Dans son rapport de trois pages le RNDDH RNDDH exige que l’inspection générale de la PNH soit saisie de ce dossier en vue de faire toute lumière sur cette intervention policière et de sévèrement sanctionner les policiers responsables.
PROTOCOLE SANITAIRE RELATIF AUX ÉCOLES DURANT LA PANDÉMIE DE COVID-19 EN HAITI
Position du RNDDH sur l'exécution sommaire de Jacky MIRACLE
1. Exécution sommaire de Jacky MIRACLE : le RNDDH exige que toute la lumière soit
faite sur l’intervention policière du 6 avril 2019
1. Le 6 avril 2019, à l’angle des rues des Miracles et Montalais, entre 1 : 30 et 2 : 00 de
l’après-midi, des individus montés à bord de motocyclettes ont perpétré une attaque contre
un minibus de marque Nissan Caravan, immatriculé : TP- 74601 de couleur blanche,
assurant le transport de passagers sur le circuit Clercine / Portail de Léogane.
2. Le même jour, l’information relative au fait par la police d’avoir déjoué une attaque à
mains armées, circulait sur les réseaux sociaux. Le bilan de cette intervention policière
indiquait alors un (1) mort et six (6) blessés. Cependant, le 8 avril 2019, suite à une plainte
reçue par le RNDDH portant sur les circonstances dans lesquelles Jacky MIRACLE a été tué
lors de cet événement, l’organisme de droits humains s’est rendu sur les lieux de l’incident
dans le souci de reconstituer les faits.
3. Selon les informations recueillies par le Réseau National de Défense des Droits
Humains (RNDDH), les individus armés, qui perpétraient l’attaque contre le minibus
susmentionné, ont intimé l’ordre au chauffeur de s’arrêter. Il n’a pas obtempéré. En
représailles, ces individus ont tiré en direction du véhicule, touchant au bras droit une
personne qui se trouvait sur le siège passager. Voyant que le chauffeur ne voulait toujours
pas s’arrêter, ils ont continué à faire feu, brisant la vitre arrière du minibus et blessant le
passager Sébastien JEAN, âgé de vingt (20) ans. Ce dernier a été transporté d’urgence à
l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH). Il est décédé des suites de ses blessures.
4. Des agents de la PNH affectés au commissariat de Port-au-Prince, qui patrouillaient
dans la zone, montés à bord d’une voiture de police, immatriculée au numéro 1 - 00111, sont
intervenus pour tenter de stopper les braqueurs. Ils ont tiré à plusieurs reprises à hauteur
d’hommes, blessant par balles plusieurs membres de la population.
5. Vladimir PIERRE, Valéry SAINT-LOUIS et Jacky MIRACLE, le premier, âgé de vingt-huit
(28) ans et les deux (2) autres, de vingt-neuf (29) ans, étaient montés à bord d’une
motocyclette de marque Linken de couleur rouge, immatriculée : PR-50665. Ils revenaient
RESEAU NATIONAL DE DÉFENSE DES DROITS HUMAINS (RNDDH)
REZO NASYONAL POU DEFANN DWA MOUN
NATIONAL HUMAN RIGHTS DEFENSE NETWORK
COMMUNIQUE DE PRESSE
CONTACTER : Marie Rosy Kesner AUGUSTE DUCENA
PHONE : (509)2813-1848 / 3755-9591
Cell : (509) 3782-2897
NEWS
RELEASE
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Exécution sommaire de Jacky MIRACLE : le RNDDH exige que toute la lumière soit faite sur
l’intervention policière du 6 avril 2019
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de la rue des Miracles lorsqu’ils ont été surpris par l’intervention policière, à l’angle des
rues des Miracles et Montalais. Ils ont reçu plusieurs balles. Vladimir PIERRE a été touché
au bras droit et aux pieds, Valéry SAINT-LOUIS et Jacky MIRACLE ont reçu des balles au
niveau de leur flanc droit. Ils ont dû abandonner la motocyclette pour se planquer derrière
des véhicules stationnés dans la zone. Par la suite, ils ont tenté de présenter leurs pièces
d’identité aux policiers qui leur ont intimé l’ordre de se coucher par terre.
6. Selon certains riverains et selon Vladimir PIERRE et Valéry SAINT-LOUIS, un des agents
de la PNH a affirmé à haute voix que c’est l’individu qui porte le maillot bleu qui tirait en
direction de la population et de la patrouille policière. Suite à cette déclaration, Jacky
MIRACLE a été achevé en dépit du fait qu’il était allongé par terre, gravement blessé et dans
l’incapacité de bouger. Dans une photo prise de lui, on peut remarquer ses tripes répandues
sur le sol.
7. Toujours selon les riverains, ces trois (3) jeunes ne se sont pas montrés agressifs
vis-à-vis des policiers. Et, bien avant leur arrivée sur les lieux du braquage, les agresseurs
avaient eu le temps de s’enfuir. Ceci n’a pas empêché les policiers de tirer à plusieurs
reprises, blessant des passants dont le nombre serait, selon les riverains, nettement
supérieur à six (6).
8. Une deuxième patrouille est venue en renfort aux policiers sur place. Vladimir PIERRE,
Valéry SAINT-LOUIS et Jacky MIRACLE ont été présentés aux policiers nouvellement arrivés
sur les lieux, comme étant des braqueurs. Par la suite, les deux (2) premiers, blessés, ont
été transportés par la PNH à Médecins Sans Frontières à Martissant d’où ils ont été
acheminés à l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH). Après avoir été auscultés et
soignés, ils sont rentrés chez eux par leurs propres moyens, aucune charge n’ayant été
retenue contre eux.
9. Selon les autorités policières, la patrouille préventive BIPAP1 a surpris le braquage du
minibus et effrayés, les bandits qui opéraient, montés sur trois (3) motocyclettes, ont
eux-mêmes ouvert le feu, tirant dans toutes les directions et blessant deux (2) personnes à
savoir Antoine HONORE et Sébastien JEAN. Ce dernier est décédé. Un agent de la PNH,
Lether EXAVIER aurait été tué s’il ne portait pas un gilet pare-balles au moment des
événements. Aucune arrestation n’a été effectuée.
10. Le juge de paix Jean Brunet NOËL qui a procédé à la levée du cadavre de Jacky
MIRACLE a affirmé au RNDDH avoir constaté auprès du corps de ce dernier, un chargeur
muni de cartouches.
11. Le RNDDH a toujours dénoncé la situation sécuritaire du pays qui reste et demeure
très préoccupante. Des attaques à mains armées et des courses-poursuites au détriment de
personnes en provenance des institutions bancaires sont enregistrées tous les jours. Des
policiers sont la cible privilégiée de bandits armés. La population haïtienne est prise en
otage par des gangs armés qui s’érigent en suzerains et prennent le contrôle de plusieurs
zones stratégiques, élargissant chaque jour un peu plus leur territoire. Cependant, cette
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l’intervention policière du 6 avril 2019
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situation ne peut en aucune façon justifier des exécutions sommaires ou des bavures
policières.
12. Jacky MIRACLE blessé par balle et couché par terre, dans l’incapacité de se mouvoir,
était maitrisé et par conséquent, placé, selon l’article 10 du Code de déontologie de la Police
Nationale d’Haïti, sous la responsabilité et la protection des agents policiers. En effet, il
est de principe que toute personne appréhendée doit être traduite par devant les autorités
judiciaires pour répondre des actes qui lui sont reprochés. Conséquemment, le RNDDH
estime que Jacky MIRACLE a été sommairement exécuté. De plus, cet article précise que
« Le fonctionnaire de police qui serait témoin d’agissements prohibés par le présent article
engage sa responsabilité disciplinaire s’il n’entreprend rien pour les faire cesser ou s’il
néglige de les porter à la connaissance de l’autorité compétente ». Les autres policiers
présents sur les lieux ne sont pas intervenus pour empêcher l’exécution de Jacky MIRACLE.
Ils sont donc solidairement responsables de cet acte.
13. Les deux (2) autres victimes qui étaient en compagnie de Jacky MIRACLE ont été
préalablement présentées comme étant des braqueurs pour ensuite être simplement
déposées dans un centre hospitalier afin de recevoir les soins nécessaires. Le fait qu’ils
n’aient pas été arrêtés prouve que les policiers se sont par la suite rendu compte qu’ils
s’étaient trompés.
14. Sur la base de ces faits, le RNDDH exige que l’inspection générale de la PNH soit saisie
de ce dossier en vue de faire toute lumière sur cette intervention policière et de sévèrement
sanctionner les policiers responsables.
Port-au-Prince, le 10 avril 2019