Festival Méli-Mélo2

1. Culture : la marionnette, une « énigmatique
évidence » avec les Bordelais de Liquidambar
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Aurore Cailleret est tombée amoureuse de l’art de la marionnette. © Crédit photo : Noémie Grette
Par Jean-Luc Éluard
Publié le 23/01/2023 à 15h55
Mis à jour le 23/01/2023 à 18h57
Le festival Méli-Mélo va durer du 23 janvier au 3 février. La jeune compagnie bordelaise Le
Liquidambar y a présenté toutes ses créations. Et présentera deux spectacles pour cette édition.
Avec passion
« J’adore ça et je ne m’en lasse pas. Plus j’en fais, plus j’ai la sensation que c’est inépuisable. »
Aurore Cailleret a la foi bouillonnante et exclusive des convertis. Pas à une religion mais à un
langage artistique, celui de la marionnette qu’elle a découvert sur le tard : c’est en étudiant la
philosophie du langage et en devant écrire un conte pour des enfants qu’elle est tombée « de
façon intuitive » dans la marionnette. « Je n’y connaissais rien, c’était un territoire inconnu et j’ai
été subjuguée. C’est ça que je cherchais, cette énigmatique évidence. »
Alors elle se forme. À Bordeaux, d’abord, pour la scénographie, puis à Paris pour la marionnette
stricto sensu. Ensuite, pendant trois ans, avec Lolita Barozzi, elles font un vrai tour de France,
à l’ancienne, comme les compagnons du devoir. Parce que cet art est multiple : « Je le
conseillerais à toute personne qui veut faire du théâtre. C’est un concentré, un bouillon cube du
théâtre, on y fait tout : de la mise en scène, de la scénographie et, pour jouer, il faut être capable

2. de faire du théâtre hors de soi. Ce n’est pas simple de donner du crédit à ce petit objet qu’on a
dans la main. »
La durée des apprentissages n’aura pas été inutile. Leur premier spectacle, « La Maison aux
arbres étourdis », est un vrai succès. À l’échelle d’un art qui peine à émerger totalement : « Il y
a l’image d’Épinal d’un truc un peu poussiéreux. J’interviens en Arts du spectacle à l’université
et pour la plupart des étudiants, la marionnette, c’est toujours le Guignol du jardin public. Il y a
du boulot, même auprès des diffuseurs. »
La marionnette, « c’est un concentré, un bouillon cube du théâtre, on y fait tout »
Alors que l’art de la marionnette permet des choses que le théâtre ne peut pas : « Lorsque je
fais des stages, j’ai 34 marionnettes dans ma valise. Je ne pourrais jamais faire venir
34 comédiens. » Et surtout, « la marionnette ne devient poétique que dans l’œil de celui qui
regarde. Je suis subjuguée par cette co-construction de la poésie : on prête vie à un bout de
papier que l’on va manipuler. »
« Ne pas faire mignon »
Les créations du Liquidambar misent beaucoup sur ces personnages de papier un peu
cabossés, pas forcément beaux au regard : « On est dans une vraie volonté de ne pas faire
mignon. C’est bien aussi, l’inquiétante étrangeté. Même si on veut porter un propos plein de
douceur, on est poreuses à l’obscur. Le monde est comme ça. »
Comme ces migrants auxquels elle donne la parole dans « Quelqu’un quelque part ». Des
témoignages rassemblés, un docu-fiction en papier kraft de 30 minutes que « je n’aurais jamais
osé faire en tant que comédienne. Alors que la marionnette est un porte-voix ». L’autre spectacle
est une création spéciale pour le festival, recueil de paroles là aussi mais sur ce qui fait « le sel
de la vie », toutes les belles choses que les gens ont voulu leur confier « comme contrepoint à
la morosité. Je ne sais pas trop dans quoi on s’est embarquées ». Mais jusqu’à présent, leurs
embarcations n’ont jamais pris l’eau.
« Quelqu’un quelque part », vendredi 3 février à 19 heures à Saint-Médard-d’Eyrans ;
« Hasards, jolies choses et petits riens », jeudi 2 février à 15 et 20 heures à Canéjan. Festival
Méli-mélo jusqu’au 3 février à Canéjan et Cestas et neuf autres communes. signoret-canejan.fr.
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