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Mémoire de fin d’étude pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) en
OCEANOLOGIE APPLIQUEE
Option : Gestion des ressources marines
ETUDE DES ACTIVITES D’EXPLOITATION
DES POISSONS D’AQUARIUM RECIFAUX
DANS LA REGION SUD OUEST DE
MADAGASCAR
2018
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE DE TOLIARA
INSTITUT HALIEUTIQUE ET DES SCIENCES MARINES
----------------------------------------------
Présenté par : RAHOASA Ndriamparany Hervé
Soutenu le 17 octobre 2018
Membres de jury :
Président : Dr. MANERA Jean Yves
Rapporteur: Dr. TODINANAHARY Gildas Georges Boleslas
Examinateur : Dr. RASOAMANANTO Irène
Examinateur : Dr. RAZANOELISOA Jacqueline
i
REMERCIEMENTS
J’aimerais remercier les personnes qui ont été impliquées, de près ou de loin, dans la réalisation de ce mémoire. Mes
vifs remerciements et ma profonde gratitude sont dirigés envers les personnes suivantes :
o Dr. MAHAFINA Jamal Angelot, Directeur de l’Institut Halieutique et des Sciences Marines
(IH.SM), Maître de conférences, Enseignant-chercheur à l’IH.SM, de m’avoir accueilli au sein de l’institut
pour mettre à terme mon 3ème cycle universitaire.
o Dr. RANIVOARIVELO Lantoasinoro, Responsable Mention à l’IH.SM, de m’avoir donné
l’autorisation à réaliser cette étude.
o Dr. TODINANAHARY Gildas Georges Boleslas, Maître de conférences à l’IH.SM. Merci d’avoir
accepté sans hésitation de m’encadrer, consacré du temps pour juger à bien et à terme ce travail et de me
prodiguer de judicieuses suggestions. Travailler avec vous m’a permis d’approfondir mes connaissances.
o Dr. LAVITRA Thierry, Maître de conférences, ancien Directeur de l’IH.SM, mon mentor, de m’avoir
suggéré de m’intégrer dans la société Reef Project en me proposant ce thème. Merci pour votre support ;
o Dr. RAVELO Vololonavalona, Maître de conférences à l’IH.SM, de m’avoir fourni des informations
indispensables pour l’exécution de ce travail ;
o Dr. RAZANOELISOA Jacqueline d’avoir corrigé le fond et la forme de ce mémoire ;
o Tous les Enseignants de l’IH.SM pour m’avoir enrichi de connaissances ;
o Dr. RAKOTOMAMONJY Notahiny Andrée, Directeur de l’Autorité Sanitaire Halieutique au
niveau du Ministère de la Pêche et des ressources halieutiques, de m’avoir fourni les données statistiques
relatives à cette étude ;
o Monsieur JEAN Claude de m’avoir fourni les données statistiques au niveau de la Direction Régional
edes ressources halieutiques et de la Pêche dans le Sud-Ouest de Madagascar ;
o Monsieur Wayne Morrison, Propriétaire de la société « Reef Project », de m’avoir offert l’opportunité
d’exploiter les données de la société sans exception et sans limite pour réaliser mon mémoire ;
o Monsieur VONINAHITSY Mario, propriétaire de la société Matata et Monsieur KAMBETA
Rakotomalala Prisca, responsable de la société à Toliara, de m’avoir permis de collecter les données
nécessaires pour mener à bien ce travail ;
o Toutes les personnes qui ont apporté leur soutien pour mener à bien ce mémoire en particulier MARIE
Louise Paulinarda, RASOLOFOARIVONY Velompanahy Nestin, BEMANA Njara José,
RAZAKANDRAINY Adriamanjato et RAMANANTENASOA François Nestor ;
o Mes très chers parents, mes tuteurs, mes chers frères et sœurs pour leur soutien sans faille ;
o A ceux qui aiment la mer et qui la respectent.
ii
RESUME
Des études d’exploitation et de gestion de poissons d’aquarium récifaux, développés et suggérés
dans ce travail, restent insuffisantes à Madagascar, malgré le nombre de sociétés exportatrices
installé depuis 2001. En effet, des enquêtes ont été menées au sein des administrations
nationales concernées pour évaluer le niveau d’exploitation de poissons d’aquarium. Un suivi
de paramètres d’exploitations, entre avril et septembre 2016, a été également effectué, au sein
de Matata et surtout Reef Project à Toliara, complémenté par une étude de marché local en
2017. Dix articles de la loi n° 2015-053 portant le code de la pêche et de l’aquaculture, amandé
en 2017 sont principalement référées pour situer les règlements, en vigueur, conformes à
l’exploitation de poissons d’aquarium. Avant d'exporter, surtout aux États-Unis, 18 poissons
pris par sortie et par groupe de pêcheurs tous les 2 jours ont été maintenus vivants dans une
unité de conditionnement pendant 5 jours. Ce qui donne un taux de survie de70,36%±22,83,
possible d’être amélioré. Zebrasoma gemmatum est l’espèce la plus capturée et exportée.
Madagascar a exporté 1 701 poissons, repartis en 39 espèces, entre 2015 et 2017. Un poisson
d’aquarium, considéré comme poisson de bouche au marché local, coûte moins de 250 Ar alors
qu’un pêcheur touche 500 Ar (Chromis viridis) à 50 000Ar (Z. gemmatum) au sein des sociétés
exportatrices. Ces prix montent de 74 000 Ar à 4 370 000Ar au marché international. Dans cette
filière, un pêcheur gagne mensuellement 2,5 fois du salaire minimum d’embauche (430 000
Ar). Ce qui incite à développer et pérenniser l’aquariophilie marine par l’amélioration du
système d’exploitation et de gestion de poissons d’aquarium qui implique l’établissement des
arrêtés appropriés. Des études approfondies de la bio écologie et l’état de stock de poissons
d’aquarium devraient être menées afin de fournir de base du plan de gestion de la filière.
Mots clés: Pêcheurs, poissons d’aquarium, coraux, législation, Reef Project, Matata, Sud-
Ouest, Madagascar
iii
ABSTRACT
Farms and management of coral ornamental fish was developed and suggested in this work.
The field remain insufficient for Madagascar, despite the number of exporting companies
installed since 2001. Indeed, surveys have been conducted in the national administrations
concerned to evaluate the level of exploitation of aquarium fish. A monitoring of operating
parameters, between April and September 2016, was carried out, within Matata and especially
Reef Project in Toliara, supplemented by a local market study in 2017. Ten articles, n ° 2015-
053 bearing code of fishing and aquaculture were amended in 2017which are mainly referred
to locate the regulations, in force, consistent with the exploitation of ornamental fish. Before
exporting abroad, especially to the United States. 18 fish caught per outing and per group of
fishermen every 2 days were kept alive in a packing unit for 5 days. Which gives a survival rate
of 70.36% ± 22.83, possible to be improved. Zebrasoma gemmatum is the most commonly
caught and exported species. Madagascar has exported 1,701 fish, distributed in 39 species,
between 2015 and 2017. An aquarium fish, considered as a local fish, costs less than 250 Ar
while a fisherman receive 500 Ar (Chromis viridis) at 50 000 Ar (Z. gemmatum) within
exporting companies. These prices rise from 74,000 Ar to 4,370,000 Ar at the International
market. In this sector, a fisherman touches 2.5 times the monthly minimum wage (Ar 430,000).
This encourages the development and sustainability of the marine aquarium by improving the
system of exploitation and management of fish ornaments that involves the establishment of
appropriate orders. Extensive studies of the bio ecology and stock status of ornamental fish
should be conducted in order to provide the basis for the management plan of the sector.
Key words: Fishermen, ornamental fish, corals, legislation, Reef Project, Matata, Southwest,
Madagascar
iv
Sommaire
Remerciements......................................................................................................................i
Résumé..................................................................................................................................ii
Liste des figures .................................................................................................................vii
Liste des tableaux...............................................................................................................vii
Liste des annexes...............................................................................................................viii
Liste des acronymes..........................................................................................................viii
INTRODUCTION.................................................................................................................... 1
1. MATERIEL ET METHODES........................................................................................ 3
1.1. Matériel .............................................................................................................................. 3
1.2. Méthodes ....................................................................................................................... 3
1.2.1. Présentation des cas étudiés : Reef Project et Matata .................................................. 4
1.2.1.1. Choix de la zone d’étude....................................................................................... 4
1.2.1.2. Présentation des sociétés étudiées......................................................................... 4
Société Reef Project ............................................................................................... 4
Société Matata........................................................................................................ 6
1.2.1.3. Origine des pêcheurs de poissons d’aquarium ...................................................... 6
1.2.2. Analyse du cadre législatif de l’exploitation de poissons d’aquarium récifaux........... 7
1.2.2.1. Interview au niveau de l’autorité administrative................................................... 7
Direction Générale des Ressources Halieutiques et de la Pêche............................ 7
Autorité Sanitaire Halieutique................................................................................ 8
Office National pour l’Environnement................................................................... 8
Economic Development Board of Madagascar...................................................... 8
1.2.2.2. Examen et résumé des documents obtenus ........................................................... 9
1.2.2.3. Confrontation des données obtenues par rapport aux cas existant à Toliara......... 9
1.2.3. Suivi des activités de production des poissons d’aquarium ......................................... 9
1.2.3.1. Suivi de pêche ....................................................................................................... 9
Technique de pêche................................................................................................ 9
Effort de pêche ..................................................................................................... 10
Inventaire et évaluation des captures.................................................................... 10
1.2.3.2. Survie .................................................................................................................. 10
v
1.2.3.3. Suivi au niveau de l’unité de stockage................................................................ 11
1.2.3.4. Suivi de la commercialisation ............................................................................. 11
1.2.3.5. Enquêtes au niveau des pêcheurs ........................................................................ 11
1.2.4. Enquêtes au niveau du marché de Toliara.................................................................. 11
1.2.5. Etude du marché local de poissons d’aquarium......................................................... 12
1.2.6. Traitement des données.............................................................................................. 12
2. RESULTATS.................................................................................................................. 13
2.1. Cadre législatif et règlementaires relatifs à l’exploitation des poissons d’aquarium
récifaux.................................................................................................................................... 13
2.1.1. Procédures administratives......................................................................................... 13
2.1.1.1. Création d’une société d’exploitation de poissons d’aquarium .......................... 13
2.1.1.2. Permis environnemental...................................................................................... 13
2.1.1.3. Agrément zoo sanitaire........................................................................................ 14
2.1.1.4. Permis d’exploitation .......................................................................................... 14
2.1.2. Cadrage règlementaire de l’exploitation .................................................................... 14
2.1.2.1. Pêche ou collecte des poissons récifaux sauvages .............................................. 14
2.1.2.3. Conditionnement des captures............................................................................. 15
2.1.2.4. Commercialisation .............................................................................................. 15
2.1.3. Situation globale des sociétés exportatrices à Madagascar face aux exigences
règlementaires. ..................................................................................................................... 17
2.2. Exploitation de poissons d’aquarium dans le Sud-Ouest de Madagascar ................. 17
2.2.1. Situation socio-professionnelle des pêcheurs............................................................. 17
2.2.2. Pêche aux poissons d’aquarium ................................................................................. 19
2.2.2.1. Sites de pêche...................................................................................................... 19
2.2.2.2 Engins et technique de pêche ............................................................................... 20
2.2.2.3. Effort de pêche .................................................................................................... 21
2.2.3. Captures de pêche aux poissons d’aquarium.............................................................. 22
2.2.3.1. Capture par unité d’effort (CPUE)...................................................................... 22
2.2.3.2. Taille de capture.................................................................................................. 23
2.2.3.3. Espèces exploitées............................................................................................... 24
Espèces recherchées ............................................................................................. 24
Espèces capturées................................................................................................. 25
vi
Espèces exportées................................................................................................. 26
2.2.4. Conditionnement des captures.................................................................................... 27
2.2.5. Survie ......................................................................................................................... 29
2.2.5.1. Suivant l’étape de production.............................................................................. 29
2.2.5.2. Selon l’espèce...................................................................................................... 29
2.2.6. Commercialisation de poissons d’aquarium .............................................................. 30
2.2.6.1. Commerce extérieur ............................................................................................ 30
Circuit de commercialisation ............................................................................... 30
Prix des poissons.................................................................................................. 31
Exportation........................................................................................................... 33
Revenu des pêcheurs aux poissons d’aquarium ................................................... 33
2.2.6.2. Commerce local................................................................................................... 34
Circuit de commercialisation ............................................................................... 34
Prix des poissons.................................................................................................. 34
2.2.7. Marché local............................................................................................................... 36
2.3. Evolution de l’exportation de poissons d’aquarium à Madagascar de 2015 à 2017 . 36
2.3.1. Espèces exportées....................................................................................................... 36
2.3.2. Fluctuation de l’exportation ....................................................................................... 37
2.3.3. Principaux pays importateurs de poissons d’aquarium .............................................. 38
3. DISCUSSION ................................................................................................................. 39
3.1. Exploitation de poissons d’aquarium récifaux à Madagascar : sa place dans le commerce
mondial..................................................................................................................................... 39
3.2. Problèmes liés à l’exploitation de poissons d’aquarium à Madagascar ............................ 42
3.3. Système de gestion : analyse et proposition d’amélioration ............................................. 44
CONCLUSION....................................................................................................................... 46
BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................. 49
ANNEXES..................................................................................................................................I
vii
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Enceinte de la société Reef Project : A= plan de la société ; B=bâtiment................. 5
Figure 2 : Unité de conditionnement de société Matata à Toliara ............................................. 6
Figure 3 : Localisation de la zone et des sites d’études. (source: Google Earth)....................... 7
Figure 4: Resumé de procedure légale avant l'exploitation de poissons d'aquarium ............... 16
Figure 5 : Maison de pêcheurs d’Ankiembe construite par des fonds bénéficiés de la filière. 18
Figure 6 : Sites de pêche de poissons d’aquarium ................................................................... 19
Figure 7: Filet de pêche de poissons d’aquarium..................................................................... 20
Figure 8 : Groupe de pêcheurs de Matata lors d’une sortie en mer: A=équipement et engins de
pêche, B=préparation de poissons captures...................................................................... 21
Figure 9: Variation hebdomadaire de l'effort de pêche chez la société Reef Project............... 22
Figure 10 : Variation de la CPUE pour la société Reef Project ............................................... 23
Figure 11: Répartition de toutes espèces confondues selon leur taille..................................... 23
Figure 12 : Classification des espèces recherchées par la société Reef Project et Matata....... 24
Figure 13: Nombre d’individus relatif à chaque espèce capturée ............................................ 25
Figure 14 : Nombres d’individus exportés par espèce ............................................................. 26
Figure 15 : Système de circuit fermé pour alimenter et évacuer l’eau des aquariums ou
récipients de stockage d’eau............................................................................................. 27
Figure 16 : Poissons prêts pour l’expédition............................................................................ 28
Figure 17: Taux de survie des captures dans chaque étape de production............................... 29
Figure 18 : Taux de survie de 15 premiers poissons d’aquarium capturés .............................. 30
Figure 19 : Circuit de commercialisation des poissons d’aquarium à des fins esthétiques...... 31
Figure 20: Zebrasoma gemmatum (valenciennes, 1835).......................................................... 31
Figure 21 : Fluctuation de l’abondance de poissons exportés selon les pays importateurs ..... 33
Figure 22 : Circuit de commercialisation des poissons d’aquarium pris comme poissons de
bouche .............................................................................................................................. 34
Figure 23 : Nombre d’individus de 39 espèces exportées par Madagascar, entre 2015 et 2017
.......................................................................................................................................... 37
Figure 24 : Evolution de l’exportation de poissons d’aquarium à Madagascar, entre 2015 et
2017.................................................................................................................................. 38
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Situation socio-économique des pêcheurs.............................................................. 18
viii
tableau 2 : Prix des poissons d’aquarium à des fins esthétiques .............................................. 32
Tableau 3 : Prix des poissons d’aquarium pris comme poissons de consommations .............. 35
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1 : Liste de poissons exploités à Madagascar ................................................................I
Annexe 2 : Fiche d’enquête socio-économique au niveau de pêcheurs................................ VIII
Annexe 3 : Tailles et éffectifs d’espèces capturées par jour et par pirogue .............................IX
Annexe 4 : Suivi de mortalité au niveau de stockage et conditionnement de captures......... XIII
Annexe 5 : Suivi de l’exportation de chaque espèce au niveau de la société Reef Project XVIII
Annexe 6 : Détérmination du nombre de plongée en apnée..................................................XIX
Annexe 7 : Suivi de révenus journaliers de pêcheurs (en Ar)................................................ XX
Annexe 8: Quantité et prix unitaire des poissons d’aquarium (non vivant) aux marchés de
Toliara ...........................................................................................................................XXI
Annexe 9: Nombres d’individus de chaque espèce mensuellement exportée, entre 2015 et
2017............................................................................................................................ XXIII
Annexe 10: Effectif de chaque espèce exportée et leurs pays importateurs ...................... XXVI
LISTE DES ACRONYMES
ASH : Autorité Sanitaire Halieutique
CE : Communauté Européenne
CITES : Convention on International Trade in Endangered Species (en anglais) ou Convention
sur le commerce international des espèces menacées d'extinction
CPUE : Capture Par Unité d’Effort
DD : Data Déficient
DGRHP : Direction Générale des Ressources Halieutiques et de la pêche
DirAqua: Direction de l’Aquaculture
DP: Direction de la Pêche
DRRHP: Direction Régionale des Ressources Halieutiques et de la Pêche
EDBM: Economic Development Board of Madagascar
EIE : Etude d’Impact Environnemental
FAO : Food and Agriculture Organisation (en anglais) ou Organisation des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture
IATA : International Air Transport Association
ix
IH.SM : Institut Halieutique et des Sciences Marines
ICRI : International Coral Reef Initiative
IOPR : Institut Océanographique Paul Ricard
IUCN : International Union for Conservation of Nature ou Union Internationale pour la
Conservation de la Nature et de ses Ressources
MAC : Marine Aquarium Council
MANB : Marine Aquaculture Nosy Be
MECIE : Mise En Compatibilité des Investissements avec l’Environnement
MRHP : Ministère des Ressources Halieutiques et de la Pêche
OIE : Organisation Mondiale de la Santé Animale
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ORTU : Office Régional du Tourisme de TUléar
PCC : Post-larve Capture and Culture
PGEP : Plan de Gestion Environnemental du Projet
PRM : Présidence de la République de Madagascar
SARL : Société A Responsabilité Limité
1
INTRODUCTION
Les récifs récifaux constituent un écosystème côtier intertropical d'une extrême richesse
spécifique et d'une grande productivité dans plus de l00 pays intertropicaux (Salvat, 1990). Ces
écosystèmes procurent une multitude de biens et de services à l’ensemble des êtres humains
(Moberg et Foolke, 1999). Les avantages de la préservation de ces écosystèmes pour l’humanité
sont d’ailleurs de l’ordre de 375 milliards de dollars et près de 500 millions de personnes en
dépendent (Kunzmann, 2004). Il existe quatre formes géomorphologiques mais classiques :
récifs frangeants, barrières, atolls et banc récifaux. L'écosystème récifale est le seul dont les
organismes vivants élaborent leur propre substrat. Par suite de leur symbiose avec des algues
unicellulaires, les zooxanthelles, les madréporaires constructeurs de récifs élaborent un
squelette calcaire dont 1'accumulation constitue le substrat même à partir duquel va se
développer une communauté très riche en espèces comme les poissons récifaux (Salvat, 1990).
Les récifs coralliens de Madagascar s’étendent sur environ 1400 km de côte, en plus des bancs
récifaux et des hauts fonds du large. Ils couvrent, au total, une superficie estimée à 2 400 km2
(Cook et al., 2000). La Baie de Toliara se distingue par la présence de la plus grande barrière
corallienne de l’Océan Indien, le Grand Récif de Tuléar (GRT) (Clausade et al. 1971). Plus
de 2 500 invertébrés marins et plus de 1 000 espèces de poissons ont été répertoriés au niveau
des récifs du pays (Baumeister, 1997 ; Laboute et Maharavo, 1998). Préparation
La technique de pêche de ressources halieutiques, notamment de poissons, au sein du récif, est
du type traditionnelle (petite pêche) pour le cas de Madagascar, et particulièrement pour la
région Sud-Ouest de l’île (Randriambololona, 1998). Pour la survie de la petite pêche et la
pérennisation de l’exploitation des ressources, des études concrètes sur la gestion de poissons
destinés à la consommation humaine ont déjà été menées (Rejela, 1993 ; Rakotoarinivo, 1998,
Mahafina, 2007 ; Mahatante, 2008 ; Rakotonirina et al., 2012, etc). Peu d’information existe,
pour le cas de poissons récifaux, par rapport à leur exploitation à des fins esthétique et
récréative.
Le marché de l’aquariologie a probablement doublé depuis le début des années 1980 et les
poissons marins prennent une part croissante de cette activité. Trois raisons essentielles
expliquent ce développement: a) l’amélioration de techniques de production; b) sur un marché
“Pet business” florissant, l’aquarium représente un écosystème décoratif et exotique, attirant
les citadins des pays tempérés, où la vie d’intérieur est privilégiée; c) le développement du trafic
aérien, une raison importante de l’essor de ce marché. Depuis 1980, l’augmentation du tourisme
vers les pays tropicaux a accru les liaisons aériennes avec les pays exportateurs. En effet,
2
l’approvisionnement en poissons marins d’aquarium est devenu plus diversifié et moins
onéreux (Dufour, 1998). Il existe quatre types d’élevages de poissons d’aquarium: l’élevage
industriel, l’élevage scientifique, l’élevage en aquarium public et l’élevage amateur (IOPR,
2006).
Madagascar a connu la forme d’exploitation de poissons d’aquarium depuis 15 ans par
l’existence de différentes sociétés dans la région Sud-Ouest (Allo fish, Socopam, Matata et
actuellement Reef Project) et depuis 2007 dans la région Nord-Ouest ou région Diana à Nosy
Be (Société Marine Aquaculture Nosy Be ou MANB). Bien que ces opérateurs privés soient
répertoriés et que la proportion de poissons d’aquarium issue de « Post-larve Capture and
Culture » (PCC) soit connue, (équivalent de 9,3% de captures (Mahafina, 2011)), aucune étude
approfondie n’a été réalisée sur les efforts qui pèsent sur les poissons d’aquarium et sur la
commercialisation, deux paramètres essentiels pour la gestion de poissons récifaux.
L’exploitation de poissons d’aquarium pourrait constituer une source de devise pour le pays.
Le commerce aquariophile est une activité florissante et à valeur ajoutée, il mérite donc d’être
étudié. L’étude avancée par Soambola en 2009 sur l’essai d’élevage expérimental des
amphiprions, des syngnathes et des hippocampes permet de confirmer ceci. La gestion de ces
ressources pour la pérennisation de la filière est un fait incontestable. Ce qui nous a incité à
étudier « les activités d’exploitation de poissons d’aquarium récifaux dans la région Sud-
Ouest de Madagascar».
L’objectif principal de cette étude est de mettre en évidence l’intérêt de la valorisation de
poissons récifaux afin de développer durablement la filière aquariophile. Cinq objectifs
spécifiques ont été identifiés : (i) situer la législation et la réglementation en vigueur relatives à
l’exploitation de poissons d’aquarium récifaux à Madagascar, (ii) identifier l’intensité de
l’exploitation actuelle, (iii) le système d’exploitation et de l’effort dédié à la pêche, (iv) évaluer
la fluctuation de l’exportation, et enfin (v) suggérer des éléments appropriés pour la gestion
durable assurant la pérennisation de l’activité.
Pour mieux développer les éléments de cette étude, ce mémoire sera présenté en 3 grandes
parties : le matériel et méthodes adoptés développant l’approche et les méthodes de collecte et
d’analyse des données sont abordés en premier lieu. Les résultats constituent la deuxième partie
de ce mémoire. La troisième partie est consacrée à la discussion des résultats qui regroupent
également une analyse comparative et des perspectives. Le tout sera résumé au niveau de la
partie conclusion à travers laquelle quelques recommandations pour améliorer la recherche dans
ce domaine sont également présentées.
3
1. MATERIEL ET METHODES
1.1. Matériel
Les poissons d´aquarium récifaux, nommés également poissons d’aquarium ou poissons
d’ornement récifaux sont généralement de petites tailles aux formes originales et colorées, tirés
de l’écosystème récifal et vendus vivants au commerce aquariophile. Ils n’ont pas de biologie
particulière face aux autres poissons vivant dans le même écosystème. Bien que très mobiles,
les poissons occupent au sein du récif un habitat déterminé, acquis au cours de l’étape de
recrutement et, ont donc, une place précise dans le récif. On décrit la position et la distribution
des poissons au niveau du récif selon l’axe vertical et l’axe horizontal (Jugant, 2012). Neuf
familles (Acanthuridae, Apogonidae, Balistidae, Chaetodontidae, Labridae, Monacanthidae,
Pomacanthidae, Pomacentridae, Zanclidae) appartenant tous à un seul ordre « Perciformes »
ont d’intérêts sur le commerce aquariophile.
Les régimes alimentaires de poissons récifaux varient selon les espèces, la taille de poissons, la
période de l’année et le biotope. Trois catégories d’espèces existent suivant le type d’aliment
consommé : espèces carnivores (75%), herbivores (15%) et 10% omnivores. Quatre groupes
d’espèces sont également définis selon le rythme d’alimentation dépendant du rythme
nycthéméral: les poissons à activité strictement diurne (75% des espèces ichtyologiques
récifales), les poissons à activité principalement nocturne, les poissons à activité maximale
crépusculaire, les poissons à activité non dépendante de la lumière (Lieske et Myers, 2002).
Le mot “Aquarium” vient du mot latin “aqua” qui signifie eau et “arium” qui veut dire lieu ou
structure relative au passe-temps, plaisir et amusement. Un aquarium se définit comme un
récipient totalement ou partiellement fait de verre ou de tout autre matériau transparent
permettant d’observer facilement et de maintenir en vie, pour une période durable, les
organismes aquatiques, animaux ou végétaux que l’on y introduit pour des qualités esthétiques
(Grimaldi, 1976). Selon que ces organismes (dont les poissons sont les représentants, les plus
connus et les plus répandus) proviennent des eaux douces ou des eaux marines, deux types
d’aquarium sont distingués : les aquariums d’eau douce et les aquariums marins (Grimaldi,
1976).
1.2. Méthodes
Des enquêtes ont été menées au sein du Ministère des Ressources Halieutiques et de la Pêche
(MRHP) et d’autres administrations nationales concernées pour collecter l’information sur le
niveau d’exploitation de poisson d’aquarium à Madagascar, depuis janvier 2015 au décembre
2017. Pour renforcer ces données, un suivi de pêche et de la commercialisation ont été effectués
4
au sein de la société Matata et surtout Reef Project pendant 3 mois, d’avril au 8 juillet 2016.
Des sondages ont également été effectués en janvier et février 2017, au niveau des bazars de
Toliara et des hôtels restaurants pour l’étude du marché local de poissons récifaux. Des études
antérieures ont été prises comme référence pour composer la méthodologie de la présente étude
et discuter des résultats obtenus. Les planches d’identifications de poissons récifaux, présentées
dans l’annexe I, sont formées à partir de résultats de confrontation d’images au Fish base et au
référence d’identification. Les noms locaux, originaire du Sud-Ouest, sont collectés auprès de
pêcheurs (Annexe 1).
1.2.1. Présentation des cas étudiés : Reef Project et Matata
1.2.1.1. Choix de la zone d’étude
La région Sud-Ouest a été choisie comme zone d’étude suite au développement de la filière
aquariophile marqué par l’existence de quatre sociétés exportatrices depuis 2001 (Socopam,
Allo fish, Matata et Reef Project). La région bénéficie de cette activité grâce à la grande barrière
récifale qui abrite diverses espèces de poissons d’aquarium et l’intensité de la petite pêche au
niveau récifal. Cette région a également été choisie comme zone d’étude grâce à l’existence des
2 sociétés fonctionnelles au moment de l’étude : Matata et Reef Project.
Six mois de suivis des activités de société Matata et Reef Project (avril au septembre 2016) ont
été réalisés afin de déterminer les formes d’exploitations adoptés et la fluctuation des
paramètres d’exploitations : pêche, stockage et commercialisation de poissons d’aquarium. Le
suivi de capture, du taux de survie et de la commercialisation ont été réalisé, uniquement, au
sein de la société Reef Project, pour diverses raisons telles que l’intérêt de la société pour la
recherche approfondie sur les poissons d’aquarium et de leur exploitation pour la pérennité de
la filière, elle exploite régulièrement de nombreuses espèces en sollicitant de plus en plus de
pêcheurs, et l’ouverture de la société par rapport aux chercheurs désirant exploiter toutes les
données nécessaires à l’analyse scientifique de la filière.
Pour satisfaire leur besoin, les deux sociétés ont embauché de pêcheurs permanents travaillant
dans les baies de Toliara et de Ranobe. Les trois points de débarquements de ces pêcheurs sont
les villages des pêcheurs d’Ifaty, d’Ankilibe, et d’Ankiembe.
1.2.1.2. Présentation des sociétés étudiées
 Société Reef Project
La société Reef Project sise à Ankilimarovahatse, Toliara II se trouve à 5 Km de la ville de
Toliara, à proximité de la route RN7 (23°.36’84,94’’ Sud et 43°70’34,12’’ Est). Son terrain est
d’environ 0,12ha compartimenté en 2 unités (Fig.01) :
5
 Un bâtiment d’hébergement et bureau de la société,
 Une unité de stockage et de conditionnement des captures, munie d’une salle
d’emballage de produits destinés à l’exportation
Reef Project est une société filiale de la société Aqua Concepts basée à Cape Town, en Afrique
du Sud. Aqua Concepts s’est spécialisée, depuis 27 ans dans l’exploitation des espèces marines
pour développer l’aquariophilie. Elle fait partie des productrices des plus grands et beaux
aquarium en Afrique du Sud et dans certains pays du monde tels que les Etats-Unis, la France,
et Singapour, allant de maisons privées, des restaurants et des hôtels de luxe. Elle est une société
à responsabilité limitée (SARL) créée le 26 mai 2014 à Antananarivo. La pêche, le
stockage/conditionnement des poissons d’aquarium et l’approvisionnement des industries
aquariophiles internationales en différentes espèces de poissons récifaux sont les principales
activités de la société Reef Project. Elle projette de contribuer au développement socio-
économique des régions de Madagascar en travaillant avec les institutions et les communautés
locales liées à leurs activités. Avant sa création, le propriétaire de cette société s’alliait avec la
société « Allo fish » pour exporter des poissons d’aquarium vers l’Afrique du Sud. Le 15
décembre 2015, vu l’arrêté n° 6757/2008, suivant l’article 1 à 9, la société Reef Project est
autorisée à effectuer la collecte et l’export de poissons d’aquarium.
Figure 1 : Enceinte de la société Reef Project : A= Plan de la société ; B=Bâtiment
N
B
A
6
 Société Matata
La société Matata SARL, est une grande société qui exploite des produits halieutiques, allant
de poissons d’aquarium aux diverses organismes destinés à la consommation humaine. La
société s’opère également dans l’engraissement de crabes et le grossissement des anguilles à
exporter. Le siège de la société est à Antananarivo. Le lieu de stockage et de conditionnement
de poissons d’aquarium, à Toliara, sise dans la Fokontany de Sanfily, commune urbaine de
Toliara I (23°.21’84,94’’ Sud et 43°40’48,22’’ Est) (Fig.2). Une petite locale de 45m2
contenant
des petits aquariums constitue l’unité de stockage. Une cloison de 6m2
seconde ce dernier.
Figure 2 : Unité de conditionnement de société Matata à Toliara
1.2.1.3. Origine des pêcheurs de poissons d’aquarium
Pour la collecte régulière des poissons d’aquarium, les deux sociétés embauchent de pêcheurs
(permanents) qui travaillent dans les Baies de Toliara et de Ranobe. Ces sociétés ont obtenu de
permis de pêche et de collecte au niveau de la Baie de Toliara et Ranobe jusqu’à la baie de Saint
Augustin. Cependant les 2 premières baies sont les plus fréquentées par les pêcheurs (Fig.3).
Les pêcheurs débarquent leurs produits de captures aux villages d’Ankilibe, d’Ankiembe et
d’Ifaty. Ces villages résident successivement 332 pêcheurs sur 3 225 habitants ; 575 pêcheurs
sur 3 260 habitants et 511 pêcheurs dans 2 086 habitants. 1,2% de pêcheurs d’Ankilibe (4
pêcheurs) ; 1,56% (9 pêcheurs) et 1,36% (7 pêcheurs) de ceux d’Ankiembe et d’Ifaty
uniquement travaillent pour les sociétés exportatrices de poissons récifaux de la région Sud-
Ouest (données obtenues au niveau du Fokontany).
7
Figure 3 : Localisation de la zone et des sites d’études. (Source: Google Earth)
1.2.2. Analyse du cadre législatif de l’exploitation de poissons d’aquarium récifaux
1.2.2.1. Interview au niveau de l’autorité administrative
Suite d’une prise de rendez-vous au service d’accueil, le directeur ou la personne responsable
d’une administration fréquenté a été interviewée dans son bureau dans ses heures de travail. Un
guide d’entrevue est rédigé pour chaque audience afin de mener à bon terme l’enquête (se
présenter à l’accueil, demande d’audience à la direction responsable, présentation de pièces
justificatives d’autorisation de recherche par l’IH.SM, échange sur le thème d’étude et
justification de l’entrevue et l’intérêt de la recherche, et précision des données à collecter).
 Direction Générale des Ressources Halieutiques et de la Pêche
La Direction Générale des Ressources Halieutiques et de la Pêche ou DGRHP, est une direction
au niveau du Ministère travaillant sur la planification et la mise en œuvre de la politique
sectorielle de ce département en matière de gestion des ressources halieutiques, de la pêche et
de l’aquaculture. Elle appuie les Directions Régionales des Ressources Halieutiques et de la
Pêche (DRRHP) dans l’exécution des activités techniques. Quatre régimes sont rattachés au
MADAGASCAR
8
DGRHP : la Direction de l’Environnement et de la Valorisation des Ressources Halieutiques
(DEVRH), la Direction de la Pêche (DP), la Direction Régionale des Ressources Halieutiques
et de la Pêche (DRRHP) et la Direction de l’Aquaculture (DirAqua). Cette dernière est
composée de Service de l’Aquaculture Marine (SAM) et le Service de l’Aquaculture d’ Eau
Douce (SEAD).
L’interview fait au niveau de la DirAqua a pour objectif de se renseigner sur le fonctionnement
de licence d’exploitation de poissons d’aquarium et de la réglementation en vigueur, les
activités de sociétés exportatrices de poissons d’aquarium récifaux à Madagascar, et les
procédés législatifs en vigueur pour la création des sociétés exportatrices de poissons
d’aquarium.
 Autorité Sanitaire Halieutique
L’Autorité Sanitaire Halieutique (ASH), établissement public, de création récente, est placée
sous tutelle du Ministère en charge de la Pêche, créée par décret n°2005-375 du 22 juin 2005 et
également placée sous tutelle technique du ministère de l'élevage et MRHP. C’est une entité
dotée d’une autonomie administrative et financière.
L’interview au niveau de l’ASH a pour objectif de collecter d’informations telles que les
procédés d’obtentions d’agrément zoo sanitaire d’un établissement aquacole, la réglementation
en vigueur relative et les données statistiques sur l’exportation de poissons récifaux.
 Office National pour l’Environnement
L’Office National pour l’Environnement (ONE), a été créé en 1990 et régi par le Décret n°
2008-600 du 23 juin 2008, modifiant et complétant certaines dispositions du décret n° 95-312
du 25 avril 1995 portant création et organisation de l’ONE. Il est placé sous la tutelle technique
du Ministère chargé de l’environnement des eaux et forêts et sous la tutelle financière du
Ministère chargé des Finances.
L’interview menée au niveau de l’ONE a pour but de déterminer le protocole d’étude d’impact
environnemental d’une société exportatrice de poissons d’aquarium récifaux et le nombre de
permis octroyé pour ce type d’entreprise dans une année.
 Economic Development Board of Madagascar
Economic Developement Board of Madagascar (EDBM) est une structure mise en place en
2008 suivant l’Article 8 de la loi N° 2007/ 036 du 14 janvier 2008. Elle est créée pour assurer
l'instauration et le maintien des investissements favorables à Madagascar. L'EDBM est chargé
de promouvoir, de faciliter et d'accélérer les procédures administratives nécessaires à la
réalisation d'investissement et à la création d'entreprises. C’est un guichet unique reliant les
différents ministères et les collectivités publiques. L’EDBM reçoit les demandes de projets
9
d'investissements et veille à ce que les représentants de différentes administrations qu'il
regroupe procèdent à leur instruction et y réservent les suites voulues dans les meilleures
conditions de délai et de transparence.
Les informations sur les procédés administratifs à suivre pour la création d’entreprise comme
les sociétés exploitantes de poissons d’aquarium récifaux sont obtenues au niveau de l’EDBM.
1.2.2.2. Examen et résumé des documents obtenus
Préalablement filtrés, les résultats d’enquêtes sont examinés dans l’objectif de bien cadrer la
législation régissant les activités d’exploitations de poissons d’aquarium. Les données retenues
après analyse seront résumées afin de mettre en exergue les lois conformes à ces activités.
1.2.2.3. Confrontation des données obtenues par rapport aux cas existant à
Toliara
Les textes en vigueurs sur l’exploitation de poissons d’aquarium récifaux ont été confrontés par
rapport aux réalités des cas existants au sein des sociétés. L’exercice des lois en vigueur
relatives à la création et au fonctionnement pérenne d’une société exploitante de poissons
d’aquarium récifaux fait partie des éléments constituant le modèle d’exploitation de poissons
d’aquarium projeté au Sud-Ouest de l’île.
1.2.3. Suivi des activités de production des poissons d’aquarium
Pour des raisons de confidentialité des données, la société Reef Project est uniquement prise
comme référence pour toutes analyses de paramètres de suivi de la pêche de poissons
d’aquarium récifaux durant cette étude. Cependant, les données collectées, au sein de 2 sociétés,
sur la méthode de pêche, le mode opératoire dans l’unité de stockage et les résultats d’entrevue
au niveau de pêcheurs des sociétés sont tous exploitées pour traiter le sujet de cette étude.
1.2.3.1. Suivi de pêche
Chaque société travaille avec de pêcheurs fixes. Vingt seulement sont le nombre de pêcheurs
de poissons d’aquarium récifaux dans la zone d’étude dont neuf pour la société Matata et onze
pour Reef Project. Etant donné que les pêcheurs de poissons d’aquarium sont moins nombreux,
une enquête exhaustive auprès d’eux a été possible pour le suivi.
 Technique de pêche
Il est vraiment difficile, voire impossible, pour un pêcheur de petite pêche d’effectuer ou de
s’occuper tout seul la pêche aux poissons d’aquarium. La technique de pêche de poissons
d’aquarium requiert de ce fait un travail de groupe. En effet, chaque suivi a été effectué au
niveau de chaque groupe de pêcheurs, sorti en mer (un groupe formé de cinq pêcheurs, deux
groupes de quatre pêcheurs, et un groupe de trois pêcheurs). Le suivi consiste à collecter des
10
informations sur les différents matériels utilisés, la méthode de pêche adoptée, la durée et les
sites de pêche. Pour déterminer le nombre de plongée par sortie effectué par un pêcheur, dix
pêcheurs de deux sociétés parmi les 20 sont choisis au hasard, soit deux pêcheurs par groupe
pendant 5 sorties en mer.
 Effort de pêche
Chaque sortie de 3 groupes de pêcheurs de Reef Project est enregistrée pour déterminer la
fréquence de sortie journalière des pirogues de la société. Le nombre de sortie effectué par
semaine par l’ensemble de 3 pirogues est pris, ici, comme l’unité de l’effort de pêche.
 Inventaire et évaluation des captures
Des planches d’identifications de poissons d’aquarium (annexe I) sont utilisées pour la
nomenclature d’espèces rencontrées au cours de la période d’étude. Le nombre d’individus de
chaque espèce de poissons capturés par sortie, par groupe de pêcheurs, a été enregistré pour
estimer le taux de capture par unité d’effort (CPUE), le rendement de pêcheurs et les espèces
de poissons exploitées. Une fois arrivés à l’unité de stockage, les longueurs totales des poissons
ont été mesurées à l’aide d’une règle graduée. La prise moyenne par sortie, par jour et par
semaine est déterminée suite à l’analyse statistique des données enregistrées durant la période
de suivi de pêche. La règle de Sturge est utilisée pour déterminer l’intervalle de classe de taille
d’individus capturés.
Nombre d′
intervalle de classe de taille =
maximum − minimum
3,3logN
N=taille de l’échantillon
1.2.3.2. Survie
Le nombre de poisson survivant durant le transport (entre le site de capture et le lieu de
conditionnement, entre le lieu d’expédition et la destination finale) et dans la phase de
conditionnement a été enregistré. L’objectif est de déterminer le taux de survie des captures
depuis le lieu de pêche jusqu’au lieu d’expédition. Pour éviter le biais de résultat, les pêcheurs
sont motivés à ramener les poissons morts durant la pêche et transport (où les poissons sont
achetés à 500Ar). Le taux de survie (TS%) est évalué mensuellement pour chaque étape de
production.
𝑇𝑆% =
Nombre total de poissons final
Nombre total de poissons initial
x100
11
1.2.3.3. Suivi au niveau de l’unité de stockage
Il s’agit de décrire et d’analyser le système d’entretien de poissons d’aquarium dans l’unité de
stockage au sein de la société Matata et Reef Project
1.2.3.4. Suivi de la commercialisation
Le prix de vente de poissons récifaux, pour les pêcheurs, est fixé par les sociétés exportatrices.
Tout ce qui est lié au fonctionnement et à la situation de commerce est enregistré comme la
fréquence d’expédition, le nombre d’espèces et d’individus de poissons exportés par la société
Reef Project.
1.2.3.5. Enquêtes au niveau des pêcheurs
Comme les pêcheurs sont moins nombreux, juste présentés par 20 individus, une enquête
exhaustive a été procédée faisant appel à tous les pêcheurs professionnels de poissons
d’aquarium de la région Sud-Ouest de l’île. Treize questions sont posées aux pêcheurs pour
s’informer de leur situation socio-économique et professionnelle. Les questionnaires se portent
sur l’âge, l’activité secondaire par rapport à la pêche aux poissons d’aquarium, le niveau
d’étude, l’ethnie et la position économique (Annexe 2). Ces enquêtes permettent d’identifier et
d’évaluer les éléments statiques intervenant dans l’étude d’exploitation des produits
halieutiques (Ramanantsialonina, 1988).
1.2.4. Enquêtes au niveau du marché de Toliara
L’enquête menée au marché permet de déterminer la présence ou non de poissons d’aquarium
parmi les poissons vendus localement. Le prix unitaire moyen et la quantité relative de chaque
espèce commercialisée journalièrement sont estimés, en cas d’existence de poissons récifaux
sur les étals de vente.
Quatre parmi les 7 grands marchés de poissons de la ville de Toliara ont été choisis au hasard
comme échantillons de marché d’études. Il s’agit du marché d’Antaninarenina, de Bazar Be, de
Mahavatse II et de Sanfily. La ville de Toliara a été choisie car tous les produits venant de
villages de pêcheurs de la Région Sud-Ouest arrivent dans cette ville (Leva, 1991). Au mois de
janvier et février 2017, 8 descentes sont réalisées dans chaque marché d’étude, dont deux visites
successives pendant deux périodes de vives eaux et de mortes eaux. La notion de l’approche
passive est appliquée pour renforcer les informations collectées activement auprès de
vendeuses. La visite de chaque étal de vente à chaque descente, est effectuée à partir de 16h,
première heure de vente de poissons au marché. A chaque passage, lorsqu’un ou des tas de
poissons d’aquarium sont observés au niveau des étals, avec l’autorisation de vendeuses, le
nombre et la taille d’espèces inventoriées, composant chaque tas est enregistré, après la
12
demande de prix. Le prix unitaire de chaque individu de poissons d’aquarium est estimé par le
rapport du prix d’un tas aux nombres d’individus totaux.
1.2.5. Etude du marché local de poissons d’aquarium
Les hôtels et les restaurants constituent les clients potentiels du commerce de poissons
d’aquarium. L’objectif de l’étude est de déterminer le nombre d’hôtels et restaurants possédant
ou non d’aquarium et/ou qui s’intéresse à en installer dans leurs locaux. Pour ce faire, une
enquête guidée a été menée auprès de 10 sur 39 grands hôtel-restaurants, de 1 à 3 étoiles de la
ville de Toliara (informations obtenus auprès de l’Office Régional du Tourisme de Toliara
(ORTU)). En suivant le guide d’enquête (Annexe 3), le gérant de chaque hôtels-restaurant a été
interviewé face à face après l’obtention de rendez-vous au réceptionniste.
1.2.6. Traitement des données
Le logiciel R a été utilisé pour l’analyse statistique des données de suivi de paramètres
d’activités de pêche. La normalité de la distribution de variables comme les tailles de captures,
les prix de poissons, les taux de survie par phase de production, le nombre d’individus exporté
au niveau national et l’homogénéité de variance ont été respectivement analysés par le test de
Shapiro Wilk et le test de Leven. Les moyennes de valeurs de variables étudiés sont ensuite
comparées par le test de Kruskall Wallis rank pour déterminer la significativité de différence
entre elles (test non paramétrique). L’analyse bilatérale de différence des moyennes est
effectuée par le test de Tukey (post hoc).
13
2. RESULTATS
2.1. Cadre législatif et règlementaires relatifs à l’exploitation des poissons d’aquarium
récifaux
2.1.1. Procédures administratives
2.1.1.1. Création d’une société d’exploitation de poissons d’aquarium
La loi N° 2007-036, article 3 porte sur la liberté de création d’entreprise à Madagascar. Des
procédures sont à suivre au niveau de l’EDBM sous réserve d’obtenir l’autorisation
d’établissement d’une entreprise telles que la transcription de dossiers (statuts et contrats de
bail commercial), l’obtention de la carte statistique, la copie de l’avis de constitution, etc. Le
coût payé au niveau de l’EDBM pour la réalisation de la procédure de création d’une société
est de 400 000Ar au minimum. Ce montant augmente suivant la taille de l’entreprise créé.
Quatre jours suffissent pour répondre positivement à une demande de création d’entreprise si
les dossiers entretenus au sein de l’EDBM sont complets.
Malgré les profits qu’on pourrait tirer de l’installation d’une société, elle pourrait nuire ou
accentuer la dégradation d’un environnement. En effet, des études d’impacts
environnementaux, d’installation d’une société sont exigées. De plus, la possession d’un permis
environnemental, de l’agrément zoo sanitaire ainsi que le permis d’exploitation sont impératifs
pour le bon fonctionnement à long terme d’une société.
2.1.1.2. Permis environnemental
La loi n°2015-053 portant sur le code de la pêche et de l’aquaculture, article 21 (PRM, 2017)
impose une évaluation préalable de l’impact environnemental d’une société exploitante de
poissons d’aquarium. L’étude d’impact environnemental (EIE) est effectuée aux frais et sous la
responsabilité du promoteur. Le recrutement d’un expert en EIE, spécifiquement marin, est
occupé par la société cible. Les résultats d’études réalisées par l’expert en question sont
rapportés au niveau de l’ONE. Selon le décret de mise en compatibilité des investissements
avec l'environnement (MECIE), articles 13 et 14, six dossiers sont à déposer à l’ONE pour
l’évaluation environnementale y compris le rapport d’EIE. L’ONE examine ensuite les dossiers
et dirige les travaux d’évaluations environnementales dans un délai de 60 jours. Ensuite,
l’évaluation est poursuivie avec le public, les autorités locales et le promoteur sur le lieu
d’implantation du projet. Deux cas pourraient se produire suite à l’évaluation faite par l’ONE :
la délivrance d’un permis environnemental (en cas de projet) ou d’un certificat de conformité
(en cas d’entreprise en activité) avec le cahier de charge, et un refus d’octroi de permis suivant
14
les seuils admissibles d’émissions des conséquences dommageables de l’investissement sur
l’environnement (MECIE, 2004).
Un suivi environnemental (suivi de plan de gestion environnemental du projet ou PGE/ Cahier
de charge environnemental ou CCE) inopiné par l’ONE est effectué durant l’exploitation. En
cas de cessation de l’exploitation, l’ONE fait un audit de fermeture puis délivre de quitus
environnemental. La contribution du promoteur aux frais d'évaluation de l'EIE et de suivi du
PGEP varie de 0,5% du montant de l’investissement à 82 000 000 Ar (MECIE, 2004)).
2.1.1.3. Agrément zoo sanitaire
Dans le cadre de cette étude, il s’agit d’une approbation légale offerte par le MRHP aux sociétés
d’aquacultures destinées à la consommation humaine ou non et aux entreprises exploitantes de
produits halieutiques vivants (PRM, 2017). L’absence de dossiers d’agrément zoo sanitaire
pourrait être un facteur limitant du fonctionnement d’une société exportatrice de poissons
d’aquarium. L’objectif est donc d’assurer la santé des animaux exploités enfin de protéger les
consommateurs ou les preneurs. Ainsi le code de la pêche et de l’aquaculture, titre V portant
sur la commercialisation des produits de la pêche et de l’aquaculture est amendé par l’ajout
d’un nouvel article 64.
2.1.1.4. Permis d’exploitation
L’autorisation définitive permettant à un établissement d’aquaculture d’exploiter est délivrée
par le Ministère en charge de la pêche et de l’aquaculture lorsque les conditions suscitées sont
remplies. La demande est posée au niveau de la région d’implantation ou DRRHP puis vers le
DGRHP. Ceci est porté dans l’Article 131 du code de la pêche et de l’aquaculture (PRM, 2017)
qui pose le cadre juridique des autorisations aquacoles.
2.1.2. Cadrage règlementaire de l’exploitation
2.1.2.1. Pêche ou collecte des poissons récifaux sauvages
Selon l’Article 59 de la code de la pêche et de l’aquaculture : sans préjudice de textes en vigueur,
toute personne physique ou morale qui procède à la collecte des produits de pêche des eaux
maritimes et continentales visées à l’article 3a) et b) ou dans un port ou lieu de débarquement
situé sur le territoire malagasy doit remplir cumulativement les conditions suivantes : être de
nationalité malagasy ou être un résident légal à Madagascar ; être titulaire d’une autorisation de
collecte délivrée par le Ministère en charge de la pêche et de l’aquaculture. Les procédures, les
conditions et les modalités d’obtentions d’autorisations/permis de collecte ainsi que leurs
utilisations sont fixées par voie réglementaire. La collecte de produits de pêche désignés ci-
15
dessus est soumise au paiement préalable d’une redevance annuelle dont les modalités y
afférentes sont fixées.
Mais selon l’Article 17 et 18 du code de la pêche et de l’aquaculture: il est interdit d’utiliser
tout dispositif de plongée permettant une immersion plus longue que celle autorisée par la seule
respiration naturelle ; il est interdit d’utiliser tout engin, méthode et technique de pêche ou
dispositif destructif et non sélectif ; ainsi que la pêche, la capture, la détention et la
commercialisation de toutes espèces menacées et protégées, coraux, mammifères marins,
oiseaux de mer, tortues marines et d’eau douce et/ou d’organismes aquatiques inscrites sur une
liste établie par voie réglementaire et qui fait l’objet de mesures de conservation. Aucune loi ne
détermine des quotas exploitables.
2.1.2.3. Conditionnement des captures
Une société d’exploitation de poissons vivants comme celle de poissons d’aquarium doit
impérativement disposer d’un lieu de stockage et conditionnement d’animaux aquatiques, agréé
par l’ASH. Aucune des lois portants code de la pêche et de l’aquaculture ne définit les critères
de types d’infrastructures et fonctionnement exigés au niveau de l’unité de conditionnement de
poissons d’aquarium récifaux. Cependant, l’audit mené par l’ASH vérifiera les conditions
nécessaires pour avoir une unité de conditionnement ou stockage bien approuvée. L’ASH
applique le règlement CE N° 1251/2008 du 12/12/2008 (CE, 2008) comme la base juridique de
l’Audit. C’est toujours le promoteur de la société qui prend en charge le déplacement de
l’équipe de l’ASH vers le lieu de conditionnement à examiner.
Les infrastructures de l’unité de conditionnement doivent être inspectées périodiquement par
l’ASH, selon l’article 135 de la loi n° 2015-053 portant code de la pêche et de l’aquaculture
(PRM, 2017).
2.1.2.4. Commercialisation
Le commerce de poissons d’aquarium est principalement destiné vers l’extérieur. Le marché
est alors concerné par les règlements internationaux établis dans des conventions relatives au
commerce des produits halieutiques. Par ailleurs, Madagascar est membre de l’Organisation
Mondiale de la Santé Animale (OIE) qui fournit une liste de maladies qui doivent être notifiées
à l’Organisation (FAO, 2017). Le pays fait partie également de la Convention sur le commerce
international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) qui est
un accord international signé entre les gouvernements pour assurer que le développement du
commerce international ne menace pas la survie de spécimens d’animaux et de plantes sauvages
(FAO, 2017). Certaines espèces de poissons d’aquarium, inscrites dans l’annexe de la CITES,
16
menacés de disparition dont le commerce est interdit (Annexe I de la CITES), pourraient
disparaître s'ils ne sont pas protégés (Annexe II de la CITES), sous surveillance à la demande
des états pour restreindre ou empêcher leur exploitation (Annexe III de la CITES)
(www.cites.org) (CITES, 2017). Pour assurer la santé des preneurs de poissons d’aquarium, des
règlementations nationales relatives aux produits d’exportations sont établis dans la loi n°2015-
053 portant code de la pêche et de l’aquaculture par les articles 126 et 169 (PRM, 2017).
La réglementation au niveau de l’ASH/MRHP engage celui de la CE Numero 1251/2008 de la
commission du 12 décembre 2008 vue l’implication du marché européen dans le commerce
international dont Madagascar est assujetti. Ainsi les poissons d’aquarium doivent être
conditionnés pour le transport selon les recommandations de l’Association International de
Transport Aérien (IATA).
Pour terminer cette partie, un diagramme est élaboré (Fig.04). Il résume les procédures à suivre,
détaillés ci-dessus, pour la création, le bon fonctionnement et l’autorisation d’exportation d’une
société exploitante de poissons d’aquarium.
Figure 4: Résumé de procédure légale avant l'exploitation de poissons d'aquarium
AUTORISATION D'EXPORTATION/AGRÉMENT SANITAIRE: Demande
deposé et adressé au MRHP
PERMIS DE COLLECTE: Demande à deposer au niveau du MRHP (Certificat
de residence, piece justificative de paiement d'une redevance)
AUTORISATION D'EXPLOITATION/: demande avec les dossiers ci-dessus
auprès de DRRHP et DGRHP/MRHP
AGREEMENT ZOO SANITAIRE (ASH) : demande de visite de l'ASH
PERMIS ENVIRONNEMENTAL (ONE) : Depots des 6 dossiers pour l'EIE
(Rapport EIE,...)
CRÉATION DE LA SOCIETÉ (EBDM) : dépots environ de vingtaine de
dossiers complets (N°Carte stat, statuts de la société, CIN...)
17
2.1.3. Situation globale des sociétés exportatrices à Madagascar face aux exigences
règlementaires.
Quatre sociétés exportatrices de poissons d’aquarium sont répertoriées à Madagascar durant
cette étude : Matata et Reef Project à Toliara, MANB à Nosy be et Blue Océan à Toamasina.
Les activités de la société MANB à Nosy Be et celles de Reef Project à Toliara ont été
suspendues, en 2016, suite aux exigences règlementaires imposées par le ministère depuis
l’année 2015. Il s’agit en parti du système de gestion de l’exploitation des produits halieutiques
vivants tels que les poissons d’aquarium récifaux. Depuis l’existence de la société Reef Project,
aucune visite n’y a été effectuée par les représentants des autorités du MRHP. Outre certains
dérèglements encore mal définis, l’arrêt des activités de MANB pourrait être également lié à
l’utilisation de bouteilles de plongées pour la pêche aux poissons d’aquarium. Celui de Reef
Project est associé au désagrément approuvé par le MRHP sur l’état de l’unité de
conditionnement de la société et de permis de collecte du propriétaire. En 2017, Matata restait
la seule société exportatrice de poissons d’aquarium récifaux à Madagascar. La société
Aquarium tropical, à Tananarive, travaille juste pour le marché d’aquarium local et la société
Blue Ocean a prévu d’entamer sa première exportation en 2018. Excepté Blue Océan, aucune
des quatre sociétés, suscitées n’a été enregistrée dans la liste de l’ONE qui présentent les noms
de sociétés ayant finalisé l’Etude d’Impact Environnemental (EIE). De ce fait, le suivi des
activités d’exploitations de poissons d’aquarium récifaux au niveau des sociétés exportatrices
à Madagascar ne sont pas rigoureux par rapport à la législation existante. Actuellement, des
demandes d’autorisations de lancement et de redémarrage d’exploitations de poissons
d’aquarium récifaux sont cumulées aux niveaux du MRHP.
2.2. Exploitation de poissons d’aquarium dans le Sud-Ouest de Madagascar
Les 20 pêcheurs de poissons d’aquarium travaillant pour les 2 sociétés sont tous formés de la
notion de pêche durable dans l’objectif d’assurer la pérennité de leurs Activités autrement dit
la durabilité de la filière aquariophile. Onze pêcheurs repartis en trois groupes (deux groupes
de quatre pêcheurs et un groupe de trois pêcheurs) et neuf pêcheurs en deux groupes (un groupe
de quatre pêcheurs et un groupe de cinq pêcheurs) sont embauchés respectivement par la société
Reef Project et Matata
2.2.1. Situation socio-professionnelle des pêcheurs
Les pêcheurs spécialisés dans la capture de poissons d’aquarium, formés uniquement par des
hommes, sont faiblement nombreux que les pêcheurs de poissons de bouche. Neuf (9) de 20
pêcheurs viennent d’Ankiembe, quatre d’Ankilibe et sept d’Ifaty. Chacun de cinq groupes de
18
pêcheurs est formé d’individus issus de la même famille. Comme les pêcheurs Vezo, ils sont
aussi des fameux pêcheurs de poissons de consommations (activités secondaires) avec un
niveau de scolarisation généralement bas. Parmi ces 20 pêcheurs, sept d’entre eux ne sont
jamais allés à l’école, dix se sont arrêtés au niveau primaire et trois ont abandonné leurs études
en secondaire. Suite au développement de la filière aquariophilie, la pêche aux poissons
d’aquarium est devenue leur activité principale, car c’est la plus rentable par rapport à
l’exploitation de poisson de bouche. 14 pêcheurs ont pu construire leur propre maison dont
deux en durs, neuf en tôles et trois en roseaux grâce à cette activité de pêche (Fig.5).
Figure 5 : Maison de pêcheurs d’Ankiembe construite par des fonds bénéficiés de la filière
Onze (11) pêcheurs ont commencé l’activité entre 2012 et 2014 à l’âge de 18 à 25ans, 2 depuis
2001, à l’âge de 18 et 40 ans et 4 n’ont fait partie de l’activité qu’en 2016 à l’âge de 17 à 25
ans. 3 pêcheurs qui ont commencé en 2008 à l’âge de 23 ans (Tableau 1). Un vieux pêcheur
d’Ifaty a évoqué qu’il avait travaillé dans l’exploitation de poissons d’aquarium depuis 1985.
Tableau 1: Situation socio-économique des pêcheurs
Nombre de
pêcheurs
Ages Niveau d’études
Années
d’expériences
Activités
secondaire
11 18 à 25
niveaux
secondaires au
maximum
4
pêche aux
poissons de
consommation
4 17 à 25 0,5
2 18 et 40 15
3 23 8
19
2.2.2. Pêche aux poissons d’aquarium
2.2.2.1. Sites de pêche
Les poissons d’aquarium récifaux sont pêchés dans le platier récifal à 5 m de profondeur en
moyenne en marée basse. Les sites de pêche changent d’un endroit à l’autre et de jour à l’autre
suivant le nombre d’espèces et d’individus recherchés (Fig.5). Ce travail ne permet pas
d’étudier la relation entre les espèces capturées et leurs habitats vue la diversification d’espèces
recherchées et capturées dépendant de la commande de la société exportatrice. Ce qui entraine
le déplacement illimité de pêcheurs au niveau des platiers récifaux.
Les pêcheurs de la société Matata pêchent le « Zebrasomma gemmatum » aux environs de la
passe Nord du Grand Récif de Toliara (GRT), site en face de la batterie. Le Pomacanthus
chrysurus est abondant aux environs de la baie de Ranobe, 41 individus parmi 64 capturés par
la société Reef Project sont issus de la baie de Ranobe.
Quelquefois, la pêche s’étale aussi dans différents endroits hors de la zone d’étude, pour la
recherche des espèces rares comme « Acanthurus Polyzona » et « Apolemicthys kingi ». En
effet, une pêche a été déjà effectuée dans la baie de Saint Augustin et à Fénérive Est par les
pêcheurs de Matata. Le frais de la mission est pris en charge par la société.
Figure 6 : Sites de pêche de poissons d’aquarium
MADAGASCAR
20
2.2.2.2 Engins et technique de pêche
L’organisation de pêche est identique pour les 2 sociétés. A la veille de chaque sortie en mer,
le chef de groupe de pêcheur se déplace vers le lieu de conditionnement de la société à la fin de
l’après-midi pour discuter directement avec le responsable de la société sur le nombre
d’individus et la liste d’espèces cibles. Le chef de groupe profite aussi pour ramener les
captures, du jour de pêche, correspondant à la demande de la société, aux sites de
conditionnement. Les sociétés fournissent aux pêcheurs, dès le début de travail, de matériels et
équipements de pêche à leur disposition pour 2 années d’utilisations. Il s’agit de masques, tubas,
palmes, filets, combinaisons de plongées néoprènes de 2 mm ainsi que le support pour la
reconnaissance de poissons. Cinq pirogues monoxyles en « Farafatse » ou Givatia sp » de 5 m,
munie de 2 pagaies fournies par la société Reef Project et Matata constituent le moyen de
transport de pêcheurs à la zone de capture. A chaque sortie en mer, une pirogue est équipée des
seaux de 20 à 30 litres munis chacun de couvercle, et de deux épuisettes. Le filet de pêche aux
poissons d’aquarium est un filet maillant nylon constitué d’une nappe rectangulaire. Il est
ralingué à une corde de flotteurs et une autre corde de lest formé de plombs. Ces derniers sont
maintenus à intervalles réguliers de 25 et 20 cm. Le filet de 1,5m de large et 25 m de longueur
est maillé de 1cm (Fig.7).
Figure 7: Filet de pêche de poissons d’aquarium
Pour la société Matata, à chaque sortie en mer, l’équipe de pêcheurs se munit aussi de bouteille
d’oxygène médical, chargé régulièrement, pour assurer la survie de poissons durant le transport
par l’oxygénation de l’eau de transfert. Au cours de la pêche, pendant la marée basse, pour un
groupe de 4 pêcheurs : 2 plongent et 2 restent à bord de la pirogue. Ceux qui sont à bord se
chargent de la conduite de la pirogue vers les différents points ciblés par les plongeurs. Ces
21
derniers se déplacent d’un lieu de capture à l’autre distant d’environ de 60m jusqu’à la rencontre
de points abritant l’espèce et le nombre d’individus recherchés. Les deux pêcheurs sous l’eau
tirent délicatement le filet à leurs extrémités en encerclant les poissons jusqu’à ce que les
poissons ciblés se maillent au filet de pêche. Une fois le(s) poisson(s) cible(s) est capturé, les
plongeurs remontent toute de suite en surface pour ramener les captures à l’aide d’une épuisette
à bord dans des conditions favorables à leur survie. Ils remontent toujours en surface au bout
de 29,9 secondes±0,99 pour récupérer le souffle. La durée moyenne de pêche par jour est de 4
heures. Un pêcheur pratique 54 plongées ± 7,24 en moyenne pendant le jour de pêche.
Pour Reef Project, les captures sont mises dans des seaux de 20 litres, remplis d’eau de 17 litres
à raison de cinq individus par seau, mais d’un individu seulement pour les poissons agressifs
comme les balistes (Balistoides).
Pour le cas de Matata, la densité de mise en charge pendant le transport (site de pêche au lieu
de conditionnement) est fixé de un poisson par sachet de transfert remplis de 1/3 d’eau de mer
et de 2/3 d’oxygène. Le sachet fait 6 litres en volume total. La durée de transport de produits
depuis le site de débarquement jusqu’au site de stockage est de 30 minutes à une heure 30
minutes. Le cyclo-pousse constitue le moyen de transport depuis le village de pêcheurs au site
de conditionnement à Toliara.
Figure 8 : Groupe de pêcheurs de Matata lors d’une sortie en mer: A=Equipement et engins de
pêche, B=Préparation de poissons capturés.
2.2.2.3. Effort de pêche
Rappelons que le nombre de sortie en mer effectué par les 3 pirogues par semaine est l’unité de
l’effort de pêche dans cette étude. L’effort de pêche a été évalué par semaine pour mieux
22
présenter les résultats. Les trois pirogues peuvent sortir en même temps. Une pirogue peut sortir
0 à plusieurs fois dans une semaine et elle ne sort qu’une seule fois au maximum dans une
journée. Les trois pirogues de la société Reef Project sortent en maximum 14 sorties dans une
semaine. Cela a été rencontré au début du mois d’avril, première semaine de travail de la société.
Le nombre minimum de sortie en mer de 3 pirogues est enregistré dans la semaine de 20 au 27
mai 2016. Du 17 juin au 2 juillet 2016, semaines précédant le jour de mise « en stand-by » de
la société d’étude (03/07/18), deux sorties seulement ont été effectué par les trois pirogues de
Reef Project. (Fig.9 et Annexe 4). Il résulte de l’exploitation des données statistiques
hebdomadaires de nombre de sortie en mer de pirogue durant 14 semaines que chaque groupe
de pêcheur embarqué par une pirogue effectue en moyenne une (1) sortie tous les deux jours,
soit 0,5 sortie par jour. Cette fréquence est liée, non seulement à la demande de la société
(nombre d’espèces et individus), mais également aux facteurs environnementaux qui régissent
le milieu marin et perturbent la pêche aux poissons d’aquarium récifaux, tels que la turbidité de
l’eau et le vent.
Figure 9: Variation hebdomadaire de l'effort de pêche chez la société Reef Project
2.2.3. Captures de pêche aux poissons d’aquarium
2.2.3.1. Capture par unité d’effort (CPUE)
202 individus de poissons sont capturés par les pêcheurs dans la première semaine de travail de
Reef Project soit 14 poissons par sortie en moyenne. Cette valeur présente la meilleure quantité
de capture de toute CPUE enregistré durant cette étude. La CPUE a diminué de 150 à 18
individus de la deuxième à huitième semaine d’activité. Une augmentation de CPUE est
enregistrée dans la semaine du 04 au 10 juin 2016. Deux semaines avant l’arrêt des activités de
la société, 18 juin au 2 Juillet 2016, la sortie en mer a été réduit, ce qui a diminué également le
total de capture en 14 poissons seulement durant cette période, soit 4 individus par sortie
Activités suspendues par le
ministère
23
(Fig.10). La fluctuation des CPUE moyenne par semaine, en parallèle avec la CPUE totale, est
liée à la commande de la société. La CPUE par sortie globale calculée est de 18 poissons soit 4
à 5 poissons par sortie par pêcheur.
Figure 10 : Variation de la CPUE pour la société Reef Project
2.2.3.2. Taille de capture
Les classes de taille calculées à partir de la règle de Sturge correspondent aux tailles établies et
recommandées par la société. Trois classes de tailles ont été identifiées : « large »] 10-15] cm,
« medium » ou « moyen »] 5-10] cm, et « small » ou « petit »] 0-5] cm.
Les résultats portés sur la figure 9 montrent les différentes tailles de 1 100 individus de poissons
capturés durant 57 jours de pêche. Les poissons de taille moyenne (5-10 cm) constituent la
majorité de captures, avec 680 individus contre 258 et 162 pour les poissons de grande taille
(10-15 cm) et de petite taille (5-10 cm) (Fig.11). La différence entre la taille moyenne et deux
autres classe de taille est significative (N=57 ; Kruskal-Wallis rank ; p=0,0001/Tukey, p (entre
moyenne et grande taille)=0.0011, p (entre moyenne et petite taille) =0.0001 et p(entre petite et
grande taille)=0,123).
Figure 11: Répartition de toutes espèces confondues selon leur taille
Activités suspendues par le
ministère
24
2.2.3.3. Espèces exploitées
 Espèces recherchées
Les sociétés Reef Project et Matata ciblent, au total, 26 espèces qui sont divisées en 3 principaux
niveau d’importance : niveau 3, classe qui regroupe les poissons les plus recherchées ; niveau
2 : catégorie rassemblant les individus de valeurs intermédiaires (ni plus, ni moins recherchées)
et enfin le niveau 1 : groupe constitué par les espèces les moins recherchées, à faible valeur
commerciale que niveau 1 et 2 (Fig.12). Quatre espèces parmi les 26 sont les plus recherchées:
Centropyge debelus, Apolemichtys kingi, Zebrasomma gemmatum et Acanthurus polyzona. Les
22 autres espèces sont considérées directement comme les moins recherchées pour la société
Matata car elle ne cherche généralement que les poissons de niveau 3 qui sont également
considérée comme poisson de luxe. Cependant Reef Project catégorise Zebrasoma veliferum,
Rhinecanthus cinereus, Pomacanthus chrysurus, Macropharingodon lapillus, Chaetodon
blackburnii, Centopyge acanthops, Balistoides conspicillum et Acanthurus lineatus comme de
poissons de niveau 2.
Figure 12 : Classification des espèces recherchées par la société Reef Project et Matata
25
Les pêcheurs ont de difficulté à trouver certains poissons surtout les 3 premiers poissons
catégorisés dans le niveau 3 (Apolemichthys kingi, Acanthurus polyzona, Centropyge debelus)
et d’autres poissons se trouvent souvent en trop grande taille c'est-à-dire ceux plus de 15 cm
(Balistoides conspicillum). Par conséquent, la société est obligée de chercher d’autres espèces
de faible valeur commerciale que celles de niveau 1.
 Espèces capturées
Figure 13: Nombre d’individus relatif à chaque espèce capturée
26
Parmi les 40 espèces capturées par les pêcheurs de Reef Project, Zebrasoma gemmatum,
Zebrasoma veliferum, Macropharingodon lapillus sont les plus pêchées. Elles représentent
respectivement 12,82% ; 10,27% et 9,36% de la capture (141, 113, et 103 sur les 1 100 individus
au total) (Fig.13). Cependant, l’ensemble de captures n’arrive pas tous à survivre dans l’unité
de stockage c’est-à-dire le nombre total d’espèces exportées est différent du nombre total
d’espèces capturées. Cette différence est liée aux taux de mortalité des individus de chaque
espèce, le long de procédé de production.
 Espèces exportées
La société Reef Project a pu exporter 364 poissons répartis en 27 espèces avant la mise en
« stand-by » de ses activités. Zebrasomma gematum est l’espèce la plus exportée. Elle
représente 17,58% des individus exportés suivi de Zebrasoma veliferum (10,16%), Amphiprion
latifasciatus (8,72%,), Chromis viridis (8,24%), Centropyge acanthops et Pomacanthus
chrysurus (même proportion 7,41%), Macropharingodon lapillus (6,86%) et Paracanthurus
hepatus (5,76%) (Fig. 14). Les 19 espèces restantes représentent moins de 4% des poissons
exportés.
Figure 14 : Nombres d’individus exportés par espèce
27
2.2.4. Conditionnement des captures
Arrivés au point de débarquement (l’un des 3 villages de pêcheurs), après 6h de temps de pêche
(y compris le déplacement), les captures sont transférées directement aux sites de
conditionnements à Ankilimarovahatse (Reef Project) ou Ankiembe (Matata). Une fois, dans
l’unité de conditionnement, les poissons sont acclimatés. Pour Reef Project, l’acclimatation est
procédée par l’ajout progressif d’eau dans le seau de transfert jusqu’à l’atteinte de la
température semblable à celle de l’eau du bâche piscine ronde, l’unité de stockage de la société.
Pour Matata, les captures sont laissées dans le sachet de transfert, à température ambiante, toute
une nuit avant de les mettre, le matin, dans un aquarium de stockage.
L’éloignement de lieux de stockage de la source d’eau de mer est un fait similaire pour les 2
sociétés. L’eau de mer utilisée dans l’unité de conditionnement est transportée depuis la plage
d’Ankoronga (Reef Project) et d’Ankiembe (Matata) par cyclo pousse ou charrette dans des
bidons. Un changement complet d’eau est effectué deux fois par mois pour la société Reef
Project et une fois par mois pour Matata. La société Matata dispose dans son unité de stockage,
d’un grand récipient équipé d’un écumeur utilisé pour purifier et recycler l’eau distribuée dans
les aquariums par un tuyau PVC de 20 mm de diamètre. Pour minimiser le risque de
contamination, avant d’alimenter ces aquarium de stockage, l’eau est passé tout d’abord à
travers d’un filtre à cartouche de 5µm (Fig. 15).
La société Reef Project diffère de Matata sur le système de purification d’eau et le dispositif de
stockage de captures (bâche piscine ronde). Elle ne dispose pas d’aquarium ni de filtre à
cartouche pour garantir la qualité de l’eau.
Figure 15 : Système de circuit fermé pour alimenter et évacuer l’eau des aquariums ou
récipients de stockage d’eau
28
La société Matata fixe la densité de stockage à un poisson par compartiment de dix litres. Les
poissons sont nourris des provendes manufacturées, mais la société Reef Project complémente
cette provende par des petites crevettes séchées. Contrairement à l’élevage de poissons de
bouche, le nourrissage de poissons d’aquarium dans l’unité de stockage a pour objectif de
maintenir les captures en vie et en bonne santé jusqu’à la date d’expédition mais pas pour leur
croissance. La fréquence de nourrissage est de deux fois par jour pour la société Reef Project et
une fois tous les deux jours pour la société Matata, à raison de 0,12% de la biomasse. Le suivi
de paramètres physico-chimiques d’eau de stockage n’est pas pris en compte par les deux
sociétés. Toutefois, la société Reef Project effectue de suivis du pH, et de teneurs en nitrite,
nitrate et ammoniac, en cas de problèmes de mortalité sévère.
Les poissons sont mis à jeun la veille de chaque expédition. Un sachet transparent doublé est
utilisé pour transporter les poissons de Tananarive au(x) pays importateur(s). La transparence
du sachet de transfert est exigée pour permettre l’inspection de poissons selon les
recommandations de l’IATA. A chaque expédition, un sachet de 6 litres contient uniquement
un poisson, 1/3 de l’eau et 1/3 de l’oxygène médical (Fig.16). Six à sept sachets de six litres
remplis, chargé d’un poisson, sont conditionnés dans un carton polystyrène puis bien scotché
pour être de bonne condition de transport.
Figure 16 : Poissons prêts pour l’expédition
29
2.2.5. Survie
2.2.5.1. Suivant l’étape de production
Le taux de survie de poissons capturées, enregistré à chaque étape de production (Fig.17) (i)
depuis le lieu de pêche jusqu’au site de conditionnement, (ii) pendant le conditionnement, et
(iii) durant l’expédition, est significativement différent (Kruskal-Wallis rank ; p=0,000021/
posthoc.kruskal.nemenyi, p (entre i et ii)=0.00021, p (entre ii et iii) =0.0001 et p (entre i et
iii)=0,233). 99% d’espèces ont survécu durant le transport, 70% pendant les jours de stockage
et 97% durant l’expédition. La mortalité élevée (604 poissons) rencontrée dans le milieu de
conditionnement est liée aux 3 facteurs suivants : le choc et le stress subit durant le transport
vers le lieu de stockage, faible capacité d’adaptation aux provendes et surtout la qualité
physique et biologique de l’eau.
Figure 17: Taux de survie des captures dans chaque étape de production
2.2.5.2. Selon l’espèce
Parmi les 15 premiers poissons capturés, dans la phase de conditionnement, Chromis viridis et
Thalasoma hebraicum ont le meilleur taux de survie (87,65%±12,36 et 84,42%±14,46) suivi de
Ctenochaetus striatus (79,04%±21,44) , Zebrasoma veliferum (78,79%±20,70) ; Z. gemmatum
(71,2%±26,15) et Macropharyngodon lapillus (61,11%±25,45). Ces 3 dernières espèces sont
les plus capturées par les pêcheurs. L’espèce Zanclus cornutus est la plus vulnérable de toutes
avec un taux de survie de 53,80%±16,05 (Fig.18). C’est un poisson fragile, il ne peut pas rester
au-delà de 5 jours dans le milieu de conditionnement. Les écarts représentent la moyenne de
trois mois d’étude.
30
Figure 18 : Taux de survie de 15 premiers poissons d’aquarium capturés
2.2.6. Commercialisation de poissons d’aquarium
2.2.6.1. Commerce extérieur
 Circuit de commercialisation
Le circuit de vente de poissons d’aquarium à des fins esthétiques au Sud-Ouest de Madagascar
est le suivant (Fig.19) : après la pêche, les poissons vivants passent de pêcheurs professionnels
(propre à la pêche de poissons d’aquarium) aux sociétés privées qui les commercialisent aux
grossistes internationaux ou directement aux clients. Les grossistes distribuent enfin les
produits aux amateurs de l’aquariophilie.
31
Figure 19 : Circuit de commercialisation des poissons d’aquarium à des fins esthétiques
 Prix des poissons
Reef Project et Matata constituent les seuls clients de poissons d’aquarium dans la région Sud-
Ouest de l’île. Le prix unitaire fixé par les sociétés exportatrices pour les pêcheurs varie de
500Ar (Chromis viridis) à 1 000 000Ar (Acanthurus polyzona). Zebrasoma gemmatum
(Fig.20), espèce la plus capturée, coûte 50 000Ar pour la société Reef Project et 30 000Ar pour
Matata.
Figure 20: Zebrasoma gemmatum (Valenciennes, 1835)
32
Tableau 2 : Prix des poissons d’aquarium à des fins esthétiques
33
Selon les données enregistrées au niveau du MRHP par les sociétés exportatrices, un poisson
d’aquarium coûte 53 476Ar à 144 060Ar au marché international. Ce qui donne une valeur
médiane de 113 639Ar (Annexe 10). Le prix unitaire moyen de poissons d’aquarium fixé par
Reef Project et Matata pour les pêcheurs est de 47 913Ar et 75 704 Ar pour l’ensemble
d’espèces capturées et recherchées. Pour une même espèce, la société Matata propose
significativement un prix plus favorable que Reef Project. (Tukey, p=0,00112). Cependant
cette dernière achète plus d’espèce de poissons que Matata.
 Exportation
La majorité de poissons exportés par Reef Project sont destinés aux Etats-Unis (42,28 %), en
Afrique du Sud (38,27%), à Singapour (19,44%), et au Sri Lanka (12,35%). La société Reef
Project a réalisé durant un trimestre (avril, mai et juin 2016) trois exportations vers les Etats-
Unis (Fig.18). A chaque expédition, 10 à 124 poissons sont envoyés. En juin 2016, 181 poissons
sont exportés
Figure 21 : Fluctuation de l’abondance de poissons exportés selon les pays importateurs
 Revenu des pêcheurs aux poissons d’aquarium
Les revenus journaliers de pêcheurs varient suivant la quantité et la valeur d’espèces
demandées. Mais avant tout, il dépend de la praticabilité de la mer (eau claire et pas trop de
vent). Un pêcheur gagne par sortie en mer de 1 000Ar à 130 750Ar (Annexe 8). Comme le
nombre moyen de sortie en mer par jour est de 0,5 (une sortie tous les deux jours) ; un pêcheur
gagne alors 30 000Ar par jour. Un pêcheur gagne mensuellement 430 000Ar (n=55) soit environ
2,5 fois du salaire minimum d’embauche à Madagascar.
Activités suspendues
par le ministère
34
2.2.6.2. Commerce local
 Circuit de commercialisation
Après la pêche, les poissons d’aquarium pris comme poissons de consommations, passent de
pêcheurs de poissons de bouche aux mareyeurs qui les commercialisent aux marchés locaux.
Parfois, ces captures sont menées directement au sein de consommateurs sans passer aux
intermédiaires. Comme tous autres poissons de bouche, les poissons sont commercialisés à
l’état frais, non vivant.
Figure 22 : Circuit de commercialisation des poissons d’aquarium pris comme poissons de
bouche
 Prix des poissons
Durant les travaux d’enquêtes effectués au niveau de 4 marchés de Toliara, 36 espèces parmi
40 exploitées par les 2 sociétés ont été observées sur les étals de vente de poissons de bouches
(poissons morts) qui sont listés dans le tableau 1. Sept autres espèces trouvées aux marchés de
Toliara sont recherchées au marché international mais inexploité par Reef Project et Matata.
35
Tableau 3 : Prix des poissons d’aquarium pris comme poissons de consommations
36
Le prix unitaire moyen de poissons d’aquarium sur les étals de vente de poissons de bouches
est de 152Ar±53. Halichoeres nebulosus, Thalasoma hebraicum et Macropharyngodon lapillus
sont les principales espèces rencontrées (plus de 7%). Les poissons d’aquarium coûtent
significativement beaucoup plus chère lorsqu’ils sont vendus au sein des sociétés exportatrices
qu’au marché de poissons de bouche. (Test Tukey, p<0,05). Ces poissons sont vendus à bon
marché. Ce qui permet d’avancer que le développement de la filière aquariophile est le seul issu
de valorisation bénéfique de poissons d’aquarium récifaux.
2.2.7. Marché local
Outre Reef Project, Matata, et les marchés locaux de Toliara où les poissons sont vendus moins
chers à l’état frais, aucun marché de poissons d’aquarium n’est enregistré. Les enquêtes menées
au sein de pêcheurs, mareyeurs et hôtels-restaurants affirment cela. Parmi les 10 hôtels
Restaurants enquêtés, un seulement possède de l’aquarium et il s’agit d’un aquarium d’eau
douce. L’inexistence des amateurs d’aquariophilie, de distributeurs détaillants de poissons
d’aquarium récifaux ou de fournisseurs locaux et l’ignorance de technique d’entretien
empêchent les hôtels-restaurants du Sud-Ouest de Madagascar à réaliser cette activité. Ce
dernier constituerait l’un des moyens pour présenter aux clients des hôtels-restaurants,
Malagasy ou étrangers ; l’attrait de la richesse faunistique et floristique du grand récif de
Toliara. Déjà avancé dans la partie précédente, le marché local de Toliara constitue un lieu de
vente de poissons d’aquarium (non vivant). Ces derniers présentent les 2% de poissons vendus
aux marchés locaux destinés à la consommation.
2.3. Evolution de l’exportation de poissons d’aquarium à Madagascar de 2015 à 2017
2.3.1. Espèces exportées
39 espèces sont exportées entre 2015 et 2017 (Fig.22). Zebrasoma gemmatum est l’espèce la
plus exportée (67,25±26,4% du nombre total d’individus exportés à chaque expédition), suivi
de Chaetodon blackburnii, Macropharyngodon sp (6,12±3,35%), et Macropharyngodon
lapillus (2,78±2,83%) (Fig.22). Outre Zebrasomma gemmatum, Apolemichthys kingi constitue
également la seconde espèce à haute valeur commerciale exportée. Aucune espèce exportée
n’est inscrite dans la liste rouge de l’IUCN ni dans l’annexe de CITES.
37
Figure 23 : Nombre d’individus de 39 espèces exportées par Madagascar, entre 2015 et 2017
2.3.2. Fluctuation de l’exportation
L’exportation de poissons d’aquarium a été débutée vers 1985, mais aucune donnée relative n’a
été enregistrée avant 2015. Aucun suivi d’activité d’exploitation de poissons d’aquarium
récifaux n’a été effectué au niveau du ministère durant cette période. Entre 2015 et 2017,
Madagascar a exporté mensuellement 10 à 385 poissons d’aquarium. Aucune exportation n’a
été faite tous les mois de janvier. 225 poissons ont été exportés en 2015, représentant 5,73 fois
moins qu’en 2016 (1 289 poissons). Le nombre de poissons exporté en 2016 est
significativement élevé comparé à celui de 2015 et 2017 où le pays n’a exporté que 187 poissons
seulement (Fig. 23) (Kruskall Wallis rank, Tukey p=0,0119).
38
Figure 24 : Evolution de l’exportation de poissons d’aquarium à Madagascar, entre 2015 et
2017
2.3.3. Principaux pays importateurs de poissons d’aquarium
Madagascar exporte ses poissons d’aquarium vers 7 pays : Chine, Dubai, Royaume Uni,
Singapour, Taiwan, USA, et Afrique du Sud. Etats-Unis, Chine (Hong Kong), Royaume-Uni et
Singapour constituent les 4 principaux importateurs de produits de l’ile. Zebrasoma gemmatum
est l’espèce la plus demandée.
39
3. DISCUSSION
3.1. Exploitation de poissons d’aquarium récifaux à Madagascar : sa place dans le
commerce mondial
Comme la pêche aux poissons de bouche, la technique de pêche aux poissons d’aquarium
pratiquée à Madagascar reste encore traditionnelle sauf le cas de MANB à Nosy be avant 2015
(utilisation d’embarcation motorisé et bouteille de plongée). Les méthodes de pêche
destructives rencontrées dans certains pays comme en Philippine n’affectent pas encore l’île. Il
s’agit de la pêche au cyanide de Sodium (NaCn) qui est interdite, mais reste pratiquée dans 80%
des cas (Hingco et Rivera, 1991). Elle est utilisée pour étourdir les poissons mais entraîne une
grave dégradation des récifs (Johannes et Riepen, 1995). Certains pêcheurs utilisent des
explosifs. Cette pratique est encore largement répandue et présente au Philippine (Hignette,
2003).
Le filet de pêche utilisé par les pêcheurs, déterminé au cours de cette étude, fait partie des filets
maillant nommés « barrier net » qui représentent la meilleure technique de pêche aux poissons
d’aquarium (Randall, 1987) car beaucoup de petites espèces risquent de se blesser dans des
mailles plus petites (Dufour, 1998). La méthode de pêche de poissons d’aquarium dans le Sud-
Ouest de Madagascar a connu peu de changement depuis cinq ans. Mahafina en 2011, a avancé
qu’une autre technique de pêche a été adoptée par Matata pour capturer les poissons
d’aquarium. Il s’agit de capture des poissons d’aquarium avec des épuisettes dans des milieux
sauvages avec une exportation d’individus après quelques jours de mise en cage dans le milieu
marin. Depuis 2016, la mise en cage a été annulée suite à l’application de l’article de la loi
N°2015-053 portant code de la pêche et de l’aquaculture de Madagascar. L’utilisation de
pirogues à balanciers, comme moyen de déplacement pour sortir en mer, ne demande pas trop
d’investissements comparés à des embarcations motorisées. Ce qui explique l’emploi de ces
moyens de déplacements par les sociétés exportatrices. Ces dernières sont les plus utilisées dans
l’exploitation de poissons d’aquarium récifaux à Kiribati (William et al, 1999).
Aucune des espèces de poissons d’aquarium capturées au cours de cette étude n’est figurée
parmi les organismes « vulnérables » de la liste rouge de l’IUCN et inscrites à l’annexe de la
CITES. Mais beaucoup d’entre elles sont classés dans DD (ou Data Déficient), c’est la
classification d’IUCN pour des espèces dont on ne dispose pas assez de données pour évaluer
le risque direct ou indirect d’extinction (IUCN, 2012). Cheilinus undulatus et les hippocampes,
organismes ayant de valeurs commerciales élevées au marché d’aquariophilie ne sont pas
inscrits dans la liste d’espèces recherchées par les 2 sociétés. L’inclusion de ces organismes
40
parmi les espèces vulnérables cités dans la liste rouge de l’IUCN, (http://www.iucnredlist.org)
les empêche de les exploiter. Ce qui permet d’avancer que l’exploitation d’espèces de poissons
d’aquariumations est légale par rapport aux législations internationales.
Trois des 40 espèces rencontrées au cours de cette étude sont également de poissons de bouches
: Rhinecanthus aculeatus, Acanthurus lineatus, et Ctenochaetus striatus. Ces dernières sont
incluses dans la liste d’espèces les plus exploitées, à valeur marchande, destinés à la
consommation humaine (Randriambololona, 1998). Elles peuvent atteindre respectivement une
longueur de 25cm ; 38cm et 26cm. Cependant, ces espèces sont utilisées par les opérateurs
d’aquariophilies comme poissons d’aquariumations à une taille inférieure à 15 cm. En effet,
pour la gestion de ces espèces utilisées en consommation locale, il est recommandé de les
exclure parmi les poissons exploités en aquariophilie.
Acanthurus polyzona est la plus onéreuse de tous les poissons (1 000 000Ar par individu).
L’absence de certaines espèces recherchées comme Acanthurus polyzona, Apolemychitys kingi,
parmi les poissons capturés au cours de cette étude pourrait être expliqué par la rareté de
l’espèce en question dans les sites de pêche. Cependant, la présence d’Acanthurus polyzona ,
est déclarée unique à Madagascar et à l’ile de la Réunion. En effet l’absence d’Acanthurus
polyzona dans les captures pourrait être expliquée par la bio-écologie de cette espèce qui reste
encore inconnue. 30% des poissons récifaux sont des espèces cryptiques, rarement observées
par les hommes et certains vivent à plus de 10 m de profondeur, tandis que d’autres passent la
majeure partie de leur temps cachées dans la structure du récif (Lieske et Meyers, 2002).Par
contre, des espèces de poissons d’aquarium facile à capturer, disponibles dans la zone d’étude
mais faiblement exploitées (Dascyllus trimaculatus), ou moins exportées (Parachanturus
hepatus), Dascyllus trimaculatus, Labroides dimidiatus, et Amphiprion ocellaris sont listés
parmi les 20 premières espèces importées aux Etats Unis venant de différents pays hors de
Madagascar (Rhyne et al., 2012). En effet, notre pays dispose plusieurs espèces recherchées au
commerce international mais non ou mal-exploitées. Cela mérite alors d’être étudié pour une
meilleure valorisation de poissons d’aquarium de Madagascar et augmenter le revenu de
pêcheurs traditionnels.
Zebrasoma gemmatum, espèce la plus exploitée à Madagascar, et plus recherchée au niveau du
marché international n’est pas figurée dans la liste de 20 premières espèces, suscitées,
importées aux Etats Unis (Rhyne et al., 2012 ) et non plus dans celle des 150 premières espèces
exploitées en Inde (Jayasankar, 1998). Ce qui permet de classer Zebrasoma gemmatum comme
espèce rare, novice dans cette filière et endémique de l’océan Indien. Zebrasoma gemmatum
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  • 1. Mémoire de fin d’étude pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) en OCEANOLOGIE APPLIQUEE Option : Gestion des ressources marines ETUDE DES ACTIVITES D’EXPLOITATION DES POISSONS D’AQUARIUM RECIFAUX DANS LA REGION SUD OUEST DE MADAGASCAR 2018 MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITE DE TOLIARA INSTITUT HALIEUTIQUE ET DES SCIENCES MARINES ---------------------------------------------- Présenté par : RAHOASA Ndriamparany Hervé Soutenu le 17 octobre 2018 Membres de jury : Président : Dr. MANERA Jean Yves Rapporteur: Dr. TODINANAHARY Gildas Georges Boleslas Examinateur : Dr. RASOAMANANTO Irène Examinateur : Dr. RAZANOELISOA Jacqueline
  • 2.
  • 3. i REMERCIEMENTS J’aimerais remercier les personnes qui ont été impliquées, de près ou de loin, dans la réalisation de ce mémoire. Mes vifs remerciements et ma profonde gratitude sont dirigés envers les personnes suivantes : o Dr. MAHAFINA Jamal Angelot, Directeur de l’Institut Halieutique et des Sciences Marines (IH.SM), Maître de conférences, Enseignant-chercheur à l’IH.SM, de m’avoir accueilli au sein de l’institut pour mettre à terme mon 3ème cycle universitaire. o Dr. RANIVOARIVELO Lantoasinoro, Responsable Mention à l’IH.SM, de m’avoir donné l’autorisation à réaliser cette étude. o Dr. TODINANAHARY Gildas Georges Boleslas, Maître de conférences à l’IH.SM. Merci d’avoir accepté sans hésitation de m’encadrer, consacré du temps pour juger à bien et à terme ce travail et de me prodiguer de judicieuses suggestions. Travailler avec vous m’a permis d’approfondir mes connaissances. o Dr. LAVITRA Thierry, Maître de conférences, ancien Directeur de l’IH.SM, mon mentor, de m’avoir suggéré de m’intégrer dans la société Reef Project en me proposant ce thème. Merci pour votre support ; o Dr. RAVELO Vololonavalona, Maître de conférences à l’IH.SM, de m’avoir fourni des informations indispensables pour l’exécution de ce travail ; o Dr. RAZANOELISOA Jacqueline d’avoir corrigé le fond et la forme de ce mémoire ; o Tous les Enseignants de l’IH.SM pour m’avoir enrichi de connaissances ; o Dr. RAKOTOMAMONJY Notahiny Andrée, Directeur de l’Autorité Sanitaire Halieutique au niveau du Ministère de la Pêche et des ressources halieutiques, de m’avoir fourni les données statistiques relatives à cette étude ; o Monsieur JEAN Claude de m’avoir fourni les données statistiques au niveau de la Direction Régional edes ressources halieutiques et de la Pêche dans le Sud-Ouest de Madagascar ; o Monsieur Wayne Morrison, Propriétaire de la société « Reef Project », de m’avoir offert l’opportunité d’exploiter les données de la société sans exception et sans limite pour réaliser mon mémoire ; o Monsieur VONINAHITSY Mario, propriétaire de la société Matata et Monsieur KAMBETA Rakotomalala Prisca, responsable de la société à Toliara, de m’avoir permis de collecter les données nécessaires pour mener à bien ce travail ; o Toutes les personnes qui ont apporté leur soutien pour mener à bien ce mémoire en particulier MARIE Louise Paulinarda, RASOLOFOARIVONY Velompanahy Nestin, BEMANA Njara José, RAZAKANDRAINY Adriamanjato et RAMANANTENASOA François Nestor ; o Mes très chers parents, mes tuteurs, mes chers frères et sœurs pour leur soutien sans faille ; o A ceux qui aiment la mer et qui la respectent.
  • 4. ii RESUME Des études d’exploitation et de gestion de poissons d’aquarium récifaux, développés et suggérés dans ce travail, restent insuffisantes à Madagascar, malgré le nombre de sociétés exportatrices installé depuis 2001. En effet, des enquêtes ont été menées au sein des administrations nationales concernées pour évaluer le niveau d’exploitation de poissons d’aquarium. Un suivi de paramètres d’exploitations, entre avril et septembre 2016, a été également effectué, au sein de Matata et surtout Reef Project à Toliara, complémenté par une étude de marché local en 2017. Dix articles de la loi n° 2015-053 portant le code de la pêche et de l’aquaculture, amandé en 2017 sont principalement référées pour situer les règlements, en vigueur, conformes à l’exploitation de poissons d’aquarium. Avant d'exporter, surtout aux États-Unis, 18 poissons pris par sortie et par groupe de pêcheurs tous les 2 jours ont été maintenus vivants dans une unité de conditionnement pendant 5 jours. Ce qui donne un taux de survie de70,36%±22,83, possible d’être amélioré. Zebrasoma gemmatum est l’espèce la plus capturée et exportée. Madagascar a exporté 1 701 poissons, repartis en 39 espèces, entre 2015 et 2017. Un poisson d’aquarium, considéré comme poisson de bouche au marché local, coûte moins de 250 Ar alors qu’un pêcheur touche 500 Ar (Chromis viridis) à 50 000Ar (Z. gemmatum) au sein des sociétés exportatrices. Ces prix montent de 74 000 Ar à 4 370 000Ar au marché international. Dans cette filière, un pêcheur gagne mensuellement 2,5 fois du salaire minimum d’embauche (430 000 Ar). Ce qui incite à développer et pérenniser l’aquariophilie marine par l’amélioration du système d’exploitation et de gestion de poissons d’aquarium qui implique l’établissement des arrêtés appropriés. Des études approfondies de la bio écologie et l’état de stock de poissons d’aquarium devraient être menées afin de fournir de base du plan de gestion de la filière. Mots clés: Pêcheurs, poissons d’aquarium, coraux, législation, Reef Project, Matata, Sud- Ouest, Madagascar
  • 5. iii ABSTRACT Farms and management of coral ornamental fish was developed and suggested in this work. The field remain insufficient for Madagascar, despite the number of exporting companies installed since 2001. Indeed, surveys have been conducted in the national administrations concerned to evaluate the level of exploitation of aquarium fish. A monitoring of operating parameters, between April and September 2016, was carried out, within Matata and especially Reef Project in Toliara, supplemented by a local market study in 2017. Ten articles, n ° 2015- 053 bearing code of fishing and aquaculture were amended in 2017which are mainly referred to locate the regulations, in force, consistent with the exploitation of ornamental fish. Before exporting abroad, especially to the United States. 18 fish caught per outing and per group of fishermen every 2 days were kept alive in a packing unit for 5 days. Which gives a survival rate of 70.36% ± 22.83, possible to be improved. Zebrasoma gemmatum is the most commonly caught and exported species. Madagascar has exported 1,701 fish, distributed in 39 species, between 2015 and 2017. An aquarium fish, considered as a local fish, costs less than 250 Ar while a fisherman receive 500 Ar (Chromis viridis) at 50 000 Ar (Z. gemmatum) within exporting companies. These prices rise from 74,000 Ar to 4,370,000 Ar at the International market. In this sector, a fisherman touches 2.5 times the monthly minimum wage (Ar 430,000). This encourages the development and sustainability of the marine aquarium by improving the system of exploitation and management of fish ornaments that involves the establishment of appropriate orders. Extensive studies of the bio ecology and stock status of ornamental fish should be conducted in order to provide the basis for the management plan of the sector. Key words: Fishermen, ornamental fish, corals, legislation, Reef Project, Matata, Southwest, Madagascar
  • 6. iv Sommaire Remerciements......................................................................................................................i Résumé..................................................................................................................................ii Liste des figures .................................................................................................................vii Liste des tableaux...............................................................................................................vii Liste des annexes...............................................................................................................viii Liste des acronymes..........................................................................................................viii INTRODUCTION.................................................................................................................... 1 1. MATERIEL ET METHODES........................................................................................ 3 1.1. Matériel .............................................................................................................................. 3 1.2. Méthodes ....................................................................................................................... 3 1.2.1. Présentation des cas étudiés : Reef Project et Matata .................................................. 4 1.2.1.1. Choix de la zone d’étude....................................................................................... 4 1.2.1.2. Présentation des sociétés étudiées......................................................................... 4 Société Reef Project ............................................................................................... 4 Société Matata........................................................................................................ 6 1.2.1.3. Origine des pêcheurs de poissons d’aquarium ...................................................... 6 1.2.2. Analyse du cadre législatif de l’exploitation de poissons d’aquarium récifaux........... 7 1.2.2.1. Interview au niveau de l’autorité administrative................................................... 7 Direction Générale des Ressources Halieutiques et de la Pêche............................ 7 Autorité Sanitaire Halieutique................................................................................ 8 Office National pour l’Environnement................................................................... 8 Economic Development Board of Madagascar...................................................... 8 1.2.2.2. Examen et résumé des documents obtenus ........................................................... 9 1.2.2.3. Confrontation des données obtenues par rapport aux cas existant à Toliara......... 9 1.2.3. Suivi des activités de production des poissons d’aquarium ......................................... 9 1.2.3.1. Suivi de pêche ....................................................................................................... 9 Technique de pêche................................................................................................ 9 Effort de pêche ..................................................................................................... 10 Inventaire et évaluation des captures.................................................................... 10 1.2.3.2. Survie .................................................................................................................. 10
  • 7. v 1.2.3.3. Suivi au niveau de l’unité de stockage................................................................ 11 1.2.3.4. Suivi de la commercialisation ............................................................................. 11 1.2.3.5. Enquêtes au niveau des pêcheurs ........................................................................ 11 1.2.4. Enquêtes au niveau du marché de Toliara.................................................................. 11 1.2.5. Etude du marché local de poissons d’aquarium......................................................... 12 1.2.6. Traitement des données.............................................................................................. 12 2. RESULTATS.................................................................................................................. 13 2.1. Cadre législatif et règlementaires relatifs à l’exploitation des poissons d’aquarium récifaux.................................................................................................................................... 13 2.1.1. Procédures administratives......................................................................................... 13 2.1.1.1. Création d’une société d’exploitation de poissons d’aquarium .......................... 13 2.1.1.2. Permis environnemental...................................................................................... 13 2.1.1.3. Agrément zoo sanitaire........................................................................................ 14 2.1.1.4. Permis d’exploitation .......................................................................................... 14 2.1.2. Cadrage règlementaire de l’exploitation .................................................................... 14 2.1.2.1. Pêche ou collecte des poissons récifaux sauvages .............................................. 14 2.1.2.3. Conditionnement des captures............................................................................. 15 2.1.2.4. Commercialisation .............................................................................................. 15 2.1.3. Situation globale des sociétés exportatrices à Madagascar face aux exigences règlementaires. ..................................................................................................................... 17 2.2. Exploitation de poissons d’aquarium dans le Sud-Ouest de Madagascar ................. 17 2.2.1. Situation socio-professionnelle des pêcheurs............................................................. 17 2.2.2. Pêche aux poissons d’aquarium ................................................................................. 19 2.2.2.1. Sites de pêche...................................................................................................... 19 2.2.2.2 Engins et technique de pêche ............................................................................... 20 2.2.2.3. Effort de pêche .................................................................................................... 21 2.2.3. Captures de pêche aux poissons d’aquarium.............................................................. 22 2.2.3.1. Capture par unité d’effort (CPUE)...................................................................... 22 2.2.3.2. Taille de capture.................................................................................................. 23 2.2.3.3. Espèces exploitées............................................................................................... 24 Espèces recherchées ............................................................................................. 24 Espèces capturées................................................................................................. 25
  • 8. vi Espèces exportées................................................................................................. 26 2.2.4. Conditionnement des captures.................................................................................... 27 2.2.5. Survie ......................................................................................................................... 29 2.2.5.1. Suivant l’étape de production.............................................................................. 29 2.2.5.2. Selon l’espèce...................................................................................................... 29 2.2.6. Commercialisation de poissons d’aquarium .............................................................. 30 2.2.6.1. Commerce extérieur ............................................................................................ 30 Circuit de commercialisation ............................................................................... 30 Prix des poissons.................................................................................................. 31 Exportation........................................................................................................... 33 Revenu des pêcheurs aux poissons d’aquarium ................................................... 33 2.2.6.2. Commerce local................................................................................................... 34 Circuit de commercialisation ............................................................................... 34 Prix des poissons.................................................................................................. 34 2.2.7. Marché local............................................................................................................... 36 2.3. Evolution de l’exportation de poissons d’aquarium à Madagascar de 2015 à 2017 . 36 2.3.1. Espèces exportées....................................................................................................... 36 2.3.2. Fluctuation de l’exportation ....................................................................................... 37 2.3.3. Principaux pays importateurs de poissons d’aquarium .............................................. 38 3. DISCUSSION ................................................................................................................. 39 3.1. Exploitation de poissons d’aquarium récifaux à Madagascar : sa place dans le commerce mondial..................................................................................................................................... 39 3.2. Problèmes liés à l’exploitation de poissons d’aquarium à Madagascar ............................ 42 3.3. Système de gestion : analyse et proposition d’amélioration ............................................. 44 CONCLUSION....................................................................................................................... 46 BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................. 49 ANNEXES..................................................................................................................................I
  • 9. vii LISTE DES FIGURES Figure 1 : Enceinte de la société Reef Project : A= plan de la société ; B=bâtiment................. 5 Figure 2 : Unité de conditionnement de société Matata à Toliara ............................................. 6 Figure 3 : Localisation de la zone et des sites d’études. (source: Google Earth)....................... 7 Figure 4: Resumé de procedure légale avant l'exploitation de poissons d'aquarium ............... 16 Figure 5 : Maison de pêcheurs d’Ankiembe construite par des fonds bénéficiés de la filière. 18 Figure 6 : Sites de pêche de poissons d’aquarium ................................................................... 19 Figure 7: Filet de pêche de poissons d’aquarium..................................................................... 20 Figure 8 : Groupe de pêcheurs de Matata lors d’une sortie en mer: A=équipement et engins de pêche, B=préparation de poissons captures...................................................................... 21 Figure 9: Variation hebdomadaire de l'effort de pêche chez la société Reef Project............... 22 Figure 10 : Variation de la CPUE pour la société Reef Project ............................................... 23 Figure 11: Répartition de toutes espèces confondues selon leur taille..................................... 23 Figure 12 : Classification des espèces recherchées par la société Reef Project et Matata....... 24 Figure 13: Nombre d’individus relatif à chaque espèce capturée ............................................ 25 Figure 14 : Nombres d’individus exportés par espèce ............................................................. 26 Figure 15 : Système de circuit fermé pour alimenter et évacuer l’eau des aquariums ou récipients de stockage d’eau............................................................................................. 27 Figure 16 : Poissons prêts pour l’expédition............................................................................ 28 Figure 17: Taux de survie des captures dans chaque étape de production............................... 29 Figure 18 : Taux de survie de 15 premiers poissons d’aquarium capturés .............................. 30 Figure 19 : Circuit de commercialisation des poissons d’aquarium à des fins esthétiques...... 31 Figure 20: Zebrasoma gemmatum (valenciennes, 1835).......................................................... 31 Figure 21 : Fluctuation de l’abondance de poissons exportés selon les pays importateurs ..... 33 Figure 22 : Circuit de commercialisation des poissons d’aquarium pris comme poissons de bouche .............................................................................................................................. 34 Figure 23 : Nombre d’individus de 39 espèces exportées par Madagascar, entre 2015 et 2017 .......................................................................................................................................... 37 Figure 24 : Evolution de l’exportation de poissons d’aquarium à Madagascar, entre 2015 et 2017.................................................................................................................................. 38 LISTE DES TABLEAUX Tableau 1: Situation socio-économique des pêcheurs.............................................................. 18
  • 10. viii tableau 2 : Prix des poissons d’aquarium à des fins esthétiques .............................................. 32 Tableau 3 : Prix des poissons d’aquarium pris comme poissons de consommations .............. 35 LISTE DES ANNEXES Annexe 1 : Liste de poissons exploités à Madagascar ................................................................I Annexe 2 : Fiche d’enquête socio-économique au niveau de pêcheurs................................ VIII Annexe 3 : Tailles et éffectifs d’espèces capturées par jour et par pirogue .............................IX Annexe 4 : Suivi de mortalité au niveau de stockage et conditionnement de captures......... XIII Annexe 5 : Suivi de l’exportation de chaque espèce au niveau de la société Reef Project XVIII Annexe 6 : Détérmination du nombre de plongée en apnée..................................................XIX Annexe 7 : Suivi de révenus journaliers de pêcheurs (en Ar)................................................ XX Annexe 8: Quantité et prix unitaire des poissons d’aquarium (non vivant) aux marchés de Toliara ...........................................................................................................................XXI Annexe 9: Nombres d’individus de chaque espèce mensuellement exportée, entre 2015 et 2017............................................................................................................................ XXIII Annexe 10: Effectif de chaque espèce exportée et leurs pays importateurs ...................... XXVI LISTE DES ACRONYMES ASH : Autorité Sanitaire Halieutique CE : Communauté Européenne CITES : Convention on International Trade in Endangered Species (en anglais) ou Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction CPUE : Capture Par Unité d’Effort DD : Data Déficient DGRHP : Direction Générale des Ressources Halieutiques et de la pêche DirAqua: Direction de l’Aquaculture DP: Direction de la Pêche DRRHP: Direction Régionale des Ressources Halieutiques et de la Pêche EDBM: Economic Development Board of Madagascar EIE : Etude d’Impact Environnemental FAO : Food and Agriculture Organisation (en anglais) ou Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture IATA : International Air Transport Association
  • 11. ix IH.SM : Institut Halieutique et des Sciences Marines ICRI : International Coral Reef Initiative IOPR : Institut Océanographique Paul Ricard IUCN : International Union for Conservation of Nature ou Union Internationale pour la Conservation de la Nature et de ses Ressources MAC : Marine Aquarium Council MANB : Marine Aquaculture Nosy Be MECIE : Mise En Compatibilité des Investissements avec l’Environnement MRHP : Ministère des Ressources Halieutiques et de la Pêche OIE : Organisation Mondiale de la Santé Animale ONG : Organisation Non Gouvernementale ORTU : Office Régional du Tourisme de TUléar PCC : Post-larve Capture and Culture PGEP : Plan de Gestion Environnemental du Projet PRM : Présidence de la République de Madagascar SARL : Société A Responsabilité Limité
  • 12. 1 INTRODUCTION Les récifs récifaux constituent un écosystème côtier intertropical d'une extrême richesse spécifique et d'une grande productivité dans plus de l00 pays intertropicaux (Salvat, 1990). Ces écosystèmes procurent une multitude de biens et de services à l’ensemble des êtres humains (Moberg et Foolke, 1999). Les avantages de la préservation de ces écosystèmes pour l’humanité sont d’ailleurs de l’ordre de 375 milliards de dollars et près de 500 millions de personnes en dépendent (Kunzmann, 2004). Il existe quatre formes géomorphologiques mais classiques : récifs frangeants, barrières, atolls et banc récifaux. L'écosystème récifale est le seul dont les organismes vivants élaborent leur propre substrat. Par suite de leur symbiose avec des algues unicellulaires, les zooxanthelles, les madréporaires constructeurs de récifs élaborent un squelette calcaire dont 1'accumulation constitue le substrat même à partir duquel va se développer une communauté très riche en espèces comme les poissons récifaux (Salvat, 1990). Les récifs coralliens de Madagascar s’étendent sur environ 1400 km de côte, en plus des bancs récifaux et des hauts fonds du large. Ils couvrent, au total, une superficie estimée à 2 400 km2 (Cook et al., 2000). La Baie de Toliara se distingue par la présence de la plus grande barrière corallienne de l’Océan Indien, le Grand Récif de Tuléar (GRT) (Clausade et al. 1971). Plus de 2 500 invertébrés marins et plus de 1 000 espèces de poissons ont été répertoriés au niveau des récifs du pays (Baumeister, 1997 ; Laboute et Maharavo, 1998). Préparation La technique de pêche de ressources halieutiques, notamment de poissons, au sein du récif, est du type traditionnelle (petite pêche) pour le cas de Madagascar, et particulièrement pour la région Sud-Ouest de l’île (Randriambololona, 1998). Pour la survie de la petite pêche et la pérennisation de l’exploitation des ressources, des études concrètes sur la gestion de poissons destinés à la consommation humaine ont déjà été menées (Rejela, 1993 ; Rakotoarinivo, 1998, Mahafina, 2007 ; Mahatante, 2008 ; Rakotonirina et al., 2012, etc). Peu d’information existe, pour le cas de poissons récifaux, par rapport à leur exploitation à des fins esthétique et récréative. Le marché de l’aquariologie a probablement doublé depuis le début des années 1980 et les poissons marins prennent une part croissante de cette activité. Trois raisons essentielles expliquent ce développement: a) l’amélioration de techniques de production; b) sur un marché “Pet business” florissant, l’aquarium représente un écosystème décoratif et exotique, attirant les citadins des pays tempérés, où la vie d’intérieur est privilégiée; c) le développement du trafic aérien, une raison importante de l’essor de ce marché. Depuis 1980, l’augmentation du tourisme vers les pays tropicaux a accru les liaisons aériennes avec les pays exportateurs. En effet,
  • 13. 2 l’approvisionnement en poissons marins d’aquarium est devenu plus diversifié et moins onéreux (Dufour, 1998). Il existe quatre types d’élevages de poissons d’aquarium: l’élevage industriel, l’élevage scientifique, l’élevage en aquarium public et l’élevage amateur (IOPR, 2006). Madagascar a connu la forme d’exploitation de poissons d’aquarium depuis 15 ans par l’existence de différentes sociétés dans la région Sud-Ouest (Allo fish, Socopam, Matata et actuellement Reef Project) et depuis 2007 dans la région Nord-Ouest ou région Diana à Nosy Be (Société Marine Aquaculture Nosy Be ou MANB). Bien que ces opérateurs privés soient répertoriés et que la proportion de poissons d’aquarium issue de « Post-larve Capture and Culture » (PCC) soit connue, (équivalent de 9,3% de captures (Mahafina, 2011)), aucune étude approfondie n’a été réalisée sur les efforts qui pèsent sur les poissons d’aquarium et sur la commercialisation, deux paramètres essentiels pour la gestion de poissons récifaux. L’exploitation de poissons d’aquarium pourrait constituer une source de devise pour le pays. Le commerce aquariophile est une activité florissante et à valeur ajoutée, il mérite donc d’être étudié. L’étude avancée par Soambola en 2009 sur l’essai d’élevage expérimental des amphiprions, des syngnathes et des hippocampes permet de confirmer ceci. La gestion de ces ressources pour la pérennisation de la filière est un fait incontestable. Ce qui nous a incité à étudier « les activités d’exploitation de poissons d’aquarium récifaux dans la région Sud- Ouest de Madagascar». L’objectif principal de cette étude est de mettre en évidence l’intérêt de la valorisation de poissons récifaux afin de développer durablement la filière aquariophile. Cinq objectifs spécifiques ont été identifiés : (i) situer la législation et la réglementation en vigueur relatives à l’exploitation de poissons d’aquarium récifaux à Madagascar, (ii) identifier l’intensité de l’exploitation actuelle, (iii) le système d’exploitation et de l’effort dédié à la pêche, (iv) évaluer la fluctuation de l’exportation, et enfin (v) suggérer des éléments appropriés pour la gestion durable assurant la pérennisation de l’activité. Pour mieux développer les éléments de cette étude, ce mémoire sera présenté en 3 grandes parties : le matériel et méthodes adoptés développant l’approche et les méthodes de collecte et d’analyse des données sont abordés en premier lieu. Les résultats constituent la deuxième partie de ce mémoire. La troisième partie est consacrée à la discussion des résultats qui regroupent également une analyse comparative et des perspectives. Le tout sera résumé au niveau de la partie conclusion à travers laquelle quelques recommandations pour améliorer la recherche dans ce domaine sont également présentées.
  • 14. 3 1. MATERIEL ET METHODES 1.1. Matériel Les poissons d´aquarium récifaux, nommés également poissons d’aquarium ou poissons d’ornement récifaux sont généralement de petites tailles aux formes originales et colorées, tirés de l’écosystème récifal et vendus vivants au commerce aquariophile. Ils n’ont pas de biologie particulière face aux autres poissons vivant dans le même écosystème. Bien que très mobiles, les poissons occupent au sein du récif un habitat déterminé, acquis au cours de l’étape de recrutement et, ont donc, une place précise dans le récif. On décrit la position et la distribution des poissons au niveau du récif selon l’axe vertical et l’axe horizontal (Jugant, 2012). Neuf familles (Acanthuridae, Apogonidae, Balistidae, Chaetodontidae, Labridae, Monacanthidae, Pomacanthidae, Pomacentridae, Zanclidae) appartenant tous à un seul ordre « Perciformes » ont d’intérêts sur le commerce aquariophile. Les régimes alimentaires de poissons récifaux varient selon les espèces, la taille de poissons, la période de l’année et le biotope. Trois catégories d’espèces existent suivant le type d’aliment consommé : espèces carnivores (75%), herbivores (15%) et 10% omnivores. Quatre groupes d’espèces sont également définis selon le rythme d’alimentation dépendant du rythme nycthéméral: les poissons à activité strictement diurne (75% des espèces ichtyologiques récifales), les poissons à activité principalement nocturne, les poissons à activité maximale crépusculaire, les poissons à activité non dépendante de la lumière (Lieske et Myers, 2002). Le mot “Aquarium” vient du mot latin “aqua” qui signifie eau et “arium” qui veut dire lieu ou structure relative au passe-temps, plaisir et amusement. Un aquarium se définit comme un récipient totalement ou partiellement fait de verre ou de tout autre matériau transparent permettant d’observer facilement et de maintenir en vie, pour une période durable, les organismes aquatiques, animaux ou végétaux que l’on y introduit pour des qualités esthétiques (Grimaldi, 1976). Selon que ces organismes (dont les poissons sont les représentants, les plus connus et les plus répandus) proviennent des eaux douces ou des eaux marines, deux types d’aquarium sont distingués : les aquariums d’eau douce et les aquariums marins (Grimaldi, 1976). 1.2. Méthodes Des enquêtes ont été menées au sein du Ministère des Ressources Halieutiques et de la Pêche (MRHP) et d’autres administrations nationales concernées pour collecter l’information sur le niveau d’exploitation de poisson d’aquarium à Madagascar, depuis janvier 2015 au décembre 2017. Pour renforcer ces données, un suivi de pêche et de la commercialisation ont été effectués
  • 15. 4 au sein de la société Matata et surtout Reef Project pendant 3 mois, d’avril au 8 juillet 2016. Des sondages ont également été effectués en janvier et février 2017, au niveau des bazars de Toliara et des hôtels restaurants pour l’étude du marché local de poissons récifaux. Des études antérieures ont été prises comme référence pour composer la méthodologie de la présente étude et discuter des résultats obtenus. Les planches d’identifications de poissons récifaux, présentées dans l’annexe I, sont formées à partir de résultats de confrontation d’images au Fish base et au référence d’identification. Les noms locaux, originaire du Sud-Ouest, sont collectés auprès de pêcheurs (Annexe 1). 1.2.1. Présentation des cas étudiés : Reef Project et Matata 1.2.1.1. Choix de la zone d’étude La région Sud-Ouest a été choisie comme zone d’étude suite au développement de la filière aquariophile marqué par l’existence de quatre sociétés exportatrices depuis 2001 (Socopam, Allo fish, Matata et Reef Project). La région bénéficie de cette activité grâce à la grande barrière récifale qui abrite diverses espèces de poissons d’aquarium et l’intensité de la petite pêche au niveau récifal. Cette région a également été choisie comme zone d’étude grâce à l’existence des 2 sociétés fonctionnelles au moment de l’étude : Matata et Reef Project. Six mois de suivis des activités de société Matata et Reef Project (avril au septembre 2016) ont été réalisés afin de déterminer les formes d’exploitations adoptés et la fluctuation des paramètres d’exploitations : pêche, stockage et commercialisation de poissons d’aquarium. Le suivi de capture, du taux de survie et de la commercialisation ont été réalisé, uniquement, au sein de la société Reef Project, pour diverses raisons telles que l’intérêt de la société pour la recherche approfondie sur les poissons d’aquarium et de leur exploitation pour la pérennité de la filière, elle exploite régulièrement de nombreuses espèces en sollicitant de plus en plus de pêcheurs, et l’ouverture de la société par rapport aux chercheurs désirant exploiter toutes les données nécessaires à l’analyse scientifique de la filière. Pour satisfaire leur besoin, les deux sociétés ont embauché de pêcheurs permanents travaillant dans les baies de Toliara et de Ranobe. Les trois points de débarquements de ces pêcheurs sont les villages des pêcheurs d’Ifaty, d’Ankilibe, et d’Ankiembe. 1.2.1.2. Présentation des sociétés étudiées  Société Reef Project La société Reef Project sise à Ankilimarovahatse, Toliara II se trouve à 5 Km de la ville de Toliara, à proximité de la route RN7 (23°.36’84,94’’ Sud et 43°70’34,12’’ Est). Son terrain est d’environ 0,12ha compartimenté en 2 unités (Fig.01) :
  • 16. 5  Un bâtiment d’hébergement et bureau de la société,  Une unité de stockage et de conditionnement des captures, munie d’une salle d’emballage de produits destinés à l’exportation Reef Project est une société filiale de la société Aqua Concepts basée à Cape Town, en Afrique du Sud. Aqua Concepts s’est spécialisée, depuis 27 ans dans l’exploitation des espèces marines pour développer l’aquariophilie. Elle fait partie des productrices des plus grands et beaux aquarium en Afrique du Sud et dans certains pays du monde tels que les Etats-Unis, la France, et Singapour, allant de maisons privées, des restaurants et des hôtels de luxe. Elle est une société à responsabilité limitée (SARL) créée le 26 mai 2014 à Antananarivo. La pêche, le stockage/conditionnement des poissons d’aquarium et l’approvisionnement des industries aquariophiles internationales en différentes espèces de poissons récifaux sont les principales activités de la société Reef Project. Elle projette de contribuer au développement socio- économique des régions de Madagascar en travaillant avec les institutions et les communautés locales liées à leurs activités. Avant sa création, le propriétaire de cette société s’alliait avec la société « Allo fish » pour exporter des poissons d’aquarium vers l’Afrique du Sud. Le 15 décembre 2015, vu l’arrêté n° 6757/2008, suivant l’article 1 à 9, la société Reef Project est autorisée à effectuer la collecte et l’export de poissons d’aquarium. Figure 1 : Enceinte de la société Reef Project : A= Plan de la société ; B=Bâtiment N B A
  • 17. 6  Société Matata La société Matata SARL, est une grande société qui exploite des produits halieutiques, allant de poissons d’aquarium aux diverses organismes destinés à la consommation humaine. La société s’opère également dans l’engraissement de crabes et le grossissement des anguilles à exporter. Le siège de la société est à Antananarivo. Le lieu de stockage et de conditionnement de poissons d’aquarium, à Toliara, sise dans la Fokontany de Sanfily, commune urbaine de Toliara I (23°.21’84,94’’ Sud et 43°40’48,22’’ Est) (Fig.2). Une petite locale de 45m2 contenant des petits aquariums constitue l’unité de stockage. Une cloison de 6m2 seconde ce dernier. Figure 2 : Unité de conditionnement de société Matata à Toliara 1.2.1.3. Origine des pêcheurs de poissons d’aquarium Pour la collecte régulière des poissons d’aquarium, les deux sociétés embauchent de pêcheurs (permanents) qui travaillent dans les Baies de Toliara et de Ranobe. Ces sociétés ont obtenu de permis de pêche et de collecte au niveau de la Baie de Toliara et Ranobe jusqu’à la baie de Saint Augustin. Cependant les 2 premières baies sont les plus fréquentées par les pêcheurs (Fig.3). Les pêcheurs débarquent leurs produits de captures aux villages d’Ankilibe, d’Ankiembe et d’Ifaty. Ces villages résident successivement 332 pêcheurs sur 3 225 habitants ; 575 pêcheurs sur 3 260 habitants et 511 pêcheurs dans 2 086 habitants. 1,2% de pêcheurs d’Ankilibe (4 pêcheurs) ; 1,56% (9 pêcheurs) et 1,36% (7 pêcheurs) de ceux d’Ankiembe et d’Ifaty uniquement travaillent pour les sociétés exportatrices de poissons récifaux de la région Sud- Ouest (données obtenues au niveau du Fokontany).
  • 18. 7 Figure 3 : Localisation de la zone et des sites d’études. (Source: Google Earth) 1.2.2. Analyse du cadre législatif de l’exploitation de poissons d’aquarium récifaux 1.2.2.1. Interview au niveau de l’autorité administrative Suite d’une prise de rendez-vous au service d’accueil, le directeur ou la personne responsable d’une administration fréquenté a été interviewée dans son bureau dans ses heures de travail. Un guide d’entrevue est rédigé pour chaque audience afin de mener à bon terme l’enquête (se présenter à l’accueil, demande d’audience à la direction responsable, présentation de pièces justificatives d’autorisation de recherche par l’IH.SM, échange sur le thème d’étude et justification de l’entrevue et l’intérêt de la recherche, et précision des données à collecter).  Direction Générale des Ressources Halieutiques et de la Pêche La Direction Générale des Ressources Halieutiques et de la Pêche ou DGRHP, est une direction au niveau du Ministère travaillant sur la planification et la mise en œuvre de la politique sectorielle de ce département en matière de gestion des ressources halieutiques, de la pêche et de l’aquaculture. Elle appuie les Directions Régionales des Ressources Halieutiques et de la Pêche (DRRHP) dans l’exécution des activités techniques. Quatre régimes sont rattachés au MADAGASCAR
  • 19. 8 DGRHP : la Direction de l’Environnement et de la Valorisation des Ressources Halieutiques (DEVRH), la Direction de la Pêche (DP), la Direction Régionale des Ressources Halieutiques et de la Pêche (DRRHP) et la Direction de l’Aquaculture (DirAqua). Cette dernière est composée de Service de l’Aquaculture Marine (SAM) et le Service de l’Aquaculture d’ Eau Douce (SEAD). L’interview fait au niveau de la DirAqua a pour objectif de se renseigner sur le fonctionnement de licence d’exploitation de poissons d’aquarium et de la réglementation en vigueur, les activités de sociétés exportatrices de poissons d’aquarium récifaux à Madagascar, et les procédés législatifs en vigueur pour la création des sociétés exportatrices de poissons d’aquarium.  Autorité Sanitaire Halieutique L’Autorité Sanitaire Halieutique (ASH), établissement public, de création récente, est placée sous tutelle du Ministère en charge de la Pêche, créée par décret n°2005-375 du 22 juin 2005 et également placée sous tutelle technique du ministère de l'élevage et MRHP. C’est une entité dotée d’une autonomie administrative et financière. L’interview au niveau de l’ASH a pour objectif de collecter d’informations telles que les procédés d’obtentions d’agrément zoo sanitaire d’un établissement aquacole, la réglementation en vigueur relative et les données statistiques sur l’exportation de poissons récifaux.  Office National pour l’Environnement L’Office National pour l’Environnement (ONE), a été créé en 1990 et régi par le Décret n° 2008-600 du 23 juin 2008, modifiant et complétant certaines dispositions du décret n° 95-312 du 25 avril 1995 portant création et organisation de l’ONE. Il est placé sous la tutelle technique du Ministère chargé de l’environnement des eaux et forêts et sous la tutelle financière du Ministère chargé des Finances. L’interview menée au niveau de l’ONE a pour but de déterminer le protocole d’étude d’impact environnemental d’une société exportatrice de poissons d’aquarium récifaux et le nombre de permis octroyé pour ce type d’entreprise dans une année.  Economic Development Board of Madagascar Economic Developement Board of Madagascar (EDBM) est une structure mise en place en 2008 suivant l’Article 8 de la loi N° 2007/ 036 du 14 janvier 2008. Elle est créée pour assurer l'instauration et le maintien des investissements favorables à Madagascar. L'EDBM est chargé de promouvoir, de faciliter et d'accélérer les procédures administratives nécessaires à la réalisation d'investissement et à la création d'entreprises. C’est un guichet unique reliant les différents ministères et les collectivités publiques. L’EDBM reçoit les demandes de projets
  • 20. 9 d'investissements et veille à ce que les représentants de différentes administrations qu'il regroupe procèdent à leur instruction et y réservent les suites voulues dans les meilleures conditions de délai et de transparence. Les informations sur les procédés administratifs à suivre pour la création d’entreprise comme les sociétés exploitantes de poissons d’aquarium récifaux sont obtenues au niveau de l’EDBM. 1.2.2.2. Examen et résumé des documents obtenus Préalablement filtrés, les résultats d’enquêtes sont examinés dans l’objectif de bien cadrer la législation régissant les activités d’exploitations de poissons d’aquarium. Les données retenues après analyse seront résumées afin de mettre en exergue les lois conformes à ces activités. 1.2.2.3. Confrontation des données obtenues par rapport aux cas existant à Toliara Les textes en vigueurs sur l’exploitation de poissons d’aquarium récifaux ont été confrontés par rapport aux réalités des cas existants au sein des sociétés. L’exercice des lois en vigueur relatives à la création et au fonctionnement pérenne d’une société exploitante de poissons d’aquarium récifaux fait partie des éléments constituant le modèle d’exploitation de poissons d’aquarium projeté au Sud-Ouest de l’île. 1.2.3. Suivi des activités de production des poissons d’aquarium Pour des raisons de confidentialité des données, la société Reef Project est uniquement prise comme référence pour toutes analyses de paramètres de suivi de la pêche de poissons d’aquarium récifaux durant cette étude. Cependant, les données collectées, au sein de 2 sociétés, sur la méthode de pêche, le mode opératoire dans l’unité de stockage et les résultats d’entrevue au niveau de pêcheurs des sociétés sont tous exploitées pour traiter le sujet de cette étude. 1.2.3.1. Suivi de pêche Chaque société travaille avec de pêcheurs fixes. Vingt seulement sont le nombre de pêcheurs de poissons d’aquarium récifaux dans la zone d’étude dont neuf pour la société Matata et onze pour Reef Project. Etant donné que les pêcheurs de poissons d’aquarium sont moins nombreux, une enquête exhaustive auprès d’eux a été possible pour le suivi.  Technique de pêche Il est vraiment difficile, voire impossible, pour un pêcheur de petite pêche d’effectuer ou de s’occuper tout seul la pêche aux poissons d’aquarium. La technique de pêche de poissons d’aquarium requiert de ce fait un travail de groupe. En effet, chaque suivi a été effectué au niveau de chaque groupe de pêcheurs, sorti en mer (un groupe formé de cinq pêcheurs, deux groupes de quatre pêcheurs, et un groupe de trois pêcheurs). Le suivi consiste à collecter des
  • 21. 10 informations sur les différents matériels utilisés, la méthode de pêche adoptée, la durée et les sites de pêche. Pour déterminer le nombre de plongée par sortie effectué par un pêcheur, dix pêcheurs de deux sociétés parmi les 20 sont choisis au hasard, soit deux pêcheurs par groupe pendant 5 sorties en mer.  Effort de pêche Chaque sortie de 3 groupes de pêcheurs de Reef Project est enregistrée pour déterminer la fréquence de sortie journalière des pirogues de la société. Le nombre de sortie effectué par semaine par l’ensemble de 3 pirogues est pris, ici, comme l’unité de l’effort de pêche.  Inventaire et évaluation des captures Des planches d’identifications de poissons d’aquarium (annexe I) sont utilisées pour la nomenclature d’espèces rencontrées au cours de la période d’étude. Le nombre d’individus de chaque espèce de poissons capturés par sortie, par groupe de pêcheurs, a été enregistré pour estimer le taux de capture par unité d’effort (CPUE), le rendement de pêcheurs et les espèces de poissons exploitées. Une fois arrivés à l’unité de stockage, les longueurs totales des poissons ont été mesurées à l’aide d’une règle graduée. La prise moyenne par sortie, par jour et par semaine est déterminée suite à l’analyse statistique des données enregistrées durant la période de suivi de pêche. La règle de Sturge est utilisée pour déterminer l’intervalle de classe de taille d’individus capturés. Nombre d′ intervalle de classe de taille = maximum − minimum 3,3logN N=taille de l’échantillon 1.2.3.2. Survie Le nombre de poisson survivant durant le transport (entre le site de capture et le lieu de conditionnement, entre le lieu d’expédition et la destination finale) et dans la phase de conditionnement a été enregistré. L’objectif est de déterminer le taux de survie des captures depuis le lieu de pêche jusqu’au lieu d’expédition. Pour éviter le biais de résultat, les pêcheurs sont motivés à ramener les poissons morts durant la pêche et transport (où les poissons sont achetés à 500Ar). Le taux de survie (TS%) est évalué mensuellement pour chaque étape de production. 𝑇𝑆% = Nombre total de poissons final Nombre total de poissons initial x100
  • 22. 11 1.2.3.3. Suivi au niveau de l’unité de stockage Il s’agit de décrire et d’analyser le système d’entretien de poissons d’aquarium dans l’unité de stockage au sein de la société Matata et Reef Project 1.2.3.4. Suivi de la commercialisation Le prix de vente de poissons récifaux, pour les pêcheurs, est fixé par les sociétés exportatrices. Tout ce qui est lié au fonctionnement et à la situation de commerce est enregistré comme la fréquence d’expédition, le nombre d’espèces et d’individus de poissons exportés par la société Reef Project. 1.2.3.5. Enquêtes au niveau des pêcheurs Comme les pêcheurs sont moins nombreux, juste présentés par 20 individus, une enquête exhaustive a été procédée faisant appel à tous les pêcheurs professionnels de poissons d’aquarium de la région Sud-Ouest de l’île. Treize questions sont posées aux pêcheurs pour s’informer de leur situation socio-économique et professionnelle. Les questionnaires se portent sur l’âge, l’activité secondaire par rapport à la pêche aux poissons d’aquarium, le niveau d’étude, l’ethnie et la position économique (Annexe 2). Ces enquêtes permettent d’identifier et d’évaluer les éléments statiques intervenant dans l’étude d’exploitation des produits halieutiques (Ramanantsialonina, 1988). 1.2.4. Enquêtes au niveau du marché de Toliara L’enquête menée au marché permet de déterminer la présence ou non de poissons d’aquarium parmi les poissons vendus localement. Le prix unitaire moyen et la quantité relative de chaque espèce commercialisée journalièrement sont estimés, en cas d’existence de poissons récifaux sur les étals de vente. Quatre parmi les 7 grands marchés de poissons de la ville de Toliara ont été choisis au hasard comme échantillons de marché d’études. Il s’agit du marché d’Antaninarenina, de Bazar Be, de Mahavatse II et de Sanfily. La ville de Toliara a été choisie car tous les produits venant de villages de pêcheurs de la Région Sud-Ouest arrivent dans cette ville (Leva, 1991). Au mois de janvier et février 2017, 8 descentes sont réalisées dans chaque marché d’étude, dont deux visites successives pendant deux périodes de vives eaux et de mortes eaux. La notion de l’approche passive est appliquée pour renforcer les informations collectées activement auprès de vendeuses. La visite de chaque étal de vente à chaque descente, est effectuée à partir de 16h, première heure de vente de poissons au marché. A chaque passage, lorsqu’un ou des tas de poissons d’aquarium sont observés au niveau des étals, avec l’autorisation de vendeuses, le nombre et la taille d’espèces inventoriées, composant chaque tas est enregistré, après la
  • 23. 12 demande de prix. Le prix unitaire de chaque individu de poissons d’aquarium est estimé par le rapport du prix d’un tas aux nombres d’individus totaux. 1.2.5. Etude du marché local de poissons d’aquarium Les hôtels et les restaurants constituent les clients potentiels du commerce de poissons d’aquarium. L’objectif de l’étude est de déterminer le nombre d’hôtels et restaurants possédant ou non d’aquarium et/ou qui s’intéresse à en installer dans leurs locaux. Pour ce faire, une enquête guidée a été menée auprès de 10 sur 39 grands hôtel-restaurants, de 1 à 3 étoiles de la ville de Toliara (informations obtenus auprès de l’Office Régional du Tourisme de Toliara (ORTU)). En suivant le guide d’enquête (Annexe 3), le gérant de chaque hôtels-restaurant a été interviewé face à face après l’obtention de rendez-vous au réceptionniste. 1.2.6. Traitement des données Le logiciel R a été utilisé pour l’analyse statistique des données de suivi de paramètres d’activités de pêche. La normalité de la distribution de variables comme les tailles de captures, les prix de poissons, les taux de survie par phase de production, le nombre d’individus exporté au niveau national et l’homogénéité de variance ont été respectivement analysés par le test de Shapiro Wilk et le test de Leven. Les moyennes de valeurs de variables étudiés sont ensuite comparées par le test de Kruskall Wallis rank pour déterminer la significativité de différence entre elles (test non paramétrique). L’analyse bilatérale de différence des moyennes est effectuée par le test de Tukey (post hoc).
  • 24. 13 2. RESULTATS 2.1. Cadre législatif et règlementaires relatifs à l’exploitation des poissons d’aquarium récifaux 2.1.1. Procédures administratives 2.1.1.1. Création d’une société d’exploitation de poissons d’aquarium La loi N° 2007-036, article 3 porte sur la liberté de création d’entreprise à Madagascar. Des procédures sont à suivre au niveau de l’EDBM sous réserve d’obtenir l’autorisation d’établissement d’une entreprise telles que la transcription de dossiers (statuts et contrats de bail commercial), l’obtention de la carte statistique, la copie de l’avis de constitution, etc. Le coût payé au niveau de l’EDBM pour la réalisation de la procédure de création d’une société est de 400 000Ar au minimum. Ce montant augmente suivant la taille de l’entreprise créé. Quatre jours suffissent pour répondre positivement à une demande de création d’entreprise si les dossiers entretenus au sein de l’EDBM sont complets. Malgré les profits qu’on pourrait tirer de l’installation d’une société, elle pourrait nuire ou accentuer la dégradation d’un environnement. En effet, des études d’impacts environnementaux, d’installation d’une société sont exigées. De plus, la possession d’un permis environnemental, de l’agrément zoo sanitaire ainsi que le permis d’exploitation sont impératifs pour le bon fonctionnement à long terme d’une société. 2.1.1.2. Permis environnemental La loi n°2015-053 portant sur le code de la pêche et de l’aquaculture, article 21 (PRM, 2017) impose une évaluation préalable de l’impact environnemental d’une société exploitante de poissons d’aquarium. L’étude d’impact environnemental (EIE) est effectuée aux frais et sous la responsabilité du promoteur. Le recrutement d’un expert en EIE, spécifiquement marin, est occupé par la société cible. Les résultats d’études réalisées par l’expert en question sont rapportés au niveau de l’ONE. Selon le décret de mise en compatibilité des investissements avec l'environnement (MECIE), articles 13 et 14, six dossiers sont à déposer à l’ONE pour l’évaluation environnementale y compris le rapport d’EIE. L’ONE examine ensuite les dossiers et dirige les travaux d’évaluations environnementales dans un délai de 60 jours. Ensuite, l’évaluation est poursuivie avec le public, les autorités locales et le promoteur sur le lieu d’implantation du projet. Deux cas pourraient se produire suite à l’évaluation faite par l’ONE : la délivrance d’un permis environnemental (en cas de projet) ou d’un certificat de conformité (en cas d’entreprise en activité) avec le cahier de charge, et un refus d’octroi de permis suivant
  • 25. 14 les seuils admissibles d’émissions des conséquences dommageables de l’investissement sur l’environnement (MECIE, 2004). Un suivi environnemental (suivi de plan de gestion environnemental du projet ou PGE/ Cahier de charge environnemental ou CCE) inopiné par l’ONE est effectué durant l’exploitation. En cas de cessation de l’exploitation, l’ONE fait un audit de fermeture puis délivre de quitus environnemental. La contribution du promoteur aux frais d'évaluation de l'EIE et de suivi du PGEP varie de 0,5% du montant de l’investissement à 82 000 000 Ar (MECIE, 2004)). 2.1.1.3. Agrément zoo sanitaire Dans le cadre de cette étude, il s’agit d’une approbation légale offerte par le MRHP aux sociétés d’aquacultures destinées à la consommation humaine ou non et aux entreprises exploitantes de produits halieutiques vivants (PRM, 2017). L’absence de dossiers d’agrément zoo sanitaire pourrait être un facteur limitant du fonctionnement d’une société exportatrice de poissons d’aquarium. L’objectif est donc d’assurer la santé des animaux exploités enfin de protéger les consommateurs ou les preneurs. Ainsi le code de la pêche et de l’aquaculture, titre V portant sur la commercialisation des produits de la pêche et de l’aquaculture est amendé par l’ajout d’un nouvel article 64. 2.1.1.4. Permis d’exploitation L’autorisation définitive permettant à un établissement d’aquaculture d’exploiter est délivrée par le Ministère en charge de la pêche et de l’aquaculture lorsque les conditions suscitées sont remplies. La demande est posée au niveau de la région d’implantation ou DRRHP puis vers le DGRHP. Ceci est porté dans l’Article 131 du code de la pêche et de l’aquaculture (PRM, 2017) qui pose le cadre juridique des autorisations aquacoles. 2.1.2. Cadrage règlementaire de l’exploitation 2.1.2.1. Pêche ou collecte des poissons récifaux sauvages Selon l’Article 59 de la code de la pêche et de l’aquaculture : sans préjudice de textes en vigueur, toute personne physique ou morale qui procède à la collecte des produits de pêche des eaux maritimes et continentales visées à l’article 3a) et b) ou dans un port ou lieu de débarquement situé sur le territoire malagasy doit remplir cumulativement les conditions suivantes : être de nationalité malagasy ou être un résident légal à Madagascar ; être titulaire d’une autorisation de collecte délivrée par le Ministère en charge de la pêche et de l’aquaculture. Les procédures, les conditions et les modalités d’obtentions d’autorisations/permis de collecte ainsi que leurs utilisations sont fixées par voie réglementaire. La collecte de produits de pêche désignés ci-
  • 26. 15 dessus est soumise au paiement préalable d’une redevance annuelle dont les modalités y afférentes sont fixées. Mais selon l’Article 17 et 18 du code de la pêche et de l’aquaculture: il est interdit d’utiliser tout dispositif de plongée permettant une immersion plus longue que celle autorisée par la seule respiration naturelle ; il est interdit d’utiliser tout engin, méthode et technique de pêche ou dispositif destructif et non sélectif ; ainsi que la pêche, la capture, la détention et la commercialisation de toutes espèces menacées et protégées, coraux, mammifères marins, oiseaux de mer, tortues marines et d’eau douce et/ou d’organismes aquatiques inscrites sur une liste établie par voie réglementaire et qui fait l’objet de mesures de conservation. Aucune loi ne détermine des quotas exploitables. 2.1.2.3. Conditionnement des captures Une société d’exploitation de poissons vivants comme celle de poissons d’aquarium doit impérativement disposer d’un lieu de stockage et conditionnement d’animaux aquatiques, agréé par l’ASH. Aucune des lois portants code de la pêche et de l’aquaculture ne définit les critères de types d’infrastructures et fonctionnement exigés au niveau de l’unité de conditionnement de poissons d’aquarium récifaux. Cependant, l’audit mené par l’ASH vérifiera les conditions nécessaires pour avoir une unité de conditionnement ou stockage bien approuvée. L’ASH applique le règlement CE N° 1251/2008 du 12/12/2008 (CE, 2008) comme la base juridique de l’Audit. C’est toujours le promoteur de la société qui prend en charge le déplacement de l’équipe de l’ASH vers le lieu de conditionnement à examiner. Les infrastructures de l’unité de conditionnement doivent être inspectées périodiquement par l’ASH, selon l’article 135 de la loi n° 2015-053 portant code de la pêche et de l’aquaculture (PRM, 2017). 2.1.2.4. Commercialisation Le commerce de poissons d’aquarium est principalement destiné vers l’extérieur. Le marché est alors concerné par les règlements internationaux établis dans des conventions relatives au commerce des produits halieutiques. Par ailleurs, Madagascar est membre de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE) qui fournit une liste de maladies qui doivent être notifiées à l’Organisation (FAO, 2017). Le pays fait partie également de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) qui est un accord international signé entre les gouvernements pour assurer que le développement du commerce international ne menace pas la survie de spécimens d’animaux et de plantes sauvages (FAO, 2017). Certaines espèces de poissons d’aquarium, inscrites dans l’annexe de la CITES,
  • 27. 16 menacés de disparition dont le commerce est interdit (Annexe I de la CITES), pourraient disparaître s'ils ne sont pas protégés (Annexe II de la CITES), sous surveillance à la demande des états pour restreindre ou empêcher leur exploitation (Annexe III de la CITES) (www.cites.org) (CITES, 2017). Pour assurer la santé des preneurs de poissons d’aquarium, des règlementations nationales relatives aux produits d’exportations sont établis dans la loi n°2015- 053 portant code de la pêche et de l’aquaculture par les articles 126 et 169 (PRM, 2017). La réglementation au niveau de l’ASH/MRHP engage celui de la CE Numero 1251/2008 de la commission du 12 décembre 2008 vue l’implication du marché européen dans le commerce international dont Madagascar est assujetti. Ainsi les poissons d’aquarium doivent être conditionnés pour le transport selon les recommandations de l’Association International de Transport Aérien (IATA). Pour terminer cette partie, un diagramme est élaboré (Fig.04). Il résume les procédures à suivre, détaillés ci-dessus, pour la création, le bon fonctionnement et l’autorisation d’exportation d’une société exploitante de poissons d’aquarium. Figure 4: Résumé de procédure légale avant l'exploitation de poissons d'aquarium AUTORISATION D'EXPORTATION/AGRÉMENT SANITAIRE: Demande deposé et adressé au MRHP PERMIS DE COLLECTE: Demande à deposer au niveau du MRHP (Certificat de residence, piece justificative de paiement d'une redevance) AUTORISATION D'EXPLOITATION/: demande avec les dossiers ci-dessus auprès de DRRHP et DGRHP/MRHP AGREEMENT ZOO SANITAIRE (ASH) : demande de visite de l'ASH PERMIS ENVIRONNEMENTAL (ONE) : Depots des 6 dossiers pour l'EIE (Rapport EIE,...) CRÉATION DE LA SOCIETÉ (EBDM) : dépots environ de vingtaine de dossiers complets (N°Carte stat, statuts de la société, CIN...)
  • 28. 17 2.1.3. Situation globale des sociétés exportatrices à Madagascar face aux exigences règlementaires. Quatre sociétés exportatrices de poissons d’aquarium sont répertoriées à Madagascar durant cette étude : Matata et Reef Project à Toliara, MANB à Nosy be et Blue Océan à Toamasina. Les activités de la société MANB à Nosy Be et celles de Reef Project à Toliara ont été suspendues, en 2016, suite aux exigences règlementaires imposées par le ministère depuis l’année 2015. Il s’agit en parti du système de gestion de l’exploitation des produits halieutiques vivants tels que les poissons d’aquarium récifaux. Depuis l’existence de la société Reef Project, aucune visite n’y a été effectuée par les représentants des autorités du MRHP. Outre certains dérèglements encore mal définis, l’arrêt des activités de MANB pourrait être également lié à l’utilisation de bouteilles de plongées pour la pêche aux poissons d’aquarium. Celui de Reef Project est associé au désagrément approuvé par le MRHP sur l’état de l’unité de conditionnement de la société et de permis de collecte du propriétaire. En 2017, Matata restait la seule société exportatrice de poissons d’aquarium récifaux à Madagascar. La société Aquarium tropical, à Tananarive, travaille juste pour le marché d’aquarium local et la société Blue Ocean a prévu d’entamer sa première exportation en 2018. Excepté Blue Océan, aucune des quatre sociétés, suscitées n’a été enregistrée dans la liste de l’ONE qui présentent les noms de sociétés ayant finalisé l’Etude d’Impact Environnemental (EIE). De ce fait, le suivi des activités d’exploitations de poissons d’aquarium récifaux au niveau des sociétés exportatrices à Madagascar ne sont pas rigoureux par rapport à la législation existante. Actuellement, des demandes d’autorisations de lancement et de redémarrage d’exploitations de poissons d’aquarium récifaux sont cumulées aux niveaux du MRHP. 2.2. Exploitation de poissons d’aquarium dans le Sud-Ouest de Madagascar Les 20 pêcheurs de poissons d’aquarium travaillant pour les 2 sociétés sont tous formés de la notion de pêche durable dans l’objectif d’assurer la pérennité de leurs Activités autrement dit la durabilité de la filière aquariophile. Onze pêcheurs repartis en trois groupes (deux groupes de quatre pêcheurs et un groupe de trois pêcheurs) et neuf pêcheurs en deux groupes (un groupe de quatre pêcheurs et un groupe de cinq pêcheurs) sont embauchés respectivement par la société Reef Project et Matata 2.2.1. Situation socio-professionnelle des pêcheurs Les pêcheurs spécialisés dans la capture de poissons d’aquarium, formés uniquement par des hommes, sont faiblement nombreux que les pêcheurs de poissons de bouche. Neuf (9) de 20 pêcheurs viennent d’Ankiembe, quatre d’Ankilibe et sept d’Ifaty. Chacun de cinq groupes de
  • 29. 18 pêcheurs est formé d’individus issus de la même famille. Comme les pêcheurs Vezo, ils sont aussi des fameux pêcheurs de poissons de consommations (activités secondaires) avec un niveau de scolarisation généralement bas. Parmi ces 20 pêcheurs, sept d’entre eux ne sont jamais allés à l’école, dix se sont arrêtés au niveau primaire et trois ont abandonné leurs études en secondaire. Suite au développement de la filière aquariophilie, la pêche aux poissons d’aquarium est devenue leur activité principale, car c’est la plus rentable par rapport à l’exploitation de poisson de bouche. 14 pêcheurs ont pu construire leur propre maison dont deux en durs, neuf en tôles et trois en roseaux grâce à cette activité de pêche (Fig.5). Figure 5 : Maison de pêcheurs d’Ankiembe construite par des fonds bénéficiés de la filière Onze (11) pêcheurs ont commencé l’activité entre 2012 et 2014 à l’âge de 18 à 25ans, 2 depuis 2001, à l’âge de 18 et 40 ans et 4 n’ont fait partie de l’activité qu’en 2016 à l’âge de 17 à 25 ans. 3 pêcheurs qui ont commencé en 2008 à l’âge de 23 ans (Tableau 1). Un vieux pêcheur d’Ifaty a évoqué qu’il avait travaillé dans l’exploitation de poissons d’aquarium depuis 1985. Tableau 1: Situation socio-économique des pêcheurs Nombre de pêcheurs Ages Niveau d’études Années d’expériences Activités secondaire 11 18 à 25 niveaux secondaires au maximum 4 pêche aux poissons de consommation 4 17 à 25 0,5 2 18 et 40 15 3 23 8
  • 30. 19 2.2.2. Pêche aux poissons d’aquarium 2.2.2.1. Sites de pêche Les poissons d’aquarium récifaux sont pêchés dans le platier récifal à 5 m de profondeur en moyenne en marée basse. Les sites de pêche changent d’un endroit à l’autre et de jour à l’autre suivant le nombre d’espèces et d’individus recherchés (Fig.5). Ce travail ne permet pas d’étudier la relation entre les espèces capturées et leurs habitats vue la diversification d’espèces recherchées et capturées dépendant de la commande de la société exportatrice. Ce qui entraine le déplacement illimité de pêcheurs au niveau des platiers récifaux. Les pêcheurs de la société Matata pêchent le « Zebrasomma gemmatum » aux environs de la passe Nord du Grand Récif de Toliara (GRT), site en face de la batterie. Le Pomacanthus chrysurus est abondant aux environs de la baie de Ranobe, 41 individus parmi 64 capturés par la société Reef Project sont issus de la baie de Ranobe. Quelquefois, la pêche s’étale aussi dans différents endroits hors de la zone d’étude, pour la recherche des espèces rares comme « Acanthurus Polyzona » et « Apolemicthys kingi ». En effet, une pêche a été déjà effectuée dans la baie de Saint Augustin et à Fénérive Est par les pêcheurs de Matata. Le frais de la mission est pris en charge par la société. Figure 6 : Sites de pêche de poissons d’aquarium MADAGASCAR
  • 31. 20 2.2.2.2 Engins et technique de pêche L’organisation de pêche est identique pour les 2 sociétés. A la veille de chaque sortie en mer, le chef de groupe de pêcheur se déplace vers le lieu de conditionnement de la société à la fin de l’après-midi pour discuter directement avec le responsable de la société sur le nombre d’individus et la liste d’espèces cibles. Le chef de groupe profite aussi pour ramener les captures, du jour de pêche, correspondant à la demande de la société, aux sites de conditionnement. Les sociétés fournissent aux pêcheurs, dès le début de travail, de matériels et équipements de pêche à leur disposition pour 2 années d’utilisations. Il s’agit de masques, tubas, palmes, filets, combinaisons de plongées néoprènes de 2 mm ainsi que le support pour la reconnaissance de poissons. Cinq pirogues monoxyles en « Farafatse » ou Givatia sp » de 5 m, munie de 2 pagaies fournies par la société Reef Project et Matata constituent le moyen de transport de pêcheurs à la zone de capture. A chaque sortie en mer, une pirogue est équipée des seaux de 20 à 30 litres munis chacun de couvercle, et de deux épuisettes. Le filet de pêche aux poissons d’aquarium est un filet maillant nylon constitué d’une nappe rectangulaire. Il est ralingué à une corde de flotteurs et une autre corde de lest formé de plombs. Ces derniers sont maintenus à intervalles réguliers de 25 et 20 cm. Le filet de 1,5m de large et 25 m de longueur est maillé de 1cm (Fig.7). Figure 7: Filet de pêche de poissons d’aquarium Pour la société Matata, à chaque sortie en mer, l’équipe de pêcheurs se munit aussi de bouteille d’oxygène médical, chargé régulièrement, pour assurer la survie de poissons durant le transport par l’oxygénation de l’eau de transfert. Au cours de la pêche, pendant la marée basse, pour un groupe de 4 pêcheurs : 2 plongent et 2 restent à bord de la pirogue. Ceux qui sont à bord se chargent de la conduite de la pirogue vers les différents points ciblés par les plongeurs. Ces
  • 32. 21 derniers se déplacent d’un lieu de capture à l’autre distant d’environ de 60m jusqu’à la rencontre de points abritant l’espèce et le nombre d’individus recherchés. Les deux pêcheurs sous l’eau tirent délicatement le filet à leurs extrémités en encerclant les poissons jusqu’à ce que les poissons ciblés se maillent au filet de pêche. Une fois le(s) poisson(s) cible(s) est capturé, les plongeurs remontent toute de suite en surface pour ramener les captures à l’aide d’une épuisette à bord dans des conditions favorables à leur survie. Ils remontent toujours en surface au bout de 29,9 secondes±0,99 pour récupérer le souffle. La durée moyenne de pêche par jour est de 4 heures. Un pêcheur pratique 54 plongées ± 7,24 en moyenne pendant le jour de pêche. Pour Reef Project, les captures sont mises dans des seaux de 20 litres, remplis d’eau de 17 litres à raison de cinq individus par seau, mais d’un individu seulement pour les poissons agressifs comme les balistes (Balistoides). Pour le cas de Matata, la densité de mise en charge pendant le transport (site de pêche au lieu de conditionnement) est fixé de un poisson par sachet de transfert remplis de 1/3 d’eau de mer et de 2/3 d’oxygène. Le sachet fait 6 litres en volume total. La durée de transport de produits depuis le site de débarquement jusqu’au site de stockage est de 30 minutes à une heure 30 minutes. Le cyclo-pousse constitue le moyen de transport depuis le village de pêcheurs au site de conditionnement à Toliara. Figure 8 : Groupe de pêcheurs de Matata lors d’une sortie en mer: A=Equipement et engins de pêche, B=Préparation de poissons capturés. 2.2.2.3. Effort de pêche Rappelons que le nombre de sortie en mer effectué par les 3 pirogues par semaine est l’unité de l’effort de pêche dans cette étude. L’effort de pêche a été évalué par semaine pour mieux
  • 33. 22 présenter les résultats. Les trois pirogues peuvent sortir en même temps. Une pirogue peut sortir 0 à plusieurs fois dans une semaine et elle ne sort qu’une seule fois au maximum dans une journée. Les trois pirogues de la société Reef Project sortent en maximum 14 sorties dans une semaine. Cela a été rencontré au début du mois d’avril, première semaine de travail de la société. Le nombre minimum de sortie en mer de 3 pirogues est enregistré dans la semaine de 20 au 27 mai 2016. Du 17 juin au 2 juillet 2016, semaines précédant le jour de mise « en stand-by » de la société d’étude (03/07/18), deux sorties seulement ont été effectué par les trois pirogues de Reef Project. (Fig.9 et Annexe 4). Il résulte de l’exploitation des données statistiques hebdomadaires de nombre de sortie en mer de pirogue durant 14 semaines que chaque groupe de pêcheur embarqué par une pirogue effectue en moyenne une (1) sortie tous les deux jours, soit 0,5 sortie par jour. Cette fréquence est liée, non seulement à la demande de la société (nombre d’espèces et individus), mais également aux facteurs environnementaux qui régissent le milieu marin et perturbent la pêche aux poissons d’aquarium récifaux, tels que la turbidité de l’eau et le vent. Figure 9: Variation hebdomadaire de l'effort de pêche chez la société Reef Project 2.2.3. Captures de pêche aux poissons d’aquarium 2.2.3.1. Capture par unité d’effort (CPUE) 202 individus de poissons sont capturés par les pêcheurs dans la première semaine de travail de Reef Project soit 14 poissons par sortie en moyenne. Cette valeur présente la meilleure quantité de capture de toute CPUE enregistré durant cette étude. La CPUE a diminué de 150 à 18 individus de la deuxième à huitième semaine d’activité. Une augmentation de CPUE est enregistrée dans la semaine du 04 au 10 juin 2016. Deux semaines avant l’arrêt des activités de la société, 18 juin au 2 Juillet 2016, la sortie en mer a été réduit, ce qui a diminué également le total de capture en 14 poissons seulement durant cette période, soit 4 individus par sortie Activités suspendues par le ministère
  • 34. 23 (Fig.10). La fluctuation des CPUE moyenne par semaine, en parallèle avec la CPUE totale, est liée à la commande de la société. La CPUE par sortie globale calculée est de 18 poissons soit 4 à 5 poissons par sortie par pêcheur. Figure 10 : Variation de la CPUE pour la société Reef Project 2.2.3.2. Taille de capture Les classes de taille calculées à partir de la règle de Sturge correspondent aux tailles établies et recommandées par la société. Trois classes de tailles ont été identifiées : « large »] 10-15] cm, « medium » ou « moyen »] 5-10] cm, et « small » ou « petit »] 0-5] cm. Les résultats portés sur la figure 9 montrent les différentes tailles de 1 100 individus de poissons capturés durant 57 jours de pêche. Les poissons de taille moyenne (5-10 cm) constituent la majorité de captures, avec 680 individus contre 258 et 162 pour les poissons de grande taille (10-15 cm) et de petite taille (5-10 cm) (Fig.11). La différence entre la taille moyenne et deux autres classe de taille est significative (N=57 ; Kruskal-Wallis rank ; p=0,0001/Tukey, p (entre moyenne et grande taille)=0.0011, p (entre moyenne et petite taille) =0.0001 et p(entre petite et grande taille)=0,123). Figure 11: Répartition de toutes espèces confondues selon leur taille Activités suspendues par le ministère
  • 35. 24 2.2.3.3. Espèces exploitées  Espèces recherchées Les sociétés Reef Project et Matata ciblent, au total, 26 espèces qui sont divisées en 3 principaux niveau d’importance : niveau 3, classe qui regroupe les poissons les plus recherchées ; niveau 2 : catégorie rassemblant les individus de valeurs intermédiaires (ni plus, ni moins recherchées) et enfin le niveau 1 : groupe constitué par les espèces les moins recherchées, à faible valeur commerciale que niveau 1 et 2 (Fig.12). Quatre espèces parmi les 26 sont les plus recherchées: Centropyge debelus, Apolemichtys kingi, Zebrasomma gemmatum et Acanthurus polyzona. Les 22 autres espèces sont considérées directement comme les moins recherchées pour la société Matata car elle ne cherche généralement que les poissons de niveau 3 qui sont également considérée comme poisson de luxe. Cependant Reef Project catégorise Zebrasoma veliferum, Rhinecanthus cinereus, Pomacanthus chrysurus, Macropharingodon lapillus, Chaetodon blackburnii, Centopyge acanthops, Balistoides conspicillum et Acanthurus lineatus comme de poissons de niveau 2. Figure 12 : Classification des espèces recherchées par la société Reef Project et Matata
  • 36. 25 Les pêcheurs ont de difficulté à trouver certains poissons surtout les 3 premiers poissons catégorisés dans le niveau 3 (Apolemichthys kingi, Acanthurus polyzona, Centropyge debelus) et d’autres poissons se trouvent souvent en trop grande taille c'est-à-dire ceux plus de 15 cm (Balistoides conspicillum). Par conséquent, la société est obligée de chercher d’autres espèces de faible valeur commerciale que celles de niveau 1.  Espèces capturées Figure 13: Nombre d’individus relatif à chaque espèce capturée
  • 37. 26 Parmi les 40 espèces capturées par les pêcheurs de Reef Project, Zebrasoma gemmatum, Zebrasoma veliferum, Macropharingodon lapillus sont les plus pêchées. Elles représentent respectivement 12,82% ; 10,27% et 9,36% de la capture (141, 113, et 103 sur les 1 100 individus au total) (Fig.13). Cependant, l’ensemble de captures n’arrive pas tous à survivre dans l’unité de stockage c’est-à-dire le nombre total d’espèces exportées est différent du nombre total d’espèces capturées. Cette différence est liée aux taux de mortalité des individus de chaque espèce, le long de procédé de production.  Espèces exportées La société Reef Project a pu exporter 364 poissons répartis en 27 espèces avant la mise en « stand-by » de ses activités. Zebrasomma gematum est l’espèce la plus exportée. Elle représente 17,58% des individus exportés suivi de Zebrasoma veliferum (10,16%), Amphiprion latifasciatus (8,72%,), Chromis viridis (8,24%), Centropyge acanthops et Pomacanthus chrysurus (même proportion 7,41%), Macropharingodon lapillus (6,86%) et Paracanthurus hepatus (5,76%) (Fig. 14). Les 19 espèces restantes représentent moins de 4% des poissons exportés. Figure 14 : Nombres d’individus exportés par espèce
  • 38. 27 2.2.4. Conditionnement des captures Arrivés au point de débarquement (l’un des 3 villages de pêcheurs), après 6h de temps de pêche (y compris le déplacement), les captures sont transférées directement aux sites de conditionnements à Ankilimarovahatse (Reef Project) ou Ankiembe (Matata). Une fois, dans l’unité de conditionnement, les poissons sont acclimatés. Pour Reef Project, l’acclimatation est procédée par l’ajout progressif d’eau dans le seau de transfert jusqu’à l’atteinte de la température semblable à celle de l’eau du bâche piscine ronde, l’unité de stockage de la société. Pour Matata, les captures sont laissées dans le sachet de transfert, à température ambiante, toute une nuit avant de les mettre, le matin, dans un aquarium de stockage. L’éloignement de lieux de stockage de la source d’eau de mer est un fait similaire pour les 2 sociétés. L’eau de mer utilisée dans l’unité de conditionnement est transportée depuis la plage d’Ankoronga (Reef Project) et d’Ankiembe (Matata) par cyclo pousse ou charrette dans des bidons. Un changement complet d’eau est effectué deux fois par mois pour la société Reef Project et une fois par mois pour Matata. La société Matata dispose dans son unité de stockage, d’un grand récipient équipé d’un écumeur utilisé pour purifier et recycler l’eau distribuée dans les aquariums par un tuyau PVC de 20 mm de diamètre. Pour minimiser le risque de contamination, avant d’alimenter ces aquarium de stockage, l’eau est passé tout d’abord à travers d’un filtre à cartouche de 5µm (Fig. 15). La société Reef Project diffère de Matata sur le système de purification d’eau et le dispositif de stockage de captures (bâche piscine ronde). Elle ne dispose pas d’aquarium ni de filtre à cartouche pour garantir la qualité de l’eau. Figure 15 : Système de circuit fermé pour alimenter et évacuer l’eau des aquariums ou récipients de stockage d’eau
  • 39. 28 La société Matata fixe la densité de stockage à un poisson par compartiment de dix litres. Les poissons sont nourris des provendes manufacturées, mais la société Reef Project complémente cette provende par des petites crevettes séchées. Contrairement à l’élevage de poissons de bouche, le nourrissage de poissons d’aquarium dans l’unité de stockage a pour objectif de maintenir les captures en vie et en bonne santé jusqu’à la date d’expédition mais pas pour leur croissance. La fréquence de nourrissage est de deux fois par jour pour la société Reef Project et une fois tous les deux jours pour la société Matata, à raison de 0,12% de la biomasse. Le suivi de paramètres physico-chimiques d’eau de stockage n’est pas pris en compte par les deux sociétés. Toutefois, la société Reef Project effectue de suivis du pH, et de teneurs en nitrite, nitrate et ammoniac, en cas de problèmes de mortalité sévère. Les poissons sont mis à jeun la veille de chaque expédition. Un sachet transparent doublé est utilisé pour transporter les poissons de Tananarive au(x) pays importateur(s). La transparence du sachet de transfert est exigée pour permettre l’inspection de poissons selon les recommandations de l’IATA. A chaque expédition, un sachet de 6 litres contient uniquement un poisson, 1/3 de l’eau et 1/3 de l’oxygène médical (Fig.16). Six à sept sachets de six litres remplis, chargé d’un poisson, sont conditionnés dans un carton polystyrène puis bien scotché pour être de bonne condition de transport. Figure 16 : Poissons prêts pour l’expédition
  • 40. 29 2.2.5. Survie 2.2.5.1. Suivant l’étape de production Le taux de survie de poissons capturées, enregistré à chaque étape de production (Fig.17) (i) depuis le lieu de pêche jusqu’au site de conditionnement, (ii) pendant le conditionnement, et (iii) durant l’expédition, est significativement différent (Kruskal-Wallis rank ; p=0,000021/ posthoc.kruskal.nemenyi, p (entre i et ii)=0.00021, p (entre ii et iii) =0.0001 et p (entre i et iii)=0,233). 99% d’espèces ont survécu durant le transport, 70% pendant les jours de stockage et 97% durant l’expédition. La mortalité élevée (604 poissons) rencontrée dans le milieu de conditionnement est liée aux 3 facteurs suivants : le choc et le stress subit durant le transport vers le lieu de stockage, faible capacité d’adaptation aux provendes et surtout la qualité physique et biologique de l’eau. Figure 17: Taux de survie des captures dans chaque étape de production 2.2.5.2. Selon l’espèce Parmi les 15 premiers poissons capturés, dans la phase de conditionnement, Chromis viridis et Thalasoma hebraicum ont le meilleur taux de survie (87,65%±12,36 et 84,42%±14,46) suivi de Ctenochaetus striatus (79,04%±21,44) , Zebrasoma veliferum (78,79%±20,70) ; Z. gemmatum (71,2%±26,15) et Macropharyngodon lapillus (61,11%±25,45). Ces 3 dernières espèces sont les plus capturées par les pêcheurs. L’espèce Zanclus cornutus est la plus vulnérable de toutes avec un taux de survie de 53,80%±16,05 (Fig.18). C’est un poisson fragile, il ne peut pas rester au-delà de 5 jours dans le milieu de conditionnement. Les écarts représentent la moyenne de trois mois d’étude.
  • 41. 30 Figure 18 : Taux de survie de 15 premiers poissons d’aquarium capturés 2.2.6. Commercialisation de poissons d’aquarium 2.2.6.1. Commerce extérieur  Circuit de commercialisation Le circuit de vente de poissons d’aquarium à des fins esthétiques au Sud-Ouest de Madagascar est le suivant (Fig.19) : après la pêche, les poissons vivants passent de pêcheurs professionnels (propre à la pêche de poissons d’aquarium) aux sociétés privées qui les commercialisent aux grossistes internationaux ou directement aux clients. Les grossistes distribuent enfin les produits aux amateurs de l’aquariophilie.
  • 42. 31 Figure 19 : Circuit de commercialisation des poissons d’aquarium à des fins esthétiques  Prix des poissons Reef Project et Matata constituent les seuls clients de poissons d’aquarium dans la région Sud- Ouest de l’île. Le prix unitaire fixé par les sociétés exportatrices pour les pêcheurs varie de 500Ar (Chromis viridis) à 1 000 000Ar (Acanthurus polyzona). Zebrasoma gemmatum (Fig.20), espèce la plus capturée, coûte 50 000Ar pour la société Reef Project et 30 000Ar pour Matata. Figure 20: Zebrasoma gemmatum (Valenciennes, 1835)
  • 43. 32 Tableau 2 : Prix des poissons d’aquarium à des fins esthétiques
  • 44. 33 Selon les données enregistrées au niveau du MRHP par les sociétés exportatrices, un poisson d’aquarium coûte 53 476Ar à 144 060Ar au marché international. Ce qui donne une valeur médiane de 113 639Ar (Annexe 10). Le prix unitaire moyen de poissons d’aquarium fixé par Reef Project et Matata pour les pêcheurs est de 47 913Ar et 75 704 Ar pour l’ensemble d’espèces capturées et recherchées. Pour une même espèce, la société Matata propose significativement un prix plus favorable que Reef Project. (Tukey, p=0,00112). Cependant cette dernière achète plus d’espèce de poissons que Matata.  Exportation La majorité de poissons exportés par Reef Project sont destinés aux Etats-Unis (42,28 %), en Afrique du Sud (38,27%), à Singapour (19,44%), et au Sri Lanka (12,35%). La société Reef Project a réalisé durant un trimestre (avril, mai et juin 2016) trois exportations vers les Etats- Unis (Fig.18). A chaque expédition, 10 à 124 poissons sont envoyés. En juin 2016, 181 poissons sont exportés Figure 21 : Fluctuation de l’abondance de poissons exportés selon les pays importateurs  Revenu des pêcheurs aux poissons d’aquarium Les revenus journaliers de pêcheurs varient suivant la quantité et la valeur d’espèces demandées. Mais avant tout, il dépend de la praticabilité de la mer (eau claire et pas trop de vent). Un pêcheur gagne par sortie en mer de 1 000Ar à 130 750Ar (Annexe 8). Comme le nombre moyen de sortie en mer par jour est de 0,5 (une sortie tous les deux jours) ; un pêcheur gagne alors 30 000Ar par jour. Un pêcheur gagne mensuellement 430 000Ar (n=55) soit environ 2,5 fois du salaire minimum d’embauche à Madagascar. Activités suspendues par le ministère
  • 45. 34 2.2.6.2. Commerce local  Circuit de commercialisation Après la pêche, les poissons d’aquarium pris comme poissons de consommations, passent de pêcheurs de poissons de bouche aux mareyeurs qui les commercialisent aux marchés locaux. Parfois, ces captures sont menées directement au sein de consommateurs sans passer aux intermédiaires. Comme tous autres poissons de bouche, les poissons sont commercialisés à l’état frais, non vivant. Figure 22 : Circuit de commercialisation des poissons d’aquarium pris comme poissons de bouche  Prix des poissons Durant les travaux d’enquêtes effectués au niveau de 4 marchés de Toliara, 36 espèces parmi 40 exploitées par les 2 sociétés ont été observées sur les étals de vente de poissons de bouches (poissons morts) qui sont listés dans le tableau 1. Sept autres espèces trouvées aux marchés de Toliara sont recherchées au marché international mais inexploité par Reef Project et Matata.
  • 46. 35 Tableau 3 : Prix des poissons d’aquarium pris comme poissons de consommations
  • 47. 36 Le prix unitaire moyen de poissons d’aquarium sur les étals de vente de poissons de bouches est de 152Ar±53. Halichoeres nebulosus, Thalasoma hebraicum et Macropharyngodon lapillus sont les principales espèces rencontrées (plus de 7%). Les poissons d’aquarium coûtent significativement beaucoup plus chère lorsqu’ils sont vendus au sein des sociétés exportatrices qu’au marché de poissons de bouche. (Test Tukey, p<0,05). Ces poissons sont vendus à bon marché. Ce qui permet d’avancer que le développement de la filière aquariophile est le seul issu de valorisation bénéfique de poissons d’aquarium récifaux. 2.2.7. Marché local Outre Reef Project, Matata, et les marchés locaux de Toliara où les poissons sont vendus moins chers à l’état frais, aucun marché de poissons d’aquarium n’est enregistré. Les enquêtes menées au sein de pêcheurs, mareyeurs et hôtels-restaurants affirment cela. Parmi les 10 hôtels Restaurants enquêtés, un seulement possède de l’aquarium et il s’agit d’un aquarium d’eau douce. L’inexistence des amateurs d’aquariophilie, de distributeurs détaillants de poissons d’aquarium récifaux ou de fournisseurs locaux et l’ignorance de technique d’entretien empêchent les hôtels-restaurants du Sud-Ouest de Madagascar à réaliser cette activité. Ce dernier constituerait l’un des moyens pour présenter aux clients des hôtels-restaurants, Malagasy ou étrangers ; l’attrait de la richesse faunistique et floristique du grand récif de Toliara. Déjà avancé dans la partie précédente, le marché local de Toliara constitue un lieu de vente de poissons d’aquarium (non vivant). Ces derniers présentent les 2% de poissons vendus aux marchés locaux destinés à la consommation. 2.3. Evolution de l’exportation de poissons d’aquarium à Madagascar de 2015 à 2017 2.3.1. Espèces exportées 39 espèces sont exportées entre 2015 et 2017 (Fig.22). Zebrasoma gemmatum est l’espèce la plus exportée (67,25±26,4% du nombre total d’individus exportés à chaque expédition), suivi de Chaetodon blackburnii, Macropharyngodon sp (6,12±3,35%), et Macropharyngodon lapillus (2,78±2,83%) (Fig.22). Outre Zebrasomma gemmatum, Apolemichthys kingi constitue également la seconde espèce à haute valeur commerciale exportée. Aucune espèce exportée n’est inscrite dans la liste rouge de l’IUCN ni dans l’annexe de CITES.
  • 48. 37 Figure 23 : Nombre d’individus de 39 espèces exportées par Madagascar, entre 2015 et 2017 2.3.2. Fluctuation de l’exportation L’exportation de poissons d’aquarium a été débutée vers 1985, mais aucune donnée relative n’a été enregistrée avant 2015. Aucun suivi d’activité d’exploitation de poissons d’aquarium récifaux n’a été effectué au niveau du ministère durant cette période. Entre 2015 et 2017, Madagascar a exporté mensuellement 10 à 385 poissons d’aquarium. Aucune exportation n’a été faite tous les mois de janvier. 225 poissons ont été exportés en 2015, représentant 5,73 fois moins qu’en 2016 (1 289 poissons). Le nombre de poissons exporté en 2016 est significativement élevé comparé à celui de 2015 et 2017 où le pays n’a exporté que 187 poissons seulement (Fig. 23) (Kruskall Wallis rank, Tukey p=0,0119).
  • 49. 38 Figure 24 : Evolution de l’exportation de poissons d’aquarium à Madagascar, entre 2015 et 2017 2.3.3. Principaux pays importateurs de poissons d’aquarium Madagascar exporte ses poissons d’aquarium vers 7 pays : Chine, Dubai, Royaume Uni, Singapour, Taiwan, USA, et Afrique du Sud. Etats-Unis, Chine (Hong Kong), Royaume-Uni et Singapour constituent les 4 principaux importateurs de produits de l’ile. Zebrasoma gemmatum est l’espèce la plus demandée.
  • 50. 39 3. DISCUSSION 3.1. Exploitation de poissons d’aquarium récifaux à Madagascar : sa place dans le commerce mondial Comme la pêche aux poissons de bouche, la technique de pêche aux poissons d’aquarium pratiquée à Madagascar reste encore traditionnelle sauf le cas de MANB à Nosy be avant 2015 (utilisation d’embarcation motorisé et bouteille de plongée). Les méthodes de pêche destructives rencontrées dans certains pays comme en Philippine n’affectent pas encore l’île. Il s’agit de la pêche au cyanide de Sodium (NaCn) qui est interdite, mais reste pratiquée dans 80% des cas (Hingco et Rivera, 1991). Elle est utilisée pour étourdir les poissons mais entraîne une grave dégradation des récifs (Johannes et Riepen, 1995). Certains pêcheurs utilisent des explosifs. Cette pratique est encore largement répandue et présente au Philippine (Hignette, 2003). Le filet de pêche utilisé par les pêcheurs, déterminé au cours de cette étude, fait partie des filets maillant nommés « barrier net » qui représentent la meilleure technique de pêche aux poissons d’aquarium (Randall, 1987) car beaucoup de petites espèces risquent de se blesser dans des mailles plus petites (Dufour, 1998). La méthode de pêche de poissons d’aquarium dans le Sud- Ouest de Madagascar a connu peu de changement depuis cinq ans. Mahafina en 2011, a avancé qu’une autre technique de pêche a été adoptée par Matata pour capturer les poissons d’aquarium. Il s’agit de capture des poissons d’aquarium avec des épuisettes dans des milieux sauvages avec une exportation d’individus après quelques jours de mise en cage dans le milieu marin. Depuis 2016, la mise en cage a été annulée suite à l’application de l’article de la loi N°2015-053 portant code de la pêche et de l’aquaculture de Madagascar. L’utilisation de pirogues à balanciers, comme moyen de déplacement pour sortir en mer, ne demande pas trop d’investissements comparés à des embarcations motorisées. Ce qui explique l’emploi de ces moyens de déplacements par les sociétés exportatrices. Ces dernières sont les plus utilisées dans l’exploitation de poissons d’aquarium récifaux à Kiribati (William et al, 1999). Aucune des espèces de poissons d’aquarium capturées au cours de cette étude n’est figurée parmi les organismes « vulnérables » de la liste rouge de l’IUCN et inscrites à l’annexe de la CITES. Mais beaucoup d’entre elles sont classés dans DD (ou Data Déficient), c’est la classification d’IUCN pour des espèces dont on ne dispose pas assez de données pour évaluer le risque direct ou indirect d’extinction (IUCN, 2012). Cheilinus undulatus et les hippocampes, organismes ayant de valeurs commerciales élevées au marché d’aquariophilie ne sont pas inscrits dans la liste d’espèces recherchées par les 2 sociétés. L’inclusion de ces organismes
  • 51. 40 parmi les espèces vulnérables cités dans la liste rouge de l’IUCN, (http://www.iucnredlist.org) les empêche de les exploiter. Ce qui permet d’avancer que l’exploitation d’espèces de poissons d’aquariumations est légale par rapport aux législations internationales. Trois des 40 espèces rencontrées au cours de cette étude sont également de poissons de bouches : Rhinecanthus aculeatus, Acanthurus lineatus, et Ctenochaetus striatus. Ces dernières sont incluses dans la liste d’espèces les plus exploitées, à valeur marchande, destinés à la consommation humaine (Randriambololona, 1998). Elles peuvent atteindre respectivement une longueur de 25cm ; 38cm et 26cm. Cependant, ces espèces sont utilisées par les opérateurs d’aquariophilies comme poissons d’aquariumations à une taille inférieure à 15 cm. En effet, pour la gestion de ces espèces utilisées en consommation locale, il est recommandé de les exclure parmi les poissons exploités en aquariophilie. Acanthurus polyzona est la plus onéreuse de tous les poissons (1 000 000Ar par individu). L’absence de certaines espèces recherchées comme Acanthurus polyzona, Apolemychitys kingi, parmi les poissons capturés au cours de cette étude pourrait être expliqué par la rareté de l’espèce en question dans les sites de pêche. Cependant, la présence d’Acanthurus polyzona , est déclarée unique à Madagascar et à l’ile de la Réunion. En effet l’absence d’Acanthurus polyzona dans les captures pourrait être expliquée par la bio-écologie de cette espèce qui reste encore inconnue. 30% des poissons récifaux sont des espèces cryptiques, rarement observées par les hommes et certains vivent à plus de 10 m de profondeur, tandis que d’autres passent la majeure partie de leur temps cachées dans la structure du récif (Lieske et Meyers, 2002).Par contre, des espèces de poissons d’aquarium facile à capturer, disponibles dans la zone d’étude mais faiblement exploitées (Dascyllus trimaculatus), ou moins exportées (Parachanturus hepatus), Dascyllus trimaculatus, Labroides dimidiatus, et Amphiprion ocellaris sont listés parmi les 20 premières espèces importées aux Etats Unis venant de différents pays hors de Madagascar (Rhyne et al., 2012). En effet, notre pays dispose plusieurs espèces recherchées au commerce international mais non ou mal-exploitées. Cela mérite alors d’être étudié pour une meilleure valorisation de poissons d’aquarium de Madagascar et augmenter le revenu de pêcheurs traditionnels. Zebrasoma gemmatum, espèce la plus exploitée à Madagascar, et plus recherchée au niveau du marché international n’est pas figurée dans la liste de 20 premières espèces, suscitées, importées aux Etats Unis (Rhyne et al., 2012 ) et non plus dans celle des 150 premières espèces exploitées en Inde (Jayasankar, 1998). Ce qui permet de classer Zebrasoma gemmatum comme espèce rare, novice dans cette filière et endémique de l’océan Indien. Zebrasoma gemmatum