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RENFORCER LES SYNERGIES
ENTRE RECHERCHE ET INDUSTRIE
DANS LA MÉTROPOLE LYONNAISE
Synthèse des travaux de la session 2009-2010 de
la SEPL
Janvier 2011
Editeur : SEPL
Société d’Économie Politique
et d’Économie Sociale de Lyon 
- 3 -
SOCIÉTÉ D’ÉCONOMIE POLITIQUE ET D’ÉCONOMIE
SOCIALE DE LYON
Sommaire
1 –Note de synthèse des travaux de l’année 2009-2010................ 5
2 – Comptes-rendus des conférences de l’année 2009-2010
Michel LUSSAULT, Président du Pôle de Recherche et
d’Enseignements Supérieur de Lyon (PRES de Lyon)
accompagné de Marc LE GAL, Directeur de Lyon Science
Transfert (PRES de Lyon)
« Développer les relations Recherche-
Industrie, un impératif pour l’avenir de la
métropole lyonnaise ».................................... 21
Pascal DESAMAIS, Directeur Général ISARA – Lyon
Henri MAITROT, Directeur du PEA-CRITT
« Interactions entre enseignement
supérieur et monde professionnel
dans la métropole de Lyon : le cas
de l’industrie agroalimentaire »..................... 29
Lionel COLLET, Président de l’Université Claude Bernard
LYON 1
« L’Université et l’Entreprise : compatibilité
ou incompatibilité ? » .................................... 37
Didier DESPLANCHE, Directeur Général de l’ECAM
« Evolution des systèmes organisationnels
et de la formation – Inexo (Institut de
l’Excellence Opérationnelle » ……… .......... 47
Philippe MARCEL, Président du Conseil d’Administration de
l’EMLYON Business School
« Les écoles de management et l’entreprise :
un partenariat permanent » ............................ 51
Gérard PIGNAULT, Directeur de CPE Lyon (Ecole Supérieure de
Chimie-Physique Electronique)
« Le lien industrie-formation-recherche :
le cas de CPE Lyon »..................................... 57
- 4 -
Hôte d’Honneur : Gérard COLLOMB, Sénateur-Maire de
Lyon, Président du Grand Lyon
« L’avenir industriel de la métropole
lyonnaise » ........................................... 63
3) Annexes ....................................................................................... 97
Contacts :
Robert PARIS, Président de la SEPL
e.mail : paris_robert@yahoo.fr
Marc BONNET, past Président de la SEPL
e.mail : bonnet@iseor.com
Renée JIMBERT, Secrétaire Administrative de la SEPL
e.mail : renee.jimbert@lcl.fr
Michel GIELLY, membre du Conseil de la SEPL
e.mail : m.gielly@orange.fr
- 5 -
Note de Synthèse et avis de la SEPL
Le thème de travail de la SEPL en 2008-2009 avait porté sur la
nécessité d’un rebond de l’industrie dans la métropole lyonnaise1
en mettant en évidence les phénomènes inquiétants d’effritement de
la compétitivité et les risques systémiques d’effets de régression en
chaîne sur les services à l’industrie, puis sur les autres services qui
dépendent de la vitalité du tissu économique de notre territoire.
L’ouvrage de la SEPL mettait aussi en évidence les apports et les
limites des initiatives prises dans la région et dans la métropole,
tant au niveau des pôles de compétitivité que des plateformes
technologiques2
et des filières industrielles et d’innovation : la
métropole lyonnaise3
et la région doivent s’inscrire dans les grands
projets d’innovation radicale en se plaçant à l’échelle des projets de
politique industrielle et d’innovation français et européens.
Cela nous a conduits à approfondir ce travail en 2009-2010 en nous
focalisant sur le sujet du renforcement des synergies entre
                                                            
1
 Les principaux pôles de compétitivité de la métropole sont : Lyon Biopôle (qui
travaille en lien sur certains projets avec le pôle grenoblois Minalogic), Axelera
(Chimie-environnement), Lyon Urban Trucks (transport de personnes), Techtera
(textiles techniques), Imaginove (loisirs numériques), Viameca (mécanique),
cluster Défense et Sûreté, cluster Lumière 
2
Voir en particulier le document du Conseil Economique et Social Régional :
« Accents sur des initiatives en Rhône-Alpes à la suite des Etats généraux de
l’industrie ». 21 mai 2010. Voir également les actes de la conférence donnée par
Gilles Le Blanc au CESR le 20 avril 2010 : « Appréhender l’environnement
économique et concurrentiel de l’industrie : un enjeu majeur pour le
développement régional ». (www.rhonealpes.fr). 
3
Lyon se situe à la 373ème
place mondiale des métropoles sur le plan
démographique et aux environs de la 100ème
au plan universitaire. le PRES tire la
compétitivité et l’attractivité de la métropole. Il s’agit donc d’une ressource
territoriale de 1ère
importance encore sous exploitée par les entreprises et
notamment les PME qui connaissent et utilisent généralement moins de 50% des
ressources qu’offre le territoire métropolitain 
- 6 -
recherche et industrie dans la Métropole Lyonnaise. L’hypothèse
était formulée qu’il existe un « potentiel caché » de nos activités
économiques à Lyon et dans les agglomérations environnantes si
l’on parvient à améliorer encore l’innovation dans notre territoire
grâce à la coopération entre centres de recherche publics et privés,
PME-PMI et grandes entreprises. Bien sûr, les actions réalisées au
cours des dernières années dans le cadre des pôles de compétitivité
de notre métropole ont eu des effets positifs. Toutefois, la SEPL se
demande si le moment n’est pas venu de passer à une vitesse
supérieure compte tenu de l’accroissement de la compétition
internationale et de la nécessité de renforcer nos capacités
d’innovation pour assurer un développement économique durable.
Nous pensons en effet que tous les ingrédients de la compétitivité
sont présents dans notre métropole, et qu’il reste seulement à faire
un effort de coordination complémentaire pour que ces ingrédients
interagissent davantage et créent une dynamique globale. Nous
avons ainsi abordé cette année les thèmes du développement de
l’entrepreneuriat grâce à la relation recherche-industrie, la
comparaison entre le dynamisme des relations recherche-industrie à
Lyon et à Grenoble, et enfin, le développement du Plan Campus de
Lyon en relation avec l’industrie. Pour prendre davantage
conscience de ce potentiel caché, nous avons examiné
successivement les domaines suivants au cours de nos conférences
de cette année :
- 21 Octobre 2009 : Michel LUSSAULT, Président du Pôle de
Recherche et d’Enseignement Supérieur de Lyon (PRES de Lyon),
accompagné de Marc LE GAL, Directeur de Lyon Science
Transfert (PRES de Lyon) : « Développer les relations Recherche-
Industrie, un impératif pour l’avenir de la métropole lyonnaise »
- 10 Décembre 2009 : Pascal DESAMAIS, Directeur Général
ISARA - Lyon, Henri MAITROT, Directeur du PEA – CRIT :
« Interactions entre enseignement supérieur et monde professionnel
dans la métropole de Lyon: le cas de l’industrie agroalimentaire »
- 7 -
- 2 Février 2010 : Didier DESPLANCHE, Directeur Général de
l’ECAM :
« Evolution des systèmes organisationnels et de la formation -
INEXO (Institut de l’Excellence Opérationnelle)
- 8 Mars 2010 : Lionel COLLET, Président de l’Université Claude
Bernard Lyon 1
« L’Université et l’Entreprise: compatibilité ou incompatibilité? »
- 28 Avril 2010 : Philippe MARCEL, Président du Conseil
d’Administration de l’EMLYON Business School : « Les écoles de
management et l’entreprise : un partenariat permanent »
- 13 décembre 2010 : Gérard PIGNAULT, Directeur de CPE
Lyon :
« Le lien industrie-formation-recherche : le cas de CPE Lyon » 
- 3 Juin 2010 – Conférence de l’Hôte d’Honneur : Gérard
COLLOMB, Sénateur-Maire de Lyon, Président du Grand Lyon
« L’avenir industriel de la métropole lyonnaise »
1) Constats issus des débats
Lors des débats de la SEPL tenus en marge de ces conférences sans
se soucier du « politiquement correct » et sans céder au fatalisme
liés aux dysfonctionnements des systèmes de la mondialisation
(désordre des monnaies, déloyautés de protection industrielle,
inégalité d’application des normes sociales et règlementaires, etc.),
les participants ont insisté sur la nécessité d’agir notamment sur
deux goulots d’étranglement de l’innovation dans la région pour
lesquels des moyens d’actions sont à notre portée :
- les échanges inter-disciplinaires et inter-sectoriels, qui peuvent
nous permettre de créer de nouveaux avantages technologiques
- 8 -
dans la compétition mondiale, notamment par rapport à la Chine,
l’Inde et le Brésil. De ce point de vue, les pertes d’opportunités
sont considérables par rapport aux innovations qui émergeraient
d’une bonne coopération régionale dans de nombreux domaines :
coopération CERN-Genève et CEA Grenoble handicapée par des
phénomènes de féodalités; fertilisation croisée encore trop
balbutiantes entre bio-technologies à Lyon et nanotechnologies à
Grenoble ; délaissement, voire abandon non explicite d’une
véritable plate-forme interdisciplinaire dans l’industrie nucléaire,
alors que Lyon est la seule métropole au monde à disposer dans un
rayon de 200 km de toutes les ressources technologiques et
industrielles nécessaires pour les centrales nucléaires les plus sûres
et innovantes dont le monde aura de toutes façons besoin au 21ème
siècle (que les écologistes européens le veuillent ou non). De
nombreux autres exemples pourraient être donnés de ce manque de
pilotage de la synergie inter-pôles et inter-secteurs qui nous
empêche de devenir l’un des territoires les plus innovants au monde
alors que nous disposons de toutes les technologies, entreprises et
centres de recherche nécessaires pour réussir ce pari.
Il faut aussi favoriser les croisements entre les sciences exactes et
les humanités pour les industries qui vont offrir de plus en plus des
« biens d’expérience » en complément des « biens de recherche »
(O Bomsel, l’économie immatérielle, 2010), pour les industries
créatives et de programmes (jeux vidéo, serious game, cross
média). C’est la variété des formes d’intelligence évoquée par M.
Lussault et dont les prémices apparaissent avec le projet Yin Yang
de l’EML et de Centrale. Cf. l’évolution des compétences dans les
TIC où l’on passe successivement de compétences centrales en
électroniques (IBM) à des compétences en informatique
(Microsoft) et en design et ergonomie (Apple)
- Un deuxième goulot d’étrangement est le manque d’orientation
des flux financiers vers l’innovation, malgré les crédits impôt-
recherche et la multiplication des dispositifs d’aide à l’innovation
tels qu’OSEO, il faut constater que les flux financiers concernés
- 9 -
sont faibles par rapport à d’autres métropoles du monde où les
capitaux affluent, soit parce que d’autres territoires sont considérés
comme plus attractifs en termes d’innovation, soit parce que nos
pays sont trop orientés vers les placements immobiliers ou
spéculatifs à court terme sans incitations suffisantes pour
contrebalancer ce déséquilibre. Il faut ajouter à ces handicaps celui
des lourdeurs bureaucratiques françaises et du manque de véritable
dispositif de pilotage concerté des projets d’innovation au niveau
de la métropole lyonnaise et de la région. En outre, les PME de
moins de 20 salariés consacrent en moyenne 0,6% de leur chiffre
d’affaires à la recherche-développement contre plus de 10, voire
20% dans les Entreprises de Taille Intermédiaire. Or le cercle
vertueux est : développement des marchés = plus de marges nettes
= plus d’investissement notamment en R et D = plus de création
d’emplois.
2) Hypothèses formulées
Sans se centrer sur la seule Innovation radicale avec un grand « I »,
déjà largement traitée aux niveaux européen, français et régional, la
SEPL a voulu insister sur l’immense potentiel caché que représente
non seulement l’innovation incrémentale, celle des petites
améliorations continues nécessaires pour maintenir notre
compétitivité, mais surtout l’innovation managériale et
organisationnelle (avantage compétitif décisif et inimitable vis-à-
vis des pays émergents et du groupe Brésil, Inde, Chine), qui
permettrait de rendre plus fertile en innovations de toutes sortes le
terreau les entreprises et du territoire lui-même.
L’hypothèse formulée par la SEPL est que ce terreau existe, mais
qu’il est en partie empoisonné par sept principaux produits toxiques
d’ordre managérial qui ont été analysés lors des séances de la
SEPL.
21) Les composants d’un terreau fertile d’innovations sont
présents
- 10 -
Cinq atouts insuffisamment mis en valeur peuvent être cités :
- Malgré l’effritement de notre industrie et de sa compétitivité, il
existe encore au niveau de la métropole lyonnaise une partie
significative de nos entreprises industrielles et des services directs
et indirects à l’industrie qui résistent encore face à la dureté de la
compétition internationale, en tous cas davantage que dans les
autres régions françaises. Cela concerne tous les secteurs :
pharmacie, chimie, métallurgie et mécanique, etc., même s’il faut
noter que les entreprises de sous-traitance de capacité sont
davantage vulnérables que les entreprises de sous-traitance de
spécialité au sein de chacun des secteurs industriels.
- Des industries s’efforcent de s’organiser en leur sein, même en
l’absence de cluster ou de dispositif médiatique rendant
l’innovation visible aux yeux des décideurs politiques. Le plus bel
exemple de cet effort est l’Agrapôle, qui rassemble sur un même
site toutes les professions de l’agroalimentaire en synergie avec
l’ISARA et le PEA-CRIT.
- Des écoles et universités variées couvrent l’ensemble des
domaines scientifiques nécessaires pour l’innovation technolo-
gique. Même si ces écoles n’ont pas en France le prestige des
écoles parisiennes (ce qui est en grande partie illusoire au niveau
mondial), elles permettent de former les scientifiques dont notre
métropole et notre région auraient besoin pour l’innovation
industrielle, dans la mesure où notre territoire serait capable de les
retenir.
- Des instituts de recherche qui excellent au niveau français dans le
domaine du management de l’innovation. Il faut citer notamment le
centre des entrepreneurs de l’EM Lyon qui accompagne la
formation de créateurs de TPE, et l’ISEOR (centre associé à
l’Université Lyon 3/IAE Lyon), centre de recherche qui a acquis
une notoriété internationale dans le domaine du management socio-
économique innovateur et de la conduite du changement dans les
- 11 -
entreprises et les territoires, correspondant au besoin de
management par les compétences évoqué par le CESR.
- Des dispositifs variés qui tentent de rapprocher les acteurs de
l’innovation : incubateur CREALYS, Lyon Sciences Transfert
(Université de Lyon), etc. et faciliter la commercialisation de
l’innovation tant au niveau local qu’international (Erai).
22) Des erreurs d’analyse stratégique existent, car plusieurs
idées et pratiques « toxiques » pénalisent la fertilité et la vitalité de
notre terreau d’innovation. Au cours des débats de la SEPL, sept
principaux dysfonctionnements ont été recensés :
- Les conceptions trop radicales relatives au management de
l’innovation industrielle. Selon certaines croyances partagées par
des économistes industriels4
, seuls les secteurs de haute technologie
seraient susceptibles de survivre dans la compétition mondiale et de
l’« économie de la connaissance ». Il faudrait donc centrer tous les
moyens sur un nombre très limité de pôles d’innovation qui
tireraient tous les secteurs économiques, quitte à laisser s’effondrer
les secteurs industriels traditionnels dans un processus de
« destruction créatrice ». Cette conception occulte le potentiel
considérable de sauvegarde et de création d’emplois et de richesses
que représente la régénération des secteurs traditionnels. Ce
renouveau peut être obtenu soit par fertilisation croisée avec les
secteurs innovants (exemple de la mécatronique allemande), soit
par développement de micro-innovations de différenciation
(exemple des produits de haute qualité et de luxe). Il ne faut pas
non plus oublier que l’histoire de l’industrie lyonnaise montre de
nombreux exemples de fertilisation croisée : il n’y aurait pas eu les
vaccins s’il n’y avait pas eu la soie et il n’y aurait pas eu le même
                                                            
4
Rappelons les risques liés à l’application de concepts théoriques d’économie
industrielle déconnectés du travail réalisé avec les acteurs du terrain. Un célèbre
économiste industriel de la région Rhône-Alpes, Gérard Destanne de Bernis avait
ainsi conseillé au gouvernement algérien de mettre en place d’une « industrie
industrialisante », plongeant ainsi le pays dans une crise économique profonde
avec en particulier une industrie sidérurgique inutile. 
- 12 -
développement de la mécanique-métallurgie sans le textile, enjeu
d’aujourd’hui pour croiser les métiers du génie climatique et de
chauffagiste, du design et des industries agro-alimentaires, des city
techs pour la construction de la ville, du mixte produits et service
(matériel de sécurité et plan de sécurité pour les entreprises,
traitement de surface et traitement des boues, etc. Il faut que
l’université aide davantage la sous-traitance à ce diversifier et à
aller chercher les marchés finaux pour accroître les marges et
favoriser l’investissement productif.
- le manque de vigilance stratégique : si de nombreux acteurs
politiques de la métropole ne sont pas assez conscients des menaces
réelles d’effondrement de notre socle économique industriel, on
observe chez les responsables économiques un sentiment dominant
de fatalisme (« après moi le déluge »), alors qu’il suffirait d’un peu
de travail en équipe ou en clubs de dirigeants et d’une aide
méthodologique pour prendre conscience des atouts et opportunités
considérables dont nous disposons pour construire des stratégies
fondées sur l’innovation.
- Le manque de méthodes de management de l’innovation
partagées entre les grandes entreprises, les petites entreprises et les
organismes de recherche qui participent aux réseaux ou aux pôles
de compétitivité : les objectifs sont formulés de façon différente et
les mentalités sont souvent opposées sans que les personnes passent
d’une structure à l’autre au cours de leur carrière professionnelle,
comme on l’observe en Allemagne ou aux Etats-Unis. En outre,
l’argument souvent utilisé pour justifier la division entre recherche
fondamentale et recherche appliquée ou recherche-développement
est en grande partie spécieux en ce qui concerne la recherche
réalisée dans la métropole lyonnaise. Certes, des recherches
fondamentales débouchent quelquefois sur des applications
inattendues, mais l’interaction étroite entre le fondamental et
l’appliqué est extrêmement fertile et chaque type de recherche doit
se nourrir de l’autre pour innover, et pour éviter que des grandes
innovations produites dans notre métropole soient captées par
- 13 -
d’autres territoires dans le monde. A titre d’exemple, l’écran LCD a
été inventé en 1984 à Grenoble et n’a pas donné de développement
industriel en France, mais aux Etats-Unis et en Asie), de même que
pour la carte à puce inventé à Lyon par Moréno.
- La dispersion des organismes chargés de l’innovation : les débats
ont porté sur le fait qu’il n’existe pas de plan d’action global, car
chaque branche, chaque pôle de compétitivité, chaque
agglomération de la métropole, ainsi que la Région Rhône-Alpes
souhaiteraient prendre des initiatives à leur niveau spécifique.
Malgré la bonne volonté des acteurs concernés, ces actions sont
peu efficaces car elles ne sont pas synchronisées entre elles ni avec
le niveau national ou européen. L’exemple des limites de la
coopération dans le réseau « Rhône-Provence Nucléaire » est une
illustration de la difficulté à regrouper les acteurs industriels d’une
même filière. Il en va de même au niveau de la recherche
universitaire où malgré la création d’une structure Université de
Lyon- Sciences Transfert, les relations universités-industrie restent
principalement portées par un nombre encore trop limité de centres
de recherche et d’entreprises, même au sein des pôles de
compétitivité.
- Le manque d’accompagnement des petites entreprises
industrielles5
dans les processus d’innovation : les précédents
                                                            
5
Les entreprises, surtout si elles sont des PME innovantes, possèdent un savoir
faire souvent rare, voire unique, qui leur permet de disposer d’avantages
compétitifs décisifs pour s’imposer sur leur marché. Ce savoir faire est parfois
protégé par un brevet ou un dépôt INPI mais dans certain cas il s’agit d’un « tour
de main » au sein d’un processus technique appuyé sur un cahier des charges. Il
est inscrit dans un cahier technique qui leur permet d’assurer la continuité dans la
qualité de leurs produits quelque soient les équipes à l’ouvrage. Or ce savoir
faire commence à être menacé par les logiques financières qui s’imposent dans
l’économie contemporaine notamment par le biais des fonds de pension qui
exigent des taux de rentabilité à 2 chiffres, voire proches des 15%. Or bon
nombre de secteurs industriels ne peuvent atteindre de tels chiffres et leur réalité
s’établit plutôt autour de 4 / 8%. Dans un cas comme celui-ci, la tentation est
grande de délocaliser les activités dans les pays à bas coût de main d’œuvre pour
permettre d’améliorer cette marge. Le processus est le suivant : le fonds prend le
- 14 -
rapports de la SEPL avaient déjà insisté sur le manque d’entreprises
de taille intermédiaire comparables aux entreprises industrielles
allemandes, suffisamment puissantes pour financer une véritable
recherche-développement et une présence commerciale durable à
l’international6
. Les dirigeants de PMI hésitent parfois à se
regrouper en équipe dans des réseaux d’innovation technologique
et commerciale, surtout si des concurrents font partie du réseau et si
des plus grosses entreprises cherchent à s’approprier des savoir-
faire par prédation. L’un des principaux remèdes à ces obstacles
consiste à aider les dirigeants de ces entreprises à mettre en œuvre
des innovations managériales à la fois en équipe de PMI et au sein
de chaque entreprise afin de libérer les potentiels de développement
qui sont observés dans la plupart des entreprises, mais qui sont
inexploitées par manque de temps de la part des dirigeants et de
leur équipe. Il reste ainsi beaucoup de travail à accomplir pour
développer un véritable écosystème de croissance à partir des
incubateurs, de Novacité, des clusters et pôles (volet RH) et des
dispositifs d’accompagnement des stratégies d’exportation.
                                                                                                                                      
contrôle de l’entreprise en achetant le nombre de parts lui permettant la minorité
de blocage (30%) ; il accède au(x) cahier(s) technique(s) puis, quelques temps
plus tard, il demande la délocalisation de l’unité dans un pays à bas coût de main
d’œuvre. Ainsi de nombreux savoir-faire précieux peuvent « s’évader » sans
contrôle ni protection. Ce phénomène s’est notamment produit dans la vallée de
l’Arve pour le décolletage. Il faut donc proposer un texte de loi pour protéger les
savoir-faire industriels contre de telles pratiques et éviter la captation des cahiers
techniques en cas de prise de contrôle. Cette disposition est prévue dans la lettre
que le Président de la République a adressée à Christine Lagarde Il faut
réaffirmer la primauté de la logique industrielle par rapport à la logique
financière. Un rapport parlementaire pourrait précéder la rédaction de ce texte
sur la base d’un « Cohen act » à la française. La métropole lyonnaise se propose
d’être un territoire pilote pour la mise en place de cette procédure de protection
et la CCIL souhaite être un initiateur et un accompagnateur de cette mesure.
 
6
Nous avions aussi souligné Le problème de l’insertion insuffisante des
diplômés dans les PME et notamment dans les PMI ; les 4000 contrats
d’apprentissage traités par la CCI de Lyon sont constitués de 57% de niveaux 1,
2, 3, 26% de niveau 4 et 24% de niveau 5. 
- 15 -
- Le manque d’encouragement à la reprise d’entreprises : les débats
ont souvent porté sur les insuffisances de reprises d’entreprises par
des entrepreneurs innovateurs. Cela concerne à la fois les PMI de la
métropole où des problèmes de transmission se posent
actuellement, mais aussi des plus grandes entreprises. L’exemple a
été pris de Blue-Star Silicones (ex. Rhodia) qui a été racheté par
une entreprise chinoise alors qu’aucun entrepreneur lyonnais
n’avait eu envie ou la possibilité de reprendre cette entreprise
pourtant performante en innovations dans les secteurs où le
management était de bonne qualité pour stimuler l’innovation
(exemple du secteur RTV-Silicones). De nombreux acteurs
politiques lyonnais prennent maintenant conscience du désastre
pour Lyon que représenterait la fermeture de ce site, compte tenu
des impacts indirects destructeurs sur les autres entreprises
dépendant du niveau et de la structure de l’activité dans la vallée de
la chimie.
- Des outils et des moyens financiers insuffisants pour mobiliser
l’épargne de proximité pour la R & D : malgré l’inventaire des
outils de financement réalisé au niveau de Lyon et de la Région7
,
les moyens d’ingénierie financière et les flux de capitaux sont très
en deçà du niveau nécessaire pour assurer des grands projets
d’innovation par rapport aux places financières (Londres, Francfort
et Paris, etc.). Les risques perçus sont de se limiter à des
saupoudrages de financements qui ne permettent pas de mener des
grands projets de rénovation de nos industries, alors que l’industrie
dont nous avons hérité dans la métropole lyonnaise avait bénéficié
en son temps de l’existence de réels centres de décision financiers à
Lyon. Le projet proposé par le CESR d’une coordination des outils
financiers avec l’aide de la Caisse des Dépôts et Consignations
mérite l’attention, mais il ne suffira sans doute pas à surmonter nos
handicaps en ce domaine par rapport à des métropoles comme
                                                            
7
Voir le rapport du CESR Rhône-Alpes « Accent sur des initiatives en Rhône-
Alpes » (op.cit.) : ce rapport inventorie les financements bancaires, les
interventions en capital (capital-investissement) et les financements de marché
(émission de titres sur le marché des capitaux).
- 16 -
Milan ou Barcelone. Il ne faut toutefois pas sous-estimer les
potentiels de financement endogène que permettraient des actions
d’innovation de type socio-économique8
.
c) Axes de travail proposés
La SEPL renouvelle sa proposition de mise en place d’un véritable
groupe de projet et d’animation permettant de synchroniser le
pilotage du management de l’innovation au niveau de la métropole
et de la Région9
. Ce groupe de projet comprendrait les thèmes de
travail suivants, avec des groupes de travail emboîtés de façon à
permettre la création d’un langage et d’un projet communs :
- Instance régionale : coordination des actions des métropoles de
Rhône-Alpes avec les politiques industrielles européenne et
française, et mise en place de l’ingénierie de financement de
l’innovation.
- Instance métropolitaine : Recensement et coordination des projets
des différents pôles de compétitivité et pilotage des actions à mener
en synergie et en coopération inter-disciplinaires, en mettant
l’accent sur le volet ressources humaines et compétences des pôles
de compétitivité (cf. étude du CESR-RA de juin 2009)
- Instances par agglomération : positionnement de chaque
agglomération dans le projet global dans le cadre d’une métropole
multipolaire, et mise en cohérence avec les politiques d’emploi et
de formation dans chaque bassin d’emploi.
- Instance par réseau ou plateforme et branche d’activité :
cartographie et pilotages des actions d’innovation à mener en
                                                            
8
Il s’agit de l’ingéniérie de reconversion des coûts cachés en création de valeur
ajoutée. Voir notamment H. Savall et V. Zardet (1987-2009) : « Maîtriser les
coûts et les performances cachés », Economica.
9
SEPL (2009) : « Accélérer le renouveau industriel de la métropole lyonnaise ».
Synthèse des travaux de la session 2008-2009. 119 p.
- 17 -
commun ou par entreprise, et assistance méthodologique aux
dirigeants pour la mise en place d’un management innovateur.
Conclusion
Le point de vue de la SEPL est que notre métropole dispose de tous
les atouts pour réussir son renouveau économique par l’innovation
et le renforcement des liens entre recherche et industrie. Il ne
manque que la mise en œuvre d’une méthode de management de
l’innovation qui permettrait aux acteurs de la Région Urbaine de
Lyon, en lien avec la Région, de mieux prendre conscience et de
mieux valoriser ces atouts pour stimuler toutes les énergies et
redonner de l’espoir dans un territoire industriel qui doit préparer
un avenir aux jeunes générations. Mettre en place ce type de projet
n’est pas un coût, mais la dispersion actuelle des énergies est un
gaspillage considérable de ressources et une perte des nombreuses
opportunités qui se présentent actuellement malgré les crises
économiques.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
COMPTES RENDUS DES CONFERENCES
DE L’ANNEE 2009-2010
 
 
 
- 21 -
« Développer les relations Recherche-Industrie.
Un impératif pour l’avenir de la métropole lyonnaise »
Michel LUSSAULT, Président du Pôle de Recherche et
d’Enseignement Supérieur de Lyon (PRES de Lyon) et Marc LE
GAL, Directeur de Lyon Science Transfert (PRES de Lyon)
Le Président Robert PARIS introduit la séance et rappelle les
objectifs fixés pour la SEPL dans les trois prochaines années, dans
le prolongement du thème de 2008-2009 sur le renouveau industriel
de la métropole lyonnaise. La session qui s’ouvre cette année sera
consacrée aux conditions du développement des relations entre
recherche et industrie dans la métropole, définie par son périmètre
équivalent à celui de la région urbaine de Lyon (c’est-à-dire avec
Saint-Etienne, CAPI, Bourg en Bresse, Roanne, Vienne et
Villefranche sur Saône). Le Président félicite les jeunes venus
nombreux pour s’intéresser aux questions de prospective et
encourage les lyonnais à adhérer avec générosité à la SEPL qui a
pour vocation d’apporter des messages d’espoir pour l’avenir, au
travers de ses questions « pertinentes et impertinentes ». Il rappelle
qu’il prend la responsabilité de la présidence dans un contexte de
travail en équipe, en particulier avec Mme Jimbert, notre Secrétaire
Générale, Bernard Constantin, Vice-Président, ainsi que Marc
Bonnet, Nicolas Millet, Maurice Pangaud et Michel Thomas.
Bernard Constantin présente les deux conférenciers de ce soir :
- Michel LUSSAULT, Président du Pôle de Recherche et
d’Enseignement Supérieur de Lyon (Université de Lyon).
Professeur des Universités en géographie, il a écrit de nombreux
ouvrages, en particulier un dictionnaire de géographie et de
l’espace co-signé en 2003 avec Jacques Lévy, où il propose une
approche trans-disciplinaire et cohérente de l’espace en croisant les
- 22 -
différents champs des sciences humaines. Il a non seulement une
expérience d’enseignant, mais aussi de Président d’Université de
Tours, et de Conseil en aménagement et urbanisme.
- Marc LE GAL complètera ce soir l’exposé de Michel
LUSSAULT en présentant l’expérience de Lyon Science Transfert,
organisme de valorisation de la recherche de l’Université de Lyon.
Marc LE GAL est ingénieur des Arts et Métiers et diplômé de
Sciences Po Paris. Il a également une expérience industrielle
diversifiée.
1)Exposé de Michel LUSSAULT
Michel LUSSAULT rappelle les objectifs de l’Université de Lyon,
qui rassemble une vingtaine d’établissements d’enseignement
supérieur : les trois Universités de Lyon, l’Université de Saint-
Etienne, l’Institut Catholique de Lyon, l’Ecole Centrale de Lyon,
CPE, l’ENTPE, etc. L’Université de Lyon couvre le territoire
équivalent à la Région Urbaine de Lyon, caractérisée par des
phénomènes de continuité urbaine et de multi-centrisme. Elle a
pour objectif de mener des actions que les membres ne pourraient
pas réaliser isolément, notamment en ce qui concerne le Plan
Campus de Lyon, les Ecoles Doctorales et la valorisation de la
recherche. Il convient de noter que le PRES de Lyon est
actuellement le plus important en France, et on peut être surpris du
complexe d’infériorité des lyonnais, alors que cette métropole a un
potentiel important et qu’elle est même en avance par rapport à
Barcelone ou Manchester dans plusieurs domaines de recherche,
même si elle n’a pas les ressources capitalistiques de Genève. Les
questions que l’on se pose sur la compétitivité des métropoles
doivent être resituées dans le contexte des évolutions observées
actuellement, avec une mondialisation des échanges et une
urbanisation croissante :
- Les métropoles sont à la fois de plus en plus liées entre elles et de
plus en plus concurrentes pour le rayonnement et l’attractivité,
notamment au plan économique.
- 23 -
- Les processus d’urbanisation se concentrent autour d’un archipel
de quelques centaines de métropoles de 2 ou 3 millions d’habitants
jusqu’à 25 millions d’habitants, ou même 65 millions d’habitants si
l’on prend le cas de l’amas métropolitain de Tokyo.
- Le développement métropolitain articule la qualité du
développement économique, culturel, social, universitaire et
environnemental. A titre d’exemple, la faiblesse de Paris par
rapport à Londres en matière de poids économique peut être
compensée par son rayonnement culturel. Il y a par ailleurs
perméabilité entre les différents domaines. Par exemple, une grande
manifestation culturelle contribue directement et indirectement à
l’internationalisation d’une métropole et à son développement
économique. Une politique industrielle ne suffit pas non plus pour
parvenir à un niveau d’excellence et à un processus de
développement vertueux.
- La page de l’économie industrielle seulement matérielle a été
tournée dans notre ère d’économie de la connaissance, et il est vain
de recréer l’industrie d’autrefois : la reproduction ne suffit plus
pour créer de la valeur ajoutée dans les systèmes productifs, et il est
nécessaire de combiner les produits matériels et les services, ces
derniers représentant maintenant 60 % de la valeur ajoutée dans le
monde en moyenne. Un exemple typique est celui de l’Iphone
d’Apple, où le support matériel incorpore un faible nombre de
brevets, mais associe un grand nombre de services. Créer ce type
de valeur ajoutée nécessite des « éco-systèmes d’innovation » et
des « collectifs » qui associent industrie et services. Richard
Florida insiste sur le fait que cela requiert en particulier une
capacité à mobiliser l’énergie des classes créatrices et des talents
éminents. Toutefois, la compétitivité des métropoles dans la société
de connaissance dépend aussi de l’accession du plus grand nombre
de personnes aux collectifs de création grâce à la qualité des
systèmes de formation. L’excellence et la créativité dépendent
aussi de la variété des formes d’intelligence, ce qui suppose
d’éviter le défaut français d’une vision restreinte de l’excellence.
- 24 -
- L’innovation au niveau des métropoles requiert la constitution de
« plateformes » où les collectifs d’innovation sont décloisonnés par
rapport à une approche par spécialité ou « silo »: les acteurs de
l’innovation doivent à la fois être spécialistes de leur domaine et en
même temps assez généralistes pour dialoguer avec les autres.
C’est l’objectif que se donne l’Université de Lyon, qui constitue un
ensemble très varié, avec toutes les spécialités qui sont
représentées.
2)Exposé de Marc LE GAL
Lyon Science Transfert (LST) est une structure créée il y a deux
ans au sein de l’Université de Lyon pour détecter des projets de
laboratoires de recherche susceptibles d’applications industrielles
afin de les faire mûrir et d’accompagner le transfert vers les
entreprises ou le dépôt de brevets. LST est également présent dans
les pôles de compétitivité de la métropole de la Région Urbaine de
Lyon. LST est financé par le Grand Lyon, la Région Rhône-Alpes,
par l’Etat et par des fonds européens. La valorisation de la
recherche se réalise de diverses façons : publications (formalisation
des connaissances), brevets (inventions), logiciels (savoir-faire),
collaborations (expertise) , utilisation d’équipements de recherche (
prestations). LST intervient à la fois pour fédérer les transferts du
milieu académique vers le milieu économique (technology push),
en complément de la formalisation des demandes du milieu
économique en direction de la recherche (market pull). Marc LE
GAL présente les trois grandes actions de LST, pour valoriser le
potentiel de 11 600 chercheurs du PRES, dont 5 000 doctorants :
- Réaliser des diagnostics intégrés pour permettre aux laboratoires
d’atteindre les marchés, à partir d’une analyse des problèmes posés
par des industriels. Cela suppose souvent de mettre en interaction
des spécialités diverses, allant de la mécanique à la biologie et à
l’informatique ou aux sciences de l’homme et de la société : il y a
souvent des tandems de disciplines, par exemple en associant
biologie et sciences des matériaux.
- 25 -
- Montrer les possibilités de maturation de projets et les
accompagner jusqu’ au brevet (et licence) ou vers la création
d’entreprises, en apportant un soutien aux porteurs de projets et aux
start-up, en lien avec l’incubateur d’entreprise CREALYS.
- Renforcer la coopération entre les laboratoires et les partenaires
de la métropole lyonnaise.
LST souhaite aussi à l’avenir développer un fond d’investissement
et mettre en place des dispositifs de veille technologique et
économique, et lancer une démarche de valorisation de la recherche
en sciences de l’homme et de la société.
Les actions de valorisation de la recherche ne s’adressent pas
qu’aux grandes entreprises, mais aussi aux PMI, car il faut sortir
des modèles linéaires de transfert (cf.. le concept de chaîne
interactive de Kline et Rosenberg). Cela nécessite une mise en
confiance des partenaires, à la fois du côté des PMI, avec des
dispositifs qui permettent de s’apprivoiser entre chercheurs et
industriels (ingénieurs de transfert, stagiaires en thèse CIFRE,
consultation d’un professeur, etc.) et d’éviter le conflit d’objectifs
entre le chercheur soumis à l’évaluation par les publications et les
PMI qui veulent des résultats opérationnels rapides.
3)Débat
- Une première question de Jean Claude FREZAL porte sur le
manque de cohérence entre le système d’évaluation des chercheurs
et l’orientation vers des applications industrielles. En réponse,
Michel Lussault explique que la culture et la tradition françaises
ont en effet conduit à dévaloriser ce qui n’était pas de la recherche
publiable dans les revues de référence, ce qui pénalise les
recherches applicatives et l’investissement dans les tâches
collectives. Le Ministre Allègre avait commencé à mettre en place
des critères d’évaluation en ce sens dans la loi LRU, avec des
possibilités de compensation de faiblesses de publication par
d’autres critères dans le cadre de l’évaluation des chercheurs tous
- 26 -
les 4 ans : par exemple, une contribution à un brevet peut valoir une
publication. Il reste aussi à développer la perméabilité entre le
monde académique et le monde industriel si l’on veut aller vers une
société de connaissance : à la différence des Etats-Unis par
exemple, un spécialiste qui veut aller dans le monde académique
prend un risque de non retour vers le monde industriel. Gérard
Pignault, Directeur Général de CPE et Président de Créalys précise
que l’Agence Nationale d’Evaluation des Laboratoires, l’AERES a
procédé à un changement sémantique en passant de la notion
d’enseignant-chercheur publiant à celle de « produisant » qui
comprend les contrats et les brevets. Michel Thomas rappelle sur ce
point que la SEPL a été créée en 1866 pour favoriser les ponts entre
le milieu économique et le monde universitaire, et qu’elle a été à
l’initiative de la première chaire d’économie à Lyon. Actuellement
ce problème de connexion entre les entreprises et le monde
universitaire nécessite d’améliorer encore les connexions pour
mettre en relations une myriade d’entreprises et de besoins avec
une grande variété de laboratoires.
- En réponse à ces remarques, Michel Lussault précise qu’il faut
développer un éco-système d’innovation, avec une qualité des liens
multiples, en admettant que tout le monde n’avance pas au même
rythme : il faut développer l’apprentissage d’une polyphonie
d’acteurs et d’intervenant, avec des objectifs qui convergent ou non
selon les cas. C’est l’objectif du PRES de Lyon de mettre en valeur
ces liens, en créant de la valeur ajoutée pour tous. Pour apprendre,
il faut aussi capitaliser l’expérience, comme dans le cas de Créalys,
y compris en tirant des enseignements des échecs. Toutefois, il faut
aussi reconnaître les progrès accomplis. Un trait lyonnais qui
surprend Michel Lussault est notre tendance à nous sous-estimer. Il
y a des réalisations remarquables à Lyon qu’il convient de mieux
faire connaître et valoriser. Patrick Bourgin, directeur de l’Ecole
Centrale de Lyon, précise qu’il peut y avoir synergie entre
recherche appliquée et fondamentale. Par exemple, les travaux sur
la miniaturisation électronique dans les années 1960 ont permis à
Sony de créer le baladeur. En France, les Instituts Carnot jouent ce
- 27 -
rôle d’interaction. Il convient aussi de varier les formes de création,
par exemple en associant la recherche technologique et le
management, ce qui est l’objectif des accords passés entre l’ECL et
l’EM Lyon.
- Le Professeur Michel LAFERRERE juge que la page de la
production industrielle n’est pas tournée, comme le montre
l’exemple de l’industrie allemande et qu’il faut allier production de
biens matériels et innovation. Michel Lussault répond que les
chiffres de l’OCDE indiquent clairement que la valeur ajoutée des
services dans le monde est double de celle de l’industrie, y compris
en Allemagne. Il faut aussi faire rentrer les idées de la société de
connaissance dans des supports matériels comme dans le cas
d’Airbus Industrie, mais on ne reviendra pas aux industries lourdes
d’autrefois qui n’ont pas réussi la révolution de la connaissance et
de l’innovation, même si cette mutation est douloureuse.
Bernard Constantin conclut en remerciant les intervenants, qui ont
apporté une vision décapante sur le sujet. Il pense qu’il conviendra
d’approfondir la question de la place des PME-PMI sur le sujet
dans le cadre de la métropole de la région urbaine de Lyon. En
effet, dans notre métropole multi-polaire où chacune des
agglomérations a une tradition industrielle, les PMI doivent
s’orienter vers l’innovation pour survivre, en faisant jouer les
synergies à la fois au sein des branches et entre l’industrie, les
services et la recherche. « L’Université et l’entreprise :
compatibilité ou incompatibilité ? »
- 29 -
« Interactions entre enseignement supérieur et monde
professionnel dans la métropole de Lyon : le cas de
l’industrie agroalimentaire »
Pascal DESAMAIS, Directeur Général ISARA-Lyon et Henri
MAITROT, Directeur du PEA-CRITT
Le Président Robert Paris rappelle le fil conducteur des travaux de
la SEPL : il s’agit de faire prendre conscience aux décideurs
lyonnais de la nécessité de développer une métropole multipolaire
si l’on veut devenir une véritable métropole européenne. La
vocation de cette métropole étant industrielle, un facteur-clé de
succès dans notre monde de compétition, d’innovation et
d’économie de la connaissance est de réussir la fertilisation croisée
entre recherche et industrie. Cela est encore loin d’être le cas,
malgré les progrès réalisés dans la qualité de fonctionnement des
pôles de compétitivité. Il faudra également faire progresser la
relation entre enseignement et entreprise dans la métropole, ce qui
sera l’objet du thème de réflexion de l’an prochain. Marc Bonnet
présente les deux conférenciers de ce jour : Pascal Desamais,
Directeur Général de l’ISARA-Lyon, avait rejoint cet établissement
il y a vingt ans après une formation d’ingénieur en génie biologique
et une expérience dans plusieurs entreprises industrielles du secteur
laitier. Il a été en charge de développer la filière agroalimentaire
dans la formation d’ingénieurs de l’ISARA-Lyon, en complément
de la filière agricole déjà en place. Henri Maitrot a complété sa
formation d’ingénieur ENSBANA par un master en marketing et il
a eu une expérience de plusieurs années dans des entreprises
agroalimentaires à l’étranger, notamment en Chine et au Canada. Il
a pris la responsabilité du PEACRITT en 1998 pour y développer
les relations entre la recherche et l’industrie agroalimentaire. Il faut
aussi rappeler que la SEPL avait organisé une conférence sur
- 30 -
l’agroalimentaire avec l’ISARA-Lyon dans le cadre de la session
2008-2009 au cours de laquelle M. Bayon de Noyer et M. Gaud
avaient montré l’importance de cette  industrie,  qui  est  l’un des
premiers employeurs de notre région et la première industrie
française.
1) Exposé de Pascal Desamais
 
Pascal Desamais rappelle que l’ISARA-Lyon a été créé en 1968 à
l’initiative de l’Université Catholique de Lyon et des milieux
professionnels agricoles. C’est Monsieur Baligand qui en est actuellement
le Président, à la suite de M. Lemoine. L’ISARA-Lyon emploie
actuellement 100 salariés permanents, dont environ une moitié
d’enseignants-chercheurs et ingénieurs d’étude. Avec ses 700 étudiants et
apprentis, cette école d’ingénieurs peut être qualifiée de « PME de
l’enseignement supérieur ». A l’origine, les enseignements étaient centrés
principalement sur le secteur agricole (agronomie, zootechnie, production
de semences, produits de traitement des plantes, etc.), avant de s’étendre
progressivement pour couvrir toute la filière agroalimentaire, en
incorporant le commercial, la distribution, l’aménagement rural et la
qualité. L’ISARA-Lyon associe étroitement trois activités
complémentaires : la formation, la recherche finalisée, le conseil et
l’expertise. Il comprend trois départements : « agro-systèmes,
environnement et production », « production agroalimentaire et qualité »,
et « sciences sociales et de gestion ». L’institut forme 120 ingénieurs par
an, ainsi que des ingénieurs en filière apprentissage dans la spécialité
viti-viniculture. Il y a également plusieurs masters spécialisés
(qualité en production animale, agro-écologie, agri-business en
Chine, double diplôme pharmacie-ingénieur agroalimentaire) ainsi
que des licences professionnelles de responsable qualité pour les
fruits et légumes, management de production en industrie
agroalimentaire et commerce international des produits
alimentaires. Toute l’école a le souci de l’employabilité des
personnes formées et l’accompagnement du projet professionnel
tout au long du cursus, ce qui passe par les mises en situation,
l’intervention de professionnels, ainsi que les activités de recherche
- 31 -
et de conseil. Il y a aussi un observatoire de l’emploi, avec des
enquêtes auprès des anciens et une analyse prospective. Les
programmes de formation sont conçus en partenariat avec les
acteurs du secteur et font l’objet d’une étude approfondie des
formations existantes et des débouchés possibles. La recherche à
l’ISARA-Lyon remplit trois fonctions principales :
- Le renforcement de la rigueur et de la qualité scientifique dans les
formations d’ingénieurs et de masters.
- La contribution à la recherche finalisée, en partenariat étroit avec
les filières professionnelles.
- La labellisation de la recherche, en lien avec d’autres structures de
recherche, avec le pilotage de doctorants, y compris dans le cadre
de thèses en contrat CIFRE.
En interaction avec la recherche, l’ISARA-Lyon a également
développé des activités de conseil, d’études et d’expertise. Les
objectifs poursuivis sont de renforcer la professionnalisation des
formations, de développer les réseaux professionnels et de
contribuer au développement économique du secteur
agroalimentaire. Des travaux sont réalisés en particulier dans le
domaine de l’optimisation de la production industrielle, les
démarches sécurité ou encore le conseil en marketing et stratégie
des produits liés aux terroirs. Au niveau international, de nombreux
échanges d’étudiants ont lieu avec obligation pour les élèves
ingénieurs de l’ISARA-Lyon d’aller à l’étranger pour être diplômé.
Il y a également une mise en place d’actions de formation à
l’international et des implantations à l’étranger, avec, par exemple,
un projet en cours d’étude au Maroc. L’ISARA-Lyon entend jouer
un rôle important au plan local, avec une forte implication dans les
réseaux professionnels ainsi que dans les réseaux académiques
locaux : présence dans le PRES Université de Lyon, l’Institut
Polytechnique de Lyon, notamment. L’AGRAPOLE est un
- 32 -
exemple emblématique de la synergie entre enseignement-
recherche et milieux professionnels de Rhône-Alpes, grâce au
regroupement sur un même site de tous les organismes
professionnels des filières agricoles et agroalimentaires. Les liens
mis en place au sein d’AGRAPOLE ont permis de créer un
incubateur qui correspond à un véritable besoin. Il a déjà permis
d’accompagner plusieurs projets de création ou de développement
d’entreprises. Cette initiative s’inscrit dans le projet du cluster du
« bien manger » qui nécessite de fédérer les entreprises de
l’agroalimentaire avec la recherche et l’expertise d’ISARA-Lyon et
de ses réseaux. Le facteur-clé du succès de toutes ces réalisations
de partenariat entre recherche et industrie est la proximité : il n’y a
pas de peur de se parler entre les deux mondes. Du côté de la
recherche, cela suppose une qualité des prestations et une grande
réactivité. Pour y parvenir, il faut porter une grande attention au
recrutement des enseignants-chercheurs, qui doivent concilier
compétences en recherche et une connaissance approfondie et une
compréhension du monde professionnel. Le fait d’avoir un statut
privé laisse quelques marges de manœuvre, même si les organismes
d’évaluation de la recherche favorisent davantage les critères
académiques que les transferts de technologie.
2) Exposé d’Henri Maitrot
Le PEACRITT est le sigle du Pôle Européen Agroalimentaire pour
la Communication, la Recherche, l’Innovation et les Transferts de
Technologie. C’est un centre régional qui regroupe 80 adhérents :
des entreprises agroalimentaires, des centres techniques et de
recherche et l’ISARA-Lyon. Il est présidé par André Duvernoir
(Directeur de la Chocolaterie Aiguebelle (42) qui appartient au
Groupe Cémoi-chocolaterie) et comprend 10 salariés. Le PEA a
piloté un budget cumulé de 20 millions d’Euros depuis sa création,
avec des ressources en provenance de plusieurs financeurs :
Conseil Régional, Etat, Union Européenne, entreprises. Le
- 33 -
PEACRITT a pour objectif de mettre l’innovation à la portée des
PME et TPE, d’accompagner les projets de collaboration avec les
réseaux européens de filières agroalimentaires, et d’animer
Organics Cluster, le cluster des produits biologiques en Rhône-
Alpes. Le PEA intervient selon trois modalités :
- Les services à la carte, par exemple en partenariat avec OSEO ou la
Direction Régionale de l’Agriculture : on part d’un diagnostic
personnalisé des projets d’innovation et l’on choisit les partenaires en
fonction des compétences requises en assurant un suivi gratuit et
impartial des travaux des experts auprès des entreprises. Dans ce cadre,
25 projets sont pilotés annuellement, mobilisant l’intervention d’une
centaine de centres techniques.
- L’accompagnement de mise en place de réseaux : 25 réseaux
depuis 2003 sont pilotés pour accompagner les entreprises dans les
démarches d’innovation et de changement. Cela concerne
notamment des innovations-produits, la nutrition, la performance
commerciale, l’emballage, la logistique, le pilotage industriel, le
marketing sensoriel, etc.
- L’assistance aux dispositifs de performance des PME : Henri
Maitrot présente de nombreux exemples d’interventions :
. Mise en place d’un nouvel outil de conditionnement pour la
coopérative de fruits frais surgelés SICOLY
. Remise à plat de la démarche logistique des Moulins Marion et mise en 
place d’un tableau de bord. 
.  Accompagnement de la création de restaurants de sushis sous
franchise pour Langlois-Traiteur.
.  Accompagnement de la démarche de croissance de la laiterie
Collet, avec création d’un nouveau site industriel et doublement de
la capacité.
Henri Maitrot analyse les enseignements à retirer de ces
coopérations entre recherche et industrie : les réussites tiennent en
grande partie à la détermination de dirigeants d’aller à la
découverte du monde de la recherche. Il y a bien sûr des échecs,
mais surtout des réussites cachées et peu médiatisées.
- 34 -
3)Débat
Un débat s’engage avec l’assistance sur les évolutions possibles des
relations entre recherche et industrie dans le domaine
agroalimentaire, ce qui amène les conférenciers à préciser les idées
sur les points suivants :
- En ce qui concerne le développement de l’emploi en France, il y a
un besoin de main d’œuvre, avec une difficulté à recruter des
opérateurs qualifiés et des ingénieurs. Il s’agit pourtant d’emplois
stables, car le secteur agroalimentaire correspond à un besoin vital
et souffre plutôt moins de la crise que d’autres secteurs.
- Les savoir-faire créés en France sont peu menacés de délocalisation,
sauf en ce qui concerne les matières premières, car les produits répondent
à une culture spécifique : on aurait du mal à fabriquer de la même façon
en Inde ou en Chine, outre les problèmes de délais d’acheminement des
produits.
- Il ne faut pas avoir peur des nouveaux produits s’ils sont acceptés
des points de vue de l’appétence et organololeptique. Les nouveaux
produits enlèvent le plus possible les colorants. Les conservateurs
restent nécessaires pour être mis dans les circuits de distribution,
mais ils font l’objet d’une autorisation de mise sur le marché,
comme les médicaments.
- Les produits issus de l’agriculture biologique sont en progression,
mais la transformation ne se fait pas entièrement de façon naturelle.
L’objectif de la recherche en agroalimentaire est que tous les
produits soient sains, mais il est évident qu’un fromage AOC
n’aura pas le même goût qu’un produit pasteurisé.
- L’agroalimentaire peut constituer une source de dynamique économique
sur un territoire, et créer des emplois et des richesses. Cela exige à la fois
l’implication de leaders, une volonté, ainsi qu’un travail en réseau, car on
ne peut pas faire grand-chose seul dans le contexte de la mondialisation.
- 35 -
- Il faut aller vers une agriculture qui préserve les ressources à long
terme et évite la pollution ou l’appauvrissement des sols, en
particulier en ce qui concerne les ressources en eau (exemple du
maïs), mais on ne pourra sans doute pas se passer des OGM, car il
y a un défi monumental pour nourrir la population mondiale qui est
en croissance : il faut donc produire plus et mieux.
- L’agriculture biologique exige de gros investissements, car il y a
une longue période de transition suivie d’une situation de faible
rendement. En outre, les normes françaises sont très exigeantes,
alors qu’elles peuvent être très laxistes dans d’autres pays.
- Il reste à développer la formation continue dans l’agroalimentaire,
y compris au niveau ingénieur. Pour le moment, la formation
continue est peu développée en inter-entreprise, sauf par le biais du
dispositif OPTI-réseaux.
- 37 -
« L’Université et l’Entreprise: compatibilité ou
incompatibilité? »
Lionel COLLET, Président de l’Université Claude Bernard Lyon 1
Le Président Robert PARIS resitue le contexte de la conférence de
Lionel COLLET dans le cadre du thème de l’année consacré à
l’interaction entre recherche et industrie a niveau de notre
métropole. Il donne ensuite la parole à Michel THOMAS qui
présente le Président COLLET, professeur de médecine ORL à
Lyon 1 après un parcours de doctorat en médecine et de doctorat en
biologie humaine, et un grand nombre de publications dans des
revues internationales. Il préside à la fois l’Université Claude
Bernard Lyon 1 et la Conférence des Présidents d’Université.
Le président COLLLET commence son intervention en expliquant
son attachement à l a relation université-entreprise et en signalant
toutes les coopérations existantes entre l’Université Lyon 1 et les
entreprises, par exemple dans le cadre de licences professionnelles.
Il mentionne une anecdote lors de son interview récente par le
journal Le Monde, où le journaliste lui a posé la question taboue
« Est-ce que l’Université est une entreprise ? » : Cette question ne
se serait même pas posée si on avait développé plus tôt les relations
entre ces deux mondes et si on n’avait pas laissé se développer des
préjugés de part et d’autre : du côté de l’Université, il ne faudrait
pas avoir de gouvernance managériale ni rechercher le profit. Du
côté des entreprises, un cliché serait que l’Université est
uniquement centrée sur la recherche fondamentale et qu’elle n’est
pas prête à l’économie de marché. Pourtant, les gouvernements
successifs ont cherché à rapprocher les universités et les
entreprises. Par exemple, la Loi Savary de 1984 avait défini les
universités comme des établissements à caractère scientifique,
culturel et professionnel. Cette loi donnait quatre grandes missions
- 38 -
aux universités : la formation initiale et continue, la recherche
scientifique et technique, la diffusion des connaissances et
l’internationalisation. En 1999, la loi Allègre sur l’innovation et la
recherche a facilité la création d’entreprises par des universités. En
2006, le gouvernement a pensé que les universités n’étaient pas
réformables et qu’il fallait créer des PRES ( Pôles de recherche et
d’Enseignement Supérieur) , de façon à y transférer des activités de
haut niveau et à mieux répondre aux critères du classement de
Shangaï où les publications internationales et le nombre de
titulaires du prix Nobel ont un pois important. Cependant, il a fallu
attendre la loi de 2007 sur l’autonomie des universités pour
mentionner explicitement les relations entre universités et
entreprises, avec notamment la présence de 20 % à 30 % de
personnalités extérieures dans les conseils d’université, dont au
moins un cadre dirigeant. Cette loi a aussi précisé, à la demande
des confédérations étudiantes, que l’Université a pour mission
officielle d’insérer les étudiants dans le monde professionnel, et des
indicateurs ont été définis sur la base de critères pertinents par
rapport au bassin d’emploi. Il convient toutefois de noter que cette
loi a permis des avancées grâce à la possibilité de créer des
fondations, mais qu’elle est restée en retrait au niveau des
dispositifs de gouvernance puisque c’est le président qui nomme
les personnalités extérieures et qu’il est élu par les acteurs internes
de l’université, ce qui donne de fait un poids considérable aux
personnels IATOS et aux représentants étudiants pour le vote des
décisions importantes.
L’Université Lyon 1 est résolument engagée dans les partenariats
avec les entreprises, car la recherche et le lien avec les entreprises
sont non seulement compatibles, mais il n’ya pas d’autre choix que
de fonctionner ensemble. Le Président COLLET témoigne alors
des réalisations suivantes :
- 76 % des étudiants de Lyon 1 sont inscrits dans des formations à
caractère professionnel. La majorité des diplômes est reconnue par
les professions et les conventions collectives, à l’exception notable
- 39 -
du doctorat ce qui est une anomalie de la France dans le contexte
des évolutions internationales.
- 68 % des étudiants sont dans des filières sélectives (IUT et
licences professionnelles, professions de santé, écoles d’ingénieur,
IUFM, etc.)
- L’université a créé deux filiales : EZUS Lyon 1 en 1990 et Lyon
Ingénierie Projets depuis 2006.EZUS a atteint un chiffre d’affaires
de 18 millions d’Euros par an et a recruté des chargés d’affaires.
- La formation continue et l’alternance génèrent un chiffre
d’affaires de 8 millions d’Euros pas an principalement dans les
filières IUT, santé et Staps. La taxe d’apprentissage apporte quant à
elle 2,5 millions d’Euros par an.
- L’Université a créé sa première fondation ( il y en a actuellement
20 en France) , en partenariat avec la Banque Populaire et avec
ARKEMA. Cela a permis de récolter plus de 3 millions d’Euros
pour financer des chaires d’excellence, des bourses pour étudiants
ainsi qu’un amphi pour notre site de Lyon-Sud.
- l’Université Lyon 1 a signé des chartes avec des groupes
professionnels, des syndicats de branches professionnelles des
pôles de compétitivité. Cela a donné lieu à des actions de
partenariat telles que la formation de techniciens de salles blanches.
- Des conventions cadres sont signées lorsque des entreprises
veulent monter des projets de recherche et qu’elles sont intéressées
par les services que l’on peut apporter. Cela donne lieu à des
recherches collaboratives.
- La préparation du Grand Emprunt exige que nous soyons de plus
en plus gérés comme une entreprise qui crée du savoir et le diffuse.
A la suite de cet exposé liminaire, un débat est organisé sous forme
de questions et réponses :
- 40 -
- Question : L’Université est-elle réformable compte tenu de
positions idéologiques figées ? Faut-il que l’évolution se fasse sous
l’influence de l’internationalisation et de la libre circulation des
diplômes et des diplômés ?
• Réponse de Lionel COLLET : Les slogans consistant à dire que
l’on privatise l’Université ne sont pas fondés, puisque 90 % de
nos budgets sont publics et que les fondations ne représentent
que 1% de nos ressources actuellement. Nous avons cependant
besoin de diversifier nos ressources pour disposer de leviers
d’action dans les prochaines années. Cela sera nécessaire non
seulement à cause des critères de Shangaï, mais parce que nous
devons adopter une stratégie de différenciation et de
renforcement de notre attractivité si l’on veut être dans la
catégorie des universités de prestige et pas seulement dans la
catégorie des universités locales. Il faut pour cela rechercher
des partenariats public-privé, ce qui nous amène à signer des
chartes avec des entreprises et même à rebaptiser des bâtiments.
- Question : On observe actuellement des manœuvres importantes
de rapprochement sur Lyon, avec par exemple la coopération entre
EM Lyon et Centrale Lyon. Qu’est-ce que cela préfigure ?
• Réponse de Lionel COLLET : Nous entrons dans une logique
de regroupement d’établissements pour sortir des filières
spécialisées ou « tubulaires » et mettre en place des passerelles.
L’avenir est aux doubles-diplômes du type ingénieur + manager
ou pharmacien + ingénieur. A Lyon, cela passera
nécessairement par le regroupement d’établissements.
- Question : On observe de nombreux dysfonctionnements qui
pénalisent les universités françaises et la relation université-
industrie : grèves d’enseignants, mépris de la valorisation pratique
de la recherche à la différence de l’Allemagne, manque de
véritables programmes de recherche collectifs, manque de lisibilité
des programmes d’enseignement et de prise en compte des besoins
des professions.
- 41 -
• Réponse de Lionel COLLET : A Lyon 1, nous avons fait des
retenues sur salaires des enseignants-chercheurs qui faisaient
grève et qui étaient une minorité (Il n’y a pas eu de grève dans
10 facultés sur 13).Il faut aussi déplorer un état d’esprit de
quelques collègues exigeant que l’on démontre qu’ils étaient en
grève. Cela dit, il ne faut pas attaquer les difficultés de
valorisation pratique des recherches, car elles doivent être
évaluées sur le long terme. Par exemple, il a fallu de
nombreuses années avant de découvrir des applications au fait
que l’oreille émet des sons.
- Questions :
La loi LRU donne t’elle réellement plus de liberté pour se
développer ou bien y a-t-il des différences par rapport à des écoles
d’ingénieur comme ISARA dont le conseil d’administration
comprend de nombreux chefs d’entreprises ?
Le conseil d’administration des IUT comprend 40 % de
personnalités extérieures, alors que chaque Université peut fixer
dans ses statuts les modalités d’élection du Président. N’est-ce pas
une régression ?
• Réponse de Lionel COLLET : La loi LRU a une faiblesse dans
le domaine de la gouvernance. Il aurait fallu mettre en place
une gouvernance duale comme à l’Université de Harvard, avec
d’une part un CA chargé de la stratégie, des finances et du
recrutement et d’autre part un sénat académique. Cela n’a pas
pu se faire à cause de résistances liées au clivage entre deux
conceptions de l’Université représentées à la Conférence des
Présidents d’Université. Pourtant, ceux qui étaient opposants à
toute évolution ne veulent maintenant pas revenir sur les
progrès que la loi LRU a quand même apportés. Par exemple, la
possibilité de recruter au fil de l’eau permet des gains de temps,
et la possibilité de négocier des contrats à durée indéterminée
permet d’être attractifs sur le marché du travail. La réforme est
ainsi une étape qui va dans le bon sens, et je ne considère pas
- 42 -
que les responsables de l’Etat aient envie de fragiliser les
universités.
- Question : Pour progresser, ne faut-il pas bousculer le monopole
des universités en laissant se créer des universités privées et en
considérant que les diplômes sont délivrés sur la base d’un cahier
des charges ?
• Réponse de Lionel Collet : Berkeley est une université publique
et Harvard est une université privée. La situation est différente
en France puisque la collation des diplômes est un monopole de
l’Université depuis la 3ème
République, comme dans le cas du
doctorat de médecine. Une université privée en France ne
pourrait donc fonctionner qu’avec des diplômes non nationaux
et on pourrait s’interroger que la qualité de leur recherche.
Toutefois, on ne peut pas exclure cette hypothèse, avec des
sortes d’établissements conventionnés comme dans le cas de
l’enseignement secondaire ou encore des sortes de diplômes
privés très attractifs comme à l’Université Paris-Dauphine. Des
universités privées vont se développer ailleurs dans le monde,
notamment en Inde et en Chine, où il va falloir accueillir 50
millions d’étudiants.
- Questions :
Il y a 135 000 étudiants à Lyon, ce qui représente une proportion
d’étudiants supérieure à moyenne des autres bassins d’emploi. Par
ailleurs, notre bassin d’emploi comprend de nombreuses PME de
moins de 250 salariés et l’on observe un faible taux de rétention des
personnes formés sur notre territoire. Comment pourrait-on
améliorer le taux d’insertion dans les PME de la région ?
L’insertion des docteurs est nettement supérieure en Allemagne ou
en Italie et beaucoup de diplômés vont travailler dans des PME.
• Réponse de Lionel COLLET : Cela est vrai, mais il faut prendre
en compte le pourcentage d’étudiants étrangers (12%) et ceux
qui viennent d’autres régions. En ce qui concerne les doctorats,
on va de plus en plus vers des financements sur contrats avec
- 43 -
des entreprises. Cela suppose l’évaluation des travaux en cours
de thèse. Cela va évoluer car le doctorat n’était pas dans les
habitudes de la relation université-entreprise en France, à la
différence d’autres pays, et certains ingénieurs pourtant
titulaires d’un doctorat hésitent même à afficher leur titre.
Le Président Robert PARIS clôture les débats en indiquant que les
universités doivent aussi afficher clairement leur souhait de
coopérer avec le monde industriel.
- 45 -
« Evolution des systèmes organisationnels et de la
formation
INEXO (Institut de l’Excellence Opérationnelle) »
Didier DESPLANCHE, Directeur Général de l’ECAM
Le Président Robert PARIS introduit la séance en resituant l’intérêt
de cette conférence dans le cadre du thème de l’année sur le la
coopération entre recherche et industrie dans la métropole
lyonnaise. Le thème de ce soir ne porte pas sur la technologie en
tant que telle, mais sur l’organisation des processus industriels.
Nicolas MILLET prend ensuite la parole pour présenter le
conférencier de ce soir. Didier DESPLANCHE est ingénieur des
Arts et Métiers et titulaire d’un MBA. Avant de prendre la direction
de l’ECAM en 2009, il a eu une expérience industrielle, notamment
à Usinor-Geugnon, puis en Roumanie et en Thaïlande.
Il vient ce soir témoigner sur son expérience de co-pilote du projet
Inexo, qui vise à diffuser le « Lean Management ».
M. DESPLANCHE présente alors le projet INEXO, qui est hébergé
par l’Ecole Catholique des Arts et Métiers.
a)Le cadre de l’ECAM qui héberge INEXO
La mission de l’ECAM est de former des ingénieurs humanistes.
L’école a été créée en 1900 et elle est gérée par une fondation, ce
qui est très en avance par rapport à ce que souhaite développer le
PRES de nos jours. Cette école d’ingénieurs met l’accent non
seulement sur les technologies actuelles, mais aussi sur les
comportements : adaptabilité, capacité d’analyse des systèmes,
travail en équipe, sens du relationnel, communication, découverte
- 46 -
des autres cultures. Il faut noter que les jeunes générations
actuellement à l’école ont pour caractéristique d’être « hyper-
connectées » et qu’elles ont un sens du lien entre travail et loisirs
très différent des générations précédentes. Ces jeunes sont aussi
amenés à travailler de façon différente, avec le management de
projets transversaux dans des organisations matricielles et une
grande mobilité professionnelle. Dans ce cadre, des axes de
formation sont renforcés sur les thèmes du comportement et de
l’individu en lien avec le collectif et l’entreprise. L’ECAM mène
aussi des recherches en lien avec les sciences sociales, en
coopération avec l’INRS et l’Université Paris 5, par exemple sur le
thème de l’ergonomie.
b)L’Institut INEXO
Le projet Inexo a été inspiré par le rapport McKinsey de 2006 sur
le maintien de la compétitivité des PME-PMI, où une place
importante est donnée à l’excellence opérationnelle et au lean
management, inspiré des méthodes de Toyota. En juillet 2008, le
cabinet de Luc Chatel, Ministre de l’Industrie, a lancé une réflexion
sur la diffusion de l’excellence opérationnelle en France. L’ECAM
y représentait l’enseignement supérieur. Cette réflexion a abouti en
décembre 2008 à l’élaboration d’un plan qualité et performance
dont l’un des axes majeurs est l’amélioration et le renforcement de
l’enseignement de l’excellence opérationnelle, domaine où la
France a un retard par rapport à l’Asie ou à d’autres pays émergents
comme le Brésil.
La convention INEXO a été signée entre le Ministère de l’Industrie
et l’Ecam, avec la participation des Mines de Saint-Etienne, des
Arts et Métiers de Cluny, de l’Ensam-Paristech et de McKinsey.
L’objectif était d’améliorer la performance des PME-PMI dans tous
les domaines (sécurité, productivité, qualité, ambiance de travail),
de rendre attractive l’image de la production en France, en
particulier vis-à-vis des filières scientifiques. La mise en œuvre
- 47 -
consiste en un dispositif de formation intégrée, véritable plate-
forme d’apprentissage inauguré le 26 novembre dernier à Lyon par
Mme Lagarde, Ministre de l’Economie et des Finances, avec un
investissement total de 500 k€. Il s’agit d’une usine modèle
installée à l’Ecam, qui apporte le corps professoral et les locaux.
Mc Kinsey apporte son expertise en termes de Business Plan et les
PME-PMI partenaires apportent leur retour d’expérience dans le
cadre des formations.
La plate-forme INEXO a déjà permis de former 150 étudiants et
d’impliquer une vingtaine de PME-PMI au travers de 11 modules
de deux jours par an. Elle joue quatre rôles principaux :
• La formation des étudiants, des salariés d’entreprises et des
consultants dans un environnement proche du monde industriel,
• La recherche-développement, par une approche expérimentale,
• L’innovation, par le test de solutions de processus innovants et
de nouveaux concepts organisationnels,
• Le partage des meilleures pratiques.
Une dizaine de PME de secteurs variés (automobile, agro-
alimentaire, etc.) ont déjà testé ce dispositif. Les expériences de
formation laissent libre cours aux apprenants sur les différentes
étapes des processus de production (fabrication, assemblage,
logistique, etc.) en apprenant les principes du lean management :
standardisation, pilotage des performances, amélioration continue,
cartographie des processus, mesure des impacts, etc.
Du point de vue pédagogique, la formation est fondée sur la
recherche de solutions en faisant avancer le groupe de travail par
interaction entre l’observation sur le terrain, la résolution de
problèmes et l’analyse des attitudes et comportements. Les
principes pédagogiques sont les suivants :
- 48 -
• Construire en équipe la satisfaction du client,
• Développer l’intelligence collective (travailler en équipe),
• Intégrer la culture de l’amélioration continue dans les
mentalités,
• Apprendre à mieux se comprendre en donnant du temps à
l’observation, en écoutant et discutant et en se rendant sur les
outils de travail pour « toucher et sentir ».
Le projet INEXO va se dérouler en trois phases :
• Phase 1 : Manufacturing
• Phase 2 : Entreprises de service et tertiaire
• Phase 3 : Processus continus et application au pôle de
compétitivité Axelera.
c)Débat
• Une première question posée par Nicolas Millet porte sur les
cibles visées en termes de niveau des stagiaires et sur la
démarche de vente des formations
M. Desplanche répond que l’action vise différents publics, en
commençant par les formations d’ingénieur et les licences
professionnelles. Une cartographie des prescripteurs a été établie et
des relations se sont créées notamment avec le cluster automotive
Rhône-Alpes et avec les fédérations. On essaie aussi de faire
connaître ce modèle par l’intermédiaire des pôles de compétitivité.
Il y a des sessions d’information avec l’AFIEC. Ce qui est
important est que les patrons d’entreprise soient convaincus et que
le projet lean management s’inscrive dans une stratégie globale
d’entreprise.
- 49 -
• Michel Thomas pense que le projet exige aussi une
structuration plus forte des stages en entreprise pour que la
relation école-entreprise soit efficiente.
M. Lemoine, ancien Président d’Isara (qui est également une école
faisant partie de l’Institut Polytechnique de Lyon comme l’Ecam)
juge que cette question est bien résolue grâce à la qualité de la
préparation des stages d’ingénieurs, avec un programme de stage :
les élèves-ingénieurs sans idée pré-conçue constituent un apport
pour l’entreprise et ils se forment au travers de la mise en place
d’un processus.
• A une remarque d’un étudiant sur la lourdeur des procédures de
l’alternance, M. Desplanche répond aussi les services de l’Etat
doivent simplifier les procédures et contribuer à une bonne
image de l’alternance auprès des entreprises.
• Robert Paris pense qu’il faut aussi que les chefs d’entreprise
puissent se former eux-mêmes.
M. Desplanche pense qu’il faut notamment agir au niveau des clubs
d’entreprise, où les patrons se rencontrent quand ils prennent le
temps de se dégager. Le projet Inexo aide aussi à mutualiser des
moyens, là où un patron d’une entreprise de 50 personnes n’a pas
les moyens d’agir seul.
• Maurice Pangaud demande si le projet doit aussi s’étendre au
secteur des services et à d’autres régions. Il s’interroge aussi sur
les raisons de création d’un institut séparé au sein de l’Ecole
d’Ingénieurs.
M. Desplanche indique qu’INEXO est conçu comme un
département de l’école et que des projets sont à l’étude avec des
hôpitaux (services d’urgences) et avec une préfecture pour le
processus de délivrance des passeports. D’autres régions seront
concernées, mais en agissant au niveau territorial.
- 50 -
• Patrick Bertrand pose la question du lien avec l’innovation
produit, à un moment où Toyota rencontre des difficultés de
fiabilité de ses fabrications.
M. Desplanche répond que la question de l’innovation fait l’objet
de nombreuses réflexions, avec des réunions entre dirigeants et
universitaires, en lien avec Créalys. Une école seule a des
difficultés pour couvrir tous les champs de l’innovation, et on n’est
pas assez structuré au niveau territorial pour apporter des réponses.
Il est nécessaire que tous les acteurs de l’innovation sur le territoire
puissent bien se connaître, et que les institutionnels jouent un rôle
de structuration. Par exemple, les industriels doivent être amenés à
formuler une problématique de création de produits et demander au
tissu universitaire et d’écoles des éléments de réponse. Cela
suppose notamment de bien connaître les compétences existantes
dans le tissu universitaire.
- 51 -
« Les écoles de management et l’entreprise : un
partenariat permanent »
Philippe MARCEL, Président du Conseil d’Administration
d’EMLYON
Le Président Robert PARIS introduit la séance après avoir reçu
l’approbation à l’unanimité du rapport moral et financier 2009 de la
SEPL. Il donne des indications sur le programme de l’année 2009-
2010 qui portera sur le thème du lien entre le monde de la
formation et l’entreprise dans notre métropole, tout en ajoutant
quelques conférences sur des sujets d’actualité. C’est ensuite
Michel THOMAS qui intervient pour présenter notre conférencier
de ce jour. Philipe MARCEL a 56 ans et il est diplômé de
l’EMLYON. Il a commencé sa carrière dans le secteur du surgelé et
du négoce international et a rejoint le Groupe ECCO à Lyon, puis à
Paris et à Londres et dans divers pays européens. Il est devenu
Directeur Général d’Adecco France après la fusion d’Adia et
d’Ecco en 1996, en contribuant à la création du premier groupe
mondial de l’intérim. Depuis 2008, il est devenu entrepreneur et a
créé la société d’investissement PBM tout en étant administrateur
de nombreuses entreprises performantes de Lyon.
Philippe MARCEL présente alors le Groupe EM LYON et son
succès dans les classements avec la troisième place en France
attribuée par Le Point et la 8ème
place en Europe dans le ranking du
Financial Times. Actuellement 3500 étudiants passent par l’EM
LYON chaque année et il y a 20 000 diplômés dans le monde.
L’école dispose d’une équipe de 100 professeurs permanents et son
budget annuel est de 45 millions d’Euros. La mission de l’école est
de former des entrepreneurs pour le monde. De nombreuses
initiatives ont été prises pour renforcer le positionnement de l’école
- 52 -
dans le domaine de l’entreprenariat aussi bien dans le domaine de
la formation que de la recherche. L’école a par exemple mis en
place un think tank international sur l’entrepreneurship avec des
chaires d’enseignement et de recherche et des sponsors
La gouvernance de l’école institutionnalise le partenariat avec le
monde économique, avec un conseil d’administration composé en
majorité de représentants de la CCI et des entreprises, ainsi qu’avec
des représentants des collectivités territoriales, du personnel de
l’école et des étudiants. Le partenariat entre les entreprises et
l’Ecole est continu tout au long du parcours des étudiants:
• Avant l’entrée, les entreprises sont impliquées dans le
recrutement des étudiants, puisqu’à la différence de nombreux
autres secteurs de l’enseignement supérieur, les oraux
comprennent un entretien de sélection en présence d’un
responsable d’entreprise et d’un enseignant de l’école, de façon
à « challenger » notre vision.
• Pendant le parcours à l’école, les entreprises sont partenaires de
la formation. Elles sont impliquées dans la définition des
programmes et la vérification de leur pertinence. 40 % des
enseignements sont délivrés par des vacataires issus des
entreprises et de nombreuses études de cas sont élaborées de
façon collaborative avec les entreprises et des chefs
d’entreprises emblématiques viennent témoigner devant les
étudiants. Les stages représentent de 12 à 18 mois sur la durée
de la scolarité, de façon à permettre de confronter
l’enseignement avec la réalité.
• Après la sortie de l’école, l’EMLYON a mis en place un
programme de formation tout au long de la vie dénommé
« Executive Development », afin de permettre une
réactualisation des connaissances de façon permanente. Par
ailleurs, il y a de nombreux programmes de formation sur
mesure intra-entreprise, ainsi que des programmes inter-
entreprises, notamment le CPA qui forme des cadres de 35-40
ans pour les préparer à la fonction de directeur général, et le
- 53 -
programme PGM qui est un cycle de formation de 12 à 18 mois
à la responsabilité d’un centre de profit. L’incubateur
d’entreprises permet aussi d’aider les étudiants à porter un
projet et à transformer des « start-up » en « gazelles »
Il y a plusieurs évolutions actuellement pour accompagner les
changements au niveau des entreprises :
- L’accélération de la mondialisation. Cela nécessite de développer
l’internationalisation du recrutement (35% d’étrangers actuelle-
ment) et la formation au travail en équipes multi-culturelles.
L’EMLYON a ainsi développé un campus à Shangaï et fait en sorte
que tous les étudiants puissent passer 6 mois en Chine, en plus des
échanges bilatéraux d’étudiants et de professeurs dans différentes
régions du monde. On a également mis en place un campus à
Genève pour mettre en place des formations dans le domaine du
luxe et du bancaire. On est toutefois peu présent en Amérique latine
et en Afrique, car il a fallu faire des choix de développement sans
pouvoir être partout.
- Le projet Yin-Yang avec l’Ecole Centrale de Lyon a pour objectif
de mieux mettre en synergie ingénierie et management. Cela
comprend aussi des actions de mutualisation sur le campus
d’Ecully : documentation, système WI-FI, fusion des catalogues de
formation continue, etc. Il y a aussi un projet de créer un
programme post bac en commun centré sur l’innovation, le design
et l’entrepreneuriat.
A la suite de cet exposé, Philippe Marcel répond aux questions de
l’assistance.
- Quel partenariat de l’EMLYON dans le PRES, et quels
rapprochements entre universités et grandes écoles? Philippe
Marcel .M. répond que l’objectif n’est pas de se contenter de faire
de la communication sur ce sujet, mais de partir de la
problématique de l’employabilité et des aspirations des étudiants
- 54 -
pour contribuer à l’enseignement supérieur de demain. Cela
demande du pragmatisme et de l’ouverture d’esprit pour oublier les
dogmes. Des coopérations sont envisageables dans le cadre du
PRES, notamment avec l’ENS et l’IEP. En tout état de cause, l’EM
LYON ne veut pas aller vers une grosse structure qui serait
ingouvernable, et la notion de masse critique est à relativiser. Notre
priorité est de coopérer avec Centrale, puis d’agréger
progressivement d’autres partenaires pour proposer un
décloisonnement qui soit innovant et pertinent.
- Ne faut-il pas aussi former des entrepreneurs pour Lyon dans un
contexte de montée du chômage et de revente de notre industrie par
appartements, comme dans le cas de RP Silicones où aucun
entrepreneur lyonnais n’a été capable de proposer une offre de
reprise ? Philippe Marcel pense que l’EMLYON ne peut pas tout
faire, mais que sa formation de managers internationaux a des
retombées indirectes, comme celle de créer des réseaux : des jeunes
dirigeants qui ont été formés à Lyon et deviennent des
ambassadeurs disposés à coopérer avec notre métropole. Nous
contribuons à l’économie locale également grâce à l’incubateur. Il
faut aussi sensibiliser les étudiants au développement durable :
lorsqu’on commande une voiture, on a aussi un impact sur l’outil
industriel de notre région en fonction du choix de la marque.
- Quelle peut être la contribution de l’EMLYON au développement
des PME-PMI de notre métropole, alors que la pédagogie est
orientée vers le management des grandes entreprises ? Réponse de
Philippe Marcel : L’une des difficultés tient au fait que c’est les
gens du métier au niveau international (les professeurs) qui
définissent les canons de la réussite. Par exemple, je suis très
partisan de professeurs vacataires venant des PME, mais si on a une
trop forte proportion de vacataires, nous risquons de perdre les
accréditations et de disparaître de la profession. Il y a donc une
dictature de la norme qui n’est pas saine, alors qu’il faudrait faire
en sorte que les entreprises fassent partie du système
d’accréditation. Pourtant, les parcours professionnels dans les PME
- 55 -
sont intéressants, alors même que les carrières dans les grandes
entreprises peuvent devenir plus chaotiques. Il faudra donc à
l’avenir aider les PME à « vendre » leur projet aux jeunes, y
compris en les associant au capital. Il faudra aussi que nous
fassions évoluer les enseignements en master.
- Ne néglige t’on pas la formation commerciale dans les Business
Schools : sens du contact et du relationnel, compréhension des
besoins du client ? Philippe Marcel juge que la vente fait partie
intégrante de l’entrepreneuriat et que c’est une voie royale pour
accéder aux responsabilités. La vente, c’est la capacité d’écoute, de
comprendre et d’apporter des solutions. Cela dit, l’EMLYON
forme aussi à des métiers variés, y compris des auditeurs financiers.
- Quelle est l’aide de la CCI à l’EMLYON et quelles sont les
évolutions des sources de financement ? Phillipe Marcel précise en
premier lieu que la CCI apporte directement 3,5 M€ par an sur un
budget de 45 M€, auxquels il faut ajouter 4 M€ de taxe
d’apprentissage. La contribution de financement de type public se
situe par conséquent un peu en dessous de la moyenne de la
profession. L’EM LYON a développé plusieurs autres sources de
financement, en particulier avec les chaires. En ce qui concerne les
frais de scolarité, l’Ecole fait en sorte qu’aucun jeune ne soit dans
l’impossibilité de faire ses études à l’EMLYON pour des raisons
financières. Outre les possibilités de bourses et d’emprunt, un
dispositif de mécénat et de fondation ont été mis en place. Il faut
aussi signaler que l’EMLYON participe à une action de promotion
de la diversité « multi- campus/ multi-quartier » parmi les étudiants
en mettant en place une aide à l’orientation des jeunes dès la classe
de seconde.
- 57 -
« Le lien industrie-formation-recherche :
le cas de CPE Lyon »
M. Gérard PIGNAULT, Directeur de CPE Lyon (Ecole Supérieure
de Chimie-Physique-Electronique)
M. Pignault est accueilli par le Président Robert Paris qui introduit
la séance en la situant dans le prolongement des travaux de
réflexion réalisés par la SEPL sur le thème du lien entre industrie,
formation et monde académique. Il donne la parole à Yves
Minssieux, Vice-Président de la CCI de Lyon, qui rappelle les liens
étroits entre la CCI et CPE –Lyon depuis l’origine de l’école. La
CCI de Lyon consacre actuellement 25% de son budget au
financement de l’enseignement et CPE fait partie des
établissements de formation soutenus par la CCI de Lyon.
Nicolas Millet introduit ensuite le conférencier, qui est lyonnais
d’origine. Il est titulaire d’un doctorat en physique théorique et du
diplôme de l’Ecole Polytechnique. Après une expérience aux Etats-
Unis, il a passé 17 ans chez Péchiney, à l’usine d’Issoire et au
centre de recherche de Voreppe. Il a pris la direction de CPE à
Lyon en 2004 en ayant découvert CPE au travers d’une offre
d’emploi dans une petite annonce. Il dirige maintenant CPE et
préside l’incubateur Créalys, ainsi qu’un groupe de réflexion sur les
bio-carburants et la chimie verte.
- 58 -
Exposé de M Gérard Pignault
L’école d’ingénieurs CPE a été créée en 1883 quand la CCI de
Lyon a perçu la nécessité d’une école de chimie à Lyon,
notamment pour les besoins de l’industrie textile et des colorants.
L’université avait alors une vision trop académique, mais Chimie
Lyon a démarré seulement comme une annexe de la chaire de
chimie de l’Université et avait des promotions de 10 à 15 élèves par
an. L’école a été logée en premier lieu dans les locaux du Musée
Saint Pierre actuel, puis rue Pasteur avant de déménager à La Doua.
En 1919, l’école a adopté une structure de société anonyme,
l’année même où l’Université Catholique de Lyon créait une autre
école de chimie Place Bellecour. Au début des années 1960, l’école
a créé une filière dans le but de concevoir les appareils
électroniques dont la chimie était amenée à se servir de plus en
plus. Cette filière a pris sont envol de façon autonome, le plus
souvent sans lien avec la chimie.
La fin des années 1980 a été marquée par la désintégration de
Rhône-Poulenc, grosse entreprise qui recrutait autrefois plus de la
moitié des promotions d’ingénieurs. Cela a provoqué une crise qui
a conduit la CCI Lyon, la Fondation Scientifique du Sud-Est et
l’Université Catholique de Lyon à proposer une refondation par la
fusion entre les deux écoles de chimie de Lyon. Aujourd’hui, CPE
est une sorte de PME de l’enseignement et de la recherche avec 100
salariés et 500 vacataires. Le budget est de 9 millions d’Euros et
l’école abrite 9 laboratoires de recherche dans ses locaux de 26 000
m2 situés sur le campus de La Doua à Lyon-Villeurbanne. La
structure juridique de CPE est une association à but non lucratif
rattachée à l’Université Lyon 1, avec un conseil d’administration
composé à 90 % de membres externes, et une représentation de
toutes les parties prenantes. Ce conseil joue un vrai rôle de contrôle
du management et de réflexion stratégique. Il s’agit donc d’un
système hybride public-privé unique en France a permis à CPE de
se développer dans un environnement à la fois protecteur et
stimulant. Il y a une vingtaine d’entreprises partenaires,
- 59 -
comprenant à la fois de grands groupes et de PME. Il faut aussi
noter que 80 % du financement vient du privé, ce qui accroît
l’exigence sur l’excellence des résultats. Les cours magistraux sont
effectués par des enseignants-chercheurs de l’Université Lyon 1 et
il y a un lien fort avec le CNRS, ainsi qu’une perméabilité entre le
cursus ingénieur et les masters universitaires.
Au cours des dernières années, CPE a progressé dans plusieurs
domaines sous l’impulsion de ses directeurs successifs. Yannick
Bonnet a mis en place les liens avec les Etats-Unis et les stages de
longue durée. Jean Claude Charpentier a intensifié les axes
d’enseignement sur la chimie des procédés, ce qui était un élément
précurseur pour la création du pôle de compétitivité Axelera.
Michelle Gelin a été un artisan de la fusion des deux écoles.
Aujourd’hui, CPE a deux filières : la chimie des procédés où CPE
est l’école de chimie la plus généraliste en France, et
l’informatique-réseaux de communication qui met l’accent sur la
compétence-systèmes (convergence entre informatique,
électronique, communication et réseaux). Il y a en outre l’ITII qui
forme des ingénieurs par la voie de l’apprentissage qui marche très
bien, avec la perspective de passer de 30 à 70 étudiants par an.
Cette voie de l’alternance acquiert progressivement ses lettres de
noblesse en France et même l’Ecole Polytechnique a créé une
filière en apprentissage. La filiale de formation continue est
principalement centrée sur la chimie des procédés et atteint un
chiffre d’affaires de trois millions d’euros par an. CPE forme 300
ingénieurs par an, ce qui en fait une grosse école à l’échelle de la
France. Il faut noter que 20 % des entreprises qui recrutent nos
diplômés sont allemandes.
Les valeurs privilégiées par l’école sont les suivantes : exigence
scientifique, couplage entre science et technologie, formation
humaine par la qualité de la relation avec les étudiants et
l’apprentissage par l’exemple, ouverture internationale et réactivité.
CPE développe aussi l’esprit d’entrepreneuriat avec un projet
d’entreprise à réaliser par les étudiants en année 3 et l’école
- 60 -
progresse dans l’internationalisation avec l’objectif d’arriver à 25
% d’étudiants étrangers.
L’école a hébergé trois Prix Nobel : Victor Grignard (1912), Yves
Chauvin (2005) et Jean Jouzel (2007). Il faut à cette occasion
remarquer le fait que le Prix Nobel d’Yves Chauvin a été décerné
notamment en raison des brevets auxquels il a contribué dans le
domaine des procédés industriels. Il a davantage de brevets que
d’articles, ce qui est un signe de la valorisation de l’interaction
entre recherche et industrie. On peut aussi noter que CPE possède
un des deux seuls laboratoires d’excellence en chimie en France
(note A+ de l’Aeres) et qu’un ancien élève de CPE-Lyon, Patrick
Flandrin, vient aussi d’être élu à l’Académie des Sciences. Ces
signes d’excellence nous rappellent que la chimie reste un atout
pour la France et pour l’Europe, et qu’il y a des chercheurs français
dans tous les grands laboratoires de chimie du monde.
A l’avenir, CPE a pour stratégie de s’inscrire dans la dynamique
du développement durable et de contribuer à l’enseignement
supérieur à Lyon, notamment en lien avec l’Institut des
Nanotechnologies de Lyon. L’ambition de CPE est de devenir une
pépite d’excellence au service du développement économique et de
la formation dans un ensemble plus grand. Il s’agit aussi d’ancrer
des ingénieurs dans la région et de les envoyer vers la chimie verte,
les NTIC et l’informatique embarquée. Cela nécessite de conserver
nos valeurs tout en innovant dans la façon de les mettre en œuvre.
CPE s’efforce de former des ingénieurs de dimension internationale
et qui ont le goût de l’innovation Il faudra sans doute grandir un
peu et si possible obtenir de nouveaux Prix Nobel, mais on ne
fonde pas notre stratégie sur les rankings, même si CPE est bien
classé et que personne ne peut complètement ignorer les
classements. Le rattachement à l’Université de Lyon doit servir
aussi à améliorer notre visibilité internationale, qui est sans doute le
seul véritable domaine dans lequel des économies d’échelle sont
possibles. Le budget ne dépendant que de 11% du Ministère de
- 61 -
l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, un objectif est de
créer une fondation pour amplifier les efforts d’ouverture sociale
car CPE est en compétition avec des écoles gratuites totalement
financées par l’Etat. Cela servira aussi à financer les chaires de
recherche.
CPE peut être considérée comme un exemple de collaboration
fructueuse entre formation, recherche et industrie, même s’il ne
faut pas confondre formation et recherche. Nous cherchons en effet
à mieux analyser les demandes implicites de l’industrie pour
incorporer nos compétences en recherche. Il faut aussi refuser de
hiérarchiser la recherche fondamentale et la recherche appliquée. A
l’Agence Nationale de la Recherche par exemple, il y a des
chercheurs fondamentaux qui travaillent sur des projets de
recherche appliquée : la seule distinction pertinente est celle de la
bonne recherche par rapport à la recherche médiocre. Ce qui est
nouveau sur ce sujet depuis les dernières années, c’est
l’intensification des relations entre les entreprises et les grands
centres universitaires. Il s’agit pour réussir cette relation de
surmonter les difficultés de gestion des rythmes qui ne sont pas les
mêmes dans l’industrie et dans la recherche. En particulier, il faut
accélérer la rapidité de mise en œuvre des idées. Cela nécessite un
plus fort ancrage sur le terrain et la remise en cause de la croyance
bien française que les idées sont automatiquement suivies par
l’action. Ce n’est pas le cas et nous n’avons pas la même capacité
d’intendance que les américains par exemple.
D’une façon plus générale au niveau français, nous devons aussi
surmonter nos faiblesses sans céder au pessimisme. Même si nous
souffrons de la désindustrialisation et que notre culture de
colonialiste industriel est remise en question par le fait que nous
avions privilégié des croissances externes alors que nous ne
contrôlons plus toute notre industrie, nous devons mettre l’accent
sur l’innovation. Le problème de la désindustrialisation tient aussi
Synthèse des travaux SEPL 2009-2010
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Synthèse des travaux SEPL 2009-2010

  • 1. RENFORCER LES SYNERGIES ENTRE RECHERCHE ET INDUSTRIE DANS LA MÉTROPOLE LYONNAISE Synthèse des travaux de la session 2009-2010 de la SEPL Janvier 2011 Editeur : SEPL Société d’Économie Politique et d’Économie Sociale de Lyon 
  • 2.
  • 3. - 3 - SOCIÉTÉ D’ÉCONOMIE POLITIQUE ET D’ÉCONOMIE SOCIALE DE LYON Sommaire 1 –Note de synthèse des travaux de l’année 2009-2010................ 5 2 – Comptes-rendus des conférences de l’année 2009-2010 Michel LUSSAULT, Président du Pôle de Recherche et d’Enseignements Supérieur de Lyon (PRES de Lyon) accompagné de Marc LE GAL, Directeur de Lyon Science Transfert (PRES de Lyon) « Développer les relations Recherche- Industrie, un impératif pour l’avenir de la métropole lyonnaise ».................................... 21 Pascal DESAMAIS, Directeur Général ISARA – Lyon Henri MAITROT, Directeur du PEA-CRITT « Interactions entre enseignement supérieur et monde professionnel dans la métropole de Lyon : le cas de l’industrie agroalimentaire »..................... 29 Lionel COLLET, Président de l’Université Claude Bernard LYON 1 « L’Université et l’Entreprise : compatibilité ou incompatibilité ? » .................................... 37 Didier DESPLANCHE, Directeur Général de l’ECAM « Evolution des systèmes organisationnels et de la formation – Inexo (Institut de l’Excellence Opérationnelle » ……… .......... 47 Philippe MARCEL, Président du Conseil d’Administration de l’EMLYON Business School « Les écoles de management et l’entreprise : un partenariat permanent » ............................ 51 Gérard PIGNAULT, Directeur de CPE Lyon (Ecole Supérieure de Chimie-Physique Electronique) « Le lien industrie-formation-recherche : le cas de CPE Lyon »..................................... 57
  • 4. - 4 - Hôte d’Honneur : Gérard COLLOMB, Sénateur-Maire de Lyon, Président du Grand Lyon « L’avenir industriel de la métropole lyonnaise » ........................................... 63 3) Annexes ....................................................................................... 97 Contacts : Robert PARIS, Président de la SEPL e.mail : paris_robert@yahoo.fr Marc BONNET, past Président de la SEPL e.mail : bonnet@iseor.com Renée JIMBERT, Secrétaire Administrative de la SEPL e.mail : renee.jimbert@lcl.fr Michel GIELLY, membre du Conseil de la SEPL e.mail : m.gielly@orange.fr
  • 5. - 5 - Note de Synthèse et avis de la SEPL Le thème de travail de la SEPL en 2008-2009 avait porté sur la nécessité d’un rebond de l’industrie dans la métropole lyonnaise1 en mettant en évidence les phénomènes inquiétants d’effritement de la compétitivité et les risques systémiques d’effets de régression en chaîne sur les services à l’industrie, puis sur les autres services qui dépendent de la vitalité du tissu économique de notre territoire. L’ouvrage de la SEPL mettait aussi en évidence les apports et les limites des initiatives prises dans la région et dans la métropole, tant au niveau des pôles de compétitivité que des plateformes technologiques2 et des filières industrielles et d’innovation : la métropole lyonnaise3 et la région doivent s’inscrire dans les grands projets d’innovation radicale en se plaçant à l’échelle des projets de politique industrielle et d’innovation français et européens. Cela nous a conduits à approfondir ce travail en 2009-2010 en nous focalisant sur le sujet du renforcement des synergies entre                                                              1  Les principaux pôles de compétitivité de la métropole sont : Lyon Biopôle (qui travaille en lien sur certains projets avec le pôle grenoblois Minalogic), Axelera (Chimie-environnement), Lyon Urban Trucks (transport de personnes), Techtera (textiles techniques), Imaginove (loisirs numériques), Viameca (mécanique), cluster Défense et Sûreté, cluster Lumière  2 Voir en particulier le document du Conseil Economique et Social Régional : « Accents sur des initiatives en Rhône-Alpes à la suite des Etats généraux de l’industrie ». 21 mai 2010. Voir également les actes de la conférence donnée par Gilles Le Blanc au CESR le 20 avril 2010 : « Appréhender l’environnement économique et concurrentiel de l’industrie : un enjeu majeur pour le développement régional ». (www.rhonealpes.fr).  3 Lyon se situe à la 373ème place mondiale des métropoles sur le plan démographique et aux environs de la 100ème au plan universitaire. le PRES tire la compétitivité et l’attractivité de la métropole. Il s’agit donc d’une ressource territoriale de 1ère importance encore sous exploitée par les entreprises et notamment les PME qui connaissent et utilisent généralement moins de 50% des ressources qu’offre le territoire métropolitain 
  • 6. - 6 - recherche et industrie dans la Métropole Lyonnaise. L’hypothèse était formulée qu’il existe un « potentiel caché » de nos activités économiques à Lyon et dans les agglomérations environnantes si l’on parvient à améliorer encore l’innovation dans notre territoire grâce à la coopération entre centres de recherche publics et privés, PME-PMI et grandes entreprises. Bien sûr, les actions réalisées au cours des dernières années dans le cadre des pôles de compétitivité de notre métropole ont eu des effets positifs. Toutefois, la SEPL se demande si le moment n’est pas venu de passer à une vitesse supérieure compte tenu de l’accroissement de la compétition internationale et de la nécessité de renforcer nos capacités d’innovation pour assurer un développement économique durable. Nous pensons en effet que tous les ingrédients de la compétitivité sont présents dans notre métropole, et qu’il reste seulement à faire un effort de coordination complémentaire pour que ces ingrédients interagissent davantage et créent une dynamique globale. Nous avons ainsi abordé cette année les thèmes du développement de l’entrepreneuriat grâce à la relation recherche-industrie, la comparaison entre le dynamisme des relations recherche-industrie à Lyon et à Grenoble, et enfin, le développement du Plan Campus de Lyon en relation avec l’industrie. Pour prendre davantage conscience de ce potentiel caché, nous avons examiné successivement les domaines suivants au cours de nos conférences de cette année : - 21 Octobre 2009 : Michel LUSSAULT, Président du Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur de Lyon (PRES de Lyon), accompagné de Marc LE GAL, Directeur de Lyon Science Transfert (PRES de Lyon) : « Développer les relations Recherche- Industrie, un impératif pour l’avenir de la métropole lyonnaise » - 10 Décembre 2009 : Pascal DESAMAIS, Directeur Général ISARA - Lyon, Henri MAITROT, Directeur du PEA – CRIT : « Interactions entre enseignement supérieur et monde professionnel dans la métropole de Lyon: le cas de l’industrie agroalimentaire »
  • 7. - 7 - - 2 Février 2010 : Didier DESPLANCHE, Directeur Général de l’ECAM : « Evolution des systèmes organisationnels et de la formation - INEXO (Institut de l’Excellence Opérationnelle) - 8 Mars 2010 : Lionel COLLET, Président de l’Université Claude Bernard Lyon 1 « L’Université et l’Entreprise: compatibilité ou incompatibilité? » - 28 Avril 2010 : Philippe MARCEL, Président du Conseil d’Administration de l’EMLYON Business School : « Les écoles de management et l’entreprise : un partenariat permanent » - 13 décembre 2010 : Gérard PIGNAULT, Directeur de CPE Lyon : « Le lien industrie-formation-recherche : le cas de CPE Lyon »  - 3 Juin 2010 – Conférence de l’Hôte d’Honneur : Gérard COLLOMB, Sénateur-Maire de Lyon, Président du Grand Lyon « L’avenir industriel de la métropole lyonnaise » 1) Constats issus des débats Lors des débats de la SEPL tenus en marge de ces conférences sans se soucier du « politiquement correct » et sans céder au fatalisme liés aux dysfonctionnements des systèmes de la mondialisation (désordre des monnaies, déloyautés de protection industrielle, inégalité d’application des normes sociales et règlementaires, etc.), les participants ont insisté sur la nécessité d’agir notamment sur deux goulots d’étranglement de l’innovation dans la région pour lesquels des moyens d’actions sont à notre portée : - les échanges inter-disciplinaires et inter-sectoriels, qui peuvent nous permettre de créer de nouveaux avantages technologiques
  • 8. - 8 - dans la compétition mondiale, notamment par rapport à la Chine, l’Inde et le Brésil. De ce point de vue, les pertes d’opportunités sont considérables par rapport aux innovations qui émergeraient d’une bonne coopération régionale dans de nombreux domaines : coopération CERN-Genève et CEA Grenoble handicapée par des phénomènes de féodalités; fertilisation croisée encore trop balbutiantes entre bio-technologies à Lyon et nanotechnologies à Grenoble ; délaissement, voire abandon non explicite d’une véritable plate-forme interdisciplinaire dans l’industrie nucléaire, alors que Lyon est la seule métropole au monde à disposer dans un rayon de 200 km de toutes les ressources technologiques et industrielles nécessaires pour les centrales nucléaires les plus sûres et innovantes dont le monde aura de toutes façons besoin au 21ème siècle (que les écologistes européens le veuillent ou non). De nombreux autres exemples pourraient être donnés de ce manque de pilotage de la synergie inter-pôles et inter-secteurs qui nous empêche de devenir l’un des territoires les plus innovants au monde alors que nous disposons de toutes les technologies, entreprises et centres de recherche nécessaires pour réussir ce pari. Il faut aussi favoriser les croisements entre les sciences exactes et les humanités pour les industries qui vont offrir de plus en plus des « biens d’expérience » en complément des « biens de recherche » (O Bomsel, l’économie immatérielle, 2010), pour les industries créatives et de programmes (jeux vidéo, serious game, cross média). C’est la variété des formes d’intelligence évoquée par M. Lussault et dont les prémices apparaissent avec le projet Yin Yang de l’EML et de Centrale. Cf. l’évolution des compétences dans les TIC où l’on passe successivement de compétences centrales en électroniques (IBM) à des compétences en informatique (Microsoft) et en design et ergonomie (Apple) - Un deuxième goulot d’étrangement est le manque d’orientation des flux financiers vers l’innovation, malgré les crédits impôt- recherche et la multiplication des dispositifs d’aide à l’innovation tels qu’OSEO, il faut constater que les flux financiers concernés
  • 9. - 9 - sont faibles par rapport à d’autres métropoles du monde où les capitaux affluent, soit parce que d’autres territoires sont considérés comme plus attractifs en termes d’innovation, soit parce que nos pays sont trop orientés vers les placements immobiliers ou spéculatifs à court terme sans incitations suffisantes pour contrebalancer ce déséquilibre. Il faut ajouter à ces handicaps celui des lourdeurs bureaucratiques françaises et du manque de véritable dispositif de pilotage concerté des projets d’innovation au niveau de la métropole lyonnaise et de la région. En outre, les PME de moins de 20 salariés consacrent en moyenne 0,6% de leur chiffre d’affaires à la recherche-développement contre plus de 10, voire 20% dans les Entreprises de Taille Intermédiaire. Or le cercle vertueux est : développement des marchés = plus de marges nettes = plus d’investissement notamment en R et D = plus de création d’emplois. 2) Hypothèses formulées Sans se centrer sur la seule Innovation radicale avec un grand « I », déjà largement traitée aux niveaux européen, français et régional, la SEPL a voulu insister sur l’immense potentiel caché que représente non seulement l’innovation incrémentale, celle des petites améliorations continues nécessaires pour maintenir notre compétitivité, mais surtout l’innovation managériale et organisationnelle (avantage compétitif décisif et inimitable vis-à- vis des pays émergents et du groupe Brésil, Inde, Chine), qui permettrait de rendre plus fertile en innovations de toutes sortes le terreau les entreprises et du territoire lui-même. L’hypothèse formulée par la SEPL est que ce terreau existe, mais qu’il est en partie empoisonné par sept principaux produits toxiques d’ordre managérial qui ont été analysés lors des séances de la SEPL. 21) Les composants d’un terreau fertile d’innovations sont présents
  • 10. - 10 - Cinq atouts insuffisamment mis en valeur peuvent être cités : - Malgré l’effritement de notre industrie et de sa compétitivité, il existe encore au niveau de la métropole lyonnaise une partie significative de nos entreprises industrielles et des services directs et indirects à l’industrie qui résistent encore face à la dureté de la compétition internationale, en tous cas davantage que dans les autres régions françaises. Cela concerne tous les secteurs : pharmacie, chimie, métallurgie et mécanique, etc., même s’il faut noter que les entreprises de sous-traitance de capacité sont davantage vulnérables que les entreprises de sous-traitance de spécialité au sein de chacun des secteurs industriels. - Des industries s’efforcent de s’organiser en leur sein, même en l’absence de cluster ou de dispositif médiatique rendant l’innovation visible aux yeux des décideurs politiques. Le plus bel exemple de cet effort est l’Agrapôle, qui rassemble sur un même site toutes les professions de l’agroalimentaire en synergie avec l’ISARA et le PEA-CRIT. - Des écoles et universités variées couvrent l’ensemble des domaines scientifiques nécessaires pour l’innovation technolo- gique. Même si ces écoles n’ont pas en France le prestige des écoles parisiennes (ce qui est en grande partie illusoire au niveau mondial), elles permettent de former les scientifiques dont notre métropole et notre région auraient besoin pour l’innovation industrielle, dans la mesure où notre territoire serait capable de les retenir. - Des instituts de recherche qui excellent au niveau français dans le domaine du management de l’innovation. Il faut citer notamment le centre des entrepreneurs de l’EM Lyon qui accompagne la formation de créateurs de TPE, et l’ISEOR (centre associé à l’Université Lyon 3/IAE Lyon), centre de recherche qui a acquis une notoriété internationale dans le domaine du management socio- économique innovateur et de la conduite du changement dans les
  • 11. - 11 - entreprises et les territoires, correspondant au besoin de management par les compétences évoqué par le CESR. - Des dispositifs variés qui tentent de rapprocher les acteurs de l’innovation : incubateur CREALYS, Lyon Sciences Transfert (Université de Lyon), etc. et faciliter la commercialisation de l’innovation tant au niveau local qu’international (Erai). 22) Des erreurs d’analyse stratégique existent, car plusieurs idées et pratiques « toxiques » pénalisent la fertilité et la vitalité de notre terreau d’innovation. Au cours des débats de la SEPL, sept principaux dysfonctionnements ont été recensés : - Les conceptions trop radicales relatives au management de l’innovation industrielle. Selon certaines croyances partagées par des économistes industriels4 , seuls les secteurs de haute technologie seraient susceptibles de survivre dans la compétition mondiale et de l’« économie de la connaissance ». Il faudrait donc centrer tous les moyens sur un nombre très limité de pôles d’innovation qui tireraient tous les secteurs économiques, quitte à laisser s’effondrer les secteurs industriels traditionnels dans un processus de « destruction créatrice ». Cette conception occulte le potentiel considérable de sauvegarde et de création d’emplois et de richesses que représente la régénération des secteurs traditionnels. Ce renouveau peut être obtenu soit par fertilisation croisée avec les secteurs innovants (exemple de la mécatronique allemande), soit par développement de micro-innovations de différenciation (exemple des produits de haute qualité et de luxe). Il ne faut pas non plus oublier que l’histoire de l’industrie lyonnaise montre de nombreux exemples de fertilisation croisée : il n’y aurait pas eu les vaccins s’il n’y avait pas eu la soie et il n’y aurait pas eu le même                                                              4 Rappelons les risques liés à l’application de concepts théoriques d’économie industrielle déconnectés du travail réalisé avec les acteurs du terrain. Un célèbre économiste industriel de la région Rhône-Alpes, Gérard Destanne de Bernis avait ainsi conseillé au gouvernement algérien de mettre en place d’une « industrie industrialisante », plongeant ainsi le pays dans une crise économique profonde avec en particulier une industrie sidérurgique inutile. 
  • 12. - 12 - développement de la mécanique-métallurgie sans le textile, enjeu d’aujourd’hui pour croiser les métiers du génie climatique et de chauffagiste, du design et des industries agro-alimentaires, des city techs pour la construction de la ville, du mixte produits et service (matériel de sécurité et plan de sécurité pour les entreprises, traitement de surface et traitement des boues, etc. Il faut que l’université aide davantage la sous-traitance à ce diversifier et à aller chercher les marchés finaux pour accroître les marges et favoriser l’investissement productif. - le manque de vigilance stratégique : si de nombreux acteurs politiques de la métropole ne sont pas assez conscients des menaces réelles d’effondrement de notre socle économique industriel, on observe chez les responsables économiques un sentiment dominant de fatalisme (« après moi le déluge »), alors qu’il suffirait d’un peu de travail en équipe ou en clubs de dirigeants et d’une aide méthodologique pour prendre conscience des atouts et opportunités considérables dont nous disposons pour construire des stratégies fondées sur l’innovation. - Le manque de méthodes de management de l’innovation partagées entre les grandes entreprises, les petites entreprises et les organismes de recherche qui participent aux réseaux ou aux pôles de compétitivité : les objectifs sont formulés de façon différente et les mentalités sont souvent opposées sans que les personnes passent d’une structure à l’autre au cours de leur carrière professionnelle, comme on l’observe en Allemagne ou aux Etats-Unis. En outre, l’argument souvent utilisé pour justifier la division entre recherche fondamentale et recherche appliquée ou recherche-développement est en grande partie spécieux en ce qui concerne la recherche réalisée dans la métropole lyonnaise. Certes, des recherches fondamentales débouchent quelquefois sur des applications inattendues, mais l’interaction étroite entre le fondamental et l’appliqué est extrêmement fertile et chaque type de recherche doit se nourrir de l’autre pour innover, et pour éviter que des grandes innovations produites dans notre métropole soient captées par
  • 13. - 13 - d’autres territoires dans le monde. A titre d’exemple, l’écran LCD a été inventé en 1984 à Grenoble et n’a pas donné de développement industriel en France, mais aux Etats-Unis et en Asie), de même que pour la carte à puce inventé à Lyon par Moréno. - La dispersion des organismes chargés de l’innovation : les débats ont porté sur le fait qu’il n’existe pas de plan d’action global, car chaque branche, chaque pôle de compétitivité, chaque agglomération de la métropole, ainsi que la Région Rhône-Alpes souhaiteraient prendre des initiatives à leur niveau spécifique. Malgré la bonne volonté des acteurs concernés, ces actions sont peu efficaces car elles ne sont pas synchronisées entre elles ni avec le niveau national ou européen. L’exemple des limites de la coopération dans le réseau « Rhône-Provence Nucléaire » est une illustration de la difficulté à regrouper les acteurs industriels d’une même filière. Il en va de même au niveau de la recherche universitaire où malgré la création d’une structure Université de Lyon- Sciences Transfert, les relations universités-industrie restent principalement portées par un nombre encore trop limité de centres de recherche et d’entreprises, même au sein des pôles de compétitivité. - Le manque d’accompagnement des petites entreprises industrielles5 dans les processus d’innovation : les précédents                                                              5 Les entreprises, surtout si elles sont des PME innovantes, possèdent un savoir faire souvent rare, voire unique, qui leur permet de disposer d’avantages compétitifs décisifs pour s’imposer sur leur marché. Ce savoir faire est parfois protégé par un brevet ou un dépôt INPI mais dans certain cas il s’agit d’un « tour de main » au sein d’un processus technique appuyé sur un cahier des charges. Il est inscrit dans un cahier technique qui leur permet d’assurer la continuité dans la qualité de leurs produits quelque soient les équipes à l’ouvrage. Or ce savoir faire commence à être menacé par les logiques financières qui s’imposent dans l’économie contemporaine notamment par le biais des fonds de pension qui exigent des taux de rentabilité à 2 chiffres, voire proches des 15%. Or bon nombre de secteurs industriels ne peuvent atteindre de tels chiffres et leur réalité s’établit plutôt autour de 4 / 8%. Dans un cas comme celui-ci, la tentation est grande de délocaliser les activités dans les pays à bas coût de main d’œuvre pour permettre d’améliorer cette marge. Le processus est le suivant : le fonds prend le
  • 14. - 14 - rapports de la SEPL avaient déjà insisté sur le manque d’entreprises de taille intermédiaire comparables aux entreprises industrielles allemandes, suffisamment puissantes pour financer une véritable recherche-développement et une présence commerciale durable à l’international6 . Les dirigeants de PMI hésitent parfois à se regrouper en équipe dans des réseaux d’innovation technologique et commerciale, surtout si des concurrents font partie du réseau et si des plus grosses entreprises cherchent à s’approprier des savoir- faire par prédation. L’un des principaux remèdes à ces obstacles consiste à aider les dirigeants de ces entreprises à mettre en œuvre des innovations managériales à la fois en équipe de PMI et au sein de chaque entreprise afin de libérer les potentiels de développement qui sont observés dans la plupart des entreprises, mais qui sont inexploitées par manque de temps de la part des dirigeants et de leur équipe. Il reste ainsi beaucoup de travail à accomplir pour développer un véritable écosystème de croissance à partir des incubateurs, de Novacité, des clusters et pôles (volet RH) et des dispositifs d’accompagnement des stratégies d’exportation.                                                                                                                                        contrôle de l’entreprise en achetant le nombre de parts lui permettant la minorité de blocage (30%) ; il accède au(x) cahier(s) technique(s) puis, quelques temps plus tard, il demande la délocalisation de l’unité dans un pays à bas coût de main d’œuvre. Ainsi de nombreux savoir-faire précieux peuvent « s’évader » sans contrôle ni protection. Ce phénomène s’est notamment produit dans la vallée de l’Arve pour le décolletage. Il faut donc proposer un texte de loi pour protéger les savoir-faire industriels contre de telles pratiques et éviter la captation des cahiers techniques en cas de prise de contrôle. Cette disposition est prévue dans la lettre que le Président de la République a adressée à Christine Lagarde Il faut réaffirmer la primauté de la logique industrielle par rapport à la logique financière. Un rapport parlementaire pourrait précéder la rédaction de ce texte sur la base d’un « Cohen act » à la française. La métropole lyonnaise se propose d’être un territoire pilote pour la mise en place de cette procédure de protection et la CCIL souhaite être un initiateur et un accompagnateur de cette mesure.   6 Nous avions aussi souligné Le problème de l’insertion insuffisante des diplômés dans les PME et notamment dans les PMI ; les 4000 contrats d’apprentissage traités par la CCI de Lyon sont constitués de 57% de niveaux 1, 2, 3, 26% de niveau 4 et 24% de niveau 5. 
  • 15. - 15 - - Le manque d’encouragement à la reprise d’entreprises : les débats ont souvent porté sur les insuffisances de reprises d’entreprises par des entrepreneurs innovateurs. Cela concerne à la fois les PMI de la métropole où des problèmes de transmission se posent actuellement, mais aussi des plus grandes entreprises. L’exemple a été pris de Blue-Star Silicones (ex. Rhodia) qui a été racheté par une entreprise chinoise alors qu’aucun entrepreneur lyonnais n’avait eu envie ou la possibilité de reprendre cette entreprise pourtant performante en innovations dans les secteurs où le management était de bonne qualité pour stimuler l’innovation (exemple du secteur RTV-Silicones). De nombreux acteurs politiques lyonnais prennent maintenant conscience du désastre pour Lyon que représenterait la fermeture de ce site, compte tenu des impacts indirects destructeurs sur les autres entreprises dépendant du niveau et de la structure de l’activité dans la vallée de la chimie. - Des outils et des moyens financiers insuffisants pour mobiliser l’épargne de proximité pour la R & D : malgré l’inventaire des outils de financement réalisé au niveau de Lyon et de la Région7 , les moyens d’ingénierie financière et les flux de capitaux sont très en deçà du niveau nécessaire pour assurer des grands projets d’innovation par rapport aux places financières (Londres, Francfort et Paris, etc.). Les risques perçus sont de se limiter à des saupoudrages de financements qui ne permettent pas de mener des grands projets de rénovation de nos industries, alors que l’industrie dont nous avons hérité dans la métropole lyonnaise avait bénéficié en son temps de l’existence de réels centres de décision financiers à Lyon. Le projet proposé par le CESR d’une coordination des outils financiers avec l’aide de la Caisse des Dépôts et Consignations mérite l’attention, mais il ne suffira sans doute pas à surmonter nos handicaps en ce domaine par rapport à des métropoles comme                                                              7 Voir le rapport du CESR Rhône-Alpes « Accent sur des initiatives en Rhône- Alpes » (op.cit.) : ce rapport inventorie les financements bancaires, les interventions en capital (capital-investissement) et les financements de marché (émission de titres sur le marché des capitaux).
  • 16. - 16 - Milan ou Barcelone. Il ne faut toutefois pas sous-estimer les potentiels de financement endogène que permettraient des actions d’innovation de type socio-économique8 . c) Axes de travail proposés La SEPL renouvelle sa proposition de mise en place d’un véritable groupe de projet et d’animation permettant de synchroniser le pilotage du management de l’innovation au niveau de la métropole et de la Région9 . Ce groupe de projet comprendrait les thèmes de travail suivants, avec des groupes de travail emboîtés de façon à permettre la création d’un langage et d’un projet communs : - Instance régionale : coordination des actions des métropoles de Rhône-Alpes avec les politiques industrielles européenne et française, et mise en place de l’ingénierie de financement de l’innovation. - Instance métropolitaine : Recensement et coordination des projets des différents pôles de compétitivité et pilotage des actions à mener en synergie et en coopération inter-disciplinaires, en mettant l’accent sur le volet ressources humaines et compétences des pôles de compétitivité (cf. étude du CESR-RA de juin 2009) - Instances par agglomération : positionnement de chaque agglomération dans le projet global dans le cadre d’une métropole multipolaire, et mise en cohérence avec les politiques d’emploi et de formation dans chaque bassin d’emploi. - Instance par réseau ou plateforme et branche d’activité : cartographie et pilotages des actions d’innovation à mener en                                                              8 Il s’agit de l’ingéniérie de reconversion des coûts cachés en création de valeur ajoutée. Voir notamment H. Savall et V. Zardet (1987-2009) : « Maîtriser les coûts et les performances cachés », Economica. 9 SEPL (2009) : « Accélérer le renouveau industriel de la métropole lyonnaise ». Synthèse des travaux de la session 2008-2009. 119 p.
  • 17. - 17 - commun ou par entreprise, et assistance méthodologique aux dirigeants pour la mise en place d’un management innovateur. Conclusion Le point de vue de la SEPL est que notre métropole dispose de tous les atouts pour réussir son renouveau économique par l’innovation et le renforcement des liens entre recherche et industrie. Il ne manque que la mise en œuvre d’une méthode de management de l’innovation qui permettrait aux acteurs de la Région Urbaine de Lyon, en lien avec la Région, de mieux prendre conscience et de mieux valoriser ces atouts pour stimuler toutes les énergies et redonner de l’espoir dans un territoire industriel qui doit préparer un avenir aux jeunes générations. Mettre en place ce type de projet n’est pas un coût, mais la dispersion actuelle des énergies est un gaspillage considérable de ressources et une perte des nombreuses opportunités qui se présentent actuellement malgré les crises économiques.
  • 18.
  • 19.                                 COMPTES RENDUS DES CONFERENCES DE L’ANNEE 2009-2010      
  • 20.
  • 21. - 21 - « Développer les relations Recherche-Industrie. Un impératif pour l’avenir de la métropole lyonnaise » Michel LUSSAULT, Président du Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur de Lyon (PRES de Lyon) et Marc LE GAL, Directeur de Lyon Science Transfert (PRES de Lyon) Le Président Robert PARIS introduit la séance et rappelle les objectifs fixés pour la SEPL dans les trois prochaines années, dans le prolongement du thème de 2008-2009 sur le renouveau industriel de la métropole lyonnaise. La session qui s’ouvre cette année sera consacrée aux conditions du développement des relations entre recherche et industrie dans la métropole, définie par son périmètre équivalent à celui de la région urbaine de Lyon (c’est-à-dire avec Saint-Etienne, CAPI, Bourg en Bresse, Roanne, Vienne et Villefranche sur Saône). Le Président félicite les jeunes venus nombreux pour s’intéresser aux questions de prospective et encourage les lyonnais à adhérer avec générosité à la SEPL qui a pour vocation d’apporter des messages d’espoir pour l’avenir, au travers de ses questions « pertinentes et impertinentes ». Il rappelle qu’il prend la responsabilité de la présidence dans un contexte de travail en équipe, en particulier avec Mme Jimbert, notre Secrétaire Générale, Bernard Constantin, Vice-Président, ainsi que Marc Bonnet, Nicolas Millet, Maurice Pangaud et Michel Thomas. Bernard Constantin présente les deux conférenciers de ce soir : - Michel LUSSAULT, Président du Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur de Lyon (Université de Lyon). Professeur des Universités en géographie, il a écrit de nombreux ouvrages, en particulier un dictionnaire de géographie et de l’espace co-signé en 2003 avec Jacques Lévy, où il propose une approche trans-disciplinaire et cohérente de l’espace en croisant les
  • 22. - 22 - différents champs des sciences humaines. Il a non seulement une expérience d’enseignant, mais aussi de Président d’Université de Tours, et de Conseil en aménagement et urbanisme. - Marc LE GAL complètera ce soir l’exposé de Michel LUSSAULT en présentant l’expérience de Lyon Science Transfert, organisme de valorisation de la recherche de l’Université de Lyon. Marc LE GAL est ingénieur des Arts et Métiers et diplômé de Sciences Po Paris. Il a également une expérience industrielle diversifiée. 1)Exposé de Michel LUSSAULT Michel LUSSAULT rappelle les objectifs de l’Université de Lyon, qui rassemble une vingtaine d’établissements d’enseignement supérieur : les trois Universités de Lyon, l’Université de Saint- Etienne, l’Institut Catholique de Lyon, l’Ecole Centrale de Lyon, CPE, l’ENTPE, etc. L’Université de Lyon couvre le territoire équivalent à la Région Urbaine de Lyon, caractérisée par des phénomènes de continuité urbaine et de multi-centrisme. Elle a pour objectif de mener des actions que les membres ne pourraient pas réaliser isolément, notamment en ce qui concerne le Plan Campus de Lyon, les Ecoles Doctorales et la valorisation de la recherche. Il convient de noter que le PRES de Lyon est actuellement le plus important en France, et on peut être surpris du complexe d’infériorité des lyonnais, alors que cette métropole a un potentiel important et qu’elle est même en avance par rapport à Barcelone ou Manchester dans plusieurs domaines de recherche, même si elle n’a pas les ressources capitalistiques de Genève. Les questions que l’on se pose sur la compétitivité des métropoles doivent être resituées dans le contexte des évolutions observées actuellement, avec une mondialisation des échanges et une urbanisation croissante : - Les métropoles sont à la fois de plus en plus liées entre elles et de plus en plus concurrentes pour le rayonnement et l’attractivité, notamment au plan économique.
  • 23. - 23 - - Les processus d’urbanisation se concentrent autour d’un archipel de quelques centaines de métropoles de 2 ou 3 millions d’habitants jusqu’à 25 millions d’habitants, ou même 65 millions d’habitants si l’on prend le cas de l’amas métropolitain de Tokyo. - Le développement métropolitain articule la qualité du développement économique, culturel, social, universitaire et environnemental. A titre d’exemple, la faiblesse de Paris par rapport à Londres en matière de poids économique peut être compensée par son rayonnement culturel. Il y a par ailleurs perméabilité entre les différents domaines. Par exemple, une grande manifestation culturelle contribue directement et indirectement à l’internationalisation d’une métropole et à son développement économique. Une politique industrielle ne suffit pas non plus pour parvenir à un niveau d’excellence et à un processus de développement vertueux. - La page de l’économie industrielle seulement matérielle a été tournée dans notre ère d’économie de la connaissance, et il est vain de recréer l’industrie d’autrefois : la reproduction ne suffit plus pour créer de la valeur ajoutée dans les systèmes productifs, et il est nécessaire de combiner les produits matériels et les services, ces derniers représentant maintenant 60 % de la valeur ajoutée dans le monde en moyenne. Un exemple typique est celui de l’Iphone d’Apple, où le support matériel incorpore un faible nombre de brevets, mais associe un grand nombre de services. Créer ce type de valeur ajoutée nécessite des « éco-systèmes d’innovation » et des « collectifs » qui associent industrie et services. Richard Florida insiste sur le fait que cela requiert en particulier une capacité à mobiliser l’énergie des classes créatrices et des talents éminents. Toutefois, la compétitivité des métropoles dans la société de connaissance dépend aussi de l’accession du plus grand nombre de personnes aux collectifs de création grâce à la qualité des systèmes de formation. L’excellence et la créativité dépendent aussi de la variété des formes d’intelligence, ce qui suppose d’éviter le défaut français d’une vision restreinte de l’excellence.
  • 24. - 24 - - L’innovation au niveau des métropoles requiert la constitution de « plateformes » où les collectifs d’innovation sont décloisonnés par rapport à une approche par spécialité ou « silo »: les acteurs de l’innovation doivent à la fois être spécialistes de leur domaine et en même temps assez généralistes pour dialoguer avec les autres. C’est l’objectif que se donne l’Université de Lyon, qui constitue un ensemble très varié, avec toutes les spécialités qui sont représentées. 2)Exposé de Marc LE GAL Lyon Science Transfert (LST) est une structure créée il y a deux ans au sein de l’Université de Lyon pour détecter des projets de laboratoires de recherche susceptibles d’applications industrielles afin de les faire mûrir et d’accompagner le transfert vers les entreprises ou le dépôt de brevets. LST est également présent dans les pôles de compétitivité de la métropole de la Région Urbaine de Lyon. LST est financé par le Grand Lyon, la Région Rhône-Alpes, par l’Etat et par des fonds européens. La valorisation de la recherche se réalise de diverses façons : publications (formalisation des connaissances), brevets (inventions), logiciels (savoir-faire), collaborations (expertise) , utilisation d’équipements de recherche ( prestations). LST intervient à la fois pour fédérer les transferts du milieu académique vers le milieu économique (technology push), en complément de la formalisation des demandes du milieu économique en direction de la recherche (market pull). Marc LE GAL présente les trois grandes actions de LST, pour valoriser le potentiel de 11 600 chercheurs du PRES, dont 5 000 doctorants : - Réaliser des diagnostics intégrés pour permettre aux laboratoires d’atteindre les marchés, à partir d’une analyse des problèmes posés par des industriels. Cela suppose souvent de mettre en interaction des spécialités diverses, allant de la mécanique à la biologie et à l’informatique ou aux sciences de l’homme et de la société : il y a souvent des tandems de disciplines, par exemple en associant biologie et sciences des matériaux.
  • 25. - 25 - - Montrer les possibilités de maturation de projets et les accompagner jusqu’ au brevet (et licence) ou vers la création d’entreprises, en apportant un soutien aux porteurs de projets et aux start-up, en lien avec l’incubateur d’entreprise CREALYS. - Renforcer la coopération entre les laboratoires et les partenaires de la métropole lyonnaise. LST souhaite aussi à l’avenir développer un fond d’investissement et mettre en place des dispositifs de veille technologique et économique, et lancer une démarche de valorisation de la recherche en sciences de l’homme et de la société. Les actions de valorisation de la recherche ne s’adressent pas qu’aux grandes entreprises, mais aussi aux PMI, car il faut sortir des modèles linéaires de transfert (cf.. le concept de chaîne interactive de Kline et Rosenberg). Cela nécessite une mise en confiance des partenaires, à la fois du côté des PMI, avec des dispositifs qui permettent de s’apprivoiser entre chercheurs et industriels (ingénieurs de transfert, stagiaires en thèse CIFRE, consultation d’un professeur, etc.) et d’éviter le conflit d’objectifs entre le chercheur soumis à l’évaluation par les publications et les PMI qui veulent des résultats opérationnels rapides. 3)Débat - Une première question de Jean Claude FREZAL porte sur le manque de cohérence entre le système d’évaluation des chercheurs et l’orientation vers des applications industrielles. En réponse, Michel Lussault explique que la culture et la tradition françaises ont en effet conduit à dévaloriser ce qui n’était pas de la recherche publiable dans les revues de référence, ce qui pénalise les recherches applicatives et l’investissement dans les tâches collectives. Le Ministre Allègre avait commencé à mettre en place des critères d’évaluation en ce sens dans la loi LRU, avec des possibilités de compensation de faiblesses de publication par d’autres critères dans le cadre de l’évaluation des chercheurs tous
  • 26. - 26 - les 4 ans : par exemple, une contribution à un brevet peut valoir une publication. Il reste aussi à développer la perméabilité entre le monde académique et le monde industriel si l’on veut aller vers une société de connaissance : à la différence des Etats-Unis par exemple, un spécialiste qui veut aller dans le monde académique prend un risque de non retour vers le monde industriel. Gérard Pignault, Directeur Général de CPE et Président de Créalys précise que l’Agence Nationale d’Evaluation des Laboratoires, l’AERES a procédé à un changement sémantique en passant de la notion d’enseignant-chercheur publiant à celle de « produisant » qui comprend les contrats et les brevets. Michel Thomas rappelle sur ce point que la SEPL a été créée en 1866 pour favoriser les ponts entre le milieu économique et le monde universitaire, et qu’elle a été à l’initiative de la première chaire d’économie à Lyon. Actuellement ce problème de connexion entre les entreprises et le monde universitaire nécessite d’améliorer encore les connexions pour mettre en relations une myriade d’entreprises et de besoins avec une grande variété de laboratoires. - En réponse à ces remarques, Michel Lussault précise qu’il faut développer un éco-système d’innovation, avec une qualité des liens multiples, en admettant que tout le monde n’avance pas au même rythme : il faut développer l’apprentissage d’une polyphonie d’acteurs et d’intervenant, avec des objectifs qui convergent ou non selon les cas. C’est l’objectif du PRES de Lyon de mettre en valeur ces liens, en créant de la valeur ajoutée pour tous. Pour apprendre, il faut aussi capitaliser l’expérience, comme dans le cas de Créalys, y compris en tirant des enseignements des échecs. Toutefois, il faut aussi reconnaître les progrès accomplis. Un trait lyonnais qui surprend Michel Lussault est notre tendance à nous sous-estimer. Il y a des réalisations remarquables à Lyon qu’il convient de mieux faire connaître et valoriser. Patrick Bourgin, directeur de l’Ecole Centrale de Lyon, précise qu’il peut y avoir synergie entre recherche appliquée et fondamentale. Par exemple, les travaux sur la miniaturisation électronique dans les années 1960 ont permis à Sony de créer le baladeur. En France, les Instituts Carnot jouent ce
  • 27. - 27 - rôle d’interaction. Il convient aussi de varier les formes de création, par exemple en associant la recherche technologique et le management, ce qui est l’objectif des accords passés entre l’ECL et l’EM Lyon. - Le Professeur Michel LAFERRERE juge que la page de la production industrielle n’est pas tournée, comme le montre l’exemple de l’industrie allemande et qu’il faut allier production de biens matériels et innovation. Michel Lussault répond que les chiffres de l’OCDE indiquent clairement que la valeur ajoutée des services dans le monde est double de celle de l’industrie, y compris en Allemagne. Il faut aussi faire rentrer les idées de la société de connaissance dans des supports matériels comme dans le cas d’Airbus Industrie, mais on ne reviendra pas aux industries lourdes d’autrefois qui n’ont pas réussi la révolution de la connaissance et de l’innovation, même si cette mutation est douloureuse. Bernard Constantin conclut en remerciant les intervenants, qui ont apporté une vision décapante sur le sujet. Il pense qu’il conviendra d’approfondir la question de la place des PME-PMI sur le sujet dans le cadre de la métropole de la région urbaine de Lyon. En effet, dans notre métropole multi-polaire où chacune des agglomérations a une tradition industrielle, les PMI doivent s’orienter vers l’innovation pour survivre, en faisant jouer les synergies à la fois au sein des branches et entre l’industrie, les services et la recherche. « L’Université et l’entreprise : compatibilité ou incompatibilité ? »
  • 28.
  • 29. - 29 - « Interactions entre enseignement supérieur et monde professionnel dans la métropole de Lyon : le cas de l’industrie agroalimentaire » Pascal DESAMAIS, Directeur Général ISARA-Lyon et Henri MAITROT, Directeur du PEA-CRITT Le Président Robert Paris rappelle le fil conducteur des travaux de la SEPL : il s’agit de faire prendre conscience aux décideurs lyonnais de la nécessité de développer une métropole multipolaire si l’on veut devenir une véritable métropole européenne. La vocation de cette métropole étant industrielle, un facteur-clé de succès dans notre monde de compétition, d’innovation et d’économie de la connaissance est de réussir la fertilisation croisée entre recherche et industrie. Cela est encore loin d’être le cas, malgré les progrès réalisés dans la qualité de fonctionnement des pôles de compétitivité. Il faudra également faire progresser la relation entre enseignement et entreprise dans la métropole, ce qui sera l’objet du thème de réflexion de l’an prochain. Marc Bonnet présente les deux conférenciers de ce jour : Pascal Desamais, Directeur Général de l’ISARA-Lyon, avait rejoint cet établissement il y a vingt ans après une formation d’ingénieur en génie biologique et une expérience dans plusieurs entreprises industrielles du secteur laitier. Il a été en charge de développer la filière agroalimentaire dans la formation d’ingénieurs de l’ISARA-Lyon, en complément de la filière agricole déjà en place. Henri Maitrot a complété sa formation d’ingénieur ENSBANA par un master en marketing et il a eu une expérience de plusieurs années dans des entreprises agroalimentaires à l’étranger, notamment en Chine et au Canada. Il a pris la responsabilité du PEACRITT en 1998 pour y développer les relations entre la recherche et l’industrie agroalimentaire. Il faut aussi rappeler que la SEPL avait organisé une conférence sur
  • 30. - 30 - l’agroalimentaire avec l’ISARA-Lyon dans le cadre de la session 2008-2009 au cours de laquelle M. Bayon de Noyer et M. Gaud avaient montré l’importance de cette  industrie,  qui  est  l’un des premiers employeurs de notre région et la première industrie française. 1) Exposé de Pascal Desamais   Pascal Desamais rappelle que l’ISARA-Lyon a été créé en 1968 à l’initiative de l’Université Catholique de Lyon et des milieux professionnels agricoles. C’est Monsieur Baligand qui en est actuellement le Président, à la suite de M. Lemoine. L’ISARA-Lyon emploie actuellement 100 salariés permanents, dont environ une moitié d’enseignants-chercheurs et ingénieurs d’étude. Avec ses 700 étudiants et apprentis, cette école d’ingénieurs peut être qualifiée de « PME de l’enseignement supérieur ». A l’origine, les enseignements étaient centrés principalement sur le secteur agricole (agronomie, zootechnie, production de semences, produits de traitement des plantes, etc.), avant de s’étendre progressivement pour couvrir toute la filière agroalimentaire, en incorporant le commercial, la distribution, l’aménagement rural et la qualité. L’ISARA-Lyon associe étroitement trois activités complémentaires : la formation, la recherche finalisée, le conseil et l’expertise. Il comprend trois départements : « agro-systèmes, environnement et production », « production agroalimentaire et qualité », et « sciences sociales et de gestion ». L’institut forme 120 ingénieurs par an, ainsi que des ingénieurs en filière apprentissage dans la spécialité viti-viniculture. Il y a également plusieurs masters spécialisés (qualité en production animale, agro-écologie, agri-business en Chine, double diplôme pharmacie-ingénieur agroalimentaire) ainsi que des licences professionnelles de responsable qualité pour les fruits et légumes, management de production en industrie agroalimentaire et commerce international des produits alimentaires. Toute l’école a le souci de l’employabilité des personnes formées et l’accompagnement du projet professionnel tout au long du cursus, ce qui passe par les mises en situation, l’intervention de professionnels, ainsi que les activités de recherche
  • 31. - 31 - et de conseil. Il y a aussi un observatoire de l’emploi, avec des enquêtes auprès des anciens et une analyse prospective. Les programmes de formation sont conçus en partenariat avec les acteurs du secteur et font l’objet d’une étude approfondie des formations existantes et des débouchés possibles. La recherche à l’ISARA-Lyon remplit trois fonctions principales : - Le renforcement de la rigueur et de la qualité scientifique dans les formations d’ingénieurs et de masters. - La contribution à la recherche finalisée, en partenariat étroit avec les filières professionnelles. - La labellisation de la recherche, en lien avec d’autres structures de recherche, avec le pilotage de doctorants, y compris dans le cadre de thèses en contrat CIFRE. En interaction avec la recherche, l’ISARA-Lyon a également développé des activités de conseil, d’études et d’expertise. Les objectifs poursuivis sont de renforcer la professionnalisation des formations, de développer les réseaux professionnels et de contribuer au développement économique du secteur agroalimentaire. Des travaux sont réalisés en particulier dans le domaine de l’optimisation de la production industrielle, les démarches sécurité ou encore le conseil en marketing et stratégie des produits liés aux terroirs. Au niveau international, de nombreux échanges d’étudiants ont lieu avec obligation pour les élèves ingénieurs de l’ISARA-Lyon d’aller à l’étranger pour être diplômé. Il y a également une mise en place d’actions de formation à l’international et des implantations à l’étranger, avec, par exemple, un projet en cours d’étude au Maroc. L’ISARA-Lyon entend jouer un rôle important au plan local, avec une forte implication dans les réseaux professionnels ainsi que dans les réseaux académiques locaux : présence dans le PRES Université de Lyon, l’Institut Polytechnique de Lyon, notamment. L’AGRAPOLE est un
  • 32. - 32 - exemple emblématique de la synergie entre enseignement- recherche et milieux professionnels de Rhône-Alpes, grâce au regroupement sur un même site de tous les organismes professionnels des filières agricoles et agroalimentaires. Les liens mis en place au sein d’AGRAPOLE ont permis de créer un incubateur qui correspond à un véritable besoin. Il a déjà permis d’accompagner plusieurs projets de création ou de développement d’entreprises. Cette initiative s’inscrit dans le projet du cluster du « bien manger » qui nécessite de fédérer les entreprises de l’agroalimentaire avec la recherche et l’expertise d’ISARA-Lyon et de ses réseaux. Le facteur-clé du succès de toutes ces réalisations de partenariat entre recherche et industrie est la proximité : il n’y a pas de peur de se parler entre les deux mondes. Du côté de la recherche, cela suppose une qualité des prestations et une grande réactivité. Pour y parvenir, il faut porter une grande attention au recrutement des enseignants-chercheurs, qui doivent concilier compétences en recherche et une connaissance approfondie et une compréhension du monde professionnel. Le fait d’avoir un statut privé laisse quelques marges de manœuvre, même si les organismes d’évaluation de la recherche favorisent davantage les critères académiques que les transferts de technologie. 2) Exposé d’Henri Maitrot Le PEACRITT est le sigle du Pôle Européen Agroalimentaire pour la Communication, la Recherche, l’Innovation et les Transferts de Technologie. C’est un centre régional qui regroupe 80 adhérents : des entreprises agroalimentaires, des centres techniques et de recherche et l’ISARA-Lyon. Il est présidé par André Duvernoir (Directeur de la Chocolaterie Aiguebelle (42) qui appartient au Groupe Cémoi-chocolaterie) et comprend 10 salariés. Le PEA a piloté un budget cumulé de 20 millions d’Euros depuis sa création, avec des ressources en provenance de plusieurs financeurs : Conseil Régional, Etat, Union Européenne, entreprises. Le
  • 33. - 33 - PEACRITT a pour objectif de mettre l’innovation à la portée des PME et TPE, d’accompagner les projets de collaboration avec les réseaux européens de filières agroalimentaires, et d’animer Organics Cluster, le cluster des produits biologiques en Rhône- Alpes. Le PEA intervient selon trois modalités : - Les services à la carte, par exemple en partenariat avec OSEO ou la Direction Régionale de l’Agriculture : on part d’un diagnostic personnalisé des projets d’innovation et l’on choisit les partenaires en fonction des compétences requises en assurant un suivi gratuit et impartial des travaux des experts auprès des entreprises. Dans ce cadre, 25 projets sont pilotés annuellement, mobilisant l’intervention d’une centaine de centres techniques. - L’accompagnement de mise en place de réseaux : 25 réseaux depuis 2003 sont pilotés pour accompagner les entreprises dans les démarches d’innovation et de changement. Cela concerne notamment des innovations-produits, la nutrition, la performance commerciale, l’emballage, la logistique, le pilotage industriel, le marketing sensoriel, etc. - L’assistance aux dispositifs de performance des PME : Henri Maitrot présente de nombreux exemples d’interventions : . Mise en place d’un nouvel outil de conditionnement pour la coopérative de fruits frais surgelés SICOLY . Remise à plat de la démarche logistique des Moulins Marion et mise en  place d’un tableau de bord.  .  Accompagnement de la création de restaurants de sushis sous franchise pour Langlois-Traiteur. .  Accompagnement de la démarche de croissance de la laiterie Collet, avec création d’un nouveau site industriel et doublement de la capacité. Henri Maitrot analyse les enseignements à retirer de ces coopérations entre recherche et industrie : les réussites tiennent en grande partie à la détermination de dirigeants d’aller à la découverte du monde de la recherche. Il y a bien sûr des échecs, mais surtout des réussites cachées et peu médiatisées.
  • 34. - 34 - 3)Débat Un débat s’engage avec l’assistance sur les évolutions possibles des relations entre recherche et industrie dans le domaine agroalimentaire, ce qui amène les conférenciers à préciser les idées sur les points suivants : - En ce qui concerne le développement de l’emploi en France, il y a un besoin de main d’œuvre, avec une difficulté à recruter des opérateurs qualifiés et des ingénieurs. Il s’agit pourtant d’emplois stables, car le secteur agroalimentaire correspond à un besoin vital et souffre plutôt moins de la crise que d’autres secteurs. - Les savoir-faire créés en France sont peu menacés de délocalisation, sauf en ce qui concerne les matières premières, car les produits répondent à une culture spécifique : on aurait du mal à fabriquer de la même façon en Inde ou en Chine, outre les problèmes de délais d’acheminement des produits. - Il ne faut pas avoir peur des nouveaux produits s’ils sont acceptés des points de vue de l’appétence et organololeptique. Les nouveaux produits enlèvent le plus possible les colorants. Les conservateurs restent nécessaires pour être mis dans les circuits de distribution, mais ils font l’objet d’une autorisation de mise sur le marché, comme les médicaments. - Les produits issus de l’agriculture biologique sont en progression, mais la transformation ne se fait pas entièrement de façon naturelle. L’objectif de la recherche en agroalimentaire est que tous les produits soient sains, mais il est évident qu’un fromage AOC n’aura pas le même goût qu’un produit pasteurisé. - L’agroalimentaire peut constituer une source de dynamique économique sur un territoire, et créer des emplois et des richesses. Cela exige à la fois l’implication de leaders, une volonté, ainsi qu’un travail en réseau, car on ne peut pas faire grand-chose seul dans le contexte de la mondialisation.
  • 35. - 35 - - Il faut aller vers une agriculture qui préserve les ressources à long terme et évite la pollution ou l’appauvrissement des sols, en particulier en ce qui concerne les ressources en eau (exemple du maïs), mais on ne pourra sans doute pas se passer des OGM, car il y a un défi monumental pour nourrir la population mondiale qui est en croissance : il faut donc produire plus et mieux. - L’agriculture biologique exige de gros investissements, car il y a une longue période de transition suivie d’une situation de faible rendement. En outre, les normes françaises sont très exigeantes, alors qu’elles peuvent être très laxistes dans d’autres pays. - Il reste à développer la formation continue dans l’agroalimentaire, y compris au niveau ingénieur. Pour le moment, la formation continue est peu développée en inter-entreprise, sauf par le biais du dispositif OPTI-réseaux.
  • 36.
  • 37. - 37 - « L’Université et l’Entreprise: compatibilité ou incompatibilité? » Lionel COLLET, Président de l’Université Claude Bernard Lyon 1 Le Président Robert PARIS resitue le contexte de la conférence de Lionel COLLET dans le cadre du thème de l’année consacré à l’interaction entre recherche et industrie a niveau de notre métropole. Il donne ensuite la parole à Michel THOMAS qui présente le Président COLLET, professeur de médecine ORL à Lyon 1 après un parcours de doctorat en médecine et de doctorat en biologie humaine, et un grand nombre de publications dans des revues internationales. Il préside à la fois l’Université Claude Bernard Lyon 1 et la Conférence des Présidents d’Université. Le président COLLLET commence son intervention en expliquant son attachement à l a relation université-entreprise et en signalant toutes les coopérations existantes entre l’Université Lyon 1 et les entreprises, par exemple dans le cadre de licences professionnelles. Il mentionne une anecdote lors de son interview récente par le journal Le Monde, où le journaliste lui a posé la question taboue « Est-ce que l’Université est une entreprise ? » : Cette question ne se serait même pas posée si on avait développé plus tôt les relations entre ces deux mondes et si on n’avait pas laissé se développer des préjugés de part et d’autre : du côté de l’Université, il ne faudrait pas avoir de gouvernance managériale ni rechercher le profit. Du côté des entreprises, un cliché serait que l’Université est uniquement centrée sur la recherche fondamentale et qu’elle n’est pas prête à l’économie de marché. Pourtant, les gouvernements successifs ont cherché à rapprocher les universités et les entreprises. Par exemple, la Loi Savary de 1984 avait défini les universités comme des établissements à caractère scientifique, culturel et professionnel. Cette loi donnait quatre grandes missions
  • 38. - 38 - aux universités : la formation initiale et continue, la recherche scientifique et technique, la diffusion des connaissances et l’internationalisation. En 1999, la loi Allègre sur l’innovation et la recherche a facilité la création d’entreprises par des universités. En 2006, le gouvernement a pensé que les universités n’étaient pas réformables et qu’il fallait créer des PRES ( Pôles de recherche et d’Enseignement Supérieur) , de façon à y transférer des activités de haut niveau et à mieux répondre aux critères du classement de Shangaï où les publications internationales et le nombre de titulaires du prix Nobel ont un pois important. Cependant, il a fallu attendre la loi de 2007 sur l’autonomie des universités pour mentionner explicitement les relations entre universités et entreprises, avec notamment la présence de 20 % à 30 % de personnalités extérieures dans les conseils d’université, dont au moins un cadre dirigeant. Cette loi a aussi précisé, à la demande des confédérations étudiantes, que l’Université a pour mission officielle d’insérer les étudiants dans le monde professionnel, et des indicateurs ont été définis sur la base de critères pertinents par rapport au bassin d’emploi. Il convient toutefois de noter que cette loi a permis des avancées grâce à la possibilité de créer des fondations, mais qu’elle est restée en retrait au niveau des dispositifs de gouvernance puisque c’est le président qui nomme les personnalités extérieures et qu’il est élu par les acteurs internes de l’université, ce qui donne de fait un poids considérable aux personnels IATOS et aux représentants étudiants pour le vote des décisions importantes. L’Université Lyon 1 est résolument engagée dans les partenariats avec les entreprises, car la recherche et le lien avec les entreprises sont non seulement compatibles, mais il n’ya pas d’autre choix que de fonctionner ensemble. Le Président COLLET témoigne alors des réalisations suivantes : - 76 % des étudiants de Lyon 1 sont inscrits dans des formations à caractère professionnel. La majorité des diplômes est reconnue par les professions et les conventions collectives, à l’exception notable
  • 39. - 39 - du doctorat ce qui est une anomalie de la France dans le contexte des évolutions internationales. - 68 % des étudiants sont dans des filières sélectives (IUT et licences professionnelles, professions de santé, écoles d’ingénieur, IUFM, etc.) - L’université a créé deux filiales : EZUS Lyon 1 en 1990 et Lyon Ingénierie Projets depuis 2006.EZUS a atteint un chiffre d’affaires de 18 millions d’Euros par an et a recruté des chargés d’affaires. - La formation continue et l’alternance génèrent un chiffre d’affaires de 8 millions d’Euros pas an principalement dans les filières IUT, santé et Staps. La taxe d’apprentissage apporte quant à elle 2,5 millions d’Euros par an. - L’Université a créé sa première fondation ( il y en a actuellement 20 en France) , en partenariat avec la Banque Populaire et avec ARKEMA. Cela a permis de récolter plus de 3 millions d’Euros pour financer des chaires d’excellence, des bourses pour étudiants ainsi qu’un amphi pour notre site de Lyon-Sud. - l’Université Lyon 1 a signé des chartes avec des groupes professionnels, des syndicats de branches professionnelles des pôles de compétitivité. Cela a donné lieu à des actions de partenariat telles que la formation de techniciens de salles blanches. - Des conventions cadres sont signées lorsque des entreprises veulent monter des projets de recherche et qu’elles sont intéressées par les services que l’on peut apporter. Cela donne lieu à des recherches collaboratives. - La préparation du Grand Emprunt exige que nous soyons de plus en plus gérés comme une entreprise qui crée du savoir et le diffuse. A la suite de cet exposé liminaire, un débat est organisé sous forme de questions et réponses :
  • 40. - 40 - - Question : L’Université est-elle réformable compte tenu de positions idéologiques figées ? Faut-il que l’évolution se fasse sous l’influence de l’internationalisation et de la libre circulation des diplômes et des diplômés ? • Réponse de Lionel COLLET : Les slogans consistant à dire que l’on privatise l’Université ne sont pas fondés, puisque 90 % de nos budgets sont publics et que les fondations ne représentent que 1% de nos ressources actuellement. Nous avons cependant besoin de diversifier nos ressources pour disposer de leviers d’action dans les prochaines années. Cela sera nécessaire non seulement à cause des critères de Shangaï, mais parce que nous devons adopter une stratégie de différenciation et de renforcement de notre attractivité si l’on veut être dans la catégorie des universités de prestige et pas seulement dans la catégorie des universités locales. Il faut pour cela rechercher des partenariats public-privé, ce qui nous amène à signer des chartes avec des entreprises et même à rebaptiser des bâtiments. - Question : On observe actuellement des manœuvres importantes de rapprochement sur Lyon, avec par exemple la coopération entre EM Lyon et Centrale Lyon. Qu’est-ce que cela préfigure ? • Réponse de Lionel COLLET : Nous entrons dans une logique de regroupement d’établissements pour sortir des filières spécialisées ou « tubulaires » et mettre en place des passerelles. L’avenir est aux doubles-diplômes du type ingénieur + manager ou pharmacien + ingénieur. A Lyon, cela passera nécessairement par le regroupement d’établissements. - Question : On observe de nombreux dysfonctionnements qui pénalisent les universités françaises et la relation université- industrie : grèves d’enseignants, mépris de la valorisation pratique de la recherche à la différence de l’Allemagne, manque de véritables programmes de recherche collectifs, manque de lisibilité des programmes d’enseignement et de prise en compte des besoins des professions.
  • 41. - 41 - • Réponse de Lionel COLLET : A Lyon 1, nous avons fait des retenues sur salaires des enseignants-chercheurs qui faisaient grève et qui étaient une minorité (Il n’y a pas eu de grève dans 10 facultés sur 13).Il faut aussi déplorer un état d’esprit de quelques collègues exigeant que l’on démontre qu’ils étaient en grève. Cela dit, il ne faut pas attaquer les difficultés de valorisation pratique des recherches, car elles doivent être évaluées sur le long terme. Par exemple, il a fallu de nombreuses années avant de découvrir des applications au fait que l’oreille émet des sons. - Questions : La loi LRU donne t’elle réellement plus de liberté pour se développer ou bien y a-t-il des différences par rapport à des écoles d’ingénieur comme ISARA dont le conseil d’administration comprend de nombreux chefs d’entreprises ? Le conseil d’administration des IUT comprend 40 % de personnalités extérieures, alors que chaque Université peut fixer dans ses statuts les modalités d’élection du Président. N’est-ce pas une régression ? • Réponse de Lionel COLLET : La loi LRU a une faiblesse dans le domaine de la gouvernance. Il aurait fallu mettre en place une gouvernance duale comme à l’Université de Harvard, avec d’une part un CA chargé de la stratégie, des finances et du recrutement et d’autre part un sénat académique. Cela n’a pas pu se faire à cause de résistances liées au clivage entre deux conceptions de l’Université représentées à la Conférence des Présidents d’Université. Pourtant, ceux qui étaient opposants à toute évolution ne veulent maintenant pas revenir sur les progrès que la loi LRU a quand même apportés. Par exemple, la possibilité de recruter au fil de l’eau permet des gains de temps, et la possibilité de négocier des contrats à durée indéterminée permet d’être attractifs sur le marché du travail. La réforme est ainsi une étape qui va dans le bon sens, et je ne considère pas
  • 42. - 42 - que les responsables de l’Etat aient envie de fragiliser les universités. - Question : Pour progresser, ne faut-il pas bousculer le monopole des universités en laissant se créer des universités privées et en considérant que les diplômes sont délivrés sur la base d’un cahier des charges ? • Réponse de Lionel Collet : Berkeley est une université publique et Harvard est une université privée. La situation est différente en France puisque la collation des diplômes est un monopole de l’Université depuis la 3ème République, comme dans le cas du doctorat de médecine. Une université privée en France ne pourrait donc fonctionner qu’avec des diplômes non nationaux et on pourrait s’interroger que la qualité de leur recherche. Toutefois, on ne peut pas exclure cette hypothèse, avec des sortes d’établissements conventionnés comme dans le cas de l’enseignement secondaire ou encore des sortes de diplômes privés très attractifs comme à l’Université Paris-Dauphine. Des universités privées vont se développer ailleurs dans le monde, notamment en Inde et en Chine, où il va falloir accueillir 50 millions d’étudiants. - Questions : Il y a 135 000 étudiants à Lyon, ce qui représente une proportion d’étudiants supérieure à moyenne des autres bassins d’emploi. Par ailleurs, notre bassin d’emploi comprend de nombreuses PME de moins de 250 salariés et l’on observe un faible taux de rétention des personnes formés sur notre territoire. Comment pourrait-on améliorer le taux d’insertion dans les PME de la région ? L’insertion des docteurs est nettement supérieure en Allemagne ou en Italie et beaucoup de diplômés vont travailler dans des PME. • Réponse de Lionel COLLET : Cela est vrai, mais il faut prendre en compte le pourcentage d’étudiants étrangers (12%) et ceux qui viennent d’autres régions. En ce qui concerne les doctorats, on va de plus en plus vers des financements sur contrats avec
  • 43. - 43 - des entreprises. Cela suppose l’évaluation des travaux en cours de thèse. Cela va évoluer car le doctorat n’était pas dans les habitudes de la relation université-entreprise en France, à la différence d’autres pays, et certains ingénieurs pourtant titulaires d’un doctorat hésitent même à afficher leur titre. Le Président Robert PARIS clôture les débats en indiquant que les universités doivent aussi afficher clairement leur souhait de coopérer avec le monde industriel.
  • 44.
  • 45. - 45 - « Evolution des systèmes organisationnels et de la formation INEXO (Institut de l’Excellence Opérationnelle) » Didier DESPLANCHE, Directeur Général de l’ECAM Le Président Robert PARIS introduit la séance en resituant l’intérêt de cette conférence dans le cadre du thème de l’année sur le la coopération entre recherche et industrie dans la métropole lyonnaise. Le thème de ce soir ne porte pas sur la technologie en tant que telle, mais sur l’organisation des processus industriels. Nicolas MILLET prend ensuite la parole pour présenter le conférencier de ce soir. Didier DESPLANCHE est ingénieur des Arts et Métiers et titulaire d’un MBA. Avant de prendre la direction de l’ECAM en 2009, il a eu une expérience industrielle, notamment à Usinor-Geugnon, puis en Roumanie et en Thaïlande. Il vient ce soir témoigner sur son expérience de co-pilote du projet Inexo, qui vise à diffuser le « Lean Management ». M. DESPLANCHE présente alors le projet INEXO, qui est hébergé par l’Ecole Catholique des Arts et Métiers. a)Le cadre de l’ECAM qui héberge INEXO La mission de l’ECAM est de former des ingénieurs humanistes. L’école a été créée en 1900 et elle est gérée par une fondation, ce qui est très en avance par rapport à ce que souhaite développer le PRES de nos jours. Cette école d’ingénieurs met l’accent non seulement sur les technologies actuelles, mais aussi sur les comportements : adaptabilité, capacité d’analyse des systèmes, travail en équipe, sens du relationnel, communication, découverte
  • 46. - 46 - des autres cultures. Il faut noter que les jeunes générations actuellement à l’école ont pour caractéristique d’être « hyper- connectées » et qu’elles ont un sens du lien entre travail et loisirs très différent des générations précédentes. Ces jeunes sont aussi amenés à travailler de façon différente, avec le management de projets transversaux dans des organisations matricielles et une grande mobilité professionnelle. Dans ce cadre, des axes de formation sont renforcés sur les thèmes du comportement et de l’individu en lien avec le collectif et l’entreprise. L’ECAM mène aussi des recherches en lien avec les sciences sociales, en coopération avec l’INRS et l’Université Paris 5, par exemple sur le thème de l’ergonomie. b)L’Institut INEXO Le projet Inexo a été inspiré par le rapport McKinsey de 2006 sur le maintien de la compétitivité des PME-PMI, où une place importante est donnée à l’excellence opérationnelle et au lean management, inspiré des méthodes de Toyota. En juillet 2008, le cabinet de Luc Chatel, Ministre de l’Industrie, a lancé une réflexion sur la diffusion de l’excellence opérationnelle en France. L’ECAM y représentait l’enseignement supérieur. Cette réflexion a abouti en décembre 2008 à l’élaboration d’un plan qualité et performance dont l’un des axes majeurs est l’amélioration et le renforcement de l’enseignement de l’excellence opérationnelle, domaine où la France a un retard par rapport à l’Asie ou à d’autres pays émergents comme le Brésil. La convention INEXO a été signée entre le Ministère de l’Industrie et l’Ecam, avec la participation des Mines de Saint-Etienne, des Arts et Métiers de Cluny, de l’Ensam-Paristech et de McKinsey. L’objectif était d’améliorer la performance des PME-PMI dans tous les domaines (sécurité, productivité, qualité, ambiance de travail), de rendre attractive l’image de la production en France, en particulier vis-à-vis des filières scientifiques. La mise en œuvre
  • 47. - 47 - consiste en un dispositif de formation intégrée, véritable plate- forme d’apprentissage inauguré le 26 novembre dernier à Lyon par Mme Lagarde, Ministre de l’Economie et des Finances, avec un investissement total de 500 k€. Il s’agit d’une usine modèle installée à l’Ecam, qui apporte le corps professoral et les locaux. Mc Kinsey apporte son expertise en termes de Business Plan et les PME-PMI partenaires apportent leur retour d’expérience dans le cadre des formations. La plate-forme INEXO a déjà permis de former 150 étudiants et d’impliquer une vingtaine de PME-PMI au travers de 11 modules de deux jours par an. Elle joue quatre rôles principaux : • La formation des étudiants, des salariés d’entreprises et des consultants dans un environnement proche du monde industriel, • La recherche-développement, par une approche expérimentale, • L’innovation, par le test de solutions de processus innovants et de nouveaux concepts organisationnels, • Le partage des meilleures pratiques. Une dizaine de PME de secteurs variés (automobile, agro- alimentaire, etc.) ont déjà testé ce dispositif. Les expériences de formation laissent libre cours aux apprenants sur les différentes étapes des processus de production (fabrication, assemblage, logistique, etc.) en apprenant les principes du lean management : standardisation, pilotage des performances, amélioration continue, cartographie des processus, mesure des impacts, etc. Du point de vue pédagogique, la formation est fondée sur la recherche de solutions en faisant avancer le groupe de travail par interaction entre l’observation sur le terrain, la résolution de problèmes et l’analyse des attitudes et comportements. Les principes pédagogiques sont les suivants :
  • 48. - 48 - • Construire en équipe la satisfaction du client, • Développer l’intelligence collective (travailler en équipe), • Intégrer la culture de l’amélioration continue dans les mentalités, • Apprendre à mieux se comprendre en donnant du temps à l’observation, en écoutant et discutant et en se rendant sur les outils de travail pour « toucher et sentir ». Le projet INEXO va se dérouler en trois phases : • Phase 1 : Manufacturing • Phase 2 : Entreprises de service et tertiaire • Phase 3 : Processus continus et application au pôle de compétitivité Axelera. c)Débat • Une première question posée par Nicolas Millet porte sur les cibles visées en termes de niveau des stagiaires et sur la démarche de vente des formations M. Desplanche répond que l’action vise différents publics, en commençant par les formations d’ingénieur et les licences professionnelles. Une cartographie des prescripteurs a été établie et des relations se sont créées notamment avec le cluster automotive Rhône-Alpes et avec les fédérations. On essaie aussi de faire connaître ce modèle par l’intermédiaire des pôles de compétitivité. Il y a des sessions d’information avec l’AFIEC. Ce qui est important est que les patrons d’entreprise soient convaincus et que le projet lean management s’inscrive dans une stratégie globale d’entreprise.
  • 49. - 49 - • Michel Thomas pense que le projet exige aussi une structuration plus forte des stages en entreprise pour que la relation école-entreprise soit efficiente. M. Lemoine, ancien Président d’Isara (qui est également une école faisant partie de l’Institut Polytechnique de Lyon comme l’Ecam) juge que cette question est bien résolue grâce à la qualité de la préparation des stages d’ingénieurs, avec un programme de stage : les élèves-ingénieurs sans idée pré-conçue constituent un apport pour l’entreprise et ils se forment au travers de la mise en place d’un processus. • A une remarque d’un étudiant sur la lourdeur des procédures de l’alternance, M. Desplanche répond aussi les services de l’Etat doivent simplifier les procédures et contribuer à une bonne image de l’alternance auprès des entreprises. • Robert Paris pense qu’il faut aussi que les chefs d’entreprise puissent se former eux-mêmes. M. Desplanche pense qu’il faut notamment agir au niveau des clubs d’entreprise, où les patrons se rencontrent quand ils prennent le temps de se dégager. Le projet Inexo aide aussi à mutualiser des moyens, là où un patron d’une entreprise de 50 personnes n’a pas les moyens d’agir seul. • Maurice Pangaud demande si le projet doit aussi s’étendre au secteur des services et à d’autres régions. Il s’interroge aussi sur les raisons de création d’un institut séparé au sein de l’Ecole d’Ingénieurs. M. Desplanche indique qu’INEXO est conçu comme un département de l’école et que des projets sont à l’étude avec des hôpitaux (services d’urgences) et avec une préfecture pour le processus de délivrance des passeports. D’autres régions seront concernées, mais en agissant au niveau territorial.
  • 50. - 50 - • Patrick Bertrand pose la question du lien avec l’innovation produit, à un moment où Toyota rencontre des difficultés de fiabilité de ses fabrications. M. Desplanche répond que la question de l’innovation fait l’objet de nombreuses réflexions, avec des réunions entre dirigeants et universitaires, en lien avec Créalys. Une école seule a des difficultés pour couvrir tous les champs de l’innovation, et on n’est pas assez structuré au niveau territorial pour apporter des réponses. Il est nécessaire que tous les acteurs de l’innovation sur le territoire puissent bien se connaître, et que les institutionnels jouent un rôle de structuration. Par exemple, les industriels doivent être amenés à formuler une problématique de création de produits et demander au tissu universitaire et d’écoles des éléments de réponse. Cela suppose notamment de bien connaître les compétences existantes dans le tissu universitaire.
  • 51. - 51 - « Les écoles de management et l’entreprise : un partenariat permanent » Philippe MARCEL, Président du Conseil d’Administration d’EMLYON Le Président Robert PARIS introduit la séance après avoir reçu l’approbation à l’unanimité du rapport moral et financier 2009 de la SEPL. Il donne des indications sur le programme de l’année 2009- 2010 qui portera sur le thème du lien entre le monde de la formation et l’entreprise dans notre métropole, tout en ajoutant quelques conférences sur des sujets d’actualité. C’est ensuite Michel THOMAS qui intervient pour présenter notre conférencier de ce jour. Philipe MARCEL a 56 ans et il est diplômé de l’EMLYON. Il a commencé sa carrière dans le secteur du surgelé et du négoce international et a rejoint le Groupe ECCO à Lyon, puis à Paris et à Londres et dans divers pays européens. Il est devenu Directeur Général d’Adecco France après la fusion d’Adia et d’Ecco en 1996, en contribuant à la création du premier groupe mondial de l’intérim. Depuis 2008, il est devenu entrepreneur et a créé la société d’investissement PBM tout en étant administrateur de nombreuses entreprises performantes de Lyon. Philippe MARCEL présente alors le Groupe EM LYON et son succès dans les classements avec la troisième place en France attribuée par Le Point et la 8ème place en Europe dans le ranking du Financial Times. Actuellement 3500 étudiants passent par l’EM LYON chaque année et il y a 20 000 diplômés dans le monde. L’école dispose d’une équipe de 100 professeurs permanents et son budget annuel est de 45 millions d’Euros. La mission de l’école est de former des entrepreneurs pour le monde. De nombreuses initiatives ont été prises pour renforcer le positionnement de l’école
  • 52. - 52 - dans le domaine de l’entreprenariat aussi bien dans le domaine de la formation que de la recherche. L’école a par exemple mis en place un think tank international sur l’entrepreneurship avec des chaires d’enseignement et de recherche et des sponsors La gouvernance de l’école institutionnalise le partenariat avec le monde économique, avec un conseil d’administration composé en majorité de représentants de la CCI et des entreprises, ainsi qu’avec des représentants des collectivités territoriales, du personnel de l’école et des étudiants. Le partenariat entre les entreprises et l’Ecole est continu tout au long du parcours des étudiants: • Avant l’entrée, les entreprises sont impliquées dans le recrutement des étudiants, puisqu’à la différence de nombreux autres secteurs de l’enseignement supérieur, les oraux comprennent un entretien de sélection en présence d’un responsable d’entreprise et d’un enseignant de l’école, de façon à « challenger » notre vision. • Pendant le parcours à l’école, les entreprises sont partenaires de la formation. Elles sont impliquées dans la définition des programmes et la vérification de leur pertinence. 40 % des enseignements sont délivrés par des vacataires issus des entreprises et de nombreuses études de cas sont élaborées de façon collaborative avec les entreprises et des chefs d’entreprises emblématiques viennent témoigner devant les étudiants. Les stages représentent de 12 à 18 mois sur la durée de la scolarité, de façon à permettre de confronter l’enseignement avec la réalité. • Après la sortie de l’école, l’EMLYON a mis en place un programme de formation tout au long de la vie dénommé « Executive Development », afin de permettre une réactualisation des connaissances de façon permanente. Par ailleurs, il y a de nombreux programmes de formation sur mesure intra-entreprise, ainsi que des programmes inter- entreprises, notamment le CPA qui forme des cadres de 35-40 ans pour les préparer à la fonction de directeur général, et le
  • 53. - 53 - programme PGM qui est un cycle de formation de 12 à 18 mois à la responsabilité d’un centre de profit. L’incubateur d’entreprises permet aussi d’aider les étudiants à porter un projet et à transformer des « start-up » en « gazelles » Il y a plusieurs évolutions actuellement pour accompagner les changements au niveau des entreprises : - L’accélération de la mondialisation. Cela nécessite de développer l’internationalisation du recrutement (35% d’étrangers actuelle- ment) et la formation au travail en équipes multi-culturelles. L’EMLYON a ainsi développé un campus à Shangaï et fait en sorte que tous les étudiants puissent passer 6 mois en Chine, en plus des échanges bilatéraux d’étudiants et de professeurs dans différentes régions du monde. On a également mis en place un campus à Genève pour mettre en place des formations dans le domaine du luxe et du bancaire. On est toutefois peu présent en Amérique latine et en Afrique, car il a fallu faire des choix de développement sans pouvoir être partout. - Le projet Yin-Yang avec l’Ecole Centrale de Lyon a pour objectif de mieux mettre en synergie ingénierie et management. Cela comprend aussi des actions de mutualisation sur le campus d’Ecully : documentation, système WI-FI, fusion des catalogues de formation continue, etc. Il y a aussi un projet de créer un programme post bac en commun centré sur l’innovation, le design et l’entrepreneuriat. A la suite de cet exposé, Philippe Marcel répond aux questions de l’assistance. - Quel partenariat de l’EMLYON dans le PRES, et quels rapprochements entre universités et grandes écoles? Philippe Marcel .M. répond que l’objectif n’est pas de se contenter de faire de la communication sur ce sujet, mais de partir de la problématique de l’employabilité et des aspirations des étudiants
  • 54. - 54 - pour contribuer à l’enseignement supérieur de demain. Cela demande du pragmatisme et de l’ouverture d’esprit pour oublier les dogmes. Des coopérations sont envisageables dans le cadre du PRES, notamment avec l’ENS et l’IEP. En tout état de cause, l’EM LYON ne veut pas aller vers une grosse structure qui serait ingouvernable, et la notion de masse critique est à relativiser. Notre priorité est de coopérer avec Centrale, puis d’agréger progressivement d’autres partenaires pour proposer un décloisonnement qui soit innovant et pertinent. - Ne faut-il pas aussi former des entrepreneurs pour Lyon dans un contexte de montée du chômage et de revente de notre industrie par appartements, comme dans le cas de RP Silicones où aucun entrepreneur lyonnais n’a été capable de proposer une offre de reprise ? Philippe Marcel pense que l’EMLYON ne peut pas tout faire, mais que sa formation de managers internationaux a des retombées indirectes, comme celle de créer des réseaux : des jeunes dirigeants qui ont été formés à Lyon et deviennent des ambassadeurs disposés à coopérer avec notre métropole. Nous contribuons à l’économie locale également grâce à l’incubateur. Il faut aussi sensibiliser les étudiants au développement durable : lorsqu’on commande une voiture, on a aussi un impact sur l’outil industriel de notre région en fonction du choix de la marque. - Quelle peut être la contribution de l’EMLYON au développement des PME-PMI de notre métropole, alors que la pédagogie est orientée vers le management des grandes entreprises ? Réponse de Philippe Marcel : L’une des difficultés tient au fait que c’est les gens du métier au niveau international (les professeurs) qui définissent les canons de la réussite. Par exemple, je suis très partisan de professeurs vacataires venant des PME, mais si on a une trop forte proportion de vacataires, nous risquons de perdre les accréditations et de disparaître de la profession. Il y a donc une dictature de la norme qui n’est pas saine, alors qu’il faudrait faire en sorte que les entreprises fassent partie du système d’accréditation. Pourtant, les parcours professionnels dans les PME
  • 55. - 55 - sont intéressants, alors même que les carrières dans les grandes entreprises peuvent devenir plus chaotiques. Il faudra donc à l’avenir aider les PME à « vendre » leur projet aux jeunes, y compris en les associant au capital. Il faudra aussi que nous fassions évoluer les enseignements en master. - Ne néglige t’on pas la formation commerciale dans les Business Schools : sens du contact et du relationnel, compréhension des besoins du client ? Philippe Marcel juge que la vente fait partie intégrante de l’entrepreneuriat et que c’est une voie royale pour accéder aux responsabilités. La vente, c’est la capacité d’écoute, de comprendre et d’apporter des solutions. Cela dit, l’EMLYON forme aussi à des métiers variés, y compris des auditeurs financiers. - Quelle est l’aide de la CCI à l’EMLYON et quelles sont les évolutions des sources de financement ? Phillipe Marcel précise en premier lieu que la CCI apporte directement 3,5 M€ par an sur un budget de 45 M€, auxquels il faut ajouter 4 M€ de taxe d’apprentissage. La contribution de financement de type public se situe par conséquent un peu en dessous de la moyenne de la profession. L’EM LYON a développé plusieurs autres sources de financement, en particulier avec les chaires. En ce qui concerne les frais de scolarité, l’Ecole fait en sorte qu’aucun jeune ne soit dans l’impossibilité de faire ses études à l’EMLYON pour des raisons financières. Outre les possibilités de bourses et d’emprunt, un dispositif de mécénat et de fondation ont été mis en place. Il faut aussi signaler que l’EMLYON participe à une action de promotion de la diversité « multi- campus/ multi-quartier » parmi les étudiants en mettant en place une aide à l’orientation des jeunes dès la classe de seconde.
  • 56.
  • 57. - 57 - « Le lien industrie-formation-recherche : le cas de CPE Lyon » M. Gérard PIGNAULT, Directeur de CPE Lyon (Ecole Supérieure de Chimie-Physique-Electronique) M. Pignault est accueilli par le Président Robert Paris qui introduit la séance en la situant dans le prolongement des travaux de réflexion réalisés par la SEPL sur le thème du lien entre industrie, formation et monde académique. Il donne la parole à Yves Minssieux, Vice-Président de la CCI de Lyon, qui rappelle les liens étroits entre la CCI et CPE –Lyon depuis l’origine de l’école. La CCI de Lyon consacre actuellement 25% de son budget au financement de l’enseignement et CPE fait partie des établissements de formation soutenus par la CCI de Lyon. Nicolas Millet introduit ensuite le conférencier, qui est lyonnais d’origine. Il est titulaire d’un doctorat en physique théorique et du diplôme de l’Ecole Polytechnique. Après une expérience aux Etats- Unis, il a passé 17 ans chez Péchiney, à l’usine d’Issoire et au centre de recherche de Voreppe. Il a pris la direction de CPE à Lyon en 2004 en ayant découvert CPE au travers d’une offre d’emploi dans une petite annonce. Il dirige maintenant CPE et préside l’incubateur Créalys, ainsi qu’un groupe de réflexion sur les bio-carburants et la chimie verte.
  • 58. - 58 - Exposé de M Gérard Pignault L’école d’ingénieurs CPE a été créée en 1883 quand la CCI de Lyon a perçu la nécessité d’une école de chimie à Lyon, notamment pour les besoins de l’industrie textile et des colorants. L’université avait alors une vision trop académique, mais Chimie Lyon a démarré seulement comme une annexe de la chaire de chimie de l’Université et avait des promotions de 10 à 15 élèves par an. L’école a été logée en premier lieu dans les locaux du Musée Saint Pierre actuel, puis rue Pasteur avant de déménager à La Doua. En 1919, l’école a adopté une structure de société anonyme, l’année même où l’Université Catholique de Lyon créait une autre école de chimie Place Bellecour. Au début des années 1960, l’école a créé une filière dans le but de concevoir les appareils électroniques dont la chimie était amenée à se servir de plus en plus. Cette filière a pris sont envol de façon autonome, le plus souvent sans lien avec la chimie. La fin des années 1980 a été marquée par la désintégration de Rhône-Poulenc, grosse entreprise qui recrutait autrefois plus de la moitié des promotions d’ingénieurs. Cela a provoqué une crise qui a conduit la CCI Lyon, la Fondation Scientifique du Sud-Est et l’Université Catholique de Lyon à proposer une refondation par la fusion entre les deux écoles de chimie de Lyon. Aujourd’hui, CPE est une sorte de PME de l’enseignement et de la recherche avec 100 salariés et 500 vacataires. Le budget est de 9 millions d’Euros et l’école abrite 9 laboratoires de recherche dans ses locaux de 26 000 m2 situés sur le campus de La Doua à Lyon-Villeurbanne. La structure juridique de CPE est une association à but non lucratif rattachée à l’Université Lyon 1, avec un conseil d’administration composé à 90 % de membres externes, et une représentation de toutes les parties prenantes. Ce conseil joue un vrai rôle de contrôle du management et de réflexion stratégique. Il s’agit donc d’un système hybride public-privé unique en France a permis à CPE de se développer dans un environnement à la fois protecteur et stimulant. Il y a une vingtaine d’entreprises partenaires,
  • 59. - 59 - comprenant à la fois de grands groupes et de PME. Il faut aussi noter que 80 % du financement vient du privé, ce qui accroît l’exigence sur l’excellence des résultats. Les cours magistraux sont effectués par des enseignants-chercheurs de l’Université Lyon 1 et il y a un lien fort avec le CNRS, ainsi qu’une perméabilité entre le cursus ingénieur et les masters universitaires. Au cours des dernières années, CPE a progressé dans plusieurs domaines sous l’impulsion de ses directeurs successifs. Yannick Bonnet a mis en place les liens avec les Etats-Unis et les stages de longue durée. Jean Claude Charpentier a intensifié les axes d’enseignement sur la chimie des procédés, ce qui était un élément précurseur pour la création du pôle de compétitivité Axelera. Michelle Gelin a été un artisan de la fusion des deux écoles. Aujourd’hui, CPE a deux filières : la chimie des procédés où CPE est l’école de chimie la plus généraliste en France, et l’informatique-réseaux de communication qui met l’accent sur la compétence-systèmes (convergence entre informatique, électronique, communication et réseaux). Il y a en outre l’ITII qui forme des ingénieurs par la voie de l’apprentissage qui marche très bien, avec la perspective de passer de 30 à 70 étudiants par an. Cette voie de l’alternance acquiert progressivement ses lettres de noblesse en France et même l’Ecole Polytechnique a créé une filière en apprentissage. La filiale de formation continue est principalement centrée sur la chimie des procédés et atteint un chiffre d’affaires de trois millions d’euros par an. CPE forme 300 ingénieurs par an, ce qui en fait une grosse école à l’échelle de la France. Il faut noter que 20 % des entreprises qui recrutent nos diplômés sont allemandes. Les valeurs privilégiées par l’école sont les suivantes : exigence scientifique, couplage entre science et technologie, formation humaine par la qualité de la relation avec les étudiants et l’apprentissage par l’exemple, ouverture internationale et réactivité. CPE développe aussi l’esprit d’entrepreneuriat avec un projet d’entreprise à réaliser par les étudiants en année 3 et l’école
  • 60. - 60 - progresse dans l’internationalisation avec l’objectif d’arriver à 25 % d’étudiants étrangers. L’école a hébergé trois Prix Nobel : Victor Grignard (1912), Yves Chauvin (2005) et Jean Jouzel (2007). Il faut à cette occasion remarquer le fait que le Prix Nobel d’Yves Chauvin a été décerné notamment en raison des brevets auxquels il a contribué dans le domaine des procédés industriels. Il a davantage de brevets que d’articles, ce qui est un signe de la valorisation de l’interaction entre recherche et industrie. On peut aussi noter que CPE possède un des deux seuls laboratoires d’excellence en chimie en France (note A+ de l’Aeres) et qu’un ancien élève de CPE-Lyon, Patrick Flandrin, vient aussi d’être élu à l’Académie des Sciences. Ces signes d’excellence nous rappellent que la chimie reste un atout pour la France et pour l’Europe, et qu’il y a des chercheurs français dans tous les grands laboratoires de chimie du monde. A l’avenir, CPE a pour stratégie de s’inscrire dans la dynamique du développement durable et de contribuer à l’enseignement supérieur à Lyon, notamment en lien avec l’Institut des Nanotechnologies de Lyon. L’ambition de CPE est de devenir une pépite d’excellence au service du développement économique et de la formation dans un ensemble plus grand. Il s’agit aussi d’ancrer des ingénieurs dans la région et de les envoyer vers la chimie verte, les NTIC et l’informatique embarquée. Cela nécessite de conserver nos valeurs tout en innovant dans la façon de les mettre en œuvre. CPE s’efforce de former des ingénieurs de dimension internationale et qui ont le goût de l’innovation Il faudra sans doute grandir un peu et si possible obtenir de nouveaux Prix Nobel, mais on ne fonde pas notre stratégie sur les rankings, même si CPE est bien classé et que personne ne peut complètement ignorer les classements. Le rattachement à l’Université de Lyon doit servir aussi à améliorer notre visibilité internationale, qui est sans doute le seul véritable domaine dans lequel des économies d’échelle sont possibles. Le budget ne dépendant que de 11% du Ministère de
  • 61. - 61 - l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, un objectif est de créer une fondation pour amplifier les efforts d’ouverture sociale car CPE est en compétition avec des écoles gratuites totalement financées par l’Etat. Cela servira aussi à financer les chaires de recherche. CPE peut être considérée comme un exemple de collaboration fructueuse entre formation, recherche et industrie, même s’il ne faut pas confondre formation et recherche. Nous cherchons en effet à mieux analyser les demandes implicites de l’industrie pour incorporer nos compétences en recherche. Il faut aussi refuser de hiérarchiser la recherche fondamentale et la recherche appliquée. A l’Agence Nationale de la Recherche par exemple, il y a des chercheurs fondamentaux qui travaillent sur des projets de recherche appliquée : la seule distinction pertinente est celle de la bonne recherche par rapport à la recherche médiocre. Ce qui est nouveau sur ce sujet depuis les dernières années, c’est l’intensification des relations entre les entreprises et les grands centres universitaires. Il s’agit pour réussir cette relation de surmonter les difficultés de gestion des rythmes qui ne sont pas les mêmes dans l’industrie et dans la recherche. En particulier, il faut accélérer la rapidité de mise en œuvre des idées. Cela nécessite un plus fort ancrage sur le terrain et la remise en cause de la croyance bien française que les idées sont automatiquement suivies par l’action. Ce n’est pas le cas et nous n’avons pas la même capacité d’intendance que les américains par exemple. D’une façon plus générale au niveau français, nous devons aussi surmonter nos faiblesses sans céder au pessimisme. Même si nous souffrons de la désindustrialisation et que notre culture de colonialiste industriel est remise en question par le fait que nous avions privilégié des croissances externes alors que nous ne contrôlons plus toute notre industrie, nous devons mettre l’accent sur l’innovation. Le problème de la désindustrialisation tient aussi