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Point partiel de situation « Gaz et huiles de schiste et de houille » fin-mars 2013.
En France, après l’intense campagne médiatique orchestrée par le lobby pétro-gazier de juin à décembre 2012, les foreurs,
déjà actifs juridiquement, profitent maintenant d’une certaine faiblesse de l’actuel gouvernement, et sont désormais
présent sur le terrain. Paralèllement aux Etats-unis, berceau de cette funeste industrie extractive, les voix s’élèvent
maintenant pour pointer les lourds impacts de la technique de Fracturation hydraulique ainsi que la profonde et durable
transformation négative des habitats qu’ils soient humains, du cheptel ou naturels.
Les annonces mi-septembre 2012 du Président F. Hollande n’ont pas retenu bien longtemps les industriels lesquels
s’appuyant sur le rapport « Gallois » ont obtenu mi-novembre 2012 une étude parlementaire sur « Les alternatives à la
Fracturation hydraulique ». En Ile-de-France des forages d’exploration sur des permis identifiés « pétrole de schiste »
avant la loi de juillet 2011 ont commencé fin janvier dernier.
Dans le Gard, la farouche opposition des élus et de la population locale appuyée par les collectifs régionaux, a conduit le
gouvernement à missionner une « expertise indépendante » de réévaluation des objectifs géologiques du permis du Bassin
d’Alès autour de Barjac. Ce dispositif inédit a été présenté le 22 mars dernier à Nîmes.
A l’International, de plus en plus d’experts dénoncent les arguments falacieux et biaisés avancés par l’industrie pour
imposer l’acceptation sociétale de l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels, dont le gaz de schiste n’est
qu’une facette. Cette inquiétante bulle spéculative a encore été dénoncée dans le numéro de mars dernier du Monde
Diplomatique ; « …la grande escroquerie ». Les Bulletins électroniques du ministère des Affaires étrangères rapportant
les impacts irréversibles sur l’environnement, la santé et le patrimoine se succèdent quasiment jour après jour. Celui du 22
mars dernier titrait « Quel consensus sur les risques liés à l'exploitation du gaz de schiste ? ».
Les mirobolantes estimations des ressources disponibles fondent comme neige au soleil dès qu’un bassin sédimentaire est
exploré sérieusement et que ces données sont contrôlées par des autorités indépendantes. C’est ainsi que les projections
nord-américaines ont été divisées par deux depuis deux ans. Ceci a entrainé des acteurs historiques du « Shale gas » a
vendre de nombreux actifs pour éponger des dettes colossales, entrainant la chute de certains dirigeants, lesquels étaient,
il y a encore quelques mois, présentés comme des héros nationaux. En Pologne c’est presque par dix que ces estimations
ont été réduites entrainant le retrait de grandes compagnies. Le mirroir aux alouettes des hypothétiques milliers emplois
ne résiste pas trois minutes à un raisonnement factuel.
Les soit disant alternatives à la FH, ne sont que des contre feux du lobby recherchant l’acceptation sociétale de leurs
sombres desseins. Et les comparaisons avec le génie français capable de mettre au point des procédés d’extraction du gaz
de Lacq dans les années 50’ ne tiennent pas face à la réalité géologique des lourds impacts à court, moyen et long termes
de cette technique incontournable, quels que soient les noms dont les communicants des pétroliers l’affublent.
Partout où la souveraineté des Etats-Nations voire des provinces autonomes est affaiblie par la crise endémique de
l’endettement, le lobby des hydrocarbures s’implante et est en passe comme au Pays basque espagnol d’obtenir
satisfaction avec des droits d’explorer par FH.
Ailleurs des moratoires voire interdictions contiennent encore quelque peu la frénésie excavatrice des pétro-gaziers. Ainsi
après l’Etat du Vermont mi 2012, celui de New-York vient de suspendre pour deux ans le développement de cette
industrie. Plus près de nous l’Irlande vient de faire de même.
Ces avancées obtenues par des luttes citoyennes audacieuses pointant les impacts délétères des forages suivis de FH sont
maintenant relayées par des rapports de plus en plus étayés et publics. C’est ainsi que la dernière édition des Bulletins
électroniques des Affaires étrangères présente une liste de plusieurs dizaines d’impacts environnementaux, sanitaires,
patrimoniaux et socio-économiques. Résumons ; mitage des paysages, compétition des surfaces agricoles ou baties,
transformation industrielle difficilement réversible des habitats, accélération importante du réchauffement climatique et
donc des dramatiques conséquences connues par les rapports du GIEC, blocage du développement pérenne des énergies
de flux renouvellables, mépris des droits des populations à choisir leur avenir énergétique, etc.
Le dilemme de l’actuelle administration américaine et de certaines provinces canadiennes s’accomodant d’études souvent
peu rigoureuses pour tenter, pendant encore quelques trimestres, de reccueillir le soutien de l’opinion publique outre-
atlantique ne doit pas nous conduire à céder aux sirènes des pétroliers sur notre sol.
L’avenir énergétique de la souveraineté française ne passe pas uniquement par d’hypothétiques ressources fossiles. C’est
bien par un effort de recherche et développement ainsi qu’un accompagnement à l’installation d’un bouquet énergétique
audacieux, novateur et équilibré que nous transmettrons aux générations futures et aux peuples toujours plus nombreux à
le visiter, notre beau pays. Ce faisant nous contriburons durablement à préserver l’environnement et la biodiversité ici et
ailleurs.
Alain Roubineau http://22septembresud.org/