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60 Société Le Matin Dimanche | 17mai 2015
Contrôle qualité
Dans leur entreprise de promotion cinématographique, Diana Bolzonello-Garnier fait davantage de représentation, alors qu’Eric veille à ce que tout fonctionne bien. Sébastien Anex
Ilsquittentleurjob
Recyclage Certains hommes n’hésitent pas à renoncer à
leur propre carrière pour intégrer la société créée par leur
conjointe. Signe des temps? Analyse et témoignages.
Stéphanie Billeter
I
ls sont encore peu, mais ils pour-
raient donner l’exemple. Celui
d’une société en mouvement, où
les femmes montent leur entrepri-
se sans être considérées comme
mères indignes, où les hommes
travaillent pour elles sans avoir
l’impression de perdre leur virilité. «C’est
plutôt le contraire d’habitude», s’exclame
Geneviève Morand, fondatrice de Rezonan-
ce et auteur de «L’art de l’entraide». Com-
me le confirme Isabelle Zin, maître-assis-
tante en sociologie à l’Université de Lausan-
ne, qui s’intéresse aux stéréotypes genrés au
travail, «on rencontre fréquemment la par-
tenaire d’un professionnel qui travaille dans
le commerce de ce dernier». A savoir, la
femme vient «donner un coup de main»
dans le commerce de son mari. Même si les
jeunes hommes ont tendance aujourd’hui à
«moins vouloir se consacrer uniquement au
travail, la cristallisation des rôles tradition-
nels s’opère dès l’arrivée des enfants dans le
couple, et les femmes diminuent leur temps
de travail rémunéré», remarque Caroline
Henchoz, maître d’enseignement et de re-
cherche spécialisée dans le travail au Dépar-
tement des sciences sociales de l’Université
de Fribourg.
Un modèle qui fonctionne
Selon les derniers chiffres de l’Office fédéral
de la statistique, en 1012, la Suisse comptait
17,8% d’entreprises créées par des femmes
seules (9,2% en 2011) et 13,2% fondées par
un homme et une femme, sans préciser s’il
s’agit de conjoints. Trop peu fréquent pour
entrer dans des statistiques sans doute.
Mais est-ce un modèle qui peut fonctionner?
Oui, parfaitement, répondent nos témoins.
«Dans une
entreprise,
que l’on
travaille
avec un par-
tenaire, son
frère, son fils,
son mari,
c’est pareil,
il faut avoir
une vision
et la travailler
en perma-
nence»
Geneviève Morand,
fondatrice de
Rezonance
«Dans une entreprise, que l’on travaille
avec un partenaire, son frère, son fils, son
mari, c’est pareil, il faut avoir une vision et la
travailler en permanence», précise Gene-
viève Morand. Une même vision, des va-
leurs communes, un respect mutuel, voilà
ce qui fédère ces couples considérés hors
norme. Et surtout, ils se parlent. «Bien sûr,
le dialogue est essentiel», souligne Caroli-
ne Henchoz, rejointe en cela par Paul Jenny,
psychologue à Lausanne, qui préconise
«aux couples faisant face à ce tableau
d’avoir une bonne communication pour dé-
limiter les frontières de leur relation. Une
bonne estime de soi et la confiance sont des
alliés précieux également.» Des maris à
l’ego surdimensionné ne sauraient com-
ment vivre cette situation, mais, à l’instar
d’Eric Garnier, heureux de voir sa femme
s’épanouir, ceux qui rejoignent la société
créée par leur femme ont conscience de leur
rôle, au travail, en famille, dans le couple.
Avec humilité aussi? Sans doute, et il n’est
pas étonnant qu’il s’agisse essentiellement
de compagnies au service des autres.
Chacun des couples a opté pour un bu-
reau situé hors du logement familial et la
cheffe d’entreprise verse un salaire à son
conjoint, «un moyen de limiter les risques,
doublés dans ce genre de situation», rappel-
le Caroline Henchoz. Important également,
le rôle tenu par le conjoint au sein de l’entre-
prise doit être bien défini, ce qui s’opère de
manière intuitive, à entendre nos témoins.
En général, les femmes racontent que leur
mari a apporté une méthodologie, face à
leur vitesse d’action. «Avec le sport ou l’ar-
mée, les hommes ont une structure que les
femmes n’ont pas, analyse Geneviève Mo-
rand. Ils ont été élevés dans le «command
and control», impliquant un management
vertical, alors que les femmes sont davanta-
ge dans le management collaboratif, de
bienveillance, que je recommande, l’autre
ayant fait la preuve de son échec.»
Une fois à la maison, les rôles changent-
ils? Le sujet travail devient-il tabou? Là, cha-
cun aura sa manière de fonctionner. «Dans
les faits, avec les moyens modernes de com-
munication, la séparation travail-maison est
très ténue», observe Caroline Henchoz.
Certains vont couper le téléphone, d’autres
continuer à travailler, sans aucun reproche
du conjoint qui sait pourquoi et, finalement,
sans passer la soirée à se plaindre de tel ou
tel collègue. Seul bémol peut-être, les vacan-
ces courtes, de maximum dix jours, rendues
possibles grâce à une communication rigou-
reuse vis-à-vis des clients et une capacité à
déléguer. Dans un monde où un couple sur
deux finit par divorcer, Caroline Henchoz
reconnaît que «oui, faire vivre des intérêts
communs peut être un ciment du couple».
pour l’entreprise
de leur femme
Les trois conseils du
psychologuePaulJenny
1. Le fait d’être en couple lorsqu’une différence
hiérarchique existe biaise forcément les
relations avec les autres collègues (dans le cas
du conjoint subordonné). Ne pas chercher à
annuler ce biais, plutôt l’accepter comme
faisant partie du contexte.
2. Garder des espaces-temps en dehors de la
sphère du travail: loisirs, sport, culture, afin de
se nourrir autrement que par son travail.
3. Décider ensemble de la transparence ou
non de la relation vis-à-vis des autres
collègues, et ce, en fonction du contexte
particulier de chaque structure.
17mai 2015 | Le Matin Dimanche Société 61
Contrôle qualité
d’amis, il y a la portée de chatons qui agitent leur
tête en rythme, sur un beat de rap. Et le gros
moustachu coincé avec un bonnet en dentelle sur
la tête. Et le tigré, version fauve, qui joue les ba-
by-sitters. Et le gros obèse explosé par Photo-
shop. Et puis… et encore… et toujours… Je vous
fais grâce des autres, mais mentionne tout de
même ces séquences supposément humoristi-
ques de chats qui sautent et ratent leur objectif,
s’écrasant (à choix) au pied d’un balcon, sous un
arbre, sur le flanc d’une voiture. Soupir… A quel
moment ai-je raté le gag?
Ces chats virtuels, filmés et détournés, échap-
pent à leur identité animalière et deviennent des
sortes de personnage de dessin animé. Comme
dans les Tex Avery: on les imagine marcher dans
l’air, aussi longtemps qu’ils ne s’en aperçoivent
pas. Ou se plisser en accordéon après une colli-
sion, puis, reprenant forme, repartir en sifflotant.
Des rêves, des jouets, des peluches à triturer.
Hors écran, je regarde les cohortes de chats en
balade dans le voisinage… Il y a près de 1,5 million
de félins en Suisse, ce qui signifie un pour quatre
habitants. Or ceux-ci sont des chats normaux, ni
inventés, ni mis en scène. Ce qui signifie qu’ils lâ-
chent des crottes partout, hurlent les nuits de plei-
ne lune et laissent derrière eux une volute de du-
vet, là où, quelques secondes auparavant, il y
avait un oiseau distrait. Ceux-ci, on ne peut pas
les effacer en quittant le site et ils s’en fichent si
on les like ou pas. Je caresse un mince espoir ron-
ronnant: peut-être qu’à force de s’amuser avec des
amis félidés sur Facebook, les gens vont se lasser
des vrais et il y en aura enfin un peu moins. S’il y a
un truc qui ne me manquerait pas, c’est le regard
torve du matou gris des voisins, quand il vient de
se soulager sur la chaise longue du jardin.
D
ans «Mirage», le dernier roman de
Douglas Kennedy (j’en suis au mi-
lieu, scotchée), il y a une scène étran-
ge, où l’héroïne se retrouve de nuit,
dans une ruelle d’Essaouira, nez à
dos avec un chat immobile agrippé à un mur.
Comme crucifié contre la brique, sauf qu’il n’y a
pas de clou, juste ses griffes qui effritent l’enduit
crayeux. Robin reste pétrifiée devant la vision,
avant que les déboires ne s’enchaînent. Je vous la
fais courte: elle s’en tire (du moins cette fois).
Mais l’image du chat demeure. Kennedy le laisse
suspendu là, sans se donner la peine ni de le dé-
crocher, ni de le faire tomber d’inanition. Alors le
lecteur continue de lire, avec ce félin aplati à la
verticale dans un coin de la tête, comme un pré-
sage, comme une sourde menace.
C’est drôle, je vois des chats partout, ces
temps. Et souvent dans de sales postures. Des
chats bizarres, qui ne se comportent pas en chats,
mais en incarnations poilues de nos vertiges hu-
mains. Il suffit de s’égarer sur un réseau social,
pour rencontrer des minets bedonnants vautrés
devant la télévision et toute une population de fé-
lidés qui s’adonnent à des activités échelonnées
entre ridicule et grotesque. Outre le célèbre
Grumpy Cat, le revêche qui tire la gueule depuis
2012, faisant se poiler ses près de 8 millions
Chutes de chats
Nos
singeries
Renata Libal
Journaliste
Style L’objet de la semaine
Jean Tonic
Ça ne fait pas un pli, le denim à la cote.
Pantalon, jupe, chemise, salopette,
short, sac (non, faut pas pousser). Pour
les hommes, les femmes, ou les gosses,
du jean et c’est plié. Pas si vite que ça
quand même, car l’art de la simplicité
n’est pas facile à manier.
Par Sarah Jollien-Fardel
«J’ai réalisé que c’était elle qui rapportait le plus»
$«J’ai beaucoup entendu «Ah, tu aides ta
femme!» ou «Tu lui fais la compta». Ce n’est
pas grave car je ne perds jamais de vue pour-
quoi je l’ai rejointe dans ses activités de pro-
motion du cinéma. Quand on s’est connus,
Diana travaillait comme directrice marketing
à la Fox à Genève et, moi, j’étais publiciste
pour plusieurs marques à Paris. Quand, en
2002, la Fox a rejoint Warner à Zurich, ils lui
ont proposé, après qu’elle a refusé de les sui-
vre car nous attendions notre fille, de rester
leur relais en Suisse romande. De mon côté,
je m’étais lancé en indépendant. Nous parta-
gions un bureau où nous avions tout à dou-
ble, des lignes téléphoniques à la compta. Un
jour, on s’est dit: «Il nous faut protéger notre
patrimoine» et nous avons créé une Sàrl. Je
me suis plongé dans les comptes et j’ai réalisé
que c’était l’activité de Diana qui rapportait
le plus. Je n’avais jamais travaillé dans le ci-
néma, mais en marketing un produit reste un
produit. Des deux clients qu’elle avait en
commençant, on en a treize maintenant. No-
tre premier moteur a été de privilégier notre
qualité de vie, d’aimer notre travail et de sa-
tisfaire nos clients. Je connais beaucoup de
gens qui travaillent pour la reconnaissance
sociale. Nous avons été élevés pareil profes-
sionnellement, nous avons la même vision:
mettre le produit en lumière, pas nous.
Diana fait davantage de représentation,
moi, je veille à ce que tout fonctionne bien.
Nous n’avons pas de rapports de hiérarchie
mais nous parlons beaucoup. C’est essen-
tiel. Tous les six mois, je fais un point de la
situation, ce qui va, ce qu’il y a à améliorer.
On pourrait gagner plus en fonctionnant dif-
féremment, mais on perdrait la liberté dont
on jouit, comme passer du temps avec notre
fille. Il faut beaucoup de respect et de
confiance, mais quand ça marche, c’est un
beau pari. Je suis ravi d’être en quelque sorte
un précurseur de ce nouvel état de la socié-
té, je suis heureux que ma femme s’épa-
nouisse. Nous avons une visibilité à six
mois? Qui a plus aujourd’hui? Il faut arrêter
de se triturer les méninges et accepter de se
dire, oui ça va.»
$Le regard de Diana: «Je crois que les
gens n’ont pas encore saisi son importance
dans le binôme. Avec lui, j’ai découvert la ri-
gueur, une méthodologie. Il a une solution à
chaque problème. J’apporte les briques et lui
le ciment. Travailler ensemble a été la con-
firmation de notre projet de vie de couple.»
Un modèle
$Quitte à vouloir une robe-chemise en denim, autant choisir
la marque indissociable de l’invention du jean, Levi’s.
Robe chemise dans les magasins Levi’s et sur le site www.levi.com
au prix de 139 fr. 90.
Les variations
$Tout dépend et de l’usage de
la robe-chemise et de
la silhouette qu’elle habille.
Boutonnée du col aux
genoux, droite, ni moulante,
ni ample, elle rentre pile
dans la case chic et vintage
des icônes comme Sofia Loren,
Claudia Cardinale,
Romy Schneider & Cie.
Une teinte claire pour baguenauder
en vacances, sur les terrasses
ou à la campagne. Une couleur brute
et une matière épaisse insuffleront
une note élégante à l’allure.
Comme la mode de ce printemps/été
a décrété que, de toutes les matières,
c’est le denim qu’elle préfère,
une surabondance de choix
sur ce même thème fourmille
dans les boutiques. Des robes
bohèmes ou seventies (pour
les minigabarits comme la collection
Alexa Chung pour AG Jeans),
boutonnées jusque sous la poitrine,
courte ou longue.
De quoi alterner les plaisirs!
La tendance
$Le denim est indémodable, pas
chichiteux pour un sou (pense-t-on),
simple et efficace. Eternel et
intemporel. S’il n’a jamais disparu,
cette saison (qui n’est ni la première,
ni la dernière à l’aduler) on ne jure
que par cette matière. Le total look
(un mot hideux pour dire «l’ensemble
de la silhouette») est fortement
recommandé, surtout si les couleurs
du haut et du bas sont dépareillées.
Pour éviter les prises de tête –
super-compliqué ces combines
de couleur de jean – la solution:
la robe chemise.
La petite histoire
$Existe-t-il un vêtement à la fois aussi légendaire
et aussi banal? Une toile de coton venue d’Europe,
passée entre les mains d’un Américain, Jacob Davis.
Il a l’idée d’utiliser ce tissu pour fabriquer des
pantalons costauds pour les ouvriers des chemins
de fer. Il s’acoquine à Levi Strauss, un Bavarois
immigré aux States, fondateur, vous l’avez deviné,
de Levi Strauss Co. Ils inventent ensemble le jean,
un pantalon coupé dans du denim (le tissu donc).
C’était en 1873, autant dire un sacré
bail. Pas une ride mais une infinité
de déclinaisons autour
de ce vêtement
et de cette
matière.
«Le fruit d’une réflexion commune»
$«Lacréationdel’entreprisedeFlorenceest
néeilyacinqansd’uneréflexioncommune.
Elleétaitentredeuxjobs,hésitaitàenaccep-
terunàGenève.Jetravaillaisalorscommeca-
dredansuneentreprisedetélécomsquand
Florences’estlancée,avecmonsoutien,fi-
nancieretlogistique.Ellefaisaittouttoute
seule,sansseverserdesalaire.Pourmoi,
c’étaitlehobbyduweek-end,jerévisaisla
comptaetvisitaislesmagasins.Puis,ilya
deuxans,çaaprisuntelessorqu’elles’estre-
trouvéeépuisée.J’étaisenchangement
d’orientation,àlarecherchedechallenges,
dontunepropositionàParis.Jenepouvaispas
lalaisserseuleaveclesdeuxenfantsetles
boutiquesàgérer.Onabeaucoupparléetona
décidéqu’onallaitessayerdurantunan.Ona
réussiàtenir.C’estvraiqu’onaeudel’appré-
hensionàtravaillerensemble.Onprendle
risquedesedécevoir.Jel’aidécouverteplus
désordonnéequ’àlamaison,ellem’avuplus
maniaqueetexigeant.Nossourcesdeconflits
tiennentsurtoutdanslamanièredeprocéder.
Ellesejettedanslamêléetandisqueje
prendsplusderecul.Vis-à-visdenosdésor-
maiscinquanteemployés,toussalariés,nous
avonsuneresponsabilitéetdesrôlesàtenir.
Florenceestlapatronnegrandesœur,moi,je
suisl’administrateurquitientlescompteset
quitapedupoingsurlatableetnégociesec.
Onaacceptéd’engagerdumondepourne
passeretrouverànefairequeça;lebureauest
àcinqminutesdelamaisonencasd’urgence
aveclesenfants.Onfaittoutpourprivilégier
notrequalitédevie.Nousn’avonspasréfléchi
surlelongterme,saufd’arriveràquinzema-
gasins.Ilyenadixetonespèresoufflerun
peucetteannée…entoutcaslesdixbougies
denotreanniversairedemariage!»
$Le regard de Florence: «Que Daniel arri-
ve a été pour moi salvateur, même si on se dit
à ce moment-là qu’on va faire vivre sa famille
sur une seule entreprise, la sienne, qui plus
est! L’avantage c’est qu’il y en a toujours un
pour soutenir l’autre. Nous avons un but
commun, c’est précieux dans un couple.»
«C’est vite devenu une évidence»
$«Pour rejoindre la société de son conjoint,
c’est important d’avoir la même vision et les
mêmes valeurs. Cela facilite les choses, j’ai
longtemps travaillé dans le secteur bancaire à
l’internationale et Nathalie a eu des respon-
sabilités dans les ressources humaines. Elle a
toujours su qu’elle voulait créer sa société et
je l’ai toujours encouragée à se lancer. En
2010, elle a ouvert son cabinet, un service ex-
clusif et sur mesure de recrutement de ta-
lents dans divers secteurs avec une prédomi-
nance dans le monde de la finance. En
parallèle, je montais une société financière,
active dans le conseil stratégique et financier.
J’ai rapidement été impliqué et sollicité pour
des questions pointues sur des profils très
techniques, puis les coups de main occasion-
nels sont devenus plus réguliers avec la crois-
sance de la société. Mon arrivée officielle il y
a deux ans s’est faite naturellement. Nous
n’avons pas vraiment pris le temps de peser
les pour et les contre. C’est vite devenu une
évidence, comme tout ce que l’on entreprend
ensemble. Clients et candidats apprécient
l’aspect familial, ça renforce le lien de
confiance, ils savent que la confidentialité
sera davantage respectée et que les informa-
tions importantes circulent de manière conti-
nue entre nous. La société portant notre nom
de famille, l’identification a été plus simple et
l’assimilation facilitée. Le fait d’avoir une ex-
pertise bancaire plus technique apporte une
réelle valeur ajoutée, reconnue et appréciée
par nos clients. Que je sois son mari ne rentre
pas en ligne de compte de prime abord.
Elle est le capitaine d’une équipe de cinq,
mais pas de hiérarchie! Nous privilégions
l’aspect collaboratif. A la maison, elle dit que
c’est moi le capitaine du bateau, mais je ne
vois pas ça ainsi. D’autant que la vie profes-
sionnelle fait partie intégrante de notre vie
privée. C’est ce qui participe à notre succès.
Cela nous a amené beaucoup de flexibilité.
Nous pouvons organiser nos déplacements
en conséquence. Nos amis nous disent:
«Vous n’arrivez pas à couper!» Mais c’est le
cas pour beaucoup d’entrepreneurs et nous
prenons à cœur ce que nous faisons. Pour
l’instant il n’y a que du plaisir.»
$Le regard de Nathalie: «Nous sommes
pareil dans la vie et au travail, il n’y a donc
pas eu de mauvaises surprises. Pour avoir
vécu à l’étranger ensemble, être partis faire
le tour du monde avec nos enfants encore
petits, on se connaît très bien. Gilles a l’in-
telligence et l’attitude qu’il faut pour faire
de ce projet un très beau succès.»
Eric Garnier et Diana Bolzonello-Garnier,
presse et promotion, mariés depuis dix-
sept ans, Genève
Daniel et Florence Stumpe, Nail Bar
Company, mariés depuis dix ans, Lausanne
Gilles et Nathalie Brodard,
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en couple depuis douze ans, Genève
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  • 1. 60 Société Le Matin Dimanche | 17mai 2015 Contrôle qualité Dans leur entreprise de promotion cinématographique, Diana Bolzonello-Garnier fait davantage de représentation, alors qu’Eric veille à ce que tout fonctionne bien. Sébastien Anex Ilsquittentleurjob Recyclage Certains hommes n’hésitent pas à renoncer à leur propre carrière pour intégrer la société créée par leur conjointe. Signe des temps? Analyse et témoignages. Stéphanie Billeter I ls sont encore peu, mais ils pour- raient donner l’exemple. Celui d’une société en mouvement, où les femmes montent leur entrepri- se sans être considérées comme mères indignes, où les hommes travaillent pour elles sans avoir l’impression de perdre leur virilité. «C’est plutôt le contraire d’habitude», s’exclame Geneviève Morand, fondatrice de Rezonan- ce et auteur de «L’art de l’entraide». Com- me le confirme Isabelle Zin, maître-assis- tante en sociologie à l’Université de Lausan- ne, qui s’intéresse aux stéréotypes genrés au travail, «on rencontre fréquemment la par- tenaire d’un professionnel qui travaille dans le commerce de ce dernier». A savoir, la femme vient «donner un coup de main» dans le commerce de son mari. Même si les jeunes hommes ont tendance aujourd’hui à «moins vouloir se consacrer uniquement au travail, la cristallisation des rôles tradition- nels s’opère dès l’arrivée des enfants dans le couple, et les femmes diminuent leur temps de travail rémunéré», remarque Caroline Henchoz, maître d’enseignement et de re- cherche spécialisée dans le travail au Dépar- tement des sciences sociales de l’Université de Fribourg. Un modèle qui fonctionne Selon les derniers chiffres de l’Office fédéral de la statistique, en 1012, la Suisse comptait 17,8% d’entreprises créées par des femmes seules (9,2% en 2011) et 13,2% fondées par un homme et une femme, sans préciser s’il s’agit de conjoints. Trop peu fréquent pour entrer dans des statistiques sans doute. Mais est-ce un modèle qui peut fonctionner? Oui, parfaitement, répondent nos témoins. «Dans une entreprise, que l’on travaille avec un par- tenaire, son frère, son fils, son mari, c’est pareil, il faut avoir une vision et la travailler en perma- nence» Geneviève Morand, fondatrice de Rezonance «Dans une entreprise, que l’on travaille avec un partenaire, son frère, son fils, son mari, c’est pareil, il faut avoir une vision et la travailler en permanence», précise Gene- viève Morand. Une même vision, des va- leurs communes, un respect mutuel, voilà ce qui fédère ces couples considérés hors norme. Et surtout, ils se parlent. «Bien sûr, le dialogue est essentiel», souligne Caroli- ne Henchoz, rejointe en cela par Paul Jenny, psychologue à Lausanne, qui préconise «aux couples faisant face à ce tableau d’avoir une bonne communication pour dé- limiter les frontières de leur relation. Une bonne estime de soi et la confiance sont des alliés précieux également.» Des maris à l’ego surdimensionné ne sauraient com- ment vivre cette situation, mais, à l’instar d’Eric Garnier, heureux de voir sa femme s’épanouir, ceux qui rejoignent la société créée par leur femme ont conscience de leur rôle, au travail, en famille, dans le couple. Avec humilité aussi? Sans doute, et il n’est pas étonnant qu’il s’agisse essentiellement de compagnies au service des autres. Chacun des couples a opté pour un bu- reau situé hors du logement familial et la cheffe d’entreprise verse un salaire à son conjoint, «un moyen de limiter les risques, doublés dans ce genre de situation», rappel- le Caroline Henchoz. Important également, le rôle tenu par le conjoint au sein de l’entre- prise doit être bien défini, ce qui s’opère de manière intuitive, à entendre nos témoins. En général, les femmes racontent que leur mari a apporté une méthodologie, face à leur vitesse d’action. «Avec le sport ou l’ar- mée, les hommes ont une structure que les femmes n’ont pas, analyse Geneviève Mo- rand. Ils ont été élevés dans le «command and control», impliquant un management vertical, alors que les femmes sont davanta- ge dans le management collaboratif, de bienveillance, que je recommande, l’autre ayant fait la preuve de son échec.» Une fois à la maison, les rôles changent- ils? Le sujet travail devient-il tabou? Là, cha- cun aura sa manière de fonctionner. «Dans les faits, avec les moyens modernes de com- munication, la séparation travail-maison est très ténue», observe Caroline Henchoz. Certains vont couper le téléphone, d’autres continuer à travailler, sans aucun reproche du conjoint qui sait pourquoi et, finalement, sans passer la soirée à se plaindre de tel ou tel collègue. Seul bémol peut-être, les vacan- ces courtes, de maximum dix jours, rendues possibles grâce à une communication rigou- reuse vis-à-vis des clients et une capacité à déléguer. Dans un monde où un couple sur deux finit par divorcer, Caroline Henchoz reconnaît que «oui, faire vivre des intérêts communs peut être un ciment du couple». pour l’entreprise de leur femme Les trois conseils du psychologuePaulJenny 1. Le fait d’être en couple lorsqu’une différence hiérarchique existe biaise forcément les relations avec les autres collègues (dans le cas du conjoint subordonné). Ne pas chercher à annuler ce biais, plutôt l’accepter comme faisant partie du contexte. 2. Garder des espaces-temps en dehors de la sphère du travail: loisirs, sport, culture, afin de se nourrir autrement que par son travail. 3. Décider ensemble de la transparence ou non de la relation vis-à-vis des autres collègues, et ce, en fonction du contexte particulier de chaque structure.
  • 2. 17mai 2015 | Le Matin Dimanche Société 61 Contrôle qualité d’amis, il y a la portée de chatons qui agitent leur tête en rythme, sur un beat de rap. Et le gros moustachu coincé avec un bonnet en dentelle sur la tête. Et le tigré, version fauve, qui joue les ba- by-sitters. Et le gros obèse explosé par Photo- shop. Et puis… et encore… et toujours… Je vous fais grâce des autres, mais mentionne tout de même ces séquences supposément humoristi- ques de chats qui sautent et ratent leur objectif, s’écrasant (à choix) au pied d’un balcon, sous un arbre, sur le flanc d’une voiture. Soupir… A quel moment ai-je raté le gag? Ces chats virtuels, filmés et détournés, échap- pent à leur identité animalière et deviennent des sortes de personnage de dessin animé. Comme dans les Tex Avery: on les imagine marcher dans l’air, aussi longtemps qu’ils ne s’en aperçoivent pas. Ou se plisser en accordéon après une colli- sion, puis, reprenant forme, repartir en sifflotant. Des rêves, des jouets, des peluches à triturer. Hors écran, je regarde les cohortes de chats en balade dans le voisinage… Il y a près de 1,5 million de félins en Suisse, ce qui signifie un pour quatre habitants. Or ceux-ci sont des chats normaux, ni inventés, ni mis en scène. Ce qui signifie qu’ils lâ- chent des crottes partout, hurlent les nuits de plei- ne lune et laissent derrière eux une volute de du- vet, là où, quelques secondes auparavant, il y avait un oiseau distrait. Ceux-ci, on ne peut pas les effacer en quittant le site et ils s’en fichent si on les like ou pas. Je caresse un mince espoir ron- ronnant: peut-être qu’à force de s’amuser avec des amis félidés sur Facebook, les gens vont se lasser des vrais et il y en aura enfin un peu moins. S’il y a un truc qui ne me manquerait pas, c’est le regard torve du matou gris des voisins, quand il vient de se soulager sur la chaise longue du jardin. D ans «Mirage», le dernier roman de Douglas Kennedy (j’en suis au mi- lieu, scotchée), il y a une scène étran- ge, où l’héroïne se retrouve de nuit, dans une ruelle d’Essaouira, nez à dos avec un chat immobile agrippé à un mur. Comme crucifié contre la brique, sauf qu’il n’y a pas de clou, juste ses griffes qui effritent l’enduit crayeux. Robin reste pétrifiée devant la vision, avant que les déboires ne s’enchaînent. Je vous la fais courte: elle s’en tire (du moins cette fois). Mais l’image du chat demeure. Kennedy le laisse suspendu là, sans se donner la peine ni de le dé- crocher, ni de le faire tomber d’inanition. Alors le lecteur continue de lire, avec ce félin aplati à la verticale dans un coin de la tête, comme un pré- sage, comme une sourde menace. C’est drôle, je vois des chats partout, ces temps. Et souvent dans de sales postures. Des chats bizarres, qui ne se comportent pas en chats, mais en incarnations poilues de nos vertiges hu- mains. Il suffit de s’égarer sur un réseau social, pour rencontrer des minets bedonnants vautrés devant la télévision et toute une population de fé- lidés qui s’adonnent à des activités échelonnées entre ridicule et grotesque. Outre le célèbre Grumpy Cat, le revêche qui tire la gueule depuis 2012, faisant se poiler ses près de 8 millions Chutes de chats Nos singeries Renata Libal Journaliste Style L’objet de la semaine Jean Tonic Ça ne fait pas un pli, le denim à la cote. Pantalon, jupe, chemise, salopette, short, sac (non, faut pas pousser). Pour les hommes, les femmes, ou les gosses, du jean et c’est plié. Pas si vite que ça quand même, car l’art de la simplicité n’est pas facile à manier. Par Sarah Jollien-Fardel «J’ai réalisé que c’était elle qui rapportait le plus» $«J’ai beaucoup entendu «Ah, tu aides ta femme!» ou «Tu lui fais la compta». Ce n’est pas grave car je ne perds jamais de vue pour- quoi je l’ai rejointe dans ses activités de pro- motion du cinéma. Quand on s’est connus, Diana travaillait comme directrice marketing à la Fox à Genève et, moi, j’étais publiciste pour plusieurs marques à Paris. Quand, en 2002, la Fox a rejoint Warner à Zurich, ils lui ont proposé, après qu’elle a refusé de les sui- vre car nous attendions notre fille, de rester leur relais en Suisse romande. De mon côté, je m’étais lancé en indépendant. Nous parta- gions un bureau où nous avions tout à dou- ble, des lignes téléphoniques à la compta. Un jour, on s’est dit: «Il nous faut protéger notre patrimoine» et nous avons créé une Sàrl. Je me suis plongé dans les comptes et j’ai réalisé que c’était l’activité de Diana qui rapportait le plus. Je n’avais jamais travaillé dans le ci- néma, mais en marketing un produit reste un produit. Des deux clients qu’elle avait en commençant, on en a treize maintenant. No- tre premier moteur a été de privilégier notre qualité de vie, d’aimer notre travail et de sa- tisfaire nos clients. Je connais beaucoup de gens qui travaillent pour la reconnaissance sociale. Nous avons été élevés pareil profes- sionnellement, nous avons la même vision: mettre le produit en lumière, pas nous. Diana fait davantage de représentation, moi, je veille à ce que tout fonctionne bien. Nous n’avons pas de rapports de hiérarchie mais nous parlons beaucoup. C’est essen- tiel. Tous les six mois, je fais un point de la situation, ce qui va, ce qu’il y a à améliorer. On pourrait gagner plus en fonctionnant dif- féremment, mais on perdrait la liberté dont on jouit, comme passer du temps avec notre fille. Il faut beaucoup de respect et de confiance, mais quand ça marche, c’est un beau pari. Je suis ravi d’être en quelque sorte un précurseur de ce nouvel état de la socié- té, je suis heureux que ma femme s’épa- nouisse. Nous avons une visibilité à six mois? Qui a plus aujourd’hui? Il faut arrêter de se triturer les méninges et accepter de se dire, oui ça va.» $Le regard de Diana: «Je crois que les gens n’ont pas encore saisi son importance dans le binôme. Avec lui, j’ai découvert la ri- gueur, une méthodologie. Il a une solution à chaque problème. J’apporte les briques et lui le ciment. Travailler ensemble a été la con- firmation de notre projet de vie de couple.» Un modèle $Quitte à vouloir une robe-chemise en denim, autant choisir la marque indissociable de l’invention du jean, Levi’s. Robe chemise dans les magasins Levi’s et sur le site www.levi.com au prix de 139 fr. 90. Les variations $Tout dépend et de l’usage de la robe-chemise et de la silhouette qu’elle habille. Boutonnée du col aux genoux, droite, ni moulante, ni ample, elle rentre pile dans la case chic et vintage des icônes comme Sofia Loren, Claudia Cardinale, Romy Schneider & Cie. Une teinte claire pour baguenauder en vacances, sur les terrasses ou à la campagne. Une couleur brute et une matière épaisse insuffleront une note élégante à l’allure. Comme la mode de ce printemps/été a décrété que, de toutes les matières, c’est le denim qu’elle préfère, une surabondance de choix sur ce même thème fourmille dans les boutiques. Des robes bohèmes ou seventies (pour les minigabarits comme la collection Alexa Chung pour AG Jeans), boutonnées jusque sous la poitrine, courte ou longue. De quoi alterner les plaisirs! La tendance $Le denim est indémodable, pas chichiteux pour un sou (pense-t-on), simple et efficace. Eternel et intemporel. S’il n’a jamais disparu, cette saison (qui n’est ni la première, ni la dernière à l’aduler) on ne jure que par cette matière. Le total look (un mot hideux pour dire «l’ensemble de la silhouette») est fortement recommandé, surtout si les couleurs du haut et du bas sont dépareillées. Pour éviter les prises de tête – super-compliqué ces combines de couleur de jean – la solution: la robe chemise. La petite histoire $Existe-t-il un vêtement à la fois aussi légendaire et aussi banal? Une toile de coton venue d’Europe, passée entre les mains d’un Américain, Jacob Davis. Il a l’idée d’utiliser ce tissu pour fabriquer des pantalons costauds pour les ouvriers des chemins de fer. Il s’acoquine à Levi Strauss, un Bavarois immigré aux States, fondateur, vous l’avez deviné, de Levi Strauss Co. Ils inventent ensemble le jean, un pantalon coupé dans du denim (le tissu donc). C’était en 1873, autant dire un sacré bail. Pas une ride mais une infinité de déclinaisons autour de ce vêtement et de cette matière. «Le fruit d’une réflexion commune» $«Lacréationdel’entreprisedeFlorenceest néeilyacinqansd’uneréflexioncommune. Elleétaitentredeuxjobs,hésitaitàenaccep- terunàGenève.Jetravaillaisalorscommeca- dredansuneentreprisedetélécomsquand Florences’estlancée,avecmonsoutien,fi- nancieretlogistique.Ellefaisaittouttoute seule,sansseverserdesalaire.Pourmoi, c’étaitlehobbyduweek-end,jerévisaisla comptaetvisitaislesmagasins.Puis,ilya deuxans,çaaprisuntelessorqu’elles’estre- trouvéeépuisée.J’étaisenchangement d’orientation,àlarecherchedechallenges, dontunepropositionàParis.Jenepouvaispas lalaisserseuleaveclesdeuxenfantsetles boutiquesàgérer.Onabeaucoupparléetona décidéqu’onallaitessayerdurantunan.Ona réussiàtenir.C’estvraiqu’onaeudel’appré- hensionàtravaillerensemble.Onprendle risquedesedécevoir.Jel’aidécouverteplus désordonnéequ’àlamaison,ellem’avuplus maniaqueetexigeant.Nossourcesdeconflits tiennentsurtoutdanslamanièredeprocéder. Ellesejettedanslamêléetandisqueje prendsplusderecul.Vis-à-visdenosdésor- maiscinquanteemployés,toussalariés,nous avonsuneresponsabilitéetdesrôlesàtenir. Florenceestlapatronnegrandesœur,moi,je suisl’administrateurquitientlescompteset quitapedupoingsurlatableetnégociesec. Onaacceptéd’engagerdumondepourne passeretrouverànefairequeça;lebureauest àcinqminutesdelamaisonencasd’urgence aveclesenfants.Onfaittoutpourprivilégier notrequalitédevie.Nousn’avonspasréfléchi surlelongterme,saufd’arriveràquinzema- gasins.Ilyenadixetonespèresoufflerun peucetteannée…entoutcaslesdixbougies denotreanniversairedemariage!» $Le regard de Florence: «Que Daniel arri- ve a été pour moi salvateur, même si on se dit à ce moment-là qu’on va faire vivre sa famille sur une seule entreprise, la sienne, qui plus est! L’avantage c’est qu’il y en a toujours un pour soutenir l’autre. Nous avons un but commun, c’est précieux dans un couple.» «C’est vite devenu une évidence» $«Pour rejoindre la société de son conjoint, c’est important d’avoir la même vision et les mêmes valeurs. Cela facilite les choses, j’ai longtemps travaillé dans le secteur bancaire à l’internationale et Nathalie a eu des respon- sabilités dans les ressources humaines. Elle a toujours su qu’elle voulait créer sa société et je l’ai toujours encouragée à se lancer. En 2010, elle a ouvert son cabinet, un service ex- clusif et sur mesure de recrutement de ta- lents dans divers secteurs avec une prédomi- nance dans le monde de la finance. En parallèle, je montais une société financière, active dans le conseil stratégique et financier. J’ai rapidement été impliqué et sollicité pour des questions pointues sur des profils très techniques, puis les coups de main occasion- nels sont devenus plus réguliers avec la crois- sance de la société. Mon arrivée officielle il y a deux ans s’est faite naturellement. Nous n’avons pas vraiment pris le temps de peser les pour et les contre. C’est vite devenu une évidence, comme tout ce que l’on entreprend ensemble. Clients et candidats apprécient l’aspect familial, ça renforce le lien de confiance, ils savent que la confidentialité sera davantage respectée et que les informa- tions importantes circulent de manière conti- nue entre nous. La société portant notre nom de famille, l’identification a été plus simple et l’assimilation facilitée. Le fait d’avoir une ex- pertise bancaire plus technique apporte une réelle valeur ajoutée, reconnue et appréciée par nos clients. Que je sois son mari ne rentre pas en ligne de compte de prime abord. Elle est le capitaine d’une équipe de cinq, mais pas de hiérarchie! Nous privilégions l’aspect collaboratif. A la maison, elle dit que c’est moi le capitaine du bateau, mais je ne vois pas ça ainsi. D’autant que la vie profes- sionnelle fait partie intégrante de notre vie privée. C’est ce qui participe à notre succès. Cela nous a amené beaucoup de flexibilité. Nous pouvons organiser nos déplacements en conséquence. Nos amis nous disent: «Vous n’arrivez pas à couper!» Mais c’est le cas pour beaucoup d’entrepreneurs et nous prenons à cœur ce que nous faisons. Pour l’instant il n’y a que du plaisir.» $Le regard de Nathalie: «Nous sommes pareil dans la vie et au travail, il n’y a donc pas eu de mauvaises surprises. Pour avoir vécu à l’étranger ensemble, être partis faire le tour du monde avec nos enfants encore petits, on se connaît très bien. Gilles a l’in- telligence et l’attitude qu’il faut pour faire de ce projet un très beau succès.» Eric Garnier et Diana Bolzonello-Garnier, presse et promotion, mariés depuis dix- sept ans, Genève Daniel et Florence Stumpe, Nail Bar Company, mariés depuis dix ans, Lausanne Gilles et Nathalie Brodard, Brodard Executive Search, mariés, en couple depuis douze ans, Genève DR DR