UN AN AU 30/06/2022
VOLUMES ÉCHANGÉS (EN MILLIONS FCFA)
MARCHÉ
Marqué par de fortes volatilités des cours de bourse, d’importants volumes de transactions, des performances
financières records et des rémunérations en dividendes plus conséquentes, le marché actions de la BRVM a été
relativement plus actif au premier semestre 2022. Par ailleurs, celui-ci n’a pas échappé aux effets du contexte
économique général. En effet, la forte hausse de l’inflation dans toute la sous-région a eu un impact plus ou moins
maîtrisé sur notre marché financier.
Alors que certaines sociétés (dont UNIWAX, NESTLE CI et SMB) ont souffert de la hausse des prix de leurs matières
premières, couplée à l’appréciation du taux de change EUR/USD, d’autres (dont PALMCI, SAPH et SOGB), ont
quant à elles, profité de cette conjoncture. Il convient également de noter que quelques sociétés semblent ne pas
véritablement être inquiétées par les effets de la guerre en Ukraine. Cette situation se transcrit dans les résultats
financiers du premier trimestre 2022.
48. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
48
Sur les 37 sociétés ayant publié leur performances financières
sur la période, à fin juin, 25 ont affiché une hausse de leur
résultatnetcontre12quiontaffichéenbaisse.Parconséquent,
le résultat net au premier trimestre des sociétés cotées s’est
établi à 261 milliards FCFA (contre 223 milliards FCFA sur la
même période en 2021), essentiellement porté par les trois
plus grandes sociétés cotées à la bourse que sont SONATEL
(hausse de 14% à 62,7 milliards FCFA), Société Générale
CI (hausse de 26% à 18,6 milliards FCFA) et ETI - groupe
ECOBANK (hausse de 30% à 53,8 milliards FCFA).
Sur la BRVM, l’évolution des cours a été mitigée sur la première
moitié de l’année 2022, au regard d’un équilibre entre les
valeurs en hausse (22) et celles en baisse (21).
ANALYSE DU MARCHÉ ACTIONS
Performances au premier semestre
ANALYSE DU MARCHÉ ACTIONS À LA BRVM - RÉCAP DU PREMIER SEMESTRE 2022
49. WWW.SIKAFINANCE.COM
49
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50. MAGAZINE TRIMESTRIEL - OCT. 2022 - #9
50
La hausse des valeurs Société Générale CI (+39,69% à 14
800 FCFA), PALMCI (+80,62% à 12 625 FCFA), NESTLE
CI (+55,92% à 7 180 FCFA) et SONATEL (+3,69% à 14 490
FCFA) a essentiellement tiré le marché à la hausse. En effet,
la progression de leurs capitalisations boursières respectives
(+131 milliards FCFA, +87 milliards FCFA et +57 milliards
FCFA) a largement compensé les plus fortes baisses, en
capitalisation boursière, enregistrées par CFAO Motors (perte
de 56 milliards FCFA), CORIS Bank (-53 milliards FCFA) et
BOLLORE CI (-50 milliards FCFA).
La capitalisation boursière globale du marché a donc progressé
de 2,65% à 6 251 milliards FCFA fin juin 2022, contre 6 090
milliards FCFA au 31 décembre 2021. En glissement annuel,
celle-ci a grimpé de 30% comparé au niveau de 4 817 milliards
FCFA de fin juin 2021.
La confiance des investisseurs a été aussi boostée par les
publications des résultats financiers au terme de l’exercice
2021 (publication dans le courant du 1er semestre 2022)
où la grande majorité des sociétés cotées a vu ses bénéfices
augmenter. A fin juin 2022, ce sont 42 sociétés cotées (sur
45) qui ont publié leurs résultats financiers de l’exercice
2021. Elles ont réalisé des bénéfices annuels globaux 2021
de 998 milliards FCFA contre 639 milliards FCFA l’année
précédente, soit une augmentation de 56%. Seulement trois
sociétés, à savoir SAFCA, SUCRIVOIRE et FILTISAC, ont
affiché des résultats net déficitaires. Par ailleurs, plus de 511
milliards FCFA provenant des fonds propres de 32 sociétés
ont été annoncés en dividende dont 346 milliards FCFA (de 15
sociétés) déjà distribués aux actionnaires à la date du 30 juin
2022.
Mécaniquement, les montants de dividendes, provenant des
fonds propres des sociétés cotées, sont détachés de leurs
capitalisations boursières. Cette situation entraîne alors des
baisses de cours, tirant le marché vers le bas.
N’eût été ces détachements de dividendes, la capitalisation
boursière du marché serait de 6 596 milliards FCFA, soit une
croissance depuis le début de l’année de 8,32% (au lieu de
2,65% en réalité).
Au vu de ce qui précède, il convient d’indiquer que le marché se
consolide et demeure sur une bonne dynamique, en dépit des
baisses récentes enregistrées.
Sur les 45 sociétés cotées, 13 ont réalisé des performances de
ANALYSE DU MARCHÉ ACTIONS - RÉCAP DU PREMIER SEMESTRE 2022
Capitalisations Boursières (Millions FCFA)