Aperçu historique
Le Bleiberg s’intègre dans la typologie des
anciennes exploitations minières qui
s’ouvrent dans la côte qui ceint la
dépression du Warndt : Wallerfangen en
Sarre, Falck, Hargarten-aux Mines,
Longeville, St Avold, Cocheren. Elles sont
creusées dans le grés intermédiaire et le
métal recherché était soit du cuivre soit du
plomb.
Au Bleiberg, la plus grande partie du réseau
accessible aujourd’hui date des 16ème, 17ème et
18ème siècles.
• Des fouilles archéologiques récentes ont
cependant permis de mettre en évidence des
zone médiévales plus anciennes (13ème au
15ème) grâce aux observations des techniques
d’exploitation et du matériel retrouvé
(tessons de poterie).
« Fimel » ou coin trouvé lors de la fouille.
Tesson de poterie commune
d’époque médiévale
• Une éventuelle exploitation gallo-romaine reste
possible mais n’a pas été prouvée.
• Les archives médiévales sont rares mais un
rapport de compte de 1551 mentionne que la
mine n’est plus exploitée.
•
Au 18ème siècle, les archives sont plus
nombreuses et plus précises. En 1785, il y a 30
personnes attachées aux travaux du Bleiberg : 1
commis, 12 mineurs, 2 brouetteurs, un maître
fondeur, un maître bocardier, 14 ou 15 laveurs
(laveuses) et bocardiers. C’est sans doute un
maximum pour le Bleiberg qui est à son apogée,
les autres exploitations du Warndt étant en net
déclin ou même fermées. En 1797 c’est l’arrêt
des travaux.
• La mine retrouve néanmoins une petite
activité entre 1858 et 1862 au moment de
l’exploitation de la mine de cuivre du
Hautbois à Longeville.
•
Compte tenu de son intérêt historique et
archéologique, le Bleiberg est inscrit à
l’inventaire supplémentaire des monuments
historiques.
Minéralisation.
•
Le plomb (ou le cuivre) se trouve dans
le grés intermédiaire, immédiatement audessus du grés vosgien. 85% du minerai se
présente sous forme de cérusite (taches
blanchâtres) et 15% sous forme de galène
(mouches noires ou grises de 0,5 à 3cm de
diamètre).
• Les travaux s’étendent sur 3,5 ha et jusqu’à
5 niveaux superposés au maximum. La
longueur du réseau encore accessible est
d’environ 2 km.
• Les anciens ont extrait 20 000 tonnes de
minerai d’une teneur moyenne de 3 à 4%. Il
ne connaissaient et n’exploitaient que la
galène.
Techniques d’exploitation.
•
Au Moyen Age, les mineurs utilisaient
une technique d’extraction particulière. Elle
consistait à creuser d’abord au marteau et à
la pointerolle des entailles de 3 à 6 cm de
largeur, alignés sur le front de taille et
espacées de 10 à 20 cm. Puis des coins
métalliques étaient enfoncés dans ces
encoches à l’aide d’une masse pour dégager
de larges fragments de roches.
• Les mineurs creusaient essentiellement des
puits avec des extensions sous forme de
chambres peu élevées quand ils arrivaient
dans une zone plus richement minéralisée.
• Du 16ème au 18ème siècle les puits sont
délaissés au profit des galeries. C’est un
style très typé, caractérisé par la perfection
du travail et le souci esthétique. Les
galeries sont toujours de section
trapézoïdale, plus larges à la base (la sole)
qu’au plafond (le toit). Les angles sont
parfaitement marqués et forment une ligne
continue et régulière, même sur la « sole ».
• Les parements (cotés), toit et sole sont
plans et le plus lisse possible. On travaillait
exclusivement a la massette et à la
pointerolle. Chaque coup était frappé
exactement dans le sillon précédent,
formant ainsi une trace continue en arc de
cercle du toit vers la sole pouvant atteindre
plus d’un mètre.
Simulation par Armand MULLER du
travail au front de taille selon une
gravure tirée du « De Re Metallica » de
Georg AGRICOLA (1556).
De rares et précieuses
inscriptions permettent
de dater les techniques
de travail.
La mine servit d’abri pendant la dernière guerre:
gravure de Joseph DEMANGE, commerçant à St Avold
(frère de Victor D., fondateur du R.L) le jour de la
libération de la ville.
Recherche de zones plus
richement minéralisées par
un sondage de plusieurs
mètres de profondeur au toit
de la galerie.
• Au 19ème siècle on utilisait encore la
pointerolle, le pic mais aussi et surtout la
poudre noire. Les trous de fleuret avec
parfois les restes de bouchons d’argile sont
encore visibles.
• L’aspect anarchique du réseau est lié au fait
qu’il n’existait pas, et n’existe pas encore
aujourd’hui, de méthode efficace pour
localiser le minerai. Les galeries de
recherche étaient percées dans le flanc de la
colline et lorsqu’ils rencontraient un
« nuage » plus richement minéralisé, les
mineurs pratiquaient des extensions en
chambres.
Certaines galeries se sont recoupées fortuitement sous terre pour
donner ce réseau labyrinthique.
• Le système comporte actuellement deux
entrées mais les accès étaient beaucoup plus
nombreux. Certaines galeries comme la
« Speckamma » ne sont plus accessibles.
D’autres sont à redécouvrir lors de travaux
en surface.
• Le mineur au front de taille utilisait une
lampe à huile qu’il suspendait par un grand
crochet dans des petits trous creusés à cet
effet dans le parement. Les chandelles de
suif (graisse animale) étaient placées dans
des « niches à lumière » creusées dans le
parement pour baliser le chemin du
brouetteur.
Lampe à huile utilisée
par le mineur au front de
taille.
Niche à lumière avec
sa chandelle de suif
permettant au
brouetteur de trouver
son chemin
• Compte tenu de l’abaissement de la nappe
phréatique ces dernières décennies, il n’y a
plus beaucoup d’eau au Bleiberg. Mais il
n’en a pas toujours été ainsi. Vers 1930
encore, certaines galeries étaient
entièrement inondées. Ce problème était
souvent résolu par le simple pendage de la
galerie vers l’extérieur, favorisant ainsi
l’écoulement naturel de l’eau. Parfois les
eaux d’infiltration étaient collectées dans de
petits caniveaux creusés latéralement dans
la sole ou le parement de la galerie.
rigole d’exhaure
Les problèmes d’exhaure étaient
résolus par le creusement de
rigoles (ci-dessus) ou la pose de
voies de roulement surélevées
(ci-contre).
Le « Puits » (8m de profondeur), sans doute destiné à la
recherche de minerai dans les couches inférieures.
Traitement du minerai.
•
Le minerai, sorti à l’aide de brouettes est
passé au « bocards » (marteaux-pilons
hydrauliques) où il est concassé. Puis il est
tamisé et livré aux laveurs ou laveuses (plus
nombreuses). L’eau évacue le sable alors
que les parties lourdes restent au fond des
stries des planches.
•
La dernière opération est la fonte. Il y
avait deux fourneaux : l’un pour la fonte,
l’autre pour l’affinage.
• A l’origine le lavoir devait se trouver non
loin de l’entrée inférieure. Il est fait mention
d’une « Bleiwäsch » à l’entrée de
Dourd’hal. Enfin, on installa, juste avant la
Révolution, lavoir et fonderie près du
moulin d’Oderfang.
•
Le plomb entrait dans la composition de
l’émail, de la faïence. Il avait également
d’autres usages : vitraux, tuyauteries, balles,
scellements, toitures.
Biologie.
•
L’ensemble des galeries et salles du
Bleiberg forment un milieu intéressant mais
fragile de type cavernicole qui accueille une
faune discrète mais riche : crustacés,
insectes, chauves-souris.
• Les chauves-souris, mammifères protégés,
sont particulièrement bien représentées.
Neuf espèces et deux genres ont été
observés et identifiés. Elles occupent le site
(accrochées aux parements ou logées dans
de petites anfractuosités) de novembre à
avril lors de leur phase d’hibernation
(période sensible ou l’animal ne doit pas
être dérangé).
• Ainsi le Bleiberg est protégé par un arrêté
préfectoral de biotope et il est inscrit dans le
projet européen Natura 2000 (mise en place
de zones spéciales de conservation). Cela
permet un contrôle administratif officiel, un
suivi scientifique programmé et toute action
de préservation.
•L’accès de la mine est réglementé et l’office de
tourisme de St Avold y organise des visites en été.