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Corrigé indicatif
Sujet dans le programme : au cœur du programme , ce sujet concerne tant la deuxième année que la
première année ( pour la maturité des arguments).Toutefois une mobilisation des acquis de la première
année est très recevable pour rédiger l’amorce de l’introduction , et aussi expliquer les origines des crises
de l’Union Européenne.
Propositions d’accroche : « Un jour viendra où l’en verra ces deux groupes immenses, les États-Unis
d’Amérique ,les États-Unis d’Europe, placés en face l’un de l’autre, se tentant la main par-dessus les mers,
échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies ».
Victor Hugo, avant l’exil .Congrès de la paix ,21 août 1849.
« L’Europe est un géant économique, un nain politique et un ver de terre lorsqu’il s’agit d’élaborer une capacité
de défense ».
Le ministre belge des Affaires étrangères de l’époque, Mark Eyskens.
« L’Europe ? Quel numéro de téléphone ? ».
Henry Kissinger , ancien secrétaire d’État américain , 1970 .
Contextualisation : À la fin de la Seconde Guerre mondiale, et dans le but de préserver la paix, l’idée
d’une union entre les États européens prend forme. Depuis les années 1950, cette coopération n’a cessé de
s’élargir, passant de 6 membres en 1951 à 28 en 2013, puis 27 depuis le 1er
février 2020 (Brexit). L’Union
européenne qui a eu durant son histoire différents noms (CECA, CEE, UE), a une histoire complexe, faite
de succès et d’échecs .
Aujourd’hui , elle est devenue l’un des centres névralgiques de la crise en cours au niveau mondial.
« Crise » financière et de la dette, « crise des migrants », « crise » démocratique , puis le « Brexit », etc.
C’ est une crise inédite par son ampleur et à plusieurs titres. Elle est en effet politique et démocratique
depuis 2005, économique et sociale depuis 2008, géopolitique depuis 2011. Face à ces défis graves et
simultanés, le risque de la désintégration européenne s’impose, et s’accentue .
Actualité et intérêt du Sujet : Ce sujet est particulièrement intéressant et s’ancre dans l’actualité :
• Le Brexit : le 31 janvier 2020 , le Royaume-Uni quitte officiellement l'Union Européenne. Cet
évènement montre que l’union dysfonctionne , et nécessite un changement, une remise en question,
pour trouver un nouvel équilibre ou une refondation.
• La pandémie de coronavirus : la gestion de la pandémie de Covid-19 démontre également
l'incapacité de l'UE à agir en temps de crise.
Sujet 1 : Crises de l’Union Européenne : vers la dislocation de l’Europe unie ?
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• Le Polexit juridique : Le 7 octobre 2021, le tribunal constitutionnel polonais juge que
l’interprétation des traités européens par la Cours de Justice de l’UE, s’avère parfois incompatible
avec la Constitution de la République de Pologne. Une décision qui revient à affirmer que le droit
polonais prime sur le droit de l’Union européenne.
• La guerre en Ukraine : huit ans après l’annexion de la Crimée par la Russie, Vladimir Poutine a
franchi une nouvelle étape en initiant le 24 février une attaque militaire massive sur l’ensemble du
territoire ukrainien. Ce conflit qui perdure à l’est du Vieux Continent, remet en question la capacité
de l’Union Européenne à fonctionner et persister comme un modèle de valeur, car elle se voit
incapable de faire cesser les violence contre l’Ukraine.
Délimitation spatio-temporelle : le sujet est délimité géographiquement « le bloc géopolitique de
l’Europe »», pour la délimitation chronologique, les candidats doivent analyser les crises qui ont secoué
l’Union Européenne depuis les années 2000 et en expliquer les origines.
Concepts à définir :
• Crise : un processus qui menace de désagrégation une organisation ou un univers de références.
Provoquée par un évènement majeur, elle constitue la rupture soudaine d’un équilibre considéré
comme stable et remet en cause la survie d’un système. Elle peut -être économique, sociale,
géopolitique…
• Union Européenne : l’UE constituant un ensemble régional que Jacques Delors a défini dans les
années 1990 comme une « fédération d’États-nations ». Elle caractérise une organisation régionale
marquée par un processus d’intégration renforcé qui suppose des transferts progressifs de
souveraineté des États-membres vers un nouveau centre composé d’institutions dotées d’une
certaine autonomie. De fait, l’UE constitue une organisation régionale d’un type particulier
puisqu’elle fait coexister des sources d’autorités supranationales représentées par la Commission,
le Parlement voire la Cour de justice européenne et les États qui restent légitimes pour mener des
politiques communes.
Questionnement : Pourquoi l’UE est en difficulté ? N’est-elle pas coupée en deux, avec un Nord
prospère et un Sud qui ne parvient pas à régler ses difficultés ? La multipolarité, la condamne donc à
l’impuissance ?
Le Brexit n’est-il pas le prélude à une déconstruction de l’intégration communautaire ? Les Britanniques
ont-ils montré la voie à suivre ? Ce qui a été tissé pendant plus de 60 ans va-t-il s’effilocher ?
Proposition de problématique : L’action et la politique de l’Union Européenne, sont marquées
fortement par une série de crises. L’idée d’une dislocation de l’Union européenne s’installe avec force.
Face à ces défis, l’Union doit apporter des solutions. Elle doit aussi s’interroger sur son avenir .
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Proposition de Plan :
I. L’Union Européenne est secouée par une polycrise
II. Désarmée face aux crises, l’Union Européenne est menacée de délitement
III. En dépit de ses crises, l’Union Européenne reste un géant économique, mais qui a besoin de
ressaisir son unité.
I. L’ Union Européenne est secouée par une polycrise
L’union européenne traverse une polycrise. L’expression est de Jean-Claude Juncker, président de la
Commission Européenne (2014 - 2019). Elle désigne autant les multiples sujets de tensions auxquels est
confrontée l’Union Européenne (UE) (migrants, cohésion de la zone euro…) que les rapports se nouant
entre eux. Une situation qui fragilise durablement la construction européenne , interroge à nouveau la
solidarité entre les États membres, et révèle une représentation pluriels des intérêts qui condamne l’UE à
l’impuissance.
1. De la crise grecque à la crise de la zone euro :
Le début des années 2000 semblait être un succès pour l’Union Économique et Monétaire alors qu’il
portait les germes de la future crise.
Lorsqu’il s’avère en 2010 que le gouvernement grec ne peut plus financer son déficit sur les marchés de
capitaux, la peur qu’il ne puisse rembourser ses dettes précédentes apparaît. Or les créanciers de la Grèce
sont les grands acteurs financiers européens déjà sévèrement touchés par la crise des subprimes. Donc une
« faillite » de la Grèce pourrait être le coup fatal porté à plusieurs établissements bancaires européens.
Cette faillite serait également la première d’un État d’un pays développé depuis 1945 envoyant un mauvais
signal sur le fonctionnement de la zone euro.
Donc dès 2010, l’Union Européenne doit se mettre au chevet de la Grèce pour tenter de résoudre son
problème d’endettement. Les États de la zone euro mettent en place un fonds européen de stabilité
financière (FESF) qui consiste à émettre des titres sur les marchés ,pour ensuite prêter aux États de la zone
euro privés d’accès aux marchés financiers.
En 2012 , le Mécanisme de stabilité financière (MES) remplace le FESF . Le budget du MES est « hors
budget » européen, et n’est pas présenté au Parlement européen. Face aux difficultés budgétaires
rencontrées par certains pays membres, les solutions apportées restent des solutions intergouvernementales.
Le FMI joue également le rôle de préteur en dernier ressort. Enfin, la Banque Centrale Européenne (BCE)
achète à des établissements bancaires européens des titres grecs en contrepartie de liquidité.
Progressivement ,la dette grecque change de main. Les nouveaux créanciers demandent à la Grèce de
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réduire son déficit et d’être en mesure de rembourser ses dettes. La conséquence sur la croissance est
rapide : le PIB s’effondre et le chômage explose.
Il paraît clair que la Grèce sera dans l’incapacité de rétablir rapidement ses comptes publics , et le risque de
défaut grec réapparait. Ce qui arrive à la Grèce inquiète les marchés financiers qui s’interrogent sur la
solidité d’autres économies « fragilisées » par le choc des subprimes comme l’Irlande, l’Espagne, le
Portugal, l’Italie …ces économies ont vu leur déficit courant se creuser depuis l’entrée dans l’euro.
En effet, Cette crise est assez révélatrice des déficits de fonctionnement qui ont conduit à la mise en œuvre
de la zone euro : en fixant des critères de fonctionnement technique et financier, inspirés du modèle
allemand d’ortho- doxie budgétaire, les États européens n’ont pu procéder aux dévaluations compétitives
auxquelles ils avaient recours en cas de crise financière, avant la formation de l’euro. La BCE , dont le rôle
est d’assurer le respect des critères de convergence définis à Maastricht en 1992, ne peut jouer le rôle de
prêteur en dernier ressort, ce qui a donc contribué à dégrader rapidement la confiance des prêteurs
internationaux envers les pays les plus endettés .Cette crise a ainsi révélé́ les déséquilibres de plus en plus
grands entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud et attisé les crispations, voire les tensions, entre
l’Allemagne et les pays méditerranéens. Elle a aussi remis en question l’efficacité et la légitimité de la zone
euro.
2. Crise migratoire, et crise sanitaire : des crises de solidarité européenne :
En 2015, le Vieux continent a en effet dû faire face à une crise migratoire, trop grave . Au total, c'est
près d'un million de personnes qui sont arrivées en Europe. Les conflits en Irak, en Syrie, en Libye … ont
poussé des centaines de milliers de personnes sur la route de l'exil. Des familles entières ont tenté, en passant
par la Méditerranée ou par les Balkans, de rejoindre l'Europe. Les dirigeants européens peinent à s’entendre,
ils ont agi pour résoudre cette crise. Angela Merkel s'est distinguée en prônant l'ouverture des frontières .
Mais certains ont reproché à la chancelière d'avoir créé un appel d'air, en particulier les pays d'Europe de
l'Est qui se sont trouvés en première ligne. Ces pays (principalement ceux du groupe de Visegrad) se sont
montrés les plus fermés à tout accueil de réfugiés, refusant jusqu’au principe de répartition imaginé par
Jean Claude Juncker, le président de la Commission européenne (système de quotas) . La Hongrie par
exemple, a décidé d'ériger des barrières pour empêcher le passage des migrants.
Cette crise a mis à nu les défauts structurels de l’Europe, a contribué à fragiliser de manière spectaculaire
les dispositifs de contrôle, de tri et d’accueil éventuel des migrants, mis en œuvre par les accords de
Schengen depuis 1995. L’arrivée désordonnée de ces vagues de réfugiés a là encore rappelé les
dysfonctionnements de l’espace Schengen, qui pèsent d’abord sur les pays du Sud, les premiers exposés à
la gestion de ces flux .
En effet , la crise migratoire de 2015, a révélé l’incapacité des États membres à se mettre d'accord ,et que
l'approche de l’UE en matière de migration a créé une crise de la solidarité.
Les fondamentaux de l'Union européenne , sont ébranlés encore une fois par la crise du Covid-19.
Le plan de relance proposé le 18 mai 2020 par la France et l’Allemagne marque par conséquent une rupture
par son ampleur historique et la solidarité qu’il suscite pour dépasser les conséquences économiques de la
crise du COVID-19. Cette solidarité était réclamée et attendue depuis le début de la crise sanitaire par les
pays les plus affectés : l’Italie et l’Espagne. Il a pour objectif de garantir l’intégrité́ du marché́ unique, au
fondement de l’UE, et de la zone euro affectée par la pandémie. C’est dans cet esprit que le plan de 750
milliards d’euros a été conçu. Il propose que cet argent soit directement versé par le canal budgétaire aux
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États, régions et secteurs les plus durement affectés par le COVID-19, sans qu’ils aient à s’endetter
directement.
Bien évidemment, ce principe de relance ne fait pas l’unanimité. Certains pays, ceux que l’on surnomme
les « frugaux » pour leur tendance à respecter l’équilibre budgétaire – Autriche, Pays-Bas, Suède et
Danemark – préfèreraient que cette aide financière soit octroyée aux États membres sous forme de prêts à
rembourser plutôt que sous forme de ce qui revient à une subvention, que devront de fait rembourser
l’ensemble des membres de l’UE. Ils demandent aussi que cette aide s’accompagne de réformes
structurelles. Ce plan de relance est donc loin d’être accepté et fera l’objet de compromis, en dépit de
l’urgence à favoriser le redémarrage de l’économie européenne.
Les 27 États membres de l’Union Européenne finissent par choisir la désarticulation en pleine crise sanitaire
liée au coronavirus. Les divisions ne cessent même de gagner de l’ampleur. Ces fractures qui atteignent
leur paroxysme viennent ainsi mettre fin au prince de la solidarité européenne.
3. Des crises géopolitiques révélatrices d’une impuissance diplomatique :
Les traités de Maastricht et d’Amsterdam ont permis la mise sur pied d’une politique étrangère et de sécurité
commune (PESC). Mais toutes les grandes crises géopolitiques récentes , ont montré que, faute d’une vision
du monde et d’un projet collectif fort, l’Union Européenne demeure un acteur pratiquement inexistant sur
la scène internationale, le plus souvent à la remorque des États-Unis. Ces derniers, en contrôlant
l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), qui assure, de fait, la défense de l’Union européenne,
privent celle-ci d’une véritable politique de défense. Sans défense autonome, solide et imposante, nulle
politique étrangère n’est crédible. L’Europe vérifie ce principe fondamental de la diplomatie sur tous les
terrains des crises, et tout particulièrement dans le conflit israélo-palestinien. Alors qu’elle demeure un
contributeur économique fondamental, son poids diplomatique est négligeable. Les citoyens se désespèrent
devant l’impuissance de l’Europe.
Dans le même ordre d’idée, l’Union européenne ne parvient pas à s'imposer comme une puissance
politique , car ses pays membres peinent à parler d'une seule voix. D’abord, la Russie, reste un point de
tension pour les États membres. Les pays baltes, la Suède, la Pologne lui sont hostiles et la considèrent
comme impérialiste et éloignée des valeurs européennes. Les autres pays conservent un lien fort,
notamment en raison de leur dépendance énergétique en gaz et des intérêts économiques noués par le passé.
La France et L'Allemagne jouent un rôle important dans la désescalade avec la Russie, notamment en
freinant l’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie à l’OTAN (en 2008, l’Ukraine manifestait déjà son désir
d’adhérer à l’organisation par le dépôt d’une demande de participation au Plan d’action pour l’adhésion .
Cependant, l’opposition de la France et de l’Allemagne d’octroyer à l’Ukraine et à la Géorgie le statut de
candidat a repoussé son adhésion).
Ensuite, La relation avec les États-Unis est défendue par des pays atlantistes comme les Pays-Bas, le
Danemark et les pays d’Europe centrale et orientale. La France et l’Allemagne sont les deux pays à
s’opposer aux décisions militaires des États-Unis, notamment lors de la guerre en Irak en 2003, au côté de
la Belgique et du Luxembourg. Là où d’autres pays européens comme l'Italie et les Pays-Bas, avaient
envoyé des troupes armées.
Ces divisions internes ,ont donc nui à la puissance militaire de l’UE. Le hard power européen n'est pas à
la hauteur de ses ambitions mondiales. En fait, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe a
fait du droit le moteur de sa construction : l’usage de la norme a permis aux États membres de dépasser leur
souveraineté, sans pour autant l’abolir, pour s’organiser à l’échelon communautaire. Mais à l’échelle
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internationale, l’Union européenne doit composer avec des acteurs qui ne partagent pas sa préférence pour
la norme et où "le refus de la puissance est perçu comme une impuissance", le rôle du hard power s’avère
donc inéluctable. A l’instar de Robert Kagan , certains considèrent que l’Europe a peu de chances de
s’imposer comme une grande puissance parce qu’elle ne dispose pas de la force militaire, parce qu’elle
n’est pas un « hard power ».
La guerre contre l’Ukraine prouve que l’Europe est en danger .L’invasion brutale de l’Ukraine par la Russie
n’est pas seulement une attaque non provoquée contre un pays souverain qui défend ses droits et sa
démocratie, c’est aussi le plus grand défi à l’ordre européen de sécurité depuis la fin de la Seconde Guerre
mondiale. Face à cette crise, L’UE a réagi avec force sur le terrain économique au travers de sanctions ,
mais sont-elles suffisantes pour s’imposer devant une puissance militaire comme la Russie ?
Faute de parler d'une seule voix, l'UE n'est donc qu'un pion sur l'échiquier mondial, souvent bailleur
de fonds, rarement décideur.
II. Désarmée face aux crises, l’UE est menacée de délitement
Il ne manque pas de raisons de s’inquiéter d’une éventuelle dislocation de l’Union européenne. Les
souverainismes gagnent du terrain dans la plupart des États membres. Les Britanniques ont quitté le navire
alors que la plupart des européens, même les plus fidèles partisans de la construction européenne, sont saisis
par le doute.
1. Une poussée générale d'euroscepticisme et du populisme :
Une poussée générale des formations politiques souverainistes, eurosceptiques, populistes, voire d’extrême-
droite, c’est accélérée en Europe. Ce phénomène n’est pas nouveau, mais prend de l’ampleur sur fond de crise
économique mais aussi de la crise des réfugiés.
C’est observable depuis le milieu des années 1990 avec la montée en puissance des partis eurosceptiques ou
europhobes de droite ou de gauche et le renforcement des sentiments souverainistes (en France, en Allemagne,
au R-U mais de manière générale dans toute l’Europe, y compris en Europe de l’Est). Mais cette défiance
s’est manifestée de manière éclatante en 2005 et 2008 à la suite des « non » français et néerlandais au moment
du référendum sur le projet de traité constitutionnel , puis le "non" irlandais au traité de Lisbonne. L’analyse
des résultats montre que cette défiance touche un nombre de plus en plus grand d’électeurs qui rejettent
le processus de construction européenne tel qu’il est. Celui-ci est jugé de moins en moins protecteur face
aux risques d’un monde de plus en plus ouvert que l’UE ne pilote plus, la montée des tensions et des
concurrences extérieures, constituant autant de menaces au mode de vie des européens.
Face à ces peurs, les peuples se retranchent derrière un sentiment nationaliste de plus en plus exacerbé.
Certes , que les mouvements populistes constituent assurément l’une des perturbations principales à l’égard
des démocraties libérales au XXIe
siècle. Mais , en Europe, ces dynamiques s’accompagnent souvent d’un
euroscepticisme assumé et d’une prétention de remettre le pouvoir entre les mains du « vrai peuple, » dont les
leaders populistes seraient les portes paroles légitimes. Cette mouvance s’est traduite par une consolidation de
l’électorat des partis politiques eurosceptiques dans un certain nombre d’États membres de l’UE au travers des
deux dernières décennies (Rassemblement national en France, AfD en Allemagne, Mouvement Cinq Etoiles
en Italie, Fidesz en Hongrie, …). L’euroscepticisme n’est qu’un indice d’une insatisfaction à l’égard de
l’UE, il hypothèque aujourd’hui l’avenir de l’Union.
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2. Le Brexit : le premier pas vers la désunion ?
Depuis son adhésion à la Communauté Économique Européenne (CEE) en 1973, le Royaume-Uni a
toujours occupé une place à part dans la construction européenne. Partenaire difficile, il a été de manière
systématique en capacité de faire accepter ses positions et d’obtenir des engagements à sa mesure, comme
peuvent en témoigner les multiples exemptions dont il bénéficie .Ayant affirmé dès le Traité de Maastricht
de 1992 son refus de s’engager dans l’Union économique et monétaire, ne faisant pas partie des accords de
Schengen sur la libre circulation des personnes, le Royaume-Uni bénéficie déjà d’un statut particulier dans
l’UE.
En 2016, une majorité d’électeurs britanniques décide de voter en faveur du Brexit. Après plus de trois
années de négociations, le Royaume-Uni quitte l’Union européenne en février 2020 et, pour la première
fois de son histoire, l’Union perd un État membre, passant de vingt-huit à vingt-sept pays. Durant toute
cette période, la menace d’une désintégration européenne s’est largement imposée et continue à
s’imposer.
L’effet de contagion risque d’être délétère. Aux Pays-Bas, au Danemark, en Hongrie ou en République
tchèque, certains se demanderont pourquoi ne pas tenter ce que le Royaume-Uni a réussi. En France, les
leaders du Front national ont été les premiers à se réjouir des résultats du Brexit. Seule la sortie de l’euro
est visée dans les discours. La sortie des britanniques aura donc des conséquences énormes pour ce pays,
mais aussi pour l’ensemble de l’Union européenne.
Après tout, le Brexit ne fait que mettre au grand jour la crise générale de légitimité de l’Union européenne
et les tentations de nombreuses forces politiques de détricoter le processus d’intégration. Il contribue ainsi
à l’émergence d’une Europe à la carte, dans laquelle chacun vient prendre ce qui l’intéresse tout en
s’abstrayant autant que possible des engagements contraires à ses intérêts immédiats. C’est un coup d’arrêt
au processus d’intégration européenne. L’Union européenne se trouve dans la tourmente, dans menace
existentielle représentent un danger imminent et réel pour elle, avec des risques de dislocation .
3. Le Polexit juridique : vers l’exit généralisé ?
Le scénario d'un "Polexit" est né lorsque la juridiction polonaise s'est prononcée, le 7 octobre 2021 ,
contre la "suprématie du droit communautaire européen". Il s'agit d'une décision historique, qui
pourrait menacer l'appartenance de la Pologne à l'Union européenne.
La Cour constitutionnelle polonaise a déclaré que certains articles du traité de l'Union européenne étaient
en effet "incompatibles" avec la constitution polonaise. Elle a ensuite invité les institutions européennes à
ne pas "agir au-delà du champ de leurs compétences" en interférant avec le système judiciaire polonais.
Immédiatement, l'Union européenne a réagi. La présidente de la Commission européenne, préoccupée par
cette décision, s'est engagée à "faire respecter les principes fondateurs" de primauté du droit européen et
des arrêts de la Cour de justice. Le commissaire européen à la Justice, a de son côté affirmé que l'Union
utiliserait "tous les outils" à sa disposition pour protéger la primauté du droit européen.
Au-delà de ce bras de fer, c’est la portée sans précédent de ce jugement qui inquiète à l’échelle de l’UE,
dont le socle repose sur le respect de valeurs communes. « Il constitue un pas décisif vers un Polexit
juridique , soit la sortie de facto de la Pologne du cadre juridique inscrit dans les traités de l’UE .
Ce conflit a fait craindre que la Pologne finisse par quitter l'Union européenne, ce qui pourrait affecter
la stabilité de cette communauté d'États. C’est aussi l’un des symptômes des tentations de désunion qui
menacent aujourd’hui l’Union Européenne et son avenir.
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III. En dépit de ses crises, l’UE reste un géant économique, mais qui a besoin de ressaisir son unité
Malgré l’émergence de la "polycrise" européenne, la fin de l’Europe n’a pas eu lieu. L’Union a renforcé
son organisation "polyarchique" , et continue à s’imposer comme une puissance économique et normative
dans un monde multipolaire. Toutefois pour dépasser ce débat récurrent sur l’avenir de l’Europe, le
renouveau, la reforme et l’adaptation , sont des nécessités pour ressaisir l’unité européenne, et renforcer les
liens entre les États membres.
1. Une puissance économique de premier plan :
Malgré ses différentes crises, l’Europe communautaire a réalisé une œuvre considérable. Elle jouit d’une
puissance économique indiscutable. Avec 15 292 milliards de dollars de PIB en 2020 (13 400 milliards
d’euros selon Eurostat), l’Union européenne à 27 est la parmi les grandes puissance économique du
monde.
Comme le reste du monde, l’Union européenne a été fortement touchée par la crise économique et
financière à partir de 2008. Après plusieurs périodes de récession, elle a renoué avec la croissance à partir
de 2013, son PIB ayant augmenté en moyenne de plus de 2 % par an entre 2015 et 2019.
Les échanges au sein du marché unique (intraeuropéens) restent plus importants en volume que les échanges
entre l’UE et ses partenaires extérieurs : à hauteur de 2 845,2 milliards d’euros en 2020, ils représentent
18,7 % du PIB européen. Les échanges de l’Union avec ses partenaires extérieurs s’élèvent quant à eux à 3
646,6 milliards d’euros en 2020 . L’Union européenne jouit d’un excédent commercial de 217,9 milliards
d’euros vis à vis des pays tiers.
Parmi les principales puissances commerciales du monde, elle est devancée par les États-Unis en matière
d’importations, et par la Chine, son premier partenaire commercial, en matière d’exportations.
L’UE est aussi une puissance industrielle, elle est aujourd’hui la troisième puissance industrielle du
monde, derrière la Chine et les États-Unis. Le continent peut s’appuyer sur de nombreuses entreprises
d’envergure, notamment dans les secteurs de l’automobile, des transports, de la défense, de la
chimie/pharmacie et de l’agroalimentaire en France, ou de l’automobile, de la chimie et de la construction
mécanique en Allemagne. Volkswagen, Daimler, Stellantis (ex PSA), BMW, Siemens ou encore Bosch
sont des références mondiales. L’Italie est quant à elle marquée par une prédominance du textile, de
l’agroalimentaire et de l’automobile, tandis qu’en Pologne, l’extraction minière, la sidérurgie et la chimie
font partie des branches les plus importantes.
Autre facteur de cette puissance économique, c’est l’insertion de l’UE dans la mondialisation . Elle dispose
d'une forte connexion aux principales routes d'échange , de nombreux aéroports de dimension internationale
, une des plus importantes interfaces maritimes, la Northern Range, et une excellente intégration aux
réseaux numériques.
Les métropoles européennes sont des endroits d'impulsion de la mondialisation. À côté de Paris et Londres,
deux villes mondiales de l'espace européen, d'autres métropoles sont dynamiques au niveau international
comme Milan, Berlin, Madrid. La puissance économique européenne est aussi portée par le dynamisme de ses
FTN.
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2. Une puissance normative, et un acteur majeur des négociations économiques internationales :
L’Union Européenne a un poids commercial qui lui donne un pouvoir de négociation. En effet, la
consolidation du marché intérieur a donné aux normes européennes un poids considérable dans le monde,
notamment à travers sa politique commerciale. Ce qui renvoie au choix communautaire de se construire par
le droit plutôt que par la force et à la volonté d’exporter ses normes hors des frontières de l’UE sur le mode
du soft power.
L’Union européenne a longtemps fait partie des principaux prescripteurs en matière de normes
commerciales, sociales et environnementales, notamment à travers ses actions auprès de l’Organisation
Mondiale du Commerce (OMC). Ainsi, la Commission européenne a pu condamner à plusieurs reprises
Microsoft et Google pour abus de position dominante. Elle a ainsi infligé en juillet 2018 une amende record
de 4,34 milliards d’euros à cette dernière entreprise, accusée de profiter de sa position dominante sur le
marché des smartphones pour imposer ses propres applications sur Android. On peut se demander comment
cela est possible dans la mesure où les États-Unis disposent eux-mêmes de règles de concurrence. Cela
s’explique tout simplement par le fait que toute entreprise, même extra-européenne, a intérêt à respecter les
règles de l’UE si elle veut avoir accès à ce marché convoité.
Il en va de même de la politique commerciale commune , qui se voit chargée de favoriser à la fois
l’expansion économique de la zone et d’en exporter les valeurs. Elle a permis à l’UE d’aboutir, lors des
négociations de l’OMC, à des compromis que les pays pris séparément n’auraient sans doute pas obtenu.
Là encore, le poids du marché européen a joué en faveur de l’UE et lui a donné une puissance de négociation
commerciale importante.
En effet, l’action de l’UE utilise deux registres : le pouvoir de contraindre - à travers les conditions posées
à l’accès de tiers à son marché - et le pouvoir de convaincre au moyen de l’efficacité de son modèle de
développement fondé sur le commerce. Ce faisant, l’UE entend aussi exporter ses valeurs : démocratie, Etat
de droit, multilatéralisme et développement durable, à l’échelle mondiale.
Grâce à sa puissance économique, et son modèle basé sur la préférence pour la norme, l’UE est toujours
attractive . Nombreux sont les pays qui déposent leurs candidatures d’adhésion , et qui veulent renforcer
l’intégration européenne.
Toutefois la puissance économique seule, ne peut permettre à l’Union Européenne de juguler les menaces
de désunions. Refonder le projet européen est une condition sine qua non pour faire sortir l’Europe de
cette escalade de crises.
3. Toutefois, sa réforme reste un impératif majeur pour affronter les chocs potentiels à venir :
L’agression armée russe contre l’Ukraine relance avec acuité les discussions sur la défense européenne.
En effet, l’Europe doit devenir une puissance géopolitique et un acteur de sécurité au niveau
international. Il s’agit de renforcer la sécurité des citoyens européens et d’être en capacité d’agir face aux
crises qui éclatent en particulier dans le voisinage de l’UE. Si l’UE parvient à retrouver une influence plus
crédible sur son voisinage à condition de se doter d’une véritable politique étrangère et de défense
commune. Cela suppose de fixer des limites au projet européen sur un plan géographique de façon à donner
des perspectives crédibles à ses voisins, notamment les pays des Balkans, la Turquie, la Moldavie et
l’Ukraine.
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La question des relations avec la Russie est posée : les pays d’Europe centrale et orientale s’inquiètent de
l’instrumentalisation de leurs minorités russes par Moscou comme cela a été fait en Crimée ou dans l’Est
de l’Ukraine. Ils craignent une guerre hybride à leur détriment. Cela suppose de se doter d’une PESC plus
ambitieuse. Ce chantier est déjà en cours : des avancées importantes ont été réalisées notamment s’agissant
de la coopération industrielle en matière de défense mais aussi sur le terrain de la coopération
intergouvernementale. À travers le Fonds européen de défense adopté en 2021 dans sa version actuelle
et doté de 7,9 milliards d’euros pour la période 2021-2027, le budget de l’UE finance pour la première
fois des projets en matière de défense. Parallèlement, les États membres ont adopté en mars 2022 pour
la première fois une Boussole stratégique. La boussole dote l'Union européenne d'un plan d'action
ambitieux pour renforcer la politique de sécurité et de défense de l'UE d'ici à 2030. Elle fournit une
évaluation commune de l'environnement stratégique dans lequel l'Union évolue ainsi que des menaces et
des défis auxquels elle est confrontée, afin de renforcer la capacité de l'UE à agir de manière décisive en
cas de crise et de défendre sa sécurité et ses citoyens.
Les crises peuvent constituer une opportunité à saisir pour refonder le projet européen, si les 27 parviennent
à parler d’une seule voix. C’est le moment de repositionner l’UE sur l’échiquier international, surtout que
l’environnement politique et économique international est très incertain. Cela est également important,
en particulier au regard des situations de crises internationales actuelles comme au Moyen-Orient,
en Afrique…. quand l’Europe parle d’une seule voix, elle se fait entendre.
De surcroit, la réforme institutionnelle doit être prise en considération. Renforcer les liens entre les citoyens
et les institutions, est aujourd’hui une nécessité. Cette réforme doit fournir de nouvelles règles de
fonctionnement aux institutions qui doivent décider des questions qui affectent directement la vie des
citoyens, tant au sens micro que macro, et qui doivent permettre à l'Europe de projeter les valeurs qui la
sous-tendent dans le reste du monde. Il est donc nécessaire de renforcer le sens démocratique de l'Union,
d'une part, et, d'autre part, de la doter d'un processus décisionnel en phase avec l'évolution des temps.
Conclusion :
La construction européenne a déjà connu de nombreuses crises tout au long de son histoire. Mais ce qu'il
est convenu d'appeler aujourd'hui « la polycrise » semble pouvoir remettre en cause l'existence de l'Union
Européenne.
La crise financière et monétaire, la question des migrants et sa gestion contestée, la crise sanitaire et son
manque de solidarité, sont chacune porteuse de conséquences qui peuvent être délétères pour l'Union. Mais
surtout elles font apparaître des fractures entre les États membres et au sein des populations, qui n'ont jamais
été aussi fortes. Elles mettent plus profondément encore en cause les valeurs sur lesquelles est fondée
l'Union Européenne et qui ont été rappelées par le Traité de Lisbonne. Toutefois, l’UE s’est élargie à un
nombre croissant de pays et malgré le départ des Britanniques, elle continue d’attirer d’autres pays
candidats (principalement dans la zone balkanique)..
Si elle reste une aire de haut niveau de développement, le signal retentissant et inattendu constitué par le
Brexit doit permettre de constituer un électrochoc suffisant pour refonder le projet européen, en rendant
11
l’union plus étroite, plus démocratique et plus politique sur un plan intérieur comme extérieur. Pour éviter
un dangereux cercle vicieux, les réflexions sur l’avenir de l’Europe ne doivent pas partir des contraintes
mais d’une définition claire des réformes nécessaires.
En définitive, la construction européenne se trouve à la croisée des chemins, elle oscille entre accord et
désaccord, union et division, intégration et désintégration. Décontenancée, l’Europe est bel et bien à un
tournant institutionnel, économique et géopolitique.
Le tournant géopolitique a d’autant plus de poids à l’heure actuelle, qu’une guerre majeure a été déclenchée
sur le sol européen : Crise russo-ukrainienne. L’UE n’a pas empêché une Russie conquérante de mener une
guerre contre l’Ukraine. Ses rapports avec la Russie nécessitent donc, une révision en profondeur :
s’éloigner ou se rapprocher de la puissance moscovite ? Autrement dit : la Russie , est une opportunité ou
une menace pour l’Union Européenne ?

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  • 1. 1 Corrigé indicatif Sujet dans le programme : au cœur du programme , ce sujet concerne tant la deuxième année que la première année ( pour la maturité des arguments).Toutefois une mobilisation des acquis de la première année est très recevable pour rédiger l’amorce de l’introduction , et aussi expliquer les origines des crises de l’Union Européenne. Propositions d’accroche : « Un jour viendra où l’en verra ces deux groupes immenses, les États-Unis d’Amérique ,les États-Unis d’Europe, placés en face l’un de l’autre, se tentant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies ». Victor Hugo, avant l’exil .Congrès de la paix ,21 août 1849. « L’Europe est un géant économique, un nain politique et un ver de terre lorsqu’il s’agit d’élaborer une capacité de défense ». Le ministre belge des Affaires étrangères de l’époque, Mark Eyskens. « L’Europe ? Quel numéro de téléphone ? ». Henry Kissinger , ancien secrétaire d’État américain , 1970 . Contextualisation : À la fin de la Seconde Guerre mondiale, et dans le but de préserver la paix, l’idée d’une union entre les États européens prend forme. Depuis les années 1950, cette coopération n’a cessé de s’élargir, passant de 6 membres en 1951 à 28 en 2013, puis 27 depuis le 1er février 2020 (Brexit). L’Union européenne qui a eu durant son histoire différents noms (CECA, CEE, UE), a une histoire complexe, faite de succès et d’échecs . Aujourd’hui , elle est devenue l’un des centres névralgiques de la crise en cours au niveau mondial. « Crise » financière et de la dette, « crise des migrants », « crise » démocratique , puis le « Brexit », etc. C’ est une crise inédite par son ampleur et à plusieurs titres. Elle est en effet politique et démocratique depuis 2005, économique et sociale depuis 2008, géopolitique depuis 2011. Face à ces défis graves et simultanés, le risque de la désintégration européenne s’impose, et s’accentue . Actualité et intérêt du Sujet : Ce sujet est particulièrement intéressant et s’ancre dans l’actualité : • Le Brexit : le 31 janvier 2020 , le Royaume-Uni quitte officiellement l'Union Européenne. Cet évènement montre que l’union dysfonctionne , et nécessite un changement, une remise en question, pour trouver un nouvel équilibre ou une refondation. • La pandémie de coronavirus : la gestion de la pandémie de Covid-19 démontre également l'incapacité de l'UE à agir en temps de crise. Sujet 1 : Crises de l’Union Européenne : vers la dislocation de l’Europe unie ?
  • 2. 2 • Le Polexit juridique : Le 7 octobre 2021, le tribunal constitutionnel polonais juge que l’interprétation des traités européens par la Cours de Justice de l’UE, s’avère parfois incompatible avec la Constitution de la République de Pologne. Une décision qui revient à affirmer que le droit polonais prime sur le droit de l’Union européenne. • La guerre en Ukraine : huit ans après l’annexion de la Crimée par la Russie, Vladimir Poutine a franchi une nouvelle étape en initiant le 24 février une attaque militaire massive sur l’ensemble du territoire ukrainien. Ce conflit qui perdure à l’est du Vieux Continent, remet en question la capacité de l’Union Européenne à fonctionner et persister comme un modèle de valeur, car elle se voit incapable de faire cesser les violence contre l’Ukraine. Délimitation spatio-temporelle : le sujet est délimité géographiquement « le bloc géopolitique de l’Europe »», pour la délimitation chronologique, les candidats doivent analyser les crises qui ont secoué l’Union Européenne depuis les années 2000 et en expliquer les origines. Concepts à définir : • Crise : un processus qui menace de désagrégation une organisation ou un univers de références. Provoquée par un évènement majeur, elle constitue la rupture soudaine d’un équilibre considéré comme stable et remet en cause la survie d’un système. Elle peut -être économique, sociale, géopolitique… • Union Européenne : l’UE constituant un ensemble régional que Jacques Delors a défini dans les années 1990 comme une « fédération d’États-nations ». Elle caractérise une organisation régionale marquée par un processus d’intégration renforcé qui suppose des transferts progressifs de souveraineté des États-membres vers un nouveau centre composé d’institutions dotées d’une certaine autonomie. De fait, l’UE constitue une organisation régionale d’un type particulier puisqu’elle fait coexister des sources d’autorités supranationales représentées par la Commission, le Parlement voire la Cour de justice européenne et les États qui restent légitimes pour mener des politiques communes. Questionnement : Pourquoi l’UE est en difficulté ? N’est-elle pas coupée en deux, avec un Nord prospère et un Sud qui ne parvient pas à régler ses difficultés ? La multipolarité, la condamne donc à l’impuissance ? Le Brexit n’est-il pas le prélude à une déconstruction de l’intégration communautaire ? Les Britanniques ont-ils montré la voie à suivre ? Ce qui a été tissé pendant plus de 60 ans va-t-il s’effilocher ? Proposition de problématique : L’action et la politique de l’Union Européenne, sont marquées fortement par une série de crises. L’idée d’une dislocation de l’Union européenne s’installe avec force. Face à ces défis, l’Union doit apporter des solutions. Elle doit aussi s’interroger sur son avenir .
  • 3. 3 Proposition de Plan : I. L’Union Européenne est secouée par une polycrise II. Désarmée face aux crises, l’Union Européenne est menacée de délitement III. En dépit de ses crises, l’Union Européenne reste un géant économique, mais qui a besoin de ressaisir son unité. I. L’ Union Européenne est secouée par une polycrise L’union européenne traverse une polycrise. L’expression est de Jean-Claude Juncker, président de la Commission Européenne (2014 - 2019). Elle désigne autant les multiples sujets de tensions auxquels est confrontée l’Union Européenne (UE) (migrants, cohésion de la zone euro…) que les rapports se nouant entre eux. Une situation qui fragilise durablement la construction européenne , interroge à nouveau la solidarité entre les États membres, et révèle une représentation pluriels des intérêts qui condamne l’UE à l’impuissance. 1. De la crise grecque à la crise de la zone euro : Le début des années 2000 semblait être un succès pour l’Union Économique et Monétaire alors qu’il portait les germes de la future crise. Lorsqu’il s’avère en 2010 que le gouvernement grec ne peut plus financer son déficit sur les marchés de capitaux, la peur qu’il ne puisse rembourser ses dettes précédentes apparaît. Or les créanciers de la Grèce sont les grands acteurs financiers européens déjà sévèrement touchés par la crise des subprimes. Donc une « faillite » de la Grèce pourrait être le coup fatal porté à plusieurs établissements bancaires européens. Cette faillite serait également la première d’un État d’un pays développé depuis 1945 envoyant un mauvais signal sur le fonctionnement de la zone euro. Donc dès 2010, l’Union Européenne doit se mettre au chevet de la Grèce pour tenter de résoudre son problème d’endettement. Les États de la zone euro mettent en place un fonds européen de stabilité financière (FESF) qui consiste à émettre des titres sur les marchés ,pour ensuite prêter aux États de la zone euro privés d’accès aux marchés financiers. En 2012 , le Mécanisme de stabilité financière (MES) remplace le FESF . Le budget du MES est « hors budget » européen, et n’est pas présenté au Parlement européen. Face aux difficultés budgétaires rencontrées par certains pays membres, les solutions apportées restent des solutions intergouvernementales. Le FMI joue également le rôle de préteur en dernier ressort. Enfin, la Banque Centrale Européenne (BCE) achète à des établissements bancaires européens des titres grecs en contrepartie de liquidité. Progressivement ,la dette grecque change de main. Les nouveaux créanciers demandent à la Grèce de
  • 4. 4 réduire son déficit et d’être en mesure de rembourser ses dettes. La conséquence sur la croissance est rapide : le PIB s’effondre et le chômage explose. Il paraît clair que la Grèce sera dans l’incapacité de rétablir rapidement ses comptes publics , et le risque de défaut grec réapparait. Ce qui arrive à la Grèce inquiète les marchés financiers qui s’interrogent sur la solidité d’autres économies « fragilisées » par le choc des subprimes comme l’Irlande, l’Espagne, le Portugal, l’Italie …ces économies ont vu leur déficit courant se creuser depuis l’entrée dans l’euro. En effet, Cette crise est assez révélatrice des déficits de fonctionnement qui ont conduit à la mise en œuvre de la zone euro : en fixant des critères de fonctionnement technique et financier, inspirés du modèle allemand d’ortho- doxie budgétaire, les États européens n’ont pu procéder aux dévaluations compétitives auxquelles ils avaient recours en cas de crise financière, avant la formation de l’euro. La BCE , dont le rôle est d’assurer le respect des critères de convergence définis à Maastricht en 1992, ne peut jouer le rôle de prêteur en dernier ressort, ce qui a donc contribué à dégrader rapidement la confiance des prêteurs internationaux envers les pays les plus endettés .Cette crise a ainsi révélé́ les déséquilibres de plus en plus grands entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud et attisé les crispations, voire les tensions, entre l’Allemagne et les pays méditerranéens. Elle a aussi remis en question l’efficacité et la légitimité de la zone euro. 2. Crise migratoire, et crise sanitaire : des crises de solidarité européenne : En 2015, le Vieux continent a en effet dû faire face à une crise migratoire, trop grave . Au total, c'est près d'un million de personnes qui sont arrivées en Europe. Les conflits en Irak, en Syrie, en Libye … ont poussé des centaines de milliers de personnes sur la route de l'exil. Des familles entières ont tenté, en passant par la Méditerranée ou par les Balkans, de rejoindre l'Europe. Les dirigeants européens peinent à s’entendre, ils ont agi pour résoudre cette crise. Angela Merkel s'est distinguée en prônant l'ouverture des frontières . Mais certains ont reproché à la chancelière d'avoir créé un appel d'air, en particulier les pays d'Europe de l'Est qui se sont trouvés en première ligne. Ces pays (principalement ceux du groupe de Visegrad) se sont montrés les plus fermés à tout accueil de réfugiés, refusant jusqu’au principe de répartition imaginé par Jean Claude Juncker, le président de la Commission européenne (système de quotas) . La Hongrie par exemple, a décidé d'ériger des barrières pour empêcher le passage des migrants. Cette crise a mis à nu les défauts structurels de l’Europe, a contribué à fragiliser de manière spectaculaire les dispositifs de contrôle, de tri et d’accueil éventuel des migrants, mis en œuvre par les accords de Schengen depuis 1995. L’arrivée désordonnée de ces vagues de réfugiés a là encore rappelé les dysfonctionnements de l’espace Schengen, qui pèsent d’abord sur les pays du Sud, les premiers exposés à la gestion de ces flux . En effet , la crise migratoire de 2015, a révélé l’incapacité des États membres à se mettre d'accord ,et que l'approche de l’UE en matière de migration a créé une crise de la solidarité. Les fondamentaux de l'Union européenne , sont ébranlés encore une fois par la crise du Covid-19. Le plan de relance proposé le 18 mai 2020 par la France et l’Allemagne marque par conséquent une rupture par son ampleur historique et la solidarité qu’il suscite pour dépasser les conséquences économiques de la crise du COVID-19. Cette solidarité était réclamée et attendue depuis le début de la crise sanitaire par les pays les plus affectés : l’Italie et l’Espagne. Il a pour objectif de garantir l’intégrité́ du marché́ unique, au fondement de l’UE, et de la zone euro affectée par la pandémie. C’est dans cet esprit que le plan de 750 milliards d’euros a été conçu. Il propose que cet argent soit directement versé par le canal budgétaire aux
  • 5. 5 États, régions et secteurs les plus durement affectés par le COVID-19, sans qu’ils aient à s’endetter directement. Bien évidemment, ce principe de relance ne fait pas l’unanimité. Certains pays, ceux que l’on surnomme les « frugaux » pour leur tendance à respecter l’équilibre budgétaire – Autriche, Pays-Bas, Suède et Danemark – préfèreraient que cette aide financière soit octroyée aux États membres sous forme de prêts à rembourser plutôt que sous forme de ce qui revient à une subvention, que devront de fait rembourser l’ensemble des membres de l’UE. Ils demandent aussi que cette aide s’accompagne de réformes structurelles. Ce plan de relance est donc loin d’être accepté et fera l’objet de compromis, en dépit de l’urgence à favoriser le redémarrage de l’économie européenne. Les 27 États membres de l’Union Européenne finissent par choisir la désarticulation en pleine crise sanitaire liée au coronavirus. Les divisions ne cessent même de gagner de l’ampleur. Ces fractures qui atteignent leur paroxysme viennent ainsi mettre fin au prince de la solidarité européenne. 3. Des crises géopolitiques révélatrices d’une impuissance diplomatique : Les traités de Maastricht et d’Amsterdam ont permis la mise sur pied d’une politique étrangère et de sécurité commune (PESC). Mais toutes les grandes crises géopolitiques récentes , ont montré que, faute d’une vision du monde et d’un projet collectif fort, l’Union Européenne demeure un acteur pratiquement inexistant sur la scène internationale, le plus souvent à la remorque des États-Unis. Ces derniers, en contrôlant l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), qui assure, de fait, la défense de l’Union européenne, privent celle-ci d’une véritable politique de défense. Sans défense autonome, solide et imposante, nulle politique étrangère n’est crédible. L’Europe vérifie ce principe fondamental de la diplomatie sur tous les terrains des crises, et tout particulièrement dans le conflit israélo-palestinien. Alors qu’elle demeure un contributeur économique fondamental, son poids diplomatique est négligeable. Les citoyens se désespèrent devant l’impuissance de l’Europe. Dans le même ordre d’idée, l’Union européenne ne parvient pas à s'imposer comme une puissance politique , car ses pays membres peinent à parler d'une seule voix. D’abord, la Russie, reste un point de tension pour les États membres. Les pays baltes, la Suède, la Pologne lui sont hostiles et la considèrent comme impérialiste et éloignée des valeurs européennes. Les autres pays conservent un lien fort, notamment en raison de leur dépendance énergétique en gaz et des intérêts économiques noués par le passé. La France et L'Allemagne jouent un rôle important dans la désescalade avec la Russie, notamment en freinant l’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie à l’OTAN (en 2008, l’Ukraine manifestait déjà son désir d’adhérer à l’organisation par le dépôt d’une demande de participation au Plan d’action pour l’adhésion . Cependant, l’opposition de la France et de l’Allemagne d’octroyer à l’Ukraine et à la Géorgie le statut de candidat a repoussé son adhésion). Ensuite, La relation avec les États-Unis est défendue par des pays atlantistes comme les Pays-Bas, le Danemark et les pays d’Europe centrale et orientale. La France et l’Allemagne sont les deux pays à s’opposer aux décisions militaires des États-Unis, notamment lors de la guerre en Irak en 2003, au côté de la Belgique et du Luxembourg. Là où d’autres pays européens comme l'Italie et les Pays-Bas, avaient envoyé des troupes armées. Ces divisions internes ,ont donc nui à la puissance militaire de l’UE. Le hard power européen n'est pas à la hauteur de ses ambitions mondiales. En fait, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe a fait du droit le moteur de sa construction : l’usage de la norme a permis aux États membres de dépasser leur souveraineté, sans pour autant l’abolir, pour s’organiser à l’échelon communautaire. Mais à l’échelle
  • 6. 6 internationale, l’Union européenne doit composer avec des acteurs qui ne partagent pas sa préférence pour la norme et où "le refus de la puissance est perçu comme une impuissance", le rôle du hard power s’avère donc inéluctable. A l’instar de Robert Kagan , certains considèrent que l’Europe a peu de chances de s’imposer comme une grande puissance parce qu’elle ne dispose pas de la force militaire, parce qu’elle n’est pas un « hard power ». La guerre contre l’Ukraine prouve que l’Europe est en danger .L’invasion brutale de l’Ukraine par la Russie n’est pas seulement une attaque non provoquée contre un pays souverain qui défend ses droits et sa démocratie, c’est aussi le plus grand défi à l’ordre européen de sécurité depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Face à cette crise, L’UE a réagi avec force sur le terrain économique au travers de sanctions , mais sont-elles suffisantes pour s’imposer devant une puissance militaire comme la Russie ? Faute de parler d'une seule voix, l'UE n'est donc qu'un pion sur l'échiquier mondial, souvent bailleur de fonds, rarement décideur. II. Désarmée face aux crises, l’UE est menacée de délitement Il ne manque pas de raisons de s’inquiéter d’une éventuelle dislocation de l’Union européenne. Les souverainismes gagnent du terrain dans la plupart des États membres. Les Britanniques ont quitté le navire alors que la plupart des européens, même les plus fidèles partisans de la construction européenne, sont saisis par le doute. 1. Une poussée générale d'euroscepticisme et du populisme : Une poussée générale des formations politiques souverainistes, eurosceptiques, populistes, voire d’extrême- droite, c’est accélérée en Europe. Ce phénomène n’est pas nouveau, mais prend de l’ampleur sur fond de crise économique mais aussi de la crise des réfugiés. C’est observable depuis le milieu des années 1990 avec la montée en puissance des partis eurosceptiques ou europhobes de droite ou de gauche et le renforcement des sentiments souverainistes (en France, en Allemagne, au R-U mais de manière générale dans toute l’Europe, y compris en Europe de l’Est). Mais cette défiance s’est manifestée de manière éclatante en 2005 et 2008 à la suite des « non » français et néerlandais au moment du référendum sur le projet de traité constitutionnel , puis le "non" irlandais au traité de Lisbonne. L’analyse des résultats montre que cette défiance touche un nombre de plus en plus grand d’électeurs qui rejettent le processus de construction européenne tel qu’il est. Celui-ci est jugé de moins en moins protecteur face aux risques d’un monde de plus en plus ouvert que l’UE ne pilote plus, la montée des tensions et des concurrences extérieures, constituant autant de menaces au mode de vie des européens. Face à ces peurs, les peuples se retranchent derrière un sentiment nationaliste de plus en plus exacerbé. Certes , que les mouvements populistes constituent assurément l’une des perturbations principales à l’égard des démocraties libérales au XXIe siècle. Mais , en Europe, ces dynamiques s’accompagnent souvent d’un euroscepticisme assumé et d’une prétention de remettre le pouvoir entre les mains du « vrai peuple, » dont les leaders populistes seraient les portes paroles légitimes. Cette mouvance s’est traduite par une consolidation de l’électorat des partis politiques eurosceptiques dans un certain nombre d’États membres de l’UE au travers des deux dernières décennies (Rassemblement national en France, AfD en Allemagne, Mouvement Cinq Etoiles en Italie, Fidesz en Hongrie, …). L’euroscepticisme n’est qu’un indice d’une insatisfaction à l’égard de l’UE, il hypothèque aujourd’hui l’avenir de l’Union.
  • 7. 7 2. Le Brexit : le premier pas vers la désunion ? Depuis son adhésion à la Communauté Économique Européenne (CEE) en 1973, le Royaume-Uni a toujours occupé une place à part dans la construction européenne. Partenaire difficile, il a été de manière systématique en capacité de faire accepter ses positions et d’obtenir des engagements à sa mesure, comme peuvent en témoigner les multiples exemptions dont il bénéficie .Ayant affirmé dès le Traité de Maastricht de 1992 son refus de s’engager dans l’Union économique et monétaire, ne faisant pas partie des accords de Schengen sur la libre circulation des personnes, le Royaume-Uni bénéficie déjà d’un statut particulier dans l’UE. En 2016, une majorité d’électeurs britanniques décide de voter en faveur du Brexit. Après plus de trois années de négociations, le Royaume-Uni quitte l’Union européenne en février 2020 et, pour la première fois de son histoire, l’Union perd un État membre, passant de vingt-huit à vingt-sept pays. Durant toute cette période, la menace d’une désintégration européenne s’est largement imposée et continue à s’imposer. L’effet de contagion risque d’être délétère. Aux Pays-Bas, au Danemark, en Hongrie ou en République tchèque, certains se demanderont pourquoi ne pas tenter ce que le Royaume-Uni a réussi. En France, les leaders du Front national ont été les premiers à se réjouir des résultats du Brexit. Seule la sortie de l’euro est visée dans les discours. La sortie des britanniques aura donc des conséquences énormes pour ce pays, mais aussi pour l’ensemble de l’Union européenne. Après tout, le Brexit ne fait que mettre au grand jour la crise générale de légitimité de l’Union européenne et les tentations de nombreuses forces politiques de détricoter le processus d’intégration. Il contribue ainsi à l’émergence d’une Europe à la carte, dans laquelle chacun vient prendre ce qui l’intéresse tout en s’abstrayant autant que possible des engagements contraires à ses intérêts immédiats. C’est un coup d’arrêt au processus d’intégration européenne. L’Union européenne se trouve dans la tourmente, dans menace existentielle représentent un danger imminent et réel pour elle, avec des risques de dislocation . 3. Le Polexit juridique : vers l’exit généralisé ? Le scénario d'un "Polexit" est né lorsque la juridiction polonaise s'est prononcée, le 7 octobre 2021 , contre la "suprématie du droit communautaire européen". Il s'agit d'une décision historique, qui pourrait menacer l'appartenance de la Pologne à l'Union européenne. La Cour constitutionnelle polonaise a déclaré que certains articles du traité de l'Union européenne étaient en effet "incompatibles" avec la constitution polonaise. Elle a ensuite invité les institutions européennes à ne pas "agir au-delà du champ de leurs compétences" en interférant avec le système judiciaire polonais. Immédiatement, l'Union européenne a réagi. La présidente de la Commission européenne, préoccupée par cette décision, s'est engagée à "faire respecter les principes fondateurs" de primauté du droit européen et des arrêts de la Cour de justice. Le commissaire européen à la Justice, a de son côté affirmé que l'Union utiliserait "tous les outils" à sa disposition pour protéger la primauté du droit européen. Au-delà de ce bras de fer, c’est la portée sans précédent de ce jugement qui inquiète à l’échelle de l’UE, dont le socle repose sur le respect de valeurs communes. « Il constitue un pas décisif vers un Polexit juridique , soit la sortie de facto de la Pologne du cadre juridique inscrit dans les traités de l’UE . Ce conflit a fait craindre que la Pologne finisse par quitter l'Union européenne, ce qui pourrait affecter la stabilité de cette communauté d'États. C’est aussi l’un des symptômes des tentations de désunion qui menacent aujourd’hui l’Union Européenne et son avenir.
  • 8. 8 III. En dépit de ses crises, l’UE reste un géant économique, mais qui a besoin de ressaisir son unité Malgré l’émergence de la "polycrise" européenne, la fin de l’Europe n’a pas eu lieu. L’Union a renforcé son organisation "polyarchique" , et continue à s’imposer comme une puissance économique et normative dans un monde multipolaire. Toutefois pour dépasser ce débat récurrent sur l’avenir de l’Europe, le renouveau, la reforme et l’adaptation , sont des nécessités pour ressaisir l’unité européenne, et renforcer les liens entre les États membres. 1. Une puissance économique de premier plan : Malgré ses différentes crises, l’Europe communautaire a réalisé une œuvre considérable. Elle jouit d’une puissance économique indiscutable. Avec 15 292 milliards de dollars de PIB en 2020 (13 400 milliards d’euros selon Eurostat), l’Union européenne à 27 est la parmi les grandes puissance économique du monde. Comme le reste du monde, l’Union européenne a été fortement touchée par la crise économique et financière à partir de 2008. Après plusieurs périodes de récession, elle a renoué avec la croissance à partir de 2013, son PIB ayant augmenté en moyenne de plus de 2 % par an entre 2015 et 2019. Les échanges au sein du marché unique (intraeuropéens) restent plus importants en volume que les échanges entre l’UE et ses partenaires extérieurs : à hauteur de 2 845,2 milliards d’euros en 2020, ils représentent 18,7 % du PIB européen. Les échanges de l’Union avec ses partenaires extérieurs s’élèvent quant à eux à 3 646,6 milliards d’euros en 2020 . L’Union européenne jouit d’un excédent commercial de 217,9 milliards d’euros vis à vis des pays tiers. Parmi les principales puissances commerciales du monde, elle est devancée par les États-Unis en matière d’importations, et par la Chine, son premier partenaire commercial, en matière d’exportations. L’UE est aussi une puissance industrielle, elle est aujourd’hui la troisième puissance industrielle du monde, derrière la Chine et les États-Unis. Le continent peut s’appuyer sur de nombreuses entreprises d’envergure, notamment dans les secteurs de l’automobile, des transports, de la défense, de la chimie/pharmacie et de l’agroalimentaire en France, ou de l’automobile, de la chimie et de la construction mécanique en Allemagne. Volkswagen, Daimler, Stellantis (ex PSA), BMW, Siemens ou encore Bosch sont des références mondiales. L’Italie est quant à elle marquée par une prédominance du textile, de l’agroalimentaire et de l’automobile, tandis qu’en Pologne, l’extraction minière, la sidérurgie et la chimie font partie des branches les plus importantes. Autre facteur de cette puissance économique, c’est l’insertion de l’UE dans la mondialisation . Elle dispose d'une forte connexion aux principales routes d'échange , de nombreux aéroports de dimension internationale , une des plus importantes interfaces maritimes, la Northern Range, et une excellente intégration aux réseaux numériques. Les métropoles européennes sont des endroits d'impulsion de la mondialisation. À côté de Paris et Londres, deux villes mondiales de l'espace européen, d'autres métropoles sont dynamiques au niveau international comme Milan, Berlin, Madrid. La puissance économique européenne est aussi portée par le dynamisme de ses FTN.
  • 9. 9 2. Une puissance normative, et un acteur majeur des négociations économiques internationales : L’Union Européenne a un poids commercial qui lui donne un pouvoir de négociation. En effet, la consolidation du marché intérieur a donné aux normes européennes un poids considérable dans le monde, notamment à travers sa politique commerciale. Ce qui renvoie au choix communautaire de se construire par le droit plutôt que par la force et à la volonté d’exporter ses normes hors des frontières de l’UE sur le mode du soft power. L’Union européenne a longtemps fait partie des principaux prescripteurs en matière de normes commerciales, sociales et environnementales, notamment à travers ses actions auprès de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Ainsi, la Commission européenne a pu condamner à plusieurs reprises Microsoft et Google pour abus de position dominante. Elle a ainsi infligé en juillet 2018 une amende record de 4,34 milliards d’euros à cette dernière entreprise, accusée de profiter de sa position dominante sur le marché des smartphones pour imposer ses propres applications sur Android. On peut se demander comment cela est possible dans la mesure où les États-Unis disposent eux-mêmes de règles de concurrence. Cela s’explique tout simplement par le fait que toute entreprise, même extra-européenne, a intérêt à respecter les règles de l’UE si elle veut avoir accès à ce marché convoité. Il en va de même de la politique commerciale commune , qui se voit chargée de favoriser à la fois l’expansion économique de la zone et d’en exporter les valeurs. Elle a permis à l’UE d’aboutir, lors des négociations de l’OMC, à des compromis que les pays pris séparément n’auraient sans doute pas obtenu. Là encore, le poids du marché européen a joué en faveur de l’UE et lui a donné une puissance de négociation commerciale importante. En effet, l’action de l’UE utilise deux registres : le pouvoir de contraindre - à travers les conditions posées à l’accès de tiers à son marché - et le pouvoir de convaincre au moyen de l’efficacité de son modèle de développement fondé sur le commerce. Ce faisant, l’UE entend aussi exporter ses valeurs : démocratie, Etat de droit, multilatéralisme et développement durable, à l’échelle mondiale. Grâce à sa puissance économique, et son modèle basé sur la préférence pour la norme, l’UE est toujours attractive . Nombreux sont les pays qui déposent leurs candidatures d’adhésion , et qui veulent renforcer l’intégration européenne. Toutefois la puissance économique seule, ne peut permettre à l’Union Européenne de juguler les menaces de désunions. Refonder le projet européen est une condition sine qua non pour faire sortir l’Europe de cette escalade de crises. 3. Toutefois, sa réforme reste un impératif majeur pour affronter les chocs potentiels à venir : L’agression armée russe contre l’Ukraine relance avec acuité les discussions sur la défense européenne. En effet, l’Europe doit devenir une puissance géopolitique et un acteur de sécurité au niveau international. Il s’agit de renforcer la sécurité des citoyens européens et d’être en capacité d’agir face aux crises qui éclatent en particulier dans le voisinage de l’UE. Si l’UE parvient à retrouver une influence plus crédible sur son voisinage à condition de se doter d’une véritable politique étrangère et de défense commune. Cela suppose de fixer des limites au projet européen sur un plan géographique de façon à donner des perspectives crédibles à ses voisins, notamment les pays des Balkans, la Turquie, la Moldavie et l’Ukraine.
  • 10. 10 La question des relations avec la Russie est posée : les pays d’Europe centrale et orientale s’inquiètent de l’instrumentalisation de leurs minorités russes par Moscou comme cela a été fait en Crimée ou dans l’Est de l’Ukraine. Ils craignent une guerre hybride à leur détriment. Cela suppose de se doter d’une PESC plus ambitieuse. Ce chantier est déjà en cours : des avancées importantes ont été réalisées notamment s’agissant de la coopération industrielle en matière de défense mais aussi sur le terrain de la coopération intergouvernementale. À travers le Fonds européen de défense adopté en 2021 dans sa version actuelle et doté de 7,9 milliards d’euros pour la période 2021-2027, le budget de l’UE finance pour la première fois des projets en matière de défense. Parallèlement, les États membres ont adopté en mars 2022 pour la première fois une Boussole stratégique. La boussole dote l'Union européenne d'un plan d'action ambitieux pour renforcer la politique de sécurité et de défense de l'UE d'ici à 2030. Elle fournit une évaluation commune de l'environnement stratégique dans lequel l'Union évolue ainsi que des menaces et des défis auxquels elle est confrontée, afin de renforcer la capacité de l'UE à agir de manière décisive en cas de crise et de défendre sa sécurité et ses citoyens. Les crises peuvent constituer une opportunité à saisir pour refonder le projet européen, si les 27 parviennent à parler d’une seule voix. C’est le moment de repositionner l’UE sur l’échiquier international, surtout que l’environnement politique et économique international est très incertain. Cela est également important, en particulier au regard des situations de crises internationales actuelles comme au Moyen-Orient, en Afrique…. quand l’Europe parle d’une seule voix, elle se fait entendre. De surcroit, la réforme institutionnelle doit être prise en considération. Renforcer les liens entre les citoyens et les institutions, est aujourd’hui une nécessité. Cette réforme doit fournir de nouvelles règles de fonctionnement aux institutions qui doivent décider des questions qui affectent directement la vie des citoyens, tant au sens micro que macro, et qui doivent permettre à l'Europe de projeter les valeurs qui la sous-tendent dans le reste du monde. Il est donc nécessaire de renforcer le sens démocratique de l'Union, d'une part, et, d'autre part, de la doter d'un processus décisionnel en phase avec l'évolution des temps. Conclusion : La construction européenne a déjà connu de nombreuses crises tout au long de son histoire. Mais ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui « la polycrise » semble pouvoir remettre en cause l'existence de l'Union Européenne. La crise financière et monétaire, la question des migrants et sa gestion contestée, la crise sanitaire et son manque de solidarité, sont chacune porteuse de conséquences qui peuvent être délétères pour l'Union. Mais surtout elles font apparaître des fractures entre les États membres et au sein des populations, qui n'ont jamais été aussi fortes. Elles mettent plus profondément encore en cause les valeurs sur lesquelles est fondée l'Union Européenne et qui ont été rappelées par le Traité de Lisbonne. Toutefois, l’UE s’est élargie à un nombre croissant de pays et malgré le départ des Britanniques, elle continue d’attirer d’autres pays candidats (principalement dans la zone balkanique).. Si elle reste une aire de haut niveau de développement, le signal retentissant et inattendu constitué par le Brexit doit permettre de constituer un électrochoc suffisant pour refonder le projet européen, en rendant
  • 11. 11 l’union plus étroite, plus démocratique et plus politique sur un plan intérieur comme extérieur. Pour éviter un dangereux cercle vicieux, les réflexions sur l’avenir de l’Europe ne doivent pas partir des contraintes mais d’une définition claire des réformes nécessaires. En définitive, la construction européenne se trouve à la croisée des chemins, elle oscille entre accord et désaccord, union et division, intégration et désintégration. Décontenancée, l’Europe est bel et bien à un tournant institutionnel, économique et géopolitique. Le tournant géopolitique a d’autant plus de poids à l’heure actuelle, qu’une guerre majeure a été déclenchée sur le sol européen : Crise russo-ukrainienne. L’UE n’a pas empêché une Russie conquérante de mener une guerre contre l’Ukraine. Ses rapports avec la Russie nécessitent donc, une révision en profondeur : s’éloigner ou se rapprocher de la puissance moscovite ? Autrement dit : la Russie , est une opportunité ou une menace pour l’Union Européenne ?