Chloë Voisin-Bormuth, directrice des études et des publications de La Fabrique de la Cité, détaille comment la résilience peut aider les villes à faire face aux chocs.
Les travaux de La Fabrique de la Cité sur la résilience urbaine sont disponibles ici : https://www.lafabriquedelacite.com/projets/la-resilience-un-nouvel-imperatif/
L'intelligence artificielle appliquée aux infrastructures routières et à la m...
30' pour demain - La résilience urbaine au défi de la crise sanitaire
1. 31 Mars 2020
La résilience urbaine au
défi de la crise sanitaire
30’ pour demain
Chloë VOISIN-BORMUTH
Directrice de la recherche, La Fabrique de la Cité
8. LE CHÊNE ET LE ROSEAU
Le Chêne un jour dit au roseau :
Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent qui d'aventure
Fait rider la face de l'eau,
Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est aquilon ; tout me semble zéphir.
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n'auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrais de l'orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La Nature envers vous me semble bien injuste.
Votre compassion, lui répondit l'Arbuste ,
Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin. Comme il disait ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs.
L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au ciel était voisine,
Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.
35. MOBILITY GOALS
1. No one dies or is seriously
injured using our city streets;
streets can be safely navigated,
even by an adolescent child.
2. Every household in Pittsburgh
can access fresh fruits and
vegetables within 20 minutes of
home, without the requirement
of a private vehicle.
3. All trips less than 1 mile can be
easily and enjoyably achieved by
non-vehicle travel.
4. The combined cost of
transportation, housing and
energy does not exceed 45% of
household income for any
quintile.
5. Our streets, bridges, stairs and
assets are reliably maintained.
PITTSBURGH
38. Merci
6 place du Colonel Bourgoin 75012 Paris, France
www.lafabriquedelacite.com
Notes de l'éditeur
Le concept de résilience semble rebattu, parfois tellement rebattu et cela dans des contextes tellement différents qu’il peut sembler ne plus avoir de sens – voire même peut paraître suspect
La résilience devient-elle un nouvel impératif ?
Le terme apparait partout et de fait l’actualité donne prise pour cela : attentats, séismes, ouragans, inondations, incendies… l’actualité est pleine de ces chocs et de récits de renaissance. Et on a tous dans la tête les images de ces villes touchées par une catastrophe qui ont réussi à se relever de leurs cendres, à l’instar de la Nouvelle Orléans
>>>>Katrina, 1833 morts
La résilience intéresse tout le monde mais rien n’est moins sûr que ceux qui utilisent le terme parlent de la même chose.
Il existe certes une définition générique, très large qui définit la résilience comme la capacité d’un objet, d’une personne, d’un système à résister et à s’adapter à un choc pour revenir à l’état initial
La résilience, qui vient de resilere, sauter, rebondir s’oppose en cela à la résistance qui vient de stare, tenir droit
On retrouve en quelque sorte la fameuse fable du chêne et du roseau. La résilience (le roseau) est dynamique quand la résistance (le chêne) est statique ;
la première accepte dès l’origine la perte et le changement conséquent à l’adaptation,
quand la seconde mise sur la protection face au choc et sur sa capacité à l’absorber – au risque de rompre si le choc est trop dur.
Avec la résilience, l’approche du risque s’en trouve modifiée :
on abandonne l’espoir du risque zéro et on accepte la crise ;
on essaie d’amoindrir son choc et son onde de choc et de faire en sorte que le système touché soit suffisamment stable pour ne pas s’effondrer mais pour au contraire arriver à se transformer.
La résilience introduit donc l’idée d’une action coordonnée et de long terme, en aval comme en amont de la crise.
Villes rapport compliqué au risque
ENJEUX : forte vulnérabilité car concentrent populations, centres de pouvoir et centres économiques et pcq sont très interconnectées : donc onde de choc potentiellement très importante. Attente du fameux big one qui déstabilisera tout le système
FACTEUR D’ACCROISSEMENT DE L’ALEA : rôle dans le changement climatique, fragilisation des milieux, constructions
ACTEURS MAJEURS DE LA GESTION DES RISQUES ET DE LA PREVOYANCE en offrant un échelon d’action et de gouvernance pertinent et efficace.
Différents chocs aux temporalités différentes :
Certains brutaux, spectaculaires, très mobilisateurs : URGENCE
D’autres délétères, presqu’invisibles, très lents – et pas très mobilisateurs (crise économique, exclusion sociale, changement climatique, etc.) LATENCE
Mais pour les deux : nécessité de mener une action de fond sur la longue durée – ce sans quoi le système ne saurait retrouver son équilibre et être résilient.
C’est là que réside le défi le plus important et le plus intéressant de la résilience, dans cette capacité d’alerte et de mobilisation sur le long terme – au-delà de l’urgence et en dépit de la latence.
Villes rapport compliqué au risque
ENJEUX : forte vulnérabilité car concentrent populations, centres de pouvoir et centres économiques et pcq sont très interconnectées : donc onde de choc potentiellement très importante. Attente du fameux big one qui déstabilisera tout le système
FACTEUR D’ACCROISSEMENT DE L’ALEA : rôle dans le changement climatique, fragilisation des milieux, constructions
ACTEURS MAJEURS DE LA GESTION DES RISQUES ET DE LA PREVOYANCE en offrant un échelon d’action et de gouvernance pertinent et efficace.
Villes rapport compliqué au risque
ENJEUX : forte vulnérabilité car concentrent populations, centres de pouvoir et centres économiques et pcq sont très interconnectées : donc onde de choc potentiellement très importante. Attente du fameux big one qui déstabilisera tout le système
FACTEUR D’ACCROISSEMENT DE L’ALEA : rôle dans le changement climatique, fragilisation des milieux, constructions
ACTEURS MAJEURS DE LA GESTION DES RISQUES ET DE LA PREVOYANCE en offrant un échelon d’action et de gouvernance pertinent et efficace.
Accélération
Les risques et les catastrophes ont toujours existé, ce qui change aujourd’hui, ce n’est pas tant la nature des catastrophes, que l’accélération des évts et une plus grande occurrence des evts – ce qui rend l’adaptation compliquée
réaction
Deux positions a priori contradictoires mais qui mènent au même résultat:
1. l’idéal de maîtrise:
Être comme posseuers et mâitre de la nature.
Il existe toujours un idéal de maîtrise selon lequel grâce à la technique, nous allons parvenir à faire face.
2. La collapsologie:
De toute manière c’est trop tard, on ne peut pas lutter contre
Ces deux positions mènent à un même résultat : la difficulté à mener un débat public sur le risque existant et sur le risque que l’on accepte de courir.
La résilience permet de sortir de cette impasse en donnant un nouvel horizon d’attente désirable car éminemment positif: l’action est possible et elle fait du bien.
Regardons les discours
Avec la résilience, l’approche du risque s’en trouve modifiée :
on abandonne l’espoir du risque zéro et on accepte la crise ;
on essaie d’amoindrir son choc et son onde de choc et de faire en sorte que le système touché soit suffisamment stable pour ne pas s’effondrer mais pour au contraire arriver à se transformer.
Avec la résilience, l’approche du risque s’en trouve modifiée :
on abandonne l’espoir du risque zéro et on accepte la crise ;
on essaie d’amoindrir son choc et son onde de choc et de faire en sorte que le système touché soit suffisamment stable pour ne pas s’effondrer mais pour au contraire arriver à se transformer.
La résilience introduit donc l’idée d’une action coordonnée et de long terme, en aval comme en amont de la crise.
La résilience permet d’articuler les échelles géographiques et les échelles de temps
La résilience introduit l’idée d’une action coordonnée et de long terme, en aval comme en amont de la crise.
- différentes échelles de temps sont considérées
Mais aussi différentes échelles géographiques : la résilience promeut une approche systémique – c’est l’onde de choc.
Cette idée est très séduisante – si séduisante qu’on oublie trop souvent d’interroger les présupposés qui la sous-tendent
qu’est-ce qu’un choc ?
qui définit le choc, dit que cela en est un – ou n’en est pas ?
qu’est-ce que l’état l’équilibre et qui dit que l’état d’équilibre a été atteint ?
qui dit qui est résiliente & qui ne l’est ? A partir de quand peut-on être dit résilient ? immédiatement pendant et dans le temps qui suit la crise, ou bien la résilience ne peut-elle décrétée qu’après un temps long – laissant la place à la sidération ?
L’exemple de la nouvelle Orléans est particulièrement intéressant car permet de montrer que certes il y a récupération, mais il y a récupération des mêmes inégalités.
Le point de récupération est-il donc bien atteint? La vulnérabilité reste la même. Peut-être qu’un autre aps de temps devrait être considéré et ainsi d’autres politiques adoptées.
Deux discours d’obama:
Prononçant un discours dans un nouveau centre communautaire du « Lower Ninth Ward », le quartier le plus pauvre de la Nouvelle Orléans, M. Obama a mis en exergue le « redressement » et les « progrès remarquables » après les inondations massives d’il y a une décennie: "Vous êtes l’exemple de ce qui est possible quand, face à la tragédie et face à l’épreuve, des gens de bonne volonté se sont unies pour prêter main forte. Brique par brique, pâté de maisons par pâté de maisons, quartier par quartier, vous avez construit un avenir meilleur”. Le président des Etats-Unis a ajouté que “le projet de reconstruction n'était pas seulement de restaurer la ville comme elle avait été "mais comme elle aurait dû être: une ville où tout le monde a sa chance".
Avant son discours, Barack Obama a fait un tour, à pied, en compagnie du maire Mitch Landrieu dans le quartier historique africain-américain de Tremé, le quartier des légendes du jazz. Beaucoup de ses habitants qui avaient fui les inondations ne sont toujours pas revenus. M. Obama s’est arrêté pour parler à plusieurs habitants, et souligné que le «travail ne sera pas terminé tant que, dans cette ville, une famille moyenne noire gagnera moitié moins qu'une famille moyenne blanche". Il avait dit dans son discours : “Et l’ouragan a montré au grand jour une tragédie plus profonde encore qui couvait depuis des décennies, parce qu’on a finalement compris que la Nouvelle Orléans, à l’instar de tant d’autres communautés et villes à travers le pays, a souffert pendant trop longtemps d’inégalités structurelles qui ont laissé derrière trop de gens, spécialement les gens pauvres, les gens de couleur ».
Selon un récent sondage réalisé par l’Université d’Etat de la Louisiane, cité par l’AFP, la grande majorité des Blancs estiment que la Louisiane s'est globalement remise de la "tempête". Trois Noirs sur cinq estiment, eux, que ce n'est pas le cas.
https://www.voaafrique.com/a/la-nouvelle-orleans-barack-obama-et-katrina-19-ans-apres/2935856.html
La résilience est bien souvent attachée une idée d’amélioration.
Le choc et la crise permettraient une reconstruction meilleure …. On retrouve l’idée de l’électrochoc salvateur permettant enfin de fédérer toutes les énergies et celle de la destruction créatrice de valeur. Survivre ne suffit pas, il s’agit de devenir meilleur.
Donc la résilience a une forte connotation morale, voire moralisatrice.
2. La résilience est souvent comprise comme une mise en cohérence des actions des différents acteurs.
Or, comme la résilience est sous-tendue par l’acceptation du choc et de la perte – et donc par un choix, elle est moins un projet technique qu’un projet avant tout politique.
La résilience est souvent comprise comme une mise en cohérence des actions des différents acteurs.
Or, comme la résilience est sous-tendue par l’acceptation du choc et de la perte – et donc par un choix…
elle est moins un projet technique qu’un projet avant tout politique.
La tendance est donc forte avec la résilience de
Soit distribuer les bons points : en valorisant ceux qui sont résilients et en montrant du doigt ceux qui ne le sont pas
Soit éditer des modes d’emplois : en argumentant qu’ainsi tout le monde peut devenir résilient – il suffirait de suivre une procédure.
Or ce n’est pas si simple – c’est ce que montre l’exemple du commandant Sully et l’amerrissage exceptionnel de son US airways 1549 dans l’Hudson
risque aviaire connu
Mais cas exceptionnel d’arrêt des deux moteurs pour lequel les procédures habituelles n’offrent aucune aide
La réussite ne tient pas à une formation quelconque des pilotes pour les cas d’amerrissage
A une communication sans faille
A la puissance de décision qui va arbitrer entre différents paramètres à l’encontre des procédures
Ce que cet exemple montre :
1. c’est que la résilience est surtout engagée dans des situations inédites et/ou de fortes incertitudes dans lesquelles ni les routines, ni l’expérience, ni les systèmes de protection développés sur la base de cette expérience ne suffisent
2. C’est que le facteur humain doit être pris en compte et vu comme relais en cas de défaillance
Chaque acteur doit pouvoir devenir acteur de sa propre sécurité et de celle des autres
Culture du risque
Penser systèmes techniques et facteurs humains, systèmes collectifs et prise de décision individuelle ensemble
Quelle opérationnalité du concept ? l’emploi du terme de résilience peut être maladroit, mal approprié, mais l’effort poursuivi par les acteurs derrière ce concept doit être souligné : la résilience sert indéniablement de guide pour l’action et de vecteur pour fédérer les acteurs.
Et cette action consiste avant tout à réduire la vulnérabilité des villes et des sociétés face à l’aléa pour réduire l’ampleur du choc.
Enjeu : comment faire perdurer ce que l’on encore face à un choc inévitable ?
Comment continuer à faire la ville le lieu du «plus » (plus de bien-être, d’activités, de mouvement, d’interactions, de projets etc.) avec… moins ?