SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  2
Télécharger pour lire hors ligne
« Si l'antenne n'est pas enlevée, ou au moins déplacée, on déménage »

En 2007, Valentin était opéré d'une sorte de tumeur au cerveau. Ses parents n'avaient pas tout
de suite pensé aux antennes-relais. Depuis, la suspicion est forte et ils attendent beaucoup de
l'enquête sanitaire

De quoi souffre exactement Valentin ? Et quand l'avez-vous découvert ?
Angela Burghgraeve : « Nous l'avons découvert le 21 juin 2007, après de longs mois pendant
lesquels Valentin se plaignait de maux de tête.

Au début, on allait voir le médecin, mais c'était la fatigue, le stress de l'école... Puis j'ai fini
par aller voir un neurologue. A l'examen clinique, il n'y avait rien, mais comme j'étais
angoissée, il a fait passer une IRM. Là, on a découvert une tumeur de 5 centimètres de
diamètre. Valentin avait un médulloblastome métastatique. La tumeur a été complètement
enlevée, on lui donnait 90 % de chance de s'en remettre. Il a fait de la chimiothérapie. Puis
entre deux, il a commencé à avoir des douleurs à l'aine. On a pensé à l'appendicite, il a été
opéré, mais ses douleurs continuaient. Après une chute, on l'a emmené à Lille et en fait, il
faisait une rechute, il avait des métastases aux méninges, avait perdu la marche. Il a alors eu
un traitement chimiothérapique à doses intensives. Aujourd'hui, il est en rémission, mais ce
n'est pas gagné. Il aura des séquelles neurologiques. » A l'époque, pensiez-vous à l'éventuel
impact des antennes-relais ?
F. B. : « Non, pas du tout, on avait subi un coup de massue, on ne pensait qu'à Valentin. » A
partir de quel moment, alors, avez-vous commencé à établir un parallèle ?
A. B. : « Ma famille vit en Espagne et là-bas, les antennes-relais sont interdites. Lorsqu'une
tante est venue et qu'elle a vu l'antenne sur la cheminée et celle sur le château d'eau, elle a
trouvé ça inadmissible que ce soit si proche d'une école. Mais même là, on ne pensait qu'à la
guérison de Valentin. C'est quand il y a eu le cas de la petite Zoé*. Là, on s'est dit deux cas
dans la même école, ça commence à être inquiétant. » C'est donc à partir de là que vous avez
commencé à vous rapprocher de l'association Rexpoëde environnement, de la mairie ?
A. B. : « Oui, j'allais aux réunions de l'association, pour m'informer. Mais c'était tendu entre
l'association et le maire, donc nous n'avions pas vraiment de contact. » Dans quelles
circonstances avez-vous aussi appris que votre fils était électrosensible ?
A. B. : « Je suis allée en Espagne en novembre avec Valentin pour rencontrer un naturopathe.
Nous explorons toutes les pistes pour aider notre fils, sa concentration diminue, sa
compréhension aussi. Et ma famille m'avait conseillé d'aller voir un naturopathe. Avant même
que je lui explique qu'il y avait des antennes près de chez nous, il a senti que Valentin était
sensible aux ondes. Ensuite, il m'a posé la question et je lui ai dit qu'effectivement, il y avait
trois antennes autour de nous. »
Le 2 décembre, vous avez assisté à la réunion publique, en présence de Janine Le Calvez,
présidente de Priartem, qu'avez-vous appris et gardez-vous le contact ?
F. B. : « Je n'ai pas vraiment appris quelque chose, sauf que l'association avait fait des
mesures, qui étaient supérieures à la normale chez nous et devant le stade de foot. J'ai pris
contact avec la présidente de Priartem, car nous attendons beaucoup de cette enquête sanitaire.
Nous pensons d'ailleurs qu'elle va révéler des choses. Mais nous irons jusqu'au bout. » Seriez-
vous prêts à déménager ?
F. B. : « J'ai fait construire notre maison il y a huit ans et nous aimons la ville. Aujourd'hui,
j'organise le futur, en quelque sorte, en agrandissant ma maison car le handicap de mon fils
commence à s'installer. Mais nous demandons à ce que l'antenne soit retirée ou, au moins,
déplacée. Sinon nous déménagerons. Je ne sais pas où, à un endroit où il n'y a pas d'antenne,
ou pas à proximité, mais nous partirons. Nous l'avons dit au maire, mais tant qu'il n'aura pas
un certificat d'un médecin lui prouvant que ce sont les antennes qui sont responsables de la
maladie, il ne fera rien (au dernier conseil municipal, la municipalité a soutenu la demande
d'enquête sanitaire de Rexpoëde environnement, ndlr cf. ci-dessous). » Comprenez-vous qu'il
n'y ait eu qu'une petite dizaine d'habitants présents lors de la réunion publique ?
A. B. : « Au moment de la petite Zoé, tout le monde s'était mobilisé, c'était une bonne chose.
Aujourd'hui, j'ai l'impression que les gens se disent que de toute façon, ça ne bougera pas. Et
puis tant qu'un malheur ne les touche pas chez eux, ils ne se mobilisent pas.
 » F. B. : « Nous ne faisons pas ça que pour Valentin, pour nos autres fils, mais aussi pour les
autres enfants. Il faut que le maire écoute ce principe de précaution, car aucun médecin ne
dira que c'est à cause des antennes. » *La petite fille de 5 ans originaire de West-Cappel, allait
à l'école maternelle de Rexpoëde et était atteinte d'une tumeur au cerveau inopérable. Après
six mois de soutien et de lutte, elle s'est éteinte en septembre 2009.
Claire HOHWEYER
Vos réactions sur www.lejournaldesflandres.fr

Contenu connexe

Plus de Marc Arazi (20)

Nouveau projet-immobilier-rue-gaston-margerie
Nouveau projet-immobilier-rue-gaston-margerieNouveau projet-immobilier-rue-gaston-margerie
Nouveau projet-immobilier-rue-gaston-margerie
 
Un correspondant-de-justice-a-nogent-sur-marne
Un correspondant-de-justice-a-nogent-sur-marneUn correspondant-de-justice-a-nogent-sur-marne
Un correspondant-de-justice-a-nogent-sur-marne
 
Boubi22
Boubi22Boubi22
Boubi22
 
Boubi21
Boubi21Boubi21
Boubi21
 
Boubi20
Boubi20Boubi20
Boubi20
 
Boubi19
Boubi19Boubi19
Boubi19
 
Boubi18
Boubi18Boubi18
Boubi18
 
Boubi17
Boubi17Boubi17
Boubi17
 
Boubi16
Boubi16Boubi16
Boubi16
 
Boubi15
Boubi15Boubi15
Boubi15
 
Boubi14
Boubi14Boubi14
Boubi14
 
Boubi13
Boubi13Boubi13
Boubi13
 
Boubi12
Boubi12Boubi12
Boubi12
 
Boubi11
Boubi11Boubi11
Boubi11
 
Boubi10
Boubi10Boubi10
Boubi10
 
Boubi8
Boubi8Boubi8
Boubi8
 
Boubi7
Boubi7Boubi7
Boubi7
 
Boubi6
Boubi6Boubi6
Boubi6
 
Les antennes
Les antennesLes antennes
Les antennes
 
Boubi5
Boubi5Boubi5
Boubi5
 

Si l

  • 1. « Si l'antenne n'est pas enlevée, ou au moins déplacée, on déménage » En 2007, Valentin était opéré d'une sorte de tumeur au cerveau. Ses parents n'avaient pas tout de suite pensé aux antennes-relais. Depuis, la suspicion est forte et ils attendent beaucoup de l'enquête sanitaire De quoi souffre exactement Valentin ? Et quand l'avez-vous découvert ? Angela Burghgraeve : « Nous l'avons découvert le 21 juin 2007, après de longs mois pendant lesquels Valentin se plaignait de maux de tête. Au début, on allait voir le médecin, mais c'était la fatigue, le stress de l'école... Puis j'ai fini par aller voir un neurologue. A l'examen clinique, il n'y avait rien, mais comme j'étais angoissée, il a fait passer une IRM. Là, on a découvert une tumeur de 5 centimètres de diamètre. Valentin avait un médulloblastome métastatique. La tumeur a été complètement enlevée, on lui donnait 90 % de chance de s'en remettre. Il a fait de la chimiothérapie. Puis entre deux, il a commencé à avoir des douleurs à l'aine. On a pensé à l'appendicite, il a été opéré, mais ses douleurs continuaient. Après une chute, on l'a emmené à Lille et en fait, il faisait une rechute, il avait des métastases aux méninges, avait perdu la marche. Il a alors eu un traitement chimiothérapique à doses intensives. Aujourd'hui, il est en rémission, mais ce n'est pas gagné. Il aura des séquelles neurologiques. » A l'époque, pensiez-vous à l'éventuel impact des antennes-relais ? F. B. : « Non, pas du tout, on avait subi un coup de massue, on ne pensait qu'à Valentin. » A partir de quel moment, alors, avez-vous commencé à établir un parallèle ? A. B. : « Ma famille vit en Espagne et là-bas, les antennes-relais sont interdites. Lorsqu'une tante est venue et qu'elle a vu l'antenne sur la cheminée et celle sur le château d'eau, elle a trouvé ça inadmissible que ce soit si proche d'une école. Mais même là, on ne pensait qu'à la guérison de Valentin. C'est quand il y a eu le cas de la petite Zoé*. Là, on s'est dit deux cas dans la même école, ça commence à être inquiétant. » C'est donc à partir de là que vous avez commencé à vous rapprocher de l'association Rexpoëde environnement, de la mairie ? A. B. : « Oui, j'allais aux réunions de l'association, pour m'informer. Mais c'était tendu entre l'association et le maire, donc nous n'avions pas vraiment de contact. » Dans quelles circonstances avez-vous aussi appris que votre fils était électrosensible ? A. B. : « Je suis allée en Espagne en novembre avec Valentin pour rencontrer un naturopathe. Nous explorons toutes les pistes pour aider notre fils, sa concentration diminue, sa compréhension aussi. Et ma famille m'avait conseillé d'aller voir un naturopathe. Avant même que je lui explique qu'il y avait des antennes près de chez nous, il a senti que Valentin était sensible aux ondes. Ensuite, il m'a posé la question et je lui ai dit qu'effectivement, il y avait trois antennes autour de nous. » Le 2 décembre, vous avez assisté à la réunion publique, en présence de Janine Le Calvez, présidente de Priartem, qu'avez-vous appris et gardez-vous le contact ? F. B. : « Je n'ai pas vraiment appris quelque chose, sauf que l'association avait fait des mesures, qui étaient supérieures à la normale chez nous et devant le stade de foot. J'ai pris contact avec la présidente de Priartem, car nous attendons beaucoup de cette enquête sanitaire. Nous pensons d'ailleurs qu'elle va révéler des choses. Mais nous irons jusqu'au bout. » Seriez- vous prêts à déménager ?
  • 2. F. B. : « J'ai fait construire notre maison il y a huit ans et nous aimons la ville. Aujourd'hui, j'organise le futur, en quelque sorte, en agrandissant ma maison car le handicap de mon fils commence à s'installer. Mais nous demandons à ce que l'antenne soit retirée ou, au moins, déplacée. Sinon nous déménagerons. Je ne sais pas où, à un endroit où il n'y a pas d'antenne, ou pas à proximité, mais nous partirons. Nous l'avons dit au maire, mais tant qu'il n'aura pas un certificat d'un médecin lui prouvant que ce sont les antennes qui sont responsables de la maladie, il ne fera rien (au dernier conseil municipal, la municipalité a soutenu la demande d'enquête sanitaire de Rexpoëde environnement, ndlr cf. ci-dessous). » Comprenez-vous qu'il n'y ait eu qu'une petite dizaine d'habitants présents lors de la réunion publique ? A. B. : « Au moment de la petite Zoé, tout le monde s'était mobilisé, c'était une bonne chose. Aujourd'hui, j'ai l'impression que les gens se disent que de toute façon, ça ne bougera pas. Et puis tant qu'un malheur ne les touche pas chez eux, ils ne se mobilisent pas. » F. B. : « Nous ne faisons pas ça que pour Valentin, pour nos autres fils, mais aussi pour les autres enfants. Il faut que le maire écoute ce principe de précaution, car aucun médecin ne dira que c'est à cause des antennes. » *La petite fille de 5 ans originaire de West-Cappel, allait à l'école maternelle de Rexpoëde et était atteinte d'une tumeur au cerveau inopérable. Après six mois de soutien et de lutte, elle s'est éteinte en septembre 2009. Claire HOHWEYER Vos réactions sur www.lejournaldesflandres.fr