1. On vous dit souvent quand vous êtes enfant "fais des études, tu iras loin". Alors, avec votre
âme d'enfant, vous écoutez et vous rêvez à un avenir prometteur.
Primaire, collège, lycée, les années passent et la difficulté augmente. Vous arrivez en seconde
et là on vous présente une feuille de vœux avec 3 choix à déterminer. Alors vous vous mettez
à rêver de votre carrière avec toute l'insouciance qui en découle…
En rentrant de l'école, vous vous mettez à discuter avec vos parents qui vous encouragent
dans ce rêve. Ils vous confortent dans vos idées en vous disant que, "pour réussir, il faut
travailler, faire des études".
La porte de la terminale se referme, on vous demande de sélectionner un seul vœu. Alors vous
commencez les démarches administratives, appartement, inscription à la fac… et puis vous
vous séparez de vos amis, en vous faisant la promesse de vous revoir aussi souvent que
possible.
La rentrée arrive, vous êtes surexcité car le mot indépendance prend enfin tout son sens!
Les années passent, vous profitez de ces études, des sorties et des apéros entre amis.
Arrivé à la fin de votre licence, on vous demande encore un choix, arrêter ou continuer ?
Dans votre tête tout se bouscule, vous avez envie d'arrêter et gagner votre vie mais les mots
de vos parents raisonnent…
Allez ! Plus que deux ans, c'est quoi?
Vous commencez votre Master, le personnel enseignant à l'air sympa. Tiens? On ne vous
materne plus! Vous avez l'impression de devenir un adulte important. Les jours passent et on
vous conforte dans l'idée que vous avez fait le bon choix, que votre carrière est toute tracée.
Vous souriez, vous parents avaient raison.
Vous commencez alors à faire des stages, vous êtes reconnu. On vous conseille de partir à
l'étranger car "les recruteurs aiment ça". On vous qualifie de "méritant "car vous n'avez pas
choisi le cursus de tout le monde et votre école ne dispose pas d'un réseau d'entreprises.
Alors vous y croyez. Vos examens deviennent difficiles. Vous commencez à ne plus être
présent au repas de famille du dimanche. Mais ce n'est pas si grave? Vous êtes en train de
devenir quelqu'un!
Vous enchaînez les nuits blanches avec les potes de Master! Vous êtes une sacrée team!
Toujours là pour se soutenir!
Et puis un jour... on vous remet une feuille, le Saint Graal! Vous êtes heureux, vous avez
accompli votre mission, la mission de vos parents.
Débute alors les recherches! Vous regardez les offres en bac+5, on vous demande de
l'expérience mais "c'est pas grave", vous avait dit votre responsable de Master! Ne vous
arrêtez pas à cela!
Alors vous y croyez. 5, 10, 100, 200, 300 candidatures envoyées… 1, 2, 3, 4 entretiens
décrochés.
On vous dit que votre choix est courageux, on apprécie votre profil mais au fond on ne vous
embauche pas.
Alors vous commencez à travailler pour gagner votre vie !
Certaines personnes rient de vous : "faire bac +5 pour en arriver là !" Ce n'est pas grave,
vous continuer votre chemin. Vos parents ne comprennent pas, pensant que vous aviez fait le
bon choix. Pôle emploi (polo pour les intimes) ne comprend pas non plus! A chaque rendez-
vous on vous dit des mots "crise, impuissant, marché du travail, difficile". Alors avec votre
regard d'enfant, vous ne comprenez plus non plus!
2. Vous commencez à vous isoler, certains de vos amis sont toujours présents car ils
sont dans le même bateau… d'autres disparaissent car vous considèrent comme "fainéant" et
"peu courageux". Alors vous continuez à naviguer… vous continuez à avoir des entretiens
mais rien n'aboutit, "trop de" "pas assez de". Mais pourtant j'avais fait le bon choix?
Votre famille s'impatiente, votre entourage ne comprend plus, ne VOUS comprend plus.
Alors vous vous renfermez sur vous-même.
Un jour quelqu'un ouvrira les yeux et trouvera que j'ai fait le bon choix. Qu'être au chômage
ou enchaîner des petits contrats n'est pas une tare. Que j'ai autant de mérite qu'une autre
personne et que j'ai le droit d'être reconnue.
Un jour un employeur ouvrira les yeux, et il mettra fin à la discrimination du diplôme.
Valérie MOUTHON