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FICTION
UNE RENCONTRE ORIGINALE qui marquera
Silence, on tue! l’histoire des musiques du monde.
DEUX FRÈRES, Khaled et Kamel, habitent
un village illégal dans le désert du Néguev,
près de Beersheba. Ils font partie de la
communauté arabophone des Bédouins,
qui entend continuer à vivre sur son terri-
toire ancestral malgré les injonctions des
autorités d’Israël qui veulent sédentariser
de gré ou de force cette population semi-
nomade. Racontant la résistance – chacun
à sa manière – des deux personnages
principaux à une énième décision de
destruction de leurs misérables habita-
tions isolées dans un magnifique paysage
aride et caillouteux, ce film de fiction à la
beauté austère peut aussi se voir comme
un excellent documentaire sur le sort
tragique des Bédouins d’Israël. Une mino-
rité silencieuse menacée d’ethnocide. ●
RENAUD DE ROCHEBRUNE
HIM MEDIAS
Sharqiya, d’Ami Livne ■■■
ALBUM
COMPILATION
Passerelle musicale
Funky attitude Le groupe français Fanga et le Marocain Maalem Abdallah Guinea
Deuxième volet de la série Ivory Coast fusionnent afrobeat et musique gnawa. Réjouissant.
E
Soul, dont le premier faisait un état des
lieux du mouvement afro-funk de la côte n 2011, le festival Détours du prise afin de conserver les émotions
ouest africaine, ce nouvel opus se monde de Chanac (Lozère) ressenties lors du concert.
concentre exclusivement sur la période invitait le groupe Fanga et le Le résultat sonne alors comme une
de la fin des années 1970. Cette Marocain Maalem Abdallah évidence: chaque composition navigue
compilation élaborée par des diggers Guinea à donner un concert ensemble. entre univers gnawa et rythme afrobeat
(mélomanes qui fouillent dans les piles L’occasion de créer un pont entre l’afro- sans rupture, sans choc. Les deux styles
de disques pour déterrer des trésors beat et la musique gnawa, deux genres se marient le plus naturellement du
oubliés) recense des artistes qui ont pour provenant de pays africains distants (le monde. Les thèmes abordés dans les
point commun d’être de grands amateurs Nigeria et le Maroc) mais qui ont pour paroles rappellent les traditions ances-
de James Brown et qui ont su allier funk point commun d’emmener les musi- trales africaines. Le guembri (luth à trois
et héritage musical traditionnel. ● ciens et leurs auditeurs vers différentes cordes) est dynamisé par les cuivres et
formes de transe. Cette rencontre fut les percussions africaines. La dimen-
le point de départ d’une association sion plus brute de la musique de Lagos
bigarrée. est adoucie par l’apport des crotales
(percussions formées de deux plaques
ÉMOTIONS. Quelques répétitions métalliques s’utilisant comme des casta-
communes ont suffi entre le groupe gnettes). L’ensemble enchante et donne
montpelliérain et le Gnawa accom- envie de prolonger l’expérience auditive
pagné de son groupe Nasse Ejadba sur scène. Un véritable témoignage de
pour que chacun trouve sa place. Les la fusion de deux cultures musicales
deux formations réunies revisitent alors plus proches qu’il n’y paraissait au
quelques-uns des titres phares de Fanga départ. Il y a fort à parier que Fangnawa
pour faciliter l’intégration des sonorités Experience deviendra un album phare
gnawas et se lancent dans une com- des musiques du monde, à l’instar de
position originale. Tous les titres de Expensive Shit de Fela ou du WakAfrika
l’album sont enregistrés en une seule de Manu Dibango. ● JÉRÔME BESNAULT
Ivory Coast Soul, Volume 2 Fangnawa Experience, de Fanga et Maalem Abdallah Guinea (Strut/La
(Hot Casa) ■■■ Baleine), sortie le 13 novembre ■■■
N o 2705 • DU 11 AU 17 NOVEMBRE 2012 JEUNE AFRIQUE