4. L’insécurité linguistique est donc « la manifestation d’une quête de légitimité linguistique, vécue par un groupe social dominé, qui a une perception aiguisée tout à la fois des formes linguistiques qui attestent sa minorisation et des formes linguistiques à acquérir pour progresser dans la hiérarchie sociale. » (Francard, article « Insécurité linguistique », in Moreau, 1997, pp. 171-172), Louis-Jean Calvet : « On parle de sécurité linguistique lorsque, pour des raisons sociales variées, les locuteurs ne se sentent pas mis en question dans leur façon de parler, lorsqu’ils considèrent leur norme comme la norme. A l’inverse, il y a insécurité linguistique lorsque les locuteurs considèrent leur façon de parler comme peu valorisante et ont en tête un autre modèle, plus prestigieux, mais qu’ils ne pratiquent pas. » ( La sociolinguistique , QSJ, p. 50).
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6. On peut essayer de décrire ces situations de diglossie (de fait, diverses), qui varient selon les pays, et surtout selon les groupes sociaux, au moyen des schémas suivants : français créole H B Diglossie stricte
7. français créole H B français créole H B Bilinguisme idéal Un exemple de diglossie « réelle »
8. Pourquoi la diglossie favorise l’insécurité linguistique ? Cf. Thèse de Bretegnier, Aude : Sécurité et insécurité linguistique. Approches sociolinguistique et pragmatique d'une situation de contacts de langue : la Réunion , 2 volumes (version revue et corrigée), thèse de doctorat, Réunion, France, Saint-Denis, Aix-en-Provence, polycopié, Université de la Réunion/Université de Provence, 1999, 737 p., L’ouvrage de N. Gueunier, Genouvrier et Khomsi, 1978, Les Français devant la norme = le premier à exploiter le concept d’insécurité linguistique dans le domaine francophone .
9. Etude de 4 milieux urbains : Tours, Lille, Limoges et Saint-Denis-de-la-Réunion. Cette recherche originale (démarche proche de celle de Labov) met en évidence l’hypothèse d’une relation privilégiée entre insécurité linguistique et situation de diglossie : l’insécurité linguistique est d’autant plus manifeste que le parler régional est vivace, les interférences de celui-ci étant réputées « abâtardir » le français. L’étude de M. Francard, 1989, d’une situation de diglossie franco-walonne montre que l’insécurité linguistique va de pair avec le taux de scolarisation des informateurs.
10. « … l’institution scolaire dans le monde francophone, accroîtrait l’insécurité linguistique en développant à la fois la perception des variétés linguistique régionales et leur dépréciation au profit d’un modèle mythique et inaccessible (le « bon » français, souvent assimilé au « français de Paris »). » (M. Francard, art. cit. in Moreau, 1997) On est dans le domaine des représentations : constructions mentales investies des présupposés, de la subjectivité, des stratégies de tout un corps social.
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14. Mais attention : le linguiste ne doit pas projeter son propre imaginaire linguistique dans l’interprétation des faits relevés : question à développer. Ainsi l’insécurité linguistique « prend toute son importance : celle d’un concept-clé dans l’étude des représentations, dont l’apport est essentiel pour une théorie du changement linguistique et pour la compréhension du fonctionnement social des usages linguistiques. » (Francard, 1997, p. 176)