Plate-forme promotionnelle, vecteur véhiculant nos instincts narcissiques, lorgnette permettant d'entrevoir l'inaccessible… Que nous dit Instagram sur nous-mêmes?
C'est le sujet de ma nouvelle chronique.
2. La chercheuse Lauren Sherman a évalué le phénomène en observant l’activité cérébrale de jeunes
de 13 à 18 ans confrontés à des images sur les réseaux sociaux. Si celles-ci ont beaucoup de likes,
les zones du cerveau impliquée dans la récompense et l’imitation sont particulièrement sollicitées.
C. Q. F. D.
Cet été, j’ai pensé que l’on avait touché le fond en lisant un article sur une bombasse qui a eu l’idée
de génie d’attacher son soutien-gorge de maillot de bain à l’envers. Ce qui, dans son cas, permet
d’entrevoir la moitié inférieure de ses seins à l’arrondi parfait. Elle nomma cette pseudo-invention
l’«upside-down bikini» et ouvrit un compte instagram pour l’immortaliser dans le cyberspace.
J’avoue que la nouvelle m’a laissée perplexe…
«Des conséquences tragiques»
Mais le pouvoir d’instagram peut avoir des conséquences tragiques. N’oublions pas Tara Fares, ex-
Miss Bagdad aux 2,8 millions d’abonnés, assassinée de trois balles à l’âge de 22 ans. Trop belle, trop
visiblement en quête de libertés, trop exposée…
Avec plus d’un milliard d’utilisateurs actifs mensuels et, quotidiennement, plus de 500 millions, dont
la moitié sont âgés de 18 à 24 ans, Instagram est un vecteur de poids pour les influenceurs, devant
les blogs et YouTube. Une arme douce pour défendre sa cause ou, pour moult adolescentes sans vrai
talent qui misent uniquement sur leur physique, une opportunité de s’auréoler de glamour.
Éventuellement, une plate-forme de promotion efficace. Comme ce fut le cas pour ce jeune
agriculteur français cultivant des espèces rares qui a ainsi conquis des chefs étoilés. Instagram, c’est
un espace d’exposition accessible à tous les artistes et créateurs ainsi qu’un instrument pour lorgner
des univers inaccessibles. Une aubaine pour les mateurs, qui se régalent de la photo des pâtes au
caviar de Tiffany Trump ou de la démesure des rich kids of London.
Quoi qu’il en soit, le réseau social lancé en 2010 connaît un succès fulgurant et nourrit encore de
hautes ambitions. Je sens qu’il va continuer à m’énerver un certain temps… Ma fille annonce
fièrement que sa photo a reçu près de 200 likes en deux heures. J’ai mis la même sur mon compte, et
un bref coup d’œil me confirme que je plafonne à six cœurs. Et je n’irai probablement pas plus loin.
Sylvie Castagné est mère d’une adolescente qui, comme nombre de ses pairs, lâche
difficilement son smartphone. La jeune fille trouve toutefois que sa mère passe un peu trop de temps sur
Facebook, Twitter et Instagram. La rédactrice free-lance basée à Zurich a cependant une bonne excuse,
puisqu’elle s’intéresse à l’impact de la transformation numérique sur nos vies.
@belluslocus