1. NOTE D'INTENTION DU RÉALISATEUR
Je connais Patrick Lamaison depuis longtemps. En 2004 j'ai réalisé "Comme un poisson
dans l'eau", documentaire sur sa vie d'homme des bois. D'une main son vélo, de l'autre sa
canne à pêche en bambou, Patrick sillonnait les routes, retrouvant dans le fond d'un ruisseau
le monde sauvage des poissons. Ce film a une signification personnelle très forte pour moi.
De plus, il continue à émouvoir le public, ce qui lui vaut d'avoir été, et d'être toujours
largement diffusé.
Neuf ans plus tard, j'imagine un prolongement, un acte 2, en compagnie de cet homme hors
du commun. Patrick Lamaison offrirait à un petit groupe d'enfants vivants aux abords du
fleuve Adour, une expérience unique d'un vrai contact avec leur environnement. Guidés par
ce "maître", ils observeraient et feraient l'expérience de la nature, apprenant ainsi à connaitre
et à respecter le vivant.
Quatre éléments essentiels ont déclenché cette idée :
Le premier point réside dans le discours et la conviction avec laquelle Patrick défend ses
idées. Dans "Comme un poisson dans l'eau", il s'insurge contre l'indifférence de la
population face à la disparition progressive des marais et crie haut et fort que l'enseignement
de la pêche à la main devrait être obligatoire dans les écoles. En effet, pour lui, la
préservation de son marais passe par l'éducation de la nouvelle génération.
Le deuxième élément à l'origine de cette idée est que Patrick a un contact de qualité avec les
enfants. À l'issue d'une projection-débat du film " Comme un poisson dans l'eau " un jeune
garçon n'est-il pas venu lui glisser à l'oreille : "Quand je serais grand, je serais comme toi!".
Je trouve en la personnalité de Patrick une troisième motivation. Il semble posséder les
savoir-être du pédagogue : compréhension et fermeté. La scène dans laquelle il apprend à sa
fille l'art de capturer une couleuvre en témoigne.
Enfin, Patrick est un adulte qui a gardé son âme d'enfant. Même si son marais n'a plus de
secret pour lui, c'est toujours avec le même émerveillement qu'il en observe ses habitants et
en savoure les odeurs, les sons... Qui mieux qu'un tel adulte peut sensibiliser les enfants à la
nature ?
Pour cela j'imagine une série de scènes touchantes : des scènes d'apprentissage, de
découverte, faites des questionnements des enfants, de leurs peurs, de leurs hésitations, de
leurs joies, de leurs échecs, de leurs réussites, de leurs larmes, de leurs fiertés… le tout
marqué par la présence bienveillante de Patrick.
Ce nouveau documentaire se veut surtout être une formidable leçon de vie et de bonheur. Je
filmerai les enfants comme " une volée de moineaux " avides de savoir. Mon parti pris de
réalisation est de préserver la vie, le caractère spontané de la relation des enfants avec
Patrick. Donc pas d'entretien, pas de répétition !
Si Comme un poisson dans l'eau fonctionnait sur le principe audiovisuel "les yeux dans les
yeux", avec une caméra confidente, où seule sa voix nous parlait, nous accompagnait dans
ses errances, le papa des poissons sera, lui, filmé avec la distance nécessaire pour ne pas
interférer dans la relation entre Patrick et les enfants.
Par ailleurs, je parie déjà sur l'importance de cette rencontre pour ces enfants. Patrick leur
donnera la possibilité de faire un bout de chemin à ses côtés et de partager ses secrets. Les
spectateurs pénétreront, eux aussi, dans l’intimité du marais et s'amuseront des

2. pérégrinations du petit groupe. Doucement mais sûrement, nous retrouverons des sensations
perdues. Ce sera, j'en suis convaincu, un moment exceptionnel, une expérience pédagogique
exemplaire.