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‫ا‬ ‫حقـوق‬ ‫عن‬ ‫للدفـاع‬ ‫التونسيـة‬ ‫الرابطـة‬‫ﻹ‬‫نسـان‬
Ligue Tunisienne pour la défense des Droits de l'Homme
Rapport de la visite effectuée par une délégation
de la Ligue à Sejnane
La Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme a reçu une plainte de 17
habitants de Sejnane contre 10 autres de la même ville dont voici quelques extraits :
« des personnes, dont notamment celles visées par la plainte, ont rassemblé et
embrigadé 50 individus usant de la force et de l’intimidation pour imposer leur
autorité et s’ériger en maîtres de la cité. Elles se promènent brandissant des sabres et
munies de bombes à gaz paralysant terrorisant l’ensemble de la population et
sanctionnant les récalcitrants ». Les plaignants ajoutent que « ces personnes se sont
appropriées et partagées, tel un butin, le centre de la jeune fille rurale et une parcelle
de terre sans que les autorités, de crainte de leurs représailles, ne manifestent la
moindre réaction. Elles ont même squatté le local de la Sécurité Sociale pour en faire
un centre d’interrogatoire où, elles extorquent aveux et information par la violence et
les agressions ». Selon cette plainte « le Procureur de la République, avisé par des
citoyens excédés, a mandaté la Police Judiciaire de Menzel Bourguiba pour
investigation mais certains renoncent à porter plainte ou se rétractent par peur.
D’autre part, ces groupes s’en sont pris à des dépôts de matériaux de construction et
un café de la place agressant les propriétaires et les utilisant pour leur propre
commerce. Les personnes incriminées font, d’après la plainte, la collecte des pièces
d’identité pour valider les signatures en bas d’un document attestant qu’elles font
partie d’un groupe d’entraide et de bienfaisance alors qu’en réalité, elles utilisent la
religion pour servir leur stratégie criminelle ».
Les sections régionales de la Ligue ont été mises au courant et chargées de se rendre
sur place pour enquête. Après avoir informé le ministre de l’Intérieur, une délégation
du Comité Directeur s’est rendue, le 7 janvier 2012 à Bizerte où elle a rencontré le
maire de la ville et s’est entretenue avec lui sur la teneur de la plainte avant de se
diriger vers la ville de Sejnane pour retrouver le président de la section de Mateur
accompagné de quelques citoyens qui voulaient livrer leur témoignage. Des
journalistes de la Télévision Nationale, de France 2 et France 24 ainsi que des
correspondants de la presse écrite étaient déjà sur place.
Après s’être assurée de l’identité des plaignants, au nombre de 13, la délégation de la
Ligue a commencé de recueillir leurs témoignages qui s’articulaient autour des axes
suivants :
1. Attaque de quelques maisons et lieux publics (comme un café à Sejnane, un
magasin de vente de matériel audiovisuel et l’agression de son employé et un
magasin de prêt à porter.)
2. La main mise sur des propriétés privées comme c’est le cas d’un dépôt de
matériaux de construction démoli après avoir récupéré son contenu et un lopin
de terre y attenant.
3. L’intrusion dans des locaux d’institutions administratives comme la direction
des forêts et la délégation pour faire pression sur le personnel limogeant
certains et embauchant d’autres.
4. Le renvoi de l’Imam de la mosquée pour le remplacer par un autre salafiste
plus prompt à propager leurs idées et culpabiliser tout récalcitrant.
5. La pression sur les filles du lycée pour les obliger à porter le Hijab, séparer les
religieuses des autres et taxer les opposants d’apostasie.
6. L’interrogatoire de ceux qu’ils soupçonnent de boire ou vendre du vin ou ceux
qui ne font pas la prière ou qu’ils ne les soutiennent pas. Certains ont subi des
violences et sont menacés au cas où ils se plaindraient auprès des autorités
(l’un d’eux a eu les doigts cassés)
7. Le squatt du local de la Sécurité Sociale transformé en lieu d’interrogatoire et
de punition.
D’autres témoignages ont été recueillis sur la voie publique ou au domicile d’une de
leurs victimes, celui qui a eu les doigts cassés qui a affirmé qu’il n’osait plus quitter
la maison pour porter plainte de peur des menaces de ses agresseurs.
La délégation s’est rendue ensuite au centre ville pour visiter le centre de la Sécurité
sociale, une sorte de vaste local désert contenant plusieurs chambres sombres, sales et
lugubre avec des fenêtres étroites et une petite porte s’ouvrant sans peine.
Devant le centre des la sécurité sociale, des habitants se sont attroupés parmi lesquels
des gens sympathisants des salafistes ce qui a provoqué des frictions et des disputes à
propos de la véracité des allégations faisant état d’agressions et d’atteintes. L’un
d’entre eux a fustigé la Ligue s’être limité aux témoignages des plaignants et ne pas
rendre visite aux grévistes en sit-in au siège de la délégation à cause de l’absence de
programmes de développement dans la région. Après avoir expliqué que la Ligue
tient à entendre toutes les parties et qu’elle n’était pas informée du sit-in, les
représentants de la Ligue se sont déplacés au siège de la délégation où Ils se sont
entretenus avec les grévistes en sit-in et les ont assurés de leur soutien à leurs
revendications légitimes pour le développement de la région.
La délégation de la Ligue a ensuite recueilli des témoignages contestant les
allégations de la plainte et soutenant que le phénomène salafiste n’est pas propre à
Sejnane qui connait, comme toutes les régions de la république, des tensions entres
salafistes et autres attisées par des nostalgiques du régime déchu qui, jouissant de
propriétés appartenant à l’état, ont vu leurs intérêts menacés après le 14 janvier. Selon
ces témoignages, la requête des habitants de Sejnane n’est que pure mensonge et
manipulation qui cherche à marginaliser la jeunesse de la ville et préserver les
privilèges des protégés de l’ancien régime, les trafiquants de drogue et du vin, les
criminels et ceux qui accaparent les domaines de l’état. Ceux qui lancent les
accusations contre les salafistes cherchent, selon ces mêmes témoignages, à se
dérober des poursuites. L’un des témoins à affirmé qu’il aidait les salafistes à assurer
la sécurité des citoyens et restituer les biens volés à leurs propriétaires. Un troisième
témoignage a défendu l’intervention des salafiste car « ils n’agressent personne et
grâce à eux, la ville est plus pure ». Certaines femmes ont tenu à apporter leurs
témoignages valorisant le phénomène et vantant ses bienfaits puisqu’il protège les
habitants, leur permet récupérer leurs biens volés et jugule le phénomène de la
délinquance et de l’alcoolisme.
II. CONCLUSIONS
1. En ce qui concerne la présence du phénomène salafiste
Il ressort des déclarations des parties plaignantes comme de celles qui ont contesté les
faits ou mis en garde contre son amplification que le phénomène salafiste existe bel et
bien à Sejnane.
 Parcequ’elle est le fait d’un groupe de personnes citées dans son plusieurs
témoignages veillant sur la chose publique et assurant l’ordre avec comme
mission de prêcher la bonne parole et dissuader
 Que certains citoyens se sont indignés de ce phénomène considérant qu’il
menace l’ordre alors que d’autres l’ont apprécié pour son rôle sécurisant.
 Que tous les protagonistes confirment les frictions et les affrontements entres
salafistes et d’autres citoyens.
2. En ce qui concerne les causes du phénomène
a- Absence de développement
En dépit des ressources naturelles de la région qui sont à même, selon les
dires des habitants et les constatations sur le terrain, d’encourager les
investissements et créer des emplois, la ville de Sejnane continue de
souffrir, comme les régions du Nord-Ouest, de la marginalisation, l’absence
de projets de développement, de l’accroissement du taux de chômage, des
privations et de la pauvreté.
b- Absence de l’appareil de l’état
L’enquête de terrain a montré clairement l’inefficacité des appareils de l’état
et l’absence totale de la sécurité, ce qui a engendré un vide sécuritaire et
l’apparition de groupes voulant se substituer à l’état, imposer leurs schèmes
de pensée et leurs lois.
En conclusion, la Ligue appelle les autorités concernées à assumer leurs
responsabilités et diligenter une enquête officielle sur les faits attribués à ces
groupes salafistes, à savoir la non reconnaissance des institutions de l’état, la
négation de ses lois et les velléités de lui substituer d’autres systèmes.
Par ailleurs, la Ligue demande à l’état d’accélérer la mise en œuvre de ses
appareils, d’assurerla sécurité des citoyens et de prendre les mesures adéquates
pour un développement structurelle intégrée.
Pour le Comité Directeur
Le Président
Abdessattar Ben Moussa
21‫بودليـر‬ ‫نهج‬ ،-‫العمـران‬–1005‫تونس‬–‫الهاتف‬:71.959596–‫الفاكس‬:71.959866
‫ا‬ ‫البريـد‬‫ﻹ‬‫لكترونـي‬:contact@ltdh-tunisie.org

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  • 1. ‫ا‬ ‫حقـوق‬ ‫عن‬ ‫للدفـاع‬ ‫التونسيـة‬ ‫الرابطـة‬‫ﻹ‬‫نسـان‬ Ligue Tunisienne pour la défense des Droits de l'Homme Rapport de la visite effectuée par une délégation de la Ligue à Sejnane La Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme a reçu une plainte de 17 habitants de Sejnane contre 10 autres de la même ville dont voici quelques extraits : « des personnes, dont notamment celles visées par la plainte, ont rassemblé et embrigadé 50 individus usant de la force et de l’intimidation pour imposer leur autorité et s’ériger en maîtres de la cité. Elles se promènent brandissant des sabres et munies de bombes à gaz paralysant terrorisant l’ensemble de la population et sanctionnant les récalcitrants ». Les plaignants ajoutent que « ces personnes se sont appropriées et partagées, tel un butin, le centre de la jeune fille rurale et une parcelle de terre sans que les autorités, de crainte de leurs représailles, ne manifestent la moindre réaction. Elles ont même squatté le local de la Sécurité Sociale pour en faire un centre d’interrogatoire où, elles extorquent aveux et information par la violence et les agressions ». Selon cette plainte « le Procureur de la République, avisé par des citoyens excédés, a mandaté la Police Judiciaire de Menzel Bourguiba pour investigation mais certains renoncent à porter plainte ou se rétractent par peur. D’autre part, ces groupes s’en sont pris à des dépôts de matériaux de construction et un café de la place agressant les propriétaires et les utilisant pour leur propre commerce. Les personnes incriminées font, d’après la plainte, la collecte des pièces d’identité pour valider les signatures en bas d’un document attestant qu’elles font partie d’un groupe d’entraide et de bienfaisance alors qu’en réalité, elles utilisent la religion pour servir leur stratégie criminelle ».
  • 2. Les sections régionales de la Ligue ont été mises au courant et chargées de se rendre sur place pour enquête. Après avoir informé le ministre de l’Intérieur, une délégation du Comité Directeur s’est rendue, le 7 janvier 2012 à Bizerte où elle a rencontré le maire de la ville et s’est entretenue avec lui sur la teneur de la plainte avant de se diriger vers la ville de Sejnane pour retrouver le président de la section de Mateur accompagné de quelques citoyens qui voulaient livrer leur témoignage. Des journalistes de la Télévision Nationale, de France 2 et France 24 ainsi que des correspondants de la presse écrite étaient déjà sur place. Après s’être assurée de l’identité des plaignants, au nombre de 13, la délégation de la Ligue a commencé de recueillir leurs témoignages qui s’articulaient autour des axes suivants : 1. Attaque de quelques maisons et lieux publics (comme un café à Sejnane, un magasin de vente de matériel audiovisuel et l’agression de son employé et un magasin de prêt à porter.) 2. La main mise sur des propriétés privées comme c’est le cas d’un dépôt de matériaux de construction démoli après avoir récupéré son contenu et un lopin de terre y attenant. 3. L’intrusion dans des locaux d’institutions administratives comme la direction des forêts et la délégation pour faire pression sur le personnel limogeant certains et embauchant d’autres. 4. Le renvoi de l’Imam de la mosquée pour le remplacer par un autre salafiste plus prompt à propager leurs idées et culpabiliser tout récalcitrant. 5. La pression sur les filles du lycée pour les obliger à porter le Hijab, séparer les religieuses des autres et taxer les opposants d’apostasie. 6. L’interrogatoire de ceux qu’ils soupçonnent de boire ou vendre du vin ou ceux qui ne font pas la prière ou qu’ils ne les soutiennent pas. Certains ont subi des violences et sont menacés au cas où ils se plaindraient auprès des autorités (l’un d’eux a eu les doigts cassés) 7. Le squatt du local de la Sécurité Sociale transformé en lieu d’interrogatoire et de punition.
  • 3. D’autres témoignages ont été recueillis sur la voie publique ou au domicile d’une de leurs victimes, celui qui a eu les doigts cassés qui a affirmé qu’il n’osait plus quitter la maison pour porter plainte de peur des menaces de ses agresseurs. La délégation s’est rendue ensuite au centre ville pour visiter le centre de la Sécurité sociale, une sorte de vaste local désert contenant plusieurs chambres sombres, sales et lugubre avec des fenêtres étroites et une petite porte s’ouvrant sans peine. Devant le centre des la sécurité sociale, des habitants se sont attroupés parmi lesquels des gens sympathisants des salafistes ce qui a provoqué des frictions et des disputes à propos de la véracité des allégations faisant état d’agressions et d’atteintes. L’un d’entre eux a fustigé la Ligue s’être limité aux témoignages des plaignants et ne pas rendre visite aux grévistes en sit-in au siège de la délégation à cause de l’absence de programmes de développement dans la région. Après avoir expliqué que la Ligue tient à entendre toutes les parties et qu’elle n’était pas informée du sit-in, les représentants de la Ligue se sont déplacés au siège de la délégation où Ils se sont entretenus avec les grévistes en sit-in et les ont assurés de leur soutien à leurs revendications légitimes pour le développement de la région. La délégation de la Ligue a ensuite recueilli des témoignages contestant les allégations de la plainte et soutenant que le phénomène salafiste n’est pas propre à Sejnane qui connait, comme toutes les régions de la république, des tensions entres salafistes et autres attisées par des nostalgiques du régime déchu qui, jouissant de propriétés appartenant à l’état, ont vu leurs intérêts menacés après le 14 janvier. Selon ces témoignages, la requête des habitants de Sejnane n’est que pure mensonge et manipulation qui cherche à marginaliser la jeunesse de la ville et préserver les privilèges des protégés de l’ancien régime, les trafiquants de drogue et du vin, les criminels et ceux qui accaparent les domaines de l’état. Ceux qui lancent les accusations contre les salafistes cherchent, selon ces mêmes témoignages, à se dérober des poursuites. L’un des témoins à affirmé qu’il aidait les salafistes à assurer la sécurité des citoyens et restituer les biens volés à leurs propriétaires. Un troisième
  • 4. témoignage a défendu l’intervention des salafiste car « ils n’agressent personne et grâce à eux, la ville est plus pure ». Certaines femmes ont tenu à apporter leurs témoignages valorisant le phénomène et vantant ses bienfaits puisqu’il protège les habitants, leur permet récupérer leurs biens volés et jugule le phénomène de la délinquance et de l’alcoolisme. II. CONCLUSIONS 1. En ce qui concerne la présence du phénomène salafiste Il ressort des déclarations des parties plaignantes comme de celles qui ont contesté les faits ou mis en garde contre son amplification que le phénomène salafiste existe bel et bien à Sejnane.  Parcequ’elle est le fait d’un groupe de personnes citées dans son plusieurs témoignages veillant sur la chose publique et assurant l’ordre avec comme mission de prêcher la bonne parole et dissuader  Que certains citoyens se sont indignés de ce phénomène considérant qu’il menace l’ordre alors que d’autres l’ont apprécié pour son rôle sécurisant.  Que tous les protagonistes confirment les frictions et les affrontements entres salafistes et d’autres citoyens. 2. En ce qui concerne les causes du phénomène a- Absence de développement En dépit des ressources naturelles de la région qui sont à même, selon les dires des habitants et les constatations sur le terrain, d’encourager les investissements et créer des emplois, la ville de Sejnane continue de souffrir, comme les régions du Nord-Ouest, de la marginalisation, l’absence de projets de développement, de l’accroissement du taux de chômage, des privations et de la pauvreté.
  • 5. b- Absence de l’appareil de l’état L’enquête de terrain a montré clairement l’inefficacité des appareils de l’état et l’absence totale de la sécurité, ce qui a engendré un vide sécuritaire et l’apparition de groupes voulant se substituer à l’état, imposer leurs schèmes de pensée et leurs lois. En conclusion, la Ligue appelle les autorités concernées à assumer leurs responsabilités et diligenter une enquête officielle sur les faits attribués à ces groupes salafistes, à savoir la non reconnaissance des institutions de l’état, la négation de ses lois et les velléités de lui substituer d’autres systèmes. Par ailleurs, la Ligue demande à l’état d’accélérer la mise en œuvre de ses appareils, d’assurerla sécurité des citoyens et de prendre les mesures adéquates pour un développement structurelle intégrée. Pour le Comité Directeur Le Président Abdessattar Ben Moussa 21‫بودليـر‬ ‫نهج‬ ،-‫العمـران‬–1005‫تونس‬–‫الهاتف‬:71.959596–‫الفاكس‬:71.959866 ‫ا‬ ‫البريـد‬‫ﻹ‬‫لكترونـي‬:contact@ltdh-tunisie.org