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Trois documentaires
réalisés par des Algériens
ont été sélectionnés parmi
les 12 films en compétition
officielle au 6e Festival in-
ternational du film docu-
mentaire (Fidadoc) qui se
tiendra du 28 avril au 4
mai à Agadir (sud du
Maroc), ont annoncé
mardi les organisateurs.
Il s’agit de «El Oued El
Oued» (2013, Algérie)
d’Abdenour Zahzah, «Aller
de l’avant» (2014, Algérie-
France) de Soufiane Adel
et «Chantier A» (2013, Al-
gérie-France) de Tarek
Sami, Karim Loualiche et
Lucie Dèche.
La sélection officielle de
l’édition de cette année
comporte 37 films, dont 30
longs métrages représen-
tant 17 pays, parmi eux
plus de 20 films produits
et/ou tournés au Maghreb
ou au Proche-Orient, pré-
cisent les organisateurs.
Deux court métrages
algériens, «El-Havs
Amokrane» (La grande
prison, 2013) de Razik Be-
nallal et «Kouchet El-Djir»
(2013) d’Amine Boukraa
ont été sélectionnés parmi
les sept films maghrébins
(deux longs métrages et
cinq courts métrages) qui
seront projetés dans le
panorama Maghreb
Machrek du festival.
Le jury de la Compéti-
tion internationale sera
composé de la réalisatrice
algérienne Habiba Djah-
nine, du réalisateur maro-
cain Mohcine Besri du
réalisateur et producteur
suisse Berni Goldblat et de
la programmatrice et cri-
tique cubaine Norma Gue-
vara pour remettre les
différentes récompenses
dont le «Grand prix», le
«Prix du jury», et le «Prix
du public».
Le 5e Fidadoc, organisé
en avril 2013, avait at-
tribué le «Grand prix» et le
«Prix du public» au film
«A world not ours» du
réalisateur palestinien
Mahdi Fleifel, à travers
lequel il livre une
chronique tendre et pleine
d’ironie de la vie de trois
générations de Pales-
tiniens dans le camp des
réfugiés d’Ain Al-Hilweh
(au sud Liban) où le
cinéaste a grandi.
L’Algérie était présente
à travers «Fidaï» du réal-
isateur franco-algérien
Damien Ounourin, un
film produit par six pays
(Algérie, France, Alle-
magne, Chine, Koweït et
Qatar) qui retrace le par-
cours d’El Hadi, grand-
oncle du réalisateur,
pendant la Révolution al-
gérienne.
Organisé par l’Associa-
tion de culture et d’éduca-
tion par l’audiovisuel
(Acea), le Fidadoc, créé en
2008, est le premier festival
marocain exclusivement
dédié au cinéma docu-
mentaire.
CULTURELaVoixdel’Oranie PAGE 13N°4393 - JEUDI 24 AVRIL 2014
L
e navire his-
torique «Chebek
Boubrek», com-
mandé par le grand chef
de la marine algérienne à
l’époque ottomane, Rais
Hamidou (1773-1815),
sera reconstruit, a-t-on ap-
pris lors du troisième col-
loque national sur «le
patrimoine culturel marin
- originalité de notre passé
et fierté de notre avenir»,
ouvert mardi à Mosta-
ganem.
L’architecte et chef de
département restauration
et conservation des collec-
tions muséales au musée
national marin, Tiar Manel
Djazia a souligné, à l’APS
en marge de la rencontre,
que le projet sera con-
crétisé par le ministère de
la Culture en collaboration
avec le ministère de la
Pêche et des ressources
halieutiques.
Le navire militaire de
17 mètres de long, doté de
huit canons, traduira dif-
férents évènements his-
toriques et la vie de grands
chefs marins, selon la re-
sponsable.
Une fois concrétisé, le
bateau devra accoster dans
plusieurs ports du pays
pour faire connaitre sa
contribution dans les
batailles à l’époque ot-
tomane.
Mme Tiar a ajouté, par
ailleurs, qu’une opération
d’inventaire du patrimoine
matériel et immatériel
marin de Mostaganem sera
effectuée suite à la signa-
ture d’une convention
entre la direction de la cul-
ture et le musée national
marin.
Lors des travaux de la
première journée de ce col-
loque, l’accent a été mis sur
la nécessité de réhabiliter et
derenforcer le patrimoine
culturel marin.
Mme Cherkaoui Radia
du même musée national a
appelé à réhabiliter des
sites marins, vestiges té-
moins de l’histoire de la
marine algérienne dont
«Bab El Bahr» de Mosta-
ganem, Bordj Ettork et le
port de cette ville.
L’attachée du musée na-
tional, Talis Fatima a mis
l’accent, pour sa part, sur
l’importance du patri-
moine marin dans l’écriture
de l’histoire insistant sur
l’utilisation du patrimoine
immatériel dont la poésie
melhoun pour faire la lu-
mière sur des réalités
datant de l’époque ot-
tomane.
L’intervenante s’est ap-
puyée sur des qacidate dont
«La bataille de Mazagran»
et «l’histoire de cherchel»
de Sidi Lakhdar Benkh-
elouf qui a décrit minu-
tieusement deux batailles
livrées par les marins al-
gériens aux espagnols.
Les participants trait-
ent, lors de cette rencontre
de trois jours initiée par le
Musée national marin en
collaboration avec la direc-
tion de la culture dans le
cadre de la célébration du
mois du patrimoine, de
l’histoire de la marine al-
gérienne et des industries
maritimes dans le pays.
Les communications
programmées à cette occa-
sion abordent, entre autres,
«le rôle du patrimoine cul-
turel marin dans l’écriture
de l’histoire», «entre savoir
et préservation.. le patri-
moine national marin»,
«les importants sites
marins historiques» et «la
pêche entre patrimoine et
modernité».
Une exposition mettant
en exergue l’histoire de la
marine algérienne est or-
ganisée en marge du col-
loque, de la préhistoire
jusqu’à l’ère ottoman pas-
sant par les Almohades, Al-
moravides, Zianides, les
expéditions européennes,
le siège français sur Alger
en 1770, l’expédition de
Charles 5 en 1541 et celle
du Danemark de 1827 à
1830. La lumière sera faite
également sur l’industrie
marine algérienne des 16,
17 et 18èmes siècles dont
les navires Ghalioth, Fré-
gate et Ghalia, ainsi que le
navire de Rais Hamidou
réalisé durant le 17ème siè-
cle, en plus de découvertes
marines, de chefs d’oeuvre
et autres.
L’annonce a été faite à Mostaganem
Projetdereconstructiondu
navirehistoriqueRaïsHamidou
Festival du film documentaire d’Agadir
Trois films d’Algériens
en compétition officielle
PAR LE DR KARIM OULDENNEBIA
Tourner en rond lorsqu’on a perdu ses repères serait
bien plus qu’une métaphore. L’un et l’autre s’équivalent
avec tourner autour d’un puits ! Un puits de «pétrole»
bien évidemment. D’ailleurs, beaucoup d’histoire tour-
nent autour d’un puits. Le Coran rapporte une histoire
de puits lorsque les fils de prophète Yaacob, appelé aussi Israël, jetèrent
leur frère Youcef dans un puits par jalousie. Mais, attention à ne pas se
perdre…
Il s’agit là d’un puits pas comme les autres. C’est un essai sur l’Histoire
«environnementale», une sous-discipline de l’Histoire qui a émergé
dans les dernières décennies. Le sujet propose, une étude des relations
entre sociétés humaines, la nature et leurs interactions.
Un puits a donc aussi une Histoire! C’est un puits dans un endroit
quelque peu oublié des hommes, pas profond, très étroit et surtout élevé
en hauteur comme la tour d’une pièce de jeu d’échecs. Franchement!
Avez-vous déjà vu un puits «haut» de sept mètres? Et comme par en-
chantement; en pentagone construit dans un cercle! Un puits d’eau ou
l’on n’utilise pas le seau et la corde ni même la pompe?
Ce puits «unique» en Algérie se dresse non loin de la ville du Saint
Patron Sidi-Bel-Abbès El-Bouzidi. Plus exactement sur la route de Bou-
Sen, tout près de ce qui reste du château Perrin. Ce puits bizarre et in-
solite, colonisé par les
chauves-souris, se hausse à trois
cent mètres environ en serpen-
tant le terrain presque plat de la
rivière Mekerra. Pourtant
«rares» sont les Bélabbésiens qui
peuvent l’identifier. Ce n’est pas
la peine de chercher la causalité
du problème. La réponse se
trouve dans la première phrase
de mon texte.
I. Un patrimoine historique
laissé aux chauves-souris
Ce puits pourtant ne semble
pas être un sujet de préoccupa-
tion pour les autorités locales.
De toute façon, ils ne savent
même pas qu’il existe! C’est vrai-
ment un souci qui provient d’un état des choses difficile à supporter.
«L’ignorance peut être un exil vécu dans son propre pays», disait Ibn-
Rochd (Averroès).
La couleur rougeâtre du puits s’explique par les matériaux de con-
struction.
Ce «Hassi» maçonné dans la terre par des tufs calcaires était relié à
la Mekerra par des galeries souterraines à environ trois cent mètres plus
loin. Ces galeries étaient généralement assez longues. Ceci-dit, selon le
témoignage des anciens ouvriers agricoles de la région, imaginez un in-
stant le pénible «petit boulot» des malheureux ouvriers «indigènes al-
gériens» qui se déplaçaient «courbés» pour effectuer les travaux
d’entretien.
En définitive, ce puits n’était pas un forage vertical permettant l’ex-
ploitation d’une nappe d’eau souterraine, autrement dit un aquifère.
Trop près pour être un vrai puits! Et trop loin des mamelons pour être
une vraie tour de contrôle. A vrai dire, c’était un «puits de rétention»
du débit d’eau, installé à proximité de la rivière.
Un puits vertical en communication avec la rivière Mekerra. La con-
naissance du débit de la rivière Mekerra et de sa variation (régime hy-
drologique) était nécessaire pour divers objectifs notamment le suivi et
gestion de l’irrigation.
A suivre
Le Dr Karim Ouldennebia est professeur à l’université Djilali-Li-
abès de Sidi Bel-Abbès.
Patrimoine
Histoire d’un puits
pentagonal sur les bords
de la Mekerra
Première partie
La poterie tlemcénienne sera
à l’honneur à l’occasion de la
célébration du mois du patri-
moine dans une grande exposi-
tion du 28 avril au 18 mai, qui
sera exclusivement réservée aux
produits de poterie.
Placée sous le slogan «le pat-
rimoine culturel entre la connais-
sance et le savoir-faire à l’ère de la
numérisation», cette exposition
mettra en valeur tous ces artisans,
femmes et hommes, qui préser-
vent jalousement ce legs patri-
monial hérité des ancêtres.
Les artisans de Nedroma, de
Bider, de Khemis et Azail présen-
teront ce que leurs mains ex-
pertes confectionnent comme
produits servant soit en cuisine
ou en décor, a indiqué le di-
recteur du palais de la culture,
Tahar Arris.
La wilaya de Tlemcen est
réputée pour ses marchés de po-
terie, a-t-il dit, rappelant que de
l’ère romaine à la colonisation
française une diversité de métiers
artisanaux ont vu le jour au point
d’attribuer le nom de «El
Fekharine» à un quartier dans
lequel prospérait cette industrie.
Les visiteurs auront le plaisir
de voir de près divers produits
aux formes et aux couleurs var-
iées en plus d’ateliers vivants qui
leur permettront de connaître les
étapes de fabrication de ces pro-
duits depuis le malaxage jusqu’au
tournage et le moulage de l’argile.
CULTURELaVoixdel’Oranie PAGE 13N°4394 - SAMEDI 26 AVRIL 2014
MIR MOHAMED
L
e coup d’envoi de la
8ème édition du festi-
val culturel local du
théâtre professionnel a été
donné, jeudi soir au TRB de Sidi
Bel-Abbès, avec une participa-
tion record du public des grands
jours, quand la «salle à l’itali-
enne» se remplissait comme un
œuf pour voir les spectacles de la
troupe Kateb Yacine et des
dizaines de troupes du cru qui
ont marqué, à leur manière, la
formidable épopée du théâtre
amateur à l’échelle régionale et
nationale.
Pour cette soirée d’ouverture
officielle, le commissariat du fes-
tival a eu la main heureuse en
programmant deux des valeurs
sûres de la jeune génération
d’hommes et de femmes de
théâtre que la ville de Sidi Bel-
Abbès a vu naître en son giron et
lui font chaque fois honneur en
Algérie et à l’étranger. Il s’agit de
Djeriou Abdelkader et Jenati
Souad qui ont présenté, l’un et
l’autre séparément, deux specta-
cles de toute beauté donnant ainsi
le ton à cette huitième édition-
hommage au regretté Mohamed
Benguettaf et placée également
sous le signe du renouveau. Le
premier s’est illustré avec un su-
perbe montage synchronisé entre
jeux de scène et extraits vidéos du
«Cri de Benguettaf», la seconde
avec ses rôles multiples dans
«Maya», une pièce écrite et mise
en scène par Hicham Houari
Boussahla, laquelle a remporté, il
y a vingt jours, rappelons-le, pas
moins de six prix au 14e festival
international de théâtre d’El
Bougaâ (Soudan) et reçu un im-
mense succès critique et public
dans plusieurs pays arabes.
Le programme ‘In’ de cet im-
portant rendez-vous régional des
professionnels du quatrième art,
qui se poursuivra jusqu’au 1er
mai prochain, prévoit l’entrée en
lice de quelque sept troupes théâ-
trales aspirant aux trois billets
qualificatifs au festival national
du théâtre professionnel d’Alger.
Hier vendredi, à 19 h, c’est la
pièce «Moujared Nifayat» de l’As-
sociation arts du spectacle et
cinéma de jeunesse de Sidi Bel-
Abbès (Texte : Kacem Matroud,
mise en scène: Bachir Ben
Sallem) qui a été présenté au pub-
lic. Aujourd’hui samedi, outre le
spectacle « Sawaid » du théâtre
régional de Mascara (Texte:
Haroun El Kilani mise en scène:
Abdelkader Djeriou), c’est la
pièce «Roui Bousbaa Rissan» de
la Coopérative culturelle Les
amis de l’art  de Chlef (Texte:
Mourad Senouci, mise en scène
Rabia Oidjaout) qui est prévue en
soirée.
Demain dimanche, c’est une
nouvelle création de l’Association
culturelle El Moudja de Mosta-
ganem ayant pour titre «Manfa
Harb» (Texte: Mohamed Cher-
gui, mise en scène: Bachir Boud-
jemaa) qui sera proposée au
public. Les trois jours suivants ce
sera le tour de quatre pièces à être
présentées en ‘In’, à savoir le lundi
«El Aouel Moukarar» de la
Coopérative ‘Univers culturel’
d’Alger (Texte: Salah Karama,
mise en scène: Abbes Mohemd
islam), le mardi «El Kardh» de la
troupe El Fityane du théâtre des
amateurs d’Aïn Defla (Texte et
mise en scène: Tarek Achia)
suivie en soirée d’une deuxième
pièce «El Nihaya» de la Troupe
Djillali Ben Abd Halim de
Mostaganem (Texte: Samuel
Beckett, mise en scène: Ahmed
Belalem), le mercredi «El Kassaid
Lati Ihtarakat» de la Troupe
‘facetroupe’ d’Alger (Texte:
Djamel Saadaoui, mise en scène:
Djamei Guermi) qui sera la sep-
tième et dernière pièce du pro-
gramme compétition.
Jeudi, dernier jour du festival,
c’est le spectacle «Dar Laadjeb»
(Texte: Mohamed Chouat, mise
en scène: Ahmed Benkhal) qui a
été retenu pour la Cérémonie de
clôture et de distribution des
prix.
En plus de ces représenta-
tions, le commissariat du festival
a prévu également des spectacles
de proximité au niveau de divers
établissements de la wilaya
(maisons de jeunes, écoles, cen-
tres de santé, de repos et de je-
unesse) ainsi que deux tables
rondes animées par des spécial-
istes, la première le dimanche à
10 h au niveau de la faculté des
lettres «Itinéraires de l’écriture
théâtrale chez M’hamed
Benguettaf» avec comme mod-
érateur M. Boukaras), la seconde
le lundi à 15h00 au TRSBA «Ex-
périences théâtrales algériennes
sous le chapiteau de la Comedia
del arte. Regards croisés», animée
par Kamel Bendimred et Ahmed
Hamoumi.
Ouverture de la huitième édition du festival du théâtre professionnel de Sidi Bel-Abbès
Djeriou Abdelkader et
Jenati Souad donnent le ton
Mois du patrimoine
La poterie à l’honneur à Tlemcen
Un festival culturel local de la musique,
chanson, danse et costumes nailis, a été insti-
tué dernièrement dans la wilaya de Djelfa,
apprend-on mardi auprès du Commissariat
de ce festival. «L’institution de ce festival s’est
faite sur la base d’un arrêté, pris dernière-
ment par le ministère de la Culture», a in-
diqué à l’APS Brahim Grim, directeur de la
maison de la culture Ibn Rochd, désigné à la
tête de ce Commissariat. Pour M. Grim, cette
décision est édictée par le souci de relancer
l’activité culturelle et artistique dans la région
et de promouvoir le patrimoine culturel local
et de sa diffusion. «La manifestation a pour
objectif de mettre en lumière la danse nailie
et de la valoriser, tout en faisant la promotion
des différentes facettes des costumes nailis,
tant féminin que masculin, et leur développe-
ment à travers le temps, parallèlement au
soutien des artistes, artisans et autres associ-
ations culturelles locales impliquées dans la
préservation du patrimoine matériel et im-
matériel des Ouled Nail», a-t-il expliqué.
Ce festival, programmé pour août
prochain, après approbation de la tutelle, vise
surtout à encourager et soutenir les figures
artistiques et autres talents émergeants dans
les domaines de la musique, de la danse, du
chant et de la confection des costumes nailis,
a-t-il ajouté. En perspective de l’organisation
de ce festival, il a été procédé à la mise en
place de cinq (5) comités d’organisation,
présidés par des spécialistes en patrimoine,
danse et costumes nailis, parallèlement à la
définition des conditions de participation à
la manifestation, qui sera exclusivement ou-
verte aux figures artistiques et musiciens spé-
cialisés dans le genre naili, ainsi qu’aux
artisans et associations versés dans la confec-
tion de costumes nailis.
Selon le programme prévu, le festival s’é-
talera sur six (6) jours, qui seront étayés de
galas de chant et musique nailis, d’exposition
sur l’habit traditionnel local, de danses folk-
loriques et de conférences sur le thème.
Musique, chanson, danse et costumes nailis
Institution d’un festival local à Djelfa
PAR LE DR KARIM
OULDENNEBIA
Le débit d’une rivière représente le
volume d’eau s’écoulant en un temps
donné (en une seconde en général) à
un moment précis et à un endroit pré-
cis de cette rivière. Cette notion de débit (que l’on ex-
prime le plus souvent en m3/s) ne doit pas être
confondue avec celle de la vitesse du courant ou de la sec-
tion mouillée (profondeur d’eau x largeur de la rivière).
Le parler vrai des spécialistes qui ont analysé le réseau
hydrographique du bassin de la Mekerra disent qu’il était
très développé. Du point de vue pluviométrique, la quan-
tité moyenne interannuelle des précipitations dans la
plaine de Sidi-Bel-Abbès est de l’ordre de 390 à 400mm,
mais elle peut diminuer jusqu’à 110 mm/an pour les an-
nées particulièrement sèches, d’où la variation annuelle
des apports liquides de l’oued Mekerra.
Ainsi, à travers la géomorphologie et les méthodes
historiques et hydrauliques appliquées, le bassin de la
plaine de la Mekerra est subdivisé schématiquement en
trois grandes zones. Apparemment, ce puits se situe dans
la troisième
zone à partir
de Boukhani-
fis. [Étude d’a-
vant-projet
détaillé de la
protection de
la ville de Sidi-
B e l - A b b è s
contre les
inondations.
SBA: SPI infra,
2001]. Il s’agit
d’une ap-
proche natu-
raliste (par
opposition aux
modélisations
m a t h é m a -
tiques). En
d’autres ter-
mes, elle est fondée sur la compréhension du fonction-
nement naturel de la dynamique des cours d’eau de la
Mekerra (érosion, transport, sédimentation) au cours de
l’histoire.
En regardant de près! J’ai certes lu des documents très
utiles à l’écriture de l’Histoire à ce sujet. Mais, que dire
de cette loi de Darcy qui dit: «Toutes choses égales par
ailleurs, c’est la hauteur d’eau qui contrôle la vitesse de
percolation»? Sincèrement! Il n’y a pas de doute, écrire
une Histoire environnementale, c’est très compliqué !
II. Une construction en Pentagone unique dans la
région
C’est la tour «pentagonale» du puits, appelée aussi
«Guarita» qui fait la spécificité de ce puits rouge (El-
Hassi Lahmar). Sa tour géométrique de sept mètres de
long avec cinq cotés est un «pentagone», antérieur bien
évidement au QG US «The Pentagon» américain con-
struit entre (le 11 septembre 1941 et le 15 janvier 1943)
à Washington DC. La construction d’un pentagone
régulier à la règle et au compas n’a été révélée qu’après les
constructions du triangle équilatéral et le carré.
A suivre
Le Dr Karim Ouldennebia est professeur
à l’université Djilali-Liabès de Sidi Bel-Abbès.
Patrimoine
Histoire d’un puits
pentagonal
sur les bords
de la Mekerra
Deuxième partie
PhotoM.Mir
Un riche programme a été
élaboré par le musée «Ahmed
Zabana» d’Oran pour la
célébration du mois du patri-
moine qui s’étale du 19 avril au
19 mai, a-t-on appris auprès de
cette institution.
Le programme comporte
des expositions, des reportages
et des conférences animées par
des spécialistes nationaux en la
matière.
Une exposition vente des
publications des musées d’Al-
gérie est prévue au sein du
musée Zabana, du 27 avril au
15 mai, en collaboration avec le
Centre des arts et de la culture
du palais des Raïs, les musées
des Beaux-arts, des arts et tra-
ditions populaires, du Bardo,
des Antiquités d’Alger, ainsi que
le musée des Arts et traditions
populaires de Médéa.
Des conférences ayant trait
à la préservation des œuvres
conservées dans les musées
sont prévues, dont «La conser-
vation et la restauration des tex-
tiles», «La préservation du
cuivre» et «La présentation
d’une collection des poires à
poudre». D’autres conférences
traitant du patrimoine matériel
de la région seront animées par
des experts, à l’instar de «la
Blousa» (habit traditionnel
féminin propre à la région
ouest), ainsi que des con-
férences abordant la préserva-
tion des archives pho-
tographiques et historiques
dans les musées, a-t-on ajouté
de même source.
Plusieurs projections sont
également prévues pour l’occa-
sion parmi lesquelles «La
restauration du bois mobilier»
et «La pierre, élément naturel
exploité par l’homme dès la
préhistoire», ainsi qu’une expo-
sition intitulée «Le cavalier».
CULTURELaVoixdel’Oranie PAGE 13N°4395 - DIMANCHE 27 AVRIL 2014
MIR MOHAMED
D
e gros sacs
poubelles supposés
pleins de détritus,
un écran de projection de films
documentaires suspendu à
l’arrière scène, un téléphone de
bureau d’avant le sans-fil... Et
le décor est ainsi planté pour la
pièce «Moujarad nifayate» de
l’association de Sidi Bel-Abbès
écrite par Kacem Matroud et
mise en scène par Bachir Ben
Salem.
Le rideau se lève. Dans le
noir, une lumière rouge-sang
tombe des sunlights supérieurs
et laisse profiler visages et sil-
houettes de deux jeunes per-
sonnages en d’état d’altérité qui
vont, une heure durant, dans
«une relation ambiguë de
haine et d’amour», de lâcheté et
de courage, revisiter sur les
planches la vieille probléma-
tique de la trahison/fidélité qui
ne cessera jamais de faire débat
par rapport à l’individu lui-
même dans ses propres convic-
tions d’être physique et social
ou au groupe dans ses
représentations identitaires
plurielles.
Que dire de cette pièce
dont la restitution scénique des
néanmoins honorables idées de
l’auteur n’était pas évidente au-
tant pour les comédiens que
pour le metteur en scène et les
techniciens?
Pour le grand public, le
groupe semble s’être bien tiré
d’affaire. Pour les comédiens
d’abord, il faut reconnaître
qu’avec leur interprétation cor-
recte des rôles, leurs voix fortes
et leur diction juste ainsi que
leurs parfaites expressions cor-
porelles, gestuelles et de vis-
ages, ils n’ont rien à envier aux
professionnels.
L’A.B.C. du comédien sem-
ble maîtrisé dans son volet
théorique et pratique, ce qui est
un élément déterminant pour
l’avenir artistique de ces jeunes
universitaires qui n’ont pas
hésité, dans ce difficile specta-
cle, à se faire violence avec leur
corps par-delà le humainement
supportable.
S’agissant de la mise en
scène ensuite, celle-ci se voulait
sobre mais acceptable dans
l’ensemble pour un théâtre
dépouillé à la Grotowski.
De l’avis même de certains
professionnels de théâtre, la
seule critique à émettre porte
encore une fois sur le recours
systématique à la langue clas-
sique que l’auteur et le metteur
en scène ont pris comme choix
délibéré au risque de trahir les
sentiments et les émotions de
leurs personnages. Même si des
spectateurs avertis n’ont pas
manqué d’applaudir certains
passages de la pièce, nombre
d’entre eux déplorent surtout le
fait que la langue native
«daridja» ait été encore une fois
vouée aux calendes grecques.
«  La langue populaire, aurait
été le choix le plus approprié.
Autant pour le locuteur que
pour l’auditeur, on aurait gagné
ainsi à mieux comprendre le
texte et mieux l’assimiler», a-t-
on fait observer à juste titre.
Festival du théâtre professionnel de Sidi Bel-Abbès
«Moujarad nifayat»
ou la problématique
de la trahison plurielle
Mois du patrimoine
Riche programme du Musée national
Ahmed Zabana d’Oran
Le chanteur kabyle Lounis Ait
Menguellet animera un concert le 3 mai
prochain au célèbre Théâtre Saint Denis de
Montréal, à la grande joie de ses milliers de
fans au Canada, a-t-on appris vendredi
auprès de son entourage artistique à Paris.
«Ce concert, organisé par les produc-
tions NCP Festival (Nomades Cultures Pro-
ductions), spécialisées dans l’événementiel
au Canada, signe le retour du chanteur et
poète au pays de l’érable après son franc
succès de juin 2012», a indiqué son coordi-
nateur artistique, Farid Ouahmed.
C’est avec un «énorme plaisir» que l’au-
teur d’Asfru affirme vouloir rééditer l’exploit
montréalais, ville où il dit compter des mil-
liers de fans.
«Lorsqu’on est bien reçu quelque part,
on y retourne toujours avec plaisir, c’est na-
turel. J’ai eu un accueil d’une chaleur dont
seuls les Nôtres sont capables», a-t-il con-
fié, dans un entretien à l’APS.
L’auteur-compositeur dit être chanceux
d’avoir «partout un public chaleureux et in-
dulgent». «Le public de Montréal n’a pas
failli au principe», a-t-il dit, pour expliquer
pourquoi il a encore une fois répondu fa-
vorablement aux organisateurs.
A la question de savoir s’il y aura des
surprises lors de ce gala, prévu en nocturne
(19h30), le chanteur kabyle a confié que le
plaisir de renouer avec la communauté al-
gérienne sera déjà une «excellente sur-
prise», une surprise qui, a-t-il souhaité, sera
partagée dans la fraternité et la bonne
humeur. «J’ai un répertoire qui me permet
de préparer un programme différent de
celui du concert précédent», a-t-il assuré,
annonçant avoir répété la chanson Ammi,
tirée de l’album éponyme du chanteur en
1983, et qu’il compte fredonner en duo avec
son fils Djaffar, étoile montante de la chan-
son kabyle et virtuose de la flute, instru-
ment avec lequel il accompagne son
paternel lors de ses prestations artistiques.
Chanteur prolifique, Lounis Ait
Menguellet (64 ans) compte une carrière de
plus de 47 ans, enregistrant plus de 200
chansons. Dans son dernier album
«Tawrict Tacebhant» (Feuille Blanche), il
chante l’amour, mais aussi la raison.
A la grande joie de ses milliers de fans au Canada
Lounis Aït Menguellet en concert
le 3 mai à Montréal
PAR LE DR KARIM OULDENNEBIA
Cette tour de la Mekerra est construite en pen-
tagone régulier, un polygone à cinq sommets et cinq
côtés de 1,50 mètre de chaque côté. Tous ses côtés sont
«presque» de même longueur et tous les angles in-
ternes ont pour mesure 108 degrés chacun.
Il est utile de rappeler que le mathématicien Abou
Al-Wafa (mort à Bagdad en 998 - Xe Siècle) fut le premier à commenter les
polygones dans les œuvres d’Euclide, le père de la géométrie. En plus, on lui
doit la notion de cercle trigonométrique et le développement des con-
structions approchées à la règle et au compas de polygones réguliers à cinq,
sept ou neuf côtés. Après une laborieuse assimilation du savoir de l’Antiq-
uité tiré de sources arabes, les géomètres médiévaux se haussèrent à la
théorie de la perspective.
À partir du XIIe siècle, la traduction de nombreux textes arabes en latin
donne un nouvel élan au développement du savoir et la géométrie y tient
une part importante. Non seulement les savants prennent connaissance des
écrits les plus importants des grands mathématiciens grecs, mais ils accè-
dent aussi aux travaux des mathématiciens arabes, inspirés du savoir des
Grecs, Perses et des Indiens et même des chinois.
III. Un héritage d’une technique d’irrigation ancestrale
Historiquement, la région de la Mekerra a aussi hérité de l’accumulation
et la valorisation des techniques d’irrigation d’Andalousie (saguiya) qui al-
lait compléter l’héritage de
l’hydraulique romain qui
était celui des citernes, des
aqueducs et des transferts
en lui apportant son art
spécifique en la matière.
La plaine de la Mekerra
a été depuis l’antiquité le
creuset d’une sédentarisa-
tion. La population au-
tochtone sédentaire et
semi-sédentaire fut con-
stamment préoccupée d’a-
griculture et d’irrigations
même si ce phénomène n’é-
tait pas constant à travers
son Histoire. Le général
Dumas, consul français
auprès de l’Emir, n’a-t-il pas
confirmé cette réalité des
faits dans une de ses corre-
spondances du 17 août
1838 en notant: «…Beau-
coup de lions. On arrive à
l’ouad Mekuerra, rivière profonde de deux pieds et large de douze. Plusieurs
sources viennent se jeter dans ce ouad; aussi trouve-t-on de l’eau en été
comme en hiver. Champs cultivés à droite et à gauche». [Correspondance
du capitaine Daumas, consul à Mascara (1837-1839), p453].
Le colonialisme français, après avoir chassé et déplacé les autochtones
des différentes sections de tribus de la fédération des Béni Ameurs et autres,
enclencha le mécanisme du partage et la répartition des terres confisquées
aux colons par concessions au franc symbolique et souvent gratuitement.
Parmi les bénéficiaires, il y avait des émigrants allemands à Détrie mais
surtout beaucoup d’Espagnols de la région d’Almeria, une petite ville fondée
par les Carthaginois, abordée par la rivière Andarax non loin du désert
Tabernas en Andalousie (mondialement connu pour les films Westerns
spaghettis). La tradition dit que le nom Almería proviendrait de l’Arabe Al-
Mariyya (le miroir), entendez «le miroir de la mer». Actuellement l’inter-
prétation la plus acceptée est qu’il dérive du terme arabe «Al-Mara’?», ce
qui signifie «la tour de garde».
Notons que pendant la période 1830-1892, c’est-à-dire avant l’achève-
ment total du barrage de Cheurfas en 1892, cinq barrages furent constru-
its en Oranie mais aucun sur la Mekerra! Cette politique hydraulique
coloniale était fondée sur le principe que «pour faire une bonne colonisa-
tion, il fallait une bonne hydraulique agricole». Dès 1849, la commission
Prudon fait procéder au drainage des marais vers la Mekerra et au rem-
blayage des parties basses. A partir de 1854, des primes étaient accordées
aux agriculteurs «colons» pour l’irrigation à partir des eaux de la Mekerra
utilisées sous conditions déterminées par des arrêtés préfectoraux. Ce puits
était réellement, une préoccupation de toute une région.
A suivre
Le Dr Karim Ouldennebia est professeur à l’université Djilali-Liabès
de Sidi Bel-Abbès.
Patrimoine
Histoire d’un puits
pentagonal
sur les bords
de la Mekerra
Troisième partie
PhotoM.Mir
MIR MOHAMED
Deuxième en compétition à être
proposée à la grille de sélection du
jury de la huitième édition du festi-
val culturel local du théâtre profes-
sionnel, «Ghoul bou sebaâ rissan»
(L’ogre aux sept têtes) de la coopéra-
tive « Les amis de l’art de Chlef» a
reçu, samedi soir, au niveau du
théâtre régional de TRB un accueil
public et critique somme toute posi-
tif.
Mise en scène par Rabie Oud-
jaout sur un « Texte inédit, écrit par
le dramaturge Mourad Senouci,
« sous l’encadrement du regretté Ab-
delkader Alloula quelques années
seulement avant sa tragique dispari-
tion », cette nouvelle pièce se voulait
comme un hommage posthume à la
grande figure du quatrième art al-
gérien en ce sens que son auteur es-
comptait l’inscrire sur le double
registre de la « halqa » et de la cri-
tique sociale et politique.
Se présentant sous la forme
d’une parabole dans la présentation
allégorique des personnages et des
situations, «L’ogre aux sept têtes» re-
configure l’image d’une «  cité-na-
tion » dirigée en autocrate par un
ogre noceur qui ne s’empêche pas de
célébrer chaque année avec faste
l’anniversaire de son intronisation
en jetant son dévolu sur la plus belle
fille parmi ses sujets femmes.
Comme ne le restitue pas la légende
des Béni Snous sur le monstre avec
son happy-end pour Mhammed et
la fille du sultan, la pièce ne bascule
pas moins entre le réel et pour
raconter les terribles péripéties des
malheureuses élues qui décèdent
l’une après l’autre jusqu’au jour où
un orfèvre des mots habitué des
lieux et de la bête vienne défier l’o-
gre dans son antre... Même si elle a
révélé des signes de flottement dans
certains de ses passages, le spectacle
n’en a pas moins laisser apparaître
beaucoup d’aspects positifs.
Le plus significatif est sans con-
teste la direction des comédiens sur
scène et le rendu sur scène des sit-
uations selon les profils de carac-
tères et des rôles des personnages
campés.
Côté thématique, il va sans dire
que ce genre de pièces arrive à
point nommé à Sidi Bel-Abbès
pour réconcilier le public avec la
fonction sociale du théâtre et la lib-
erté de dire et espérer «trouver sur
la scène comme dans la salle une
cohérence artistique qui soit aussi
une cohérence politique» comme le
suggèrent nombre de spécialistes.
CULTURELaVoixdel’Oranie PAGE 13N°4396 - LUNDI 28 AVRIL 2014
PROPOS RECUEILLIS
PAR Y. EL-ATRACH
L
a compagnie El Ajouad
est actuellement en rési-
dence de création au
lycée Khallef de Point du Jour, à
Oran, pour la préparation de son
prochain spectacle intitulé «Page
en construction», écrit par Fabrice
Melquiot. L’œuvre théâtrale, dont
la mise en scène est signée
Kheireddine Lardjam, abordera
les relations complexes entre la
France et l’Algérie, héritées de
l’Histoire de ces deux pays.
Nous avons rencontré le met-
teur en scène et directeur artistique
de la compagnie El Ajouad,
Kheireddine Lardjam, qui a accepté
de nous parler de ce projet, mais
aussi du travail de la compagnie qui
fête cette année ses 15 ans d’exis-
tence.
- Répéter dans un lycée, c’est
une expérience nouvelle…
- Eu égard au sujet traité, nous
avons voulu confronter notre travail
au regard de jeunes adolescents d’au-
jourd’hui. La pièce de Fabrice
Melquiot est en fait en train de
s’écrire; l’auteur réfléchit encore sur
le texte. C’est pourquoi nous avons
eu l’idée de faire partager nos doutes
et notre vision avec les jeunes du
lycée Khallef, de nous confronter à
leur point de vue.
Nous répétons tous les jours
dans une salle de classe mise à notre
disposition par l’établissement et
nous invitons les lycéens à assister
aux répétitions. Nous échangeons
avec eux, nous leur demandons ce
qu’ils pensent de ce qu’ils ont vu et
leur regard neutre, parfois naïf,
nourrit notre travail artistique. De
plus, les lycéens posent sur les rela-
tions entre les deux pays un regard
différent du nôtre.
- Lequel ?
- Aujourd’hui, je peux dire que
nous avons été très surpris par leur
distance par rapport au passé colo-
nial. Ils sont fiers de leur histoire, de
la guerre d’Indépendance. Mais ils
ont dépassé toute animosité et tout
conflit et ils regardent vers l’avant.
Cependant, en venant ici, ce qui
nous intéresse est aussi leur regard
artistique, car nous ne sommes pas
des historiens, mais des artistes, des
conteurs qui veulent raconter une
histoire.
J’ouvre une parenthèse pour sig-
naler que nous allons mener le
même type de travail en France.
Nous serons donc aussi en résidence
dans un lycée en France, afin de con-
fronter ce travail au regard d’adoles-
cents de l’autre côté de la
Méditerranée.
Nous espérons que les jeunes des
deux pays entreront en contact, via
les différents moyens de communi-
cation numériques, aussi bien que
les professeurs des deux établisse-
ments.
- Mais au fait, pourquoi la
question des relations entre l’Al-
gérie et la France ?
- Voilà plus de dix ans que la
compagnie présente régulièrement et
chaque année ses spectacles en Al-
gérie et en France. Au bout de ces
années de rencontres avec ces dif-
férents publics, où la question du
lien entre les deux pays revenait sys-
tématiquement dans les débats, nous
avons pensé qu’il était temps pour la
compagnie de questionner tout cela
à travers un spectacle.
Nous avons choisi d’associer
Fabrice Melquiot, auteur français,
afin qu’il y ait un vrai dialogue entre
un artiste algérien et un artiste
français.
Et puis, au-delà de l’aspect his-
torique de cette question, ce qui nous
intéresse fondamentalement est le
présent et le futur. C’est pourquoi
nous avons choisi une résidence dans
un lycée, pour nous nourrir d’un re-
gard neuf, celui des jeunes.
- La compagnie El Ajouad a
quinze ans d’existence… quel est
votre secret ?
- Il n’y a pas de secret, et nous ne
comptons pas les années. Ce qui nous
anime, c’est le projet que porte la
compagnie: faire découvrir les écrit-
ures contemporaines et questionner
la société d’aujourd’hui. Bien sûr, la
longévité de la compagnie s’explique
aussi par son travail à l’étranger qui
nous permet d’avoir une visibilité à
moyen terme. La diffusion de nos
spectacles en Egypte, en Tunisie, au
Maroc, mais surtout en France per-
met à la compagnie d’avoir une cer-
taine autonomie en Algérie.
- On dit que vous êtes une des
rares compagnies algériennes qui
tourne régulièrement en France…
- C’est vrai que la France reste
notre destination principale, en de-
hors de l’Algérie, mais ce travail reste
difficile, car ce qui nous intéresse n’est
pas tant de diffuser nos spectacles
que de construire des projets qui
puissent tisser des ponts entre les
deux pays, à l’image de la création
«Page en construction». Heureuse-
ment, il existe des lieux, comme le
Forum du Blanc-Mesnil, qui nous
permettent de réaliser cet objectif. Il
faut rappeler que ce lieu a été le pre-
mier en France à défendre l’écriture
de Abdelkader Alloulah en 2003 et
que depuis bientôt 10 ans il soutient
le travail de la compagnie El Ajouad.
Nous avons présenté plusieurs spec-
tacles dans ce théâtre et dans les
quartiers (en appartements, centres
sociaux et même dans le hall de la
mairie). C’est un vrai partenaire qui
nous a même permis de développer
des projets de formation à destina-
tion d’artistes algériens. Pour «Page
en construction», nous sommes en
train d’imaginer une résidence artis-
tique dans un lycée au Blanc-Mesnil
qui va permettre à de jeunes Blanc-
mesnilois de découvrir le travail
d’artistes algériens, mais aussi d’en-
trer en contact avec des jeunes Al-
gériens. Pour beaucoup de ces
lycéens, qui sont d’origine algéri-
enne, ce projet est aussi une manière
de découvrir une autre facette de
leur pays d’origine.
- Revenons au projet «Page en
construction». Quand pourrons-
nous voir le spectacle ?
- Le spectacle va être créé en
France sur la scène nationale de
Mulhouse et sera par la suite
présenté sur la scène nationale du
Creusot. Nous viendrons le présen-
ter en Algérie immédiatement après,
en tout premier lieu à Oran, car les
jeunes adolescents avec qui nous tra-
vaillons se sentent impliqués dans
cette création, et la moindre des
choses est qu’ils y assistent.
- Quels sont vos autres pro-
jets ?
- Nous serons au festival d’Avi-
gnon en juillet prochain, où nous
présenterons Le Poète comme
boxeur de Kateb Yacine au Théâtre
de la Manufacture. Manufacture.
Kheïreddine Lardjam, le directeur artistique de la compagnie El Ajouad,
à la VO
«Nous confrontons notre travail
au regard des adolescents»
Les «Amis de Chlef» au festival du théâtre professionnel de Sidi Bel-Abbès
«Ghoul bou sebaâ rissan» en hommage-posthume à Alloula
PAR LE DR KARIM
OULDENNEBIA
La construction du barrage Sarno af-
fluent de la Mekerra, d’une hauteur de 28
mètres, était surtout destiné à sauver et à
améliorer les irrigations de St-Denis-du-
Sig, très mal assurées par le vieil ouvrage
des Cheurfas, presque complètement envasé.
Au bout du compte, la colonisation ne réussit pas vraiment à
développer l’irrigation en Algérie, bien que la politique hy-
draulique coloniale fût pensée pour servir et favoriser avant tout
le colonat. Il faut noter que diverses raisons ont contribué à ce
flagrant échec. D’ailleurs, ce puits de la Mekerra avait déjà perdu
sa vocation depuis bien longtemps. C’est pourquoi les autorités
coloniales l’ont fermé et maçonné pour de bon. Il faut dire que
maçonner les trous n’avait plus aucun secret pour l’administra-
tion coloniale.
IV. Un puits en bas d’une tour de sept mètres de long
La tour rouge au-dessus du puits fut construite par l’associa-
tion du Syndicat des eaux d’irrigation de Sidi-Bel-Abbès, il y a
plus d’un siècle et probablement encore plus! Il faudrait une con-
firmation et une validation archéologique. L’association, consti-
tuée par les colons des quatre communes: Sidi Bel-Abbès, Détrit
(Sidi Lacen),
Prudhon (Sidi
Brahim) et les
Trembles (Sidi
Hamadouche),
pour l’irrigation
de leurs conces-
sions aux bords
de la Mekerra, a
été agréée le 23
août 1889 par le
préfet du dé-
partement d’O-
ran F. Celliere,
et cela, confor-
mément à la loi
française du 21
juin 1865. Dans
ce lieu, il faut
reconnaitre que
c’était un sem-
blant d’une tour
de Babel. Lieu
où l’on parlait
toutes sortes de langues en référence aux nombreux colons de la
région se Sidi Bel-Abbès de multiples nationalités. Rappelons-
nous! Dans le deuxième recensement de 1859 cité par le Compte
de Villetard, premier commissaire civil de la ville de Sidi Bel-
Abbès, on évoquait déjà le nombre de 24 nationalités. Des gardes
des eaux ou «police des eaux» ont été nommés par le sous-préfet
sur proposition, spécialement chargés de la surveillance du puits
et d’assurer la distribution et la répartition des eaux de la Mekerra
telle qu’elle aura été arrêtée par le syndicat, de veiller à la conser-
vation des canaux «Slouguiyates» et des rigoles «Saguyates» selon
le langage local, ainsi que tous les ouvrages dépendant du service
des irrigations. Cela explique en définitive cette «Guarita» sur le
point d’élévation de la tour spécialement construite pour ces
gardes des eaux. A cet effet, chaque année, dans le courant du
mois d’octobre, l’association avait un rôle de dresser des taxes à
payer pour chaque colon. Tant pour les dépenses de l’association
que pour celles de la zone d’irrigation puisqu’il y avait huit zones:
Sidi Bel-Abbès, rive droite; et rive gauche; le Rocher; Sidi Brahim;
Sidi Lhassen; Sidi Khaled; Trembles et enfin la huitième et enfin
Zèlifa. Cette conjoncture à la Mekerra nous rappelle pourtant le
fameux «Tribunal des Eaux», chaque jeudi (qui est la plus anci-
enne institution de justice d’Europe). Il a été créé par Al Hakim
Al Mostansir Bibal en 960, en Andalousie. Il permet encore au-
jourd’hui de contrôler de manière équitable l’irrigation de la riv-
ière Huerta, la zone maraîchère valencienne.
A suivre
Le Dr Karim Ouldennebia est professeur à l’université Dji-
lali-Liabès de Sidi Bel-Abbès.
Patrimoine
Histoire d’un
puits pentagonal
sur les bords
de la Mekerra
Quatrième partie
PhotoM.Mir

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  • 1. Trois documentaires réalisés par des Algériens ont été sélectionnés parmi les 12 films en compétition officielle au 6e Festival in- ternational du film docu- mentaire (Fidadoc) qui se tiendra du 28 avril au 4 mai à Agadir (sud du Maroc), ont annoncé mardi les organisateurs. Il s’agit de «El Oued El Oued» (2013, Algérie) d’Abdenour Zahzah, «Aller de l’avant» (2014, Algérie- France) de Soufiane Adel et «Chantier A» (2013, Al- gérie-France) de Tarek Sami, Karim Loualiche et Lucie Dèche. La sélection officielle de l’édition de cette année comporte 37 films, dont 30 longs métrages représen- tant 17 pays, parmi eux plus de 20 films produits et/ou tournés au Maghreb ou au Proche-Orient, pré- cisent les organisateurs. Deux court métrages algériens, «El-Havs Amokrane» (La grande prison, 2013) de Razik Be- nallal et «Kouchet El-Djir» (2013) d’Amine Boukraa ont été sélectionnés parmi les sept films maghrébins (deux longs métrages et cinq courts métrages) qui seront projetés dans le panorama Maghreb Machrek du festival. Le jury de la Compéti- tion internationale sera composé de la réalisatrice algérienne Habiba Djah- nine, du réalisateur maro- cain Mohcine Besri du réalisateur et producteur suisse Berni Goldblat et de la programmatrice et cri- tique cubaine Norma Gue- vara pour remettre les différentes récompenses dont le «Grand prix», le «Prix du jury», et le «Prix du public». Le 5e Fidadoc, organisé en avril 2013, avait at- tribué le «Grand prix» et le «Prix du public» au film «A world not ours» du réalisateur palestinien Mahdi Fleifel, à travers lequel il livre une chronique tendre et pleine d’ironie de la vie de trois générations de Pales- tiniens dans le camp des réfugiés d’Ain Al-Hilweh (au sud Liban) où le cinéaste a grandi. L’Algérie était présente à travers «Fidaï» du réal- isateur franco-algérien Damien Ounourin, un film produit par six pays (Algérie, France, Alle- magne, Chine, Koweït et Qatar) qui retrace le par- cours d’El Hadi, grand- oncle du réalisateur, pendant la Révolution al- gérienne. Organisé par l’Associa- tion de culture et d’éduca- tion par l’audiovisuel (Acea), le Fidadoc, créé en 2008, est le premier festival marocain exclusivement dédié au cinéma docu- mentaire. CULTURELaVoixdel’Oranie PAGE 13N°4393 - JEUDI 24 AVRIL 2014 L e navire his- torique «Chebek Boubrek», com- mandé par le grand chef de la marine algérienne à l’époque ottomane, Rais Hamidou (1773-1815), sera reconstruit, a-t-on ap- pris lors du troisième col- loque national sur «le patrimoine culturel marin - originalité de notre passé et fierté de notre avenir», ouvert mardi à Mosta- ganem. L’architecte et chef de département restauration et conservation des collec- tions muséales au musée national marin, Tiar Manel Djazia a souligné, à l’APS en marge de la rencontre, que le projet sera con- crétisé par le ministère de la Culture en collaboration avec le ministère de la Pêche et des ressources halieutiques. Le navire militaire de 17 mètres de long, doté de huit canons, traduira dif- férents évènements his- toriques et la vie de grands chefs marins, selon la re- sponsable. Une fois concrétisé, le bateau devra accoster dans plusieurs ports du pays pour faire connaitre sa contribution dans les batailles à l’époque ot- tomane. Mme Tiar a ajouté, par ailleurs, qu’une opération d’inventaire du patrimoine matériel et immatériel marin de Mostaganem sera effectuée suite à la signa- ture d’une convention entre la direction de la cul- ture et le musée national marin. Lors des travaux de la première journée de ce col- loque, l’accent a été mis sur la nécessité de réhabiliter et derenforcer le patrimoine culturel marin. Mme Cherkaoui Radia du même musée national a appelé à réhabiliter des sites marins, vestiges té- moins de l’histoire de la marine algérienne dont «Bab El Bahr» de Mosta- ganem, Bordj Ettork et le port de cette ville. L’attachée du musée na- tional, Talis Fatima a mis l’accent, pour sa part, sur l’importance du patri- moine marin dans l’écriture de l’histoire insistant sur l’utilisation du patrimoine immatériel dont la poésie melhoun pour faire la lu- mière sur des réalités datant de l’époque ot- tomane. L’intervenante s’est ap- puyée sur des qacidate dont «La bataille de Mazagran» et «l’histoire de cherchel» de Sidi Lakhdar Benkh- elouf qui a décrit minu- tieusement deux batailles livrées par les marins al- gériens aux espagnols. Les participants trait- ent, lors de cette rencontre de trois jours initiée par le Musée national marin en collaboration avec la direc- tion de la culture dans le cadre de la célébration du mois du patrimoine, de l’histoire de la marine al- gérienne et des industries maritimes dans le pays. Les communications programmées à cette occa- sion abordent, entre autres, «le rôle du patrimoine cul- turel marin dans l’écriture de l’histoire», «entre savoir et préservation.. le patri- moine national marin», «les importants sites marins historiques» et «la pêche entre patrimoine et modernité». Une exposition mettant en exergue l’histoire de la marine algérienne est or- ganisée en marge du col- loque, de la préhistoire jusqu’à l’ère ottoman pas- sant par les Almohades, Al- moravides, Zianides, les expéditions européennes, le siège français sur Alger en 1770, l’expédition de Charles 5 en 1541 et celle du Danemark de 1827 à 1830. La lumière sera faite également sur l’industrie marine algérienne des 16, 17 et 18èmes siècles dont les navires Ghalioth, Fré- gate et Ghalia, ainsi que le navire de Rais Hamidou réalisé durant le 17ème siè- cle, en plus de découvertes marines, de chefs d’oeuvre et autres. L’annonce a été faite à Mostaganem Projetdereconstructiondu navirehistoriqueRaïsHamidou Festival du film documentaire d’Agadir Trois films d’Algériens en compétition officielle PAR LE DR KARIM OULDENNEBIA Tourner en rond lorsqu’on a perdu ses repères serait bien plus qu’une métaphore. L’un et l’autre s’équivalent avec tourner autour d’un puits ! Un puits de «pétrole» bien évidemment. D’ailleurs, beaucoup d’histoire tour- nent autour d’un puits. Le Coran rapporte une histoire de puits lorsque les fils de prophète Yaacob, appelé aussi Israël, jetèrent leur frère Youcef dans un puits par jalousie. Mais, attention à ne pas se perdre… Il s’agit là d’un puits pas comme les autres. C’est un essai sur l’Histoire «environnementale», une sous-discipline de l’Histoire qui a émergé dans les dernières décennies. Le sujet propose, une étude des relations entre sociétés humaines, la nature et leurs interactions. Un puits a donc aussi une Histoire! C’est un puits dans un endroit quelque peu oublié des hommes, pas profond, très étroit et surtout élevé en hauteur comme la tour d’une pièce de jeu d’échecs. Franchement! Avez-vous déjà vu un puits «haut» de sept mètres? Et comme par en- chantement; en pentagone construit dans un cercle! Un puits d’eau ou l’on n’utilise pas le seau et la corde ni même la pompe? Ce puits «unique» en Algérie se dresse non loin de la ville du Saint Patron Sidi-Bel-Abbès El-Bouzidi. Plus exactement sur la route de Bou- Sen, tout près de ce qui reste du château Perrin. Ce puits bizarre et in- solite, colonisé par les chauves-souris, se hausse à trois cent mètres environ en serpen- tant le terrain presque plat de la rivière Mekerra. Pourtant «rares» sont les Bélabbésiens qui peuvent l’identifier. Ce n’est pas la peine de chercher la causalité du problème. La réponse se trouve dans la première phrase de mon texte. I. Un patrimoine historique laissé aux chauves-souris Ce puits pourtant ne semble pas être un sujet de préoccupa- tion pour les autorités locales. De toute façon, ils ne savent même pas qu’il existe! C’est vrai- ment un souci qui provient d’un état des choses difficile à supporter. «L’ignorance peut être un exil vécu dans son propre pays», disait Ibn- Rochd (Averroès). La couleur rougeâtre du puits s’explique par les matériaux de con- struction. Ce «Hassi» maçonné dans la terre par des tufs calcaires était relié à la Mekerra par des galeries souterraines à environ trois cent mètres plus loin. Ces galeries étaient généralement assez longues. Ceci-dit, selon le témoignage des anciens ouvriers agricoles de la région, imaginez un in- stant le pénible «petit boulot» des malheureux ouvriers «indigènes al- gériens» qui se déplaçaient «courbés» pour effectuer les travaux d’entretien. En définitive, ce puits n’était pas un forage vertical permettant l’ex- ploitation d’une nappe d’eau souterraine, autrement dit un aquifère. Trop près pour être un vrai puits! Et trop loin des mamelons pour être une vraie tour de contrôle. A vrai dire, c’était un «puits de rétention» du débit d’eau, installé à proximité de la rivière. Un puits vertical en communication avec la rivière Mekerra. La con- naissance du débit de la rivière Mekerra et de sa variation (régime hy- drologique) était nécessaire pour divers objectifs notamment le suivi et gestion de l’irrigation. A suivre Le Dr Karim Ouldennebia est professeur à l’université Djilali-Li- abès de Sidi Bel-Abbès. Patrimoine Histoire d’un puits pentagonal sur les bords de la Mekerra Première partie
  • 2. La poterie tlemcénienne sera à l’honneur à l’occasion de la célébration du mois du patri- moine dans une grande exposi- tion du 28 avril au 18 mai, qui sera exclusivement réservée aux produits de poterie. Placée sous le slogan «le pat- rimoine culturel entre la connais- sance et le savoir-faire à l’ère de la numérisation», cette exposition mettra en valeur tous ces artisans, femmes et hommes, qui préser- vent jalousement ce legs patri- monial hérité des ancêtres. Les artisans de Nedroma, de Bider, de Khemis et Azail présen- teront ce que leurs mains ex- pertes confectionnent comme produits servant soit en cuisine ou en décor, a indiqué le di- recteur du palais de la culture, Tahar Arris. La wilaya de Tlemcen est réputée pour ses marchés de po- terie, a-t-il dit, rappelant que de l’ère romaine à la colonisation française une diversité de métiers artisanaux ont vu le jour au point d’attribuer le nom de «El Fekharine» à un quartier dans lequel prospérait cette industrie. Les visiteurs auront le plaisir de voir de près divers produits aux formes et aux couleurs var- iées en plus d’ateliers vivants qui leur permettront de connaître les étapes de fabrication de ces pro- duits depuis le malaxage jusqu’au tournage et le moulage de l’argile. CULTURELaVoixdel’Oranie PAGE 13N°4394 - SAMEDI 26 AVRIL 2014 MIR MOHAMED L e coup d’envoi de la 8ème édition du festi- val culturel local du théâtre professionnel a été donné, jeudi soir au TRB de Sidi Bel-Abbès, avec une participa- tion record du public des grands jours, quand la «salle à l’itali- enne» se remplissait comme un œuf pour voir les spectacles de la troupe Kateb Yacine et des dizaines de troupes du cru qui ont marqué, à leur manière, la formidable épopée du théâtre amateur à l’échelle régionale et nationale. Pour cette soirée d’ouverture officielle, le commissariat du fes- tival a eu la main heureuse en programmant deux des valeurs sûres de la jeune génération d’hommes et de femmes de théâtre que la ville de Sidi Bel- Abbès a vu naître en son giron et lui font chaque fois honneur en Algérie et à l’étranger. Il s’agit de Djeriou Abdelkader et Jenati Souad qui ont présenté, l’un et l’autre séparément, deux specta- cles de toute beauté donnant ainsi le ton à cette huitième édition- hommage au regretté Mohamed Benguettaf et placée également sous le signe du renouveau. Le premier s’est illustré avec un su- perbe montage synchronisé entre jeux de scène et extraits vidéos du «Cri de Benguettaf», la seconde avec ses rôles multiples dans «Maya», une pièce écrite et mise en scène par Hicham Houari Boussahla, laquelle a remporté, il y a vingt jours, rappelons-le, pas moins de six prix au 14e festival international de théâtre d’El Bougaâ (Soudan) et reçu un im- mense succès critique et public dans plusieurs pays arabes. Le programme ‘In’ de cet im- portant rendez-vous régional des professionnels du quatrième art, qui se poursuivra jusqu’au 1er mai prochain, prévoit l’entrée en lice de quelque sept troupes théâ- trales aspirant aux trois billets qualificatifs au festival national du théâtre professionnel d’Alger. Hier vendredi, à 19 h, c’est la pièce «Moujared Nifayat» de l’As- sociation arts du spectacle et cinéma de jeunesse de Sidi Bel- Abbès (Texte : Kacem Matroud, mise en scène: Bachir Ben Sallem) qui a été présenté au pub- lic. Aujourd’hui samedi, outre le spectacle « Sawaid » du théâtre régional de Mascara (Texte: Haroun El Kilani mise en scène: Abdelkader Djeriou), c’est la pièce «Roui Bousbaa Rissan» de la Coopérative culturelle Les amis de l’art  de Chlef (Texte: Mourad Senouci, mise en scène Rabia Oidjaout) qui est prévue en soirée. Demain dimanche, c’est une nouvelle création de l’Association culturelle El Moudja de Mosta- ganem ayant pour titre «Manfa Harb» (Texte: Mohamed Cher- gui, mise en scène: Bachir Boud- jemaa) qui sera proposée au public. Les trois jours suivants ce sera le tour de quatre pièces à être présentées en ‘In’, à savoir le lundi «El Aouel Moukarar» de la Coopérative ‘Univers culturel’ d’Alger (Texte: Salah Karama, mise en scène: Abbes Mohemd islam), le mardi «El Kardh» de la troupe El Fityane du théâtre des amateurs d’Aïn Defla (Texte et mise en scène: Tarek Achia) suivie en soirée d’une deuxième pièce «El Nihaya» de la Troupe Djillali Ben Abd Halim de Mostaganem (Texte: Samuel Beckett, mise en scène: Ahmed Belalem), le mercredi «El Kassaid Lati Ihtarakat» de la Troupe ‘facetroupe’ d’Alger (Texte: Djamel Saadaoui, mise en scène: Djamei Guermi) qui sera la sep- tième et dernière pièce du pro- gramme compétition. Jeudi, dernier jour du festival, c’est le spectacle «Dar Laadjeb» (Texte: Mohamed Chouat, mise en scène: Ahmed Benkhal) qui a été retenu pour la Cérémonie de clôture et de distribution des prix. En plus de ces représenta- tions, le commissariat du festival a prévu également des spectacles de proximité au niveau de divers établissements de la wilaya (maisons de jeunes, écoles, cen- tres de santé, de repos et de je- unesse) ainsi que deux tables rondes animées par des spécial- istes, la première le dimanche à 10 h au niveau de la faculté des lettres «Itinéraires de l’écriture théâtrale chez M’hamed Benguettaf» avec comme mod- érateur M. Boukaras), la seconde le lundi à 15h00 au TRSBA «Ex- périences théâtrales algériennes sous le chapiteau de la Comedia del arte. Regards croisés», animée par Kamel Bendimred et Ahmed Hamoumi. Ouverture de la huitième édition du festival du théâtre professionnel de Sidi Bel-Abbès Djeriou Abdelkader et Jenati Souad donnent le ton Mois du patrimoine La poterie à l’honneur à Tlemcen Un festival culturel local de la musique, chanson, danse et costumes nailis, a été insti- tué dernièrement dans la wilaya de Djelfa, apprend-on mardi auprès du Commissariat de ce festival. «L’institution de ce festival s’est faite sur la base d’un arrêté, pris dernière- ment par le ministère de la Culture», a in- diqué à l’APS Brahim Grim, directeur de la maison de la culture Ibn Rochd, désigné à la tête de ce Commissariat. Pour M. Grim, cette décision est édictée par le souci de relancer l’activité culturelle et artistique dans la région et de promouvoir le patrimoine culturel local et de sa diffusion. «La manifestation a pour objectif de mettre en lumière la danse nailie et de la valoriser, tout en faisant la promotion des différentes facettes des costumes nailis, tant féminin que masculin, et leur développe- ment à travers le temps, parallèlement au soutien des artistes, artisans et autres associ- ations culturelles locales impliquées dans la préservation du patrimoine matériel et im- matériel des Ouled Nail», a-t-il expliqué. Ce festival, programmé pour août prochain, après approbation de la tutelle, vise surtout à encourager et soutenir les figures artistiques et autres talents émergeants dans les domaines de la musique, de la danse, du chant et de la confection des costumes nailis, a-t-il ajouté. En perspective de l’organisation de ce festival, il a été procédé à la mise en place de cinq (5) comités d’organisation, présidés par des spécialistes en patrimoine, danse et costumes nailis, parallèlement à la définition des conditions de participation à la manifestation, qui sera exclusivement ou- verte aux figures artistiques et musiciens spé- cialisés dans le genre naili, ainsi qu’aux artisans et associations versés dans la confec- tion de costumes nailis. Selon le programme prévu, le festival s’é- talera sur six (6) jours, qui seront étayés de galas de chant et musique nailis, d’exposition sur l’habit traditionnel local, de danses folk- loriques et de conférences sur le thème. Musique, chanson, danse et costumes nailis Institution d’un festival local à Djelfa PAR LE DR KARIM OULDENNEBIA Le débit d’une rivière représente le volume d’eau s’écoulant en un temps donné (en une seconde en général) à un moment précis et à un endroit pré- cis de cette rivière. Cette notion de débit (que l’on ex- prime le plus souvent en m3/s) ne doit pas être confondue avec celle de la vitesse du courant ou de la sec- tion mouillée (profondeur d’eau x largeur de la rivière). Le parler vrai des spécialistes qui ont analysé le réseau hydrographique du bassin de la Mekerra disent qu’il était très développé. Du point de vue pluviométrique, la quan- tité moyenne interannuelle des précipitations dans la plaine de Sidi-Bel-Abbès est de l’ordre de 390 à 400mm, mais elle peut diminuer jusqu’à 110 mm/an pour les an- nées particulièrement sèches, d’où la variation annuelle des apports liquides de l’oued Mekerra. Ainsi, à travers la géomorphologie et les méthodes historiques et hydrauliques appliquées, le bassin de la plaine de la Mekerra est subdivisé schématiquement en trois grandes zones. Apparemment, ce puits se situe dans la troisième zone à partir de Boukhani- fis. [Étude d’a- vant-projet détaillé de la protection de la ville de Sidi- B e l - A b b è s contre les inondations. SBA: SPI infra, 2001]. Il s’agit d’une ap- proche natu- raliste (par opposition aux modélisations m a t h é m a - tiques). En d’autres ter- mes, elle est fondée sur la compréhension du fonction- nement naturel de la dynamique des cours d’eau de la Mekerra (érosion, transport, sédimentation) au cours de l’histoire. En regardant de près! J’ai certes lu des documents très utiles à l’écriture de l’Histoire à ce sujet. Mais, que dire de cette loi de Darcy qui dit: «Toutes choses égales par ailleurs, c’est la hauteur d’eau qui contrôle la vitesse de percolation»? Sincèrement! Il n’y a pas de doute, écrire une Histoire environnementale, c’est très compliqué ! II. Une construction en Pentagone unique dans la région C’est la tour «pentagonale» du puits, appelée aussi «Guarita» qui fait la spécificité de ce puits rouge (El- Hassi Lahmar). Sa tour géométrique de sept mètres de long avec cinq cotés est un «pentagone», antérieur bien évidement au QG US «The Pentagon» américain con- struit entre (le 11 septembre 1941 et le 15 janvier 1943) à Washington DC. La construction d’un pentagone régulier à la règle et au compas n’a été révélée qu’après les constructions du triangle équilatéral et le carré. A suivre Le Dr Karim Ouldennebia est professeur à l’université Djilali-Liabès de Sidi Bel-Abbès. Patrimoine Histoire d’un puits pentagonal sur les bords de la Mekerra Deuxième partie PhotoM.Mir
  • 3. Un riche programme a été élaboré par le musée «Ahmed Zabana» d’Oran pour la célébration du mois du patri- moine qui s’étale du 19 avril au 19 mai, a-t-on appris auprès de cette institution. Le programme comporte des expositions, des reportages et des conférences animées par des spécialistes nationaux en la matière. Une exposition vente des publications des musées d’Al- gérie est prévue au sein du musée Zabana, du 27 avril au 15 mai, en collaboration avec le Centre des arts et de la culture du palais des Raïs, les musées des Beaux-arts, des arts et tra- ditions populaires, du Bardo, des Antiquités d’Alger, ainsi que le musée des Arts et traditions populaires de Médéa. Des conférences ayant trait à la préservation des œuvres conservées dans les musées sont prévues, dont «La conser- vation et la restauration des tex- tiles», «La préservation du cuivre» et «La présentation d’une collection des poires à poudre». D’autres conférences traitant du patrimoine matériel de la région seront animées par des experts, à l’instar de «la Blousa» (habit traditionnel féminin propre à la région ouest), ainsi que des con- férences abordant la préserva- tion des archives pho- tographiques et historiques dans les musées, a-t-on ajouté de même source. Plusieurs projections sont également prévues pour l’occa- sion parmi lesquelles «La restauration du bois mobilier» et «La pierre, élément naturel exploité par l’homme dès la préhistoire», ainsi qu’une expo- sition intitulée «Le cavalier». CULTURELaVoixdel’Oranie PAGE 13N°4395 - DIMANCHE 27 AVRIL 2014 MIR MOHAMED D e gros sacs poubelles supposés pleins de détritus, un écran de projection de films documentaires suspendu à l’arrière scène, un téléphone de bureau d’avant le sans-fil... Et le décor est ainsi planté pour la pièce «Moujarad nifayate» de l’association de Sidi Bel-Abbès écrite par Kacem Matroud et mise en scène par Bachir Ben Salem. Le rideau se lève. Dans le noir, une lumière rouge-sang tombe des sunlights supérieurs et laisse profiler visages et sil- houettes de deux jeunes per- sonnages en d’état d’altérité qui vont, une heure durant, dans «une relation ambiguë de haine et d’amour», de lâcheté et de courage, revisiter sur les planches la vieille probléma- tique de la trahison/fidélité qui ne cessera jamais de faire débat par rapport à l’individu lui- même dans ses propres convic- tions d’être physique et social ou au groupe dans ses représentations identitaires plurielles. Que dire de cette pièce dont la restitution scénique des néanmoins honorables idées de l’auteur n’était pas évidente au- tant pour les comédiens que pour le metteur en scène et les techniciens? Pour le grand public, le groupe semble s’être bien tiré d’affaire. Pour les comédiens d’abord, il faut reconnaître qu’avec leur interprétation cor- recte des rôles, leurs voix fortes et leur diction juste ainsi que leurs parfaites expressions cor- porelles, gestuelles et de vis- ages, ils n’ont rien à envier aux professionnels. L’A.B.C. du comédien sem- ble maîtrisé dans son volet théorique et pratique, ce qui est un élément déterminant pour l’avenir artistique de ces jeunes universitaires qui n’ont pas hésité, dans ce difficile specta- cle, à se faire violence avec leur corps par-delà le humainement supportable. S’agissant de la mise en scène ensuite, celle-ci se voulait sobre mais acceptable dans l’ensemble pour un théâtre dépouillé à la Grotowski. De l’avis même de certains professionnels de théâtre, la seule critique à émettre porte encore une fois sur le recours systématique à la langue clas- sique que l’auteur et le metteur en scène ont pris comme choix délibéré au risque de trahir les sentiments et les émotions de leurs personnages. Même si des spectateurs avertis n’ont pas manqué d’applaudir certains passages de la pièce, nombre d’entre eux déplorent surtout le fait que la langue native «daridja» ait été encore une fois vouée aux calendes grecques. «  La langue populaire, aurait été le choix le plus approprié. Autant pour le locuteur que pour l’auditeur, on aurait gagné ainsi à mieux comprendre le texte et mieux l’assimiler», a-t- on fait observer à juste titre. Festival du théâtre professionnel de Sidi Bel-Abbès «Moujarad nifayat» ou la problématique de la trahison plurielle Mois du patrimoine Riche programme du Musée national Ahmed Zabana d’Oran Le chanteur kabyle Lounis Ait Menguellet animera un concert le 3 mai prochain au célèbre Théâtre Saint Denis de Montréal, à la grande joie de ses milliers de fans au Canada, a-t-on appris vendredi auprès de son entourage artistique à Paris. «Ce concert, organisé par les produc- tions NCP Festival (Nomades Cultures Pro- ductions), spécialisées dans l’événementiel au Canada, signe le retour du chanteur et poète au pays de l’érable après son franc succès de juin 2012», a indiqué son coordi- nateur artistique, Farid Ouahmed. C’est avec un «énorme plaisir» que l’au- teur d’Asfru affirme vouloir rééditer l’exploit montréalais, ville où il dit compter des mil- liers de fans. «Lorsqu’on est bien reçu quelque part, on y retourne toujours avec plaisir, c’est na- turel. J’ai eu un accueil d’une chaleur dont seuls les Nôtres sont capables», a-t-il con- fié, dans un entretien à l’APS. L’auteur-compositeur dit être chanceux d’avoir «partout un public chaleureux et in- dulgent». «Le public de Montréal n’a pas failli au principe», a-t-il dit, pour expliquer pourquoi il a encore une fois répondu fa- vorablement aux organisateurs. A la question de savoir s’il y aura des surprises lors de ce gala, prévu en nocturne (19h30), le chanteur kabyle a confié que le plaisir de renouer avec la communauté al- gérienne sera déjà une «excellente sur- prise», une surprise qui, a-t-il souhaité, sera partagée dans la fraternité et la bonne humeur. «J’ai un répertoire qui me permet de préparer un programme différent de celui du concert précédent», a-t-il assuré, annonçant avoir répété la chanson Ammi, tirée de l’album éponyme du chanteur en 1983, et qu’il compte fredonner en duo avec son fils Djaffar, étoile montante de la chan- son kabyle et virtuose de la flute, instru- ment avec lequel il accompagne son paternel lors de ses prestations artistiques. Chanteur prolifique, Lounis Ait Menguellet (64 ans) compte une carrière de plus de 47 ans, enregistrant plus de 200 chansons. Dans son dernier album «Tawrict Tacebhant» (Feuille Blanche), il chante l’amour, mais aussi la raison. A la grande joie de ses milliers de fans au Canada Lounis Aït Menguellet en concert le 3 mai à Montréal PAR LE DR KARIM OULDENNEBIA Cette tour de la Mekerra est construite en pen- tagone régulier, un polygone à cinq sommets et cinq côtés de 1,50 mètre de chaque côté. Tous ses côtés sont «presque» de même longueur et tous les angles in- ternes ont pour mesure 108 degrés chacun. Il est utile de rappeler que le mathématicien Abou Al-Wafa (mort à Bagdad en 998 - Xe Siècle) fut le premier à commenter les polygones dans les œuvres d’Euclide, le père de la géométrie. En plus, on lui doit la notion de cercle trigonométrique et le développement des con- structions approchées à la règle et au compas de polygones réguliers à cinq, sept ou neuf côtés. Après une laborieuse assimilation du savoir de l’Antiq- uité tiré de sources arabes, les géomètres médiévaux se haussèrent à la théorie de la perspective. À partir du XIIe siècle, la traduction de nombreux textes arabes en latin donne un nouvel élan au développement du savoir et la géométrie y tient une part importante. Non seulement les savants prennent connaissance des écrits les plus importants des grands mathématiciens grecs, mais ils accè- dent aussi aux travaux des mathématiciens arabes, inspirés du savoir des Grecs, Perses et des Indiens et même des chinois. III. Un héritage d’une technique d’irrigation ancestrale Historiquement, la région de la Mekerra a aussi hérité de l’accumulation et la valorisation des techniques d’irrigation d’Andalousie (saguiya) qui al- lait compléter l’héritage de l’hydraulique romain qui était celui des citernes, des aqueducs et des transferts en lui apportant son art spécifique en la matière. La plaine de la Mekerra a été depuis l’antiquité le creuset d’une sédentarisa- tion. La population au- tochtone sédentaire et semi-sédentaire fut con- stamment préoccupée d’a- griculture et d’irrigations même si ce phénomène n’é- tait pas constant à travers son Histoire. Le général Dumas, consul français auprès de l’Emir, n’a-t-il pas confirmé cette réalité des faits dans une de ses corre- spondances du 17 août 1838 en notant: «…Beau- coup de lions. On arrive à l’ouad Mekuerra, rivière profonde de deux pieds et large de douze. Plusieurs sources viennent se jeter dans ce ouad; aussi trouve-t-on de l’eau en été comme en hiver. Champs cultivés à droite et à gauche». [Correspondance du capitaine Daumas, consul à Mascara (1837-1839), p453]. Le colonialisme français, après avoir chassé et déplacé les autochtones des différentes sections de tribus de la fédération des Béni Ameurs et autres, enclencha le mécanisme du partage et la répartition des terres confisquées aux colons par concessions au franc symbolique et souvent gratuitement. Parmi les bénéficiaires, il y avait des émigrants allemands à Détrie mais surtout beaucoup d’Espagnols de la région d’Almeria, une petite ville fondée par les Carthaginois, abordée par la rivière Andarax non loin du désert Tabernas en Andalousie (mondialement connu pour les films Westerns spaghettis). La tradition dit que le nom Almería proviendrait de l’Arabe Al- Mariyya (le miroir), entendez «le miroir de la mer». Actuellement l’inter- prétation la plus acceptée est qu’il dérive du terme arabe «Al-Mara’?», ce qui signifie «la tour de garde». Notons que pendant la période 1830-1892, c’est-à-dire avant l’achève- ment total du barrage de Cheurfas en 1892, cinq barrages furent constru- its en Oranie mais aucun sur la Mekerra! Cette politique hydraulique coloniale était fondée sur le principe que «pour faire une bonne colonisa- tion, il fallait une bonne hydraulique agricole». Dès 1849, la commission Prudon fait procéder au drainage des marais vers la Mekerra et au rem- blayage des parties basses. A partir de 1854, des primes étaient accordées aux agriculteurs «colons» pour l’irrigation à partir des eaux de la Mekerra utilisées sous conditions déterminées par des arrêtés préfectoraux. Ce puits était réellement, une préoccupation de toute une région. A suivre Le Dr Karim Ouldennebia est professeur à l’université Djilali-Liabès de Sidi Bel-Abbès. Patrimoine Histoire d’un puits pentagonal sur les bords de la Mekerra Troisième partie PhotoM.Mir
  • 4. MIR MOHAMED Deuxième en compétition à être proposée à la grille de sélection du jury de la huitième édition du festi- val culturel local du théâtre profes- sionnel, «Ghoul bou sebaâ rissan» (L’ogre aux sept têtes) de la coopéra- tive « Les amis de l’art de Chlef» a reçu, samedi soir, au niveau du théâtre régional de TRB un accueil public et critique somme toute posi- tif. Mise en scène par Rabie Oud- jaout sur un « Texte inédit, écrit par le dramaturge Mourad Senouci, « sous l’encadrement du regretté Ab- delkader Alloula quelques années seulement avant sa tragique dispari- tion », cette nouvelle pièce se voulait comme un hommage posthume à la grande figure du quatrième art al- gérien en ce sens que son auteur es- comptait l’inscrire sur le double registre de la « halqa » et de la cri- tique sociale et politique. Se présentant sous la forme d’une parabole dans la présentation allégorique des personnages et des situations, «L’ogre aux sept têtes» re- configure l’image d’une «  cité-na- tion » dirigée en autocrate par un ogre noceur qui ne s’empêche pas de célébrer chaque année avec faste l’anniversaire de son intronisation en jetant son dévolu sur la plus belle fille parmi ses sujets femmes. Comme ne le restitue pas la légende des Béni Snous sur le monstre avec son happy-end pour Mhammed et la fille du sultan, la pièce ne bascule pas moins entre le réel et pour raconter les terribles péripéties des malheureuses élues qui décèdent l’une après l’autre jusqu’au jour où un orfèvre des mots habitué des lieux et de la bête vienne défier l’o- gre dans son antre... Même si elle a révélé des signes de flottement dans certains de ses passages, le spectacle n’en a pas moins laisser apparaître beaucoup d’aspects positifs. Le plus significatif est sans con- teste la direction des comédiens sur scène et le rendu sur scène des sit- uations selon les profils de carac- tères et des rôles des personnages campés. Côté thématique, il va sans dire que ce genre de pièces arrive à point nommé à Sidi Bel-Abbès pour réconcilier le public avec la fonction sociale du théâtre et la lib- erté de dire et espérer «trouver sur la scène comme dans la salle une cohérence artistique qui soit aussi une cohérence politique» comme le suggèrent nombre de spécialistes. CULTURELaVoixdel’Oranie PAGE 13N°4396 - LUNDI 28 AVRIL 2014 PROPOS RECUEILLIS PAR Y. EL-ATRACH L a compagnie El Ajouad est actuellement en rési- dence de création au lycée Khallef de Point du Jour, à Oran, pour la préparation de son prochain spectacle intitulé «Page en construction», écrit par Fabrice Melquiot. L’œuvre théâtrale, dont la mise en scène est signée Kheireddine Lardjam, abordera les relations complexes entre la France et l’Algérie, héritées de l’Histoire de ces deux pays. Nous avons rencontré le met- teur en scène et directeur artistique de la compagnie El Ajouad, Kheireddine Lardjam, qui a accepté de nous parler de ce projet, mais aussi du travail de la compagnie qui fête cette année ses 15 ans d’exis- tence. - Répéter dans un lycée, c’est une expérience nouvelle… - Eu égard au sujet traité, nous avons voulu confronter notre travail au regard de jeunes adolescents d’au- jourd’hui. La pièce de Fabrice Melquiot est en fait en train de s’écrire; l’auteur réfléchit encore sur le texte. C’est pourquoi nous avons eu l’idée de faire partager nos doutes et notre vision avec les jeunes du lycée Khallef, de nous confronter à leur point de vue. Nous répétons tous les jours dans une salle de classe mise à notre disposition par l’établissement et nous invitons les lycéens à assister aux répétitions. Nous échangeons avec eux, nous leur demandons ce qu’ils pensent de ce qu’ils ont vu et leur regard neutre, parfois naïf, nourrit notre travail artistique. De plus, les lycéens posent sur les rela- tions entre les deux pays un regard différent du nôtre. - Lequel ? - Aujourd’hui, je peux dire que nous avons été très surpris par leur distance par rapport au passé colo- nial. Ils sont fiers de leur histoire, de la guerre d’Indépendance. Mais ils ont dépassé toute animosité et tout conflit et ils regardent vers l’avant. Cependant, en venant ici, ce qui nous intéresse est aussi leur regard artistique, car nous ne sommes pas des historiens, mais des artistes, des conteurs qui veulent raconter une histoire. J’ouvre une parenthèse pour sig- naler que nous allons mener le même type de travail en France. Nous serons donc aussi en résidence dans un lycée en France, afin de con- fronter ce travail au regard d’adoles- cents de l’autre côté de la Méditerranée. Nous espérons que les jeunes des deux pays entreront en contact, via les différents moyens de communi- cation numériques, aussi bien que les professeurs des deux établisse- ments. - Mais au fait, pourquoi la question des relations entre l’Al- gérie et la France ? - Voilà plus de dix ans que la compagnie présente régulièrement et chaque année ses spectacles en Al- gérie et en France. Au bout de ces années de rencontres avec ces dif- férents publics, où la question du lien entre les deux pays revenait sys- tématiquement dans les débats, nous avons pensé qu’il était temps pour la compagnie de questionner tout cela à travers un spectacle. Nous avons choisi d’associer Fabrice Melquiot, auteur français, afin qu’il y ait un vrai dialogue entre un artiste algérien et un artiste français. Et puis, au-delà de l’aspect his- torique de cette question, ce qui nous intéresse fondamentalement est le présent et le futur. C’est pourquoi nous avons choisi une résidence dans un lycée, pour nous nourrir d’un re- gard neuf, celui des jeunes. - La compagnie El Ajouad a quinze ans d’existence… quel est votre secret ? - Il n’y a pas de secret, et nous ne comptons pas les années. Ce qui nous anime, c’est le projet que porte la compagnie: faire découvrir les écrit- ures contemporaines et questionner la société d’aujourd’hui. Bien sûr, la longévité de la compagnie s’explique aussi par son travail à l’étranger qui nous permet d’avoir une visibilité à moyen terme. La diffusion de nos spectacles en Egypte, en Tunisie, au Maroc, mais surtout en France per- met à la compagnie d’avoir une cer- taine autonomie en Algérie. - On dit que vous êtes une des rares compagnies algériennes qui tourne régulièrement en France… - C’est vrai que la France reste notre destination principale, en de- hors de l’Algérie, mais ce travail reste difficile, car ce qui nous intéresse n’est pas tant de diffuser nos spectacles que de construire des projets qui puissent tisser des ponts entre les deux pays, à l’image de la création «Page en construction». Heureuse- ment, il existe des lieux, comme le Forum du Blanc-Mesnil, qui nous permettent de réaliser cet objectif. Il faut rappeler que ce lieu a été le pre- mier en France à défendre l’écriture de Abdelkader Alloulah en 2003 et que depuis bientôt 10 ans il soutient le travail de la compagnie El Ajouad. Nous avons présenté plusieurs spec- tacles dans ce théâtre et dans les quartiers (en appartements, centres sociaux et même dans le hall de la mairie). C’est un vrai partenaire qui nous a même permis de développer des projets de formation à destina- tion d’artistes algériens. Pour «Page en construction», nous sommes en train d’imaginer une résidence artis- tique dans un lycée au Blanc-Mesnil qui va permettre à de jeunes Blanc- mesnilois de découvrir le travail d’artistes algériens, mais aussi d’en- trer en contact avec des jeunes Al- gériens. Pour beaucoup de ces lycéens, qui sont d’origine algéri- enne, ce projet est aussi une manière de découvrir une autre facette de leur pays d’origine. - Revenons au projet «Page en construction». Quand pourrons- nous voir le spectacle ? - Le spectacle va être créé en France sur la scène nationale de Mulhouse et sera par la suite présenté sur la scène nationale du Creusot. Nous viendrons le présen- ter en Algérie immédiatement après, en tout premier lieu à Oran, car les jeunes adolescents avec qui nous tra- vaillons se sentent impliqués dans cette création, et la moindre des choses est qu’ils y assistent. - Quels sont vos autres pro- jets ? - Nous serons au festival d’Avi- gnon en juillet prochain, où nous présenterons Le Poète comme boxeur de Kateb Yacine au Théâtre de la Manufacture. Manufacture. Kheïreddine Lardjam, le directeur artistique de la compagnie El Ajouad, à la VO «Nous confrontons notre travail au regard des adolescents» Les «Amis de Chlef» au festival du théâtre professionnel de Sidi Bel-Abbès «Ghoul bou sebaâ rissan» en hommage-posthume à Alloula PAR LE DR KARIM OULDENNEBIA La construction du barrage Sarno af- fluent de la Mekerra, d’une hauteur de 28 mètres, était surtout destiné à sauver et à améliorer les irrigations de St-Denis-du- Sig, très mal assurées par le vieil ouvrage des Cheurfas, presque complètement envasé. Au bout du compte, la colonisation ne réussit pas vraiment à développer l’irrigation en Algérie, bien que la politique hy- draulique coloniale fût pensée pour servir et favoriser avant tout le colonat. Il faut noter que diverses raisons ont contribué à ce flagrant échec. D’ailleurs, ce puits de la Mekerra avait déjà perdu sa vocation depuis bien longtemps. C’est pourquoi les autorités coloniales l’ont fermé et maçonné pour de bon. Il faut dire que maçonner les trous n’avait plus aucun secret pour l’administra- tion coloniale. IV. Un puits en bas d’une tour de sept mètres de long La tour rouge au-dessus du puits fut construite par l’associa- tion du Syndicat des eaux d’irrigation de Sidi-Bel-Abbès, il y a plus d’un siècle et probablement encore plus! Il faudrait une con- firmation et une validation archéologique. L’association, consti- tuée par les colons des quatre communes: Sidi Bel-Abbès, Détrit (Sidi Lacen), Prudhon (Sidi Brahim) et les Trembles (Sidi Hamadouche), pour l’irrigation de leurs conces- sions aux bords de la Mekerra, a été agréée le 23 août 1889 par le préfet du dé- partement d’O- ran F. Celliere, et cela, confor- mément à la loi française du 21 juin 1865. Dans ce lieu, il faut reconnaitre que c’était un sem- blant d’une tour de Babel. Lieu où l’on parlait toutes sortes de langues en référence aux nombreux colons de la région se Sidi Bel-Abbès de multiples nationalités. Rappelons- nous! Dans le deuxième recensement de 1859 cité par le Compte de Villetard, premier commissaire civil de la ville de Sidi Bel- Abbès, on évoquait déjà le nombre de 24 nationalités. Des gardes des eaux ou «police des eaux» ont été nommés par le sous-préfet sur proposition, spécialement chargés de la surveillance du puits et d’assurer la distribution et la répartition des eaux de la Mekerra telle qu’elle aura été arrêtée par le syndicat, de veiller à la conser- vation des canaux «Slouguiyates» et des rigoles «Saguyates» selon le langage local, ainsi que tous les ouvrages dépendant du service des irrigations. Cela explique en définitive cette «Guarita» sur le point d’élévation de la tour spécialement construite pour ces gardes des eaux. A cet effet, chaque année, dans le courant du mois d’octobre, l’association avait un rôle de dresser des taxes à payer pour chaque colon. Tant pour les dépenses de l’association que pour celles de la zone d’irrigation puisqu’il y avait huit zones: Sidi Bel-Abbès, rive droite; et rive gauche; le Rocher; Sidi Brahim; Sidi Lhassen; Sidi Khaled; Trembles et enfin la huitième et enfin Zèlifa. Cette conjoncture à la Mekerra nous rappelle pourtant le fameux «Tribunal des Eaux», chaque jeudi (qui est la plus anci- enne institution de justice d’Europe). Il a été créé par Al Hakim Al Mostansir Bibal en 960, en Andalousie. Il permet encore au- jourd’hui de contrôler de manière équitable l’irrigation de la riv- ière Huerta, la zone maraîchère valencienne. A suivre Le Dr Karim Ouldennebia est professeur à l’université Dji- lali-Liabès de Sidi Bel-Abbès. Patrimoine Histoire d’un puits pentagonal sur les bords de la Mekerra Quatrième partie PhotoM.Mir