1. politique Prochedesdéputés«frondeurs»,lesocialiste Guillaume
enplusprofondesauseinduPSetseditintéressépardesrapprochements
« Les vrais frondeurs, ce sont
S
uite de notre série d’entre-
tienspolitiquessurl’étatde
lagauche.Fraîchementélu
députéeuropéenetproche
deBenoîtHamon,GuillaumeBalas
condamne la ligne Hollande-
Valls et espère que le prochain
congrès du PS sera l’occasion de
débattre des vrais sujets. Dans le
cascontraire,dit-il,l’unitéduparti
sera mise en péril.
Commentanalysez-vouslemoment
actuelpourlagauche ?
Guillaume Balas ≥Il y a eu un
premier temps du quinquennat
consistant,grossomodo,àmener
des réformes sociales-libérales
approuvéesparleconsensussocial.
Cepremiertempsétaitdéjàortho-
gonal par rapport au programme
présidentielde 2012.Lediscoursde
ManuelVallsàVauvert[lesamedi
5 juillet, NDLR] enclenche un
deuxième moment : désormais,
le Premier ministre incarne une
ligneconsistantàentreprendredes
réformes sociales-libérales beau-
coup plus rapides, de manière
beaucoup moins concertée, et en
balançant le dialogue social à la
poubelle si celui-ci ne va pas dans
le sens voulu.
Jean-Marie Le Guen était déjà
sur cette ligne, avant même que
Manuel Valls devienne Premier
ministre.Donccen’estpastrèssur-
prenant, même si cela ne colle pas
tout à fait à la ligne présidentielle,
qui portait plus d’attention – au
moinsformelle –audialoguesocial.
Ilyauraitdoncuntournant…
Le problème, maintenant, c’est le
fondet laforme.Surlefond,nous
sommes certains que les réformes
annoncées par François Hollande
en 2012 ne seront pas mises en
œuvre.Etmêmesionpouvaitavoir
des points d’accord, ou de com-
promis,surlabaissedeladetteou
l’allégementdescotisationspayées
par les entreprises, si on pouvait
accepterdesmesuresd’offre– dans
lamesureoùellesétaientaccompa-
gnéesdecontrepartiesetdemesures
de soutien de la demande –, on
considère que ce gouvernement
faituneerreurmacroéconomique.
La politique de
l’offre ne fait que
relancer la compétition entre les
États européens, en tirant tout le
monde vers le bas. Par ailleurs, on
ne voit toujours rien venir sur la
nécessaireréorientationeuropéenne
promiseparlePrésident.Plusgloba-
lement,seposeaussilaquestionde
lapertinencedecelogiciel :peut-on
vraiment penser qu’on va renouer
avecunecroissanceà4 %paran ?
Ilfautdesmesuresd’investissement
massives, mais aussi très volonta-
ristes, vers la transition énergé-
tique, revoir le mode de calcul de
notre PIB et inventer de nouveaux
indicateurs.
Peut-onconsidérerquevotrestratégie
d’influencerdel’intérieurlalignedu
gouvernementestunéchec ?
En tout cas, la tentative de l’in-
fluencer de l’extérieur a été pire.
L’échec de Jean-
Luc Mélenchon
est absolu : il n’y a qu’à voir l’état
duPartidegaucheaujourd’hui.La
sortie des Verts du gouvernement
n’apaseudavantaged’influencesur
lalignegouvernementale,puisqu’il
y a au contraire une radicalisation
avecValls.Jepensequ’aujourd’hui
ledébatn’estplusd’êtreàl’intérieur
ou à l’extérieur. Je crois qu’il faut
être un peu à tous les endroits, et
marcher ensemble.
Commentcomptez-vousfaire ?
Il va bien falloir que le PCF et
les Verts nous disent s’ils sont
d’accord pour participer à une
stratégie d’union de la gauche et
des écologistes, seule à même de
donnerunsemblantd’espoiràune
volontédetransformationsociale.
Aujourd’hui,toutlemondeselance
desinvitations,c’esttrèsimportant.
entretien
DEMARTHON/afp
Guillaume
Balas
Responsable
ducourant
Un monde
d’avance,
quiregroupe
unemajorité
dedéputés
frondeurs.
Netanyahou,
acteur d’une guerre particulière-
ment impopulaire contre une
population civile sans défense, de
justifier son action et de démon-
trerquelesresponsabilitéssontdu
côtédes« terroristes »duHamas.
Cette thèse triomphera, au moins
dansl’opinionisraélienne.Ànoter
que l’offre égyptienne a été bien
accueillie par le Président de l’Au-
torité palestinienne, Mahmoud
Abbas, qui a appelé les parties à
respecter le cessez-le-feu.
À Gaza, le bilan d’une semaine de
bombardementss’élevaitmardià
189 morts et 1 300 blessés, selon
lesservicesdesecoursdel’enclave
palestinienne. Dans la seule nuit
de lundi à mardi, l’aviation israé-
lienne avait mené 25 nouveaux
raids, tandis que deux roquettes
étaient tirées sur le sud d’Israël,
sans faire de victimes. Le patron
de l’UNRWA à Gaza, l’agence
de l’ONU pour l’aide aux réfu-
giés, Pierre Krähenbühl, estime
que « les femmes et les enfants
représentent une large part des
victimes des frappes aériennes ».
Selon lui,
« plu s du
qu ar t d es
morts sont
desenfants ».
L’UNWRA
a par ailleurs recensé quelque
17 000 personnes qui ont dû se
réfugier dans les écoles que gère
l’agence, où il y a très peu d’eau
et de nourriture. Rappelons que
l’origine de cette nouvelle explo-
sion de violence, c’est l’enlève-
mentetl’assassinatdetroisjeunes
colons de la région d’Hébron, en
Cisjordanie,puisl’assassinatd’un
adolescent palestinien par des
colons. Le conflit s’est déplacé
vers Gaza après que le gouver-
nement israélien eut désigné le
Hamas comme responsable du
tripleassassinatdu12 juin– ceque
celui-ci a toujours contesté. Les
autorités israéliennes ont ensuite
entamé une campagne d’arresta-
tions des responsables du mou-
vement islamiste en Cisjordanie,
ainsi que le démantèlement des
infrastructures et associations
qui lui sont liées. En représailles,
le Hamas a lancé depuis Gaza
quelque 800 roquettes en direc-
tion d’Israël, dont certaines, de
longueportée,ontatteintlesenvi-
ronsdeJérusalemetlenorddeTel-
Aviv,faisanttroisblessés,dontun
grave, dans la ville d’Ashdod, au
sud d’Israël.
≥≥Denis Sieffert
Suite de la p. 6
Les bombes israéliennes
renforcent le Hamas
au sein de la population.
8 Politis 17 juillet 2014
la semaine
2. Balasmetengardecontrelestensionsdeplus
avecEELVetleFrontdegauche.
les “hollandistes” ! »
J’ai rencontré la semaine dernière
Didier Le Reste, un communiste
« traditionaliste » :ilestprêtàavan-
cersurlatransitionécologique.Si,
deleurcôté,lesVertsabordentcette
question de manière un peu plus
active sur le plan économique, je
pense que quelque chose peut être
construit, autour d’un axe démo-
cratique,socialetécologique.L’été
et l’automne doivent contribuer
à forger peu à peu des discours
communs. Ensuite, seulement, on
pourra créer un rapport de force.
Non pour détruire Hollande et
Valls,maispourréorienterlapoli-
tique du gouvernement.
Ensemble !etlePartidegauche
seraient-ilsbienvenusdanscetteunion ?
Oui, bien sûr, il faut discuter avec
tous. Et recommencer à discuter
avec Mélenchon. Mais c’est une
question d’attitude : au Parlement
européen, Mélenchon ne veut
même pas discuter avec Édouard
Martin ! Mais on ne sera pas sec-
taires, ni fermés. Cette alliance est
une longue marche. Nous verrons
parexempleaumomentdesrégio-
nales si nous sommes capables de
faire des alliances Verts-PCF-PS
pour battre la droite.
Commentlesfrondeursont-ilsvécu
cetteannée,oùtoutesleursprisesde
positionontétéviolemmentréprimées
parlePS ?Sont-ilslassés,fatigués ?
Leproblème,c’estquel’onestdans
l’incapacitéd’avoirunediscussion
avec le reste du PS ! C’était déjà
impossible de discuter avec Jean-
MarcAyrault.J’aisincèrementcru
quel’arrivéedeManuelVallspou-
vaitêtrel’occasionderenouer.Mais
c’est pareil : dès qu’on demande
un temps d’échange, c’est niet sur
toute la ligne. Je crois que Valls et
Hollandepensentqu’ilsvontsauver
la France tout seuls, qu’un dépas-
sement gauche/droite va se pro-
duire… Mais cela ne marche pas,
surtout quand on ne peut même
pas parler des solutions !
Ce qui m’a le plus marqué, c’est
la manière dont on a caricaturé
les frondeurs, en disant qu’ils
seraientdesgauchistesoupasvrai-
ment socialistes, alors même que
leurs propositions étaient les plus
travaillées. J’insiste sur un point :
depuisdeuxans,surlaquestiondes
50 milliardsd’allégementsdupacte
deresponsabilité,jen’aieuaucune
réponse crédible à mes questions.
Ni dans les bureaux nationaux, ni
au séminaire PS/gouvernement.
De leur côté, les frondeurs n’ont
pas arrêté de poser la question à
l’Assemblée nationale, au sein du
groupesocialiste.Àchaquefois,on
nous a répondu par la discipline.
Sur le fond, la stratégie écono-
mique, pas de réponse. Nous, les
« frondeurs », nous avions bien
compris que Hollande ne serait
pasCheGuevara.Bongrémalgré,
nous étions prêts à rester dans les
clousduhollandisme.Maiscesont
ces« hollandistes »,ceux-làmêmes
quitententdenousdélégitimer,qui
se sont assis sur les promesses de
campagne de Hollande ! Les vrais
frondeurs, ce sont eux !
Dèslors,quelavenirpourlePS ?
Ilvayavoiruncongrès,àlarentrée
ouauprintempsprochain.Va-t-on
pouvoirenfinydiscuterentrenous
decequejeviensd’évoquer ?Oule
débatsera-t-iltravestiparceuxqui
réclameront l’unité à tout prix en
dépolitisantleséchanges ?S’iln’ya
pasdevéritablediscussiondefond,
il est certain que l’unité du PS sera
mise en péril.
Surlefond,ilexisteunefractureentre
lestenantsd’uneligne« blairiste »et
lesautres…
Au moins, Tony Blair avait une
vision de la société et du monde !
Avec Hollande et Valls, on assiste
à un blairisme honteux, dont on
nepeutpasparler.Moi,jepréfére-
rais avoir en face de moi une ligne
blairiste assumée. Même si je suis
contre, le blairisme avait une cer-
taine puissance intellectuelle. Là,
il n’y a rien. À part du radical-
socialisme, mélange de pragma-
tisme et d’idéologie non assumée.
Aujourd’hui, Cambadélis veut
lancer un grand débat sur l’iden-
titédessocialistes,etilaraison.Le
problème, c’est qu’on ne peut pas
déconnecter ce débat de ce qui se
passe au gouvernement.
≥≥Propos recueillis
par Pauline Graulle
17 juillet 2014 Politis 9