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UNIVERSITE DE COCODY REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE
================================ =========================
UFR : LANGUES, LITTERATURE ET CIVILISATION UNION – DISCIPLINE - TRAVAIL
================================
CHAIRE UNESCO
POUR LA CULTURE DE LA PAIX
==================================
AGRICULTURE EN
AFRIQUESUBSAHARIENNE :
ENJEUX, PROBLEMATIQUES
ET DEFIS A RELEVER
Sory OUATTARA
Enseignant au Département de Formation et de Recherche
Agriculture et Ressources Animales (DFRARA)
de l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët Boigny
de Yamoussoukro
TABLE DES MATIERES
CHAPITRE PAGE
INTRODUCTION
I DEFINITIONS DE QUELQUES NOTIONS ET CONCEPTS
1.1 L’agriculture et l’agronomie
1.2 L’exploitation agricole
1.3 Les politiques agricoles
1.4 La pauvreté
1.5 La croissance
1.6 Le développement
II RAPPEL HISTORIQUE ET CONTEXTE DEL’AGRICULTURE EN
AFRIQUESUBSAHARIENNE
2.1Période précoloniale
2.2 Période coloniale
2.3 Période après indépendance
III ENJEUX DE L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
3.1 Enjeux au plan économique
3.2 Enjeux au plan social
3.3 Enjeux au plan environnemental
3.4 Enjeux au plan de la souveraineté
IV CARACTERISTIQUES DE L’AGRICULTURE ET DE SES PRODUCTIONS EN
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
4.1 Les caractéristiques essentielles de l’agriculture
4.2 Les productions tropicales
V PROBLEMATIQUES DE L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
5.1 Problématique générale
5.2 La croissance agricole
5.3 La sécurité alimentaire
5.4 La biosécurité
5.5 La biodiversité
5.6 Le foncier
5.7 Le financement
VI DEFIS A RELEVER PAR L’ENSEMBLE DES ACTEURS
6.1 La Lutte contre la pauvreté
6.2 L’amélioration de la croissance agricolepar l`agriculture familiale
6.3 La lutte contre l’insécurité alimentaire
6.4 La vigilance sur la biosécurité
6.5 La sauvegarde de la biodiversité
6.6 La clarification et la sécurisation du foncier rural
6.7 L’amélioration de l’épargne et du crédit
CONCLUSION
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45
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SIGLES ET ABREVIATIONS
ACECA Association des coopératives d’épargne et de crédit d’Afrique
AFD Agence Française de développement
ACEP : Alliance de crédit et d’épargne pour la production, du Sénégal
AQUADEV Aquaculture et développement
AISFD - CI : Association interprofessionnelle des systèmes financiers décentralisés de Côte d`Ivoire
CUNA : Association nationale des coopératives d’épargne et de crédit des Etats-Unis
ANAC - CI : Association nationale des CREP et COOPEC de Côte d’Ivoire
BCEAO : Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest
BNDA : Banque nationale de développement agricole
BNDA-Mali Banque nationale de développement agricole Mali
BOA - Mali Banque of Africa - Mali
BIP40 Baromètre des inégalités et de la pauvreté
BNB Bonheur national brut
BIT Bureau International du Travail
CCCE Caisse centrale de coopération
CICA : Caisse ivoirienne d’épargne et de crédit agricole
CMEC : Caisse mutuelle d’épargne et de crédit
CREP : Caisse rurale d’épargne et de prêt
CME : Centre des métiers d’électricité
IFDC Centre international de développement des engrais
CIDR : Centre international de développement et de recherche
CNM Commission nationale pour la micro finance
CEMAC Communauté Economique des Etats de l`Afrique Centrale
CEDEAO Communauté Economique des Etats de l`Afrique de l`Ouest
CEE Communauté Economique Européenne
ACCU Confédération des coopératives d’épargne et de crédit d’Asie
COOPEC Coopérative d’épargne et de crédit
COOPECA : Coopérative d’épargne et de crédit d’Abobo
CFCC : Coopérative financière de la communauté Chrétienne
CMS : Crédit mutuel du Sénégal
DSRP : Document de stratégie de la réduction de la pauvreté
ENSEA : Ecole nationale supérieure de statistique et d’économie appliquée
FECECAM : Fédération des caisses d’épargne et de crédit agricole mutuelle du bénin
FONGS Fédération des Organisations Non Gouvernementales
FUCEC : Fédération des unions coopératives d’épargne et de crédit du Togo
FENACOOPEC : Fédération nationale des coopératives d’épargne et de crédit de Côte d’Ivoire
FIDES Fonds d’Investissement pour le Développement Economique et Social
FIPE - CI : Fonds d’investissement pour le personnel enseignant de Côte d’Ivoire
FIDA Fonds international de développement agricole
FIDRA Fonds ivoirien pour le développement de la retraite active
FLEC : Fonds local d’épargne et de crédit
FMI Fonds Monétaire International
FCFA : Franc de la communauté financière africaine
IPH Indicateur de Pauvreté Humaine
IDH Indice de Développement Humain
PPTE Initiative Pays Pauvres Très Endette
IRD : Institut de recherche pour le développement
IMF Institution de micro financement
IFS : Institution financière spécialisée
ICEF : International de conseil, d’étude et ne formation
MINAGRA : Ministère de l’agriculture et des ressources animales
MUTAS : Mutuelle d’action sociale
MUCREFAB : Mutuelle de crédit et d’épargne des femmes d’Aboisso
MUCREFBO : Mutuelle de crédit et d’épargne des femmes de Bouaflé
MUCREF - DAL Mutuelle de crédit et d’épargne des femmes de Daloa
NEPAD Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique
OMD Objectifs du Millénaire pour le développement
ONPR : Office national pour la promotion rurale
ONU Organisation des Nations Unies
OMC Organisation Mondiale du Commerce
ONG : Organisation non gouvernementale
OP Organisation Professionnelle
OPA : Organisation Professionnelle agricole
PFR Plan Foncier Rural
PIB : Produit Intérieur brut
PLB : Produit local brut
PNB Produit National Brut
PAM Programme alimentaire mondial
PARMEC : Programme d’appui à la réglementation des mutuelles, d’épargne et de crédit
ECOLOC : Programme de la relance des "économies locales" en Afrique de l’ouest
PNUD Programme des Nations Unies pour le Developpement
CAADP Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique
CAADP Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique
PNGTER : Projet national de gestion des terroirs et d’équipement rural
RCMEC : Réseau des caisses mutuelles d’épargne et de crédit
RCPB : Réseau des caisses populaires du Burkina
ROPPA Réseau des Organisation Professionnelle en Afrique
SODEFOR Société de Développement des Forets
SMEC structures mutualistes d'épargne et de crédit
SFD : Système financier décentralisé
FVD Une propriété en faire-valoir direct
UEMOA : Union économique et monétaire ouest africaine
UNACOOPEC - CI : Union nationale des coopératives d’épargne et de crédit de Côte d’Ivoire
USAID : United states agence for international developement
VIH/SIDA :
WOCCU :
Virus de l’Immuno Déficience humaine du syndrome immunodéficitaire acquis
Conseil mondial des coopératives d’épargnes et de crédit
INTRODUCTION
Depuis l’apparition des êtres vivants sur terre, la préoccupation majeure a été et
demeure la satisfaction des besoins alimentaires. Chez les hommes, après des périodes où l’on
se nourrissait grâce à la cueillette, la nécessité de production va s’imposer par le simple fait
que les fruits de la nature n’étaientsoit pas suffisants, soitpas disponibles tout le temps, soit
pas renouvelables. L’activité agricole, donc l’agriculture, va se développer au fil du temps et
s’amplifier lorsque d’autres besoins tels que les besoins monétaires vont faire leur apparition.
Les besoins de nourriture commandent la cueillette et dans une certaine mesure, l’activité de
production. Les besoins monétaires s’imposent car il faut bien assurer la scolarité des enfants,
faire face aux soins de santé de la famille, cotiser pour la construction des écoles, participer
aux frais de réparation des pompes villageoises, etc. Ces besoins se font d’ailleurs de plus en
plus pressants en raison de l’aspiration légitime des paysans à plus de confort. En bref, les
activités de production dégageant des surplus sont appelées à se développer.
L’Afrique possède une grande variété de zones agro-écologiques, qui vont des forêts
ombrophiles marquées par deux saisons des pluies à une végétation relativement clairsemée,
sèche et aride, arrosée une fois l’an. Si cette diversité constitue un énorme atout, elle
représente tout de même un grand défi pour le développement agricole de l’Afrique. D’une
part, elle offre un immense potentiel en termes de denrées et produits agricoles susceptibles
d’être produits et commercialisés sur les marchés intérieurs et extérieurs. D’autre part, cette
diversité exclut toute solution générale aux problèmes que pose le développement agricole sur
l’ensemble du continent. Par conséquent, la programmation et la mise en œuvre
d’interventions dans ce secteur doivent être adaptées aux conditions propres à chaque zone
agro-écologique et à la situation socioéconomique des ménages ruraux vivant dans les
différents pays du continent.
Au cours des trois dernières décennies, les gains de productivité agricole en Afrique
ont été obtenus dans une large mesure par une expansion continue des cultures pluviales, en
particulier, les cultures vivrières, sur des terres de plus en plus marginales et/ou par la
réduction des périodes traditionnelles de jachère entre deux cycles de culture.
Soumis à la forte pression démographique, les ménages ruraux ont été contraints
d’adopter des pratiques agricoles qui assurent leur survie. Malheureusement, les stratégies de
sécurité alimentaire des ménages n’ont pas accordé beaucoup d’importance à l’accroissement
de la productivité des exploitations agricoles par l’intensification du rendement par parcelle
de terre cultivée – c’est-à-dire par l’accroissement du rendement des cultures à l’hectare.
Hormis l’agriculture commerciale qui couvre une gamme relativement restreinte de
cultures, l’utilisation d’intrants agricoles, c’est-à-dire de semences améliorées, d’engrais
inorganiques, d’insecticides et de pesticides, est nettement moins répandue en Afrique que
dans les autres régions en développement du monde. Souvent, la quantité d’engrais
inorganique utilisée à l’hectare est inférieure à dix kilogrammes de nutriments. Pour l’heure,
l’utilisation des produits agrochimiques et/ou de techniques de lutte intégrée contre les
maladies végétales et les parasites reste largement limitée aux cultures d’exportation.
L’expansion continue des cultures s’est faite aux dépens des autres systèmes
d’utilisation des ressources naturelles. L’une des conséquences de ce phénomène a été la
destruction rapide des ressources forestières par le défrichement et la surexploitation des
terres aux fins de production de bois de feu et d’autres utilisations domestiques. Un autre effet
plus subtil de cette situation est la détérioration des systèmes de transhumance du bétail,
provoquée par l’utilisation à des fins de culture de superficies de plus en plus étendues de
terres autrefois réservées au pâturage de saison sèche.
La surexploitation des ressources halieutiques constitue un problème grave quand les
ressources communautaires sont exploitées pour générer des profits personnels. L’absence de
dispositions réglementaires appropriées et, lorsqu’elles existent, leur mauvaise application,
ont eu pour conséquence directe la baisse actuelle du volume des prises et compromettent
sérieusement les chances d’une reconstitution suffisante des stocks de poisson à l’avenir.
On ne soulignera jamais assez l’importance de l’agriculture pour l’avenir économique
de l’Afrique. Plus de 65 % des quelque 750 millions d’habitants de l’Afrique subsaharienne
travaillent dans l’agriculture, et le secteur est à l’origine de plus du quart du produit intérieur
brut dans la plupart des pays. Les produits agricoles représentent environ 20 % des échanges
commerciaux internationaux de l’Afrique et constituent l’une des principales sources de
matières premières pour l’industrie.
Conscients de cette importance, les partisans du plan de développement du continent,
le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), ont publié en 2003 le
Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique (CAADP). Ses
objectifs sont ambitieux atteindre des taux de croissance de 6 % par an dans les zones rurales
d’ici à 2015, intégrer et dynamiser les marchés agricoles régionaux et nationaux, augmenter
considérablement les exportations agricoles, faire de l’Afrique un “acteur stratégique” à
l’échelle mondiale dans le domaine des sciences et technologies agricoles, adopter des
techniques adéquates de gestion de l’environnement et des terres et réduire la pauvreté en
milieu rural. Le plan comprend quatre domaines prioritaires ou grands axes d’investissement
visant à revitaliser l’économie rurale :
− accroître la superficie des terres agricoles irriguées en Afrique et améliorer la
gestion des terres et les techniques agricoles afin de préserver et d’améliorer la
qualité des sols
− investir dans les infrastructures rurales, notamment des routes et chemins de fer,
des sites de stockage et de traitement, des marchés, des systèmes de
communication et des réseaux d’approvisionnement fiables pour les agriculteurs
− faire de la production alimentaire une priorité importante, pour combattre la faim
et développer les exportations, et améliorer les interventions d’urgence en cas de
catastrophe naturelle et de conflit
− renforcer la recherche et le développement dans le domaine agricole en Afrique,
notamment en ce qui concerne les méthodes technologiques et agricoles de pointe
et faire bénéficier rapidement et véritablement les agriculteurs, fournisseurs et
acheteurs des progrès réalisés
Au vu de tout ce qui précède, il apparait de toute évidence que la question du
développement agricole n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire. Pour donc continuer la
réflexion, le présent document s’organise autour de six principaux axes que sont :
− Définitions et caractérisations de quelques notions et concepts
− Rappel historique et contexte de l’agriculture en Afrique subsaharienne
− Enjeux de l’agriculture en Afrique subsaharienne
− Caractéristiques de l’agriculture et de ses productions en Afrique tropicale
− Problématiques de l’agriculture en Afrique subsaharienne
− Défis à relever.
I DEFINITIONS DE QUELQUES NOTIONS ET CONCEPTS
1.7 L’agriculture et l’agronomie
1.7.1 L’agriculture
1.7.1.1 L’agriculture au sens général
L’agriculture (du latin agricultura) est un processus par lequel les hommes
aménagent leurs écosystèmes pour satisfaire les besoins de leurs sociétés. Elle désigne
l’ensemble des savoir-faire et activités ayant pour objet la culture des terres, et, plus
généralement, l’ensemble des travaux sur le milieu naturel (pas seulement terrestre)
permettant de cultiver et prélever des êtres vivants (végétaux, animaux, voire champignons ou
microbes) utiles à l’être humain.
L'agriculture peut être définie comme l'ensemble des travaux qui permettent la
production des végétaux et des animaux utiles à l'homme. La pratique de l'agriculture suppose
la transformation du milieu naturel en milieu cultural. En économie politique, l’agriculture est
définie comme le secteur d’activité dont la fonction est de produire un revenu financier à
partir de l’exploitation de la terre (culture), de la forêt (sylviculture), de la mer, des lacs et des
rivières (aquaculture, pêche), de l'animal de ferme (élevage) et de l'animal sauvage (chasse).
Dans la pratique, cet exercice est pondéré par la disponibilité des ressources et les
composantes de l'environnement biophysique et humain. La production et la distribution dans
ce domaine sont intimement liées à l'économie politique dans un environnement global.
1.7.1.2 L’agriculture durable
L'agriculture durable (également appelée agriculture soutenable) est l'application à
l'agriculture des principes du développement durable. L’agriculture durable vise à assurer la
fourniture pérenne de nourriture, de bois, de fibres et d’aménités en respectant les limites
écologiques, économiques et sociales qui assurent le maintien dans le temps de cette capacité
de production. Il s’agit donc de faire évoluer les systèmes de production et les pratiques
agricoles en prenant en compte la finitude des ressources naturelles et la nécessité de
préserver les écosystèmes pour garantir durablement la rentabilité économique, le bien-être
social et le respect des équilibres écologiques.
Les enjeux de l’agriculture durable se retrouvent naturellement au cœur de toute réflexion
prospective ou évaluative sur l’agriculture ou les politiques agricoles.
1.7.1.3 L’agriculture biologique
L’agriculture biologique est une méthode de production agricole qui se caractérise
par l'absence d'usage des produits de la chimie de synthèse. Elle se veut être le prolongement
d'une agriculture extensive datant de plusieurs millénaires qui a été presque totalement
exempte d'intrants chimiques, à l'opposé de leur utilisation massive par l'agriculture
industrielle et intensive depuis le XXe
siècle. Cette méthode affirme mieux respecter le vivant
et les cycles naturels. Elle vise à gérer de façon globale la production en favorisant
l'agrosystème mais aussi la biodiversité, les activités biologiques des sols et les cycles
biologiques. Il n'existe pas de données mettant en évidence un impact environnemental de
cette forme d'agriculture vis-à-vis de toutes les autres, pour toutes les cultures et en tous lieux,
dans certains cas c'est l'inverse.
Pour atteindre les objectifs du label, les agriculteurs biologiques doivent respecter des
cahiers des charges et des normes qui excluent notamment l'usage d’engrais minéraux
chimiques de synthèse et de pesticides de synthèse, ainsi que d'organismes génétiquement
modifiés (OGM). Les agriculteurs qui pratiquent ce type d'agriculture misent, par exemple,
sur la rotation des cultures, l'engrais vert, le compostage, la lutte biologique, l'utilisation de
produits naturels comme le purin d'ortie ou la bactérie Bacillus thuringiensis, et le sarclage
mécanique pour maintenir la productivité des sols et le contrôle des maladies et des parasites.
1.7.2 L’agronomie
L'agronomie quant à elle, regroupe depuis le XIXe
siècle l’ensemble de la
connaissance biologique, technique, culturelle, économique et sociale relative à l'agriculture.
Au sens large, elle est l'étude scientifique des problèmes physico-chimiques, biologiques et
économiques que pose la pratique de l'agriculture. Au sens stricte (du grec "agros" qui veut
dire champ cultivé et de "nomos" qui veut dire étude des lois), c'est l'étude des relations entre
un couvert végétal cultivé et les conditions de son environnement résultant des états du milieu
physique (sol, climat) et biologique (flore, faune, parasites) transformés par des techniques en
vue d'établir les lois de fonctionnement de ce couvert.
1.8 L’exploitation agricole
En ce qui concernel’exploitation agricole, on ne peut pas prétendre donner une
définition précise car chaque exploitation a ses caractéristiques propres. Il existe, en fait, une
diversité de types d'exploitations. De plus, elles varient énormément selon les époques, selon
les pays, selon les régimes socio-économiques, selon les coutumes et traditions agraires de
chaque groupement humain.
Selon De Law, l'exploitationagricole est uneunité économique dans laquelle
l'agriculteur pratique un système de production en vue d'augmenter son profit. Le système de
production est la combinaison de productions et des facteurs de production (capital foncier-
travail- etc.). Cette définition privilégie le profit comme mobile exclusif de l'activité agricole.
Dans les agricultures traditionnelles africaines par exemple, le souci du paysan reste moins de
réaliser des profits que de subsister. L'activité agricole s'apparente plus à un mode de vie qu'à
une activité économique rentable.Dans les économies socialistes, le souci du planificateur est
moins la recherche du profit que la réalisation du plein emploi et la rentabilité sociale de
l'exploitation.
Il existe une infinité de critères de classement des exploitations agricoles. On peut
citer, entre autres : le marché auquel sont destinés les biens, l'appropriation du sol, les moyens
de production, la superficie agricole utilisée, les revenus tirés de l'exploitation, le système de
production. Nous allons développer les trios premierscritères.
− Le critère du marché
Le marché auquel sont destinés les produits agricoles permet de catégoriser deux
grands groupes d'exploitations : les exploitations de subsistance(Elles sont généralement de
petite taille. La production sert surtout à l'autoconsommation. C'est l'ensemble des
polycultures de denrées alimentaires de base. Elles sont caractéristiques des économies
autarciques peu développées où l'exploitant se préoccupe surtout de sa subsistance et de celle
de sa famille. Il n'y a pas d'échange et les surplus sont stockés dans les greniers ou granges
pour prévenir les périodes de famine. Dans leur forme actuelle, ces exploitations peuvent être
de petites exploitations d'appoint (paysan -ouvrier, paysan -artisan) à finalité domestique dont
le rôle est plus social qu'économique) et les exploitations commerciales (Ce sont des
exploitations qui livrent au commerce intérieur et extérieur leurs produits. Elles produisent
pour vendre. Le marché oriente les productions; les techniques de gestion pénètrent dans les
fermes et le paysan devient un chef d'entreprise. Il est plus ouvert aux progrès techniques, il
s'adapte rapidement aux situations nouvelles de l'évolution de la conjoncture économique.
Iltravaille en technicien et pense en économiste).
− Le critèred'appropriation du sol
C'est de loin, le critère le plus utilisé. On distingue alors trois types d'exploitations que
sont : l'exploitation individuelle, l'exploitation collective, l'exploitation en société.
• L'exploitation individuelle
L'exploitation individuelle est gérée par un seul exploitant. Ce type d'exploitation peut être :
o Une propriété en faire-valoir direct (FVD). La terre appartient alors à celui qui
la travaille. Il se charge d'organiser personnellement la production et la
commercialisation de ses produits.
o Le second type d'exploitation individuelle est la ferme. Ici, l'exploitant n'est
qu'un fermier, c'est-à-dire un locataire de la terre que lui a cédé le propriétaire.
Il exploite la terre pour son propre compte, mais est tenu chaque année de
verser au propriétaire, un loyer fixe appelé fermage.
o Le dernier élément est une métairie. Ici, un contrat fixe la répartition des
charges et des produits entre le propriétaire et le métayer. Exemple :
‘’aboussan’’ en production cacaoyère
• L’exploitation collective
Elle peut prendre l'une ou l'autre des formes suivantes selon que la terre est propriété de l'Etat,
d'une collectivité territoriale ou propriété d'une collectivité d'individus.
1er
cas : La terre est la propriété de l'Etat. On distingue :
o les exploitations agricoles des établissements publics (fermes des lycées
agricoles),
o les fermes d'expérimentation de certains instituts de recherches ou sociétés
d'Etat,
o les blocs agro-industriels implantés par l'Etat (palmier à huile, hévéa),
o les plantations forestières créées et gérées par l'Etat (cas des plantations de la
SODEFOR),
o les réserves forestières, en régime socialiste, les fermes de l'Etat (cas de l'ex-
URSS des SOVKHOZ).
2ème
cas : la terre est la propriété d'une collectivité territoriale.
Elle est alors mise en valeur et gérée pour le compte de la collectivité par l'intermédiaire de
gestionnaires et d'ouvriers salariés. Il s'agit notamment des fermes communales ou
départementales.
3ème
cas : la terre est la propriété d'une collectivité d'individus.
Ces individus, souvent des agriculteurs, exploitent la terre en commun sous forme d'une
coopérative. Il s'agit en fait des coopératives de production qui peuvent prendre différentes
formes spécifiques ou différentes dénominations selon les pays (exemple des KOLKHOZ en
ex-URSS, et les COMBINAT en ex-YOUGOUSLAVIE et le cas des KIBBOUTZ en
ISRAEL).
• L'exploitation en société
La terre est propriété collective d'individus regroupés en société civile. Ces individus confient
à un tiers le soin de gérer l'exploitation moyennant rémunération. En fin de campagne, ils se
partagent les revenus des récoltes au prorata des apports de chacun.
− Le critèremoyens de production
Compte tenu des moyens mis en œuvre et des facteurs de production mobilisés, on classe
parfois les exploitations agricoles en petites, moyennes et grandes entreprises, mais il s'agit là
d'une catégorisation artificielle et subjective.
1er
cas: L'exploitation familiale traditionnelle.
Elle a un caractère essentiellement familial parce que mise en valeur par l'agriculteur et sa
famille. Le recours à une main-d'œuvre salariée occasionnelle, temporaire ou même
permanente est limité. Les surfaces mises en œuvre sont souvent réduites. L'exploitation
familiale est à la fois une unité de production, une unité sociale et une unité de consommation.
La famille et l'entreprise se confondent.
2ème
cas : La grande entreprise agricole.
Elle constitue, essentiellement, une cellule de production de type industriel et capitaliste dont
les activités sont basées sur l'échange, la recherche d'une plus grande productivité et ayant
pour souci de rentabiliser les investissements. Elle est donc de grande taille et peut atteindre
parfois des centaines ou des milliers d'hectares (exemples des FARMS aux USA, des
LATIFUNDIA en Amérique Latine).
3ème
cas : Les exploitations à temps partiel.
L'augmentation de la population urbaine suite à l'exode rural et à la diminution de la
population rurale, la raréfaction des terres et de la main-d'œuvre agricole, le développement
des secteurs secondaires et tertiaires au détriment de l'agriculture rurale ont pour autres
conséquences, le développement de l'agriculture à temps partiel; surtout si le niveau bas des
revenus exige l'exercice d'autres activités. Il s'agit, en effet, d'une activité agricole exercée
comme un appoint de revenu par un salarié, un commerçant, un retraité, etc.
1.9Les politiques agricoles
1.9.1 Les définitions
La politique agricole décrit un ensemble de lois relatives aux domestiques de
l'agriculture et les importations de produits agricoles étrangers. Les gouvernements mettent
généralement en œuvre des politiques agricoles dans le but de parvenir à un résultat
spécifique dans les marchés intérieurs des produits agricoles. Les résultats peuvent impliquer,
par exemple, un niveau d'approvisionnement garanti, la stabilité des prix, la qualité du
produit, la sélection des produits, l'utilisation des terres ou de l'emploi.
La politique agricole se compose d’un ensemble d’interventions publiques qui portent
sur l’agriculture nationale et sur les importations et les exportations de produits agricoles. Elle
fixe des objectifs spécifiques dans différents domaines du secteur comme celui de
l’organisation des marchés intérieurs des produits agricoles, de la sécurité alimentaire, de
l’emploi agricole, de la répartition géographique des activités… En d’autres termes, une
politique agricole se traduit par la définition d’un résultat spécifique et la mise en œuvre d’une
combinaison d’instruments pour atteindre ce résultat.
La politique agricole peut se définir simplement comme étant l’ensemble des
interventions de l’Etat destinées à promouvoir et infléchir le développement agricole au nom
de l’intérêt général ou de la collectivité nationale. Une politique agricole, c’est avant tout une
vision pour s’accorder sur l’idée que l’on se fait de l’agriculture. S’agit-il de promouvoir la
grande agriculture industrielle ou les exploitations familiales ? Une bonne politique passe
forcément par la seconde option (NdiogouFall, ancien président du ROPPA). Une politique
agricole doit gérer les priorités des besoins de la société, la qualité, les modes de production,
dans un cadre social et écologique. (P. Nicholson, Via Campesina).
Une politique agricole se compose d’un ensemble de mesures d’interventions
publiques qui portent sur la production agricole nationale ou sur les importations et
exportations de produits agricoles. Elle se caractérise généralement par « un ensemble de
mesures réglementaires, dispositifs structurels, moyens financiers et humains interdépendants,
mis en œuvre par la puissance publique pour contribuer à la progression du secteur agricole »
(Ribier 2008). Les politiques agricoles concernent les actions que mène directement l’Etat au
niveau de ses structures centralisées, ou au niveau des échelons décentralisées, mais aussi les
actions visant à orienter le comportement des acteurs privés.
Cette définition d’une politique agricole « idéale » repose sur un certain nombre de
conditions qui ne sont que rarement réunies dans le contexte africain. Elle suppose :
− qu’il y ait une cohérence globale tout au long du processus de politique agricole,
depuis le choix de la stratégie, la formulation des objectifs spécifiques,
l’identification des instruments et mesures, leur mise en œuvre et leur évaluation, et
qu’il y ait une cohérence avec les autres politiques sectorielles menées (commerciale,
environnementale, etc.) ;
− qu’il existe des moyens inscrits dans la durée permettant de mettre en œuvre ces
mesures, sans rupture dans le financement, de manière à ce que la politique soit
appliquée de manière stable.
En pratique, ces conditions sont loin d’être vérifiées dans bon nombre de pays
africains. Les gouvernements dépendent en effet principalement des financements des
partenaires au développement, dont les programmes ne recoupent parfois que partiellement
les priorités définies par les Etats et s’inscrivent généralement dans une durée limitée. Les
projets se succèdent ainsi les uns aux autres, empêchant la mise en place d’un modèle de
développement national pour le secteur agricole.
1.9.2 Les objectifs
Une politique agricole se fonde sur des préoccupations et s’emploie à relever des défis.
Les objectifs des politiques agricoles sont vastes. Les politiques agricoles poursuivent
plusieurs finalités, qui sont souvent complémentaires : stabiliser les prix et réguler les
marchés, développer les filières agricoles, moderniser les exploitations et intensifier la
production, soutenir le revenu des producteurs, rendre l’alimentation accessible aux
populations les plus vulnérables, préserver l’utilisation durable de la terre et des autres
ressources naturelles, etc. Cependant, les politiques agricoles sont évolutives et fortement
influencées par le contexte. Durant la période post Indépendances, les politiques agricoles de
nombreux pays africains reposaient sur une logique d’exportation de cultures de rente pour
générer des revenus, et d’importations de produits alimentaires bon marché pour assurer la
sécurité alimentaire des populations.
Depuis le début des années 2000, avec la crise persistante des marchés des matières
premières agricoles et l’augmentation du déficit des produits vivriers, on note des tentatives
d’inversion de la tendance. Plusieurs politiques incluent des objectifs de souveraineté
alimentaire comme l’Ecowap (politique agricole régionale de la CEDEAO) qui affirme des
objectifs forts de réduction de la dépendance aux importations et d’intégration économique et
commerciale équitable des exploitations agricoles sur les marchés mondiaux. Dans plusieurs
pays (Sénégal, Mali), des lois d’orientation agricole ont également été votées en ce sens,
offrant ainsi une vision de long terme (20 ans) pouvant servir de cadre à l’élaboration des
politiques agricoles.
1.9.3 Les instruments
1.3.3.1Les généralités sur les instruments
Il existe une large gamme d’instruments auxquels les gouvernements peuvent avoir
recours pour atteindre les objectifs établis en matière agricole. Il existe plusieurs manières de
les classer, nous utiliserons dans un premier temps une classification fréquemment utilisée,
qui les regroupe selon leur nature. On distingue alors :
− Les transferts publics, incluant les soutiens au prix et les soutiens au revenu, les taxes
et subventions, et les politiques de stabilisation ;
− La fourniture de biens et services, incluant le financement et/ou la production, ainsi
que les activités de médiation ;
− La réglementation incluant l’établissement et le contrôle de règles, normes et labels
et la protection des droits de propriété au sens large.
Cette définition permet d’élargir la vision traditionnelle des outils de politique mis en
œuvre, qui s’appuient dans beaucoup de pays principalement sur des outils de transfert public
(subvention des engrais, aménagement de périmètres irrigués, distribution de semences, etc.),
facilement finançables et évaluables dans le cadre de projets de développement. Les
instruments visant à fournir des biens et services (conseil agricole et rural, médiation au sein
des filières, services de recherche, etc.) et à faire évoluer les cadres réglementaires (système
de gestion et de régulation foncière, élaboration et contrôle du respect des normes sur les
produits, etc.) sont souvent moins bien appréhendés alors qu’ils sont pourtant indispensables
pour créer les conditions favorables au développement des investissements dans l’agriculture.
Plus complexes à mettre en œuvre, ils nécessitent l’implication des acteurs non étatiques afin
d’être pertinents (secteur bancaire, organisations professionnelles, industries de
transformation, collectivités locales, etc.). Les grands types d’instruments de politique
agricole sont : maîtrise d’œuvre directe par l’Etat, maîtrise d’œuvre déléguée à une
collectivité locale, contractualisation avec une institution à but non lucratif ou une
organisation professionnelle, contractualisation avec une entreprise privée, recherche agricole,
conseil agricole et rural, formation agricole, systèmes d'information, assurance (récolte,
climat…), protection sociale, infrastructures rurales, médiation entre acteurs, directives
communautaires, lois et décrets d’application, arrêtés ministériels, arrêtés préfectoraux,
conventions locales, normes, labels, licences, normalisation et labellisation des produits,
sécurité sanitaire, protection de l'environnement, régulation des importations, protection des
droits légaux sur le foncier et les ressources naturelles (accès, prélèvement, exploitation,
exclusion, aliénation).
Il faut ensuite détailler la façon de mettre en œuvre ces instruments, qui peuvent se
traduire par une ou plusieurs mesures. Il faut alors caractériser chacune de ces mesures de
manière précise en explicitant sa nature, ses modalités de mise en œuvre et son coût.
Contrairement aux projets, qui ciblent souvent une zone donnée, les mesures de politique
agricole doivent pouvoir s’appliquer sur l’ensemble du territoire national, selon des critères
préalablement définis. Un autre élément d’information important est de savoir « qui » met en
œuvre la mesure et quel est son coût de mise en œuvre (il sera très différent selon le caractère
ponctuel ou récurrent de la mesure).
Ce panel d’instruments permet d’appréhender l’ensemble des domaines d’action des
politiques agricoles. L’expérience montre que c’est la combinaison de plusieurs de ces
instruments, qui permet aux politiques agricoles d’atteindre leurs objectifs et d’obtenir les
résultats attendus. Par exemple, dans le cas présenté au chapitre précédent, un des objectifs
spécifiques identifiés visait à favoriser la concurrence dans l’activité d’importation des
engrais, afin d’avoir des prix plus proches des prix du marché et à favoriser l’utilisation des
engrais par les producteurs de maïs. L’inventaire des mesures possibles montre une grande
diversité de réponses envisageables : subventionner les engrais (en ciblant les populations les
plus pauvres) ; fixer un prix maximal à l’importation ; créer un monopole public d’achat ;
organiser des appels d’offre pour stimuler la concurrence ; attribuer des licences
d’importations à un plus grand nombre d’importateurs, etc. Toutes ces mesures n’auront
cependant pas le même impact et peuvent avoir des effets secondaires négatifs.
La subvention des intrants peut conduire à une politique clientéliste, l’octroi de
nouvelles licences peut entraîner des phénomènes de corruption au niveau des
gouvernements, la création d’un monopole public d’achat peut ne pas résoudre le problème
selon le niveau de prix fixé, etc. Avant de mettre en œuvre une mesure, il est donc nécessaire
de bien évaluer son impact prévisible et ses effets secondaires afin de choisir la ou les
mesures les plus appropriées.
1.3.3.2 Les instruments politiques
Les instruments politiques sont les subventions et les prix entre autres :
1.3.3.2.1 Les subventions
Une subvention à l'agriculture est une subvention gouvernementale versée aux
agriculteurs. Les conditions de paiement et les raisons pour lesquelles les subventions
individuelles spécifiques varient avec des produits agricoles, de la taille de la ferme, la nature
de la propriété, et le pays, entre autres facteurs. Enrichir les agriculteurs d'arachide à des fins
politiques, le maintien du prix d'une faible base pour maintenir les pauvres de se rebeller, la
stabilisation de la production d'une culture pour éviter années de famine, en encourageant la
diversification et de nombreuses autres fins ont été proposées comme la raison de subventions
spécifiques. Subventionner l'agriculture peut encourager les gens à rester sur les terres et
d'obtenir quelques revenus. Ce pourrait être pertinent pour un pays du tiers monde avec des
paysans nombreux, mais aussi pour d'autres pays développés tels que la Pologne. Ces pays ont
un taux de chômage très élevé et disposent de nombreuses terres. Ils pourront conserver une
part importante de leurs productions pour l’alimentation de leurs populations en
augmentation.
Certains affirment que pour des raisons de sécurité nationale, les nations ont intérêt à
garantir suffisamment la capacité de production nationale pour répondre aux besoins
nationaux en cas de rupture d'approvisionnement mondiale. Dépendance significative à
l'étranger des producteurs d'aliments rend un pays stratégiquement vulnérables en cas de
guerre, blocus ou embargo. Le maintien adéquat des capacités nationales permettant
l'autosuffisance alimentaire qui diminue les risques de chocs d'offre en raison d'événements
géopolitiques est à encourager.
Les politiques agricoles peuvent être utilisées pour soutenir les producteurs nationaux
à mesure qu'ils acquièrent des parts de marché nationales et internationales. Cela peut être un
moyen à court terme d'encourager une industrie jusqu'à ce qu'il soit assez grand pour
prospérer sans aide. Ou il peut être une subvention en cours visant à permettre à un produit
pour concurrencer avec ou inférieurs concurrence étrangère. Cela peut produire un gain net
pour un gouvernement, malgré le coût des interventions, car il permet à un pays à construire
une industrie d'exportation ou de réduire les importations. Il contribue également à former la
fourniture des nations et la demande du marché.
Fermes ou terrains non aménagés composent la majorité des terres dans la plupart des
pays. Les politiques peuvent encourager certaines utilisations des terres plutôt que d'autres
dans l'intérêt de la protection de l'environnement. Par exemple, les subventions peuvent être
accordées pour des méthodes agricoles notamment, le reboisement, le défrichement des terres,
ou de dépollution.
1.3.3.2.2 Les prix
Un prix plancher (prix minimum) et un prix plafond (prix maximum) sont fixés pour
un produit. Le contrôle des prix encourage la production par un prix plancher ou par un prix
plafond. Un gouvernement peut ériger des barrières commerciales pour limiter la quantité des
marchandises importées (dans le cas d'une quote-part) ou à adopter des tarifs d'augmenter le
prix intérieur des produits importés. Ces obstacles donnent la préférence aux producteurs
nationaux.
Le contrôle des prix peut également être utilisé pour aider les citoyens pauvres. De
nombreux pays ont utilisé cette méthode de l'aide sociale car elle fournit la nourriture bon
marché pour les plus pauvres, sans la nécessité d'évaluer les gens pour leur donner une aide
financière.
1.3.3.3 Les instruments économiques, sociaux et
environnementaux
Desaides peuvent être faites aux agricultures protectrices de l’environnement. En effet,
la théorie du Bien-être économique soutient que, parfois, les activités privées peuvent imposer
des coûts sociaux aux autres. L'agriculture industrielle est largement considérée comme
imposant des coûts sociaux par l’utilisation des pesticides et la pollution par les nitrates. En
outre, l'agriculture utilise de grandes quantités d'eau, une ressource rare. Certains économistes
font valoir que les impôts doivent être prélevés sur l'agriculture, ou que l'agriculture
biologique, qui utilise des pesticides et des expériences qui provoquent relativement peu
d'écoulements de nitrate, devraient être encouragées par des subventions. Aux États-Unis,
65% des quelques 16,5 milliards de dollars de subventions annuelles sont allés aux 10%
d’agriculteurs en 2002 parce que les subventions sont liées à certaines marchandises. D'autre
part, l'agriculture biologique a reçu 5 millions de dollars pour aider à la certification et 15
millions de dollars pour la recherche sur une période de 5 ans.
Certains préconisent les règles du commerce équitable afin d'assurer que les
agriculteurs pauvres des pays en développement qui produisent des cultures essentiellement
pour l'exportation ne sont pas exploités ou concurrencées - qui préconise envisager une
dangereuse «course vers le bas» dans le travail agricole et les normes de sécurité. Les
opposants soulignent que la plupart de l'agriculture dans les pays développés est produite par
des sociétés industrielles (agroalimentaire) qui sont à peine dignes de sympathie, et que
l'alternative à l'exploitation est la pauvreté.
1.3.3.4 Les instruments commerciaux
Le dumping des excédents agricoles fait partie de ces instruments. Dans le jargon du
commerce international, quand une entreprise d'un pays A vend une marchandise en dessous
du coût de production dans le pays B, c'est ce qu'on appelle " le dumping ". Un certain
nombre de pays qui sont signataires d'accords commerciaux multilatéraux ont des dispositions
qui interdisent cette pratique. Quand les pays riches subventionnent la production intérieure,
de la production excédentaire est souvent donnée au monde en développement que l'aide
étrangère. Ce processus élimine le marché national des produits agricoles dans le monde en
développement, car les produits peuvent être obtenus gratuitement à partir des agences d'aide
occidentales. Dans les pays en développement où ces effets sont plus graves, les petits
paysans ne pouvaient plus payer les intrants de base et ont été contraints de vendre leurs
terres.
Considérons des agriculteurs du Ghana qui ont l'habitude de produire un type de riz. Il
y a plusieurs années, le Ghana a été en mesure de nourrir et d'exporter leurs surplus.
Maintenant, ce sont les importations de riz des pays développés. Parce que cela revient moins
cher. Même si cela coûte aux producteurs de riz dans le monde développé beaucoup plus pour
produire le riz, il n'a pas à tirer profit de sa récolte. Le gouvernement lui verse des
subventions, donc ils peuvent le vendre moins cher au Ghana ; chose que les agriculteurs du
Ghana ne peuvent pas se permettre.
Selon l’Institut pour l'agriculture et la politique commerciale, le maïs, le soja, le coton,
le blé et le riz sont vendus en dessous du coût de production, ou dans une déchetterie. Taux de
dumping sont environ quarante pour cent pour le blé, entre vingt-cinq pour cent et trente pour
le maïs (maïs), environ trente pour cent pour le soja, cinquante-sept pour cent pour le coton, et
environ vingt pour cent pour le riz. Par exemple, le blé est vendu pour quarante pour cent
inférieur au coût.
Selon Oxfam, "Si les pays développés décident d'éliminer les programmes de
subvention, la valeur des exportations de l'agriculture dans les pays développés serait
augmentation au moins de 24%, plus un autre 5,5% de l'équilibre tarifaire. Les exportateurs
peuvent offrir des excédents américains pour la vente à des prix près de la moitié du coût de
production; détruire l'agriculture locale et de créer un marché captif dans le processus ".
Les défenseurs du libre-échange volonté de l'élimination de tous les mécanismes de
distorsion du marché (subventions, tarifs, règlements) et affirment que, comme avec le libre-
échange dans tous les domaines, cela se traduira par des avantages globaux pour tous. Cette
position est particulièrement populaire dans les pays exportateurs agricoles compétitifs tant
dans le monde développé et en développement, dont certains se sont regroupés dans le Groupe
de Cairns hall. Canada Ministère de l'Agriculture estime que les nations en développement
bénéficieraient d'environ 4 milliards de dollars si les subventions dans les pays développés ont
diminué de moitié.
− Les droits de douane
− La gestion du taux de change
− Les quotas d’importations et d’exportations
− Les programmes de soutien par produit
− Les subventions aux exportations
− L’aide à l’investissement à long terme
− Les barrières sanitaires et phytosanitaires
− Les subventions aux intrants et les exonérations d’impôts
1.3.3.5 Les instruments agronomiques et technologiques
Beaucoup de pays en développement ne produisent pas assez de nourriture pour
nourrir leurs propres populations. Ces nations doivent acheter de la nourriture provenant
d'autres pays. La baisse des prix et de la nourriture gratuite à sauver la vie de millions de
personnes qui mouraient de faim, malgré la baisse des ventes de produits alimentaires des
agriculteurs locaux.
Une nation en développement pourrait utiliser de nouvelles méthodes agricoles
améliorées pour produire davantage de nourriture, le but ultime de nourrir leur nation sans
aide extérieure. Arbres à croissance rapide hybrides pour l'ombre rapide, contrôle de la
température intérieure, l'isolation à effet de serre ou la tente, la construction autonome de
jardins, les lampes solaires, mylar, des ventilateurs et d'autres technologies bon marché
peuvent être utilisées pour cultiver des plantes sur les terres précédemment non arables
(rocheuses, montagneuses, désert, etc. Plus de nourriture peuvent être cultivées, en réduisant
la dépendance des autres pays.
Les cultures de remplacement peuvent aussi faire des nations agricoles indépendantes.
Le sucre, par exemple, provient de la canne à sucre importé de la Polynésie. Au lieu d'acheter
du sucre à partir de la Polynésie, une nation peut faire du sucre à partir de la betteraves à
sucre, la sève d'érable, ou d'édulcorant de stévia végétales, en gardant les bénéfices circulant
dans l'économie du pays. Le papier et les vêtements peuvent être faits de chanvre au lieu
d'arbres et de coton. Les aliments tropicaux ne poussent pas dans de nombreux endroits en
Europe, mais ils vont grandir dans des serres ou des tentes isolées en Europe. La cellulose
végétale de soja peut remplacer le plastique (fabriqué à partir d'huile). L’éthanol à partir de
déchets agricoles ou de l'huile de chènevis peut remplacer l'essence. Les rainforest plantes
médicinales cultivées localement peuvent remplacer de nombreux médicaments importés. Les
suppléants des cultures de rente, comme le remplacement de sucre et d'huile, peut réduire la
dépendance des agriculteurs sur les subventions dans les pays développés et en
développement.
Les interventions sur le marché peuvent augmenter le coût pour les consommateurs
pour les produits agricoles, soit par la richesse cachée-transferts via le gouvernement, ou
l'augmentation des prix au niveau du consommateur, comme pour le sucre et les arachides aux
États-Unis. Cela a conduit à des distorsions du marché, tels que les transformateurs d'aliments
à haute teneur en fructose en remplacement du sucre. Le sirop de maïs riche en fructose peut
être un additif alimentaire malsain, et, les prix du sucre n’ont pas gonflé par un décret
gouvernemental, le sucre pourrait être préféré au sirop de fructose de maïs sur le marché.
1.3.4 Les différents acteurs concernés
Les différents acteurs concernés par une politique agricole sont :
− L’Etat
− Les producteurs (Paysans, OPA, transformateurs, exportateurs, commerçants)
− Les consommateurs
− Les Organisations internationales et les accords
L’Accord agricole de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a pour objectif
de faciliter les échanges agricoles et de s’assurer que les instruments de politiques qui ont un
impact sur le commerce n’entravent pas ces échanges. Il s’articule autour de trois piliers : les
mécanismes de protection aux frontières, les subventions à l’exportation, et les politiques de
soutien au secteur agricole qui, en appuyant la production ou les prix, ont un impact indirect
sur le commerce.
La boite verte contient les mesures qui n’ont pas d’effet de distorsion sur les échanges
: programmes de service public (formation, recherche, infrastructures, stocks de sécurité
alimentaire, etc.), versements directs aux producteurs non liés au volume de production,
programmes de protection de l’environnement. Le montant de ces aides peut augmenter, car
elles ne sont pas considérées comme ayant un effet incitatif sur la production.
La boîte bleue contient les mesures tolérées constituées d’aides qui ne sont pas liées
directement à la production (elles sont « découplées »). Ce système permet essentiellement
aux Etats-Unis et à l’Union Européenne de gérer la transition entre leur politique de soutien
par les prix et de soutien direct aux producteurs. Ces aides ne peuvent pas augmenter.
La boîte orange contient des mesures de soutien aux prix ou qui visent à maintenir des
prix élevés. Les pays sont obligés de réduire ce type d’aides, mais la plupart des pays
d’Afrique sub-saharienne les avaient déjà diminuées, voire supprimées, avec les plans
d’ajustement structurels. Un dispositif spécial, appelé « clause de minimis », permet
cependant de poursuivre certains soutiens dans la limite de 10% de la valeur des produits
concernés (pour les investissements ciblés) ou de la production agricole totale du pays (pour
les soutiens non spécifiques), à condition que ces pays aient notifié des soutiens « boîte
orange » au moment de la signature de l’Accord sur l’Agriculture (ceux qui n’en ont pas
notifié ne peuvent plus en réintroduire).
A l’accord sur l’Agriculture de l’OMC s’ajoutent souvent d’autres accords
internationaux qui engagent les pays en développement, comme les accords commerciaux
existants entre pays d’un même espace économique (application d’un tarif extérieur commun
au niveau de l’UEMOA, de la CEDEAO, de la CEMAC, etc.).
Les outils de politique agricole régulés par l’OMC sont :
− Accès au marché
− Subvention aux Soutien interne
− exportations Boîte orange Boîte bleue Boîte verte
− Droits de douane fixes
− Prélèvements variables
− Prix minimum d’importation
− Quotas d’importations
− Normes phytosanitaires et sanitaires
− Subventions aux exportations
− Entreprises d’Etat pour l’import-export
− Crédits à l’exportation
− Vente de stocks à perte
− Aide à la commercialisation
− Prix garanti
− Compléments de prix versés aux producteurs liés à la production
− Subvention à l’achat d’intrants
− Aides aux investissements
− Aides versées sous réserve de limitation de la production
− Mécanismes de garantie de revenu au titre d’évènements exceptionnels (crise
de marché, catastrophe,…)
− Fourniture ou subvention de crédit agricole
− Assurance récolte
− Financement de la vulgarisation
− Financement de la formation
− Financement de la recherche
− Financement de services de protection des végétaux
− Financements de services de santé animale
− Financement d’infrastructures collectives (irrigation, drainage, stockage,
abattoir…)
− Définition de normes et réglementations
− Programmes de protection de l’environnement
− Stocks de sécurité alimentaire
1.3.5 Processus d’élaboration d’une politique agricole
1.3.5.1 L’identification des principales contraintes
L’élaboration d’une politique agricole nécessite une analyse fine du secteur agricole et
de ses principales contraintes. Le choix des questions prioritaires à traiter doit se justifier au
regard de stratégies nationales (diversification des productions, bon fonctionnement des
marchés locaux, équilibre de la balance commerciale, réduction de la pauvreté, etc.), ainsi que
de la place du ou des produits concernés dans l’économie nationale (contribution au PIB,
place dans l’alimentation des ménages, contribution aux exportations, nombre de producteurs,
etc.).
Il s’agit ensuite d’analyser les problématiques à traiter et de remonter à leur source
jusqu’à arriver à un niveau qui relève du domaine de responsabilité des pouvoirs publics
(fourniture de biens publics ou de biens communs) ou qui traduit une défaillance de marché
(marché incomplet, situation de concurrence imparfaite, externalités, etc.).
Elaborer une politique agricole consiste principalement à effectuer des choix
stratégiques et opérationnels. La définition des orientations stratégiques implique d’identifier
les domaines d’action prioritaires, les productions à encourager, les importations qui posent
problème, etc. Pour cela, il est nécessaire de prendre en compte les contraintes actuelles à la
production (agro-écologiques notamment), ainsi que les projections faites sur ces contraintes
et sur les défis à relever (croissance démographique par exemple).
La qualité des services statistiques est à cet égard essentielle. Mais les choix
stratégiques résultent aussi, et surtout, de processus de négociation entre les différents acteurs
intervenant dans l’agriculture (administrations, collectivités territoriales, organisations de
producteurs, organisations non gouvernementales, opérateurs privés, bailleurs de fonds).
L’enjeu est de rechercher des compromis entre des demandes sociales et des intérêts parfois
contradictoires, qui doivent idéalement être acceptés par tous et aller dans le sens de l’intérêt
collectif.
Les choix stratégiques se déclinent ensuite en actions dans chacun des domaines
retenus. Pour que la politique agricole soit vraiment opérationnelle, il importe de hiérarchiser
les priorités, définir les mesures concrètes, les modalités d’intervention et les instances de
mise en œuvre (rôles et responsabilités de chacun des acteurs) ; ce que ne font pas souvent les
multiples documents (plans, programmes…) qui fixent le cadre des actions. Les arbitrages
budgétaires doivent également permettre de planifier sur la durée les moyens nécessaires à la
mise en œuvre des actions.
La prise en compte des engagements régionaux, bilatéraux et à l’OMC est une étape
importante dans la définition d’une politique agricole. Elle doit assurer la conformité de la
politique avec les engagements et les règles multilatérales. Mais ces règles ne sont pas
immuables, elles se négocient en permanence. Il apparaît donc judicieux de définir d’abord
l’orientation nationale avant de prendre en compte les contraintes externes, et ainsi de donner
la priorité aux intérêts nationaux.
A chaque stade de l’élaboration de la politique agricole, la concertation avec les
professionnels de l’agriculture et avec la société civile dans son ensemble est essentielle. Elle
permet de s’assurer que la politique sera acceptée et prise en compte par les acteurs et qu’elle
répond à leurs besoins ; elle est un gage de son efficacité. Plus les acteurs sont organisés et en
capacité de faire entendre leur voix et de défendre leurs intérêts, plus le processus de
concertation est lui-même efficace. Le temps est alors une donnée primordiale dans
l’élaboration d’une politique agricole concertée.
1.3.5.2 La participation de tous les acteurs concernés
Le diagnostic des problèmes et l’identification des objectifs spécifiques doivent
résulter d’une analyse rassemblant toutes les parties prenantes. L’enjeu est en effet de trouver
des compromis qui permettent de ne délaisser aucune catégorie d’acteurs (producteurs,
consommateurs, transformateurs, importateurs, etc.) et d’aller dans le sens de l’intérêt
collectif.
Au niveau régional, l’implication des organisations de producteurs dans l’élaboration
de l’Ecowap est un exemple en la matière. Intégré dès le départ dans les instances de
réflexion, le ROPPA a ainsi pu faire valoir sa vision et peser dans les choix et priorités qui ont
été définis, notamment en termes de protection commerciale (ajout d’une 5e bande au TEC
CEDEAO, mise en place d’une taxe de sauvegarde aux importations, etc.)
1.3.5.3 La définition des priorités d’action
Chaque problème identifié est ensuite traduit en objectif spécifique. Par exemple, dans
le cas précédent, les objectifs spécifiques deviennent : fournir des services de vulgarisation
accessibles, fournir des informations fiables sur la qualité des engrais, mettre en place des
mécanismes de financement pour l’achat des engrais, fournir des infrastructures routières, de
stockage, améliorer le système d’information sur les demandes de marché, favoriser la
concurrence dans l’activité d’importation des engrais, etc.
La formulation des objectifs n’est pas toujours assez précise. Les buts à atteindre sont
parfois mentionnés de manière vague, sans fixer de valeur précise (par exemple augmenter la
productivité, sans préciser dans quelle proportion, ou encore améliorer la commercialisation,
sans fixer d’objectif quantifié). Il est donc important d’être vigilant sur la quantification des
objectifs, afin qu’ils aient un sens opérationnel et ne soient pas qu’une vague déclaration
d’intention.
1.3.5.4 La concertation et la négociation des compromis
Toute politique résulte nécessairement de choix qui portent aussi bien sur les objectifs
prioritaires d’action, que sur les instruments à mettre en place et les moyens alloués pour
atteindre les objectifs attendus.Une politique résulte donc d’une suite de négociations, qui se
trament à différentes échelles, avec une implication plus ou moins forte des organisations de
producteurs.
En fonction des enjeux en présence et des rapports de force entre les différentes parties
prenantes (poids des lobbys agroindustriels, pouvoir d’influence et de mobilisation des OP),
ces dernières auront donc un poids variable dans les décisions qui seront prises.
1.3.5.5 Les différents niveaux de négociation
On peut regrouper en 4 grands types les négociations à l’œuvre dans la définition des
politiques publiques :
− La négociation au sein d’une filière : elle résulte d’un dialogue entre acteurs
publics et acteurs privés, parfois organisés en interprofessions, et concerne
spécifiquement un produit donné (ex : subvention du prix de l’arachide) ;
− La négociation au sein d’un secteur : elle touche spécifiquement aux questions
agricoles mais concerne l’ensemble des produits et producteurs (ex : conditions
d’accès au crédit de moyen terme) ;
− La négociation intersectorielle : les choix de politiques agricoles ont parfois un
impact bien plus large que sur le seul secteur agricole et nécessitent de dégager
des compromis dans le sens de l’intérêt collectif (ex : réforme foncière) ;
− La négociation internationale : la politique se négocie aussi à l’extérieur du
pays dans des enceintes internationales telles que l’OMC ou les espaces
économiques régionaux (ex : niveau des droits de douane sur les produits
agricoles).
1.10 La pauvreté
La pauvreté est l'insuffisance de ressources matérielles, comme la nourriture, l’accès
à l’eau potable, les vêtements, le logement, et des conditions de vie en général, mais
également de ressources intangibles comme l’accès à l’éducation, l’exercice d’une activité
valorisante, le respect reçu des autres citoyens. Des analyses économiques et des débats
portent sur la mesure de la pauvreté, ses causes, et les moyens à mettre en œuvre pour réduire
cette pauvreté
La pauvreté peut toucher des personnes isolées ou des groupes et populations
entières ; elle touche principalement les pays en développement, mais elle existe également
dans les pays développés. Les États mènent des politiques d’aide aux pays pauvres (économie
du développement) et, pour leurs propres citoyens, mettent en place des programmes d’aide
sociale pour réduire ou supprimer la pauvreté.La pauvreté est généralement considérée
comme un phénomène multidimensionnel et multifactoriel. La dimension pécuniaire est la
plus fréquemment prise en compte.
La pauvreté pécuniaire est le manque d'argent, entraînant les difficultés, pour se
nourrir, s'habiller, se loger. La pauvreté pécuniaire ou de revenu résulte d'une insuffisance de
ressources, et est estimée au moyen de seuils de pauvreté (un individu est considéré comme
pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté choisi). Différentes
définitions de ces seuils existent ; les pays développés utilisent généralement des seuils
relatifs, alors que la pauvreté dans les pays en développement est estimée au moyen de seuils
de pauvreté absolus. Cette évaluation de la pauvreté, du fait de sa simplicité, est couramment
utilisée pour définir les individus pauvres et mesurer le taux de pauvreté d'une population.
Selon l'approche absolue, le seuil est fixé, depuis les travaux de Seebohm Rowntree
en 1901, en fonction d'un panier de biens alimentaires et non alimentaires nécessaires à la
survie quotidienne (2400 calories par jour pour la pauvreté et 1800 pour l'extrême pauvreté).
Les biens non alimentaires comprennent l'habillement, le transport, l'hygiène, l'eau et
l'énergie. Les États-Unis et le Canada ont recours à la mesure absolue de la pauvreté.
Selon l'approche relative, le seuil est fixé par rapport à la distribution des niveaux de
vie de l'ensemble de la population, avec comme référence le revenu médian (le revenu médian
est le revenu séparant la population en deux, c'est-à-dire que la moitié de la population a un
revenu plus élevé, et la moitié un revenu inférieur). Ces deux mesures dévoilent deux regards
sur le problème de la pauvreté, deux approches politiques que l'on pourra en première
approche qualifiées de socialiste et de libérale. A travers le prisme socialiste, la pauvreté pose
avant tout un problème d'exclusion ; l'homme ne se réalise qu'au sein de rapports sociaux et
les inégalités de richesse sont des sources de discrimination. La vision libérale donne elle la
primauté à l'individu, l'important étant la satisfaction de ses besoins fondamentaux.Outre la
dimension pécuniaire, la pauvreté s'exprime sous des dimensions regroupées sous le terme de
« pauvreté humaine ». Il s'agit des dimensions sanitaire, éducationnelle, sociale, culturelle, et
politique de la pauvreté.
Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a créé en 1990
l’indice de développement humain, puis deux indicateurs synthétiques de pauvreté : l'IPH-1 et
l'IPH-2 (Indicateur de Pauvreté Humaine). Ces indicateurs sont très corrélés.La pauvreté des
potentialités ou des capacités exprime le manque de moyens permettant de sortir de la
pauvreté.
Les estimations de la pauvreté dépendent des définitions utilisées. Ainsi, d’après le
Programme des Nations unies pour le développement, les pays où la pauvreté est la plus forte
sont des pays d’Afrique, en particulier les pays les moins avancés. Les indicateurs du PNUD
permettent d’établir des comparaisons entre pays ; ainsi, vers 2005, le Tchad est le pays où la
pauvreté humaine est la plus forte et la Sierra Leone est le pays où le développement humain
est le plus faible ; l’Islande est le pays à plus grand développement humain et la Suède à plus
faible pauvreté humaine.
En 2008, la Banque mondiale a fixé à 1,25 dollar américain par jour le seuil de
pauvreté international, contre un dollar précédemment. Le nouveau seuil représente le seuil de
pauvreté moyen des 10 à 20 pays les plus pauvres. Selon ce nouveau critère, 1,4 milliard de
personnes dans le monde en développement vivent avec moins de 1,25 dollar par jour en
2005, contre 1,9 milliard en 1981. Le taux de pauvreté mondial a été divisé par deux (de 52 %
à 26 %), mais il est stable en Afrique subsaharienne (50 %). Pour les pays à revenu
intermédiaire, la Banque mondiale trouve plus indiqué de fixer le seuil de pauvreté à 2 dollars
par jour, ce qui donne un total de 2,6 milliards de personnes sous ce seuil.
Selon le seuil de pauvreté de 1 dollar par jour en PPA 1985, la majorité des pauvres
se trouvent en Asie du Sud (39%), Asie de l'Est (33%) et en Afrique sub-saharienne (17%).
Les pays comptant plus de la moitié de leur population sous le seuil de pauvreté sont:
Guatemala, Guinée-Bissau, Inde, Kenya, Lesotho, Madagascar, Népal, Niger, Sénégal, et
Zambie.
1.11 Croissance
La croissance économique désigne l'augmentation de la production de biens et de
services dans une économie sur une période donnée, en particulier sur une période longue. En
pratique, l'indicateur utilisé pour la mesurer est le produit intérieur brut ou PIB. Il est mesuré
« en volume » ou « à prix constants » pour corriger les effets de l'inflation. Le taux de
croissance, lui, est le taux de variation du PIB. On utilise la croissance du PIB par habitant
comme indication de l'amélioration duniveau de vie.
La croissance est un processus fondamental des économies contemporaines, lié à la
révolution industrielle et à la notion de progrès. Elle transforme la vie des individus en leur
procurant davantage de biens et services. À long terme, le niveau de vie des individus (distinct
de la qualité de vie) dépend uniquement de cette croissance. De même, l'enrichissement qui
résulte de la croissance économique peut permettre de faire reculer la misère matérielle.
Si, dans le langage courant, on emploie souvent le terme de « croissance » dans le
cadre d'évolutions à court terme, les économistes l'utilisent conventionnellement pour décrire
une augmentation de la production sur le long terme. Selon la définition de François Perroux,
la croissance économique correspond à « l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs
périodes longues d’un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en
termes réels. A court terme, les économistes utilisent plutôt le terme d'« expansion », qui
s'oppose à « récession », et qui indique une phase de croissance dans un cycle économique. La
croissance potentielle estime l'écart entre la croissance mesurée et celle qui serait obtenue
avec une pleine utilisation de tous les facteurs de production ; cet écart est minimal au plus
fort d'une expansion.
Au sens strict, la croissance décrit un processus d'accroissement de la seule
production économique. Elle ne renvoie donc pas directement à l'ensemble des mutations
économiques et sociales propres à une économie en développement. Ces transformations au
sens large sont, conventionnellement, désignées par le terme de développement économique.
Selon François Perroux, « le développement est la combinaison des changements mentaux et
sociaux d'une population qui la rend apte à faire croître, cumulativement et durablement, son
produit réel global. Le terme de « croissance » s'applique alors plus particulièrement aux
économies déjà développées.
La croissance économique est généralement mesurée par l'utilisation d'indicateurs
économiques dont le plus courant est le Produit intérieur brut. Il offre une certaine mesure
quantitative du volume de la production. Afin d'effectuer des comparaisons internationales, on
utilise également la parité de pouvoir d'achat, qui permet d'exprimer le pouvoir d'achat dans
une monnaie de référence. Pour comparer la situation d'un pays à des époques différentes on
peut également raisonner à monnaie constante.
L'indicateur du PIB reste cependant imparfait comme mesure de la croissance
économique. Il est pour cela l'objet de plusieurs critiques : il ne mesure ainsi pas, ou mal,
l'économie informelle. D'autre part, s'il prend en compte la production des services publics
gratuits, il ne mesure pas l'activité de production domestique (ménage, potagers, etc.). Selon
la boutade d'Alfred Sauvy, il suffit de se marier avec sa cuisinière pour faire baisser le PIB.
Enfin, il ne prend en compte que les valeurs ajoutées, et non la richesse possédée, par un pays.
Une catastrophe naturelle (Katrina détruisant la Nouvelle-Orléans, par exemple), qui détruit
de la richesse, va pourtant contribuer au PIB à travers l'activité de reconstruction qu'elle va
générer. Cette contribution ne reflète pas la destruction antérieure, ni le coût du financement
de la reconstruction. Cette contradiction était dénoncée dès 1850 par l'économiste français
Frédéric Bastiat qui dans son Sophisme de la vitre cassée écrivait que « la société perd la
valeur des objets inutilement détruits », ce qu'il résumait par : « destruction n'est pas profit».
La croissance est un processus quantitatif par lequel est mesuré l’accroissement de la
richesse créée par les échanges marchands. Le credo de la croissance met l’homme au service
des intérêts économiques alors qu’il devrait être maintenu au centre d’un processus de
développement destiné à répondre à ses besoins fondamentaux et assurer son bien-être.
La croissance économique, en l’absence d’objectif de bien-être des hommes, des
femmes et des enfants, sans renouvellement des ressources naturelles indispensables à la
création des richesses et avec pour seul but le profit à court terme, n’est pas soutenable. Ce
modèle économique et de société détruit les ressources naturelles et la biodiversité, creuse les
inégalités de niveau de vie entre les êtres humains, accroit la pauvreté et favorise les
émissions de gaz à effet de serre, responsable du réchauffement climatique.
1.12 Développement
1.6.1 Développement économique et social
Le développement économique et social fait référence à l'ensemble des mutations
positives (techniques, démographiques, sociales, sanitaires...) que peut connaître une zone
géographique (monde, continent, pays, région..). Il ne doit pas être confondu avec la simple
croissance économique. Celle-ci est habituellement nécessaire ou consécutive au
développement mais elle n'en est qu'un aspect. Il existe même des zones en croissance par
simple inertie de tendance ou sous l'effet de dopants artificiels de types dits keynésiens, sans
pour autant connaître les transformations de structure et la « destruction créatrice » propres au
développement, qui assurent sa pérennité. Cela peut conduire à un épuisement des ressorts de
la croissance. On peut alors retrouver le phénomène de cycle de vie (de l'émergence à
l'expansion puis au plafonnement et enfin au déclin) étudié en marketing.
Le développement économique nécessitant notamment de la création de richesses, on
associe développement économique et « progrès », puisqu'il entraîne, généralement, une
progression du niveau de vie des habitants. On parle alors d'amélioration du bien-être social
(au sens économique). La volonté de concilier simple développement économique et progrès
ou amélioration du bien-être a mené à forger, à côté des indicatifs de développement
traditionnels (PNB, PIB), d'autres indicatifs, tels que l'indice de développement humain
(IDH), qui prend en compte la santé, l'éducation, le respect des droits de l'homme (dont font
partie, depuis 1966, les droits économiques et sociaux), etc. Les paramètres économiques et
sociaux sur la mesure du développement sont indiqués dans l'article « Pays en
développement ».
Du point de vue strictement économique, l'indicateur le plus souvent utilisé est le
PIB (Produit intérieur brut) qui est une somme des valeurs ajoutées sur un territoire. Son
chiffrage, qui ressort de la comptabilité nationale, est cependant délicat. Comment, par
exemple, chiffrer l'utilisation des services non marchands et des biens publics ? Leur coût et
utilité économique sont noyés dans les budgets publics par absence de facturation, ce qui ne
permet guère de savoir s'ils apportent plus de richesses qu'ils en consomment, s'il y a valeur
ajoutée ou valeur retranchée. L'autre indicateur commun est le PNB (Produit national brut).
Par ailleurs, le PIB ne contient que les flux (production / consommation). Les
économistes et statisticiens n'arrivent guère à mesurer, ni même à estimer l'évolution du
patrimoine public et privé. À plus forte raison, certaines externalités positives ou négatives
sont mal mesurables. Par exemple, comment chiffrer l'effet externe négatif d'une pollution
comme l'engrais azoté puissant du lisier (par exemple de porc) déversé dans les cours d'eau,
amenant à une eutrophisation, sans même parler du gaspillage d'une ressource précieuse non
ou difficilement renouvelable ? Sur le même plan, comment mesurer l'effet positif des pots
catalytiques ou d'une fluidification de la circulation routière, voire la « désindustrialisation »
des secteurs lourds en faveur des services et hautes technologies? Le développement
économique affecte ainsi de façon importante l'environnement, conduisant certaines
personnes à prôner la décroissance économique, d'autres préférant soutenir le développement
durable.
Devant ces imperfections des indicateurs économiques traditionnels (PIB et PNB), le
PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) a mis en place l'Indice de
développement humain (IDH), qui prend en compte la santé, l'espérance de vie,
l'alphabétisation, etc. (le Prix NobelAmartya Sen a pris part à la conceptualisation de l'IDH).
D'autres indicateurs économiques existent, tels que l'Indicateur de pauvreté (IPH), également
créé par le PNUD; l'indice de Bonheur national brut (BNB), créé par le roi du Bhoutan dans
les années 1960; le BIP40, ou baromètre des inégalités et de la pauvreté, créé en 1999 par le
Réseau d’alerte sur les inégalités.
1.6.2 Développement durable
Le développement durable (ou développement soutenable, traduction de
Sustainabledevelopment) est une conception de l'intérêt public visant à allier le
développement des sociétés de façon équitable et la protection de l'environnement.
Selon la définition proposée en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement
et le développement dans le Rapport Brundtland, le développement durable est : « un
développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. Deux concepts sont
inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins
essentiels des plus démunis à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des
limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité
de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. »
Pour l'AFNOR en 2012, un état est dit « durable » si « les composantes de
l'écosystème et leurs fonctions sont préservées pour les générations présentes et futures ».
Dans cette définition, « les composantes de l’écosystème incluent, outre les êtres humains et
leur environnement physique, les plantes et les animaux. Pour les êtres humains, le concept
sous-entend un équilibre dans la satisfaction des besoins essentiels : conditions économiques,
environnementales, sociales et culturelles d'existence au sein d'une société. »
Le concept de durabilité a été défini quelques années auparavant. En 1991 et 1993,
Ignacy Sachs définit l'écodéveloppement comme « développement endogène et dépendant de
ses propres forces, soumis à la logique des besoins de la population entière, conscient de sa
dimension écologique et recherchant une harmonie entre l'homme et la nature ». En 1987, la
Commission mondiale sur l’environnement et le développement dans le rapport Brundtland lui
avait préféré la notion de « développement soutenable », défini comme suit :
« Le développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre à leurs propres besoins. Deux concepts sont inhérents à cette
notion :
− le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus
démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité ;
− l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale
impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. »
Parmi les besoins essentiels, on retiendra les besoins indispensables à l'être humain en
tant qu’élément de base vivant dans un environnement défini, que l'on appelle les besoins
primaires ou physiologiques. Et parmi ceux-ci, on notera le besoin de se reproduirequi établit
pour l'homme et la femme une filiation, et assure de la sorte le renouvellement des
générations.
Une contestation sémantique sur le terme même de développement durable a existé
depuis l'apparition du terme dans le rapport Brundtland.Les tenants du terme « durable »
plutôt que du mot « soutenable » insistent sur la notion de durabilité définie comme cohérence
entre les besoins et les ressources globales de la Terre à long terme, plutôt que sur l'idée d'une
recherche de la limite jusqu'à laquelle la Terre sera capable de nourrir l'humanité. Cependant,
la traduction du terme par « soutenable », plutôt que durable, peut s'expliquer aussi par de
vieilles traces du mot en langue française. En effet, on trouve le mot employé dans une
optique environnementale dès 1346, dans l'ordonnance de Brunoy, prise par Philippe VI de
Valois, sur l'administration des forêts. Ainsi en matière forestière la notion de forêt cultivée
soumise à une exigence de soutenabilité, un renouvellement perpétuel de la ressource, capable
d'approvisionner une flotte navale existe depuis plus de six siècles.
Face à la crise écologique et sociale qui se manifeste désormais de manière
mondialisée (changement climatique, raréfaction des ressources naturelles, pénuries d'eau
douce, rapprochement du pic pétrolier, écarts entre pays développés et pays en
développement, sécurité alimentaire, déforestation et perte drastique de biodiversité,
croissance de la population mondiale, catastrophes naturelles et industrielles), le
développement durable est une réponse de tous les acteurs (États, acteurs économiques,
société civile), culturels et sociaux du développement.
Il s’agit aussi, en s’appuyant sur de nouvelles valeurs universelles (responsabilité,
participation écologique et partage, principe de précaution, débat…) d’affirmer une approche
double :
− dans le temps : nous avons le droit d’utiliser les ressources de la Terre, mais le devoir
d’en assurer la pérennité pour les générations futures ;
− dans l’espace : chaque humain a le même droit aux ressources naturelles de la Terre
(principe de destination universelle des biens).
Tous les secteurs d'activité sont concernés par le développement durable : l'agriculture,
l'industrie, l'habitation, l'organisation familiale, mais aussi les services (finance, tourisme,…)
qui, contrairement à une opinion répandue, ne sont pas qu'immatériels. Plus simplement, le
développement durable est un mode de développement qui a pour but de produire des
richesses tout en veillant à réduire les inégalités mais sans pour autant dégrader
l'environnement.
Face à l'urgence de la crise écologique et sociale qui se manifeste désormais de
manière mondialisée (changement climatique, raréfaction des ressources naturelles, écarts
entre pays développés et pays en développement, perte drastique de biodiversité, croissance
de la population mondiale, catastrophes naturelles et industrielles), le développement durable
est une réponse de tous les acteurs (États, acteurs économiques, société civile) pour
reconsidérer la croissance économique à l'échelle mondiale afin de prendre en compte les
aspects environnementaux et sociaux du développement.Il s’agit aussi, en s’appuyant sur de
nouvelles valeurs universelles (responsabilité, participation et partage, principe de précaution,
débat …) d’affirmer une approche double :
− Dans le temps : nous avons le droit d’utiliser les ressources de la Terre mais le
devoir d’en assurer la pérennité pour les générations futures ;
− Dans l’espace : chaque humain a le même droit aux ressources de la Terre
(principe de destination universelle des biens).
Tous les secteurs d'activité sont concernés par le développement durable : l'agriculture,
l'industrie, l'habitation, l'organisation familiale, mais aussi les services (finance, tourisme,...)
qui, contrairement à une opinion quelquefois répandue, ne sont pas qu'immatériels.Les modes
de production et de consommation doivent respecter l’environnement humain ou naturel et
permettre à tous les habitants de la Terre de satisfaire leurs besoins fondamentaux : se nourrir,
se loger, se vêtir, s’instruire, travailler, vivre dans un environnement sain.
Le développement durable appelle un changement de comportement de chacun
(citoyens, entreprises, collectivités territoriales, gouvernements, institutions internationales)
face aux menaces qui pèsent sur les hommes et la planète (inégalités sociales, risques
industriels et sanitaires, changements climatiques, perte de biodiversité...).
Le développement durable a pour vocation de réconcilier l'homme, la nature et
l'économie, à long terme et à une échelle mondiale. La finalité du développement
durable est d'assurer le bien-être de tous êtres humains qui vivent aujourd'hui et
vivront demain sur la Terre, en harmonie avec l'environnement dans lequel ils évoluent.
Le principe de développement durable renvoie également a une démarche globale, au
sens de systémique ; cela revient a prendre en compte toutes les relations existant entre les
systèmes,ou entre les éléments d’un système, qu’il s’agisse d’une ville, d’unécosystème ou de
la biosphère.C’est l’analyse des interactions entre ces différentséléments qui permet de
comprendre le fonctionnement d’un système et donc d’agir sur lui.
Cela se traduit notamment par l’adoption d’une démarche transversale plutôt que
sectorielle. C’est-a-dire une approche qui mesure ses implications non pas dans un domaine
unique mais dans tous les domaines.un projet économique ne doit pas seulement être juge a
l’aune de sa rentabilité mais également sur des critèresécologiques et sociaux.par exemple ,les
implications d’une politique des transports ne doivent pas simplement êtreévaluées dans
ce secteur mais dans tous les autres
secteurs ;logements,urbanisme,environnement,développementéconomique,développement
social ,vie locale.sur le plan de l’action,il convient de fédéré l’ensemble des compétences
autour d’un projet pris dans sa globalité et dans ses interactions avec les autres domaines.
Un processus partenarial et participatif qui engage la responsabilité de chacun. La mise
en œuvre du développement durable exige la mobilisation de tous les acteurs d’un territoire
,d’une entreprise,… afin que soit formule un projet commun,propre au groupe ainsi
constitue.de multiples compétences doivent êtresollicitées tant sur un plan
disciplinaire(économique,sociologie,écologie,…)ou sectoriel(transport,eau,déchets,milieu
naturel,développement social,…),ou territorial (échelle de l’Etat,de la région,du
département,de l’agglomération,…).l’enjeu est de parvenir a inventer de nouveaux lieux de
débats et d’échanges mais aussi de nouvelles procédures de concertation et de
négociation,c’est-à-dire de concevoir de nouveaux modes de «gouvernance ».il s’agit de
tenter de concilier les approches descentes, «top down »,et ascendantes, «Botton-up » afin de
garantir le succès d’un projet conçu de manière partenariale et coopérative.
Le développement durable fait appel plus particulièrementa la mobilisation des
citoyens et a leur participation au processus .de décision. Ils’agit de les associer aux projets
qui les concernent et de trouver avec eux et d’autres partenaires socio-économiques des
solutions de compromis .le développement durable repose sur la démocratie locale ou
démocratie participative et l’approche citoyenne. Ceci implique d’aller au-delà de la simple
information et de développer un véritable processus de concertation.
Schéma du développement durable
Schéma du développement
durable : à la confluence de
trois préoccupations, dites « les
trois piliers du développement
durable ».
IIRAPPEL HISTORIQUE ET CONTEXTE DEL’AGRICULTURE EN
AFRIQUESUBSAHARIENNE
2.1Période précoloniale
L’agriculture en Afrique tropicale était autrefois, une agriculture de subsistance
essentiellement. Elle portait uniquement sur les cultures vivrières (igname, arachide, maïs, riz,
sorgho, fonio, etc.). Les exploitations étaient de petites tailles avec une main-d’œuvre
familiale. C’était une agriculture extensive sur brûlis avec pour finalité la satisfaction des
besoins alimentaires de la famille surtout la famille élargie.
2.2 Période coloniale
Il est évident que le but véritable de la colonisation n’a pas été seulement de nous
apporter la civilisation, mais surtout d’en tirer le maximum de profit. Le développement de
l’agriculture en Côte d’Ivoire en particulier et dans les colonies françaises en général a obéit à
une philosophie de développement économique définie par CAMILLE GUY « C’est par
l’agriculture qu’il faut commencer l’exploitation rationnelle de nos colonies, car il ne peut y
avoir de commerce qu’autant qu’il y aura dans nos établissements des colons et des richesses,
et il saurait exister d’industrie qu’autant que colons et indigènes auront des besoins nouveaux
et les moyens de les satisfaire ».
Avec la colonisation, les territoires d’Outre-mer ont été divisés en deux types de
colonies :
− Les colonies de peuplement qui regroupaient les pays d’Afrique du Nord ;
− Les colonies d’exploitation qui étaient composées des pays d’Afrique Noire
Il a donc été défini une politique agricole au niveau de chaque colonie suivant sa
situation agro-climatique qui visait à satisfaire les besoins de la métropole. C’est ainsi que la
Côte d’Ivoire devait produire la café et le cacao, le Sénégal l’arachide, le Tchad le coton, la
Guinée la banane, etc. Aussi, la Cote d’Ivoire exportait-elle déjà de l’huile de palme et
palmiste en 1897, du bois en 1900, du café en 1902, du cacao en 1904 et du caoutchouc
naturel. C’étaient surtout (à part le café introduit en 1880) des produits de cueillette, dont le
service de l’agriculture avait à charge d’assurer le ramassage.
Cette période fut suivie d’une seconde étape où commence une politique de
développement des cultures d’exportation. Il s’agit du café, du cacao, du palmier à huile, etc.
Ces principales cultures se sont développées de manière variable jusqu’à la fin de la deuxième
guerre mondiale. Pendant les premières années qui suivirent cette guerre, l’objectif de la
politique agricole coloniale était de ravitailler la métropole en produits tropicaux, afin de
donner un nouveau souffle à son industrie.
La stratégie mise en œuvre pour atteindre les objectifs était d’imposer les cultures et
les superficies à mettre en valeur aux Indigènes. La distribution des semences sélectionnées et
les travaux forcés étaient les moyens utilisés. L’Administration générale, les Services
agricoles, les Eaux et Forêts et les Sociétés Indigènes de Prévoyance jouaient le rôle de
structure d’encadrement. A cette stratégie, il faut signaler l’exemple en Côte d’Ivoire :
− La création du Fonds d’Investissement pour le Développement Economique et
Social (FIDES) ;
− La création des infrastructures importantes (port, chemin de fer, etc.) ;
− L’octroi de primes d’incitation et d’encouragement en 1951 aux planteurs
possédant ; plus de 25 ha à raison de 1 000 FCFA/ha ou ayant arraché les pieds de
caféier atteints de trachéomycose ;
− La création en 1955 d’une caisse de soutien au café et cacao
− L’installation de nombreux Instituts de Recherche Agronomique en vue de faire
l’inventaire des ressources et d’améliorer la matériel végétal, ainsi que les
techniques culturales
2.3 Période après indépendance
Après la décolonisation, plusieurs choix s’offraient aux pays africains quant au modèle
de développement de leur économie. La Cote d’Ivoire, pour sa part, a opté pour le
développement agricole et en a fait le fer de lance de son économie. En effet, en 1960, la
population ivoirienne était de 3.735.000 habitants dont 87,5 % de ruraux. Le pays disposait
déjà d’une agriculture structurée : ouverte sur le marché extérieur, avec deux principaux
produits que sont le café et le cacao, disposant d’une caisse de stabilisation de prix depuis
1955.
Le PIB était de 142 615 000 FCFA et la part de l’agriculture, constituée
essentiellement de l’exportation des produits agricoles, représentait 47 % des exportations
totales.
A l’indépendance en 1960, pour des raisons agro-climatiques, d’habitudes alimentaires
et des cultures de rente, la Côte d’Ivoire se caractérisait par deux types d’agriculture :
− Au nord, on a une zone de savane, avec un climat de type soudanais à deux
saisons : une saison de pluie et une saison sèche plus longue. La pluviométrie
moyenne annuelle est de l’ordre de 1200 mm. Les exploitations sont de type
familial, de petites tailles ayant des superficies moyennes de 2 à 3 ha. On y
pratiquait une agriculture extensive, itinérante avec pour cultures principales : les
céréales (maïs, mil, riz, sorgho, etc.) et des tubercules (igname, patates, etc.)
destinées à l’autoconsommation. La satisfaction des besoins alimentaires était
généralement assurée. Le coton et le tabac étaient les seules cultures de rente. Les
travaux s’effectuaient manuellement à l’aide de la daba et de la machette. On y
pratiquait l’élevage de manière traditionnelle. Les revenus monétaires étaient
généralement faibles.
− Au sud, on a une zone de forêt, avec un climat tropical humide à quatre saisons
(deux saisons pluvieuses et deux saisons sèches) et une pluviométrie variant entre
1000 et 2500 mm. Son agriculture se caractérisait par une prédominance du café par
rapport aux cultures vivrières que sont la banane plantain, le taro, le manioc, etc.).
Le système d’exploitation était basé sur une association des cultures de rente et
vivrières durant les deux premières années ; ces dernières servant de plants
d’ombrage. Cette agriculture occupait de grandes superficies mais ne fournissait
que de faibles rendements. Elle était itinérante sur brûlis pour les cultures vivrières.
Le travail se faisait manuellement avec la machette, la hache, la houe, etc. Les
revenus monétaires moyens annuels par tète étaient beaucoup plus élevés que dans
le nord. En 1965, ils étaient de 26 000 FCFA au sud contre 4 000 FCFA au nord.
Il est à noter qu’au centre, zone de transition, on rencontrait les deux types
d’agriculture précités.
Du constat fait sur l’état de l’agriculture à l’accession de la Côte d’Ivoire à la
souveraineté nationale, des contraintes aussi bien internes qu’externe existaient :
− Contraintes internes
o Peu de ressources minières ;
o Inexistence de ressources pétrolières ;
o Inexistence d’une agriculture agro-exportatrice ;
o Besoin de devises ;
o Peu d’organisation du marché intérieur ;
o Fort besoin de mobilisation de la main d’œuvre.
− Contraintes externes
L’adaptation au marché mondial de l’économie de plantation ivoirienne s’imposait car
après l’accession à l’indépendance politique, l’adhésion des anciennes colonies au "traité de
Yaoundé" d’association avec la CEE a pour conséquence la perte d’un accès privilégié à des
prix garantis au marché français. En effet, le café ivoirien (Robusta) était réputé mauvais et
seuls les engagements de la France vis-à-vis de son ancienne colonie l’obligeaient de
continuer à l’acheter.
La Cote d’Ivoire ayant opté pour une économie libérale, il lui fallait, dès
l’indépendance, créer les conditions favorables à l’accumulation du capital à partir de
l’agriculture, pour pouvoir financer les autres secteurs de l’économie. Il était donc nécessaire
que le gouvernement favorise l’augmentation de la production agricole et de la monétariser
d’avantage. La politique coloniale, axée sur les cultures d’exportation, va se poursuivre grâce
aux débouchés internationaux déjà existants, aux prix satisfaisants, au marché interne réduit et
non organisé.
Afin d’éviter les dangers de la monoculture de rente (café), le gouvernement va
identifier d’autres cultures susceptibles :
− D’alimenter le budget de l’Etat par les recettes douanières ;
− De procurer aux planteurs de café et cacao d’autres sources de revenus en
numéraires et d’en créer pour les paysans de la savane.
L’identification de ces cultures ne fut pas aisée dans la mesure où :
− Le cacao handicapé par l’extrême variabilité de ses cours,
− la banane peu compétitive face à la production de l’Amérique centrale,
− le caoutchouc dans une période de surproduction mondiale,
− les denrées alimentaires sans débouchés nationaux ou régionaux appréciables,
incapables de ce fait de fournir des espèces aux paysans et à l’Etat, n’ont pas
offert de solutions acceptables.
Le choix de la Côte d’Ivoire s’est porté ainsi sur le palmier à huile, le cocotier en zone
forestière et sur le cotonnier en zone de savane.
IIIENJEUX DE L’AGRICULTURE EN AFRIQUESUBSAHARIENNE
3.1 Enjeux au plan économique
L’agriculture en Afrique emploie la majeure partie de la population active et constitue
la principale activité créatrice de richesse dans la plupart des pays. Le rôle crucial de
l’agriculture dans le développement africain est désormais reconnu mais les politiques
agricoles en Afrique restent loin d’être à la hauteur du poids que représente l’agriculture et ses
enjeux.
En Afrique, l’agriculture qui inclut, dans une acception large, les productions
végétales, la transformation agroalimentaire, l’élevage, la pêche et l’exploitation forestière -
est un secteur crucial à bien des égards. Elle est l’activité première pour plus de 60 % de la
population africaine. C'est le pivot de l'économie puisqu’elle représente plus de 30 % de la
richesse nationale mesurée par le produit intérieur brut (PIB) dans bon nombre de pays
africains subsahariens. La carte ci-dessous présente le Produit Intérieur Brut Agricole en
Afrique.
Source : Banque mondiale, World developmentindicators, 2006
Le poids du secteur agricole dans l’économie peut cependant considérablement varier
d'un pays à un autre : ainsi, si l'économie d’un pays est basée sur le pétrole, la part du secteur
agricole dans le PIB est moindre. Il reste cependant plus important dans tous les pays
africains, comparé à d'autres pays du Sud et bien davantage encore comparé aux pays
développés.
L'agriculture est aussi de première importance dans les revenus d’exportations,
puisque les produits agricoles représentent les premiers postes d’exportation dans la plupart
des pays africains.
Tableau : Importance de l’agriculture en Afrique et dans d’autres régions du monde
Part de la population
active agricole (2004)
Part des exportations agricoles
dans les exportations totales
(2002-2004)
Afrique subsaharienne 60 % 12,4 %
Amérique latine et Caraïbes 18 % 16 %
Asie et Pacifique 58 % 5,1 %
Économies de marché développées 3 % 7,2 %
Source: FAO, State of Food and Agriculture, 2006
Les producteurs sont dans leur grande majorité des agriculteurs pratiquant une
agriculture de subsistance et travaillant sur de petites exploitations familiales. Plus de 96 %
des agriculteurs d’Afrique subsaharienne cultivent moins de 5 hectares.
3.2 Enjeux au plan social
En Afrique sub-saharienne, la population rajeunit grâce à une croissance
démographique soutenue par un taux élevé de fertilité ; la population des jeunes croît plus vite
que le nombre d’emplois disponible.
La croissance économique n’est pas été assez importante pour créer des emplois
susceptibles de répondre aux besoins de cette population jeune. Ceux qui ont été plus ou
moins formés ont acquis des compétences devenues inutiles pour le marché du travail, alors
même que les exigences en compétences théoriques et pratiques réduisent des millions de
jeunes sans qualifications au chômage ou en situation de sous-emploi. On estime à 133
millions environ le nombre de jeunes Africains illettrés (soit plus de 50 pour cent du total). La
plupart n’ont que peu ou pas de compétences et sont donc pratiquement exclus de la vie
économique et sociale.
Les causes de ce chômage et celles du sous-emploi des jeunes sont attribuées à
plusieurs facteurs dont la demande globale, les règlements du marché du travail,
l'inadéquation entre les formations initiales et les besoins du marché de l'emploi, le volume de
la main-d’œuvre jeune et l'employabilité des jeunes.Les gouvernements n’ont pas toujours
compris qu’il était important de s’occuper de ces derniers. Ils avaient toujours cru, jusqu’ici,
Agriculture et developpement durable
Agriculture et developpement durable
Agriculture et developpement durable
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Agriculture et developpement durable

  • 1. UNIVERSITE DE COCODY REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE ================================ ========================= UFR : LANGUES, LITTERATURE ET CIVILISATION UNION – DISCIPLINE - TRAVAIL ================================ CHAIRE UNESCO POUR LA CULTURE DE LA PAIX ================================== AGRICULTURE EN AFRIQUESUBSAHARIENNE : ENJEUX, PROBLEMATIQUES ET DEFIS A RELEVER Sory OUATTARA Enseignant au Département de Formation et de Recherche Agriculture et Ressources Animales (DFRARA) de l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët Boigny de Yamoussoukro
  • 2. TABLE DES MATIERES CHAPITRE PAGE INTRODUCTION I DEFINITIONS DE QUELQUES NOTIONS ET CONCEPTS 1.1 L’agriculture et l’agronomie 1.2 L’exploitation agricole 1.3 Les politiques agricoles 1.4 La pauvreté 1.5 La croissance 1.6 Le développement II RAPPEL HISTORIQUE ET CONTEXTE DEL’AGRICULTURE EN AFRIQUESUBSAHARIENNE 2.1Période précoloniale 2.2 Période coloniale 2.3 Période après indépendance III ENJEUX DE L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE 3.1 Enjeux au plan économique 3.2 Enjeux au plan social 3.3 Enjeux au plan environnemental 3.4 Enjeux au plan de la souveraineté IV CARACTERISTIQUES DE L’AGRICULTURE ET DE SES PRODUCTIONS EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE 4.1 Les caractéristiques essentielles de l’agriculture 4.2 Les productions tropicales V PROBLEMATIQUES DE L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE 5.1 Problématique générale 5.2 La croissance agricole 5.3 La sécurité alimentaire 5.4 La biosécurité 5.5 La biodiversité 5.6 Le foncier 5.7 Le financement VI DEFIS A RELEVER PAR L’ENSEMBLE DES ACTEURS 6.1 La Lutte contre la pauvreté 6.2 L’amélioration de la croissance agricolepar l`agriculture familiale 6.3 La lutte contre l’insécurité alimentaire 6.4 La vigilance sur la biosécurité 6.5 La sauvegarde de la biodiversité 6.6 La clarification et la sécurisation du foncier rural 6.7 L’amélioration de l’épargne et du crédit CONCLUSION 1 3 3 4 6 15 16 18 22 22 22 23 24 25 26 26 27 27 30 32 32 33 35 37 38 38 41 42 42 42 43 44 45 45 49 51
  • 3. SIGLES ET ABREVIATIONS ACECA Association des coopératives d’épargne et de crédit d’Afrique AFD Agence Française de développement ACEP : Alliance de crédit et d’épargne pour la production, du Sénégal AQUADEV Aquaculture et développement AISFD - CI : Association interprofessionnelle des systèmes financiers décentralisés de Côte d`Ivoire CUNA : Association nationale des coopératives d’épargne et de crédit des Etats-Unis ANAC - CI : Association nationale des CREP et COOPEC de Côte d’Ivoire BCEAO : Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest BNDA : Banque nationale de développement agricole BNDA-Mali Banque nationale de développement agricole Mali BOA - Mali Banque of Africa - Mali BIP40 Baromètre des inégalités et de la pauvreté BNB Bonheur national brut BIT Bureau International du Travail CCCE Caisse centrale de coopération CICA : Caisse ivoirienne d’épargne et de crédit agricole CMEC : Caisse mutuelle d’épargne et de crédit CREP : Caisse rurale d’épargne et de prêt CME : Centre des métiers d’électricité IFDC Centre international de développement des engrais CIDR : Centre international de développement et de recherche CNM Commission nationale pour la micro finance CEMAC Communauté Economique des Etats de l`Afrique Centrale CEDEAO Communauté Economique des Etats de l`Afrique de l`Ouest CEE Communauté Economique Européenne ACCU Confédération des coopératives d’épargne et de crédit d’Asie COOPEC Coopérative d’épargne et de crédit COOPECA : Coopérative d’épargne et de crédit d’Abobo CFCC : Coopérative financière de la communauté Chrétienne CMS : Crédit mutuel du Sénégal DSRP : Document de stratégie de la réduction de la pauvreté ENSEA : Ecole nationale supérieure de statistique et d’économie appliquée FECECAM : Fédération des caisses d’épargne et de crédit agricole mutuelle du bénin FONGS Fédération des Organisations Non Gouvernementales FUCEC : Fédération des unions coopératives d’épargne et de crédit du Togo FENACOOPEC : Fédération nationale des coopératives d’épargne et de crédit de Côte d’Ivoire FIDES Fonds d’Investissement pour le Développement Economique et Social FIPE - CI : Fonds d’investissement pour le personnel enseignant de Côte d’Ivoire FIDA Fonds international de développement agricole FIDRA Fonds ivoirien pour le développement de la retraite active
  • 4. FLEC : Fonds local d’épargne et de crédit FMI Fonds Monétaire International FCFA : Franc de la communauté financière africaine IPH Indicateur de Pauvreté Humaine IDH Indice de Développement Humain PPTE Initiative Pays Pauvres Très Endette IRD : Institut de recherche pour le développement IMF Institution de micro financement IFS : Institution financière spécialisée ICEF : International de conseil, d’étude et ne formation MINAGRA : Ministère de l’agriculture et des ressources animales MUTAS : Mutuelle d’action sociale MUCREFAB : Mutuelle de crédit et d’épargne des femmes d’Aboisso MUCREFBO : Mutuelle de crédit et d’épargne des femmes de Bouaflé MUCREF - DAL Mutuelle de crédit et d’épargne des femmes de Daloa NEPAD Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique OMD Objectifs du Millénaire pour le développement ONPR : Office national pour la promotion rurale ONU Organisation des Nations Unies OMC Organisation Mondiale du Commerce ONG : Organisation non gouvernementale OP Organisation Professionnelle OPA : Organisation Professionnelle agricole PFR Plan Foncier Rural PIB : Produit Intérieur brut PLB : Produit local brut PNB Produit National Brut PAM Programme alimentaire mondial PARMEC : Programme d’appui à la réglementation des mutuelles, d’épargne et de crédit ECOLOC : Programme de la relance des "économies locales" en Afrique de l’ouest PNUD Programme des Nations Unies pour le Developpement CAADP Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique CAADP Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique PNGTER : Projet national de gestion des terroirs et d’équipement rural RCMEC : Réseau des caisses mutuelles d’épargne et de crédit RCPB : Réseau des caisses populaires du Burkina ROPPA Réseau des Organisation Professionnelle en Afrique SODEFOR Société de Développement des Forets SMEC structures mutualistes d'épargne et de crédit SFD : Système financier décentralisé FVD Une propriété en faire-valoir direct UEMOA : Union économique et monétaire ouest africaine UNACOOPEC - CI : Union nationale des coopératives d’épargne et de crédit de Côte d’Ivoire USAID : United states agence for international developement VIH/SIDA : WOCCU : Virus de l’Immuno Déficience humaine du syndrome immunodéficitaire acquis Conseil mondial des coopératives d’épargnes et de crédit
  • 5. INTRODUCTION Depuis l’apparition des êtres vivants sur terre, la préoccupation majeure a été et demeure la satisfaction des besoins alimentaires. Chez les hommes, après des périodes où l’on se nourrissait grâce à la cueillette, la nécessité de production va s’imposer par le simple fait que les fruits de la nature n’étaientsoit pas suffisants, soitpas disponibles tout le temps, soit pas renouvelables. L’activité agricole, donc l’agriculture, va se développer au fil du temps et s’amplifier lorsque d’autres besoins tels que les besoins monétaires vont faire leur apparition. Les besoins de nourriture commandent la cueillette et dans une certaine mesure, l’activité de production. Les besoins monétaires s’imposent car il faut bien assurer la scolarité des enfants, faire face aux soins de santé de la famille, cotiser pour la construction des écoles, participer aux frais de réparation des pompes villageoises, etc. Ces besoins se font d’ailleurs de plus en plus pressants en raison de l’aspiration légitime des paysans à plus de confort. En bref, les activités de production dégageant des surplus sont appelées à se développer. L’Afrique possède une grande variété de zones agro-écologiques, qui vont des forêts ombrophiles marquées par deux saisons des pluies à une végétation relativement clairsemée, sèche et aride, arrosée une fois l’an. Si cette diversité constitue un énorme atout, elle représente tout de même un grand défi pour le développement agricole de l’Afrique. D’une part, elle offre un immense potentiel en termes de denrées et produits agricoles susceptibles d’être produits et commercialisés sur les marchés intérieurs et extérieurs. D’autre part, cette diversité exclut toute solution générale aux problèmes que pose le développement agricole sur l’ensemble du continent. Par conséquent, la programmation et la mise en œuvre d’interventions dans ce secteur doivent être adaptées aux conditions propres à chaque zone agro-écologique et à la situation socioéconomique des ménages ruraux vivant dans les différents pays du continent. Au cours des trois dernières décennies, les gains de productivité agricole en Afrique ont été obtenus dans une large mesure par une expansion continue des cultures pluviales, en particulier, les cultures vivrières, sur des terres de plus en plus marginales et/ou par la réduction des périodes traditionnelles de jachère entre deux cycles de culture. Soumis à la forte pression démographique, les ménages ruraux ont été contraints d’adopter des pratiques agricoles qui assurent leur survie. Malheureusement, les stratégies de sécurité alimentaire des ménages n’ont pas accordé beaucoup d’importance à l’accroissement de la productivité des exploitations agricoles par l’intensification du rendement par parcelle de terre cultivée – c’est-à-dire par l’accroissement du rendement des cultures à l’hectare. Hormis l’agriculture commerciale qui couvre une gamme relativement restreinte de cultures, l’utilisation d’intrants agricoles, c’est-à-dire de semences améliorées, d’engrais inorganiques, d’insecticides et de pesticides, est nettement moins répandue en Afrique que dans les autres régions en développement du monde. Souvent, la quantité d’engrais inorganique utilisée à l’hectare est inférieure à dix kilogrammes de nutriments. Pour l’heure, l’utilisation des produits agrochimiques et/ou de techniques de lutte intégrée contre les maladies végétales et les parasites reste largement limitée aux cultures d’exportation.
  • 6. L’expansion continue des cultures s’est faite aux dépens des autres systèmes d’utilisation des ressources naturelles. L’une des conséquences de ce phénomène a été la destruction rapide des ressources forestières par le défrichement et la surexploitation des terres aux fins de production de bois de feu et d’autres utilisations domestiques. Un autre effet plus subtil de cette situation est la détérioration des systèmes de transhumance du bétail, provoquée par l’utilisation à des fins de culture de superficies de plus en plus étendues de terres autrefois réservées au pâturage de saison sèche. La surexploitation des ressources halieutiques constitue un problème grave quand les ressources communautaires sont exploitées pour générer des profits personnels. L’absence de dispositions réglementaires appropriées et, lorsqu’elles existent, leur mauvaise application, ont eu pour conséquence directe la baisse actuelle du volume des prises et compromettent sérieusement les chances d’une reconstitution suffisante des stocks de poisson à l’avenir. On ne soulignera jamais assez l’importance de l’agriculture pour l’avenir économique de l’Afrique. Plus de 65 % des quelque 750 millions d’habitants de l’Afrique subsaharienne travaillent dans l’agriculture, et le secteur est à l’origine de plus du quart du produit intérieur brut dans la plupart des pays. Les produits agricoles représentent environ 20 % des échanges commerciaux internationaux de l’Afrique et constituent l’une des principales sources de matières premières pour l’industrie. Conscients de cette importance, les partisans du plan de développement du continent, le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), ont publié en 2003 le Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique (CAADP). Ses objectifs sont ambitieux atteindre des taux de croissance de 6 % par an dans les zones rurales d’ici à 2015, intégrer et dynamiser les marchés agricoles régionaux et nationaux, augmenter considérablement les exportations agricoles, faire de l’Afrique un “acteur stratégique” à l’échelle mondiale dans le domaine des sciences et technologies agricoles, adopter des techniques adéquates de gestion de l’environnement et des terres et réduire la pauvreté en milieu rural. Le plan comprend quatre domaines prioritaires ou grands axes d’investissement visant à revitaliser l’économie rurale : − accroître la superficie des terres agricoles irriguées en Afrique et améliorer la gestion des terres et les techniques agricoles afin de préserver et d’améliorer la qualité des sols − investir dans les infrastructures rurales, notamment des routes et chemins de fer, des sites de stockage et de traitement, des marchés, des systèmes de communication et des réseaux d’approvisionnement fiables pour les agriculteurs − faire de la production alimentaire une priorité importante, pour combattre la faim et développer les exportations, et améliorer les interventions d’urgence en cas de catastrophe naturelle et de conflit − renforcer la recherche et le développement dans le domaine agricole en Afrique, notamment en ce qui concerne les méthodes technologiques et agricoles de pointe et faire bénéficier rapidement et véritablement les agriculteurs, fournisseurs et acheteurs des progrès réalisés Au vu de tout ce qui précède, il apparait de toute évidence que la question du développement agricole n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire. Pour donc continuer la réflexion, le présent document s’organise autour de six principaux axes que sont :
  • 7. − Définitions et caractérisations de quelques notions et concepts − Rappel historique et contexte de l’agriculture en Afrique subsaharienne − Enjeux de l’agriculture en Afrique subsaharienne − Caractéristiques de l’agriculture et de ses productions en Afrique tropicale − Problématiques de l’agriculture en Afrique subsaharienne − Défis à relever.
  • 8. I DEFINITIONS DE QUELQUES NOTIONS ET CONCEPTS 1.7 L’agriculture et l’agronomie 1.7.1 L’agriculture 1.7.1.1 L’agriculture au sens général L’agriculture (du latin agricultura) est un processus par lequel les hommes aménagent leurs écosystèmes pour satisfaire les besoins de leurs sociétés. Elle désigne l’ensemble des savoir-faire et activités ayant pour objet la culture des terres, et, plus généralement, l’ensemble des travaux sur le milieu naturel (pas seulement terrestre) permettant de cultiver et prélever des êtres vivants (végétaux, animaux, voire champignons ou microbes) utiles à l’être humain. L'agriculture peut être définie comme l'ensemble des travaux qui permettent la production des végétaux et des animaux utiles à l'homme. La pratique de l'agriculture suppose la transformation du milieu naturel en milieu cultural. En économie politique, l’agriculture est définie comme le secteur d’activité dont la fonction est de produire un revenu financier à partir de l’exploitation de la terre (culture), de la forêt (sylviculture), de la mer, des lacs et des rivières (aquaculture, pêche), de l'animal de ferme (élevage) et de l'animal sauvage (chasse). Dans la pratique, cet exercice est pondéré par la disponibilité des ressources et les composantes de l'environnement biophysique et humain. La production et la distribution dans ce domaine sont intimement liées à l'économie politique dans un environnement global. 1.7.1.2 L’agriculture durable L'agriculture durable (également appelée agriculture soutenable) est l'application à l'agriculture des principes du développement durable. L’agriculture durable vise à assurer la fourniture pérenne de nourriture, de bois, de fibres et d’aménités en respectant les limites écologiques, économiques et sociales qui assurent le maintien dans le temps de cette capacité de production. Il s’agit donc de faire évoluer les systèmes de production et les pratiques agricoles en prenant en compte la finitude des ressources naturelles et la nécessité de préserver les écosystèmes pour garantir durablement la rentabilité économique, le bien-être social et le respect des équilibres écologiques. Les enjeux de l’agriculture durable se retrouvent naturellement au cœur de toute réflexion prospective ou évaluative sur l’agriculture ou les politiques agricoles. 1.7.1.3 L’agriculture biologique L’agriculture biologique est une méthode de production agricole qui se caractérise par l'absence d'usage des produits de la chimie de synthèse. Elle se veut être le prolongement d'une agriculture extensive datant de plusieurs millénaires qui a été presque totalement exempte d'intrants chimiques, à l'opposé de leur utilisation massive par l'agriculture industrielle et intensive depuis le XXe siècle. Cette méthode affirme mieux respecter le vivant et les cycles naturels. Elle vise à gérer de façon globale la production en favorisant l'agrosystème mais aussi la biodiversité, les activités biologiques des sols et les cycles biologiques. Il n'existe pas de données mettant en évidence un impact environnemental de
  • 9. cette forme d'agriculture vis-à-vis de toutes les autres, pour toutes les cultures et en tous lieux, dans certains cas c'est l'inverse. Pour atteindre les objectifs du label, les agriculteurs biologiques doivent respecter des cahiers des charges et des normes qui excluent notamment l'usage d’engrais minéraux chimiques de synthèse et de pesticides de synthèse, ainsi que d'organismes génétiquement modifiés (OGM). Les agriculteurs qui pratiquent ce type d'agriculture misent, par exemple, sur la rotation des cultures, l'engrais vert, le compostage, la lutte biologique, l'utilisation de produits naturels comme le purin d'ortie ou la bactérie Bacillus thuringiensis, et le sarclage mécanique pour maintenir la productivité des sols et le contrôle des maladies et des parasites. 1.7.2 L’agronomie L'agronomie quant à elle, regroupe depuis le XIXe siècle l’ensemble de la connaissance biologique, technique, culturelle, économique et sociale relative à l'agriculture. Au sens large, elle est l'étude scientifique des problèmes physico-chimiques, biologiques et économiques que pose la pratique de l'agriculture. Au sens stricte (du grec "agros" qui veut dire champ cultivé et de "nomos" qui veut dire étude des lois), c'est l'étude des relations entre un couvert végétal cultivé et les conditions de son environnement résultant des états du milieu physique (sol, climat) et biologique (flore, faune, parasites) transformés par des techniques en vue d'établir les lois de fonctionnement de ce couvert. 1.8 L’exploitation agricole En ce qui concernel’exploitation agricole, on ne peut pas prétendre donner une définition précise car chaque exploitation a ses caractéristiques propres. Il existe, en fait, une diversité de types d'exploitations. De plus, elles varient énormément selon les époques, selon les pays, selon les régimes socio-économiques, selon les coutumes et traditions agraires de chaque groupement humain. Selon De Law, l'exploitationagricole est uneunité économique dans laquelle l'agriculteur pratique un système de production en vue d'augmenter son profit. Le système de production est la combinaison de productions et des facteurs de production (capital foncier- travail- etc.). Cette définition privilégie le profit comme mobile exclusif de l'activité agricole. Dans les agricultures traditionnelles africaines par exemple, le souci du paysan reste moins de réaliser des profits que de subsister. L'activité agricole s'apparente plus à un mode de vie qu'à une activité économique rentable.Dans les économies socialistes, le souci du planificateur est moins la recherche du profit que la réalisation du plein emploi et la rentabilité sociale de l'exploitation. Il existe une infinité de critères de classement des exploitations agricoles. On peut citer, entre autres : le marché auquel sont destinés les biens, l'appropriation du sol, les moyens de production, la superficie agricole utilisée, les revenus tirés de l'exploitation, le système de production. Nous allons développer les trios premierscritères. − Le critère du marché Le marché auquel sont destinés les produits agricoles permet de catégoriser deux grands groupes d'exploitations : les exploitations de subsistance(Elles sont généralement de petite taille. La production sert surtout à l'autoconsommation. C'est l'ensemble des polycultures de denrées alimentaires de base. Elles sont caractéristiques des économies
  • 10. autarciques peu développées où l'exploitant se préoccupe surtout de sa subsistance et de celle de sa famille. Il n'y a pas d'échange et les surplus sont stockés dans les greniers ou granges pour prévenir les périodes de famine. Dans leur forme actuelle, ces exploitations peuvent être de petites exploitations d'appoint (paysan -ouvrier, paysan -artisan) à finalité domestique dont le rôle est plus social qu'économique) et les exploitations commerciales (Ce sont des exploitations qui livrent au commerce intérieur et extérieur leurs produits. Elles produisent pour vendre. Le marché oriente les productions; les techniques de gestion pénètrent dans les fermes et le paysan devient un chef d'entreprise. Il est plus ouvert aux progrès techniques, il s'adapte rapidement aux situations nouvelles de l'évolution de la conjoncture économique. Iltravaille en technicien et pense en économiste). − Le critèred'appropriation du sol C'est de loin, le critère le plus utilisé. On distingue alors trois types d'exploitations que sont : l'exploitation individuelle, l'exploitation collective, l'exploitation en société. • L'exploitation individuelle L'exploitation individuelle est gérée par un seul exploitant. Ce type d'exploitation peut être : o Une propriété en faire-valoir direct (FVD). La terre appartient alors à celui qui la travaille. Il se charge d'organiser personnellement la production et la commercialisation de ses produits. o Le second type d'exploitation individuelle est la ferme. Ici, l'exploitant n'est qu'un fermier, c'est-à-dire un locataire de la terre que lui a cédé le propriétaire. Il exploite la terre pour son propre compte, mais est tenu chaque année de verser au propriétaire, un loyer fixe appelé fermage. o Le dernier élément est une métairie. Ici, un contrat fixe la répartition des charges et des produits entre le propriétaire et le métayer. Exemple : ‘’aboussan’’ en production cacaoyère • L’exploitation collective Elle peut prendre l'une ou l'autre des formes suivantes selon que la terre est propriété de l'Etat, d'une collectivité territoriale ou propriété d'une collectivité d'individus. 1er cas : La terre est la propriété de l'Etat. On distingue : o les exploitations agricoles des établissements publics (fermes des lycées agricoles), o les fermes d'expérimentation de certains instituts de recherches ou sociétés d'Etat, o les blocs agro-industriels implantés par l'Etat (palmier à huile, hévéa), o les plantations forestières créées et gérées par l'Etat (cas des plantations de la SODEFOR), o les réserves forestières, en régime socialiste, les fermes de l'Etat (cas de l'ex- URSS des SOVKHOZ). 2ème cas : la terre est la propriété d'une collectivité territoriale. Elle est alors mise en valeur et gérée pour le compte de la collectivité par l'intermédiaire de gestionnaires et d'ouvriers salariés. Il s'agit notamment des fermes communales ou départementales. 3ème cas : la terre est la propriété d'une collectivité d'individus.
  • 11. Ces individus, souvent des agriculteurs, exploitent la terre en commun sous forme d'une coopérative. Il s'agit en fait des coopératives de production qui peuvent prendre différentes formes spécifiques ou différentes dénominations selon les pays (exemple des KOLKHOZ en ex-URSS, et les COMBINAT en ex-YOUGOUSLAVIE et le cas des KIBBOUTZ en ISRAEL). • L'exploitation en société La terre est propriété collective d'individus regroupés en société civile. Ces individus confient à un tiers le soin de gérer l'exploitation moyennant rémunération. En fin de campagne, ils se partagent les revenus des récoltes au prorata des apports de chacun. − Le critèremoyens de production Compte tenu des moyens mis en œuvre et des facteurs de production mobilisés, on classe parfois les exploitations agricoles en petites, moyennes et grandes entreprises, mais il s'agit là d'une catégorisation artificielle et subjective. 1er cas: L'exploitation familiale traditionnelle. Elle a un caractère essentiellement familial parce que mise en valeur par l'agriculteur et sa famille. Le recours à une main-d'œuvre salariée occasionnelle, temporaire ou même permanente est limité. Les surfaces mises en œuvre sont souvent réduites. L'exploitation familiale est à la fois une unité de production, une unité sociale et une unité de consommation. La famille et l'entreprise se confondent. 2ème cas : La grande entreprise agricole. Elle constitue, essentiellement, une cellule de production de type industriel et capitaliste dont les activités sont basées sur l'échange, la recherche d'une plus grande productivité et ayant pour souci de rentabiliser les investissements. Elle est donc de grande taille et peut atteindre parfois des centaines ou des milliers d'hectares (exemples des FARMS aux USA, des LATIFUNDIA en Amérique Latine). 3ème cas : Les exploitations à temps partiel. L'augmentation de la population urbaine suite à l'exode rural et à la diminution de la population rurale, la raréfaction des terres et de la main-d'œuvre agricole, le développement des secteurs secondaires et tertiaires au détriment de l'agriculture rurale ont pour autres conséquences, le développement de l'agriculture à temps partiel; surtout si le niveau bas des revenus exige l'exercice d'autres activités. Il s'agit, en effet, d'une activité agricole exercée comme un appoint de revenu par un salarié, un commerçant, un retraité, etc. 1.9Les politiques agricoles 1.9.1 Les définitions La politique agricole décrit un ensemble de lois relatives aux domestiques de l'agriculture et les importations de produits agricoles étrangers. Les gouvernements mettent généralement en œuvre des politiques agricoles dans le but de parvenir à un résultat spécifique dans les marchés intérieurs des produits agricoles. Les résultats peuvent impliquer, par exemple, un niveau d'approvisionnement garanti, la stabilité des prix, la qualité du produit, la sélection des produits, l'utilisation des terres ou de l'emploi.
  • 12. La politique agricole se compose d’un ensemble d’interventions publiques qui portent sur l’agriculture nationale et sur les importations et les exportations de produits agricoles. Elle fixe des objectifs spécifiques dans différents domaines du secteur comme celui de l’organisation des marchés intérieurs des produits agricoles, de la sécurité alimentaire, de l’emploi agricole, de la répartition géographique des activités… En d’autres termes, une politique agricole se traduit par la définition d’un résultat spécifique et la mise en œuvre d’une combinaison d’instruments pour atteindre ce résultat. La politique agricole peut se définir simplement comme étant l’ensemble des interventions de l’Etat destinées à promouvoir et infléchir le développement agricole au nom de l’intérêt général ou de la collectivité nationale. Une politique agricole, c’est avant tout une vision pour s’accorder sur l’idée que l’on se fait de l’agriculture. S’agit-il de promouvoir la grande agriculture industrielle ou les exploitations familiales ? Une bonne politique passe forcément par la seconde option (NdiogouFall, ancien président du ROPPA). Une politique agricole doit gérer les priorités des besoins de la société, la qualité, les modes de production, dans un cadre social et écologique. (P. Nicholson, Via Campesina). Une politique agricole se compose d’un ensemble de mesures d’interventions publiques qui portent sur la production agricole nationale ou sur les importations et exportations de produits agricoles. Elle se caractérise généralement par « un ensemble de mesures réglementaires, dispositifs structurels, moyens financiers et humains interdépendants, mis en œuvre par la puissance publique pour contribuer à la progression du secteur agricole » (Ribier 2008). Les politiques agricoles concernent les actions que mène directement l’Etat au niveau de ses structures centralisées, ou au niveau des échelons décentralisées, mais aussi les actions visant à orienter le comportement des acteurs privés. Cette définition d’une politique agricole « idéale » repose sur un certain nombre de conditions qui ne sont que rarement réunies dans le contexte africain. Elle suppose : − qu’il y ait une cohérence globale tout au long du processus de politique agricole, depuis le choix de la stratégie, la formulation des objectifs spécifiques, l’identification des instruments et mesures, leur mise en œuvre et leur évaluation, et qu’il y ait une cohérence avec les autres politiques sectorielles menées (commerciale, environnementale, etc.) ; − qu’il existe des moyens inscrits dans la durée permettant de mettre en œuvre ces mesures, sans rupture dans le financement, de manière à ce que la politique soit appliquée de manière stable. En pratique, ces conditions sont loin d’être vérifiées dans bon nombre de pays africains. Les gouvernements dépendent en effet principalement des financements des partenaires au développement, dont les programmes ne recoupent parfois que partiellement les priorités définies par les Etats et s’inscrivent généralement dans une durée limitée. Les projets se succèdent ainsi les uns aux autres, empêchant la mise en place d’un modèle de développement national pour le secteur agricole. 1.9.2 Les objectifs Une politique agricole se fonde sur des préoccupations et s’emploie à relever des défis. Les objectifs des politiques agricoles sont vastes. Les politiques agricoles poursuivent plusieurs finalités, qui sont souvent complémentaires : stabiliser les prix et réguler les marchés, développer les filières agricoles, moderniser les exploitations et intensifier la
  • 13. production, soutenir le revenu des producteurs, rendre l’alimentation accessible aux populations les plus vulnérables, préserver l’utilisation durable de la terre et des autres ressources naturelles, etc. Cependant, les politiques agricoles sont évolutives et fortement influencées par le contexte. Durant la période post Indépendances, les politiques agricoles de nombreux pays africains reposaient sur une logique d’exportation de cultures de rente pour générer des revenus, et d’importations de produits alimentaires bon marché pour assurer la sécurité alimentaire des populations. Depuis le début des années 2000, avec la crise persistante des marchés des matières premières agricoles et l’augmentation du déficit des produits vivriers, on note des tentatives d’inversion de la tendance. Plusieurs politiques incluent des objectifs de souveraineté alimentaire comme l’Ecowap (politique agricole régionale de la CEDEAO) qui affirme des objectifs forts de réduction de la dépendance aux importations et d’intégration économique et commerciale équitable des exploitations agricoles sur les marchés mondiaux. Dans plusieurs pays (Sénégal, Mali), des lois d’orientation agricole ont également été votées en ce sens, offrant ainsi une vision de long terme (20 ans) pouvant servir de cadre à l’élaboration des politiques agricoles. 1.9.3 Les instruments 1.3.3.1Les généralités sur les instruments Il existe une large gamme d’instruments auxquels les gouvernements peuvent avoir recours pour atteindre les objectifs établis en matière agricole. Il existe plusieurs manières de les classer, nous utiliserons dans un premier temps une classification fréquemment utilisée, qui les regroupe selon leur nature. On distingue alors : − Les transferts publics, incluant les soutiens au prix et les soutiens au revenu, les taxes et subventions, et les politiques de stabilisation ; − La fourniture de biens et services, incluant le financement et/ou la production, ainsi que les activités de médiation ; − La réglementation incluant l’établissement et le contrôle de règles, normes et labels et la protection des droits de propriété au sens large. Cette définition permet d’élargir la vision traditionnelle des outils de politique mis en œuvre, qui s’appuient dans beaucoup de pays principalement sur des outils de transfert public (subvention des engrais, aménagement de périmètres irrigués, distribution de semences, etc.), facilement finançables et évaluables dans le cadre de projets de développement. Les instruments visant à fournir des biens et services (conseil agricole et rural, médiation au sein des filières, services de recherche, etc.) et à faire évoluer les cadres réglementaires (système de gestion et de régulation foncière, élaboration et contrôle du respect des normes sur les produits, etc.) sont souvent moins bien appréhendés alors qu’ils sont pourtant indispensables pour créer les conditions favorables au développement des investissements dans l’agriculture. Plus complexes à mettre en œuvre, ils nécessitent l’implication des acteurs non étatiques afin d’être pertinents (secteur bancaire, organisations professionnelles, industries de transformation, collectivités locales, etc.). Les grands types d’instruments de politique agricole sont : maîtrise d’œuvre directe par l’Etat, maîtrise d’œuvre déléguée à une collectivité locale, contractualisation avec une institution à but non lucratif ou une organisation professionnelle, contractualisation avec une entreprise privée, recherche agricole, conseil agricole et rural, formation agricole, systèmes d'information, assurance (récolte, climat…), protection sociale, infrastructures rurales, médiation entre acteurs, directives
  • 14. communautaires, lois et décrets d’application, arrêtés ministériels, arrêtés préfectoraux, conventions locales, normes, labels, licences, normalisation et labellisation des produits, sécurité sanitaire, protection de l'environnement, régulation des importations, protection des droits légaux sur le foncier et les ressources naturelles (accès, prélèvement, exploitation, exclusion, aliénation). Il faut ensuite détailler la façon de mettre en œuvre ces instruments, qui peuvent se traduire par une ou plusieurs mesures. Il faut alors caractériser chacune de ces mesures de manière précise en explicitant sa nature, ses modalités de mise en œuvre et son coût. Contrairement aux projets, qui ciblent souvent une zone donnée, les mesures de politique agricole doivent pouvoir s’appliquer sur l’ensemble du territoire national, selon des critères préalablement définis. Un autre élément d’information important est de savoir « qui » met en œuvre la mesure et quel est son coût de mise en œuvre (il sera très différent selon le caractère ponctuel ou récurrent de la mesure). Ce panel d’instruments permet d’appréhender l’ensemble des domaines d’action des politiques agricoles. L’expérience montre que c’est la combinaison de plusieurs de ces instruments, qui permet aux politiques agricoles d’atteindre leurs objectifs et d’obtenir les résultats attendus. Par exemple, dans le cas présenté au chapitre précédent, un des objectifs spécifiques identifiés visait à favoriser la concurrence dans l’activité d’importation des engrais, afin d’avoir des prix plus proches des prix du marché et à favoriser l’utilisation des engrais par les producteurs de maïs. L’inventaire des mesures possibles montre une grande diversité de réponses envisageables : subventionner les engrais (en ciblant les populations les plus pauvres) ; fixer un prix maximal à l’importation ; créer un monopole public d’achat ; organiser des appels d’offre pour stimuler la concurrence ; attribuer des licences d’importations à un plus grand nombre d’importateurs, etc. Toutes ces mesures n’auront cependant pas le même impact et peuvent avoir des effets secondaires négatifs. La subvention des intrants peut conduire à une politique clientéliste, l’octroi de nouvelles licences peut entraîner des phénomènes de corruption au niveau des gouvernements, la création d’un monopole public d’achat peut ne pas résoudre le problème selon le niveau de prix fixé, etc. Avant de mettre en œuvre une mesure, il est donc nécessaire de bien évaluer son impact prévisible et ses effets secondaires afin de choisir la ou les mesures les plus appropriées. 1.3.3.2 Les instruments politiques Les instruments politiques sont les subventions et les prix entre autres : 1.3.3.2.1 Les subventions Une subvention à l'agriculture est une subvention gouvernementale versée aux agriculteurs. Les conditions de paiement et les raisons pour lesquelles les subventions individuelles spécifiques varient avec des produits agricoles, de la taille de la ferme, la nature de la propriété, et le pays, entre autres facteurs. Enrichir les agriculteurs d'arachide à des fins
  • 15. politiques, le maintien du prix d'une faible base pour maintenir les pauvres de se rebeller, la stabilisation de la production d'une culture pour éviter années de famine, en encourageant la diversification et de nombreuses autres fins ont été proposées comme la raison de subventions spécifiques. Subventionner l'agriculture peut encourager les gens à rester sur les terres et d'obtenir quelques revenus. Ce pourrait être pertinent pour un pays du tiers monde avec des paysans nombreux, mais aussi pour d'autres pays développés tels que la Pologne. Ces pays ont un taux de chômage très élevé et disposent de nombreuses terres. Ils pourront conserver une part importante de leurs productions pour l’alimentation de leurs populations en augmentation. Certains affirment que pour des raisons de sécurité nationale, les nations ont intérêt à garantir suffisamment la capacité de production nationale pour répondre aux besoins nationaux en cas de rupture d'approvisionnement mondiale. Dépendance significative à l'étranger des producteurs d'aliments rend un pays stratégiquement vulnérables en cas de guerre, blocus ou embargo. Le maintien adéquat des capacités nationales permettant l'autosuffisance alimentaire qui diminue les risques de chocs d'offre en raison d'événements géopolitiques est à encourager. Les politiques agricoles peuvent être utilisées pour soutenir les producteurs nationaux à mesure qu'ils acquièrent des parts de marché nationales et internationales. Cela peut être un moyen à court terme d'encourager une industrie jusqu'à ce qu'il soit assez grand pour prospérer sans aide. Ou il peut être une subvention en cours visant à permettre à un produit pour concurrencer avec ou inférieurs concurrence étrangère. Cela peut produire un gain net pour un gouvernement, malgré le coût des interventions, car il permet à un pays à construire une industrie d'exportation ou de réduire les importations. Il contribue également à former la fourniture des nations et la demande du marché. Fermes ou terrains non aménagés composent la majorité des terres dans la plupart des pays. Les politiques peuvent encourager certaines utilisations des terres plutôt que d'autres dans l'intérêt de la protection de l'environnement. Par exemple, les subventions peuvent être accordées pour des méthodes agricoles notamment, le reboisement, le défrichement des terres, ou de dépollution. 1.3.3.2.2 Les prix Un prix plancher (prix minimum) et un prix plafond (prix maximum) sont fixés pour un produit. Le contrôle des prix encourage la production par un prix plancher ou par un prix plafond. Un gouvernement peut ériger des barrières commerciales pour limiter la quantité des marchandises importées (dans le cas d'une quote-part) ou à adopter des tarifs d'augmenter le prix intérieur des produits importés. Ces obstacles donnent la préférence aux producteurs nationaux. Le contrôle des prix peut également être utilisé pour aider les citoyens pauvres. De nombreux pays ont utilisé cette méthode de l'aide sociale car elle fournit la nourriture bon marché pour les plus pauvres, sans la nécessité d'évaluer les gens pour leur donner une aide financière.
  • 16. 1.3.3.3 Les instruments économiques, sociaux et environnementaux Desaides peuvent être faites aux agricultures protectrices de l’environnement. En effet, la théorie du Bien-être économique soutient que, parfois, les activités privées peuvent imposer des coûts sociaux aux autres. L'agriculture industrielle est largement considérée comme imposant des coûts sociaux par l’utilisation des pesticides et la pollution par les nitrates. En outre, l'agriculture utilise de grandes quantités d'eau, une ressource rare. Certains économistes font valoir que les impôts doivent être prélevés sur l'agriculture, ou que l'agriculture biologique, qui utilise des pesticides et des expériences qui provoquent relativement peu d'écoulements de nitrate, devraient être encouragées par des subventions. Aux États-Unis, 65% des quelques 16,5 milliards de dollars de subventions annuelles sont allés aux 10% d’agriculteurs en 2002 parce que les subventions sont liées à certaines marchandises. D'autre part, l'agriculture biologique a reçu 5 millions de dollars pour aider à la certification et 15 millions de dollars pour la recherche sur une période de 5 ans. Certains préconisent les règles du commerce équitable afin d'assurer que les agriculteurs pauvres des pays en développement qui produisent des cultures essentiellement pour l'exportation ne sont pas exploités ou concurrencées - qui préconise envisager une dangereuse «course vers le bas» dans le travail agricole et les normes de sécurité. Les opposants soulignent que la plupart de l'agriculture dans les pays développés est produite par des sociétés industrielles (agroalimentaire) qui sont à peine dignes de sympathie, et que l'alternative à l'exploitation est la pauvreté. 1.3.3.4 Les instruments commerciaux Le dumping des excédents agricoles fait partie de ces instruments. Dans le jargon du commerce international, quand une entreprise d'un pays A vend une marchandise en dessous du coût de production dans le pays B, c'est ce qu'on appelle " le dumping ". Un certain nombre de pays qui sont signataires d'accords commerciaux multilatéraux ont des dispositions qui interdisent cette pratique. Quand les pays riches subventionnent la production intérieure, de la production excédentaire est souvent donnée au monde en développement que l'aide étrangère. Ce processus élimine le marché national des produits agricoles dans le monde en développement, car les produits peuvent être obtenus gratuitement à partir des agences d'aide occidentales. Dans les pays en développement où ces effets sont plus graves, les petits paysans ne pouvaient plus payer les intrants de base et ont été contraints de vendre leurs terres. Considérons des agriculteurs du Ghana qui ont l'habitude de produire un type de riz. Il y a plusieurs années, le Ghana a été en mesure de nourrir et d'exporter leurs surplus. Maintenant, ce sont les importations de riz des pays développés. Parce que cela revient moins cher. Même si cela coûte aux producteurs de riz dans le monde développé beaucoup plus pour produire le riz, il n'a pas à tirer profit de sa récolte. Le gouvernement lui verse des subventions, donc ils peuvent le vendre moins cher au Ghana ; chose que les agriculteurs du Ghana ne peuvent pas se permettre. Selon l’Institut pour l'agriculture et la politique commerciale, le maïs, le soja, le coton, le blé et le riz sont vendus en dessous du coût de production, ou dans une déchetterie. Taux de dumping sont environ quarante pour cent pour le blé, entre vingt-cinq pour cent et trente pour le maïs (maïs), environ trente pour cent pour le soja, cinquante-sept pour cent pour le coton, et
  • 17. environ vingt pour cent pour le riz. Par exemple, le blé est vendu pour quarante pour cent inférieur au coût. Selon Oxfam, "Si les pays développés décident d'éliminer les programmes de subvention, la valeur des exportations de l'agriculture dans les pays développés serait augmentation au moins de 24%, plus un autre 5,5% de l'équilibre tarifaire. Les exportateurs peuvent offrir des excédents américains pour la vente à des prix près de la moitié du coût de production; détruire l'agriculture locale et de créer un marché captif dans le processus ". Les défenseurs du libre-échange volonté de l'élimination de tous les mécanismes de distorsion du marché (subventions, tarifs, règlements) et affirment que, comme avec le libre- échange dans tous les domaines, cela se traduira par des avantages globaux pour tous. Cette position est particulièrement populaire dans les pays exportateurs agricoles compétitifs tant dans le monde développé et en développement, dont certains se sont regroupés dans le Groupe de Cairns hall. Canada Ministère de l'Agriculture estime que les nations en développement bénéficieraient d'environ 4 milliards de dollars si les subventions dans les pays développés ont diminué de moitié. − Les droits de douane − La gestion du taux de change − Les quotas d’importations et d’exportations − Les programmes de soutien par produit − Les subventions aux exportations − L’aide à l’investissement à long terme − Les barrières sanitaires et phytosanitaires − Les subventions aux intrants et les exonérations d’impôts 1.3.3.5 Les instruments agronomiques et technologiques Beaucoup de pays en développement ne produisent pas assez de nourriture pour nourrir leurs propres populations. Ces nations doivent acheter de la nourriture provenant d'autres pays. La baisse des prix et de la nourriture gratuite à sauver la vie de millions de personnes qui mouraient de faim, malgré la baisse des ventes de produits alimentaires des agriculteurs locaux. Une nation en développement pourrait utiliser de nouvelles méthodes agricoles améliorées pour produire davantage de nourriture, le but ultime de nourrir leur nation sans aide extérieure. Arbres à croissance rapide hybrides pour l'ombre rapide, contrôle de la température intérieure, l'isolation à effet de serre ou la tente, la construction autonome de jardins, les lampes solaires, mylar, des ventilateurs et d'autres technologies bon marché peuvent être utilisées pour cultiver des plantes sur les terres précédemment non arables (rocheuses, montagneuses, désert, etc. Plus de nourriture peuvent être cultivées, en réduisant la dépendance des autres pays. Les cultures de remplacement peuvent aussi faire des nations agricoles indépendantes. Le sucre, par exemple, provient de la canne à sucre importé de la Polynésie. Au lieu d'acheter du sucre à partir de la Polynésie, une nation peut faire du sucre à partir de la betteraves à sucre, la sève d'érable, ou d'édulcorant de stévia végétales, en gardant les bénéfices circulant dans l'économie du pays. Le papier et les vêtements peuvent être faits de chanvre au lieu d'arbres et de coton. Les aliments tropicaux ne poussent pas dans de nombreux endroits en Europe, mais ils vont grandir dans des serres ou des tentes isolées en Europe. La cellulose
  • 18. végétale de soja peut remplacer le plastique (fabriqué à partir d'huile). L’éthanol à partir de déchets agricoles ou de l'huile de chènevis peut remplacer l'essence. Les rainforest plantes médicinales cultivées localement peuvent remplacer de nombreux médicaments importés. Les suppléants des cultures de rente, comme le remplacement de sucre et d'huile, peut réduire la dépendance des agriculteurs sur les subventions dans les pays développés et en développement. Les interventions sur le marché peuvent augmenter le coût pour les consommateurs pour les produits agricoles, soit par la richesse cachée-transferts via le gouvernement, ou l'augmentation des prix au niveau du consommateur, comme pour le sucre et les arachides aux États-Unis. Cela a conduit à des distorsions du marché, tels que les transformateurs d'aliments à haute teneur en fructose en remplacement du sucre. Le sirop de maïs riche en fructose peut être un additif alimentaire malsain, et, les prix du sucre n’ont pas gonflé par un décret gouvernemental, le sucre pourrait être préféré au sirop de fructose de maïs sur le marché. 1.3.4 Les différents acteurs concernés Les différents acteurs concernés par une politique agricole sont : − L’Etat − Les producteurs (Paysans, OPA, transformateurs, exportateurs, commerçants) − Les consommateurs − Les Organisations internationales et les accords L’Accord agricole de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a pour objectif de faciliter les échanges agricoles et de s’assurer que les instruments de politiques qui ont un impact sur le commerce n’entravent pas ces échanges. Il s’articule autour de trois piliers : les mécanismes de protection aux frontières, les subventions à l’exportation, et les politiques de soutien au secteur agricole qui, en appuyant la production ou les prix, ont un impact indirect sur le commerce. La boite verte contient les mesures qui n’ont pas d’effet de distorsion sur les échanges : programmes de service public (formation, recherche, infrastructures, stocks de sécurité alimentaire, etc.), versements directs aux producteurs non liés au volume de production, programmes de protection de l’environnement. Le montant de ces aides peut augmenter, car elles ne sont pas considérées comme ayant un effet incitatif sur la production. La boîte bleue contient les mesures tolérées constituées d’aides qui ne sont pas liées directement à la production (elles sont « découplées »). Ce système permet essentiellement aux Etats-Unis et à l’Union Européenne de gérer la transition entre leur politique de soutien par les prix et de soutien direct aux producteurs. Ces aides ne peuvent pas augmenter. La boîte orange contient des mesures de soutien aux prix ou qui visent à maintenir des prix élevés. Les pays sont obligés de réduire ce type d’aides, mais la plupart des pays d’Afrique sub-saharienne les avaient déjà diminuées, voire supprimées, avec les plans d’ajustement structurels. Un dispositif spécial, appelé « clause de minimis », permet cependant de poursuivre certains soutiens dans la limite de 10% de la valeur des produits concernés (pour les investissements ciblés) ou de la production agricole totale du pays (pour les soutiens non spécifiques), à condition que ces pays aient notifié des soutiens « boîte orange » au moment de la signature de l’Accord sur l’Agriculture (ceux qui n’en ont pas notifié ne peuvent plus en réintroduire).
  • 19. A l’accord sur l’Agriculture de l’OMC s’ajoutent souvent d’autres accords internationaux qui engagent les pays en développement, comme les accords commerciaux existants entre pays d’un même espace économique (application d’un tarif extérieur commun au niveau de l’UEMOA, de la CEDEAO, de la CEMAC, etc.). Les outils de politique agricole régulés par l’OMC sont : − Accès au marché − Subvention aux Soutien interne − exportations Boîte orange Boîte bleue Boîte verte − Droits de douane fixes − Prélèvements variables − Prix minimum d’importation − Quotas d’importations − Normes phytosanitaires et sanitaires − Subventions aux exportations − Entreprises d’Etat pour l’import-export − Crédits à l’exportation − Vente de stocks à perte − Aide à la commercialisation − Prix garanti − Compléments de prix versés aux producteurs liés à la production − Subvention à l’achat d’intrants − Aides aux investissements − Aides versées sous réserve de limitation de la production − Mécanismes de garantie de revenu au titre d’évènements exceptionnels (crise de marché, catastrophe,…) − Fourniture ou subvention de crédit agricole − Assurance récolte − Financement de la vulgarisation − Financement de la formation − Financement de la recherche − Financement de services de protection des végétaux − Financements de services de santé animale − Financement d’infrastructures collectives (irrigation, drainage, stockage, abattoir…) − Définition de normes et réglementations − Programmes de protection de l’environnement − Stocks de sécurité alimentaire 1.3.5 Processus d’élaboration d’une politique agricole 1.3.5.1 L’identification des principales contraintes L’élaboration d’une politique agricole nécessite une analyse fine du secteur agricole et de ses principales contraintes. Le choix des questions prioritaires à traiter doit se justifier au regard de stratégies nationales (diversification des productions, bon fonctionnement des marchés locaux, équilibre de la balance commerciale, réduction de la pauvreté, etc.), ainsi que
  • 20. de la place du ou des produits concernés dans l’économie nationale (contribution au PIB, place dans l’alimentation des ménages, contribution aux exportations, nombre de producteurs, etc.). Il s’agit ensuite d’analyser les problématiques à traiter et de remonter à leur source jusqu’à arriver à un niveau qui relève du domaine de responsabilité des pouvoirs publics (fourniture de biens publics ou de biens communs) ou qui traduit une défaillance de marché (marché incomplet, situation de concurrence imparfaite, externalités, etc.). Elaborer une politique agricole consiste principalement à effectuer des choix stratégiques et opérationnels. La définition des orientations stratégiques implique d’identifier les domaines d’action prioritaires, les productions à encourager, les importations qui posent problème, etc. Pour cela, il est nécessaire de prendre en compte les contraintes actuelles à la production (agro-écologiques notamment), ainsi que les projections faites sur ces contraintes et sur les défis à relever (croissance démographique par exemple). La qualité des services statistiques est à cet égard essentielle. Mais les choix stratégiques résultent aussi, et surtout, de processus de négociation entre les différents acteurs intervenant dans l’agriculture (administrations, collectivités territoriales, organisations de producteurs, organisations non gouvernementales, opérateurs privés, bailleurs de fonds). L’enjeu est de rechercher des compromis entre des demandes sociales et des intérêts parfois contradictoires, qui doivent idéalement être acceptés par tous et aller dans le sens de l’intérêt collectif. Les choix stratégiques se déclinent ensuite en actions dans chacun des domaines retenus. Pour que la politique agricole soit vraiment opérationnelle, il importe de hiérarchiser les priorités, définir les mesures concrètes, les modalités d’intervention et les instances de mise en œuvre (rôles et responsabilités de chacun des acteurs) ; ce que ne font pas souvent les multiples documents (plans, programmes…) qui fixent le cadre des actions. Les arbitrages budgétaires doivent également permettre de planifier sur la durée les moyens nécessaires à la mise en œuvre des actions. La prise en compte des engagements régionaux, bilatéraux et à l’OMC est une étape importante dans la définition d’une politique agricole. Elle doit assurer la conformité de la politique avec les engagements et les règles multilatérales. Mais ces règles ne sont pas immuables, elles se négocient en permanence. Il apparaît donc judicieux de définir d’abord l’orientation nationale avant de prendre en compte les contraintes externes, et ainsi de donner la priorité aux intérêts nationaux. A chaque stade de l’élaboration de la politique agricole, la concertation avec les professionnels de l’agriculture et avec la société civile dans son ensemble est essentielle. Elle permet de s’assurer que la politique sera acceptée et prise en compte par les acteurs et qu’elle répond à leurs besoins ; elle est un gage de son efficacité. Plus les acteurs sont organisés et en capacité de faire entendre leur voix et de défendre leurs intérêts, plus le processus de concertation est lui-même efficace. Le temps est alors une donnée primordiale dans l’élaboration d’une politique agricole concertée. 1.3.5.2 La participation de tous les acteurs concernés
  • 21. Le diagnostic des problèmes et l’identification des objectifs spécifiques doivent résulter d’une analyse rassemblant toutes les parties prenantes. L’enjeu est en effet de trouver des compromis qui permettent de ne délaisser aucune catégorie d’acteurs (producteurs, consommateurs, transformateurs, importateurs, etc.) et d’aller dans le sens de l’intérêt collectif. Au niveau régional, l’implication des organisations de producteurs dans l’élaboration de l’Ecowap est un exemple en la matière. Intégré dès le départ dans les instances de réflexion, le ROPPA a ainsi pu faire valoir sa vision et peser dans les choix et priorités qui ont été définis, notamment en termes de protection commerciale (ajout d’une 5e bande au TEC CEDEAO, mise en place d’une taxe de sauvegarde aux importations, etc.) 1.3.5.3 La définition des priorités d’action Chaque problème identifié est ensuite traduit en objectif spécifique. Par exemple, dans le cas précédent, les objectifs spécifiques deviennent : fournir des services de vulgarisation accessibles, fournir des informations fiables sur la qualité des engrais, mettre en place des mécanismes de financement pour l’achat des engrais, fournir des infrastructures routières, de stockage, améliorer le système d’information sur les demandes de marché, favoriser la concurrence dans l’activité d’importation des engrais, etc. La formulation des objectifs n’est pas toujours assez précise. Les buts à atteindre sont parfois mentionnés de manière vague, sans fixer de valeur précise (par exemple augmenter la productivité, sans préciser dans quelle proportion, ou encore améliorer la commercialisation, sans fixer d’objectif quantifié). Il est donc important d’être vigilant sur la quantification des objectifs, afin qu’ils aient un sens opérationnel et ne soient pas qu’une vague déclaration d’intention. 1.3.5.4 La concertation et la négociation des compromis Toute politique résulte nécessairement de choix qui portent aussi bien sur les objectifs prioritaires d’action, que sur les instruments à mettre en place et les moyens alloués pour atteindre les objectifs attendus.Une politique résulte donc d’une suite de négociations, qui se trament à différentes échelles, avec une implication plus ou moins forte des organisations de producteurs. En fonction des enjeux en présence et des rapports de force entre les différentes parties prenantes (poids des lobbys agroindustriels, pouvoir d’influence et de mobilisation des OP), ces dernières auront donc un poids variable dans les décisions qui seront prises. 1.3.5.5 Les différents niveaux de négociation On peut regrouper en 4 grands types les négociations à l’œuvre dans la définition des politiques publiques : − La négociation au sein d’une filière : elle résulte d’un dialogue entre acteurs publics et acteurs privés, parfois organisés en interprofessions, et concerne spécifiquement un produit donné (ex : subvention du prix de l’arachide) ; − La négociation au sein d’un secteur : elle touche spécifiquement aux questions agricoles mais concerne l’ensemble des produits et producteurs (ex : conditions d’accès au crédit de moyen terme) ;
  • 22. − La négociation intersectorielle : les choix de politiques agricoles ont parfois un impact bien plus large que sur le seul secteur agricole et nécessitent de dégager des compromis dans le sens de l’intérêt collectif (ex : réforme foncière) ; − La négociation internationale : la politique se négocie aussi à l’extérieur du pays dans des enceintes internationales telles que l’OMC ou les espaces économiques régionaux (ex : niveau des droits de douane sur les produits agricoles). 1.10 La pauvreté La pauvreté est l'insuffisance de ressources matérielles, comme la nourriture, l’accès à l’eau potable, les vêtements, le logement, et des conditions de vie en général, mais également de ressources intangibles comme l’accès à l’éducation, l’exercice d’une activité valorisante, le respect reçu des autres citoyens. Des analyses économiques et des débats portent sur la mesure de la pauvreté, ses causes, et les moyens à mettre en œuvre pour réduire cette pauvreté La pauvreté peut toucher des personnes isolées ou des groupes et populations entières ; elle touche principalement les pays en développement, mais elle existe également dans les pays développés. Les États mènent des politiques d’aide aux pays pauvres (économie du développement) et, pour leurs propres citoyens, mettent en place des programmes d’aide sociale pour réduire ou supprimer la pauvreté.La pauvreté est généralement considérée comme un phénomène multidimensionnel et multifactoriel. La dimension pécuniaire est la plus fréquemment prise en compte. La pauvreté pécuniaire est le manque d'argent, entraînant les difficultés, pour se nourrir, s'habiller, se loger. La pauvreté pécuniaire ou de revenu résulte d'une insuffisance de ressources, et est estimée au moyen de seuils de pauvreté (un individu est considéré comme pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté choisi). Différentes définitions de ces seuils existent ; les pays développés utilisent généralement des seuils relatifs, alors que la pauvreté dans les pays en développement est estimée au moyen de seuils de pauvreté absolus. Cette évaluation de la pauvreté, du fait de sa simplicité, est couramment utilisée pour définir les individus pauvres et mesurer le taux de pauvreté d'une population. Selon l'approche absolue, le seuil est fixé, depuis les travaux de Seebohm Rowntree en 1901, en fonction d'un panier de biens alimentaires et non alimentaires nécessaires à la survie quotidienne (2400 calories par jour pour la pauvreté et 1800 pour l'extrême pauvreté). Les biens non alimentaires comprennent l'habillement, le transport, l'hygiène, l'eau et l'énergie. Les États-Unis et le Canada ont recours à la mesure absolue de la pauvreté. Selon l'approche relative, le seuil est fixé par rapport à la distribution des niveaux de vie de l'ensemble de la population, avec comme référence le revenu médian (le revenu médian est le revenu séparant la population en deux, c'est-à-dire que la moitié de la population a un revenu plus élevé, et la moitié un revenu inférieur). Ces deux mesures dévoilent deux regards sur le problème de la pauvreté, deux approches politiques que l'on pourra en première approche qualifiées de socialiste et de libérale. A travers le prisme socialiste, la pauvreté pose avant tout un problème d'exclusion ; l'homme ne se réalise qu'au sein de rapports sociaux et les inégalités de richesse sont des sources de discrimination. La vision libérale donne elle la primauté à l'individu, l'important étant la satisfaction de ses besoins fondamentaux.Outre la dimension pécuniaire, la pauvreté s'exprime sous des dimensions regroupées sous le terme de
  • 23. « pauvreté humaine ». Il s'agit des dimensions sanitaire, éducationnelle, sociale, culturelle, et politique de la pauvreté. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a créé en 1990 l’indice de développement humain, puis deux indicateurs synthétiques de pauvreté : l'IPH-1 et l'IPH-2 (Indicateur de Pauvreté Humaine). Ces indicateurs sont très corrélés.La pauvreté des potentialités ou des capacités exprime le manque de moyens permettant de sortir de la pauvreté. Les estimations de la pauvreté dépendent des définitions utilisées. Ainsi, d’après le Programme des Nations unies pour le développement, les pays où la pauvreté est la plus forte sont des pays d’Afrique, en particulier les pays les moins avancés. Les indicateurs du PNUD permettent d’établir des comparaisons entre pays ; ainsi, vers 2005, le Tchad est le pays où la pauvreté humaine est la plus forte et la Sierra Leone est le pays où le développement humain est le plus faible ; l’Islande est le pays à plus grand développement humain et la Suède à plus faible pauvreté humaine. En 2008, la Banque mondiale a fixé à 1,25 dollar américain par jour le seuil de pauvreté international, contre un dollar précédemment. Le nouveau seuil représente le seuil de pauvreté moyen des 10 à 20 pays les plus pauvres. Selon ce nouveau critère, 1,4 milliard de personnes dans le monde en développement vivent avec moins de 1,25 dollar par jour en 2005, contre 1,9 milliard en 1981. Le taux de pauvreté mondial a été divisé par deux (de 52 % à 26 %), mais il est stable en Afrique subsaharienne (50 %). Pour les pays à revenu intermédiaire, la Banque mondiale trouve plus indiqué de fixer le seuil de pauvreté à 2 dollars par jour, ce qui donne un total de 2,6 milliards de personnes sous ce seuil. Selon le seuil de pauvreté de 1 dollar par jour en PPA 1985, la majorité des pauvres se trouvent en Asie du Sud (39%), Asie de l'Est (33%) et en Afrique sub-saharienne (17%). Les pays comptant plus de la moitié de leur population sous le seuil de pauvreté sont: Guatemala, Guinée-Bissau, Inde, Kenya, Lesotho, Madagascar, Népal, Niger, Sénégal, et Zambie. 1.11 Croissance La croissance économique désigne l'augmentation de la production de biens et de services dans une économie sur une période donnée, en particulier sur une période longue. En pratique, l'indicateur utilisé pour la mesurer est le produit intérieur brut ou PIB. Il est mesuré « en volume » ou « à prix constants » pour corriger les effets de l'inflation. Le taux de croissance, lui, est le taux de variation du PIB. On utilise la croissance du PIB par habitant comme indication de l'amélioration duniveau de vie. La croissance est un processus fondamental des économies contemporaines, lié à la révolution industrielle et à la notion de progrès. Elle transforme la vie des individus en leur procurant davantage de biens et services. À long terme, le niveau de vie des individus (distinct de la qualité de vie) dépend uniquement de cette croissance. De même, l'enrichissement qui résulte de la croissance économique peut permettre de faire reculer la misère matérielle. Si, dans le langage courant, on emploie souvent le terme de « croissance » dans le cadre d'évolutions à court terme, les économistes l'utilisent conventionnellement pour décrire une augmentation de la production sur le long terme. Selon la définition de François Perroux,
  • 24. la croissance économique correspond à « l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en termes réels. A court terme, les économistes utilisent plutôt le terme d'« expansion », qui s'oppose à « récession », et qui indique une phase de croissance dans un cycle économique. La croissance potentielle estime l'écart entre la croissance mesurée et celle qui serait obtenue avec une pleine utilisation de tous les facteurs de production ; cet écart est minimal au plus fort d'une expansion. Au sens strict, la croissance décrit un processus d'accroissement de la seule production économique. Elle ne renvoie donc pas directement à l'ensemble des mutations économiques et sociales propres à une économie en développement. Ces transformations au sens large sont, conventionnellement, désignées par le terme de développement économique. Selon François Perroux, « le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rend apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global. Le terme de « croissance » s'applique alors plus particulièrement aux économies déjà développées. La croissance économique est généralement mesurée par l'utilisation d'indicateurs économiques dont le plus courant est le Produit intérieur brut. Il offre une certaine mesure quantitative du volume de la production. Afin d'effectuer des comparaisons internationales, on utilise également la parité de pouvoir d'achat, qui permet d'exprimer le pouvoir d'achat dans une monnaie de référence. Pour comparer la situation d'un pays à des époques différentes on peut également raisonner à monnaie constante. L'indicateur du PIB reste cependant imparfait comme mesure de la croissance économique. Il est pour cela l'objet de plusieurs critiques : il ne mesure ainsi pas, ou mal, l'économie informelle. D'autre part, s'il prend en compte la production des services publics gratuits, il ne mesure pas l'activité de production domestique (ménage, potagers, etc.). Selon la boutade d'Alfred Sauvy, il suffit de se marier avec sa cuisinière pour faire baisser le PIB. Enfin, il ne prend en compte que les valeurs ajoutées, et non la richesse possédée, par un pays. Une catastrophe naturelle (Katrina détruisant la Nouvelle-Orléans, par exemple), qui détruit de la richesse, va pourtant contribuer au PIB à travers l'activité de reconstruction qu'elle va générer. Cette contribution ne reflète pas la destruction antérieure, ni le coût du financement de la reconstruction. Cette contradiction était dénoncée dès 1850 par l'économiste français Frédéric Bastiat qui dans son Sophisme de la vitre cassée écrivait que « la société perd la valeur des objets inutilement détruits », ce qu'il résumait par : « destruction n'est pas profit». La croissance est un processus quantitatif par lequel est mesuré l’accroissement de la richesse créée par les échanges marchands. Le credo de la croissance met l’homme au service des intérêts économiques alors qu’il devrait être maintenu au centre d’un processus de développement destiné à répondre à ses besoins fondamentaux et assurer son bien-être. La croissance économique, en l’absence d’objectif de bien-être des hommes, des femmes et des enfants, sans renouvellement des ressources naturelles indispensables à la création des richesses et avec pour seul but le profit à court terme, n’est pas soutenable. Ce modèle économique et de société détruit les ressources naturelles et la biodiversité, creuse les inégalités de niveau de vie entre les êtres humains, accroit la pauvreté et favorise les émissions de gaz à effet de serre, responsable du réchauffement climatique. 1.12 Développement
  • 25. 1.6.1 Développement économique et social Le développement économique et social fait référence à l'ensemble des mutations positives (techniques, démographiques, sociales, sanitaires...) que peut connaître une zone géographique (monde, continent, pays, région..). Il ne doit pas être confondu avec la simple croissance économique. Celle-ci est habituellement nécessaire ou consécutive au développement mais elle n'en est qu'un aspect. Il existe même des zones en croissance par simple inertie de tendance ou sous l'effet de dopants artificiels de types dits keynésiens, sans pour autant connaître les transformations de structure et la « destruction créatrice » propres au développement, qui assurent sa pérennité. Cela peut conduire à un épuisement des ressorts de la croissance. On peut alors retrouver le phénomène de cycle de vie (de l'émergence à l'expansion puis au plafonnement et enfin au déclin) étudié en marketing. Le développement économique nécessitant notamment de la création de richesses, on associe développement économique et « progrès », puisqu'il entraîne, généralement, une progression du niveau de vie des habitants. On parle alors d'amélioration du bien-être social (au sens économique). La volonté de concilier simple développement économique et progrès ou amélioration du bien-être a mené à forger, à côté des indicatifs de développement traditionnels (PNB, PIB), d'autres indicatifs, tels que l'indice de développement humain (IDH), qui prend en compte la santé, l'éducation, le respect des droits de l'homme (dont font partie, depuis 1966, les droits économiques et sociaux), etc. Les paramètres économiques et sociaux sur la mesure du développement sont indiqués dans l'article « Pays en développement ». Du point de vue strictement économique, l'indicateur le plus souvent utilisé est le PIB (Produit intérieur brut) qui est une somme des valeurs ajoutées sur un territoire. Son chiffrage, qui ressort de la comptabilité nationale, est cependant délicat. Comment, par exemple, chiffrer l'utilisation des services non marchands et des biens publics ? Leur coût et utilité économique sont noyés dans les budgets publics par absence de facturation, ce qui ne permet guère de savoir s'ils apportent plus de richesses qu'ils en consomment, s'il y a valeur ajoutée ou valeur retranchée. L'autre indicateur commun est le PNB (Produit national brut). Par ailleurs, le PIB ne contient que les flux (production / consommation). Les économistes et statisticiens n'arrivent guère à mesurer, ni même à estimer l'évolution du patrimoine public et privé. À plus forte raison, certaines externalités positives ou négatives sont mal mesurables. Par exemple, comment chiffrer l'effet externe négatif d'une pollution comme l'engrais azoté puissant du lisier (par exemple de porc) déversé dans les cours d'eau, amenant à une eutrophisation, sans même parler du gaspillage d'une ressource précieuse non ou difficilement renouvelable ? Sur le même plan, comment mesurer l'effet positif des pots catalytiques ou d'une fluidification de la circulation routière, voire la « désindustrialisation » des secteurs lourds en faveur des services et hautes technologies? Le développement économique affecte ainsi de façon importante l'environnement, conduisant certaines personnes à prôner la décroissance économique, d'autres préférant soutenir le développement durable. Devant ces imperfections des indicateurs économiques traditionnels (PIB et PNB), le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) a mis en place l'Indice de développement humain (IDH), qui prend en compte la santé, l'espérance de vie, l'alphabétisation, etc. (le Prix NobelAmartya Sen a pris part à la conceptualisation de l'IDH).
  • 26. D'autres indicateurs économiques existent, tels que l'Indicateur de pauvreté (IPH), également créé par le PNUD; l'indice de Bonheur national brut (BNB), créé par le roi du Bhoutan dans les années 1960; le BIP40, ou baromètre des inégalités et de la pauvreté, créé en 1999 par le Réseau d’alerte sur les inégalités. 1.6.2 Développement durable Le développement durable (ou développement soutenable, traduction de Sustainabledevelopment) est une conception de l'intérêt public visant à allier le développement des sociétés de façon équitable et la protection de l'environnement. Selon la définition proposée en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement dans le Rapport Brundtland, le développement durable est : « un développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. » Pour l'AFNOR en 2012, un état est dit « durable » si « les composantes de l'écosystème et leurs fonctions sont préservées pour les générations présentes et futures ». Dans cette définition, « les composantes de l’écosystème incluent, outre les êtres humains et leur environnement physique, les plantes et les animaux. Pour les êtres humains, le concept sous-entend un équilibre dans la satisfaction des besoins essentiels : conditions économiques, environnementales, sociales et culturelles d'existence au sein d'une société. » Le concept de durabilité a été défini quelques années auparavant. En 1991 et 1993, Ignacy Sachs définit l'écodéveloppement comme « développement endogène et dépendant de ses propres forces, soumis à la logique des besoins de la population entière, conscient de sa dimension écologique et recherchant une harmonie entre l'homme et la nature ». En 1987, la Commission mondiale sur l’environnement et le développement dans le rapport Brundtland lui avait préféré la notion de « développement soutenable », défini comme suit : « Le développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. Deux concepts sont inhérents à cette notion : − le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité ; − l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. » Parmi les besoins essentiels, on retiendra les besoins indispensables à l'être humain en tant qu’élément de base vivant dans un environnement défini, que l'on appelle les besoins primaires ou physiologiques. Et parmi ceux-ci, on notera le besoin de se reproduirequi établit pour l'homme et la femme une filiation, et assure de la sorte le renouvellement des générations. Une contestation sémantique sur le terme même de développement durable a existé depuis l'apparition du terme dans le rapport Brundtland.Les tenants du terme « durable »
  • 27. plutôt que du mot « soutenable » insistent sur la notion de durabilité définie comme cohérence entre les besoins et les ressources globales de la Terre à long terme, plutôt que sur l'idée d'une recherche de la limite jusqu'à laquelle la Terre sera capable de nourrir l'humanité. Cependant, la traduction du terme par « soutenable », plutôt que durable, peut s'expliquer aussi par de vieilles traces du mot en langue française. En effet, on trouve le mot employé dans une optique environnementale dès 1346, dans l'ordonnance de Brunoy, prise par Philippe VI de Valois, sur l'administration des forêts. Ainsi en matière forestière la notion de forêt cultivée soumise à une exigence de soutenabilité, un renouvellement perpétuel de la ressource, capable d'approvisionner une flotte navale existe depuis plus de six siècles. Face à la crise écologique et sociale qui se manifeste désormais de manière mondialisée (changement climatique, raréfaction des ressources naturelles, pénuries d'eau douce, rapprochement du pic pétrolier, écarts entre pays développés et pays en développement, sécurité alimentaire, déforestation et perte drastique de biodiversité, croissance de la population mondiale, catastrophes naturelles et industrielles), le développement durable est une réponse de tous les acteurs (États, acteurs économiques, société civile), culturels et sociaux du développement. Il s’agit aussi, en s’appuyant sur de nouvelles valeurs universelles (responsabilité, participation écologique et partage, principe de précaution, débat…) d’affirmer une approche double : − dans le temps : nous avons le droit d’utiliser les ressources de la Terre, mais le devoir d’en assurer la pérennité pour les générations futures ; − dans l’espace : chaque humain a le même droit aux ressources naturelles de la Terre (principe de destination universelle des biens). Tous les secteurs d'activité sont concernés par le développement durable : l'agriculture, l'industrie, l'habitation, l'organisation familiale, mais aussi les services (finance, tourisme,…) qui, contrairement à une opinion répandue, ne sont pas qu'immatériels. Plus simplement, le développement durable est un mode de développement qui a pour but de produire des richesses tout en veillant à réduire les inégalités mais sans pour autant dégrader l'environnement. Face à l'urgence de la crise écologique et sociale qui se manifeste désormais de manière mondialisée (changement climatique, raréfaction des ressources naturelles, écarts entre pays développés et pays en développement, perte drastique de biodiversité, croissance de la population mondiale, catastrophes naturelles et industrielles), le développement durable est une réponse de tous les acteurs (États, acteurs économiques, société civile) pour reconsidérer la croissance économique à l'échelle mondiale afin de prendre en compte les aspects environnementaux et sociaux du développement.Il s’agit aussi, en s’appuyant sur de nouvelles valeurs universelles (responsabilité, participation et partage, principe de précaution, débat …) d’affirmer une approche double : − Dans le temps : nous avons le droit d’utiliser les ressources de la Terre mais le devoir d’en assurer la pérennité pour les générations futures ; − Dans l’espace : chaque humain a le même droit aux ressources de la Terre (principe de destination universelle des biens). Tous les secteurs d'activité sont concernés par le développement durable : l'agriculture, l'industrie, l'habitation, l'organisation familiale, mais aussi les services (finance, tourisme,...) qui, contrairement à une opinion quelquefois répandue, ne sont pas qu'immatériels.Les modes
  • 28. de production et de consommation doivent respecter l’environnement humain ou naturel et permettre à tous les habitants de la Terre de satisfaire leurs besoins fondamentaux : se nourrir, se loger, se vêtir, s’instruire, travailler, vivre dans un environnement sain. Le développement durable appelle un changement de comportement de chacun (citoyens, entreprises, collectivités territoriales, gouvernements, institutions internationales) face aux menaces qui pèsent sur les hommes et la planète (inégalités sociales, risques industriels et sanitaires, changements climatiques, perte de biodiversité...). Le développement durable a pour vocation de réconcilier l'homme, la nature et l'économie, à long terme et à une échelle mondiale. La finalité du développement durable est d'assurer le bien-être de tous êtres humains qui vivent aujourd'hui et vivront demain sur la Terre, en harmonie avec l'environnement dans lequel ils évoluent. Le principe de développement durable renvoie également a une démarche globale, au sens de systémique ; cela revient a prendre en compte toutes les relations existant entre les systèmes,ou entre les éléments d’un système, qu’il s’agisse d’une ville, d’unécosystème ou de la biosphère.C’est l’analyse des interactions entre ces différentséléments qui permet de comprendre le fonctionnement d’un système et donc d’agir sur lui. Cela se traduit notamment par l’adoption d’une démarche transversale plutôt que sectorielle. C’est-a-dire une approche qui mesure ses implications non pas dans un domaine unique mais dans tous les domaines.un projet économique ne doit pas seulement être juge a l’aune de sa rentabilité mais également sur des critèresécologiques et sociaux.par exemple ,les implications d’une politique des transports ne doivent pas simplement êtreévaluées dans ce secteur mais dans tous les autres secteurs ;logements,urbanisme,environnement,développementéconomique,développement social ,vie locale.sur le plan de l’action,il convient de fédéré l’ensemble des compétences autour d’un projet pris dans sa globalité et dans ses interactions avec les autres domaines. Un processus partenarial et participatif qui engage la responsabilité de chacun. La mise en œuvre du développement durable exige la mobilisation de tous les acteurs d’un territoire ,d’une entreprise,… afin que soit formule un projet commun,propre au groupe ainsi constitue.de multiples compétences doivent êtresollicitées tant sur un plan disciplinaire(économique,sociologie,écologie,…)ou sectoriel(transport,eau,déchets,milieu naturel,développement social,…),ou territorial (échelle de l’Etat,de la région,du département,de l’agglomération,…).l’enjeu est de parvenir a inventer de nouveaux lieux de débats et d’échanges mais aussi de nouvelles procédures de concertation et de négociation,c’est-à-dire de concevoir de nouveaux modes de «gouvernance ».il s’agit de tenter de concilier les approches descentes, «top down »,et ascendantes, «Botton-up » afin de garantir le succès d’un projet conçu de manière partenariale et coopérative. Le développement durable fait appel plus particulièrementa la mobilisation des citoyens et a leur participation au processus .de décision. Ils’agit de les associer aux projets qui les concernent et de trouver avec eux et d’autres partenaires socio-économiques des solutions de compromis .le développement durable repose sur la démocratie locale ou démocratie participative et l’approche citoyenne. Ceci implique d’aller au-delà de la simple information et de développer un véritable processus de concertation. Schéma du développement durable
  • 29. Schéma du développement durable : à la confluence de trois préoccupations, dites « les trois piliers du développement durable ». IIRAPPEL HISTORIQUE ET CONTEXTE DEL’AGRICULTURE EN AFRIQUESUBSAHARIENNE 2.1Période précoloniale L’agriculture en Afrique tropicale était autrefois, une agriculture de subsistance essentiellement. Elle portait uniquement sur les cultures vivrières (igname, arachide, maïs, riz, sorgho, fonio, etc.). Les exploitations étaient de petites tailles avec une main-d’œuvre familiale. C’était une agriculture extensive sur brûlis avec pour finalité la satisfaction des besoins alimentaires de la famille surtout la famille élargie. 2.2 Période coloniale Il est évident que le but véritable de la colonisation n’a pas été seulement de nous apporter la civilisation, mais surtout d’en tirer le maximum de profit. Le développement de l’agriculture en Côte d’Ivoire en particulier et dans les colonies françaises en général a obéit à une philosophie de développement économique définie par CAMILLE GUY « C’est par l’agriculture qu’il faut commencer l’exploitation rationnelle de nos colonies, car il ne peut y avoir de commerce qu’autant qu’il y aura dans nos établissements des colons et des richesses, et il saurait exister d’industrie qu’autant que colons et indigènes auront des besoins nouveaux et les moyens de les satisfaire ». Avec la colonisation, les territoires d’Outre-mer ont été divisés en deux types de colonies : − Les colonies de peuplement qui regroupaient les pays d’Afrique du Nord ; − Les colonies d’exploitation qui étaient composées des pays d’Afrique Noire Il a donc été défini une politique agricole au niveau de chaque colonie suivant sa situation agro-climatique qui visait à satisfaire les besoins de la métropole. C’est ainsi que la
  • 30. Côte d’Ivoire devait produire la café et le cacao, le Sénégal l’arachide, le Tchad le coton, la Guinée la banane, etc. Aussi, la Cote d’Ivoire exportait-elle déjà de l’huile de palme et palmiste en 1897, du bois en 1900, du café en 1902, du cacao en 1904 et du caoutchouc naturel. C’étaient surtout (à part le café introduit en 1880) des produits de cueillette, dont le service de l’agriculture avait à charge d’assurer le ramassage. Cette période fut suivie d’une seconde étape où commence une politique de développement des cultures d’exportation. Il s’agit du café, du cacao, du palmier à huile, etc. Ces principales cultures se sont développées de manière variable jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale. Pendant les premières années qui suivirent cette guerre, l’objectif de la politique agricole coloniale était de ravitailler la métropole en produits tropicaux, afin de donner un nouveau souffle à son industrie. La stratégie mise en œuvre pour atteindre les objectifs était d’imposer les cultures et les superficies à mettre en valeur aux Indigènes. La distribution des semences sélectionnées et les travaux forcés étaient les moyens utilisés. L’Administration générale, les Services agricoles, les Eaux et Forêts et les Sociétés Indigènes de Prévoyance jouaient le rôle de structure d’encadrement. A cette stratégie, il faut signaler l’exemple en Côte d’Ivoire : − La création du Fonds d’Investissement pour le Développement Economique et Social (FIDES) ; − La création des infrastructures importantes (port, chemin de fer, etc.) ; − L’octroi de primes d’incitation et d’encouragement en 1951 aux planteurs possédant ; plus de 25 ha à raison de 1 000 FCFA/ha ou ayant arraché les pieds de caféier atteints de trachéomycose ; − La création en 1955 d’une caisse de soutien au café et cacao − L’installation de nombreux Instituts de Recherche Agronomique en vue de faire l’inventaire des ressources et d’améliorer la matériel végétal, ainsi que les techniques culturales 2.3 Période après indépendance Après la décolonisation, plusieurs choix s’offraient aux pays africains quant au modèle de développement de leur économie. La Cote d’Ivoire, pour sa part, a opté pour le développement agricole et en a fait le fer de lance de son économie. En effet, en 1960, la population ivoirienne était de 3.735.000 habitants dont 87,5 % de ruraux. Le pays disposait déjà d’une agriculture structurée : ouverte sur le marché extérieur, avec deux principaux produits que sont le café et le cacao, disposant d’une caisse de stabilisation de prix depuis 1955. Le PIB était de 142 615 000 FCFA et la part de l’agriculture, constituée essentiellement de l’exportation des produits agricoles, représentait 47 % des exportations totales. A l’indépendance en 1960, pour des raisons agro-climatiques, d’habitudes alimentaires et des cultures de rente, la Côte d’Ivoire se caractérisait par deux types d’agriculture : − Au nord, on a une zone de savane, avec un climat de type soudanais à deux saisons : une saison de pluie et une saison sèche plus longue. La pluviométrie moyenne annuelle est de l’ordre de 1200 mm. Les exploitations sont de type familial, de petites tailles ayant des superficies moyennes de 2 à 3 ha. On y pratiquait une agriculture extensive, itinérante avec pour cultures principales : les céréales (maïs, mil, riz, sorgho, etc.) et des tubercules (igname, patates, etc.)
  • 31. destinées à l’autoconsommation. La satisfaction des besoins alimentaires était généralement assurée. Le coton et le tabac étaient les seules cultures de rente. Les travaux s’effectuaient manuellement à l’aide de la daba et de la machette. On y pratiquait l’élevage de manière traditionnelle. Les revenus monétaires étaient généralement faibles. − Au sud, on a une zone de forêt, avec un climat tropical humide à quatre saisons (deux saisons pluvieuses et deux saisons sèches) et une pluviométrie variant entre 1000 et 2500 mm. Son agriculture se caractérisait par une prédominance du café par rapport aux cultures vivrières que sont la banane plantain, le taro, le manioc, etc.). Le système d’exploitation était basé sur une association des cultures de rente et vivrières durant les deux premières années ; ces dernières servant de plants d’ombrage. Cette agriculture occupait de grandes superficies mais ne fournissait que de faibles rendements. Elle était itinérante sur brûlis pour les cultures vivrières. Le travail se faisait manuellement avec la machette, la hache, la houe, etc. Les revenus monétaires moyens annuels par tète étaient beaucoup plus élevés que dans le nord. En 1965, ils étaient de 26 000 FCFA au sud contre 4 000 FCFA au nord. Il est à noter qu’au centre, zone de transition, on rencontrait les deux types d’agriculture précités. Du constat fait sur l’état de l’agriculture à l’accession de la Côte d’Ivoire à la souveraineté nationale, des contraintes aussi bien internes qu’externe existaient : − Contraintes internes o Peu de ressources minières ; o Inexistence de ressources pétrolières ; o Inexistence d’une agriculture agro-exportatrice ; o Besoin de devises ; o Peu d’organisation du marché intérieur ; o Fort besoin de mobilisation de la main d’œuvre. − Contraintes externes L’adaptation au marché mondial de l’économie de plantation ivoirienne s’imposait car après l’accession à l’indépendance politique, l’adhésion des anciennes colonies au "traité de Yaoundé" d’association avec la CEE a pour conséquence la perte d’un accès privilégié à des prix garantis au marché français. En effet, le café ivoirien (Robusta) était réputé mauvais et seuls les engagements de la France vis-à-vis de son ancienne colonie l’obligeaient de continuer à l’acheter. La Cote d’Ivoire ayant opté pour une économie libérale, il lui fallait, dès l’indépendance, créer les conditions favorables à l’accumulation du capital à partir de l’agriculture, pour pouvoir financer les autres secteurs de l’économie. Il était donc nécessaire que le gouvernement favorise l’augmentation de la production agricole et de la monétariser d’avantage. La politique coloniale, axée sur les cultures d’exportation, va se poursuivre grâce aux débouchés internationaux déjà existants, aux prix satisfaisants, au marché interne réduit et non organisé. Afin d’éviter les dangers de la monoculture de rente (café), le gouvernement va identifier d’autres cultures susceptibles : − D’alimenter le budget de l’Etat par les recettes douanières ;
  • 32. − De procurer aux planteurs de café et cacao d’autres sources de revenus en numéraires et d’en créer pour les paysans de la savane. L’identification de ces cultures ne fut pas aisée dans la mesure où : − Le cacao handicapé par l’extrême variabilité de ses cours, − la banane peu compétitive face à la production de l’Amérique centrale, − le caoutchouc dans une période de surproduction mondiale, − les denrées alimentaires sans débouchés nationaux ou régionaux appréciables, incapables de ce fait de fournir des espèces aux paysans et à l’Etat, n’ont pas offert de solutions acceptables. Le choix de la Côte d’Ivoire s’est porté ainsi sur le palmier à huile, le cocotier en zone forestière et sur le cotonnier en zone de savane. IIIENJEUX DE L’AGRICULTURE EN AFRIQUESUBSAHARIENNE 3.1 Enjeux au plan économique L’agriculture en Afrique emploie la majeure partie de la population active et constitue la principale activité créatrice de richesse dans la plupart des pays. Le rôle crucial de l’agriculture dans le développement africain est désormais reconnu mais les politiques agricoles en Afrique restent loin d’être à la hauteur du poids que représente l’agriculture et ses enjeux. En Afrique, l’agriculture qui inclut, dans une acception large, les productions végétales, la transformation agroalimentaire, l’élevage, la pêche et l’exploitation forestière - est un secteur crucial à bien des égards. Elle est l’activité première pour plus de 60 % de la population africaine. C'est le pivot de l'économie puisqu’elle représente plus de 30 % de la richesse nationale mesurée par le produit intérieur brut (PIB) dans bon nombre de pays africains subsahariens. La carte ci-dessous présente le Produit Intérieur Brut Agricole en Afrique.
  • 33. Source : Banque mondiale, World developmentindicators, 2006 Le poids du secteur agricole dans l’économie peut cependant considérablement varier d'un pays à un autre : ainsi, si l'économie d’un pays est basée sur le pétrole, la part du secteur agricole dans le PIB est moindre. Il reste cependant plus important dans tous les pays africains, comparé à d'autres pays du Sud et bien davantage encore comparé aux pays développés. L'agriculture est aussi de première importance dans les revenus d’exportations, puisque les produits agricoles représentent les premiers postes d’exportation dans la plupart des pays africains. Tableau : Importance de l’agriculture en Afrique et dans d’autres régions du monde Part de la population active agricole (2004) Part des exportations agricoles dans les exportations totales (2002-2004) Afrique subsaharienne 60 % 12,4 % Amérique latine et Caraïbes 18 % 16 % Asie et Pacifique 58 % 5,1 % Économies de marché développées 3 % 7,2 % Source: FAO, State of Food and Agriculture, 2006 Les producteurs sont dans leur grande majorité des agriculteurs pratiquant une agriculture de subsistance et travaillant sur de petites exploitations familiales. Plus de 96 % des agriculteurs d’Afrique subsaharienne cultivent moins de 5 hectares. 3.2 Enjeux au plan social En Afrique sub-saharienne, la population rajeunit grâce à une croissance démographique soutenue par un taux élevé de fertilité ; la population des jeunes croît plus vite que le nombre d’emplois disponible. La croissance économique n’est pas été assez importante pour créer des emplois susceptibles de répondre aux besoins de cette population jeune. Ceux qui ont été plus ou moins formés ont acquis des compétences devenues inutiles pour le marché du travail, alors même que les exigences en compétences théoriques et pratiques réduisent des millions de jeunes sans qualifications au chômage ou en situation de sous-emploi. On estime à 133 millions environ le nombre de jeunes Africains illettrés (soit plus de 50 pour cent du total). La plupart n’ont que peu ou pas de compétences et sont donc pratiquement exclus de la vie économique et sociale. Les causes de ce chômage et celles du sous-emploi des jeunes sont attribuées à plusieurs facteurs dont la demande globale, les règlements du marché du travail, l'inadéquation entre les formations initiales et les besoins du marché de l'emploi, le volume de la main-d’œuvre jeune et l'employabilité des jeunes.Les gouvernements n’ont pas toujours compris qu’il était important de s’occuper de ces derniers. Ils avaient toujours cru, jusqu’ici,