2. Ces jours-ci commence donc dans notre département la récolte des raisins pour produire des
vins blancs secs, et ce à des dates similaires aux années précédentes (1). Comme de
coutume, les crémants — qui ont besoin de raisins peu mûrs — avaient ouvert le bal la semaine
dernière ; puis suivront les rosés et les rouges — début septembre pour les merlots les plus
précoces — avant que les liquoreux ne referment la saison. La filière viticole est donc partie
pour environ huit semaines de vendanges.
Carole Peyrout, après vingt-deux ans comme assistante sociale, a pris la suite de son père,
Jean-Pierre Leymarie, 80 ans. Les deux habitent sur la propriété.
Thierry David/ « SUD OUEST »
À Lafargue, la sueur coule sur les fronts et les tee-shirts sont humides. Les sécateurs seront
posés à midi. Ni les organismes ni les raisins blancs n’aiment les fortes chaleurs. La canicule et
ses 40 degrés peuvent faire mal. De l’eau et des jus de fruits sont proposés en abondance. Il
faut choyer un personnel difficile à recruter (2).
Le temps est chaud mais il a plu 50 millimètres depuis début août, des pluies bienfaitrices pour les volumes
et la qualité.
« Notre raisin rouge est vendangé à la machine. Le blanc (3 hectares), plus fragile, l’est
manuellement. L’an passé, certains vendangeurs ont arrêté dès le premier jour ! C’est difficile à
gérer. J’envisage de tout passer à la machine, d’autant qu’elles sont de plus en plus
performantes », indique celle qui a repris l’exploitation familiale il y a sept ans, après une carrière
d’assistante sociale. Son père, Jean-Pierre Leymarie (80 ans), qui comme elle, habite sur
l’exploitation, vient jeter un œil : « Il me tarde que la récolte soit rentrée. » Il est vrai qu’après la
canicule viennent souvent les orages, parfois de grêle.
3. Les trois hectares de blanc sont récoltés manuellement, car plus fragile.
Thierry David/ « SUD OUEST »
Veiller au grain
Faisant des allers-retours entre les vignes et le chai, Philippe Simonnet, directeur technique
depuis 22 ans, est lui aussi plutôt confiant. « Nous ne souffrons pas de sécheresse cette année.
Le temps est chaud, mais il a plu 50 millimètres depuis début août, des pluies bienfaitrices pour
les volumes et la qualité. Nos terroirs argileux permettent de retenir l’eau puis de la relarguer vers
la plante si nécessaire. Cela évite de la stresser. » Dans le cuvier, les raisins resteront une
journée au frais dans des cuves, avant d’être pressés puis de lancer les fermentations. Le
technicien sera là tous les jours dès 6 heures pour veiller au grain.
Le coup d’envoi des vendanges des blancs secs a été donné mi-août dans certaines propriétés du Sauternais. Pour
les travailleurs de la vigne, il faut s’adapter aux grosses chaleurs
Carole Peyrout retourne à son bureau, car son stress est ailleurs : les ventes de la propriété (20
à 25 euros la bouteille) sont à la peine malgré la notoriété de son appellation. Il faut relancer les
clients (son fichier en compte près de 18 000) et préparer la vingtaine de salons auxquels elle
participe tous les ans, partout en France. Si le millésime 2023 avait bonne presse, cela pourrait
l’aider. Mais la ligne d’arrivée est encore loin. De sa fenêtre, on aperçoit presque les
4. vendangeurs s’engager dans un nouveau rang de vigne. Le soleil tape déjà fort et il leur tarde
midi.
(1) Les blancs secs représentent 8 % de la production girondine. C’est 85 % pour les rouges,
4 % pour les rosés, 2 % pour les crémants et 1 % pour les vins doux.
(2) Lafargue fait appel au GEA de Léognan (Gironde Emploi Agricole) qui recrute toujours (tél. :
05 56 64 46 20).
L’impact du mildiou
Avec plus ou moins de virulence, le mildiou attaque tous les ans la vigne. Il n’est jamais une
surprise. En 2018, il avait fortement amputé la récolte. Qu’en sera-t-il cette année ? Début juillet,
la pression était à son maximum, allant jusqu’à un déplacement du ministre de l’Agriculture et à
une demande d’aide de la profession auprès des assureurs (avec une fin de non-recevoir). À
cette heure, les conséquences sur les volumes de récolte dans le département seraient limitées.
La belle sortie de grappes (il y en avait beaucoup) après la floraison devrait permettre de limiter
les pertes. Les situations sont évidemment différentes suivant les exploitations, en
conventionnel comme en bio. Les volumes précis ne seront connus qu’en fin d’année, une fois
les déclarations de récolte faites par les vignerons.