2. Ce cycle est valable pour la majorité des espèces
côtières, comme les loups, les daurades, les sars, Ies
soles ou les rougets pour le milieu tempéré ou les
poissons-papillons, poissons-chirurgiens, lutj ans, ou
caranges en milieu tropical. Dans tous les cas, les
fonds côtiers peu profonds, qu'ils soient sableux, ro-
cheux ou coralliens, sont des habitats essentiels pré-
sentant des fonctions écologiques primordiales.
Les 4 critères décrits par Beck et al en 2001 sont les
suivants :
une nourriture variée et adaptée,
une zone riche en abris pour se protéger des prédateurs,
un environnement ou les juvéniles grandissent plus
vite et ont une meilleure chance de survie,
une zone connectée par des corridors vers des habitats
sub-adultes ou adultes.
Les 4 critères d'une nurserie à poisson en bon état
Tous les jeunes stades représentés paraissent plutôt
heureux et en harmonie avec leur environnement.
Mais certaines perturbations changent la perception
que lbn peut avoir des nurseries côtières en bon état.
INTERACTION ENTRE PETITS FONDS
cÔTIERS ET usAGEs
Ces petits fonds côtiers jouent donc un rôle essentiel
pour ces jeunes stades, mais leur taux de mortalité
peut y être largement accentué par les dégradations
dues aux interactions avec le monde des humains !
Selon les données du programme MEDAM (www.me-
dam.org),le taux dbccupation des petits fonds côtiers
méditerranéens, dont la profondeur est comprise
entre 0 et 10 mètres, a été multiplié par trois depuis
1975. Près de 11,10 % en moyenne des côtes sont au-
jourd hui artificialisées en France, et ce taux monte à
27,4 o/o pour le département des Alpes-Maritimes.
Les infrastructures portuaires (ainsi que les digues et
Ies enrochements) souvent positionnées dans des
zones calmes et peu profondes, et donc en compétition
directe avec les nurseries côtières représentent plus
de 80 % de cette occupation, et leur construction en-
gendre souvent la disparition des habitats des jeunes
poissons. A ces destructions s'ajoutent les pollutions
sonores, lumineuses et chimiques, le tout engendrant
une perte dèfficacité des nurseries et, par conséquent,
le déclin des stocks de poissons côtiers. Bien sûr, la
surpêche a également une part de responsabilité dans
cette baisse des stocks. mais nous sommes tous en
partie fautifs, car nous sommes nombreux à vouloir
vivre au bord de la mer à lbccasion de vacances ou
bien à l'année, et à voir le bord de mer comme un
lieu de loisir privilégié (plage, voile, plongée, etc.).
lnteraction entre ['homme
et les nurseries côtières
DES SOLUTIONS INNOVANTES
POI.,!R RÉPARER LEs OÉAÂTS
Pendant longtemps, la < mise sous cloche des écosys-
tèmes >, comme cèst le cas dans certaines aires marines
protégées, était la seule option disponible, mais celle-ci
nèst plus suffisante pour pallier tous les impacts et faire
face aux enjeux. II faut donc agir désormais sur lëco-
système : cèst l'objet du génie écologique. La loi imposant
Ie triptyque éviter-réduire-compenser, l'ingénierie éco-
logique nintervient donc quèn cas de réduction d'un
impact, voire de compensation, donc une fois que la
question de lëvitement a été traitée. Cette science existe
depuis plusieurs années en milieu terrestre, mais est
beaucoup plus récente en milieu marin. En effet, les
connaissances scientifiques et techniques acquises depuis
quelques années nous permettent aujourd hui d intervenir
sur certains stades du cycle, afln de soutenir efiicacement
les populations de poissons.
Depuis 2010, des entreprises privées associées à des
universités françaises et à des pêcheurs petits métiers
mettent en commun leurs connaissances pour trouver
des solutions. Les projets de R&D comme GIREL qui
sèst déroulé avec et dans le grand port maritime de
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