Le 12 novembre dernier, les syndicats privés des médecins et chirurgiens ont avancé en ordre dispersé. Le problème posé par les dépassements d’honoraires du secteur 2 n’est qu’un des aspects de la crise du financement de notre système de soins.
Si les dépassements d’honoraires du secteur 2 ont augmenté, c’est parce que le tarif de base de la SECU n’a pas bougé depuis l’instauration de la CCAM en 2007. Et de 1970 à 2007, il est également exact que les tarifs de la vieille NGAP (Nomenclature Générale des Actes Professionnels) ont conduit à une diminution de 40 % de la rémunération des actes chirurgicaux effectués en secteur 1. Autrement dit, la compensation de la perte de revenus des actes chirurgicaux réalisés dans l’hospitalisation privée a été orchestrée par la Sécurité Sociale en faisant payer par un tiers (les mutuelles) une charge financière qui lui revenait.
Mais pourquoi les syndicats des chirurgiens privés ne se sont pas battus ? Parce que le secteur 2 compensait facilement cette perte de revenus et que nos aînés n’ont pas projeté, plus loin que la défense de leurs propres revenus, l’instauration de ce système qui arrive aujourd’hui à bout de souffle. Ce système, dévoyé dans sa logique, a poussé un pourcentage marginal de chirurgiens à faire sauter les compteurs justifiant la hargne contre le secteur 2. Les mutuelles qui ont engrangé pendant des années des cotisations dont elles ne reversaient qu’une part minimale à leurs adhérents, se rebiffent contre une inflation des dépassements qu’elles ne peuvent pas contrôler et les obligent à puiser dans leur trésor de guerre.
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Chirurgie publique chirurgie privée, derrière les apparences, un même avenir ou comment ne pas devenir des officiers de santé !
1. Éditorial
Chirurgie publique/chirurgie privée,
derrière les apparences, un même avenir
ou comment ne pas devenir des ofciers de santé !
www.scialytique.org S H 3
Le 12 novembre dernier, les syndicats privés des
médecins et chirurgiens ont avancé en ordre
dispersé. Le problème posé par les dépassements
d’honoraires du secteur 2 n’est qu’un des aspects
de la crise du "nancement de notre système de soins.
Si les dépassements d’honoraires du secteur 2
ont augmenté, c’est parce que le tarif de base
de la SECU n’a pas bougé depuis l’instauration
de la CCAM en 2007. Et de 1970 à 2007, il
est également exact que les tarifs de la vieille
NGAP (Nomenclature Générale des Actes
Professionnels) ont conduit à une diminution
de 40 % de la rémunération des actes
chirurgicaux effectués en secteur 1. Autrement
dit, la compensation de la perte de revenus des
actes chirurgicaux réalisés dans l’hospitalisation
privée a été orchestrée par la Sécurité Sociale en
faisant payer par un tiers (les mutuelles) une charge
"nancière qui lui revenait.
Mais pourquoi les syndicats des chirurgiens privés
ne se sont pas battus ? Parce que le secteur 2
compensait facilement cette perte de revenus et
que nos aînés n’ont pas projeté, plus loin que la
défense de leurs propres revenus, l’instauration
de ce système qui arrive aujourd’hui à bout
de souf&e. Ce système, dévoyé dans sa
logique, a poussé un pourcentage marginal
de chirurgiens à faire sauter les compteurs justi"ant la hargne contre le
secteur 2. Les mutuelles qui ont engrangé pendant des années des cotisations
dont elles ne reversaient qu’une part minimale à leurs adhérents, se rebiffent
contre une in&ation des dépassements qu’elles ne peuvent pas contrôler et les
obligent à puiser dans leur trésor de guerre.
Quels rapports avec la problématique de la chirurgie publique ? L’acte
chirurgical, qu’il soit public ou privé, n’est plus reconnu à sa
valeur d’investissement, de formation, d’exigence professionnelle. Et dans
notre société mercantile, sa dévalorisation "nancière est bien la preuve de sa
dévalorisation intrinsèque.
De plus, les "nanceurs jouent sur l’individualisme des chirurgiens et leur
péché mignon : « je m’en sortirai tout seul, j’augmenterai mon nombre
d’actes, je travaillerai plus… ». Donc les "nanceurs savent que les
chirurgiens ne s’organiseront pas ensemble et qu’ils ne resteront qu’une force
insigni"ante face au rouleau compresseur des contraintes sociétales : normes
sécuritaires, judiciarisation, augmentation des assurances, des retraites, des
formations continues…
De son côté, le ministère de la Santé oblige les directeurs des hôpitaux publics
à engluer les chirurgiens hospitaliers dans les mailles du "let des contrôles
de toutes sortes : pointage, évaluation d’activité, démultiplication de réunions,
injonctions contradictoires, bras de levier Une seule porte de sortie pour
les chirurgiens : se regrouper,
dé"nir un socle commun à
tous les actes de chirurgie, avoir
une représentation et une force contradiction uni"ées face aux
interlocuteurs ministériels. Que la
chirurgie soit pri-vée
ou publique,
elle s’effectue au
sein d’équipes
regroupant des
hyperspécialisa-tions
complémen-taires.
L’acte opé-ratoire
est réalisé
par une équipe
chirurgicale dont
la composition doit
être dé"nie ainsi que
les compétences de ses
membres. L’évaluation des actes chirurgicaux doit être sous la gestion des
sociétés savantes chirurgicales…
Autrement dit, ne devenons pas les Of"ciers de Santé du 21ème siècle en nous
rétractant en prestataires de service, indifférents au devenir de nos patients.
Les chirurgiens, privés ou publics, doivent participer à l’organisation de
la chirurgie. Les chirurgiens sont les seuls à pouvoir défendre une pratique
chirurgicale digne de la con"ance de leurs patients. Les chirurgiens doivent
découvrir l’outil syndical et l’intégrer dans leurs organisations professionnelles.
La maxime du Syndicat des Chirurgiens Hospitaliers n’a jamais été aussi
pertinente : organiser et défendre la chirurgie pour pouvoir bien opérer.
Bernard Lenot
Président
des PDSES…
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de
* Illustrations : Le chirurgien, Of"cier de Santé de la Garde Impériale (1815)