Le Capitoul était un journal écrit par et pour des étudiants. Il était centré sur la discipline Histoire de l'art à Toulouse et sur le patrimoine toulousain.
Il y eut six numéros.
1. Au XIXe siècle, Toulouse apparaît comme « un grand village », en retard sur
l’essor industriel des grandes cités françaises. Imprégnée de valeurs paysannes et
manifeste d’une hygiène limitée, la ville subit une augmentation démographique
notamment liée à l’immigration. Elle ne possède pas de ressources liées aux nouvelles
industries et reste encore tournée vers l’agriculture et l’artisanat. C’est par le biais des
domaines artistiques et littéraires que Toulouse connaît plus de prospérité et découvre
des innovations techniques. Les transformations liées au développement de la société
industrielle, notamment à l’arrivée du chemin de fer, permettent à la ville de se tourner
vers des territoires exploitant des matériaux comme le fer, la fonte ou le verre. La ville
se modifie alors et les projets d’aménagement se multiplient. Inspirés des
aménagements du Baron Haussman, la ville en se modernisant voit se multiplier
constructions pittoresques et hôtels particuliers aux abords des grands axes.
Le gros dossier - Loisirs et fêtes, les lieux de l’Art nouveau toulousain, Marine Allano
Le Capitoul
Le journal des historiens de l’art
disposés de façon symétrique sur des agrafes arrondies
ornées de pignes de pin et de branchages. Inscrite au titre
des Monuments historiques depuis le 29 octobre 1975,
nous ignorons à ce jour l’identité de son auteur.
Le début du XIXe siècle voit apparaître en Europe
les grands magasins, dans le sillage de l'industrialisation
et de l'urbanisation. En France, ils sont d'abord implantés
à Paris, puis à partir de 1850, se répandent en province.
L’architecture de ces lieux doit alors témoigner de cette
modernité.
En 1904, l’ouverture du Au Capitole est
représentative de l’effervescence commerciale
toulousaine. Créé par le groupe Paris-France, l’immeuble
conçu par l’architecte Georges Debrus est érigé au début
de la rue de Rémusat, et apparaît comme un chef-d’œuvre
du style Art nouveau. Le bâtiment est l’un des premiers à
posséder un tapis roulant, une véritable marque de
modernité. L’extérieur se démarque par la présence de
grandes arcades ornées de piliers décorés de motifs
végétaux, surmontées d’un dôme de verre et d’acier. Les
Entre 1890 et 1915, les architectes et
décorateurs européens adoptent le style qu’est celui de
l’« Art nouveau », dont l’expression émerge en 1895
dans la galerie parisienne de Siegfried Bing. Ces formes
fondées sur la suprématie de la nature se retrouvent
dans l’architecture mais aussi dans les éléments de
décor, meubles et tapis laissant place à un véritable art
total.
L’Art nouveau, qualifié aussi de « style
nouille » en France, ne connaît qu’un petit succès à
Toulouse mais laisse des traces dans l’architecture de
la ville dont un vestige est encore visible, sur la
devanture de l’ancienne librairie-papeterie Viviès, à
côté de l’hôtel Crowne Plaza.
Sur la façade de l’ancienne librairie, les
passants peuvent admirer une devanture brassée de
feuillages au-dessus de baies segmentées en trois
parties. La composition est symétrique, un caisson en
saillie sépare les ouvertures rectangulaires des
arcatures en plein cintre. Les décors stuqués sont
Page 1
N° 6
Année 1
Librairie Viviès
Au Capitole
Sommaire
Pages 1 & 2
Le gros dossier : Loisirs et
fêtes, les lieux de l’Art nouveau
toulousain, Marine Allano
Pages 2 & 3
Jeux
Page 3
Interview master : Stéphanie
Renard, master 2 d’Études
médiévales, sous la direction de
Quitterie Cazes
Focus : Hercules Gallicus,
Marion Poujetoux
Page 4
Agenda
Conservation : De la fouille à
l’exposition, le four à chaux du
Musée Saint-Raymond
2. Jeux
Règle inverse : la question est en rébus,
l'une des trois propositions est la bonne.
753 av. J-C
ou 422 av. J-C
ou 250 av. J-C
Charade
Mon premier est une unité de mesure.
1+1 font mon deuxième.
Lorsqu'il est "particulier", mon
troisième fait figure d'exception
À Nice, mon quatrième est aux Anges...
Mon cinquième est le bruit du serpent.
On obtient mon sixième en coupant
"tata" en deux !
Les oiseaux pondent leurs œufs dans
mon septième.
Et mon tout est un sculpteur de la
seconde moitié du XIIe
siècle.
Anecdote
Le musée de l'Ermitage à
Saint-Pétersbourg possède de
nombreux chats afin de chasser les
rongeurs du lieu, et ce depuis plusieurs
siècles. En effet, cette tradition
remonte au règne de l'impératrice
russe Elisabeth Ière
au XVIIIe
siècle. Les
chats désormais présents sont au
concepteurs révolutionnent le marché toulousain en proposant aux clients
d’acheter à crédit, ouvrant à proximité, une agence dévolue à ce mode
d’achat. Les galeries Lafayette lui ont succédé en 1985 et attendent
aujourd’hui l’ouverture de l’enseigne Primark.
La ville dotée ainsi de grands magasins, connaît de plus le succès
des grands cafés. C’est autour de la place Lafayette, actuelle place Wilson,
que viennent s’implanter ces lieux de rencontres, où les consommateurs se
pressent afin de participer à cette exaltation de modernité.
Il est impossible d’évoquer la vie toulousaine de la Belle Époque
sans citer le café Sion dont l'immense verrière en carène de bateau
soutenue par des structures métalliques s’imposait à l’entrée du boulevard
de Strasbourg.
L’intérieur présentait une décoration riche, parsemée de colonnes
soigneusement ornées et sculptées. Paul Gervais y réalise d’imposantes
fresques, parmi lesquelles certaines représentent alors des thèmes
dionysiaques. Le vaste hall de 150 mètres carrés était fermé d’une façade
agrémentée d’une terrasse fermée d’une galerie vitrée.
Ne subsistant que des photos de la plupart de ces élégants lieux de
plaisance, les curieux peuvent toutefois s’installer au Café de la Concorde,
petit bout d’histoire niché au cœur du quartier des Chalets. Fondé dans les
années 1890, peu d’informations nous sont parvenues concernant ce café,
pourvu d’une façade métallique et d’une lettrine caractéristique de
l’époque florissante d’Hector Guimard.
Parmi les témoignages de la Belle Époque toulousaine, nous
retenons la devanture de l’un des immeubles de la place de la Trinité. De
style « éclectique » avec une tendance Art nouveau, il s’agit d’une œuvre de
G. Masquet et fils, érigée aux alentours de 1905. Des trois travées, celle de
gauche présente une magnifique baie sur les deux niveaux médians.
L’encorbellement est sculpté de motifs végétaux, dont le corps métallique
supporte des vitraux ornés de décors floraux. Les autres ouvertures
possèdent d’étroits balcons sur consoles parées de garde-corps en fer
forgé.
Si l’interprétation de l’Art nouveau par les architectes toulousains
se manifeste notamment par des appropriations techniques, ces édifices du
début du XXe siècle peuvent être considérés comme les témoins des
plaisirs de la Belle Époque.
Le Capitoul. Le journal des historiens de l’art
Café Sion
Café Concorde N°8 Place de la Trinité
Page 2
3. Peux-tu nous présenter ton sujet ?
- Je travaille sur les grilles en fer
forgé à l’époque médiévale (du XIe
au XVIe siècle) dans la région
Occitanie. Ces grilles (élément
métallique séparant deux espaces et
permettant à la lumière, les sons, les
odeurs et les courants d’air de
passer) sont surtout présentes en
contexte religieux : en clôture de
chœur ou de chapelles. C’est là
qu’elles ont été le mieux conservées.
On en trouve aussi en fermeture de
baies, à l’extérieur d’églises. C’est un
sujet qui peut paraître étrange, mais
qui est très riche, et qui m’amène
dans des directions différentes : les
recherches sur la matière, le fer, son
extraction, son traitement ; les
fonctions de ces grilles dans les
espaces, principalement ecclésiaux ;
la question de la circulation des
modèles, des savoirs. Et puis je me
balade et je prends des photos,
what else !?
Parle-nous de ton parcours, qu’est-ce
qui t’a menée en master d’Études
médiévales ?
- Comme beaucoup de monde, j’ai
un parcours atypique. Lettres
Modernes dans les années 90, puis
je suis devenue photographe, et le
suis encore. À un moment, j’ai eu
Au XVIe siècle, Érasme ressuscite la représentation antique de
l'Hercule gaulois dans sa traduction de Lucien de Samosate, écrivain grec
(IIe s.). D'après la légende, Hercule, qui a parcouru le monde, est reçu en Gaule
comme symbole de l'éloquence triomphant de la force. L'Hercule gaulois
antique voit ses attributs spécifiques attribués à la figure de François Ier,
représenté sur l'arc de triomphe érigé à la porte Saint-Denis en 1549.
Représenté en dieu-roi, sa parole est reliée par des chaînes aux oreilles des
trois ordres.
Mais l'image de l'Hercule gaulois n’est pas seulement l'apanage du
pouvoir royal. À Toulouse, le riche parlementaire Gaspard de Molinier fait
ériger une des plus prestigieuses cheminées du XVIe siècle dans son hôtel
particulier, aujourd’hui rue de la Dalbade. Sur le relief, un Hercules Gallicus se
tient entre deux colonnes doriques qui le distinguent de ses suivants,
enchaînés à son art de la rhétorique.
Interview master
Stéphanie Renard, master 2 d’Études médiévales, sous la direction de
Quitterie Cazes
Focus - Hercules Gallicus, Marion Poujetoux
envie de faire autre chose. J’avais le
sentiment de ne pas être réellement
« utile ». En même temps, je pense
depuis longtemps que le monde
dans lequel nous vivons est issu de
celui que nos parents ont fait, leurs
parents, etc. depuis des lustres et
des millénaires. Un jour c’est
devenu évident : j’avais envie de
transmettre cette idée, de faire
prendre conscience du fait que ce
qu’on a dans les mains est une sorte
de somme de tous ces siècles de
nouveautés, de recherches et
d’applications des femmes et des
hommes à faire ce qui leur a semblé
le mieux, le plus opportun.
Concrètement, comment se déroulent
tes recherches au quotidien ?
- Pour la première année : 20%
terrain, 20% DRAC-Inventaire, 60%
bibliothèques. Pour le M2, on ajoute
les archives.
Quels sont tes projets à la suite de ce
master ?
- Je prépare un doctorat, sur les
grilles… ou sur la photographie. Ou
je repars sur la pratique photo, côté
patrimoine. Ou tout à la fois. La
seule chose qui est décidée, est de
continuer à prendre du plaisir.
Jeux
Relie ces œuvres à la grotte
correspondante !
1.
2.
3.
4.
A. Chauvet
B. Rouffignac
C. Lascaux
D. Altamira
Année 1, Octobre 2017, N°6 Page 3
4. Festival - Festin patrimonial en
Couserans
Dans le but d’obtenir les restaurations
des sites de la Chapelle du Calvaire de
Galey des églises Notre-Dame de Luzenac
de Moulis et Saint-Pierre d’Ourjout,
l’association Patrimoine en Couserans
organise plusieurs évènements tout au
long de l’année.
À 21h, le 20 octobre 2017, à
Saint-Girons, dans l’église Saint-Valier
Orchestre de Chambre de Toulouse.
Exposition - Quarante au cube.
Organisée par le CIAM
Du 6 octobre au 26 octobre 2017
La Fabrique
Retrouvez toute l’actualité des
expositions à Toulouse et dans
sa région sur Sudartctu.fr
Conservation - De la fouille à l’exposition, le four à chaux du Musée Saint-Raymond
Au cours des années 1994–1996, le
Musée Saint-Raymond de Toulouse procède à
des fouilles dans son sous-sol. Dans le cadre
de ces travaux, on retrouve une partie des
murs de l’hôpital du XIe siècle ainsi que les
traces d’un cimetière dont la plus ancienne
inhumation fut faite entre 150 et 308 ap. J-C.
On trouve également un four à chaux qui
aurait servi à brûler des éléments de marbre,
des colonnes, sarcophages… afin d’obtenir de
la matière utilisée probablement pour les
bâtiments annexes de la première grande
basilique adjacente.
Aménagée entre le milieu du Ve
siècle et le milieu du VIe siècle, il s’agit d’une
construction de grande qualité, retrouvée
dans un état de conservation exceptionnel.
Un grand conduit mène à l’entrée,
marquée par deux massifs faits de briques de
récupération et d’un linteau de calcaire. Les
Agenda - Octobre 2017
parois de ce four sont hémisphériques et sont
aussi essentiellement faites de briques. À
l’intérieur, on distingue les massifs sur
lesquels étaient posés les éléments à cuire et
au centre le couloir où se situait le foyer de
flammes. Il est difficile de déterminer sa durée
d’utilisation. Pour autant, de sa dernière
combustion incomplète, il subsistait des
fragments de sarcophages en marbre.
Le choix du musée fut de présenter
in situ ces découvertes. En effet, dès la
publication du rapport de fouilles, le musée
envisagea de conserver le four au niveau du
sous-sol et de l’intégrer au parcours
muséographique. Original, il permet au grand
public de comprendre pourquoi de
nombreuses pièces antiques ne nous sont pas
parvenues. Les chantiers des siècles suivants
ont disposé des sites antiques comme de
carrières pour obtenir des matériaux de
construction.
De plus, une partie des restes du
dernier chargement brûlé ont été moulés, afin
de les présenter aux visiteurs.
Les fouilles du sous-sol du musée
Saint-Raymond ont permis à des témoins
exceptionnels de la Palladia Tolosa d’être non
seulement conservés, mais surtout mis en
valeur au sein du parcours muséographique,
sans compter l’apport scientifique que ces
découvertes ont apporté.
Page 4
Résultats des jeux
Page 2 : Quand Romulus a-t-il
fondé Rome ? 753 av. J-C. Le
maître de Cabestany.
Page 3 : 1 C / 2 D / 3 A / 4 B
L'équipe du Capitoul : Lili
Renauld & Mathilde Roy
Crédits photos : Archives
Municipales de Toulouse,
Wikipédia, Ancient.eu,
archeologie.culture, Dordogne
Perigord tourisme.
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"Le Capitoul. Le journal des
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Journée d’étude - La France au Miroir
de l'Antiquité
Organisé par le laboratoire PLH-Erasme.
Responsables scientifiques : Ludivine
Beaurin, Laurent Bricault, Arnaud
Saura-Ziegelmeyer.
À partir de 9h30, le 18 octobre 2017
UT2J, Maison de la Recherche,
Salle D30
Visite - Œuvres cachées et parfois
oubliées : les plafonds peints et
sculptés des XVIIe et XVIIIe siècles
toulousains
Organisée par Mirabili’art.
À partir de 14h30, le 13 octobre 2017
Devant le Palais de Justice
Cycle de conférences - Mme Chandevy
SISOWATH -MEN
Site archéologique d’Angkor - Patrimoine
mondial de l’humanité : restauration et
conservation
Le 13 octobre 2017, 14h à 16h,
amphi C
Les Temples de la zone Sambor Prei Kuk.
Site archéologique de l’ancienne cité
d’Icanapura. Patrimoine mondial de
l’humanité.
Vendredi 20 octobre 2017, 10h30 à
12h30, amphi F
Patrimoine architectural et urbain du
XXe siècle au Cambodge. Les enjeux de la
conservation.
Lundi 23 octobre, 10h30 à 12h30,
salle GH 123 (UFR Olympe de
Gouges)