Allocution du Président de la République - Stratégie de lutte contre la pauvreté au Gabon
1. Allocution de Son Excellence, Ali BONGO ONDIMBA
Président de la République Gabonaise,
Chef de l’Etat
Présentation
de la Stratégie de lutte contre la pauvreté
au Gabon
Libreville, le mardi 18 février 2014
Mesdames
et
Messieurs
les
Présidents
et
Secrétaires Généraux des Partis politiques de
la Majorité et de l’Opposition,
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2. Mesdames et Messieurs,
Je vous ai convié ce jour, mardi 18 février 2014, ici au
Palais de la Présidence de la République, afin de vous
faire partager les résultats d’un rapport que j’ai
commandé, et qui rend compte avec des données
chiffrées, de l’état de la pauvreté dans notre pays.
En effet, pour combattre un ennemi, il faut le connaître :
c’est pourquoi, j’ai voulu connaître de manière précise
non seulement l’ampleur et les différents visages de la
pauvreté, mais aussi les raisons pour lesquelles les
efforts budgétaires déployés à ce jour n’ont pas atteint
leur objectif de réduction de la pauvreté, des inégalités
et de l’exclusion de certains de nos compatriotes.
Conduit par un cabinet d’expertise internationale, sous la
supervision de Madame Sylvia BONGO ONDIMBA,
Première Dame, et avec le concours des différentes
administrations compétentes, ce rapport qui vous sera
présenté tout à l’heure, dessine clairement le visage,
l’étendue et la géographie de la pauvreté dans notre
pays.
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3. Je le rappelais déjà, lors de mon discours à la Nation le
31 décembre 2013, seuls 20% des 300 milliards
d’inscription budgétaire réservés aux différentes aides
sociales arrivent à destination des couches les plus
défavorisées de notre population. Cette situation ne
saurait davantage perdurer.
Mesdames et Messieurs les Chefs de Partis,
Votre engagement politique devrait vous conduire à
accéder aux responsabilités publiques, quel qu’en soit le
niveau, dans le but de servir au mieux les intérêts de
nos populations.
Il est par conséquent nécessaire, pour éclairer votre
opinion et vos choix, que les informations sur un sujet
aussi sensible soient mises à votre disposition.
Telle est ma philosophie de la gestion de la chose
publique. Telle est l’idée que je me fais de l’exercice du
pouvoir.
Votre présence à la Présidence de la République
aujourd’hui, ne peut donc ni surprendre ni étonner, car la
3
4. démarche que j’ai adoptée depuis mon accession à la
magistrature suprême consiste à impliquer les acteurs
politiques
de
tous
bords
chaque
fois
que
les
circonstances le commandent, et plus particulièrement
lorsqu’il s’agit de parler du Gabon et des Gabonais.
Et dans le domaine du social, notre politique commune
est de nous mettre à l’écart de toute approche partisane,
pour servir les intérêts de nos compatriotes qui en ont le
plus besoin aujourd’hui.
Mesdames et Messieurs,
Comme vous le savez, depuis 2009, nous avons engagé
d’importantes réformes structurelles pour moderniser et
diversifier notre économie, l’objectif principal étant de
produire plus de richesses et donc plus de croissance, et
une meilleure répartition de la richesse nationale, avec
une prise en compte de la demande sociale de nos
compatriotes.
Depuis quatre ans, notre taux de croissance se situe
autour de 6%.
4
5. Toutefois, je note que la bonne tenue de notre économie
n’a cependant pas favorisé la réduction des inégalités et
l’éradication des souffrances auxquelles une partie de
nos compatriotes sont confrontés.
Nous devons donc changer d’approche sans chercher à
blâmer, ni à pointer les responsabilités qui ont pu être
celles des uns et des autres par le passé.
Notre devoir aujourd’hui est d’œuvrer tous ensemble,
chacun à la place qui est la sienne, afin que nos
compatriotes bénéficient des fruits de la croissance, et
donc d’une plus grande équité.
Ne pas le faire c’est courir le risque de creuser encore
plus l’écart entre les hommes politiques que nous
sommes et nos concitoyens.
Je sais que la responsabilité première en incombe au
Gouvernement, aux Institutions et aux Administrations
qui en ont directement la charge. Mais chacun de nous
doit définir son rôle dans ce combat que nous
engageons contre la pauvreté.
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6. Nous devons par conséquent maintenir nos efforts
d’investissements et de diversification de l’économie afin
d’une part, de sortir de la dépendance d’une croissance
portée essentiellement par les secteurs pétroliers et
miniers, et d’autre part, afin de porter cette même
croissance au-delà des 8%.
C’est à mon sens, la seule voie pour atteindre nos
objectifs de développement durable et équitable et notre
ambition de réduire la pauvreté, la précarité et les
inégalités.
Ce seront les missions principales du Gouvernement
que conduit le Pr Daniel ONA ONDO.
Il devra donc accélérer le rythme des réformes de notre
économie, poursuivre sa diversification et accroître
davantage
l’investissement
dans
le
secteur
des
infrastructures.
Le Pr Daniel ONA ONDO déclinera lors de son
discours de politique générale devant l’Assemblée
Nationale, les différentes politiques qu’il entend mettre
en œuvre et les moyens d’actions dont il disposera pour
6
7. réduire la pauvreté et lutter contre les inégalités et
l’injustice sociale.
Ce nouveau pacte social devra naturellement se
départir des approches résiduelles et s’engager dans
une voie de redistribution plus juste et plus équitable de
la richesse produite, d’une meilleure protection de nos
compatriotes et assurer durablement leur bien-être en
promouvant l’emploi pour tous.
D’ores et déjà, j’ai instruit le Premier Ministre, Chef du
Gouvernement de préparer un collectif budgétaire pour
prendre en compte le nouveau Pacte Social que j’ai
proposé à la Nation
Ce collectif budgétaire devra consacrer la réduction du
train de vie de l’Etat, une plus grande maîtrise et une
meilleure efficacité de la dépense publique. Il devra en
outre rechercher des ressources nouvelles tout en
redéployant celles existantes.
Mesdames et Messieurs les Chefs de Partis,
Je comprendrais que vous émettiez des réserves ou des
doutes sur les solutions que nous préconiserons.
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8. J’accepte même à l’avance, dans un souci d’objectivité
mais de dialogue constructif, vos critiques sur notre
méthodologie, notre démarche et même plus tard, sur
les résultats que nous atteindrons dans la lutte contre la
pauvreté.
En revanche, il serait incompréhensible et inacceptable
que des critiques portent sur la sincérité de nos
intentions ou sur notre détermination à agir.
Je tiens du haut de cette tribune à vous le dire
haut et fort, que nous refuserons toute politique
politicienne dans le domaine de la lutte contre
la précarité, la pauvreté et l’exclusion, parce
qu’elle concerne ceux de nos compatriotes qui
sont les plus fragiles :
•
Ce sont des femmes seules avec enfants.
•
Ce sont nos anciens que les liens sociaux
traditionnels
ne
parviennent
plus
à
protéger.
•
Ce
sont
des
familles
ressources insuffisantes.
8
nombreuses
aux
9. •
Ce sont des étudiants isolés, des orphelins,
des veuves spoliées et abandonnées.
•
Ce sont des handicapés.
Cette
lutte
est
une
cause
nationale.
C’est
pourquoi, ne doutez pas un seul instant de
notre
détermination
totale
à
agir
en
leur
faveur ! Et pour cela, je compte aussi sur votre
engagement multiforme.
Il ne s’agit pas pour nous de mettre en place un système
d’assistanat qui aurait pour effet pervers de maintenir
certains de nos compatriotes dans une forme de
dépendance.
Il ne s’agit pas non plus de renouer avec l’Etat
providence. Bien au contraire, notre ambition est d’offrir
à chacun la possibilité de sortir de la pauvreté et de la
précarité.
La réalisation d’un tel objectif implique la mise en place
de politiques volontaristes efficaces dont les résultats
peuvent être mesurés par tous.
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10. Lutter contre la précarité, la pauvreté et l’exclusion pour
une plus grande justice sociale, est l’affaire de tous.
C’est dans ce sens que j’ai demandé depuis 2010, que
soient réformés nos systèmes des rémunérations. Je
constate malheureusement que cette réforme n’a
toujours pas été engagée.
C’est pourquoi, j’ai décidé de suspendre le versement de
tous les fonds communs afin que les administrations
compétentes et le Gouvernement s’activent
à enfin
proposer cette réforme.
Car,
les
fonds
communs
et
primes
diverses,
Mesdames et Messieurs , concernent ceux qui, dans
les administrations, ont déjà un salaire.
Mais que de dire de ceux qui, nombreux, n’ont pas
d’emploi, donc pas de salaire ?
Que dire de ceux qui, à diplôme égal, ont des
rémunérations jusqu’à quatre fois inférieures à leurs
collègues fonctionnaires dans les régies financières ?
Il ne s’agit pas de méconnaître la spécificité de certaines
fonctions dans notre administration. Il s’agit tout
simplement d’introduire plus de justice et d’équité, et de
10
11. trouver
des
mécanismes
et
des
ressources
additionnelles pour financer nos efforts de solidarité
nationale.
On ne peut pas continuer à faire pour les uns, sans
penser à ceux qui n’ont rien, et qui servent pourtant le
même Etat, et qui ont les pieds dans l’eau, enclavés
dans des habitations insalubres, qui ont du mal à se
soigner ou à scolariser leurs enfants.
Il nous faut donc absolument réorganiser notre système
de rémunération afin d’introduire plus de justice et
d’équité.
C’est pourquoi, je mets en garde ceux qui, dans
l’administration, seraient tentés de naviguer à contre
courant et de bloquer cette réforme.
Mesdames, Messieurs,
J’ai indiqué, le 29 janvier dernier, que la volonté de sortir
de la pauvreté et de la précarité nos populations les plus
démunies, et de lutter contre les inégalités et les
11
12. exclusions sous toutes leurs formes doit être partagée
par tous et portée par chacun d’entre nous.
Ce n’est ni un choix, encore moins une option.
C’est une obligation collective à laquelle je vous y
associe aujourd’hui.
Car, je le répète encore, la pauvreté, la précarité et
l’exclusion sociale n’ont pas d’appartenance politique,
philosophique, ethnique ou religieuse. Ce sont des
phénomènes qui sévissent dans nos villes comme dans
nos villages, indistinctement des choix politiques de nos
concitoyens.
La responsabilité première pour l’éradication de ce fléau
incombe certes et en premier lieu au Gouvernement,
aux Institutions et aux administrations qui en ont
directement la charge. Mais chacun, à la place qui est la
sienne, peut choisir son rôle dans cette bataille. Il s’agit
d’un combat de tous les instants, pour tous les citoyens
et, en première ligne, à côté du Gouvernement et des
Institutions, par nous tous, acteurs politiques.
Je vous remercie de votre aimable attention.
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