Etonnante Tunisie ! Dans la brume politique, sans visibilité aucune, derrière le vacarme délirant de politiques en furie, à des années-lumière des exigences de l’économie, les entreprises tunisiennes ne se sont pas laissées entrainer par les courants dérivants. Elles n’ont pas baissé pavillon. Elles naviguent à vue, au beau milieu des récifs, contre vents et marais. Elles essuient les tempêtes politiques, les unes plus violentes que les autres, et elles en sortent, à chaque fois, miraculeusement sans dégâts significatifs. Bien plus, elles émergent, plus déterminées et plus outillées intellectuellement et psychologiquement. A croire que ce qui ne tue pas rend plus fort… On s’en aperçoit à la lecture du tableau : les PME/PMI et plus encore les TPE (très petites entreprises) ont pâti de la dégradation de l’environnement économique, interne et externe, et du recul de l’Etat de droit et de l’Etat tout court. C’est pourtant à ce niveau que se concentrent les gisements d’emploi et les prochains relais de la croissance. Dans le damier industriel national, les cases du milieu se sont dégarnies quand elles ne se sont pas désespérément vidées, offrant ainsi l’image d’une économie duale, à deux vitesses. Les PME/PMI risquent de connaître le même sort que la classe moyenne, aujourd’hui tirée vers le bas. C’est un fait qu’il y a peu d’entreprises en Tunisie et qu’il faudrait en créer davantage pour se mettre en conformité avec les ratios en vigueur dans les pays émergents. Il faut aussi et surtout beaucoup plus d’entreprises de taille intermédiaire, si l’on veut renforcer les chances de développement de nos champions nationaux et donner une vraie perspective aux jeunes sans emploi.