4. AVANT-PROPOS
LES TROIS PREMIÈRES ÉDITIONS DE CET OUVRAGE DE ROBIN BADE ET
MICHAEL PARKIN ONT CONNU UN FORT SUCCÈS. Nombre d’entre vous ont
apprécié l’approche pédagogique privilégiant un apprentissage par la pratique, point
par point, le style simple, direct et vivant, ainsi que les explications précises, soutenues
par des exemples familiers, des éditions précédentes. Cette nouvelle édition garde les
mêmes qualités intrinsèques que les trois premières, tout en actualisant son contenu et
en incorporant plusieurs nouveautés.
Pour susciter l’intérêt et la réflexion, chaque chapitre débute par une question écono-
mique ancrée dans le quotidien de l’étudiant, et la réponse à celle-ci met en évidence le
lien entre les notions théoriques abordées et son vécu. Les capsules Saviez-vous que…
présentent des événements tirés de l’actualité québécoise, canadienne ou internationale
illustrant de manière concrète un concept économique, alors que la rubrique Appliquez
vos savoir-faire donne l’occasion à l’étudiant de passer de la théorie à la pratique et de
mieux comprendre les concepts économiques.
Le contenu de plusieurs chapitres a été remanié. La fusion des chapitres 8 et 9 a donné
naissance à un tout nouveau chapitre 8, intitulé «La monnaie et la politique monétaire».
Les chapitres 1, 3 et 6 n’ont plus d’appendices. Ils ont été intégrés au contenu
des chapitres.
Toutes les rubriques Coup d’œil (sur le passé, sur l’économie québécoise, sur l’économie
canadienne et sur l’économie mondiale) ont été actualisées pour tenir compte des nou-
velles données et des nouveaux événements qui ont marqué l’actualité économique. Les
Coup d’œil sur un grand économiste racontent l’histoire de grands économistes et leur
contribution à la science économique, comme Adam Smith, David Ricardo, Milton
Friedman et John Maynard Keynes. Les rubriques Coup d’œil se terminent par des
questions permettant à l’étudiant de revisiter leur contenu.
Comme autres nouveautés, le contenu numérique compte désormais des tutoriels accom-
pagnant plusieurs des figures du manuel. L’étudiant pourra les visionner facilement en
numérisant les codes QR qui se trouvent dans le livre. De plus, les étudiants et les ensei-
gnants profiteront de centaines d’exercices sur la plateforme MonLab xL.
5. AVANT-PROPOS
IV
REMERCIEMENTS
Nos remerciements s’adressent, tout d’abord, à Marie-Claude Côté, chef du développe-
ment éditorial, et à Yasmine Mazani, gestionnaire de projets éditoriaux, ainsi qu’à tous
les membres de l’équipe d’ERPI ayant contribué à cette quatrième édition.
Nous remercions nos collaborateurs: Stéphane Demers, du Cégep Beauce-Appalaches ;
Caroline Gagnon, du Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu ; Caroline Lachance, du Cégep de
Trois-Rivières ; Michel Plunus, du Cégep de Drummondville ; et Jacques-René Giguère,
du Cégep de Sept-Îles, qui ont révisé la version manuscrite de cette nouvelle édition.
Leurs commentaires et suggestions nous ont été précieux tout au long de notre démarche.
Nous tenons aussi à souligner la contribution du regretté Raymond Bienvenu, auteur des
éditions antérieures, qui a adapté cet ouvrage à l’enseignement collégial québécois.
Monique Barrette
L’AUTEURE DE L’ÉDITION QUÉBÉCOISE
MONIQUE BARRETTE, auteure de la présente édition, détient un baccalauréat ainsi
qu’une maîtrise en économique de l’Université Laval, et enseigne depuis près de trois
décennies. Elle a fait ses débuts au Cégep de Baie-Comeau et au Cégep de Lévis-Lauzon.
Depuis 1990, elle enseigne au Cégep Garneau. Durant sa carrière, elle a aussi été chargée
de cours à l’École nationale d’administration publique (ENAP) et à l’Université du
Québec à Rimouski (UQAR), et a participé à la révision de plusieurs manuels d’économie
de niveau collégial et des trois premières éditions de cet ouvrage.
6. AVANT-PROPOS
MaBiblio > Multimédia
V
LISTE DES TUTORIELS OFFERTS SUR
CHAPITRE 2
Figure 2.1 La CPP et les combinaisons possibles et impossibles p. 33
Figure 2.2 Plein-emploi, sous-emploi, sacrifice et absence de sacrifice p. 35
Figure 2.3 Le calcul du coût de renonciation d’une bouteille d’eau p. 37
Figure 2.4 Le calcul du coût de renonciation d’un téléphone intelligent p. 38
Figure 2.5 Les effets de la croissance économique p. 43
CHAPITRE 3
Figure 3.1 Un barème de demande et une courbe de demande p. 54
Figure 3.2 La différence entre une variation de la quantité demandée et une variation de la demande p. 56
Figure 3.3 Le barème d’offre et la courbe d’offre p. 59
Figure 3.4 La différence entre une variation de la quantité offerte et une variation de l’offre p. 61
Figure 3.5 Le prix et la quantité d’équilibre p. 64
Figure 3.6 Les forces du marché rétablissent l’équilibre p. 65
Figure 3.7 Les effets d’une variation de la demande p. 66
Figure 3.8 Les effets d’une variation de l’offre p. 67
Figure 3.9 L’offre et la demande évoluent dans le même sens p. 69
Figure 3.10 L’offre et la demande évoluent dans des directions opposées p. 69
Figure 3.11 Un loyer plafond entraîne une pénurie de logements p. 72
Figure 3.12 Le salaire minimum entraîne du chômage p. 74
CHAPITRE 4
Figure 4.1 Les flux circulaires des revenus et des dépenses p. 86
Figure 4.2 Dégonfler le ballon du PIB p. 93*
CHAPITRE 6
Figure 6.1 Les phases du cycle économique p. 133
Figure 6.2 Une variation de la quantité demandée de PIB réel p. 136
Figure 6.3 Les variations de la demande agrégée p. 138
Figure 6.4 L’offre agrégée p. 141
Figure 6.5 Les variations de l’offre agrégée p. 143
Figure 6.6 L’équilibre macroéconomique p. 147
Figure 6.7 Les trois types d’équilibre macroéconomique p. 150
Figure 6.8 L’atteinte de l’équilibre de plein-emploi selon l’école classique p. 151
Figure 6.9 L’atteinte de l’équilibre de plein-emploi selon l’école keynésienne p. 152
CHAPITRE 7
Figure 7.3 La politique budgétaire à l’oeuvre p. 168
CHAPITRE 8
Figure 8.4 Les effets d’une variation du taux directeur sur les taux d’intérêt p. 202
Figure 8.6 La politique monétaire à l’oeuvre p. 206
* Animation interactive
7. À TROIS PAS DE LA RÉUSSITE!
Passez à l’action
Faites les activités. Lisez les chapitres et
appuyez-vous sur leur contenu pour réaliser les
activités «Faites le point» qui vous sont proposées.
Profitez de la puissance
de MonLab xL et prenez en main vos appren-
tissages. Grâce aux exercices variés et nombreux,
au parcours personnalisé et aux rétroactions
immédiates, c’est comme si votre enseignant était là
en tout temps.
1
2
Engagez-vous dans
vos apprentissages
Imprégnez-vous de la grande
question économique et avancez
une hypothèse. Dans chaque chapitre,
on vous pose une question économique
ancrée dans le quotidien.
Écoutez les explications
des graphiques animés. Elles sont
la clé pour bien comprendre les concepts
économiques. Grâce aux codes QR du
manuel, vous y accéderez en un clic sur
votre mobile.
8. GUIDE D’APPRENTISSAGE
3 Évaluez le chemin
parcouru
Mesurez vos progrès. Faites les activités
«Questions de révision» et lisez le résumé du
«chapitre en bref» pour distinguer les concepts
que vous maîtrisez et ceux que vous devez
retravailler.
Réalisez le défi de l’activité
«Appliquez vos savoir-faire». Vous y
ferez des liens entre la théorie et l’actualité,
et vous raffinerez votre compréhension des
concepts économiques
Obtenez le portrait de vos progrès
dans MonLab xL en cliquant sur l’onglet
«Résultats».
Initiation
à l’économie,
accessible sur toutes
les plateformes.
14. Coup d’œil sur l’économie canadienne
Les échanges commerciaux du Canada . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218
Coup d’œil sur un grand économiste
David Ricardo et les gains du commerce international . . . . 226
Coup d’œil sur le passé
L’évolution des tarifs douaniers canadiens . . . . . . . . . . . . . . . 230
CHAPITRE 10 La finance internationale . . . . . . . 238
10.1 Le financement du commerce international . . . . . . . . 240
La balance des paiements internationaux . . . . . . . . . . . 240
Prêteurs et emprunteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244
Faites le point 10.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246
10.2 Le taux de change . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246
La demande sur le marché des changes . . . . . . . . . . . . . 247
L’offre sur le marché des changes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249
Les variations du taux de change . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253
Faites le point 10.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255
10.3 La Banque du Canada et le marché des changes . . . . 255
Une modification du taux directeur . . . . . . . . . . . . . . . . . 255
Une intervention directe sur le marché des changes . . 256
Combien coûtera votre prochain voyage à l’étranger? . 257
Faites le point 10.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 258
Le chapitre 10 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 260
Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261
Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263
Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263
Coup d’œil sur l’économie canadienne
L’évolution de la balance des paiements
du Canada depuis 1986 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243
Coup d’œil sur l’économie mondiale
Les soldes du compte courant en 2014:
comparaisons internationales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244
Coup d’œil sur l’économie québécoise
La balance commerciale du Québec:
un déficit inquiétant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
Coup d’œil sur le passé
Pourquoi le taux de change est-il si volatil? . . . . . . . . . . . . . 254
Coup d’œil sur le passé
Le taux de change du dollar canadien de 1947 à 2015:
fixe ou flexible? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259
Glossaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264
Sources des illustrations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 269
Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270
TABLE DES MATIÈRES XIII
15. PARTIE 1 INTRODUCTION
2
PARTIE 1
INTRODUCTION
QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE?
CHAPITRE 1
ÊTES-VOUS
CAPABLEDE
COMBLERTOUS
VOSDÉSIRS?
VOUS DÉSIREZ VIVRE PLUS LONGTEMPS ET EN
MEILLEURE SANTÉ. Vous désirez une maison confor-
table et spacieuse, bien meublée et bien équipée. Vous
désirez fréquenter un bon collège, une bonne univer-
sité. Vous désirez toute une panoplie de matériel récréa-
tif, des simples chaussures de sport aux motomarines,
en passant par les jeux vidéo et les cinémas maison.
Vous désirez avoir du temps pour pratiquer vos activités
préférées, faire du sport, vous amuser, lire, voir des
films, écouter de la musique, voyager, rencontrer vos
amis, jouir de la vie.
Cependant, on ne peut pas tout avoir. Chacun est
limité dans la satisfaction de ses désirs, de ses besoins
par le temps qu’il a, le revenu dont il dispose et les prix
de ce qu’il convoite. Nous nous retrouvons tous et
toutes avec des besoins insatisfaits et la nécessité de
faire des choix.
Dans ce chapitre, nous examinerons ce qui limite
notre capacité à satisfaire tous nos besoins (la rareté)
et la science humaine qui étudie les choix que nous
devons faire devant cette contrainte (l’économique).
S
O
M
M
A
I
R
E
1.1
L’économique et ses trois
questions fondamentales
p. 4 p. 5
COUP D’ŒIL
SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE
Le capital humain au Québec:
quelques indicateurs
p. 8
1.2
La coordination des
décisions économiques
p. 10
ÊTES-VOUS CAPABLE
DE COMBLER TOUS
VOS DÉSIRS?
16. CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE? 3
SAVOIR-FAIRE
1 Définir l’économique et distinguer la
microéconomie de la macroéconomie
2 Décrire la coordination des
décisions économiques
3 Décrire le travail des économistes
4 Construire et interpréter les graphiques
utilisés dans les modèles économiques
VOS OUTILS NUMÉRIQUES
MaBiblio > MonLab xL
Réalisez les exercices assignés par votre
enseignant.
COUP D’ŒIL
SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE
Cuba, une économie
en mutation
p. 15 p. 20
1.4
Les graphiques:
l’outil des économistes
p. 26
Le chapitre 1
en bref
p. 19
COUP D’ŒIL
SUR UN GRAND ÉCONOMISTE
Adam Smith et la naissance
de la science économique
1.3
L’économique:
une science humaine
p. 16
17. PARTIE 1 INTRODUCTION
4
1.1 L’ÉCONOMIQUE ET SES TROIS
QUESTIONS FONDAMENTALES
Dans toutes les sociétés, les besoins qu’expriment les individus et la collectivité dépassent
largement les ressources accessibles pour les satisfaire. En tant que société, notre capa-
cité à satisfaire nos besoins est limitée par nos ressources productives, c’est-à-dire les
ressources naturelles, le travail et l’ingéniosité humaine, ainsi que les outils et l’équipe-
ment que nous avons produits.
En économique, ce phénomène de l’insuffisance des ressources accessibles pour
satisfaire tous les besoins exprimés s’appelle la rareté. Celle-ci n’épargne ni les pauvres
ni les riches. L’enfant qui n’a que 2$ en poche et qui veut un sac de croustilles à 2$ ainsi
que deux tablettes de chocolat à 1$ chacune est aux prises avec la rareté. Le chef d’en-
treprise qui veut passer son samedi à jouer au golf et qui souhaite assister à une réunion
importante le même samedi est aux prises avec la rareté. La société qui veut améliorer
son système de santé, brancher toutes les classes du primaire et du secondaire à inter-
net, explorer l’espace, dépolluer les fleuves, les lacs et les rivières, et ainsi de suite, est
aux prises avec la rareté.
La rareté nous impose des choix. Nous devons choisir parmi toutes les possibilités
qui s’offrent à nous. L’enfant doit choisir entre le sac de croustilles et les tablettes de
chocolat. Le chef d’entreprise doit choisir entre le golf et la réunion. En tant que société,
nous devons choisir entre les soins de santé, les branchements à internet, l’exploration
spatiale, l’environnement, etc. Nos choix dépendent des incitatifs auxquels nous sommes
soumis. Un incitatif est une récompense (une «carotte») ou une punition (un «bâton»)
qui encourage ou décourage une action. Si le prix du sac de croustilles augmente et que
celui des tablettes de chocolat diminue, l’enfant est incité à acheter moins de croustilles
et plus de chocolat. Si un profit de 10 M$ est en jeu, le chef d’entreprise est incité à
renoncer au golf pour aller à sa réunion. Plus le prix des ordinateurs baisse, plus les
commissions scolaires sont incitées à doter les classes du primaire et du secondaire
d’ordinateurs et à les brancher à internet.
L’économique est la science humaine étudiant les choix que font les êtres humains
quand ils composent avec la rareté et avec les incitatifs qui influent sur leurs choix.
Elle se divise en deux branches:
• La microéconomie ;
• La macroéconomie.
LA MICROÉCONOMIE
La microéconomie est la branche de l’économique qui étudie les choix des individus et
des entreprises, ainsi que la façon dont ces choix répondent aux incitatifs, interagissent
entre eux et subissent l’influence des pouvoirs publics. Pourquoi y a-t-il plus de gens qui
achètent des véhicules utilitaires sport et moins de gens qui achètent des fourgonnettes?
Quel est l’effet d’une baisse du prix de la console PlayStation de Sony et du Xbox de
Microsoft sur les quantités de ces biens que les gens achètent? Pourquoi le prix de l’es-
sence fluctue-t-il constamment? Comment une entreprise maximise-t-elle ses profits?
Pourquoi le gouvernement taxe-t-il la bière, mais pas le jus d’orange ? Voilà autant
d’exemples de questions microéconomiques.
LA MACROÉCONOMIE
La macroéconomie est la branche de l’économique qui étudie les effets agrégés (totaux)
des choix des individus, des entreprises et des gouvernements sur l’économie nationale
et mondiale. Pourquoi, après une dizaine d’années de croissance économique soutenue,
notre économie a-t-elle connu une récession en 2009? La Banque du Canada peut-elle
maîtriser l’inflation en augmentant les taux d’intérêt? Comment les gouvernements
Ressources productives
Ressources servant à produire
des biens ou des services:
ressources naturelles, travail,
ingéniosité humaine, outils et
équipements.
Rareté
Insuffisance des ressources
accessibles pour satisfaire tous
les besoins exprimés.
Incitatif
Récompense ou punition
(«carotte» ou «bâton») qui
encourage ou décourage
une action.
Économique
Science humaine étudiant les
choix que font les êtres humains
quand ils composent avec la
rareté et avec les incitatifs qui
influent sur leurs choix.
Microéconomie
Branche de l’économique qui
étudie les choix des individus
et des entreprises, ainsi que la
façon dont ces choix répondent
aux incitatifs, interagissent
entre eux et subissent
l’influence des gouvernements.
Macroéconomie
Branche de l’économique
qui étudie les effets agrégés
(totaux) des choix des
individus, des entreprises et des
gouvernements sur l’économie
nationale et mondiale.
18. CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE? 5
peuvent-ils stimuler l’activité économique et, ainsi, réduire le chômage? Pourquoi la
croissance économique est-elle plus forte en Chine et en Inde qu’elle ne l’est chez nous?
Voilà autant d’exemples de questions macroéconomiques.
Née dans les années 1930, la macroéconomie est le fruit du travail du célèbre éco-
nomiste britannique John Maynard Keynes (1883-1946). «Mon rêve, écrivait Keynes,
serait que l’économiste puisse être aussi utile que le dentiste ou le médecin.»
ÊTES-VOUS CAPABLE DE COMBLER
TOUS VOS DÉSIRS ?
La réponse à cette question est non. Tous les jours, vous faites des choix, comme les
35 millions de Canadiens et les 7 milliards de personnes dans le monde. Vous devez
choisir les besoins que vous désirez combler puisqu’il est impossible de tous les assouvir,
en raison du manque de temps et d’argent. Faites-vous des choix qui servent uniquement
votre intérêt ou aussi celui de la société?
Votre intérêt individuel et l’intérêt social
Chaque fois que vous choisissez ce que vous croyez être le mieux pour vous, indépen-
damment des conséquences pour autrui, vous faites des choix qui servent votre intérêt
individuel. Vous achetez du pain parce que vous avez faim et que vous voulez manger,
et non parce que vous vous dites que le boulanger a besoin de gagner sa vie.
Vos choix dictés par l’intérêt individuel peuvent aussi servir l’intérêt social s’ils sont
les meilleurs possibles pour la société dans son ensemble – autrement dit, s’ils contri-
buent à une utilisation plus efficace des ressources et à une répartition plus équitable
(ou honnête) des biens et des services entre les individus. Comment faire pour que vos
choix dictés par l’intérêt individuel servent également l’intérêt social?
Vos choix servent-ils aussi l’intérêt social?
Pensons au réchauffement climatique. La fonte des calottes polaires est une preuve
incontestable du réchauffement de la planète1
. On estime que la surface de la Terre s’est
réchauffée de 0,75 °C depuis un siècle. La majorité des scientifiques s’entendent pour
dire que la température monte parce que la quantité de dioxyde de carbone sur Terre
augmente, et l’activité économique humaine contribue à cette augmentation.
À quel point la Terre se réchauffera-t-elle et quels seront les effets de ce réchauffe-
ment? Nous l’ignorons. Chose certaine, si la température continue à augmenter, le climat
va changer, le niveau des océans va monter et les régions côtières proches du niveau de
la mer devront être protégées des vagues par des digues extrêmement coûteuses.
Tous les jours, lorsque vous veillez à votre intérêt individuel en utilisant de l’essence,
vous contribuez aux émissions de gaz à effet de serre et vous laissez votre empreinte de
carbone. Vous pourriez réduire cette empreinte en vous déplaçant à pied ou à vélo, en
utilisant les transports en commun ou en plantant des arbres, et ainsi servir l’intérêt social.
Parmi les choix suivants, lesquels servent l’intérêt social, selon vous? Acheter des
légumes chez un producteur local, prendre plus de 30 minutes pour se doucher, déposer
au recyclage le papier, le carton, le plastique et le verre, laisser constamment les lumières
allumées dans la maison. Le premier et le troisième, très certainement. Y a-t-il d’autres
choix que vous faites tous les jours et qui servent à la fois votre intérêt individuel et
l’intérêt social?
1. Il faut noter qu’une minorité en doute.
19. PARTIE 1 INTRODUCTION
6
LES TROIS QUESTIONS FONDAMENTALES
Promenez-vous dans un centre commercial et observez l’assortiment de biens et services
qu’on y met en vente; entrez dans les boutiques et lisez les étiquettes pour savoir où ont
été produits les biens qu’on y vend. La prochaine fois que vous emprunterez l’autoroute,
repérez les plus gros camions, lisez les noms d’entreprises et de produits qui y sont
inscrits, et notez où ces camions ont été immatriculés. Consultez les sites de vente en
ligne, comme Amazon ou eBay, et constatez l’incroyable diversité de biens et services
qui vous sont offerts.
L’économique se penche sur trois questions fondamentales:
• Quoi produire?
• Comment produire?
• Pour qui produire?
Quoi produire?
Les fermes, les usines, les chantiers de construction, les
commerces et les bureaux du pays produisent une foule
de choses, des produits de première nécessité, comme la
nourriture, le logement et les soins de santé, aux produits
de luxe, comme les croisières, les véhicules utilitaires
sport (VUS) et les tablettes numériques. On appelle biens
et services tous les produits que les êtres humains valo-
risent et produisent pour satisfaire leurs désirs et leurs
besoins. Les biens sont des objets physiques, comme les
balles de golf; les services sont des tâches qu’on accom-
plit pour des gens, comme les coupes de cheveux.
En macroéconomie, on classe les biens et services en
quatre grandes catégories:
• Les biens et services de consommation ;
• Les biens d’investissement ;
• Les biens et services des administrations publiques ;
• Les biens et services d’exportation.
Les biens et services de consommation sont des biens et services que des particu-
liers achètent pour leur jouissance personnelle, et qui contribuent à leur niveau de vie.
Le logement, les meubles, les vêtements, les VUS, les films et le maïs soufflé, les voyages
d’agrément, le café et les beignes, les soins dentaires, les services de nettoyage à sec et
d’entretien des pelouses en sont des exemples.
Les biens d’investissement sont des biens que les entreprises achètent pour accroître
leur capacité de production. Les chaînes de montage d’automobiles, la machinerie et
l’équipement, les gazoducs, les ordinateurs et les centres commerciaux en sont des
exemples.
Les biens et services des administrations publiques sont des biens et services
qu’achètent les gouvernements et les administrations publiques. Les soins de santé,
l’éducation, les services de police, les tribunaux, les ordinateurs, la papeterie et l’équi-
pement militaire en sont des exemples.
Les biens et services d’exportation sont des biens et services produits dans un pays
et vendus dans d’autres pays. Parmi les biens d’exportation canadiens, mentionnons les
CRJ (Canadian Regional Jets) produits au Québec par Bombardier et achetés en Australie
par Sun State Airlines, et le gaz produit dans l’Ouest canadien et acheté par des services
publics en Californie et dans les États américains du Midwest et du Nord-Ouest Pacifique.
Biens et services
Produits que les êtres humains
valorisent et produisent pour
satisfaire leurs besoins et leurs
désirs; les biens sont des objets
physiques, et les services, des
tâches qu’on accomplit pour
des gens.
Biens et services de
consommation
Biens et services que des
particuliers achètent pour leur
jouissance personnelle, et qui
contribuent à leur niveau de vie.
Biens d’investissement
Biens que les entreprises
achètent pour accroître leur
capacité de production.
Biens et services des
administrations publiques
Biens et services qu’achètent
les gouvernements et les
administrations publiques.
Biens et services
d’exportation
Biens et services produits
dans un pays et vendus dans
d’autres pays.
2. Pro-Consigne Québec, La hausse de la consigne de 0,05$ à 0,10$: ravivons le débat!, Montréal,
24 mai 2014.
Saviez-vous que…
En Alberta, la valeur de la consigne a augmenté de
5 à 10 cents et de 20 à 25 cents en 2008, alors qu’au
Québec, elle est la même depuis 1986. Trois ans plus
tard, toujours en Alberta, le taux de récupération de
l’aluminium a augmenté de 75 % à 89 %; celui des
contenants de type PET, de 67 % à 79 %; et celui du
verre, de 77 % à 90 %2
. Quel incitatif l’Alberta a-t-elle
utilisé pour encourager la récupération? L’a-t-elle fait
dans l’intérêt des individus ou de tous les Albertains?
Le Québec devrait-il suivre cet exemple?
L’Alberta a choisi de récompenser davantage les citoyens qui
récupèrent – la «carotte» plutôt que le «bâton». Par cet incitatif,
l’intérêt de chacun a servi l’intérêt de l’ensemble de la société
albertaine. Il va de soi que le Québec devrait suivre l’exemple de
l’Alberta afin d’améliorer son taux de récupération de bouteilles et
de cannettes, et ce, dans l’intérêt de toute la société québécoise.
R
É
P
O
N
S
E
20. CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE? 7
La figure 1.1 montre comment la production totale au Canada se répartissait entre ces
quatre catégories de biens et services en 2015. Comme on le voit, la catégorie la plus impor-
tante est celle des biens et services de consommation, loin devant celles des biens d’inves-
tissement et des biens et services des administrations publiques. La figure révèle également
l’importance des exportations, une caractéristique clé de l’économie canadienne.
Comment produire?
Les biens et services sont produits avec des ressources productives que les économistes
appellent facteurs de production. On distingue quatre types de facteurs de production:
• La terre ;
• Le capital ;
• Le travail ;
• L’entrepreneuriat.
En économique, le terme terre englobe les ressources naturelles qu’on utilise pour
produire des biens et services, soit la terre au sens strict, les minéraux, les ressources
énergétiques, l’air, l’eau, les arbres et les plantes sauvages, les animaux, y compris les
oiseaux et les poissons, et les microorganismes. Certaines de ces ressources sont renou-
velables, mais d’autres sont épuisables.
Dans le langage courant, le terme «capital» désigne le capital financier, c’est-à-dire
l’argent, les actions et les obligations. Or, s’il permet aux gens de doter les entreprises de
ressources financières et d’obtenir un revenu d’intérêt, le capital financier ne sert pas direc-
tement à produire des biens et services. De ce fait, il n’est pas en soi une ressource produc-
tive, mais il sert à acquérir les ressources nécessaires à la production de biens et services.
En économique, le terme capital désigne plutôt le capital physique – les outils, les
instruments, la machinerie, les édifices et autres constructions – que les entreprises
utilisent pour produire des biens et services. Cela inclut les chaînes de montage, les
autoroutes, les centrales électriques, les aéroports et les avions, les marteaux et les
tournevis, les robots industriels, les entrepôts, les magasins de détail, les tours de
bureaux, les ordinateurs et les systèmes de communications électroniques.
Le terme travail, lui, désigne les ressources humaines – le temps et les efforts que les
gens consacrent à la production des biens et services. Cela inclut les efforts physiques et
mentaux de tous ceux et celles qui travaillent dans des fermes, des chantiers de
Facteurs de production
Ressources productives qui
servent à produire les biens
et services; comprennent la
terre, le travail, le capital et
l’entrepreneuriat.
Terre
Ressources naturelles qu’on
utilise pour produire des biens
et services.
Capital
Outils, instruments, machinerie,
édifices et autres constructions
que les entreprises utilisent pour
produire des biens et services.
Travail
Temps et efforts que les gens
consacrent à la production
de biens et services; inclut le
capital humain.
Figure 1.1 Production de biens et services au Canada en 2015
Biens et services
de consommation: 43 %
Biens et services
d’exportation: 24 %
Biens
d’investissement: 17 % Biens et services des
administrations publiques: 16 %
Au Canada, en 2015, les biens et services de
consommation représentaient 43 % de la
production totale; les biens d’investissement, 15 %;
les biens et services des administrations publiques,
19 %; et les biens et services d’exportation, 23 %.
Source: Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0064,
Produit intérieur brut (PIB), en termes de dépenses,
comptes économiques, modifié le 01-03-2016.
21. PARTIE 1 INTRODUCTION
8
construction, des usines, des manufactures, des magasins et des bureaux, ainsi que le
capital humain, c’est-à-dire les savoirs, les compétences et les habiletés que les gens
acquièrent par l’instruction, la formation en cours d’emploi et l’expérience de travail, et
qui améliorent la qualité du travail. En ce moment même, pendant que vous suivez ce
cours d’économique et d’autres cours, vous êtes en train d’investir dans votre propre
capital humain, qui continuera à augmenter quand vous prendrez un emploi à plein
temps, que vous acquerrez de l’expérience et que vous vous perfectionnerez dans votre
travail. En 2012, plus de 80 % de la population canadienne en âge de travailler avait
terminé son secondaire, et près de 54 % détenait un certificat, un diplôme d’études col-
légiales ou un diplôme universitaire3
.
On appelle entrepreneuriat le type de ressource humaine qui organise les trois
autres facteurs de production – le travail, la terre et le capital. L’innovation est le moteur
de l’entrepreneuriat. Les entrepreneurs apportent de nouvelles idées sur ce qu’il
convient de produire et sur la façon de le faire, prennent des décisions d’affaires et
assument les risques qui en découlent.
Capital humain
Savoirs, compétences et
habiletés qu’on acquiert par
les études, la formation en
cours d’emploi et l’expérience
de travail.
Entrepreneuriat
Type de ressource humaine qui
organise les trois autres facteurs
de production (le travail, la terre
et le capital).
Coupd’œil
SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE
Le capital humain au Québec: quelques indicateurs
Diplômes décernés 2005-2006 2011-2012
Secondaire 110 651 124 419
Général 71 740 74 438
Technique 38 911 48 981
Collégial 41 084 44 670
Préuniversitaire 23 601 26 737
Technique 17 483 17 933
Universitaire 43 396 47 480
Baccalauréat 32 117 34 656
Maîtrise 10 001 10 973
Doctorat 1 278 1 851
Source: Institut de la statistique du Québec, Le Québec chiffres en main,
édition 2014.
Le tableau ci-contre dresse un portrait du nombre de diplômes
décernés au Québec en 2005-2006 et en 2011-2012. À la lumière de
ces informations, peut-on considérer que le capital humain s’est accru
au Québec? Par rapport à 2005-2006, on constate que le nombre de
diplômésdessecteurssecondaire,collégialetuniversitaireaaugmenté.
Modérée pour les secteurs collégial et universitaire, l’augmentation est
plus importante pour le secteur secondaire, où le nombre de diplômés
s’est accru de 13 768, surtout en formation technique (accroissement
d’environ 10 000). L’augmentation du nombre de maîtrises et de
doctorats est également encourageante.
Est-ce qu’on reçoit davantage de diplômes au Québec qu’ailleurs? En
2011, le taux d’obtention d’un diplôme d’études secondaires au Québec,
établi à 93 %, surpassait ceux du Canada (88 %) et de l’Ontario (86 %)4
. Ce
taux, pour le Québec, était supérieur à celui de la moyenne des pays de
l’OCDE (84 %) en 20125
. Le Québec se classait au sixième rang, derrière la
Slovénie (96 %), l’Allemagne (95 %), l’Islande (95 %), la Hongrie (94 %) et
les Pays-Bas (94 %), et loin devant les États-Unis (77 %)6
.
Malgré l’augmentation du nombre de diplômes décernés, la
part des dépenses en éducation et en culture s’est maintenue à
22 % des dépenses totales de l’État québécois durant cette période.
Croyez-vous que l’État québécois devrait accroître la part
de ses dépenses consacrées à l’éducation et à la culture
afin d’augmenter davantage le nombre de nouveaux
diplômés?
Diplômes décernés au Québec, 2005-2006
et 2011-2012
3. Emploi et Développement social Canada, Indicateurs de mieux-être au Canada, http://mieux-
etre.edsc.gc.ca/misme-iowb/h.4m.2@-fra.jsp (page consultée le 3 février 2015).
4. Conseil des statistiques canadiennes de l’éducation (CSCE) et Statistique Canada, Indicateurs
de l’éducation au Canada: une perspective internationale 2014, 13 février 2015, tableau
A.2.1, Taux d’obtention d’un diplôme de fin d’études secondaires selon le sexe, p. 41.
5. OCDE (2014), Regards sur l’éducation: les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, tableau A2.1a,
Taux et âge moyen d’obtention d’un diplôme du deuxième cycle du secondaire (2012), p. 70.
6. Ibid.
22. CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE? 9
L’entrepreneuriat se quantifie difficilement, mais les dernières décennies ont été par-
ticulièrement fastes à cet égard. Bill Gates, le fondateur de Microsoft, John Sleeman, qui
dirige une brasserie dont la croissance est l’une des plus rapides en Amérique du Nord,
Guy Laliberté, qui a créé le Cirque du Soleil, Louis Garneau, qui a lancé une entreprise
spécialisée dans la conception de vêtements sport haut de gamme, et Daniel Langlois, qui
a créé Softimage (acheté par Microsoft), sont des exemples de talent entrepreneurial
exceptionnel. Toutefois, ces figures de proue ne doivent pas nous faire oublier que des
centaines de milliers d’autres personnes dirigent des entreprises de toutes tailles.
Pour qui produire?
Qui obtient les biens et services que nous produisons ? Cela
dépend du revenu que les gens gagnent, ainsi que des biens et
services qu’ils choisissent d’acheter. Un revenu important permet
de se procurer une grande quantité de biens et services; un faible
revenu laisse beaucoup moins de choix et ne permet d’acheter
que peu de biens et services.
Dans une économie de marché, les gens s’assurent un revenu
en offrant les ressources dont ils ont la propriété sur le marché
des ressources. On distingue quatre types de revenus:
• Le salaire ;
• L’intérêt ;
• Le loyer ;
• Le profit.
Ainsi, la terre rapporte un loyer, le travail rapporte un salaire, le capital financier
rapporte un intérêt et l’entrepreneuriat rapporte un profit.
Au Canada, quelle source de revenu rapporte la plus grosse part du revenu agrégé
(total)? La figure 1.2, qui montre la répartition du revenu total entre les diverses sources,
nous apprend que le travail a généré le plus de revenus, avec 72 % du total au Canada
en 2015. Il n’existe aucune mesure précise du revenu du capital, du loyer et du profit,
mais nous savons qu’en 2015 le revenu des entreprises (qu’on appelle «excédent d’ex-
ploitation net») représentait 16 % du revenu total, et les autres revenus, 12 %.
Loyer
Revenu que rapporte la terre.
Salaire
Revenu que rapporte le travail.
Intérêt
Revenu que rapporte le
capital financier.
Profit (ou perte)
Revenu que rapporte
l’entrepreneuriat; peut être
positif ou négatif.
Saviez-vous que…
«Avec un revenu par habitant de 26 046$,
le Québec se classe […] au dernier rang des
provinces et des territoires7
.» À quelle ques-
tion économique fondamentale associe-t-on
cette nouvelle? Dites pourquoi.
Pour qui produire? Puisque le revenu disponible par
habitant au Québec est le plus bas au Canada, les
Québécois se procureront moins de biens et services que
les habitants des autres provinces et territoires.
R
É
P
O
N
S
E
7. Institut de la Statistique du Québec, Bulletin Flash: Revenu disponible, édition 2015.
Figure 1.2 Sources de revenu au Canada en 2015
Le travail est la principale source de revenus: en
2015, la rémunération des salariés représentait 72 %
du revenu total au Canada.
Source: Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0063,
Produit intérieur brut (PIB), en termes de revenus, comptes
économiques, modifié le 01-03-2016.
Autres revenus : 12 %
Excédent
d’exploitation net :
16 %
Rémunération
des salariés :
72 %
23. PARTIE 1 INTRODUCTION
10
1.2 LA COORDINATION DES
DÉCISIONS ÉCONOMIQUES
Pour bien comprendre le fonctionnement d’une économie, il importe d’en avoir une vue
d’ensemble, d’en connaître les principales composantes et de saisir les relations qu’elles
entretiennent.
La figure 1.3 montre le schéma d’une économie fermée, c’est-à-dire d’une économie
qui n’entretient de liens avec aucune autre. En réalité, la seule économie totalement
fermée est l’économie mondiale, mais nous nous servirons de ce schéma pour expliquer
sommairement le fonctionnement de la forme la plus simple d’une économie.
Comme on le voit à la figure 1.3, une économie fermée a deux grandes composantes:
• Les décideurs (rectangles bleus) ;
• Les marchés (rectangles gris).
Économie fermée
Économie qui n’entretient de
liens avec aucune autre.
1.1
1 Définir l’économique et distinguer la microéconomie de la macroéconomie
EXERCEZ-VOUS
1. L’économique étudie les choix qui découlent d’un
phénomène précis. Quel est ce phénomène?
2. Dites si les énoncés suivants relèvent de la
microéconomie ou de la macroéconomie.
a) L’économie canadienne a connu une récession
importante en 2009.
b) Le gouvernement provincial augmente la taxe sur
l’essence.
c) Les bas taux d’intérêt stimulent la consommation des
ménages.
d) La hausse du coût des matériaux modifie le prix des
maisons neuves.
e) La baisse de la production de biens et services
entraîne une hausse du chômage.
3. À partir de la figure 1.1 (p. 7), énumérez les quatre
grandes catégories de biens et services de la plus
importante à la moins importante au Canada en 2015, et
donnez un exemple pour chacune.
QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES
4. Jour après jour, nous devons faire de multiples choix.
Qu’est-ce qui rend ces choix inévitables?
5. Quelle est la principale différence entre les biens et
services de consommation et les biens d’investissement?
6. Énumérez les facteurs de production et le type de revenu
que chacun génère. À partir des données de la figure 1.2
(p. 9), déterminez quel facteur de production reçoit la plus
grande part du revenu total au Canada en 2015.
RÉPONSES
1. Ce phénomène est la rareté. Les choix sont inévitables parce que les
ressources disponibles ne suffisent pas à satisfaire nos besoins illimités.
Comme nous ne pouvons pas tout avoir, nous devons faire des choix.
2. Microéconomie: b) et d). Macroéconomie: a), c) et e).
3. En 2015, les quatre catégories de biens et services au Canada étaient, de la
plus importante à la moins importante:
• Les biens et services de consommation, comme les coupes de cheveux ;
• Les biens et services d’exportation, comme le bois d’œuvre que le Canada
vend aux États-Unis ;
• Les biens et services des administrations publiques, comme les soins
de santé ;
• Les biens d’investissement, comme les plateformes pétrolières.
24. CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE? 11
LES DÉCIDEURS
Les décideurs sont des agents économiques: ils font des
choix. La figure 1.3 montre trois catégories de
décideurs:
• Les ménages ;
• Les entreprises ;
• Le gouvernement et les autres administrations
publiques.
Un ménage est constitué par toute personne vivant
seule ou tout groupe de personnes vivant ensemble
(couple, famille, colocataires, etc.) et qui agit en tant
qu’unité décisionnelle. Chaque ménage a des désirs illi-
mités et des ressources limitées.
Une entreprise est un organisme qui utilise des res-
sources pour produire des biens et services. Tout produc-
teur de biens ou de services, quelles que soient sa taille et
sa production, est considéré comme une entreprise.
Un gouvernement est un organisme aux multiples
fonctions: il instaure des lois et des règlements, administre le mécanisme qui assure leur
respect (tribunaux et forces policières), impose les ménages et les entreprises, et fournit
des services publics (défense nationale, santé et services sociaux, transports, etc.). Nous
verrons au chapitre 7 comment le budget de l’État influe sur les décisions des ménages
et des entreprises.
Figure 1.3 Vue d’ensemble d’une économie fermée
Les ménages décident des quantités
de travail, de terre, de capital et
d’entrepreneuriat qu’ils vendront ou loueront
en échange de salaires, de loyers, d’intérêts
ou de profits, ainsi que de la façon dont ils
dépenseront leurs revenus pour se procurer
les divers types de biens et services dont
ils ont besoin. Les entreprises décident des
quantités de travail, de terre, de capital et
d’entrepreneuriat qu’elles se procureront,
ainsi que des quantités de divers types de
biens et services qu’elles produiront. Les
divers paliers de gouvernement décident
quels biens et services ils fourniront ainsi
que le montant des impôts que paieront les
ménages et les entreprises. Ces décisions
des ménages, des entreprises et des
administrations publiques sont coordonnées
par les marchés des facteurs et les marchés
des produits, marchés qui sont eux-mêmes
soumis à des lois et à des règlements que
les administrations publiques établissent
et font respecter. Dans ces marchés, les prix
s’ajustent constamment pour assurer l’égalité
entre la quantité offerte et la quantité
demandée.
MÉNAGES
MARCHÉS
DES FACTEURS
MARCHÉS
DES PRODUITS
Biens et
services
Dépenses
en biens
et services
Travail, terre,
capital,
entrepreneuriat
Salaires,
loyers,
intérêts,
profits
Biens et
services
Biens et
services
Impôts
Impôts
Lois et
règlements
Lois et
règlements
GOUVERNEMENT /
ADMINISTRATIONS
PUBLIQUES
ENTREPRISES
Les services médicaux couverts par le régime d’assurance maladie sont choisis par les
gouvernements. Le montant des impôts que paieront les ménages et les entreprises
font aussi partie des décisions prises par les gouvernements.
25. PARTIE 1 INTRODUCTION
12
LES MARCHÉS
Dans le langage courant, le mot «marché» désigne le lieu physique où l’on achète et
vend des produits. En économique, le terme marché a un sens plus large: il désigne tout
ensemble – physique ou virtuel – qui réunit des acheteurs et des vendeurs pour leur
permettre d’échanger. Nous étudierons plus en détail le fonctionnement des marchés au
chapitre 3.
La figure 1.3 présente deux types de marchés : les marchés des produits, où
s’échangent des biens et services, et les marchés des facteurs, où s’échangent des fac-
teurs de production. Par ailleurs, elle montre que les transactions qui s’y font résultent
des décisions prises par les ménages et les entreprises. Les ménages décident des quan-
tités de travail, de terre, de capital et d’entrepreneuriat qu’ils vendront sur le marché
des facteurs, et de la façon dont ils dépenseront leurs revenus (salaires, loyers, intérêts
et profits) en biens et services produits par les entreprises. Les entreprises décident des
quantités de travail, de terre, de capital et d’entrepreneuriat qu’elles se procureront, des
types de biens et services qu’elles offriront et des quantités qu’elles produiront pour les
vendre sur le marché des produits.
Les flèches de la figure 1.3 illustrent les flux qui résultent des décisions des ménages
et des entreprises. Les flux rouges représentent les facteurs de production qui vont des
ménages aux entreprises, ainsi que les biens et services qui vont des entreprises aux
ménages. Les flux verts, qui circulent en sens inverse, sont des flux monétaires : ils
représentent les sommes qui circulent au cours de ces échanges. Nous verrons au cha-
pitre 4 comment on mesure tous ces flux, et, au chapitre 8, les sortes de monnaies qui
circulent dans les flux monétaires et le rôle des institutions monétaires comme les insti-
tutions de dépôt et la Banque du Canada. Un processus de choix publics détermine les
lois et les règlements imposés par les divers paliers de gouvernement, les impôts qu’ils
lèvent ainsi que les biens et services qu’ils fournissent. Ces choix des administrations
publiques se trouvent au centre de la figure 1.3.
LA COORDINATION PAR LE MARCHÉ
ET LA COORDINATION PAR DIRECTIVES
Le fait le plus marquant concernant les choix des ménages, des entreprises et des admi-
nistrations publiques est probablement que, tôt ou tard, ils entrent en conflit. Ainsi, sur
les marchés des facteurs, les ménages décident de la quantité de travail qu’ils fourniront
et de leur spécialisation, mais les entreprises décident du type et de la quantité de main-
d’œuvre qu’elles emploieront. Autrement dit, les ménages décident du type et de la
quantité de travail à vendre, et les entreprises, du type et de la quantité de travail à
acheter. De même, sur les marchés des produits, les ménages décident quels types et
quelles quantités de biens et services ils vont acheter, alors que les entreprises décident
quels types et quelles quantités de biens et services elles vont vendre.
Comment les milliards de décisions prises par les ménages, les entreprises et les
administrations publiques peuvent-elles se coordonner et s’équilibrer ? Qu’est-ce qui fait
que les ménages désirent vendre le type et la quantité de travail que les entreprises
souhaitent acheter? Que se passe-t-il si le nombre de ménages qui désirent travailler
dans des compagnies aériennes excède le nombre de travailleurs que les compagnies
aériennes désirent embaucher? Comment les entreprises savent-elles ce qu’il faut pro-
duire pour répondre à la demande des ménages? Que se passe-t-il si les entreprises
désirent vendre plus de hamburgers que n’en demandent les ménages?
Les réponses à ces questions varient selon que l’économie recourt à l’un ou à l’autre
des deux mécanismes de coordination suivants:
• La coordination par le marché ;
• La coordination par directives.
26. CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE? 13
La coordination par le marché
Les marchés coordonnent les décisions individuelles par des ajustements de prix. Pour
saisir comment, pensez au marché des hamburgers de votre localité. Imaginez que, au
prix courant, la quantité de hamburgers en vente est inférieure à la quantité de hambur-
gers que les consommateurs souhaitent acheter, et que certains consommateurs qui
veulent acheter des hamburgers ne peuvent pas le faire. Pour que le choix des acheteurs
et celui des vendeurs correspondent, les acheteurs doivent refréner leur désir de ham-
burgers, et une plus grande quantité de hamburgers doit être mise en vente. Ce résultat
s’obtient par l’augmentation du prix des hamburgers. La pénurie de hamburgers
entraîne la hausse de leur prix. Ce prix plus élevé incite les producteurs à offrir un plus
grand nombre de hamburgers; il freine également le désir de hamburgers du consom-
mateur et l’incite à modifier son menu. Un moins grand nombre de consommateurs
achète des hamburgers, et un plus grand nombre achète des hot-dogs (ou autres subs-
tituts des hamburgers). Une plus grande quantité de hamburgers (et de hot-dogs) est
offerte sur le marché.
Imaginons maintenant la situation inverse. Au prix courant, il y a plus de hamburgers
à vendre que les consommateurs n’en désirent. Dans ce cas, pour que le choix des ache-
teurs et celui des vendeurs concordent, il faut que les consommateurs achètent davan-
tage de hamburgers, et que les producteurs en mettent moins en vente. Ce résultat
s’obtient par une baisse du prix des hamburgers. Un surplus de hamburgers entraîne la
baisse de leur prix. Cette baisse de prix décourage la production de hamburgers et en
favorise la consommation. Les décisions de produire et de vendre, d’acheter et de
consommer sont continuellement ajustées et harmonisées par des variations de prix.
Nous venons de voir comment la coordination des décisions par le marché détermine
quoi produire – dans notre exemple, des hamburgers. La coordination par le marché
détermine également comment les biens et services sont produits. Par exemple, les pro-
ducteurs de hamburgers peuvent faire cuire ces derniers grâce au gaz, à l’électricité, au
charbon ou au bois. Leur choix dépend du goût qu’ils recherchent, mais également du
coût des diverses méthodes de cuisson. Quand une de celles-ci devient très coûteuse, ils
l’utilisent moins et recourent davantage aux autres méthodes. Cette substitution provo-
quée par la fluctuation du prix est la réponse du marché à la question comment?
Enfin, la coordination par le marché détermine pour qui les biens et services sont
produits. Les compétences, talents et ressources rares et très valorisés commandent un
prix élevé, et leurs détenteurs reçoivent un revenu supérieur qui leur permet d’obtenir
une grande partie des biens et services produits. Les compétences, talents et ressources
courants et moins valorisés se vendent à bas prix, et les revenus de leurs détenteurs ne
leur permettent d’obtenir qu’une faible partie des biens et services produits.
La coordination par directives
Le deuxième mécanisme est la coordination par directives, qui permet de déterminer
quoi, comment et pour qui les biens et services sont produits en utilisant, plutôt que le
marché, une structure organisationnelle hiérarchique où les individus exécutent les
directives qu’on leur donne. Le meilleur exemple de ce type de structure est le modèle
militaire. Les commandants prennent des décisions qui sont transmises par voie hiérar-
chique, et les soldats exécutent sur le terrain les ordres qu’on leur donne. Jusqu’aux
réformes entreprises à la fin des années 1980, les économies de l’ex-Union soviétique et
des autres pays de l’Europe de l’Est étaient coordonnées par directives. Ce type d’éco-
nomie se fait de plus en plus rare; à l’heure actuelle, seule celle de la Corée du Nord
correspond strictement à cette définition.
27. PARTIE 1 INTRODUCTION
14
DE LA THÉORIE À LA RÉALITÉ: DES ÉCONOMIES MIXTES ET OUVERTES
En théorie, une économie de marché repose strictement sur la coordination par le
marché. En pratique, toutefois, la plupart des économies qu’on appelle ainsi sont en fait
des économies mixtes, qui reposent en partie sur une coordination par directives. En
effet, dans la mesure où ils soumettent l’économie de marché à des règles et créent des
organismes pour la surveiller, les gouvernements influent sur les décisions des ménages
et des entreprises.
La figure 1.3 nous a permis de comprendre le fonctionnement théorique d’une éco-
nomie à l’aide du schéma d’une économie fermée. Cependant, on l’a dit, aucune écono-
mie n’est fermée, à part l’économie mondiale; toutes les économies nationales sont des
économies ouvertes, car elles entretiennent des liens plus ou moins étroits avec d’autres
économies. Même la Corée du Nord, un pays très fermé, fait du commerce avec la Chine.
La figure 1.4 schématise les transactions auxquelles une économie ouverte (ici, le
Canada) se livre sur les marchés mondiaux. Sur les marchés mondiaux des produits, les
entreprises canadiennes vendent une partie de leur production au reste du monde; ces
ventes, illustrées par le flux rouge qui va du Canada au reste du monde, constituent les
exportations canadiennes de biens et services. Par ailleurs, les entreprises, les ménages
et les administrations publiques du Canada achètent une partie de la production des
entreprises étrangères; ces achats, illustrés par le flux rouge qui va du reste du monde
au Canada, constituent les importations canadiennes de biens et services.
La valeur totale des exportations et celle des importations ne sont pas forcément
égales. Lorsque les exportations canadiennes sont supérieures aux importations cana-
diennes, le pays enregistre un surplus commercial. Lorsque les importations cana-
diennes sont supérieures aux exportations canadiennes, le pays enregistre un déficit
commercial. Un pays qui enregistre un surplus commercial prête au reste du monde, et
un pays qui accuse un déficit commercial emprunte au reste du monde. Ces prêts et ces
emprunts internationaux ont lieu sur les marchés financiers mondiaux. Nous consacre-
rons les chapitres 9 et 10 à l’étude des relations commerciales et financières du Canada
avec le reste du monde.
Économie de marché
Économie qui repose
strictement sur la coordination
par le marché.
Économie mixte
Économie qui repose sur la
coordination par le marché,
mais aussi sur la coordination
par directives dans la mesure
où le gouvernement soumet
l’économie de marché à des
règles et crée des organismes
pour la surveiller.
Économie ouverte
Économie qui entretient des
liens économiques avec d’autres
économies nationales.
Figure 1.4 Les liens économiques internationaux
Sur les marchés mondiaux des produits
(flux rouges), le Canada vend une partie de sa
production au reste du monde (exportations
canadiennes de biens et services) et achète
une partie de la production du reste du
monde (importations canadiennes de biens
et services); ces transactions se font sur les
marchés mondiaux des produits.
Lorsque ses exportations sont supérieures
à ses importations, le Canada enregistre
un surplus et prête au reste du monde.
Lorsque ses importations sont supérieures
à ses exportations, il enregistre un déficit et
emprunte au reste du monde. Ces prêts et
ces emprunts internationaux ont lieu sur les
marchés financiers mondiaux (flux verts).
CANADA
RESTE
DU MONDE
MARCHÉS
FINANCIERS
MONDIAUX
MARCHÉS
MONDIAUX
DES PRODUITS
Importations
canadiennes
de biens
et services
Exportations
canadiennes
de biens
et services
Prêts
canadiens
au reste
du monde
Emprunts
canadiens
au reste
du monde
28. CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE? 15
Cuba, une économie en mutation
Coupd’œil
SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE
Au-delàdesplagesdesablefin,Cubaestenpleinetransformation
sur le plan économique. Dès l’arrivée au pouvoir en 2006 du
président Raoul Castro, frère de Fidel, la libéralisation de
l’économie cubaine s’est accentuée. De nombreuses réformes
ont été mises en place par le gouvernement. La distribution à
des cultivateurs privés des terres agricoles appartenant à l’État,
l’entrée du secteur privé dans le commerce au détail, la mise en
place d’un programme de microprêts des banques publiques
pour les particuliers, l’octroi d’un plus grand nombre de licences
de travailleurs indépendants, le droit d’acheter et de vendre des
maisons, des voitures, des ordinateurs et même des cellulaires, la
possibilité pour les Cubains de circuler librement dans le pays et
à l’étranger en ne présentant que leur carte d’identité cubaine et
leur passeport en sont quelques exemples.
Dans la foulée de ces réformes, une nouvelle loi fiscale
adoptée en janvier 2013 permet à l’État cubain de percevoir
de l’impôt sur le revenu et d’autres types d’impôt. Depuis
décembre 2013, les Cubains peuvent importer des voitures
librement. «Bien que l’importation soit graduelle, assisterons-
nous à la disparition des vieilles voitures américaines, joyau du
patrimoine cubain8
?»
En janvier 2014, le gouvernement cubain privatise les taxis et
crée des coopératives de taxi pour les différentes régions de l’île.
Deplus,lesentreprisesprivéesetlesparticulierscubainspeuvent
désormais louer des logements résidentiels et commerciaux à
des Cubains.
Les relations entre Cuba et les États-Unis étant bien
meilleures qu’avant, plusieurs sanctions américaines ont
été levées, dont l’interdiction de transfert d’argent entre
membres d’une même famille habitant l’un ou l’autre des
deux pays. La vente de matériel et d’équipements américains
aux agriculteurs indépendants cubains et aux entrepreneurs
privés de l’île est autorisée. Du côté de Cuba, les entreprises
américaines et étrangères sont autorisées à opérer sur l’île et à
ouvrir des comptes dans les banques cubaines, de même que
les fournisseurs américains et étrangers de cartes de crédit.
Amorcée à la fin de 2013, la réunification du peso cubain et
du peso convertible, à parité avec le dollar américain, devrait
faciliter les échanges commerciaux entre Cuba et les autres pays,
notamment les investissements étrangers indispensables à la
modernisation de l’économie cubaine.
Bien que l’économie cubaine s’ouvre au reste du monde, il y a
encore du chemin à faire. Son ouverture demeure théorique car,
pour obtenir un passeport, un Cubain doit verser l’équivalent de
près de trois mois de salaire.
L’économie cubaine est-elle devenue une économie de
marché? Quelles réformes ont pour effet de modifier les
transactions entre les ménages et les entreprises sur le marché
des facteurs? Lesquelles affecteront les transactions entre
les ménages et les entreprises sur le marché des produits?
Lesquelles toucheront les transactions entre les ménages, les
entreprises et le gouvernement? Lesquelles faciliteront les
transactions entre Cuba et le reste du monde?
L’économie cubaine est-elle devenue une économie de marché?
8. Guillaume LANCTÔT, «Après plus de 50 ans, le socialisme cubain est ouvert au changement»,
Perspective Monde, Université de Sherbrooke, 18 février 2014, http ://perspective.usherbrooke.
ca/bilan/servlet/BMAnalyse ?codeAnalyse=1712 (page consultée le 6 février 2015).
29. PARTIE 1 INTRODUCTION
16
1.3 L’ÉCONOMIQUE: UNE SCIENCE HUMAINE
Nous avons vu que l’économique est la science humaine étudiant les choix des individus,
des entreprises et des administrations publiques aux prises avec la rareté. L’étude de
l’économique permet de mieux comprendre comment fonctionne le monde qui nous
entoure et la manière dont l’humain prend ses décisions. Elle permet également de
prédire celles-ci. Nous allons maintenant examiner la façon dont les économistes font
leur travail et nous pencher sur certains des problèmes qu’ils rencontrent.
Le but premier des économistes est de découvrir comment fonctionne le monde éco-
nomique. Pour ce faire, comme tous les scientifiques, ils distinguent deux types
d’énoncés:
• Les énoncés relatifs à ce qui est ;
• Les énoncés relatifs à ce qui devrait être.
Les premiers sont des énoncés positifs. Ils expriment ce qu’on comprend couram-
ment du fonctionnement du monde, et peuvent être exacts ou erronés. On peut vérifier
un énoncé positif en le confrontant aux faits. Ainsi procède le chimiste qui fait une expé-
rience en laboratoire.
Les seconds sont des énoncés normatifs. Ils reposent sur des jugements de valeur et
sont invérifiables. Quand ils débattent une motion, les parlementaires essaient de décider
de ce qui devrait être; ils font des énoncés normatifs.
Pour illustrer la différence entre les énoncés positifs et les énoncés normatifs, pre-
nons l’exemple de la controverse du réchauffement de la planète. Selon la plupart des
scientifiques, l’activité industrielle des deux derniers siècles et les énormes quantités de
combustibles fossiles que nous brûlons ont accru le taux de dioxyde de carbone dans
1.2
2 Décrire la coordination des décisions économiques
EXERCEZ-VOUS
1. Pour chacune des manchettes suivantes,
repérez la catégorie de décideurs concernée.
a) Une nouvelle loi québécoise interdit l’usage
des cellulaires au volant.
b) Sur le marché des maisons neuves, le nombre
d’acheteurs diminue.
c) La Loi sur la protection du consommateur
a été modifiée.
d) Un restaurateur sur deux devrait fermer
ses portes au cours de la prochaine année.
e) La main-d’œuvre disponible pour travailler augmente.
QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES
2. Nommez les trois catégories de décideurs dans une
économie fermée en précisant les choix économiques qui
relèvent de chacune.
3. Quelles sont les différences entre une économie
de marché et une économie mixte?
4. Quelles sont les différences entre la coordination par les
marchés et celle par directives?
RÉPONSES
1. a) Le gouvernement et les autres administrations publiques. Ils instaurent
les lois et les règlements.
b) Les ménages. Ils achètent des maisons neuves sur les marchés des
produits.
c) Le gouvernement et les autres administrations publiques. Ils instaurent
les lois et les règlements.
d) Les entreprises. Les restaurateurs sont des entreprises qui produisent
des repas sur les marchés des produits.
e) Les ménages. Ce sont eux qui décident de la quantité de travail offerte
sur les marchés des facteurs.
30. CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE? 17
l’atmosphère, ce qui a des conséquences pour la vie. «Notre planète se réchauffe à cause
d’une accumulation croissante de dioxyde de carbone dans l’atmosphère » est un énoncé
positif. On peut le vérifier si on dispose de données pertinentes. «Nous devrions réduire
l’utilisation de combustibles fossiles comme le charbon et le mazout» est, quant à lui,
un énoncé normatif. On peut être d’accord ou non avec lui, mais on ne se demande pas
s’il est vrai ou faux. Il ne se prête pas à la vérification par les faits, car il repose sur des
jugements de valeur.
Prenons un autre exemple. «L’universalité des soins de santé réduit le nombre de
jours d’absence au travail pour cause de maladie » est un énoncé positif. « Tous les
Canadiens et Canadiennes devraient avoir un accès égal aux soins de santé» est un
énoncé normatif.
L’économique s’est donné pour tâche de découvrir et de cataloguer les énoncés posi-
tifs qui rendent compte des phénomènes observés et permettent de comprendre le fonc-
tionnement du monde économique. Cette tâche comporte trois étapes:
• L’observation et la mesure ;
• La construction de modèles ;
• La vérification des modèles.
L’OBSERVATION ET LA MESURE
La première étape pour comprendre le fonctionnement du monde économique consiste
à l’observer et à le mesurer. Les économistes recueillent un nombre considérable de
données sur des phénomènes comme la quantité et l’emplacement des ressources
humaines et naturelles, les salaires et les heures travaillées, les prix et les quantités
produites des divers biens et services, les impôts et les dépenses publiques, les quantités
de biens et services achetés ou vendus à d’autres pays, etc.
LA CONSTRUCTION DE MODÈLES
La deuxième étape pour comprendre le fonctionnement du monde économique consiste
à construire un modèle. Un modèle économique est une représentation schématique
d’un aspect donné du monde économique, une description qui ne retient que les élé-
ments essentiels pour expliquer le phénomène étudié. Un modèle est plus simple que la
réalité qu’il décrit. Ce qu’un modèle englobe et ce dont il fait abstraction résulte d’hypo-
thèses sur ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas.
La figure 1.3 de la page 11 est un bel exemple d’un modèle ou d’une représentation
schématique de la réalité, dans ce cas-ci d’une économie fermée. Ce modèle repose sur
l’hypothèse que trois catégories de décideurs sont en présence. La deuxième hypothèse
consiste à examiner la nature de leurs échanges sur deux types de marchés uniquement,
les marchés des produits et les marchés des facteurs. La troisième hypothèse présuppose
que leurs échanges seront de nature monétaire ou de nature physique (facteurs de pro-
duction ou biens et services). Ce modèle a l’avantage de décrire de manière simple le
fonctionnement d’une économie fermée. Il va de soi que la réalité est nettement plus
complexe.
LA VÉRIFICATION DES MODÈLES
La troisième étape consiste à vérifier le modèle. Les prédictions d’un modèle peuvent ou
non correspondre aux faits. S’il y a contradiction entre les faits et le modèle, il faut modi-
fier le modèle ou le rejeter. Un modèle qui passe avec succès et à répétition l’épreuve des
faits sert de base à une théorie économique, c’est-à-dire à un ensemble de généralisa-
tions qui résument notre compréhension des choix et des comportements des divers
agents économiques. Une théorie s’élabore par un processus de construction et de véri-
fication de modèles.
Modèle économique
Représentation schématique
d’un aspect donné du monde
économique; description qui
ne retient que les éléments
essentiels pour expliquer le
phénomène étudié.
Théorie économique
Ensemble de généralisations qui
résument notre compréhension
des choix et des comportements
des agents économiques;
repose sur des modèles qui ont
passé avec succès et à répétition
l’épreuve des faits.