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Portraits de
l’École du Futur
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CONSTATS, TÉMOIGNAGES
ET PISTES DE RÉFLEXION
Avec les témoignages de cadres et dirigeants d’entreprises,
de journalistes et de chercheurs
Portraitsdel’ÉcoleduFuturGrenobleEcoledeManagement
CrééeparlaCCIdeGrenobleen1984,GrenobleEcoledeManagementestl’une
des meilleures écoles de management françaises (6ème
sur 30) et européennes
(20ème
sur 100). Elle forme chaque année plus de 6 000 étudiants et cadres au
sein de ses 50 programmes nationaux et internationaux, allant du Bac + 3 au
niveau doctorat.
Accréditée EQUIS, AACSB et AMBA, membre de la Conférence des Grandes
Écoles et régulièrement classée dans la presse internationale et nationale,
Grenoble Ecole de Management compte parmi les rares business schools
mondialesàdétenircettetripleaccréditation,gagedelaqualitédesesactivités.
Basée à Grenoble, ville d’innovation, Grenoble Ecole de Management a déve-
loppé une solide expertise autour du Management de la Technologie et de
l’Innovation. Grâce à cette spécificité unique en France, l’Ecole est aujourd’hui
membre fondateur du campus mondial d’innovation GIANT (Grenoble Inno-
vation for Advanced New technologies), qui représente un investissement
d’1,3 milliard sur 5 ans.
L’ESC Grenoble est l’une des quatre écoles de Grenoble Ecole de Management.
Championne de l’innovation pédagogique, l’ESC Grenoble a mis en place une
pédagogie différenciée dont le fondement repose sur la différenciation et la
personnalisation des parcours.
Ouverte sur le monde et sur la société, l’Ecole a noué de nombreuses alliances
stratégiques avec des écoles et universités en géopolitique, sciences de l’in-
génieur, design, mathématiques, lettres, sciences politiques, droit, histoire,
philosophie…
Contact Presse :
Laura LEICK
Tel : +33 4 76 70 64 63
Mob: +33 6 30 28 03 75
laura.leick@grenoble-em.com
Contact Relations Publiques :
Michel FONT
Tel : +33 1 44 43 55 78
Mob : +33 6 13 80 05 11
m.font@calapartners.fr
2édition
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e
Travail collaboratif
Travail collaboratif
Travail collaboratif
Gamification
Cartable numérique
Mooc
Mooc
Podcast
Podcast
Individualisation
Personnal learning
environment
Assessment center
Learning outcomes
Certification
e-learning
Learning by doing
Learning by doing
m-learning
m-learning
Applis éducatives
TABLETTES
Services
Serious game
e-portfolio
Social learning
Classe
inversée
Classe inversée
À propos
de Grenoble
Ecole de Managagement
CrééeparlaCCIdeGrenobleen1984,GrenobleEcoledeManagementestl’une
des meilleures écoles de management françaises (6ème
sur 30) et européennes
(20ème
sur 100). Elle forme chaque année plus de 6 000 étudiants et cadres au
sein de ses 50 programmes nationaux et internationaux, allant du Bac + 3 au
niveau doctorat.
Accréditée EQUIS, AACSB et AMBA, membre de la Conférence des Grandes
Écoles et régulièrement classée dans la presse internationale et nationale,
Grenoble Ecole de Management compte parmi les rares business schools
mondialesàdétenircettetripleaccréditation,gagedelaqualitédesesactivités.
Basée à Grenoble, ville d’innovation, Grenoble Ecole de Management a déve-
loppé une solide expertise autour du Management de la Technologie et de
l’Innovation. Grâce à cette spécificité unique en France, l’Ecole est aujourd’hui
membre fondateur du campus mondial d’innovation GIANT (Grenoble Inno-
vation for Advanced New technologies), qui représente un investissement
d’1,3 milliard sur 5 ans.
L’ESC Grenoble est l’une des quatre écoles de Grenoble Ecole de Management.
Championne de l’innovation pédagogique, l’ESC Grenoble a mis en place une
pédagogie différenciée dont le fondement repose sur la différenciation et la
personnalisation des parcours.
Ouverte sur le monde et sur la société, l’Ecole a noué de nombreuses alliances
stratégiques avec des écoles et universités en géopolitique, sciences de l’in-
génieur, design, mathématiques, lettres, sciences politiques, droit, histoire,
philosophie…
Contact Presse :
Laura LEICK
Tel : +33 4 76 70 64 63
Mob: +33 6 30 28 03 75
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Contact Relations Publiques :
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Certification
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Applis éducatives
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Services
Serious game
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Social learning
Classe
inversée
Classe inversée
À propos
de Grenoble
Ecole de Managagement
Introduction.........................................................2
par Bill RIDGERS, The Economist
et Tricia BISOUX et Sharon SHINN, BizEd
Tableau 1 - Enseigner dans l’école du futur.......................8
Parrainé par Patrick AEBISCHER, EPFL
Tableau 2 - Étudier dans l’école du futur ........................ 14
Parrainé par Marion JACQUET, CISCO
Tableau 3 - Travailler dans l’école du futur....................22
Parrainé par Jean-Charles ANDRE, IBM France
Tableau 4 - Vivre dans l’école du futur.............................29
Parrainé par Stéphane LAFARGE, Steelcase France
Tableau 5 - La recherche dans l’école du futur................ 31
Parrainé par François TADDEI, INSERM
Tableau 6 - Recruter dans l’école du futur.......................38
Parrainé par Sandra ENLART, Entreprise et personnel
  Le mot de la fin..................................................44
par Flore VASSEUR
  Conclusion..........................................................46
Par Jean-François FIORINA,
Grenoble Ecole de Management 
Témoignages d’entreprises.............................54
À propos de
Grenoble Ecole de Management ..................81
Contacts presse
et relations publiques
Accenture
AlcAtel
April
AxA
cApgemini
cAsio
crédit Agricole
cAsio
crédit Agricole
cAsio
gdF sueZ
l’oréAl
gdF sueZ
l’oréAl
gdF sueZ
lAFArge
totAl
Avec la participation de
2
En guise d’introduction,
nous avons demandé à
plusieurs journalistes
internationaux spécialisés
autour des thématiques de
l’enseignement supérieur
en management de
nous livrer leur vision
de l’école du futur.
introduction
3
Bill Ridgers
The Economist
Disruption ahead
Business education is going through a revolution. But
then, it usually is. Whether donning a hair shirt over
their role in the latest corporate scandal, or worrying that
their teaching is too theoretical (or not theoretical enough),
business schools are prone to bouts of navel-gazing.
This time, though, it might be serious. Domestic demand for the
MBA in its traditional markets, North America and Europe, is
stagnating. At many business schools, students have tired of
paying ever greater fees with no increase in the value of the MBA
in the jobs market. Demand for business programmes is being
propped up by students from emerging markets - particularly
in Asia - who are still drawn by the cachet of a management
degree from a prestigious Western institution. But it won’t
be long before countries such as China produce their own
prestigious colleges and become real competitors. Their job will
be made easier if business education’s two powerhouses, the US
and Britain, continue along their misguided paths of deterring
foreign students with unwelcoming immigration policies.
There is a real danger that Western business schools are about to
learn some of the harsh economic lessons that they have been so
adept at teaching. While there will always be a market for an MBA
from one of a handful of the world’s very best schools, those in the
middle will find themselves squeezed. Many are already finding
life unsustainable. Soft demand means they will not be able to
raise prices with abandon, as was once their wont. At the same
time, they will find it difficult to curb their outgoings. The cost of
attracting the best faculty from around the world is crippling some;
students’ demands for top-notch facilities are also taking their toll.
It will not be long before mid-tier business schools start to go bust.
4
New technologies, notably online classrooms and MOOCs, will
further commoditise the MBA. Students will ask why they need to
pay for two expensive years at university when the core first year
classes can be easily learned remotely. Even those still willing to
attend campus will demand that lectures are available to them
at the time they want, using a delivery system that suits them.
The business schools that flourish will be those that adapt
to this new reality. No-one is yet sure what will work, but
institutions are already experimenting with new models. The
University of North Carolina is trailing a full-time, online
MBA. Thunderbird is outsourcing the servicing of its online
MBA to Laureate, a for-profit company, who will also build
and run overseas campuses for the school. Some traditional
two-year programmes are being cut to a single year. In France,
several small schools have merged, so that they might compete
on the global stage. Technology has also helped schools who
want to offer joint degrees across several continents.
Business education is being disrupted by technology and by market
forces. Some of those that currently operate will not be operating
presently. Some of those that experiment in order to survive will
fail. But some will get their strategies right, and lead business
education out of its current revolution. We should not mourn those
that disappear. After all, as business schools themselves are adept
at explaining, creative destruction is the driving force of capitalism.
The institutions that teach Joseph Schumpeter’s famous mantra,
no matter how hallowed, should not expect to shelter from it.
Bill Ridgers
Business Education Editor
The Economist
5
Tricia Bisoux
and Sharon Shinn
BizEd magazine
Five years ago, business schools were just beginning to explore
the possibilities of technology for education. At BizEd magazine,
we published articles about how schools were bringing iPads,
collaboration software, and in-class polling platforms into their
classrooms, and how the online MBA was picking up steam.
Many faculty were questioning the quality of education delivered
via online formats or on mobile devices. But today, fully online
MBAs have become fixtures in many accredited institutions, and
mobile is gaining ground as a means of educational delivery.
As “massive open online courses” (MOOCs) make their way
into the higher education market, we’re sensing the same
excitement—and yes, apprehension—among BizEd readers. Many
professors are expressing sincere concerns that MOOCs do not
represent quality education. Among those raising questions are
even professors at Harvard University, a pioneer in free online
education through its edX partnership with MIT and others.
However, from our vantage point, MOOCs look to be one of
the most promising educational tools of the future. Partly
because professors and industry watchdogs are raising
concerns, purveyors already are improving and refining
their models in response. MOOCs might seem chaotic and
ungoverned now, but we believe it won’t be long before they’re
disciplined, organized, and even essential components of
the classroom, largely due to faculty input and innovations.
Like online degree programs are today, MOOCs are likely to
become viable and accepted elements of higher education.
Business schools of the not-so-far future are likely to use MOOCs
to attract students to paid degree-granting and certification
programs. MOOCs and other forms of cloud-based teaching will
spark business schools to form partnerships with peer institutions
around the world as they design collaborative courses, share
6
content, and offer their students opportunities to attend classes
and access the information they need without physical constraints.
Students will interact more often with classmates thousands of
miles away; more professors will be able to teach students from
anywhere in the world. Moreover, business schools may rely
more on MOOCs—whether generated by their own professors
or professors on other campuses—to provide students with a
foundation of knowledge, and then turn more to experiential,
hands-on learning experiences in face-to-face delivery.
The very best scholars at top-tier schools will record lectures
made available through online subscriptions, in which they cover
historical precedents in industry and explain theory. Professors
teaching hands-on courses in face-to-face classes are more
likely to be adjuncts with real-life experience who do not have
their doctorates. This new system of teaching will be especially
important to business schools in emerging markets looking to
supplement their curricula. It also could be a partial answer to the
PhD shortage, a major issue business schools worldwide now face.
Let’s be clear: We do not believe that the traditional classroom
and traditional face-to-face interactions between students and
professors will disappear—far from it. Students still will crave
in-person educational experiences, even as they take advantage
of what cloud-based learning has to offer. Professors are most
likely to use MOOCs and online technologies to supplement
and expand what they do in the classroom, not replace it.
And this more global way of teaching will affect educational
delivery at many business schools, but not all. Smaller, more
regional schools, especially, might not have the resources to
make online educational delivery a foundational part of their
missions. For these schools to differentiate themselves, it’s
likely that their professors will become hyper-focused on local
educational needs, partnering with nearby industry to give
students deeper and more meaningful hands-on experiences
in the workplaces where they are most likely to find jobs. Many
will specialize in industries that make sense in their markets,
7
whether it’s the energy sector in the Middle East or agriculture
in the American Midwest, and provide more customized,
just-in-time executive education suited to each corporation’s
needs. So-called “high-touch” educational experiences still
will be readily available for students and faculty alike.
From what we see in the industry, how professors teach
and students learn in traditional classrooms promises to
change dramatically. Education will become more global,
more interconnected, and more collaborative, and it often
will happen on a larger scale than it does today. The future
will be a turbulent but exciting time to be a business
school professor—it’s an era we’re excited to witness.
Tricia Bisoux and Sharon Shinn
Co-editors
BizEd magazine
Published by AACSB International in
Tampa, Florida, in the United States.
8
Enseigner
dans l’école du futur
PATRICK AEBISCHER
EPfl
L’avènement des MOOCs : un nouveau défi
pédagogique pour l’enseignement ?
En 2025, les prévisions nous révèlent que le nombre d’étudiants
devrait doubler au niveau mondial pour atteindre environ
260 millions. La moitié de cette croissance devrait se faire
en Chine et en Inde, deux pays qui prévoient de construire
des centaines d’universités pour les accueillir. En parallèle,
la nouvelle génération “Facebook et iPhone” a pleinement
adopté les technologies numériques pour interagir socialement,
avoir accès à l’information, et apprendre. Qui plus est, ces
technologies sont aujourd’hui devenues matures (internet,
accès mobile, large bande, plateformes), favorisant un
déploiement rapide et à large échelle de la formation en ligne.
C’est dans ce contexte disruptif que s’inscrit l’avènement des
MOOCs (Massive Open Online Courses), ou cours ouverts
et massivement parallèles. Avec l’implication très active de
plusieurs des meilleures universités au niveau mondial et
grâce à un fort soutien financier, les MOOCs ont connu un
démarrage foudroyant. En une année, ce sont ainsi plus de
3 millions d’étudiants qui se sont inscrits sur la plateforme
Coursera, un des acteurs principaux de cette révolution.
Ces cours en ligne, souvent suivis par plusieurs dizaines de
milliers d’étudiants, posent de nouveaux défis pédagogiques.
Outre un format spécifique différent du cours ex cathedra,
Tableau 1
9
ces enseignements en ligne imposent de repenser complètement
les interactions avec les étudiants. De plus, ces enseignements
ont inévitablement une influence importante sur les mêmes
cours donnés sur le campus, dont le format se doit d’être
beaucoup plus participatif, avec des étudiants beaucoup
mieux préparés, mais aussi des enseignants dont on attend
un effort et une implication beaucoup plus importants.
Les MOOCs viennent tout juste de naître et beaucoup de
questions restent encore ouvertes : possibilité de créditer les cours,
propriété des informations collectées et du contenu des cours,
vérification de l’identité de l’étudiant, modèle de financement
sur le long terme, standardisation et accréditation, définition de
véritables programmes de formation en ligne, taux d’achèvement
du cours, etc. Nés aux Etats-Unis, les MOOCs engendrent des
questionnements différents outre-Atlantique qu’en Europe, en
particulier compte tenu des différences importantes en termes
d’écolages et frais de scolarité. Il n’en reste pas moins que l’Europe
a une carte importante à jouer dans le développement d’une
offre de cours en ligne attractive au niveau mondial : diversité
et richesse linguistique, historique et culturelle, longue tradition
d’enseignement dans tous les domaines des sciences humaines et
sociales, des sciences naturelles, de la médecine et de l’ingénierie.
Autant d’atouts que l’Europe se doit de mettre en avant dans
cette nouvelle aventure pédagogique au niveau mondial.
Patrick Aebischer,
Président
Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL)
NOTRE CONSTAT
La seule certitude concernant l’avenir de l’enseignement est l’imminence d’un
“big bang” qui va modifier durablement nos repères, nos habitudes et nos
certitudes.
A l’heure d’entamer cet ouvrage de prospective sur les enjeux de l’école du futur,
nous sommes bien conscients que, de tous les chapitres que nous souhaitons
aborder (étudier dans l’école du futur, vivre dans l’école du futur, travailler dans
l’école du futur, faire de la recherche), le plus complexe - mais également le plus
passionnant - est ce premier thème : enseigner dans l’école du futur.
Depuis des siècles, la grande majorité des cultures se sont accordées sur un
modèle dominant : l’enseignement est la transmission d’un corpus de savoirs
depuis un “détenteur” du savoir, l’enseignant, vers des élèves, les étudiants. En
résumé : une approche verticale et à sens unique. Certes, les courants de pédago-
gie alternative apparus au fil du temps ont introduit des variables d’expérimenta-
tion, d’alternance entre pratique et théorie, d’individualisation de l’enseignement
mais ils n’ont abouti qu’à des évolutions “à la marge” d’un modèle pyramidal.
Tout cela, c’était avant.
Nous sommes arrivés aujourd’hui à la conjonction de progrès technologiques
de différentes natures qui vont radicalement bouleverser des notions fonda-
mentales dans l’enseignement tel que nous le connaissons aujourd’hui : le
savoir, la pédagogie, la distance, la relation avec le professeur, l’évaluation, et
la notion même de ce qu’est un cours.
La technologie et le savoir
Depuis quand n’avez-vous pas été dérangé chez vous un samedi matin par un
vendeur d’encyclopédie Universalis ? Au-delà de l’effet bénéfique sur votre séré-
nité de fin de semaine, les faits sont là : le savoir et la connaissance se sont libé-
rés du papier, du contenant. Ils sont majoritairement gratuits et en accès libre et
direct. L’effet positif de cette tendance de fond est évident : l’ouverture du savoir
au plus grand nombre à la connaissance est un progrès. La seule limite à la soif
de connaissance d’un individu est devenue sa curiosité… et non plus son
portefeuille.
Pour nous, établissements d’enseignement supérieur, et pour l’école du futur,
c’est un défi. Comment capter l’attention d’une meute d’étudiants armés d’ordi-
nateurs portables, de smartphones ou de tablettes et qui sont capables de mobi-
liser une masse de connaissance considérable dès lors que le professeur a énoncé
la thématique du jour, ou même consulter en quelques clics l’historique de ses
publications et de sa reconnaissance académique sur le sujet. Difficile de ne pas
être dépassé, en tant qu’enseignant et d’apporter une réelle plus value pour ses
élèves si l’on conserve ses vieux schémas de pensée et de méthode.
Pour autant, nous n’imaginons pas une seule seconde que l’enseignement dans
l’école du futur puisse s’envisager sans l’enseignant. Dès lors, il devra trouver sa
Tableau 1 |Enseigner dans l’école du futur
10
place, puisqu’il ne se contente plus de transmettre ce qu’on lui a appris. Dans
l’école du futur, l’enseignant est essentiellement un guide : il flèche les parcours
vers la connaissance, il alerte, il corrige, il vérifie, il évalue, il commente, il oriente
et met ses étudiants en situation. Il n’est pas forcément le détenteur du savoir
mais plutôt celui d’une sagesse et d’une expérience : celle qui permet de distin-
guer dans la masse d’information LE facteur pertinent, d’aiguiser un esprit
critique et d’apprendre à appréhender le cas particulier dans une multitude
de règles générales.
Ainsi, dans l’école du futur, il sera inévitable de repenser l’enseignement dans
son organisation profonde : à quoi bon consacrer les heures de cours en présen-
tiel à l’acquisition des concepts théoriques pour se retrouver seul chez soi face
à des cas pratiques pour lesquels l’échange aurait été bénéfique ? L’enseigne-
ment dans l’école du futur passera donc par une acquisition des savoirs par des
vecteurs technologiques (ressources disponibles sur le web, e-learning, e-books,
MOOCs et une mise en pratique via des travaux en présentiel supervisés par un
enseignant-guide.
La technologie et la pédagogie
En matière de pédagogie, un livre entier ne suffirait pas pour lister les innova-
tions rendues possibles par la technologie. Depuis les serious games, jusqu’aux
MOOCs, en passant par l’avènement de l’ère de la tablette tactile et interactive,
chaque école, chaque entreprise annonce à grand renfort de communication “sa”
recette miracle. Et si l’échelon de l’inventaire à la Prévert n’était pas le bon ?
De nos recherches pour définir l’école du futur, nous avons acquis une certitude :
la pédagogie du futur ne sera pas bridée par l’émergence d’une technologie
dominante. Elle sera au contraire caractérisée par une multitude de vecteurs
à la disposition de l’élève.
Depuis près d’une décennie, les business schools ont testé et adopté le concept
de formation “à la carte” pour leurs étudiants (qui leur permet de choisir leurs
options, leurs majeures, etc…) et le curseur de la personnalisation va encore
s’accentuer. Dans l’école du futur, l’élève choisira non seulement quelle discipline
il souhaite étudier mais aussi COMMENT il souhaite l’aborder : cours magis-
tral, MOOC, serious games, e-learning… Cela induira nécessairement une plus
grande flexibilité dans les diplômes que nous proposons à nos élèves. La montée
en puissance des “certificats”, comme autant de cordes à l’arc principal de compé-
tence de l’élève, permettront d’améliorer la lisibilité des parcours.
Pour les professeurs, un nouveau chantier passionnant se présente  : reforma-
ter les cours pour fournir à chaque étudiant le “juste niveau” de connaissance.
Par exemple, pour un élève qui s’oriente vers une carrière dans la finance, une
maîtrise poussée des normes et modèles mathématiques à travers des cours
magistraux, TD, travaux de groupe et exercices d’approfondissement en e-lear-
ning permettront d’obtenir un diplôme. Pour l’étudiant qui s’achemine vers une
Tableau 1 |Enseigner dans l’école du futur
11
carrière dans le marketing, un MOOC reprenant les principaux concepts et une
série d’exercices en ligne pour valider la compréhension valideront un certificat.
La pédagogie sur mesure, vieille chimère de l’enseignement, sera le pilier de
l’école du futur avec son corollaire, celui d’un socle minimum de connais-
sances requises par grande thématique.
La technologie et la distance
Assez naturellement, la notion de distance (et, en allant plus loin, celle de
“présence”), va connaître une véritable révolution. L’école du futur ne sera pas
forcément un “lieu physique”. A moyen terme, il n’est pas complètement impru-
dent d’imaginer que certains étudiants seront un jour diplômés de campus sur
lesquels ils n’auront jamais mis les pieds (ou qui n’auront pas d’existence maté-
rielle). D’où l’importance croissante des services pédagogiques et para pédago-
giques que nous aborderons dans le chapitre 3 de cet ouvrage.
LesMOOCsontlepremiersignalquibouleversenosrepères.Commentimaginer
que dans l’école du futur, nos étudiants renoncent à accéder à des cours dispen-
sés gratuitement par les meilleurs professeurs de chaque discipline pour préférer
retrouver le siège moelleux d’un amphithéâtre mal chauffé un lundi matin ?
L’école du futur devra relever le défi de réconcilier la distance et le contact. Il lui
faudra organiser nos deux notions précédentes - le savoir et la pédagogie - pour
alterner entre des sessions dispensées par des sommités à distance, et l’étude de
proximité des spécificités d’un territoire ou d’un marché.
La mise en réseau des écoles du futur, et donc l’harmonisation des programmes,
sera donc une étape clé de la globalisation du savoir et de l’abolition de la barrière
des distances : le meilleur de l’enseignement, partout, tout le temps. Le décalage
horaire restera alors la seule limite (surmontable) pour rassembler des élèves
dispersés aux 4 coins du monde pour un cours ou un travail de groupe. Cette
universalité de la connaissance, dont l’accès à internet est la tête de pont, offrira à
des étudiants jusqu’ici exclus de fait des filières d’excellence, des opportunités à la
hauteur de leurs talents. L’enseignement de proximité sera alors un relais, déten-
teur d’une expertise spécifique, liée à un contexte local ou une discipline de niche.
Le maillage de l’école du futur sera dès lors en place, dans un savant dosage entre
distance et présence. Les établissements qui tireront leur épingle du jeu seront
ceux qui maîtriseront de ce dosage.
12
Tableau 1 |Enseigner dans l’école du futur
13
Conclusion
Notre conviction est claire : épaulé par la machine, le rôle du professeur n’est
plus uniquement celui de détenteur du savoir et enseigner dans l’école du futur
n’aura pas grand-chose à voir avec l’enseignement tel que nous le connaissons
aujourd’hui et depuis des siècles.
La technologie va profondément bouleverser le rôle de l’enseignant.
➔Épaulé par la machine, son rôle n’est plus celui de détenteur
d’un savoir absolu, mais il est le garant de l’intelligence
dans la recherche et la mobilisation des connaissances.
➔Dans l’école du futur, il n’y aura plus un manuel et
une méthode de référence pour apprendre.
Chaque élève construira sa propre expérience pédagogique en ayant à sa dispo-
sition des ressources (e-learning, cours magistraux, travaux de groupe, MOOC)
adaptés à son profil, ses capacités, et l’utilisation finale qu’il souhaite faire de son
enseignement.
➔Les distances auront disparu au profit d’un marché
global où chaque acteur de l’enseignement devra
choisir sa voie pour exister : l’excellence académique,
la connaissance d’une problématique locale ou
la spécialisation sur des sujets de pointe.
➔Dans la même dynamique, le corps professoral
sera structuré autour de différentes catégories,
chercheurs, experts, chargés de TD, etc.
La véritable question sera alors de déterminer qui crée le savoir. En d’autres
termes, et contrairement à ce que pourraient craindre les plus sceptiques, nous
assisterons au grand retour de la pédagogie avec un grand “P”. La personnalité du
professeur sera stratégique car l’école du futur ne sera pas uniquement un labora-
toire technologique, et les économies de fonctionnement générées par les progrès
dans ce domaine seront absorbées par l’investissement dans l’humain, devenu le
vrai facteur différenciant.
Tableau 1 |Enseigner dans l’école du futur
14
Étudier
dans l’école du futur
Marion Jacquet
Cisco
Les nouveaux modèles et espaces d’enseignement
intégrant les nouvelles technologies
Le cours magistral, même s’il a toujours sa place, doit évoluer
pour être en meilleure adéquation avec la manière dont les élèves
apprennent et interagissent à l’aide des possibilités offertes par
les TIC. Les conférences peuvent être plus interactives, y compris
avec la présence physique ou virtuelle d’intervenants extérieurs,
et proposer une interaction plus grande avec l’enseignant à travers
l’utilisation des technologies. L’enregistrement de la leçon et son
visionnage avant le cours par les étudiants peut conduire à enrichir
le contenu dispensé et à introduire une plus grande interaction.
Les espaces d’enseignement doivent pouvoir prendre en compte
ces évolutions, et soutenir l’évolution des modes d’interaction.
Il s’agit donc bien de remettre l’étudiant plus clairement au
centre de l’enseignement et d’accroître l’engagement des élèves
en misant sur l’interaction et la participation. On ne parle
pas d’une absence d’orientation et de continuité, mais au
contraire d’une plus grande proximité des enseignants et un
accompagnement de l’étudiant. Ceci passe par la fluidité des
enseignements et des apprentissages individuels ainsi que par
des travaux collectifs. Ce besoin d’encadrement, de tutorat et/ou
coaching de l’élève se manifeste dès son arrivée dans l’université
pour faire naître l’appartenance à une communauté.
Tableau 2
15
La dimension virtuelle ne doit pas être absente. De manière
croissante, les élèves vont être amenés à apprendre en dehors
de la salle de classe, et l’enjeu est de les accompagner également
dans ce contexte particulier d’apprentissage. Il s’agit d’assurer
que la qualité de la relation à la connaissance et à l’enseignement
soit préservée. Dans ce cadre, il faut assurer une continuité
entre l’enseignement présentiel, celui qui pourra être dispensé à
distance, et l’apprentissage individuel qui sera celui de l’étudiant
en utilisant les TIC.
Pour la salle de classe et l’amphithéâtre
•	Écrans LCD à brancher et écrans d’affichage mobile
•	Appareils mobiles qui peuvent servir de support
d’interaction avec les professeurs
•	Tableaux blancs interactifs
•	Téléprésence et vidéoconférence afin
d’associer des experts à distance
•	Capture de l’enseignement, y compris le contenu vidéo ou les
présentations
16
Pour la dimension virtuelle et à distance
•	Vidéo et audio streaming
•	IPTV
•	Classes virtuelles
•	Technologies de la présence - la messagerie instantanée, etc
•	Environnements d’apprentissage virtuel
•	Réseaux sociaux et outils Web 2.0
•	E-portfolio
•	Outils de création numérique
•	Serious games
L’important ne sera pas la technologie en soi, mais la
bonne combinaison de l’aménagement physique, de
ressources technologiques mises en œuvre de façon
cohérente, et d’une évolution de la pédagogie.
L’évolution des enseignements et les nouveaux besoins de
la recherche, la sensibilisation à un immobilier durable
au cœur du campus et la demande croissante d’un accès à
l’information permanent depuis tout lieu que ce soit dans
la sphère privé ou professionnelle, amène à positionner le
numérique comme un facteur clé de transformation.
Cisco se propose d’accompagner cette transformation des
campus français à travers la création de plateformes de
services de nouvelle génération à travers le réseau IP.
Ces nouveaux services donnent la possibilité :
I. de repenser les espaces d’enseignement devenus
accessibles 24H sur 24 à l’étudiant et l’enseignant
chercheurs dans les learning centres
II. de mutualiser les infrastructures aussi bien des couches basses
que des couches hautes dans un centre de donnée en nuage. Ce data
center en cloud fournit un environnement optimal d’hébergement
des serveurs aux systèmes d’information de l’ensemble des membres
en assurant une haute disponibilité de ces service (exemple du PRA)
17
III. de mutualiser la gestion technique du bâtiment avec
les services aux utilisateurs dans ces éco campus ou campus
intelligents vers de nouveaux lieux de vie attractifs, accueillants
et conviviaux où les médias de la sphère privée et de la
sphère professionnelle (BYOD) fusionnent et convergent.
En somme, nous avons fait l’exercice à travers ces trois initiatives
de traduire la mise en œuvre des nouvelles technologies dans un
campus numérique dit campus connecté avec tous les bénéfices
que peuvent en retirer le corps enseignant, les étudiants, les
chercheurs, les administratifs et le maillage que l’on pourrait
ainsi développer avec l’extérieur dont le secteur privé.
Il n’y a plus de barrières technologiques à dépasser, la
technologie est fiable, mature et éprouvée et doit nous
conduire vers ces nouvelles plateformes de services.
Marion Jacquet
Sales Business Developer Manager Higher
Education
Cisco Systems
NOTRE CONSTAT
“Étudier dans l’école du futur” est probablement un titre trop restrictif compte
tenu des évolutions que nous anticipons dans ce domaine. On pourra certes
étudier, mais surtout tester, apprendre, expérimenter, simuler, collaborer,
rencontrer, échanger, s’évaluer, comme nous venons de le définir dans le
chapitre précédent, mais surtout, l’idée même de lieu (“dans” l’école du futur)
risque de devenir obsolète. La notion d’école, au sens physique du terme, va
perdre rapidement sa matérialité.
Il serait trop réducteur de se contenter dans ce chapitre d’analyser comment
“étudier dans l’école du futur” en simple miroir du chapitre “enseigner dans
l’école du futur”. Néanmoins, on ne peut pas faire abstraction des interactions
entre les deux problématiques. Oui, la technologie va – encore davantage – péné-
trer et modifier la vie de l’étudiant. Oui, elle va ouvrir de nouvelles perspectives,
des accès à des ressources insoupçonnées ou hors d’atteinte aujourd’hui.
Mais certains principes demeurent : la technologie n’est qu’un moyen, pas une
fin. Si étudier dans l’école du futur devait se résumer à savoir cliquer sur l’icône
de son navigateur internet, Google et Wikipedia remplaceraient Harvard et
Stanford au panthéon des formations d’enseignement supérieur. Puisque l’accès
à l’information n’est plus l’alpha et l’omega pour l’étudiant, la difficulté réside
forcément ailleurs : dans l’aptitude à trier, synthétiser et valider ses sources.
Pour l’école, c’est un nouveau rôle qui se dessine : accompagner l’étudiant dans
son parcours, le guider dans ses choix, garantir (ou alerter) sur la cohérence
pédagogique de son cursus. In fine, l’école ne se positionnera plus comme un
rail sur lequel on dépose des wagons d’élèves, mais comme une tour de contrôle
qui oriente, valide les différentes options et cautionne le parcours construit par
chaque élève.
Le grand défi de l’école du futur est de déterminer où se placera le curseur
entre ce que l’élève doit savoir, et ce qu’il peut se contenter de savoir… cher-
cher. Et au final, comment pourra-t-on valider et évaluer ses connaissances
tout comme ses choix ?
L’étudiant qui apprend
La première “espèce” d’étudiant que nous retrouverons dans l’école du futur est
l’étudiant élève. Descendant direct de nos étudiants contemporains, il a cepen-
dant su s’adapter aux évolutions de son environnement. Quand son illustre
ancêtre – l’élève du 21ème
siècle – se rend chaque matin dans l’école de son village,
de sa ville ou son quartier pour intégrer (de gré ou de force) des matières prédé-
finies et prédigérées par un professeur qui restitue ce qui lui paraît être essentiel,
l’élève du futur, lui, a le choix.
Le choix du lieu : physique ou virtuel. En effet, de plus en plus d’universités ou
d’écoles vont, à l’image des pionniers que constituent les plateformes Coursera,
Udacity ou EdX, proposer leurs contenus en ligne. L’étudiant en apprentissage
Tableau 2 |étudier dans l’école du futur
18
pourra donc composer son menu avec une offre pédagogique pléthorique : l’enjeu
sera alors pour l’école de garantir l’acquisition des connaissances tout en prenant
en compte la dimension d’épanouissement personnel qui transformera l’appre-
nant en étudiant.
Le choix des matières ensuite : à sa disposition, plus de “cursus” pré-établi mais
une variété quasi infinie de parcours à imaginer. Libre à lui de se construire et
d’apprendre des notions ciblées (par exemple en devenant LE spécialiste dans
une discipline de niche) ou de se construire un profil de généraliste. Dans cette
étape clé, le rôle de l’école sera de l’aider à se définir et valider la cohérence de
son parcours par rapport à son projet professionnel. La vraie valeur ajoutée de
l’école sera sa capacité à accompagner chaque étudiant dans sa voie, en l’aidant
à se dépasser, se révéler et atteindre son objectif en minimisant les concessions.
L’étudiant dans l’école du futur pourra donc apprendre ce qu’il veut, quand il
veut depuis l’école ou la plateforme de son choix. L’école sera son partenaire pour
l’évaluer, l’autoriser à poursuivre son apprentissage ou lui imposer une pause
dans sa progression pour résoudre sa triple équation personnelle : ambitions /
capacités / résultats. C’est à cette condition sine qua non que l’individualisation
des parcours ne rimera pas avec anarchie.
Autre garde-fou à cette liberté immense à première vue  : les besoins et les
demandes exprimées par les employeurs, seuls juges in fine. Pour faciliter la lisi-
bilité des parcours pour ces “clients” de l’école du futur, la normalisation d’un
écosysytème de validation et de certification des connaissances et des compé-
tences sera indispensable.
En résumé, cette première “version” de l’étudiant de l’école du futur ne sera
pas une “espèce” radicalement différente de celle que nous connaissons
aujourd’hui : elle étudiera ses leçons, à cela près qu’elle aura le choix de la
matière et du professeur, ce qui nécessitera un sursaut de maturité et d’esprit
critique et une prise de décision autonome. Pour arrêter ses choix, l’étudiant
pourra s’appuyer sur l’école et aura la responsabilité de s’informer au préa-
lable sur les perspectives d’avenir de son cursus à court et moyen terme.
L’étudiant qui sait trouver
et traiter l’information
L’autre facette de l’étudiant du futur sera la plus innovante, et la plus critique.
Sans tomber dans les clichés faciles, force est de constater que nous évoluons dans
un monde toujours plus complexe, rapide et interconnecté. Si l’instituteur de nos
grands parents se contentait de retranscrire un savoir identique à plus de 90%
à celui qu’il avait reçu en tant qu’élève, on estime que ce taux est d’ores et déjà
tombé sous les 50% (source : interview de Michel Serres – magazine Usbek et Rika
n°3 (sept. 2012). Il n’est pas complètement fantasque d’anticiper que ce pourcen-
tage va continuer à décroître, toujours plus vite.
Tableau 2 |étudier dans l’école du futur
19
Dès lors, comment garantir à notre étudiant du futur que l’essentiel de ce qui lui
a été appris ne sera pas dépassé lorsqu’il entrera sur le marché du travail ? Tout
simplement en lui apprenant à apprendre, thème que nous avions abordé dans
notre précédent livre blanc “Former les dirigeants de 2030”.
Si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour. Si tu lui apprends à
pêcher, il mangera toujours.
Si tu donnes un Kotler  Dubois à un élève, il réussira son examen. Si tu lui
apprends à se tenir au courant des dernières innovations du management et
du marketing stratégique, il réussira sa carrière.
Dans l’école du futur, la compétence clé de l’étudiant consiste à disposer d’une
méthodologie pour organiser ses recherches, et d’un sens critique aiguisé pour
traiter l’information  : pour cela, la maîtrise d’un certain nombre de savoirs
fondamentaux sera essentielle. Un cursus de formation spécifiquement dédié à
ce sujet devra donc être mis en place pour assurer aux étudiants leur autonomie
et leur compétence à long terme dans un environnement professionnel où les
informations et les tendances ont une date de péremption. On s’approchera donc
de la notion de “métier d’étudiant”, chère à Alain Coulon.
Entre autre levier permettant d’offrir un socle solide à l’étudiant du futur, on peut
miser sur la géopolitique qui sera l’une des clés de compréhension de l’informa-
tion. Elle lui permettra de décoder les intérêts qui président à la montée en puis-
sance de tel ou tel courant de pensée ou de management.
L’école du futur, c’est l’apprentissage du passé optimisé par les technologies
du futur pour permettre à l’individu de se construire, avec plus d’humanisme,
de collaboration et une importance croissante accordée au développement
personnel.
Pour cela, l’infrastructure même de l’école en tant que lieu de vie devra s’adapter.
A chaque activité, à chaque discipline son espace pédagogique. L’école bicéphale
amphi / salle de TD a vécu. Place aux salles de créativité, de travaux de groupe,
aux “box” de réunion, à un espace pour la vie sociale et associative, aux salles
d’assessment.
Autre tendance lourde : le fact-checking, dont on sent venir le règne, prendra
également une part croissante dans le fonctionnement de l’étudiant du futur.
Trop risqué de copier/coller des notices Wikipédia ou des blogs de spécialistes
autoproclamés. Vérifier, recouper et discerner le bon grain de l’ivraie sera la
nouvelle plus value de l’étudiant dans l’école du futur.
C’est sur sa capacité à identifier et traiter les sources d’informations pour
prendre ses décisions qu’il fera la différence. C’est donc dans leur capacité
à transmettre ces compétences clés à leurs étudiants que les écoles du futur
feront la différence.
Tableau 2 |étudier dans l’école du futur
20
Tableau 2 |étudier dans l’école du futur
21
Conclusion
Si l’apprentissage ne sera bousculé que dans ses vecteurs, c’est l’aptitude de l’étu-
diant à se maintenir “à jour” dans son domaine d’expertise qui caractérisera le
fait “d’étudier dans l’école du futur”. C’est un des challenges dans l’école du futur.
Plutôt que de CRM (Customer Relationship Management), on parlera de SRM
(Student Relationship Management), pour entrer dans une logique d’apprentis-
sage tout au long de la vie, à la fois dans sa discipline initiale et sa reconversion.
Etudier sera alors une notion façonnée sur un triptyque “trouver – traiter – inté-
grer l’information”.
Pour l’école du futur, c’est une nouvelle source de compétition : garantir la qualité
de l’enseignement, la capacité à forger l’esprit critique et de synthèse de ses
étudiants ET certifier le tout. Elle garantit la cohérence de l’ensemble et “labellise”
le profil de l’étudiant.
➔Apprendre sera plus stimulant : les sources d’information seront
plus variées et les disciplines plus nombreuses. Condition
sine qua non : une maîtrise accrue des savoirs fondamentaux.
➔étudier dans l’école du futur impliquera la
capacité à bâtir son propre parcours.
➔L’étudiant du futur devra surtout apprendre à apprendre :
la validité de son corpus initial de connaissances
sera limitée. Sa méthodologie pour trouver et traiter
l’information sera LA compétence la plus recherchée
par les employeurs. Elle sera donc LA discipline sur
laquelle l’école du futur devra se différencier.
22
Travailler
dans l’école du futur
Jean-charles andre
IBM France
Le modèle d’enseignement, d’acquisition de connaissances et de
développement des compétences a une très forte probabilité d’évoluer
de façon significative dans les 10 prochaines années. Les innovations
technologiques majeures ont tout au long de notre histoire
entraîné des ruptures (disruption) dans l’économie des sociétés,
qui se sont matérialisées par des transformations importantes.
Le numérique, au cours des 10 dernières années, a déclenché
des changements assez radicaux dans la façon de produire et de
distribuer la musique, le “business model” de cette industrie s’est
transformé avec l’apparition des plateformes de téléchargement, de
nouveaux acteurs ont émergé, d’autres disparaissent. Le cinéma,
la presse écrite sont aussi confrontés à ces changements, des
experts de la presse écrite envisagent sérieusement la possibilité
qu’il n’y ait plus de quotidiens imprimés sur papier dans 10 ans.
Tout comme la musique ou la presse, le monde de l’enseignement
s’interroge sur l’impact du numérique sur ses pratiques. Cependant
les activités sont de natures différentes, l’industrie de la musique,
la presse, le cinéma sont des activités de contenu uniquement alors
que l’enseignement est mixte : contenu et relation apprenant /
enseignant. Les experts considèrent que ce modèle mixte va perdurer
en évoluant par un déplacement du curseur vers plus ou moins
de numérique selon les disciplines, les phases d’apprentissage et la
nature de la demande. Il est difficile d’imaginer une disparition
de ce modèle hybride présence / distance que nous connaissons
aujourd’hui, à la fois pour des raisons culturelles et techniques.
L’évolution de la demande va être un élément déterminant de
cette transformation. Les analystes entrevoient un changement
prévisible de la demande en formation tant quantitativement
que qualitativement. Des études montrent que le nombre
Tableau 3
23
d’étudiants va croître de 100 millions dans le monde à court terme
(supérieur à 10 ans) et la demande en enseignants d’une dizaine
de millions. L’employabilité tout au long de la vie est devenue
une préoccupation majeure des apprenants. Les frontières entre
collège, lycée, universités et formation continue vont s’estomper.
Formation initiale et formation continue vont devoir s’adapter
et vont profiter de cette technologie qui nous permet d’être
toujours connecté et supprime les distances. En Amérique du
Nord, beaucoup de formations en Master évoluent pour permettre
aux étudiants de travailler et d’étudier en même temps. Quelle
différence avec la formation continue sur l’approche ?
Nous évoluons vers un modèle d’apprentissage personnalisé
considérablement facilité par des apprenants toujours connectés. Les
MOOCs qui créent un buzz important sur la planète enseignement
sont le signal de cette transformation, même si tous les professionnels
s’accordent à reconnaître que c’est un phénomène à prendre très
au sérieux, personne n’est prêt à admettre qu’il s’agit du nouveau
modèle. Toutes les initiatives qui ont révolutionné les usages
du numérique ces 10 dernières années ont commencé par des
expérimentations à l’échelle de la planète de services et d’usages
nouveaux sans que pour autant leurs initiateurs en connaissent
le “business model”, celui-ci a émergé progressivement ou parfois
reste à découvrir. Les MOOCS sont des expérimentations de ce type
mais d’autres vont voir le jour et vraisemblablement cohabiter.
Ce qui est essentiel pour nos écoles et universités, dans une
compétition mondiale où le numérique efface les frontières de la
salle de classe et des campus, c’est d’être conscientes que demain
sera très différent et que la seule façon de s’y préparer pour ne
pas se retrouver dans la situation de certaines industries telles
que celles du contenu est de lancer des expérimentations, tirer
les leçons et déployer largement celles qui permettent de faire
de réelles avancées pour satisfaire les nouveaux besoins.
En conclusion, beaucoup de choses vont changer au
cours des 10 prochaines années, expérience palpitante et
forcément pleine de défis. Ne pas s’y préparer serait faire
courir un risque à nos institutions d’enseignement.
Jean-Charles ANDRE
Business Development Executive,
education  smarter cities
Public sector
IBM France
Tableau 3 |Travailer dans l’école du futur
NOTRE CONSTAT
Nous l’avons déjà abordé dans les premiers chapitres de cet ouvrage : l’école du
futur signera le grand retour de la pédagogie. Une pédagogie s’appuyant sur une
gamme d’outils technologiques toujours plus poussés pour un résultat toujours
plus personnalisé. Dans cette évolution, l’un des facteurs clés de réussite sera
la montée en puissance et en compétence des services annexes des écoles pour
accompagner le mouvement.
Jamais par le passé, le personnel hors “enseignement et recherche” n’a été pris
en compte à sa juste valeur dans les classements internationaux. C’était une
grave erreur. Ce sera désormais impossible.
A l’image d’une armée de l’air qui communique avec pédagogie pour expliquer
que pour un pilote d’avion de chasse, il faut une équipe de 80 personnes au sol
(mécaniciens, ingénieurs, aiguilleurs du ciel…), la “nouvelle” pédagogie propo-
sée dans l’école du futur devra s’appuyer sur un travail d’équipe. C’est dans un
écosystème de spécialistes qui travaillent en équipe que va s’intégrer le professeur,
dernier maillon d’une chaîne de création et de diffusion du contenu pédagogique.
Cette nouvelle organisation aura plusieurs conséquences  : la création de
nouveaux métiers plus spécialisés, la professionnalisation des équipes, l’im-
portancecapitaledelacoordinationetlanécessitédes’appuyersurunsystème
d’information toujours plus performant.
Spécialisation et coordination :
travailler agile
La distance et les nouveaux modes de pédagogie vont nécessairement créer de
nouveaux besoins de compétences.
Adieu photocopieur, point névralgique des facultés et écoles où se retrouvaient les
enseignants et le personnel administratif pour leurs travaux. Lorsque le profes-
seur ou le chercheur aura produit son contenu, c’est un ballet d’experts qui se
mettra en branle pour le proposer selon différents canaux (élèves en présentiel/
élèves à distance), différents formats (détaillé pour les étudiants en spécialisation,
synthétique pour les élèves en certification).
Puis, ce sera aux métiers de la technique de s’illustrer : captation son et image,
animation, post production, montage, codage… Enfin, les fonctions adminis-
tratives et de suivi des étudiants devront réaliser la synthèse et le travail de tri
pour adresser les bons cours aux bons étudiants, s’assurer qu’ils les ont reçus
/ suivis et qu’ils ont été évalués pour leur permettre de progresser dans leur
parcours et de débloquer (un peu à la manière des jeux vidéos) de nouveaux
modules disponibles.
Dans cette chaîne d’action, les compétences seront de plus en plus spécialisées.
On peut même anticiper sans trop d’audace que certains points d’expertise
seront confiés à un réseau de partenaires externes constitué autour du noyau dur
24
du personnel des écoles. Chaque acteur n’aura donc pas les mêmes besoins en
termes d’information ou d’organisation du travail. On assistera, au sein même
des écoles, à un recours aux modes d’organisation utilisés pour les étudiants :
travail à distance, nouvelles méthodes d’évaluation. En effet, comment prôner
l’individualisation des parcours pour les étudiants tout en conservant la même
organisation pour l’ingénieur du son et le documentaliste ?
Ainsi, le fil directeur qui permettra à tous les artisans de l’école du futur de travail-
ler ensemble (et pas simplement au même endroit) et de répondre avec toujours
plus de réactivité et de pertinence aux besoins, non plus d’une promo, mais d’une
infinie variété de parcours individuels, sera le système d’information (SI).
Le SI :
pierre angulaire
de l’école du futur
Il n’y aura plus un professeur : il y aura une équipe pédagogique.
Il n’y aura plus une promo : il y aura des parcours.
Il n’y aura plus un système d’informations : il y a aura des applicatifs.
Chaque acteur de l’école du futur, de l’enseignant au responsable de la cafété-
ria, devra pouvoir accéder aux informations qui LUI sont utiles. Combien d’étu-
diants sont inscrits pour ce cours ? Combien appartiennent à l’école ? Combien
seront présents, combien le téléchargeront depuis des campus décentralisés ?
Combien sont inscrits en approfondissement ou dans une formation certifiante
qui nécessite un programme plus détaillé ?
Pour la cafétéria : combien d’étudiants ont des cours sur le site aujourd’hui ?
Combien auront une pause déjeuner à 12h ? A 13h ? Combien sont intolérants
au gluten ?
Sinon ? Le chaos.
On ne peut pas envisager d’exploiter toutes les libertés que nous offrent les
nouvelles technologies en matière de pédagogie et d’individualisation des
parcours sans s’appuyer sur une organisation professionnalisée et une infor-
mation fluidifiée.
Travailler dans l’école du futur impliquera la capacité à collaborer avec les
services en charge des SI pour leur exprimer les besoins spécifiques à chaque
catégorie et les aider dans la conception et le maintien de la pertinence de leurs
applicatifs. Nous anticipons d’ailleurs qu’à la guerre des annonces et des recru-
tements pour s’attirer les meilleurs professeurs, s’ajoutera une guerre sans merci
des meilleurs SI (probablement chassés dans les entreprises stars de la discipline
telles que Google ou Apple) capables d’offrir des systèmes apportant un avantage
compétitif décisif à leurs établissements.
Tableau 3 |Travailer dans l’école du futur
25
La création, l’accès, la maîtrise et la diffusion de l’information seront les
quatrespiliersducollaborateurdel’écolededemain,quellequesoitsafonction.
C’est l’autre facette du Student Relationship Management que nous avons
abordée dans le précédent chapitre.
Conclusion
C’est la première fois dans l’histoire de l’enseignement que le personnel non-
pédagogique des écoles aura, aux côtés du professeur, un rôle aussi important
à jouer. Un rôle capital pour permettre d’exploiter toutes les ressources et les
possibilités offertes par les nouvelles technologies et modes d’organisation au
service de la pédagogie. Individualiser les parcours implique de suivre non plus
une promotion mais des “individus-étudiants”.
Proposer des cours en MOOC ou à distance crée de nouveaux métiers, de
nouvelles spécialités. Autour de l’enseignant va se structurer une “équipe péda-
gogique” qui autrefois évoluait de manière plus ou moins cloisonnée mais qui
dans l’école du futur sera contrainte (et c’est tant mieux !) de s’interconnecter.
En trois mots : “tous pour un !»
L’école du futur sera un lieu où les performances individuelles se feront en
équipe. Le tout grâce à un fil rouge : l’information, et les systèmes qui la
stockent et la dispensent le plus rapidement et le plus utilement à chaque
collaborateur.
➔De nouveaux métiers plus spécialisés pour
relever les défis pédagogiques
➔Une harmonisation des interactions entre les différents
services de l’école pour une organisation agile
➔Un socle commun pour permettre à chacun d’être créateur et
utilisateur d’une information adaptée : le système d’information.
➔L’équipe pédagogique sera la partie immergée
du Student Relationship Management.
26
Tableau 3 |Travailer dans l’école du futur
Travail collaboratif
Travail collaboratif
Travail collaboratif
Gamification
Cartable numérique
Mooc
Mooc
Podcast
Podcast
Individualisation
Personnal learning
environment
Assessment center
Learning outcomes
Certification
e-learning
Learning by doing
Learning by doing
m-learning
m-learning
Applis éducatives
TABLETTES
Services
Serious game
e-portfolio
Social learning
Classe
inversée
Classe inversée
27
28
Ce chapitre sera rédigé par
la prochaine promotion
entrante du Programme
Grande Ecole de Grenoble
Ecole de Management.
Nos « premières années »
de la rentrée 2013 seront
invitées à s’emparer du sujet
pour nous proposer LEUR
vision de l’école du futur.
29
Vivre
dans l’école du futur
Stephane lafarge
steelcase france
La qualité de l’enseignement est plus importante que jamais
et les universités et grandes écoles sont confrontées à des défis
sans précédent, induits par des évolutions de plusieurs ordres,
où l’espace d’apprentissage joue un rôle de premier plan.
Le premier bouleversement tient tout d’abord aux styles
d’enseignement et d’acquisition des connaissances. Aujourd’hui,
l’accent est mis sur la participation des étudiants et le développement
du travail collaboratif en petits groupes, qui favorisent l’esprit
d’équipe et la créativité. En effet, dans de nombreuses disciplines
académiques, les programmes scolaires évoluent vers une théorie
constructiviste de l’apprentissage, dans laquelle les étudiants
font leurs propres découvertes. C’est de cette manière que les
universités enseignent aux étudiants à acquérir des compétences
au profit de l’économie de la connaissance : le travail en
groupe, la collaboration avec les autres, une résolution créative
des problèmes et d’autres aptitudes intellectuelles vitales.
Or, ainsi que nos équipes de recherche Workspace Futures ont pu le
constater, la plupart des salles de cours font véritablement obstacle
à l’apprentissage et ne répondent pas aux besoins individuels
des étudiants et des enseignants. Dès lors, comment les salles de
cours peuvent-elles susciter l’interaction, donner aux étudiants
l’envie d’apprendre, et aux professeurs l’envie d’enseigner ?
Les changements sont d’ordre démographique. Se former n’est
plus l’apanage des jeunes. Les étudiants plus âgés qui mettent
à jour leurs qualifications dans une perspective professionnelle
(formation continue), sont très présents dans les cursus. Les
jeunes générations avec des attentes nouvelles modifient aussi
la donne. Comment faire face à des attentes si différentes en
termes d’espaces et d’environnements pédagogiques ?
Tableau 4
30
Enfin, la révolution est d’ordre technologique. Les étudiants ont un
accès immédiat à l’information. Internet, l’enseignement à distance
et les réseaux sans fil ont changé les habitudes d’enseignement et
d’apprentissage. Les étudiants recherchent, exploitent, créent et
partagent du contenu grâce aux informations mises à disposition sur
Internet. On peut apprendre et travailler partout à n’importe quel
endroit du Campus. Les bibliothèques ne sont plus les lieux privilégiés
d’accès à la connaissance. Comment redéfinir les nouveaux espaces
d’apprentissages ? Sans oublier d’intégrer au sein de la salle de cours
les innovations technologiques auxquelles les étudiants sont rompus.
Autant de défis à relever pour les grandes écoles et universités dans
un contexte encore accentué par la véritable concurrence que se
livrent tous les établissements pour attirer et retenir les meilleurs
intervenants, enseignants et étudiants. L’enjeu : faire valoir leurs
spécialités par le biais de programmes de recherche et de coopération
plus intenses avec l’industrie et d’autres partenaires académiques.
On l’aura compris, concevoir les meilleurs environnements
pédagogiques nécessite des expertises multiples. Steelcase coopère
avec des universités et grandes écoles dans de nombreux pays, afin
de comprendre comment les étudiants et les enseignants apprennent,
se concentrent, collaborent et nouent des relations sociales. Nos
équipes élaborent au quotidien des solutions qui permettent
de rénover l’apprentissage en dépoussiérant les salles de cours.
Offrons enfin aux étudiants des outils technologiques et des espaces
d’apprentissages novateurs qui les préparent dans les meilleures
conditions à leur avenir professionnel, comme des professionnels
Pour en savoir plus :
http://www.steelcase.fr/fr/savoir-faire/recherches-et-prospective/pages/
magazine-360-numero-2.aspx
Stéphane Lafarge
Directeur Général
Steelcase France
Tableau 4 |Vivre dans l’école du futur
31
La recherche
dans l’école du futur
Francois taddei
inserm
Dans un monde qui se transforme à un rythme sans précédent,
comment le système éducatif peut-il préparer les enfants
d’aujourd’hui à relever les défis du vingt-et-unième siècle ?
L’adaptabilité et l’exploration sont capitales pour toute espèce
vivant dans un environnement qui se transforme, dans lequel
des mécanismes générateurs d’innovations sont sélectionnés. La
créativité humaine revêt une importance croissante alors que
notre environnement se transforme toujours plus vite grâce au
développement exponentiel de la science et des technologies de
l’information et de la communication. Pourtant, les systèmes
éducatifs évoluent plus lentement que la société dans son
ensemble et l’éducation traditionnelle n’est pas idéalement
organisée pour promouvoir de façon optimale la créativité et
l’aptitude à renouveler nos connaissances. En conséquence,
seuls les pays qui mettent en œuvre des politiques de réforme
de leur système éducatif pour promouvoir l’adaptabilité et la
créativité chez l’adulte et l’enfant sont susceptibles de demeurer
à la pointe du développement humain et technologique.
Les leçons provenant des sciences sociales indiquent que la
créativité, l’initiative et la prise de risques devraient être
encouragées en formant les enfants d’aujourd’hui à devenir
des constructeurs de savoirs créatifs et collaboratifs, c’est-à-
dire capables de renouveler régulièrement leurs connaissances
et de les utiliser de façon productive dans leur vie sociale et
professionnelle. Etant donné que l’élève ne développe ces aptitudes
Tableau 5
Tableau 5 |La recherche dans l’école du futur
32
de façon optimale que si l’environnement est favorable, et étant
donné la difficulté inhérente à l’évaluation de la créativité
de millions d’enfants pris individuellement, je propose d’axer
l’évaluation de la créativité dans l’éducation sur la qualité de
l’environnement éducatif. Une analyse comparative des systèmes
éducatifs montre qu’il en existe une très grande diversité, que
des initiatives intéressantes sont tentées localement, mais
ce n’est que dans quelques pays que l’on assiste à des débats
d’échelle nationale sur le sujet, qui laissent émerger de nouveaux
paradigmes éducatifs susceptibles de favoriser la créativité.
En termes de politique, je propose dans mon rapport pour
l’OCDE l’expérimentation de nouveaux projets éducatifs, le
développement d’environnements et de programmes créatifs
et la diffusion des meilleures méthodes pédagogiques dans
les différents pays, et par delà les barrières linguistiques,
par l’organisation d’un réseau d’expériences bien conçues
et d’échange d’information accessible à tous.
Des recommandations destinées aux différentes parties prenantes
qui souhaitent promouvoir la créativité figurent ci-dessous.
Quelques recommandations clé
pour promouvoir la créativité dans l’éducation
1) Recommandations générales
“Vous ne pouvez pas faire ça – ça ne s’est jamais fait.” Une telle
phrase étouffera dans l’œuf tout effort créatif. Elle s’adresse trop
souvent à des étudiants, à des professeurs ou à des dirigeants
désireux de promouvoir le changement. Dans une société
tournée vers l’avenir, un argument d’un tel conservatisme ne
devrait plus être utilisé pour juger de la valeur d’un projet.
Tableau 5 |La recherche dans l’école du futur
33
2) Recommandations aux étudiants
Comme des étudiants l’ont déclaré à plusieurs reprises après avoir
ouvert leurs perspectives sur leur propre avenir “les barrières
les plus infranchissables étaient dans ma tête – l’autocensure
était ma pire ennemie”. Lorsque les étudiants osent se montrer
créatifs et prendre des initiatives, il leur faut travailler dur
et parfois lutter contre le conservatisme, suivre leurs idées
et trouver ce que Ken Robinson appelle “leur élément”.
3) Recommandations aux parents
Créez un environnement propice dans lequel vos enfants peuvent
construire leur créativité et croire en leur potentiel. Aidez-les à
trouver des écoles et des universités où ils pourront s’épanouir et se
préparer à un avenir dans lequel bien des choses auront changé.
4) Recommandations aux professeurs
Soyez disponibles lorsque les étudiants vous demandent votre avis sur
leurs idées. Imaginez des cours dans lesquels ils pourront développer
leurs propres projets. Créez des réseaux avec des collègues qui
partagent vos idées sur la pédagogie, toutes disciplines confondues.
5) Recommandations
aux établissements scolaires et aux doyens
Encouragez la créativité des professeurs et des étudiants, et donnez-leur
les moyens, en termes de temps, de soutien administratif et d’espace, de
développer des programmes créatifs dans lesquels les étudiants pourront
travailler sur des projets individuels et collectifs. Si, dans un premier
temps, ces programmes ne sont pas accessibles à tous, sélectionnez les
étudiants en fonction de leur motivation à la prise d’initiatives et de
leur volonté de dialoguer avec les étudiants et les professeurs créatifs.
6) Recommandations aux universités
Encouragez les approches interdisciplinaires et la création de
programmes académiques pouvant permettre aux étudiants de
lancer des projets et de développer leur créativité. Créez des “espaces
de créativité» dédiés au développement des projets des étudiants,
ouverts 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours de l’année. Ces
espaces devraient être conçus comme des incubateurs de créativité.
Tableau 5 |La recherche dans l’école du futur
34
7) Recommandations aux fondations
Les fondations sont les organes de financement les plus flexibles, et
souvent les plus créatifs et les plus réactifs. En tant que telles, elles sont
souvent les premières à financer des programmes créatifs émergents
et à les soutenir dans les premiers temps, tout comme des fonds
d’investissement soutiennent les start-up. Elles pourraient même
aller encore plus loin et aider à créer ces incubateurs de créativité.
8) Recommandations aux gouvernements
Veillez à ce que votre pays soit dans les premiers à attirer les
talents créatifs. Favorisez la culture de la créativité en organisant
un débat national sur ce thème. Patronnez des publications et des
traductions d’ouvrages et de programmes de télévision consacrés
à la créativité. Créez à l’échelle nationale des programmes
visant à promouvoir la créativité dans l’éducation. Organisez
à l’échelle nationale des réseaux de programmes créatifs
interdisciplinaires et assurez-en le financement à long terme.
9) Recommandations aux communautés créatives
de constructeurs de savoirs
Développez des sites web, des outils logiciels ouverts et des lieux
dédiés à la promotion de l’enregistrement, de l’échange et de la
création d’idées entre constructeurs de savoirs créatifs et collaboratifs,
en facilitant les réunions et les réunions en ligne, si possible dans
des lieux créatifs dédiés à de tels échanges. Pour en optimiser
l’impact, ces sites web devraient être à la disposition de tous les
esprits créatifs et faire partie de ressources éducatives ouvertes.
François TADDEI
Spécialiste de l’Innovation dans l’éducation
Directeur de recherche
en biologie des systèmes à l’Inserm,
Faculté de médecine Paris Decartes, Necker
NOTRE CONSTAT
Dans l’école du futur, la recherche sera l’un des poumons de la création du
savoir. On n’isolera plus l’enseignement, dispensé dans la salle de classe, des
recherches, menées sur le terrain, en bibliothèque ou laboratoires. Pour cela un
certain nombre de conditions devront être réunies : une recherche qui partira
de problèmes pertinents, et orientée vers les enseignements, une recherche plus
transversale qui implique les différentes communautés de l’école du futur, et une
recherche plus internationale pour travailler en réseau sur des projets complexes.
En un mot, une recherche “engagée”. Engagée avec l’ambition d’avoir un
impact concret et mesurable sur son environnement.
Les préjugés qui ont caricaturé le corps des chercheurs comme déconnectés des
réalités de la société en opposition avec des écoles qui forment des étudiants à un
environnement concret, ont peu à peu rompu le dialogue entre ces deux popu-
lations.
Les rapprocher, leur démontrer par l’exemple et la pratique que leurs travaux
se complètent et s’enrichissent, faire admettre l’idée que la recherche permet
d’anticiper et de produire des outils adaptés, même si un détour par la
recherche est nécessaire : voilà les défis qui s’offriront à la recherche dans
l’école du futur.
Une recherche intégrée
La recherche devra se positionner comme un pilier intégré à l’écosystème de
l’école du futur. Son intégration se fera à différents niveaux.
Intégréeauseindesonétablissement,elleneseraplusunecitadelleisolée.Ellesera
en contact transversal avec les différentes composantes de l’école, corps profes-
soral, intervenants, étudiants, étudiants à distance, fonctions pédagogiques pour
favoriser les échanges et les collaborations. Le bouleversement majeur que va
connaître l’école, organisation séculaire, et que nous décrivons depuis plusieurs
chapitres, ne pourra pas se passer d’une recherche pour l’accompagner dans sa
mutation sans précédent. De ce rapprochement, de bon sens et de bon augure,
naîtront de nouvelles vocations et de nouveaux modes de travail.
Elle devra ensuite être intégrée dans son environnement. Nous l’avons démontré
et répété, l’école du futur sera placée sous le signe du grand retour de la pédagogie,
et dans cette perspective, la création de savoir, de contenu, directement issu de
la recherche, sera un enjeu majeur de cette géopolitique de l’enseignement que
nous anticipons. D’où la nécessité d’engager une large part du corps professoral
dans une démarche de recherche pour développer les capacités d’anticipation et
d’adaptation d’une part, et d’autre part de production d’outils et résultats utili-
sables par le corps professoral, les étudiants, les entreprises, etc.
Enfin, elle devra être intégrée dans la société. La recherche doit réaffirmer la
dimension quasi philosophique qui est la sienne. Dans une société où les indivi-
Tableau 5 |La recherche dans l’école du futur
35
dus en général, et nos étudiants en particulier, évoquent de plus en plus dans leurs
aspirations une quête d’éthique et de sens, la recherche doit tenir son rang : aider
à mieux comprendre un monde plus complexe, éclairer et apporter des pistes et
des solutions pour une société meilleure.
Une recherche
à géométrie variable
Dans l’école du futur, la recherche devra réconcilier différentes contraintes :
travailler en réseau, s’intégrer dans une logique internationale, offrir une
spécialisation de pointe, le tout sur des sujets en rapport avec son environne-
ment.
Autant en faire son deuil tout de suite : chaque école ne pourra pas s’offrir une
recherche pertinente sur tous les sujets. La spécialisation, intelligente et perti-
nente en fonction de chaque écosystème, assurera à moyen terme la pérennité
d’unités de recherche ayant acquis la reconnaissance et l’expertise nécessaire
pour rayonner sur la scène internationale.
Internationale mais pas forcément globale !
La coopération entre chercheurs sera renforcée, ainsi que les échanges et copro-
duction de travaux, mais une place plus importante sera réservée à une recherche
adaptée au contexte local. La mise en réseau des équipes de recherche devient
donc décisive : les méthodes utilisées en gestion de projet appuyées par la montée
en puissance et en pertinence des systèmes d’information que nous avons
étudiés dans le chapitre 3, accompagneront cette nouvelle organisation. Ainsi, en
gagnant en souplesse, en flexibilité et en expertise, la recherche deviendra une
pièce maîtresse dans l’école du futur.
Conclusion
La recherche est trop souvent perçue ou positionnée comme une entité “à part”
au sein des écoles. A l’avenir, elle sera partout ! Tout d’abord parce que pour
faire face aux immenses défis organisationnels auxquels elle va être confrontée,
l’école du futur se doit d’explorer différentes trajectoires, différentes voies, et ne
peut pas se priver des solutions que lui apporteront les chercheurs !
Ensuite, parce que le circuit de transfert entre recherche et application concrète
sera raccourci par différents éléments : une intégration plus poussée de la
recherche dans son écosystème, et une nouvelle organisation agile qui intègrera
la recherche en mode projet dans une logique internationale.
Résultat : la recherche s’intègrera de manière croissante dans l’enseignement
pédagogique en constituant à la fois une discipline plus familière et un ballon
d’oxygène pour assurer à chaque établissement la production de contenu péda-
gogique de qualité et pertinent.
Tableau 5 |La recherche dans l’école du futur
36
Les valeurs de sens, d’éthique et de “care” étant aujourd’hui une priorité
pour les étudiants, la recherche offre une excellente réponse pour résoudre la
quadrature du cercle : s’améliorer, se dépasser et avoir un impact positif sur
la société.
➔Une recherche qui aidera l’école du futur à faire sa révolution
➔Une recherche qui produira des solutions concrètes aux
problématiques étudiées par les établissements
➔Une recherche qui sera un outil stratégique
pour la crédibilité des établissements dans la
nouvelle géopolitique de l’enseignement
➔Une recherche qui s’engagera pour améliorer la société
➔Une recherche transversale qui travaillera de
manière intégrée dans un réseau international
➔Une recherche spécialisée sur les problématiques locales
car il sera impossible d’être pertinent sur tous les sujets
Tableau 5 |La recherche dans l’école du futur
37
38
Recruter
dans l’école du futur
sandra enlart
entreprise et personnel
L’école du futur est un sujet qui m’intéresse car il se situe au carrefour
des deux derniers ouvrages que j’ai coécrit avec Olivier Charbonnier,
“Faut-il encore apprendre ?» et “A quoi ressemblera le travail
demain ?” De mes recherches et de mes rencontres autour de ces
sujets, j’ai acquis un certain nombre de convictions. Principalement
concernant la notion d’apprentissage : au-delà des 10 compétences
clés pour 2020 définies par l’Institute for the Future de l’Université
de Phoenix, nous pouvons identifier des tendances fortes.
Les capacités cognitives, peu mises en avant dans les modes
traditionnels d’apprentissage et d’enseignement vont acquérir
leurs lettres de noblesse et se révéler de précieux atouts dans une
école du futur étroitement associée aux nouvelles technologies qui
stimulent la curiosité, l’intuition, la créativité. Le résultat pour
les étudiants de l’école (et les travailleurs) du futur sera une plus
grande flexibilité mentale et des capacités accrues pour trouver
son chemin et s’adapter dans un environnement inconnu.
Viendront ensuite un renforcement de l’utilité des connaissances
de base. Il serait trop simpliste de penser que la masse
d’information que constitue internet se suffit à elle-même.
C’est oublier un peu trop vite qu’internet n’est qu’un outil, et
que le plus perfectionné des outils n’est pas d’une grande utilité
sans un bon mode d’emploi ! Mais quels sont les savoirs de
base qui permettront aux élèves du futur d’être des chercheurs
d’information éclairés ? A défaut de dresser une liste gravée dans
le marbre, établissons plutôt quelques critères : les compétences
fondamentales devront permettre de situer une information par
rapport à une autre, ils s’apparentent plus à une carte mentale
qu’à une succession de connaissances. Ils doivent transcender
les disciplines et permettre de tisser des liens entre économie et
histoire, politique et mathématiques, littérature et géographie.
Tableau 6
39
Autre changement de paradigme, l’école du futur devra accompagner
ses étudiants dans le passage d’une logique de compétences collectives
à une logique de savoir-être en réseau. C’est déjà une difficulté
aujourd’hui pour de nombreuses entreprises : la collaboration
ne se décrète pas. Il faut donc fournir aux étudiants les clés pour
tendre vers un fonctionnement collaboratif (travailler ensemble)
puis coopératif (faire œuvre commune). Mais pour faire œuvre
commune, il faut plus que des savoirs ! C’est à la fois une culture,
un rapport au travail, des enjeux personnels et psychologiques. La
pédagogie devra donc jouer un rôle de socle commun pour tendre
vers cet objectif. L’immersion des jeunes générations dans les
réseaux, sociaux notamment, seront un plus. Ils leur permettront
de comprendre plus rapidement que le savoir-être en réseau
consiste principalement à gérer la distance relationnelle qui rend
efficace à court ou moyen terme une compétence collective.
Enfin, et c’est peut-être le plus important : réapprendre régulièrement
à penser ! Compte tenu du rythme soutenu auquel se succèdent les
innovations et la créativité, il faudra trouver les moyens intellectuels
et collectifs de se redonner du souffle et de l’intelligence à un
rythme régulier au risque de se retrouver rapidement dépassé.
En conclusion, je pense qu’il est important de prendre conscience
que pour la première fois, travail et enseignement sont traversés
par un même phénomène qui ébranle leurs schémas traditionnels :
la technologie. Si les esprits chagrins peuvent y voir un risque
de perte de repère, je propose de considérer cela comme une
opportunité, celle de réinventer dans un même mouvement les
codes et fondements du monde du travail et de l’école du futur pour
aligner deux univers qui ont tant à s’apporter mutuellement !
Sandra Enlart
Directrice Générale
Entreprise et Personnel
Auteure “à quoi ressemblera le travail demain ?”
NOTRE CONSTAT
L’école du futur devra se focaliser sur sa mission première  : fournir à ses
étudiants un savoir qui leur permet de trouver leur voie et un métier. C’est
aussi simple que cela. Pour y parvenir, plusieurs facteurs devront être réunis.
Tout d’abord, il sera décisif de proposer un contenu pédagogique plus réactif et
toujours plus proche de la réalité de l’entreprise. A cet effet, elle pourra recourir
à des serious games immersifs et favoriser l’entrée de l’entreprise dans l’école par
des modules assurés exclusivement par des intervenants issus du monde profes-
sionnel. Mais il faudra également gommer les frontières entre école et entreprise
par un recours plus massif encore à l’apprentissage dont on observe déjà qu’il
résout à lui seul deux problèmes majeurs : le financement des études et l’insertion
professionnelle. En évitant un choc de culture et un changement de rythme trop
abrupt entre école et entreprise, nous créerons alors des conditions idéales pour
la réussite de la transition élève / professionnel.
Autre spécificité de l’école du futur, le jeune professionnel qui quitte son établisse-
ment ne dira plus adieu aux bancs de son amphithéâtre : il leur dira simplement
au revoir. Les compétences requises en entreprise évoluent avec une telle dyna-
mique que l’apprentissage tout au long de la vie et le retour sur les bancs de l’école
seront une nécessité d’où le besoin d’échanges accrus entre école et employeur.
Apprendre un métier
L’école du futur, nous l’avons déjà évoqué, ne transmettra plus un corpus de
connaissances théoriques : elle enseignera un métier à travers l’acquisition de
compétences.
Au-delà de la nécessaire transformation de la culture pédagogique que nous
avons principalement abordée dans les chapitres 1 et 2, cette nouvelle donne aura
un impact direct sur la structure et les méthodes des enseignements.
L’apprentissage d’un métier n’est pas condamné à demeurer une tâche fasti-
dieuse et volontairement éloignée de la réalité du terrain.
L’avènement et le succès fulgurant des serious games est à ce titre symptoma-
tique : plutôt que de s’insurger contre le temps passé par notre jeunesse sur des
jeux vidéos, proposons lui des cours aussi réalistes que possible qui utilisent les
codes de l’univers des “gamers”. Au-delà de l’aspect ludique, l’immersion dans
un univers aussi proche que possible de l’environnement réel facilite à la fois
l’apprentissage et l’insertion de l’élève dans ses futures fonctions. Ils seront donc
une piste à développer fortement, d’autant que de jeunes entreprises françaises
spécialisées dans ce secteur sont à la pointe de l’innovation.
Autre aspect à développer, pour poursuivre la logique de segmentation des
personnels de l’école : la généralisation du recours à des intervenants profession-
nelspourassurerlescertificatsetautremodulesspécialisants,encomplémentdes
professeurs et responsables de TD . Plusieurs effets bénéfiques pour cette mesure :
Tableau 6 |Recruter dans l’école du futur
40
crédibiliser lecontenuenseigné,créer descontactsentrelesétudiantsd’unefilière
et les professionnels déjà en poste et par conséquent limiter les erreurs d’aiguil-
lages que nous observons chaque année, lorsque des étudiants découvrent un
monde du travail trop éloigné des enseignements théoriques qu’ils ont reçus.
Gérer une carrière
Une carrière dans l’école du futur débutera par une période d’apprentissage en
alternanceentreentrepriseetthéorie.Ellesepoursuivrapardesallers-retours
sur les bancs de l’école pour des mises à niveau ou des nouvelles orientations
de carrière.
La notion de carrière elle aussi va complètement être modifiée. Nous l’avions
déjà évoqué dans notre ouvrage sur la formation des dirigeants paru en 2012 : la
carrière linéaire mono employeur de nos aïeux appartient déjà au passé.
La prochaine étape est écrite d’avance : la carrière non linéaire à employeur
multiple.
Autrement dit, nos étudiants changeront d’employeurs ET de métiers plusieurs
fois au cours de leur vie professionnelle, avec parfois (de plus en plus, souhaitons-
le) des parenthèses entrepreneuriales. Pour permettre cette souplesse, et cette
richesse dans la carrière d’un individu, nous en revenons inévitablement à la
nécessité de recentrer le contenu pédagogique de l’école du futur sur des compé-
tences plutôt que sur des contenus théoriques qui peuvent trop rapidement se
passer de mode ou de pertinence.
Mais pour s’adapter à l’évolution des métiers et des marchés, un retour régulier
sur les bancs de son école ne sera plus l’exception mais la norme. Cette mise/
remise à niveau pourra se faire à l’initiative de deux demandeurs : le profession-
nelquisouhaiteréorientersacarrièreoumusclersescompétences,oul’employeur
qui veut maintenir ses collaborateurs aux meilleurs standards et adapter leurs
compétences à de nouveaux besoins.
A ce titre, l’école du futur deviendra le point de repère dans la carrière de ses
élèves, adaptée pour faciliter son insertion professionnelle, capable de l’alerter sur
les nouveaux métiers et les nouvelles compétences, et lui offrant des cursus de
mise à niveau pour garantir sa pertinence et lui offrir de nouvelles perspectives.
Conclusion
De nos jours, la frontière entre école et monde professionnel, même si elle tend à
se perméabiliser, reste trop marquée. Mais surtout, une fois quittés les rivages de
son école, l’étudiant devenu professionnel a peu de chance de se voir offrir une
nouvelle occasion de venir s’installer sur les bancs d’un amphithéâtre.
Pour mieux recruter, dans l’école du futur, l’entreprise devra renforcer les liens
avec la salle de cours en soumettant des cas pratiques et en participant à la créa-
tion de serious games, en proposant à ses collaborateurs de venir dans les écoles
Tableau 6 |Recruter dans l’école du futur
41
dispenser certains cours et partager leur expérience. Sur un plan plus formel,
le développement de l’apprentissage pour faciliter à la fois le financement des
études et la réussite de l’insertion professionnelle des jeunes diplômés reste un
levier puissant à développer davantage.
Enfin, un véritable travail de collaboration pour la mise en place d’un parcours
de formation tout au long de la vie des étudiants/collaborateurs sera indispen-
sable pour accompagner des individus qui ne se satisferont plus d’une carrière
linéaire mais désireront renforcer leurs compétences ou changer d’orientation.
➔Augmenter les échanges entre école et entreprise
pourrendre les contenus pédagogiques plus pertinents
➔Innover en généralisant les serious games
➔Favoriser l’intervention de professionnels
pour animer certains cours
➔Accentuer le recours à l’apprentissage pour faciliter le
financement des études et l’insertion professionnelle
➔Rapprocher entreprises et école pour élaborer un véritable
parcours de formation “tout au long de la vie” qui permette
une remise à niveau ou une réorientation des collaborateurs.
Tableau 6 |Recruter dans l’école du futur
42
Travail collaboratif
Travail collaboratif
Travail collaboratif
Gamification
Cartable numérique
Mooc
Mooc
Podcast
Podcast
Individualisation
Personnal learning
environment
Assessment center
Learning outcomes
Certification
e-learning
Learning by doing
Learning by doing
m-learning
m-learning
Applis éducatives
TABLETTES
Services
Serious game
e-portfolio
Social learning
Classe
inversée
Classe inversée
43
44
Le mot de la fin
Flore vasseur
Ces dernières années, les efforts fournis par les écoles de commerce
pour conserver ou gagner des places dans les classements les
ont conduites à se détourner de leur utilité première. Nous en
sommes arrivés à une situation problématique où l’on observe
un décalage entre l’adéquation et l’anticipation des besoins
entre l’offre (l’école) et la demande (l’élève et l’entreprise).
Mais la correction est proche, et elle se fera de manière plus
disruptive : l’enseignement est l’un des derniers secteurs à ne pas
avoir vécu sa “révolution internet”, les tentatives de e-learning se
résumant jusqu’ici à des cours traditionnels en version “zéro papier”.
L’émergence des plateformes de cours en ligne de type MOOCs
comme Coursera par exemple, va révolutionner l’enseignement
sur un plan pédagogique mais aussi sur un plan économique.
Les écoles et universités vont devoir repenser en profondeur
leur modèle pour pouvoir continuer à justifier des frais de
scolarités élevés tout en fournissant des cours dont la qualité
pédagogique ne sera pas toujours supérieure à ceux mis en ligne
gratuitement par Harvard, voire, à terme, par eux-mêmes…
45
De mon point de vue, la notion même de CV va être revisitée. Les
cours théoriques seront “piochés” par les étudiants parmi l’offre
gratuite pléthorique financée par de la publicité déguisée pendant
que l’école du futur devra apporter autre chose pour se différencier :
enseigner en face à face ce que l’on ne peut pas découvrir seul
devant son ordinateur. L’expérimentation, les travaux de groupe, la
pensée systémique. On assistera progressivement à un phénomène
de “flip education” où la théorie s’apprendra à domicile tandis
que le temps de présence en classe sera consacré aux applications,
à la stimulation, au travail et à la réflexion en groupe.
Comme tout changement de paradigme, il suscite des réactions
anxiogènes. Se remettre en question, se réinventer, suscite
toujours ce type de comportement tout à fait humain. Mais ce
qui m’interpelle, (et m’inquiète), à titre personnel, c’est la forme
de déni de ce mouvement, qui est en marche qu’on le veuille ou
non, au sein des grandes écoles françaises. C’est en tout cas à
ce type de réactions que j’ai été confrontée lorsque j’ai approché
les fleurons de notre système éducatif au sujet des plateformes
MOOC. Ce que nous devons comprendre pour bâtir l’école du
futur, c’est que cette révolution se fera avec ou sans nous. Voulons-
nous la subir ? Ou y participer pour y faire entendre nos voix ?
Flore Vasseur
Romancière, journaliste et entrepreneur
46
L’école du futur,
dessinée par…
Jean-François Fiorina,
Directeur adjoint
Grenoble Ecole de Management
conclusion
à l’heure de clôturer ce livre blanc, quelles sont les
conclusions de ce travail pour moi, Directeur d’une
Grande Ecole de Management ? Les enseignements que
nous pouvons tirer de ce travail de prospective et de
nos nombreux échanges avec des experts, dirigeants et
personnalités passionnés ou impactés par la thématique
de l’école du futur peuvent être répartis autour de quatre
axes forts.
Quelle est la mission de mon école ?
Dans l’école du futur - beaucoup plus encore que dans celle d’au-
jourd’hui - il sera nécessaire que les établissements accordent beau-
coup de temps et de travail à la définition claire de leur mission.
Après avoir défini cette mission, ils devront évaluer leur impact
sur leurs différentes communautés. En résumé : à quoi je sers ?
Ma mission est-elle de former des étudiants sur un savoir faire
de niche pour un secteur d’activité défini par mon ancrage terri-
torial ? Ai-je l’ambition de me positionner comme un établisse-
ment d’excellence à l’échelle internationale ? Ou comme un acteur
reconnu pour sa pédagogie innovante qui permet au plus grand
nombre d’accéder à un niveau de diplôme satisfaisant ?
De la réponse à ces questions devra découler un plan de dévelop-
pement cohérent sous peine d’être immédiatement sanctionné par
un marché de l’enseignement supérieur très structuré. Pour valider
ce plan de développement et assurer des garanties aux étudiants,
à leurs familles, aux entreprises etc, un système “d’assurance
qualité” sera indispensable. Qu’il se nomme EQUIS, AACSB,
AMBA ou qu’il soit un label à inventer, le certificat qualité sera
le référentiel qui permettra à chacun de trier l’offre pléthorique
de formations pour sélectionner l’établissement de ses rêves et
surtout, une garantie que le “service” proposé est conforme à ce
qui était promis !
47
Le grand retour de la pédagogie
C’est la conclusion forte de notre travail, et que nous avons retrou-
vée à notre grand plaisir dans les témoignages de nos experts !
Après avoir tour à tour standardisé cette discipline au nom de
l’égalitarisme, puis l’avoir enterrée au nom du progrès techno-
logique, l’école du futur, nous l’avons démontré, sera le terrain
de jeu et d’expérimentations en tout genre des pédagogues. Tout
simplement parce que la pédagogie sera la principale plus-value
des établissements. Dans un enseignement du futur où s’affronte-
ront des géants mondiaux qui diffuseront gratuitement leurs cours,
la seule ressource pour attirer des étudiants et les convaincre de
confier leur formation à une école sera la pédagogie.
La stimulation de l’étudiant
Le dispositif existant en matière d’enseignement (compléter les
cours magistraux en amphi par des travaux dirigés et de groupe)
va sérieusement être ébranlé dans l’école du futur. Pour attirer et
conserver les étudiants, mais surtout pour leur offrir une meil-
leure formation qui maximisera leur chance de pénétrer avec
succès sur le marché du travail, l’école du futur va multiplier les
occasions d’apprentissage. Cette multipédagogie, innovante et
stimulante, devra varier les situations, les formats, les occasions,
les méthodes d’évaluation. Avantage pour l’école : une manière
de challenger en permanence ses étudiants pour les rendre agiles.
Pour les étudiants  : une pédagogie personnalisée qui permet à
chacun d’exprimer ses atouts dans des registres différents. Pour
l’entreprise, des futurs collaborateurs plus aptes à s’adapter aux
situations multiples auxquelles ils seront confrontés.
48
La technologie comme moyen
et non comme fin
Le raccourci est évident mais il est malheureusement erroné.
L’école du futur ne sera pas une tablette. Mais la tablette sera l’une
des facettes de l’école du futur. La technologie sera un outil puis-
sant au service de l’école du futur, mais pas la finalité, de la même
manière que vous ne payez pas votre abonnement téléphonique
pour avoir un smartphone mais pour échanger des informations !
La chance de l’école du futur réside dans la synchronisation de
maturité d’un écosystème de technologies qui vont lui permettre
d’atteindre ses véritables objectifs  : personnaliser ses enseigne-
ments et sa pédagogie pour atteindre la mission qu’elle se sera fixée.
49
50
Quelles seront les conséquences concrètes de ces
enseignements pour mon établissement ?
1) La réorganisation des flux de l’école
Nous devrons aménager notre école et gérer la circulation des flux
avec davantage de précision. Avec la multiplicité des parcours, une
école ne sera plus un lieu qui alternera les temps forts d’activité et
les temps morts. L’usage des lieux (salles de social learning, amphis,
salles de groupes, etc.) devra être optimisé. Il faut alors repenser à
la fois les espaces pour offrir à chaque temps fort de l’enseignement
un cadre adapté (échanges, interaction, théorie, distance, multimé-
dia, etc.) et gérer la multiplication des flux à l’intérieur et entre ces
espaces.
2) Le rôle critique des systèmes d’information et le
basculement dans l’ère du big data
Les SI seront au cœur du dispositif. Corps enseignant, étudiants,
fonctions supports et direction de l’école seront dépendants de la
qualité, la pertinence et la rapidité à laquelle ils peuvent obtenir
l’information qui les concerne.
3) Les fonctions supports au service de la pédagogie
Pas d’école du futur sans grande pédagogie. Pas de grande pédago-
gie sans personnalisation, pas de personnalisation sans des services
pédagogiques et supports qui gagnent en expertise pour gérer des
flux et des cas particuliers plus complexes. La mutation vers l’or-
ganisation de l’école du futur s’appuiera sur un travail d’équipe
renforcé.
51
4) La production et la valorisation de contenu seront
des phases critiques
Lesmétiersdelacommunicationpoursedistingueretfaireconnaître
les spécificités de chaque école seront également des enjeux clés.
5) L’école du futur ne pourra pas tout faire
Instant de lucidité, constat de faiblesse ? Non, agilité ! Nous ne
pourrons pas être des experts dans tous les domaines. La réussite
sera donc collective et passera par la capacité des écoles à s’entourer
d’un écosystème de partenaires fiables, capables de l’assister dans
tous les domaines qui s’éloigneront de son cœur de compétence : la
pédagogie ! L’école du futur sera donc une communauté de profes-
sionnels et d’experts au service de l’étudiant.
Quoi qu’il en soit, l’école du futur ne pourra fonctionner que si
les établissements préparent et accompagnent les professeurs à ces
évolutions et apprennent à apprendre aux étudiants.
Jean-François Fiorina
Directeur adjoint
Grenoble Ecole de Management
Directeur de l’ESC Grenoble
Livre blanc école du futur
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  • 1. 2édition 2 0 1 3 e DesignPhilippeTurturphilippe@me.com–ImpressionImprimerieduPontdeClaix–07/2013 Parcours en 6 tableaux Portraits de l’École du Futur 2édition 2 0 1 3 e Parcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableauxParcours en 6 tableaux CONSTATS, TÉMOIGNAGES ET PISTES DE RÉFLEXION Avec les témoignages de cadres et dirigeants d’entreprises, de journalistes et de chercheurs Portraitsdel’ÉcoleduFuturGrenobleEcoledeManagement
  • 2. CrééeparlaCCIdeGrenobleen1984,GrenobleEcoledeManagementestl’une des meilleures écoles de management françaises (6ème sur 30) et européennes (20ème sur 100). Elle forme chaque année plus de 6 000 étudiants et cadres au sein de ses 50 programmes nationaux et internationaux, allant du Bac + 3 au niveau doctorat. Accréditée EQUIS, AACSB et AMBA, membre de la Conférence des Grandes Écoles et régulièrement classée dans la presse internationale et nationale, Grenoble Ecole de Management compte parmi les rares business schools mondialesàdétenircettetripleaccréditation,gagedelaqualitédesesactivités. Basée à Grenoble, ville d’innovation, Grenoble Ecole de Management a déve- loppé une solide expertise autour du Management de la Technologie et de l’Innovation. Grâce à cette spécificité unique en France, l’Ecole est aujourd’hui membre fondateur du campus mondial d’innovation GIANT (Grenoble Inno- vation for Advanced New technologies), qui représente un investissement d’1,3 milliard sur 5 ans. L’ESC Grenoble est l’une des quatre écoles de Grenoble Ecole de Management. Championne de l’innovation pédagogique, l’ESC Grenoble a mis en place une pédagogie différenciée dont le fondement repose sur la différenciation et la personnalisation des parcours. Ouverte sur le monde et sur la société, l’Ecole a noué de nombreuses alliances stratégiques avec des écoles et universités en géopolitique, sciences de l’in- génieur, design, mathématiques, lettres, sciences politiques, droit, histoire, philosophie… Contact Presse : Laura LEICK Tel : +33 4 76 70 64 63 Mob: +33 6 30 28 03 75 laura.leick@grenoble-em.com Contact Relations Publiques : Michel FONT Tel : +33 1 44 43 55 78 Mob : +33 6 13 80 05 11 m.font@calapartners.fr 2édition 2 0 1 3 e Travail collaboratif Travail collaboratif Travail collaboratif Gamification Cartable numérique Mooc Mooc Podcast Podcast Individualisation Personnal learning environment Assessment center Learning outcomes Certification e-learning Learning by doing Learning by doing m-learning m-learning Applis éducatives TABLETTES Services Serious game e-portfolio Social learning Classe inversée Classe inversée À propos de Grenoble Ecole de Managagement
  • 3. CrééeparlaCCIdeGrenobleen1984,GrenobleEcoledeManagementestl’une des meilleures écoles de management françaises (6ème sur 30) et européennes (20ème sur 100). Elle forme chaque année plus de 6 000 étudiants et cadres au sein de ses 50 programmes nationaux et internationaux, allant du Bac + 3 au niveau doctorat. Accréditée EQUIS, AACSB et AMBA, membre de la Conférence des Grandes Écoles et régulièrement classée dans la presse internationale et nationale, Grenoble Ecole de Management compte parmi les rares business schools mondialesàdétenircettetripleaccréditation,gagedelaqualitédesesactivités. Basée à Grenoble, ville d’innovation, Grenoble Ecole de Management a déve- loppé une solide expertise autour du Management de la Technologie et de l’Innovation. Grâce à cette spécificité unique en France, l’Ecole est aujourd’hui membre fondateur du campus mondial d’innovation GIANT (Grenoble Inno- vation for Advanced New technologies), qui représente un investissement d’1,3 milliard sur 5 ans. L’ESC Grenoble est l’une des quatre écoles de Grenoble Ecole de Management. Championne de l’innovation pédagogique, l’ESC Grenoble a mis en place une pédagogie différenciée dont le fondement repose sur la différenciation et la personnalisation des parcours. Ouverte sur le monde et sur la société, l’Ecole a noué de nombreuses alliances stratégiques avec des écoles et universités en géopolitique, sciences de l’in- génieur, design, mathématiques, lettres, sciences politiques, droit, histoire, philosophie… Contact Presse : Laura LEICK Tel : +33 4 76 70 64 63 Mob: +33 6 30 28 03 75 laura.leick@grenoble-em.com Contact Relations Publiques : Michel FONT Tel : +33 1 44 43 55 78 Mob : +33 6 13 80 05 11 m.font@calapartners.fr 2édition 2 0 1 3 e Travail collaboratif Travail collaboratif Travail collaboratif Gamification Cartable numérique Mooc Mooc Podcast Podcast Individualisation Personnal learning environment Assessment center Learning outcomes Certification e-learning Learning by doing Learning by doing m-learning m-learning Applis éducatives TABLETTES Services Serious game e-portfolio Social learning Classe inversée Classe inversée À propos de Grenoble Ecole de Managagement
  • 4. Introduction.........................................................2 par Bill RIDGERS, The Economist et Tricia BISOUX et Sharon SHINN, BizEd Tableau 1 - Enseigner dans l’école du futur.......................8 Parrainé par Patrick AEBISCHER, EPFL Tableau 2 - Étudier dans l’école du futur ........................ 14 Parrainé par Marion JACQUET, CISCO Tableau 3 - Travailler dans l’école du futur....................22 Parrainé par Jean-Charles ANDRE, IBM France Tableau 4 - Vivre dans l’école du futur.............................29 Parrainé par Stéphane LAFARGE, Steelcase France Tableau 5 - La recherche dans l’école du futur................ 31 Parrainé par François TADDEI, INSERM Tableau 6 - Recruter dans l’école du futur.......................38 Parrainé par Sandra ENLART, Entreprise et personnel   Le mot de la fin..................................................44 par Flore VASSEUR   Conclusion..........................................................46 Par Jean-François FIORINA, Grenoble Ecole de Management  Témoignages d’entreprises.............................54 À propos de Grenoble Ecole de Management ..................81 Contacts presse et relations publiques Accenture AlcAtel April AxA cApgemini cAsio crédit Agricole cAsio crédit Agricole cAsio gdF sueZ l’oréAl gdF sueZ l’oréAl gdF sueZ lAFArge totAl Avec la participation de
  • 5. 2 En guise d’introduction, nous avons demandé à plusieurs journalistes internationaux spécialisés autour des thématiques de l’enseignement supérieur en management de nous livrer leur vision de l’école du futur. introduction
  • 6. 3 Bill Ridgers The Economist Disruption ahead Business education is going through a revolution. But then, it usually is. Whether donning a hair shirt over their role in the latest corporate scandal, or worrying that their teaching is too theoretical (or not theoretical enough), business schools are prone to bouts of navel-gazing. This time, though, it might be serious. Domestic demand for the MBA in its traditional markets, North America and Europe, is stagnating. At many business schools, students have tired of paying ever greater fees with no increase in the value of the MBA in the jobs market. Demand for business programmes is being propped up by students from emerging markets - particularly in Asia - who are still drawn by the cachet of a management degree from a prestigious Western institution. But it won’t be long before countries such as China produce their own prestigious colleges and become real competitors. Their job will be made easier if business education’s two powerhouses, the US and Britain, continue along their misguided paths of deterring foreign students with unwelcoming immigration policies. There is a real danger that Western business schools are about to learn some of the harsh economic lessons that they have been so adept at teaching. While there will always be a market for an MBA from one of a handful of the world’s very best schools, those in the middle will find themselves squeezed. Many are already finding life unsustainable. Soft demand means they will not be able to raise prices with abandon, as was once their wont. At the same time, they will find it difficult to curb their outgoings. The cost of attracting the best faculty from around the world is crippling some; students’ demands for top-notch facilities are also taking their toll. It will not be long before mid-tier business schools start to go bust.
  • 7. 4 New technologies, notably online classrooms and MOOCs, will further commoditise the MBA. Students will ask why they need to pay for two expensive years at university when the core first year classes can be easily learned remotely. Even those still willing to attend campus will demand that lectures are available to them at the time they want, using a delivery system that suits them. The business schools that flourish will be those that adapt to this new reality. No-one is yet sure what will work, but institutions are already experimenting with new models. The University of North Carolina is trailing a full-time, online MBA. Thunderbird is outsourcing the servicing of its online MBA to Laureate, a for-profit company, who will also build and run overseas campuses for the school. Some traditional two-year programmes are being cut to a single year. In France, several small schools have merged, so that they might compete on the global stage. Technology has also helped schools who want to offer joint degrees across several continents. Business education is being disrupted by technology and by market forces. Some of those that currently operate will not be operating presently. Some of those that experiment in order to survive will fail. But some will get their strategies right, and lead business education out of its current revolution. We should not mourn those that disappear. After all, as business schools themselves are adept at explaining, creative destruction is the driving force of capitalism. The institutions that teach Joseph Schumpeter’s famous mantra, no matter how hallowed, should not expect to shelter from it. Bill Ridgers Business Education Editor The Economist
  • 8. 5 Tricia Bisoux and Sharon Shinn BizEd magazine Five years ago, business schools were just beginning to explore the possibilities of technology for education. At BizEd magazine, we published articles about how schools were bringing iPads, collaboration software, and in-class polling platforms into their classrooms, and how the online MBA was picking up steam. Many faculty were questioning the quality of education delivered via online formats or on mobile devices. But today, fully online MBAs have become fixtures in many accredited institutions, and mobile is gaining ground as a means of educational delivery. As “massive open online courses” (MOOCs) make their way into the higher education market, we’re sensing the same excitement—and yes, apprehension—among BizEd readers. Many professors are expressing sincere concerns that MOOCs do not represent quality education. Among those raising questions are even professors at Harvard University, a pioneer in free online education through its edX partnership with MIT and others. However, from our vantage point, MOOCs look to be one of the most promising educational tools of the future. Partly because professors and industry watchdogs are raising concerns, purveyors already are improving and refining their models in response. MOOCs might seem chaotic and ungoverned now, but we believe it won’t be long before they’re disciplined, organized, and even essential components of the classroom, largely due to faculty input and innovations. Like online degree programs are today, MOOCs are likely to become viable and accepted elements of higher education. Business schools of the not-so-far future are likely to use MOOCs to attract students to paid degree-granting and certification programs. MOOCs and other forms of cloud-based teaching will spark business schools to form partnerships with peer institutions around the world as they design collaborative courses, share
  • 9. 6 content, and offer their students opportunities to attend classes and access the information they need without physical constraints. Students will interact more often with classmates thousands of miles away; more professors will be able to teach students from anywhere in the world. Moreover, business schools may rely more on MOOCs—whether generated by their own professors or professors on other campuses—to provide students with a foundation of knowledge, and then turn more to experiential, hands-on learning experiences in face-to-face delivery. The very best scholars at top-tier schools will record lectures made available through online subscriptions, in which they cover historical precedents in industry and explain theory. Professors teaching hands-on courses in face-to-face classes are more likely to be adjuncts with real-life experience who do not have their doctorates. This new system of teaching will be especially important to business schools in emerging markets looking to supplement their curricula. It also could be a partial answer to the PhD shortage, a major issue business schools worldwide now face. Let’s be clear: We do not believe that the traditional classroom and traditional face-to-face interactions between students and professors will disappear—far from it. Students still will crave in-person educational experiences, even as they take advantage of what cloud-based learning has to offer. Professors are most likely to use MOOCs and online technologies to supplement and expand what they do in the classroom, not replace it. And this more global way of teaching will affect educational delivery at many business schools, but not all. Smaller, more regional schools, especially, might not have the resources to make online educational delivery a foundational part of their missions. For these schools to differentiate themselves, it’s likely that their professors will become hyper-focused on local educational needs, partnering with nearby industry to give students deeper and more meaningful hands-on experiences in the workplaces where they are most likely to find jobs. Many will specialize in industries that make sense in their markets,
  • 10. 7 whether it’s the energy sector in the Middle East or agriculture in the American Midwest, and provide more customized, just-in-time executive education suited to each corporation’s needs. So-called “high-touch” educational experiences still will be readily available for students and faculty alike. From what we see in the industry, how professors teach and students learn in traditional classrooms promises to change dramatically. Education will become more global, more interconnected, and more collaborative, and it often will happen on a larger scale than it does today. The future will be a turbulent but exciting time to be a business school professor—it’s an era we’re excited to witness. Tricia Bisoux and Sharon Shinn Co-editors BizEd magazine Published by AACSB International in Tampa, Florida, in the United States.
  • 11. 8 Enseigner dans l’école du futur PATRICK AEBISCHER EPfl L’avènement des MOOCs : un nouveau défi pédagogique pour l’enseignement ? En 2025, les prévisions nous révèlent que le nombre d’étudiants devrait doubler au niveau mondial pour atteindre environ 260 millions. La moitié de cette croissance devrait se faire en Chine et en Inde, deux pays qui prévoient de construire des centaines d’universités pour les accueillir. En parallèle, la nouvelle génération “Facebook et iPhone” a pleinement adopté les technologies numériques pour interagir socialement, avoir accès à l’information, et apprendre. Qui plus est, ces technologies sont aujourd’hui devenues matures (internet, accès mobile, large bande, plateformes), favorisant un déploiement rapide et à large échelle de la formation en ligne. C’est dans ce contexte disruptif que s’inscrit l’avènement des MOOCs (Massive Open Online Courses), ou cours ouverts et massivement parallèles. Avec l’implication très active de plusieurs des meilleures universités au niveau mondial et grâce à un fort soutien financier, les MOOCs ont connu un démarrage foudroyant. En une année, ce sont ainsi plus de 3 millions d’étudiants qui se sont inscrits sur la plateforme Coursera, un des acteurs principaux de cette révolution. Ces cours en ligne, souvent suivis par plusieurs dizaines de milliers d’étudiants, posent de nouveaux défis pédagogiques. Outre un format spécifique différent du cours ex cathedra, Tableau 1
  • 12. 9 ces enseignements en ligne imposent de repenser complètement les interactions avec les étudiants. De plus, ces enseignements ont inévitablement une influence importante sur les mêmes cours donnés sur le campus, dont le format se doit d’être beaucoup plus participatif, avec des étudiants beaucoup mieux préparés, mais aussi des enseignants dont on attend un effort et une implication beaucoup plus importants. Les MOOCs viennent tout juste de naître et beaucoup de questions restent encore ouvertes : possibilité de créditer les cours, propriété des informations collectées et du contenu des cours, vérification de l’identité de l’étudiant, modèle de financement sur le long terme, standardisation et accréditation, définition de véritables programmes de formation en ligne, taux d’achèvement du cours, etc. Nés aux Etats-Unis, les MOOCs engendrent des questionnements différents outre-Atlantique qu’en Europe, en particulier compte tenu des différences importantes en termes d’écolages et frais de scolarité. Il n’en reste pas moins que l’Europe a une carte importante à jouer dans le développement d’une offre de cours en ligne attractive au niveau mondial : diversité et richesse linguistique, historique et culturelle, longue tradition d’enseignement dans tous les domaines des sciences humaines et sociales, des sciences naturelles, de la médecine et de l’ingénierie. Autant d’atouts que l’Europe se doit de mettre en avant dans cette nouvelle aventure pédagogique au niveau mondial. Patrick Aebischer, Président Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL)
  • 13. NOTRE CONSTAT La seule certitude concernant l’avenir de l’enseignement est l’imminence d’un “big bang” qui va modifier durablement nos repères, nos habitudes et nos certitudes. A l’heure d’entamer cet ouvrage de prospective sur les enjeux de l’école du futur, nous sommes bien conscients que, de tous les chapitres que nous souhaitons aborder (étudier dans l’école du futur, vivre dans l’école du futur, travailler dans l’école du futur, faire de la recherche), le plus complexe - mais également le plus passionnant - est ce premier thème : enseigner dans l’école du futur. Depuis des siècles, la grande majorité des cultures se sont accordées sur un modèle dominant : l’enseignement est la transmission d’un corpus de savoirs depuis un “détenteur” du savoir, l’enseignant, vers des élèves, les étudiants. En résumé : une approche verticale et à sens unique. Certes, les courants de pédago- gie alternative apparus au fil du temps ont introduit des variables d’expérimenta- tion, d’alternance entre pratique et théorie, d’individualisation de l’enseignement mais ils n’ont abouti qu’à des évolutions “à la marge” d’un modèle pyramidal. Tout cela, c’était avant. Nous sommes arrivés aujourd’hui à la conjonction de progrès technologiques de différentes natures qui vont radicalement bouleverser des notions fonda- mentales dans l’enseignement tel que nous le connaissons aujourd’hui : le savoir, la pédagogie, la distance, la relation avec le professeur, l’évaluation, et la notion même de ce qu’est un cours. La technologie et le savoir Depuis quand n’avez-vous pas été dérangé chez vous un samedi matin par un vendeur d’encyclopédie Universalis ? Au-delà de l’effet bénéfique sur votre séré- nité de fin de semaine, les faits sont là : le savoir et la connaissance se sont libé- rés du papier, du contenant. Ils sont majoritairement gratuits et en accès libre et direct. L’effet positif de cette tendance de fond est évident : l’ouverture du savoir au plus grand nombre à la connaissance est un progrès. La seule limite à la soif de connaissance d’un individu est devenue sa curiosité… et non plus son portefeuille. Pour nous, établissements d’enseignement supérieur, et pour l’école du futur, c’est un défi. Comment capter l’attention d’une meute d’étudiants armés d’ordi- nateurs portables, de smartphones ou de tablettes et qui sont capables de mobi- liser une masse de connaissance considérable dès lors que le professeur a énoncé la thématique du jour, ou même consulter en quelques clics l’historique de ses publications et de sa reconnaissance académique sur le sujet. Difficile de ne pas être dépassé, en tant qu’enseignant et d’apporter une réelle plus value pour ses élèves si l’on conserve ses vieux schémas de pensée et de méthode. Pour autant, nous n’imaginons pas une seule seconde que l’enseignement dans l’école du futur puisse s’envisager sans l’enseignant. Dès lors, il devra trouver sa Tableau 1 |Enseigner dans l’école du futur 10
  • 14. place, puisqu’il ne se contente plus de transmettre ce qu’on lui a appris. Dans l’école du futur, l’enseignant est essentiellement un guide : il flèche les parcours vers la connaissance, il alerte, il corrige, il vérifie, il évalue, il commente, il oriente et met ses étudiants en situation. Il n’est pas forcément le détenteur du savoir mais plutôt celui d’une sagesse et d’une expérience : celle qui permet de distin- guer dans la masse d’information LE facteur pertinent, d’aiguiser un esprit critique et d’apprendre à appréhender le cas particulier dans une multitude de règles générales. Ainsi, dans l’école du futur, il sera inévitable de repenser l’enseignement dans son organisation profonde : à quoi bon consacrer les heures de cours en présen- tiel à l’acquisition des concepts théoriques pour se retrouver seul chez soi face à des cas pratiques pour lesquels l’échange aurait été bénéfique ? L’enseigne- ment dans l’école du futur passera donc par une acquisition des savoirs par des vecteurs technologiques (ressources disponibles sur le web, e-learning, e-books, MOOCs et une mise en pratique via des travaux en présentiel supervisés par un enseignant-guide. La technologie et la pédagogie En matière de pédagogie, un livre entier ne suffirait pas pour lister les innova- tions rendues possibles par la technologie. Depuis les serious games, jusqu’aux MOOCs, en passant par l’avènement de l’ère de la tablette tactile et interactive, chaque école, chaque entreprise annonce à grand renfort de communication “sa” recette miracle. Et si l’échelon de l’inventaire à la Prévert n’était pas le bon ? De nos recherches pour définir l’école du futur, nous avons acquis une certitude : la pédagogie du futur ne sera pas bridée par l’émergence d’une technologie dominante. Elle sera au contraire caractérisée par une multitude de vecteurs à la disposition de l’élève. Depuis près d’une décennie, les business schools ont testé et adopté le concept de formation “à la carte” pour leurs étudiants (qui leur permet de choisir leurs options, leurs majeures, etc…) et le curseur de la personnalisation va encore s’accentuer. Dans l’école du futur, l’élève choisira non seulement quelle discipline il souhaite étudier mais aussi COMMENT il souhaite l’aborder : cours magis- tral, MOOC, serious games, e-learning… Cela induira nécessairement une plus grande flexibilité dans les diplômes que nous proposons à nos élèves. La montée en puissance des “certificats”, comme autant de cordes à l’arc principal de compé- tence de l’élève, permettront d’améliorer la lisibilité des parcours. Pour les professeurs, un nouveau chantier passionnant se présente  : reforma- ter les cours pour fournir à chaque étudiant le “juste niveau” de connaissance. Par exemple, pour un élève qui s’oriente vers une carrière dans la finance, une maîtrise poussée des normes et modèles mathématiques à travers des cours magistraux, TD, travaux de groupe et exercices d’approfondissement en e-lear- ning permettront d’obtenir un diplôme. Pour l’étudiant qui s’achemine vers une Tableau 1 |Enseigner dans l’école du futur 11
  • 15. carrière dans le marketing, un MOOC reprenant les principaux concepts et une série d’exercices en ligne pour valider la compréhension valideront un certificat. La pédagogie sur mesure, vieille chimère de l’enseignement, sera le pilier de l’école du futur avec son corollaire, celui d’un socle minimum de connais- sances requises par grande thématique. La technologie et la distance Assez naturellement, la notion de distance (et, en allant plus loin, celle de “présence”), va connaître une véritable révolution. L’école du futur ne sera pas forcément un “lieu physique”. A moyen terme, il n’est pas complètement impru- dent d’imaginer que certains étudiants seront un jour diplômés de campus sur lesquels ils n’auront jamais mis les pieds (ou qui n’auront pas d’existence maté- rielle). D’où l’importance croissante des services pédagogiques et para pédago- giques que nous aborderons dans le chapitre 3 de cet ouvrage. LesMOOCsontlepremiersignalquibouleversenosrepères.Commentimaginer que dans l’école du futur, nos étudiants renoncent à accéder à des cours dispen- sés gratuitement par les meilleurs professeurs de chaque discipline pour préférer retrouver le siège moelleux d’un amphithéâtre mal chauffé un lundi matin ? L’école du futur devra relever le défi de réconcilier la distance et le contact. Il lui faudra organiser nos deux notions précédentes - le savoir et la pédagogie - pour alterner entre des sessions dispensées par des sommités à distance, et l’étude de proximité des spécificités d’un territoire ou d’un marché. La mise en réseau des écoles du futur, et donc l’harmonisation des programmes, sera donc une étape clé de la globalisation du savoir et de l’abolition de la barrière des distances : le meilleur de l’enseignement, partout, tout le temps. Le décalage horaire restera alors la seule limite (surmontable) pour rassembler des élèves dispersés aux 4 coins du monde pour un cours ou un travail de groupe. Cette universalité de la connaissance, dont l’accès à internet est la tête de pont, offrira à des étudiants jusqu’ici exclus de fait des filières d’excellence, des opportunités à la hauteur de leurs talents. L’enseignement de proximité sera alors un relais, déten- teur d’une expertise spécifique, liée à un contexte local ou une discipline de niche. Le maillage de l’école du futur sera dès lors en place, dans un savant dosage entre distance et présence. Les établissements qui tireront leur épingle du jeu seront ceux qui maîtriseront de ce dosage. 12 Tableau 1 |Enseigner dans l’école du futur
  • 16. 13 Conclusion Notre conviction est claire : épaulé par la machine, le rôle du professeur n’est plus uniquement celui de détenteur du savoir et enseigner dans l’école du futur n’aura pas grand-chose à voir avec l’enseignement tel que nous le connaissons aujourd’hui et depuis des siècles. La technologie va profondément bouleverser le rôle de l’enseignant. ➔Épaulé par la machine, son rôle n’est plus celui de détenteur d’un savoir absolu, mais il est le garant de l’intelligence dans la recherche et la mobilisation des connaissances. ➔Dans l’école du futur, il n’y aura plus un manuel et une méthode de référence pour apprendre. Chaque élève construira sa propre expérience pédagogique en ayant à sa dispo- sition des ressources (e-learning, cours magistraux, travaux de groupe, MOOC) adaptés à son profil, ses capacités, et l’utilisation finale qu’il souhaite faire de son enseignement. ➔Les distances auront disparu au profit d’un marché global où chaque acteur de l’enseignement devra choisir sa voie pour exister : l’excellence académique, la connaissance d’une problématique locale ou la spécialisation sur des sujets de pointe. ➔Dans la même dynamique, le corps professoral sera structuré autour de différentes catégories, chercheurs, experts, chargés de TD, etc. La véritable question sera alors de déterminer qui crée le savoir. En d’autres termes, et contrairement à ce que pourraient craindre les plus sceptiques, nous assisterons au grand retour de la pédagogie avec un grand “P”. La personnalité du professeur sera stratégique car l’école du futur ne sera pas uniquement un labora- toire technologique, et les économies de fonctionnement générées par les progrès dans ce domaine seront absorbées par l’investissement dans l’humain, devenu le vrai facteur différenciant. Tableau 1 |Enseigner dans l’école du futur
  • 17. 14 Étudier dans l’école du futur Marion Jacquet Cisco Les nouveaux modèles et espaces d’enseignement intégrant les nouvelles technologies Le cours magistral, même s’il a toujours sa place, doit évoluer pour être en meilleure adéquation avec la manière dont les élèves apprennent et interagissent à l’aide des possibilités offertes par les TIC. Les conférences peuvent être plus interactives, y compris avec la présence physique ou virtuelle d’intervenants extérieurs, et proposer une interaction plus grande avec l’enseignant à travers l’utilisation des technologies. L’enregistrement de la leçon et son visionnage avant le cours par les étudiants peut conduire à enrichir le contenu dispensé et à introduire une plus grande interaction. Les espaces d’enseignement doivent pouvoir prendre en compte ces évolutions, et soutenir l’évolution des modes d’interaction. Il s’agit donc bien de remettre l’étudiant plus clairement au centre de l’enseignement et d’accroître l’engagement des élèves en misant sur l’interaction et la participation. On ne parle pas d’une absence d’orientation et de continuité, mais au contraire d’une plus grande proximité des enseignants et un accompagnement de l’étudiant. Ceci passe par la fluidité des enseignements et des apprentissages individuels ainsi que par des travaux collectifs. Ce besoin d’encadrement, de tutorat et/ou coaching de l’élève se manifeste dès son arrivée dans l’université pour faire naître l’appartenance à une communauté. Tableau 2
  • 18. 15 La dimension virtuelle ne doit pas être absente. De manière croissante, les élèves vont être amenés à apprendre en dehors de la salle de classe, et l’enjeu est de les accompagner également dans ce contexte particulier d’apprentissage. Il s’agit d’assurer que la qualité de la relation à la connaissance et à l’enseignement soit préservée. Dans ce cadre, il faut assurer une continuité entre l’enseignement présentiel, celui qui pourra être dispensé à distance, et l’apprentissage individuel qui sera celui de l’étudiant en utilisant les TIC. Pour la salle de classe et l’amphithéâtre • Écrans LCD à brancher et écrans d’affichage mobile • Appareils mobiles qui peuvent servir de support d’interaction avec les professeurs • Tableaux blancs interactifs • Téléprésence et vidéoconférence afin d’associer des experts à distance • Capture de l’enseignement, y compris le contenu vidéo ou les présentations
  • 19. 16 Pour la dimension virtuelle et à distance • Vidéo et audio streaming • IPTV • Classes virtuelles • Technologies de la présence - la messagerie instantanée, etc • Environnements d’apprentissage virtuel • Réseaux sociaux et outils Web 2.0 • E-portfolio • Outils de création numérique • Serious games L’important ne sera pas la technologie en soi, mais la bonne combinaison de l’aménagement physique, de ressources technologiques mises en œuvre de façon cohérente, et d’une évolution de la pédagogie. L’évolution des enseignements et les nouveaux besoins de la recherche, la sensibilisation à un immobilier durable au cœur du campus et la demande croissante d’un accès à l’information permanent depuis tout lieu que ce soit dans la sphère privé ou professionnelle, amène à positionner le numérique comme un facteur clé de transformation. Cisco se propose d’accompagner cette transformation des campus français à travers la création de plateformes de services de nouvelle génération à travers le réseau IP. Ces nouveaux services donnent la possibilité : I. de repenser les espaces d’enseignement devenus accessibles 24H sur 24 à l’étudiant et l’enseignant chercheurs dans les learning centres II. de mutualiser les infrastructures aussi bien des couches basses que des couches hautes dans un centre de donnée en nuage. Ce data center en cloud fournit un environnement optimal d’hébergement des serveurs aux systèmes d’information de l’ensemble des membres en assurant une haute disponibilité de ces service (exemple du PRA)
  • 20. 17 III. de mutualiser la gestion technique du bâtiment avec les services aux utilisateurs dans ces éco campus ou campus intelligents vers de nouveaux lieux de vie attractifs, accueillants et conviviaux où les médias de la sphère privée et de la sphère professionnelle (BYOD) fusionnent et convergent. En somme, nous avons fait l’exercice à travers ces trois initiatives de traduire la mise en œuvre des nouvelles technologies dans un campus numérique dit campus connecté avec tous les bénéfices que peuvent en retirer le corps enseignant, les étudiants, les chercheurs, les administratifs et le maillage que l’on pourrait ainsi développer avec l’extérieur dont le secteur privé. Il n’y a plus de barrières technologiques à dépasser, la technologie est fiable, mature et éprouvée et doit nous conduire vers ces nouvelles plateformes de services. Marion Jacquet Sales Business Developer Manager Higher Education Cisco Systems
  • 21. NOTRE CONSTAT “Étudier dans l’école du futur” est probablement un titre trop restrictif compte tenu des évolutions que nous anticipons dans ce domaine. On pourra certes étudier, mais surtout tester, apprendre, expérimenter, simuler, collaborer, rencontrer, échanger, s’évaluer, comme nous venons de le définir dans le chapitre précédent, mais surtout, l’idée même de lieu (“dans” l’école du futur) risque de devenir obsolète. La notion d’école, au sens physique du terme, va perdre rapidement sa matérialité. Il serait trop réducteur de se contenter dans ce chapitre d’analyser comment “étudier dans l’école du futur” en simple miroir du chapitre “enseigner dans l’école du futur”. Néanmoins, on ne peut pas faire abstraction des interactions entre les deux problématiques. Oui, la technologie va – encore davantage – péné- trer et modifier la vie de l’étudiant. Oui, elle va ouvrir de nouvelles perspectives, des accès à des ressources insoupçonnées ou hors d’atteinte aujourd’hui. Mais certains principes demeurent : la technologie n’est qu’un moyen, pas une fin. Si étudier dans l’école du futur devait se résumer à savoir cliquer sur l’icône de son navigateur internet, Google et Wikipedia remplaceraient Harvard et Stanford au panthéon des formations d’enseignement supérieur. Puisque l’accès à l’information n’est plus l’alpha et l’omega pour l’étudiant, la difficulté réside forcément ailleurs : dans l’aptitude à trier, synthétiser et valider ses sources. Pour l’école, c’est un nouveau rôle qui se dessine : accompagner l’étudiant dans son parcours, le guider dans ses choix, garantir (ou alerter) sur la cohérence pédagogique de son cursus. In fine, l’école ne se positionnera plus comme un rail sur lequel on dépose des wagons d’élèves, mais comme une tour de contrôle qui oriente, valide les différentes options et cautionne le parcours construit par chaque élève. Le grand défi de l’école du futur est de déterminer où se placera le curseur entre ce que l’élève doit savoir, et ce qu’il peut se contenter de savoir… cher- cher. Et au final, comment pourra-t-on valider et évaluer ses connaissances tout comme ses choix ? L’étudiant qui apprend La première “espèce” d’étudiant que nous retrouverons dans l’école du futur est l’étudiant élève. Descendant direct de nos étudiants contemporains, il a cepen- dant su s’adapter aux évolutions de son environnement. Quand son illustre ancêtre – l’élève du 21ème siècle – se rend chaque matin dans l’école de son village, de sa ville ou son quartier pour intégrer (de gré ou de force) des matières prédé- finies et prédigérées par un professeur qui restitue ce qui lui paraît être essentiel, l’élève du futur, lui, a le choix. Le choix du lieu : physique ou virtuel. En effet, de plus en plus d’universités ou d’écoles vont, à l’image des pionniers que constituent les plateformes Coursera, Udacity ou EdX, proposer leurs contenus en ligne. L’étudiant en apprentissage Tableau 2 |étudier dans l’école du futur 18
  • 22. pourra donc composer son menu avec une offre pédagogique pléthorique : l’enjeu sera alors pour l’école de garantir l’acquisition des connaissances tout en prenant en compte la dimension d’épanouissement personnel qui transformera l’appre- nant en étudiant. Le choix des matières ensuite : à sa disposition, plus de “cursus” pré-établi mais une variété quasi infinie de parcours à imaginer. Libre à lui de se construire et d’apprendre des notions ciblées (par exemple en devenant LE spécialiste dans une discipline de niche) ou de se construire un profil de généraliste. Dans cette étape clé, le rôle de l’école sera de l’aider à se définir et valider la cohérence de son parcours par rapport à son projet professionnel. La vraie valeur ajoutée de l’école sera sa capacité à accompagner chaque étudiant dans sa voie, en l’aidant à se dépasser, se révéler et atteindre son objectif en minimisant les concessions. L’étudiant dans l’école du futur pourra donc apprendre ce qu’il veut, quand il veut depuis l’école ou la plateforme de son choix. L’école sera son partenaire pour l’évaluer, l’autoriser à poursuivre son apprentissage ou lui imposer une pause dans sa progression pour résoudre sa triple équation personnelle : ambitions / capacités / résultats. C’est à cette condition sine qua non que l’individualisation des parcours ne rimera pas avec anarchie. Autre garde-fou à cette liberté immense à première vue  : les besoins et les demandes exprimées par les employeurs, seuls juges in fine. Pour faciliter la lisi- bilité des parcours pour ces “clients” de l’école du futur, la normalisation d’un écosysytème de validation et de certification des connaissances et des compé- tences sera indispensable. En résumé, cette première “version” de l’étudiant de l’école du futur ne sera pas une “espèce” radicalement différente de celle que nous connaissons aujourd’hui : elle étudiera ses leçons, à cela près qu’elle aura le choix de la matière et du professeur, ce qui nécessitera un sursaut de maturité et d’esprit critique et une prise de décision autonome. Pour arrêter ses choix, l’étudiant pourra s’appuyer sur l’école et aura la responsabilité de s’informer au préa- lable sur les perspectives d’avenir de son cursus à court et moyen terme. L’étudiant qui sait trouver et traiter l’information L’autre facette de l’étudiant du futur sera la plus innovante, et la plus critique. Sans tomber dans les clichés faciles, force est de constater que nous évoluons dans un monde toujours plus complexe, rapide et interconnecté. Si l’instituteur de nos grands parents se contentait de retranscrire un savoir identique à plus de 90% à celui qu’il avait reçu en tant qu’élève, on estime que ce taux est d’ores et déjà tombé sous les 50% (source : interview de Michel Serres – magazine Usbek et Rika n°3 (sept. 2012). Il n’est pas complètement fantasque d’anticiper que ce pourcen- tage va continuer à décroître, toujours plus vite. Tableau 2 |étudier dans l’école du futur 19
  • 23. Dès lors, comment garantir à notre étudiant du futur que l’essentiel de ce qui lui a été appris ne sera pas dépassé lorsqu’il entrera sur le marché du travail ? Tout simplement en lui apprenant à apprendre, thème que nous avions abordé dans notre précédent livre blanc “Former les dirigeants de 2030”. Si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour. Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours. Si tu donnes un Kotler Dubois à un élève, il réussira son examen. Si tu lui apprends à se tenir au courant des dernières innovations du management et du marketing stratégique, il réussira sa carrière. Dans l’école du futur, la compétence clé de l’étudiant consiste à disposer d’une méthodologie pour organiser ses recherches, et d’un sens critique aiguisé pour traiter l’information  : pour cela, la maîtrise d’un certain nombre de savoirs fondamentaux sera essentielle. Un cursus de formation spécifiquement dédié à ce sujet devra donc être mis en place pour assurer aux étudiants leur autonomie et leur compétence à long terme dans un environnement professionnel où les informations et les tendances ont une date de péremption. On s’approchera donc de la notion de “métier d’étudiant”, chère à Alain Coulon. Entre autre levier permettant d’offrir un socle solide à l’étudiant du futur, on peut miser sur la géopolitique qui sera l’une des clés de compréhension de l’informa- tion. Elle lui permettra de décoder les intérêts qui président à la montée en puis- sance de tel ou tel courant de pensée ou de management. L’école du futur, c’est l’apprentissage du passé optimisé par les technologies du futur pour permettre à l’individu de se construire, avec plus d’humanisme, de collaboration et une importance croissante accordée au développement personnel. Pour cela, l’infrastructure même de l’école en tant que lieu de vie devra s’adapter. A chaque activité, à chaque discipline son espace pédagogique. L’école bicéphale amphi / salle de TD a vécu. Place aux salles de créativité, de travaux de groupe, aux “box” de réunion, à un espace pour la vie sociale et associative, aux salles d’assessment. Autre tendance lourde : le fact-checking, dont on sent venir le règne, prendra également une part croissante dans le fonctionnement de l’étudiant du futur. Trop risqué de copier/coller des notices Wikipédia ou des blogs de spécialistes autoproclamés. Vérifier, recouper et discerner le bon grain de l’ivraie sera la nouvelle plus value de l’étudiant dans l’école du futur. C’est sur sa capacité à identifier et traiter les sources d’informations pour prendre ses décisions qu’il fera la différence. C’est donc dans leur capacité à transmettre ces compétences clés à leurs étudiants que les écoles du futur feront la différence. Tableau 2 |étudier dans l’école du futur 20
  • 24. Tableau 2 |étudier dans l’école du futur 21 Conclusion Si l’apprentissage ne sera bousculé que dans ses vecteurs, c’est l’aptitude de l’étu- diant à se maintenir “à jour” dans son domaine d’expertise qui caractérisera le fait “d’étudier dans l’école du futur”. C’est un des challenges dans l’école du futur. Plutôt que de CRM (Customer Relationship Management), on parlera de SRM (Student Relationship Management), pour entrer dans une logique d’apprentis- sage tout au long de la vie, à la fois dans sa discipline initiale et sa reconversion. Etudier sera alors une notion façonnée sur un triptyque “trouver – traiter – inté- grer l’information”. Pour l’école du futur, c’est une nouvelle source de compétition : garantir la qualité de l’enseignement, la capacité à forger l’esprit critique et de synthèse de ses étudiants ET certifier le tout. Elle garantit la cohérence de l’ensemble et “labellise” le profil de l’étudiant. ➔Apprendre sera plus stimulant : les sources d’information seront plus variées et les disciplines plus nombreuses. Condition sine qua non : une maîtrise accrue des savoirs fondamentaux. ➔étudier dans l’école du futur impliquera la capacité à bâtir son propre parcours. ➔L’étudiant du futur devra surtout apprendre à apprendre : la validité de son corpus initial de connaissances sera limitée. Sa méthodologie pour trouver et traiter l’information sera LA compétence la plus recherchée par les employeurs. Elle sera donc LA discipline sur laquelle l’école du futur devra se différencier.
  • 25. 22 Travailler dans l’école du futur Jean-charles andre IBM France Le modèle d’enseignement, d’acquisition de connaissances et de développement des compétences a une très forte probabilité d’évoluer de façon significative dans les 10 prochaines années. Les innovations technologiques majeures ont tout au long de notre histoire entraîné des ruptures (disruption) dans l’économie des sociétés, qui se sont matérialisées par des transformations importantes. Le numérique, au cours des 10 dernières années, a déclenché des changements assez radicaux dans la façon de produire et de distribuer la musique, le “business model” de cette industrie s’est transformé avec l’apparition des plateformes de téléchargement, de nouveaux acteurs ont émergé, d’autres disparaissent. Le cinéma, la presse écrite sont aussi confrontés à ces changements, des experts de la presse écrite envisagent sérieusement la possibilité qu’il n’y ait plus de quotidiens imprimés sur papier dans 10 ans. Tout comme la musique ou la presse, le monde de l’enseignement s’interroge sur l’impact du numérique sur ses pratiques. Cependant les activités sont de natures différentes, l’industrie de la musique, la presse, le cinéma sont des activités de contenu uniquement alors que l’enseignement est mixte : contenu et relation apprenant / enseignant. Les experts considèrent que ce modèle mixte va perdurer en évoluant par un déplacement du curseur vers plus ou moins de numérique selon les disciplines, les phases d’apprentissage et la nature de la demande. Il est difficile d’imaginer une disparition de ce modèle hybride présence / distance que nous connaissons aujourd’hui, à la fois pour des raisons culturelles et techniques. L’évolution de la demande va être un élément déterminant de cette transformation. Les analystes entrevoient un changement prévisible de la demande en formation tant quantitativement que qualitativement. Des études montrent que le nombre Tableau 3
  • 26. 23 d’étudiants va croître de 100 millions dans le monde à court terme (supérieur à 10 ans) et la demande en enseignants d’une dizaine de millions. L’employabilité tout au long de la vie est devenue une préoccupation majeure des apprenants. Les frontières entre collège, lycée, universités et formation continue vont s’estomper. Formation initiale et formation continue vont devoir s’adapter et vont profiter de cette technologie qui nous permet d’être toujours connecté et supprime les distances. En Amérique du Nord, beaucoup de formations en Master évoluent pour permettre aux étudiants de travailler et d’étudier en même temps. Quelle différence avec la formation continue sur l’approche ? Nous évoluons vers un modèle d’apprentissage personnalisé considérablement facilité par des apprenants toujours connectés. Les MOOCs qui créent un buzz important sur la planète enseignement sont le signal de cette transformation, même si tous les professionnels s’accordent à reconnaître que c’est un phénomène à prendre très au sérieux, personne n’est prêt à admettre qu’il s’agit du nouveau modèle. Toutes les initiatives qui ont révolutionné les usages du numérique ces 10 dernières années ont commencé par des expérimentations à l’échelle de la planète de services et d’usages nouveaux sans que pour autant leurs initiateurs en connaissent le “business model”, celui-ci a émergé progressivement ou parfois reste à découvrir. Les MOOCS sont des expérimentations de ce type mais d’autres vont voir le jour et vraisemblablement cohabiter. Ce qui est essentiel pour nos écoles et universités, dans une compétition mondiale où le numérique efface les frontières de la salle de classe et des campus, c’est d’être conscientes que demain sera très différent et que la seule façon de s’y préparer pour ne pas se retrouver dans la situation de certaines industries telles que celles du contenu est de lancer des expérimentations, tirer les leçons et déployer largement celles qui permettent de faire de réelles avancées pour satisfaire les nouveaux besoins. En conclusion, beaucoup de choses vont changer au cours des 10 prochaines années, expérience palpitante et forcément pleine de défis. Ne pas s’y préparer serait faire courir un risque à nos institutions d’enseignement. Jean-Charles ANDRE Business Development Executive, education smarter cities Public sector IBM France
  • 27. Tableau 3 |Travailer dans l’école du futur NOTRE CONSTAT Nous l’avons déjà abordé dans les premiers chapitres de cet ouvrage : l’école du futur signera le grand retour de la pédagogie. Une pédagogie s’appuyant sur une gamme d’outils technologiques toujours plus poussés pour un résultat toujours plus personnalisé. Dans cette évolution, l’un des facteurs clés de réussite sera la montée en puissance et en compétence des services annexes des écoles pour accompagner le mouvement. Jamais par le passé, le personnel hors “enseignement et recherche” n’a été pris en compte à sa juste valeur dans les classements internationaux. C’était une grave erreur. Ce sera désormais impossible. A l’image d’une armée de l’air qui communique avec pédagogie pour expliquer que pour un pilote d’avion de chasse, il faut une équipe de 80 personnes au sol (mécaniciens, ingénieurs, aiguilleurs du ciel…), la “nouvelle” pédagogie propo- sée dans l’école du futur devra s’appuyer sur un travail d’équipe. C’est dans un écosystème de spécialistes qui travaillent en équipe que va s’intégrer le professeur, dernier maillon d’une chaîne de création et de diffusion du contenu pédagogique. Cette nouvelle organisation aura plusieurs conséquences  : la création de nouveaux métiers plus spécialisés, la professionnalisation des équipes, l’im- portancecapitaledelacoordinationetlanécessitédes’appuyersurunsystème d’information toujours plus performant. Spécialisation et coordination : travailler agile La distance et les nouveaux modes de pédagogie vont nécessairement créer de nouveaux besoins de compétences. Adieu photocopieur, point névralgique des facultés et écoles où se retrouvaient les enseignants et le personnel administratif pour leurs travaux. Lorsque le profes- seur ou le chercheur aura produit son contenu, c’est un ballet d’experts qui se mettra en branle pour le proposer selon différents canaux (élèves en présentiel/ élèves à distance), différents formats (détaillé pour les étudiants en spécialisation, synthétique pour les élèves en certification). Puis, ce sera aux métiers de la technique de s’illustrer : captation son et image, animation, post production, montage, codage… Enfin, les fonctions adminis- tratives et de suivi des étudiants devront réaliser la synthèse et le travail de tri pour adresser les bons cours aux bons étudiants, s’assurer qu’ils les ont reçus / suivis et qu’ils ont été évalués pour leur permettre de progresser dans leur parcours et de débloquer (un peu à la manière des jeux vidéos) de nouveaux modules disponibles. Dans cette chaîne d’action, les compétences seront de plus en plus spécialisées. On peut même anticiper sans trop d’audace que certains points d’expertise seront confiés à un réseau de partenaires externes constitué autour du noyau dur 24
  • 28. du personnel des écoles. Chaque acteur n’aura donc pas les mêmes besoins en termes d’information ou d’organisation du travail. On assistera, au sein même des écoles, à un recours aux modes d’organisation utilisés pour les étudiants : travail à distance, nouvelles méthodes d’évaluation. En effet, comment prôner l’individualisation des parcours pour les étudiants tout en conservant la même organisation pour l’ingénieur du son et le documentaliste ? Ainsi, le fil directeur qui permettra à tous les artisans de l’école du futur de travail- ler ensemble (et pas simplement au même endroit) et de répondre avec toujours plus de réactivité et de pertinence aux besoins, non plus d’une promo, mais d’une infinie variété de parcours individuels, sera le système d’information (SI). Le SI : pierre angulaire de l’école du futur Il n’y aura plus un professeur : il y aura une équipe pédagogique. Il n’y aura plus une promo : il y aura des parcours. Il n’y aura plus un système d’informations : il y a aura des applicatifs. Chaque acteur de l’école du futur, de l’enseignant au responsable de la cafété- ria, devra pouvoir accéder aux informations qui LUI sont utiles. Combien d’étu- diants sont inscrits pour ce cours ? Combien appartiennent à l’école ? Combien seront présents, combien le téléchargeront depuis des campus décentralisés ? Combien sont inscrits en approfondissement ou dans une formation certifiante qui nécessite un programme plus détaillé ? Pour la cafétéria : combien d’étudiants ont des cours sur le site aujourd’hui ? Combien auront une pause déjeuner à 12h ? A 13h ? Combien sont intolérants au gluten ? Sinon ? Le chaos. On ne peut pas envisager d’exploiter toutes les libertés que nous offrent les nouvelles technologies en matière de pédagogie et d’individualisation des parcours sans s’appuyer sur une organisation professionnalisée et une infor- mation fluidifiée. Travailler dans l’école du futur impliquera la capacité à collaborer avec les services en charge des SI pour leur exprimer les besoins spécifiques à chaque catégorie et les aider dans la conception et le maintien de la pertinence de leurs applicatifs. Nous anticipons d’ailleurs qu’à la guerre des annonces et des recru- tements pour s’attirer les meilleurs professeurs, s’ajoutera une guerre sans merci des meilleurs SI (probablement chassés dans les entreprises stars de la discipline telles que Google ou Apple) capables d’offrir des systèmes apportant un avantage compétitif décisif à leurs établissements. Tableau 3 |Travailer dans l’école du futur 25
  • 29. La création, l’accès, la maîtrise et la diffusion de l’information seront les quatrespiliersducollaborateurdel’écolededemain,quellequesoitsafonction. C’est l’autre facette du Student Relationship Management que nous avons abordée dans le précédent chapitre. Conclusion C’est la première fois dans l’histoire de l’enseignement que le personnel non- pédagogique des écoles aura, aux côtés du professeur, un rôle aussi important à jouer. Un rôle capital pour permettre d’exploiter toutes les ressources et les possibilités offertes par les nouvelles technologies et modes d’organisation au service de la pédagogie. Individualiser les parcours implique de suivre non plus une promotion mais des “individus-étudiants”. Proposer des cours en MOOC ou à distance crée de nouveaux métiers, de nouvelles spécialités. Autour de l’enseignant va se structurer une “équipe péda- gogique” qui autrefois évoluait de manière plus ou moins cloisonnée mais qui dans l’école du futur sera contrainte (et c’est tant mieux !) de s’interconnecter. En trois mots : “tous pour un !» L’école du futur sera un lieu où les performances individuelles se feront en équipe. Le tout grâce à un fil rouge : l’information, et les systèmes qui la stockent et la dispensent le plus rapidement et le plus utilement à chaque collaborateur. ➔De nouveaux métiers plus spécialisés pour relever les défis pédagogiques ➔Une harmonisation des interactions entre les différents services de l’école pour une organisation agile ➔Un socle commun pour permettre à chacun d’être créateur et utilisateur d’une information adaptée : le système d’information. ➔L’équipe pédagogique sera la partie immergée du Student Relationship Management. 26 Tableau 3 |Travailer dans l’école du futur
  • 30. Travail collaboratif Travail collaboratif Travail collaboratif Gamification Cartable numérique Mooc Mooc Podcast Podcast Individualisation Personnal learning environment Assessment center Learning outcomes Certification e-learning Learning by doing Learning by doing m-learning m-learning Applis éducatives TABLETTES Services Serious game e-portfolio Social learning Classe inversée Classe inversée 27
  • 31. 28 Ce chapitre sera rédigé par la prochaine promotion entrante du Programme Grande Ecole de Grenoble Ecole de Management. Nos « premières années » de la rentrée 2013 seront invitées à s’emparer du sujet pour nous proposer LEUR vision de l’école du futur.
  • 32. 29 Vivre dans l’école du futur Stephane lafarge steelcase france La qualité de l’enseignement est plus importante que jamais et les universités et grandes écoles sont confrontées à des défis sans précédent, induits par des évolutions de plusieurs ordres, où l’espace d’apprentissage joue un rôle de premier plan. Le premier bouleversement tient tout d’abord aux styles d’enseignement et d’acquisition des connaissances. Aujourd’hui, l’accent est mis sur la participation des étudiants et le développement du travail collaboratif en petits groupes, qui favorisent l’esprit d’équipe et la créativité. En effet, dans de nombreuses disciplines académiques, les programmes scolaires évoluent vers une théorie constructiviste de l’apprentissage, dans laquelle les étudiants font leurs propres découvertes. C’est de cette manière que les universités enseignent aux étudiants à acquérir des compétences au profit de l’économie de la connaissance : le travail en groupe, la collaboration avec les autres, une résolution créative des problèmes et d’autres aptitudes intellectuelles vitales. Or, ainsi que nos équipes de recherche Workspace Futures ont pu le constater, la plupart des salles de cours font véritablement obstacle à l’apprentissage et ne répondent pas aux besoins individuels des étudiants et des enseignants. Dès lors, comment les salles de cours peuvent-elles susciter l’interaction, donner aux étudiants l’envie d’apprendre, et aux professeurs l’envie d’enseigner ? Les changements sont d’ordre démographique. Se former n’est plus l’apanage des jeunes. Les étudiants plus âgés qui mettent à jour leurs qualifications dans une perspective professionnelle (formation continue), sont très présents dans les cursus. Les jeunes générations avec des attentes nouvelles modifient aussi la donne. Comment faire face à des attentes si différentes en termes d’espaces et d’environnements pédagogiques ? Tableau 4
  • 33. 30 Enfin, la révolution est d’ordre technologique. Les étudiants ont un accès immédiat à l’information. Internet, l’enseignement à distance et les réseaux sans fil ont changé les habitudes d’enseignement et d’apprentissage. Les étudiants recherchent, exploitent, créent et partagent du contenu grâce aux informations mises à disposition sur Internet. On peut apprendre et travailler partout à n’importe quel endroit du Campus. Les bibliothèques ne sont plus les lieux privilégiés d’accès à la connaissance. Comment redéfinir les nouveaux espaces d’apprentissages ? Sans oublier d’intégrer au sein de la salle de cours les innovations technologiques auxquelles les étudiants sont rompus. Autant de défis à relever pour les grandes écoles et universités dans un contexte encore accentué par la véritable concurrence que se livrent tous les établissements pour attirer et retenir les meilleurs intervenants, enseignants et étudiants. L’enjeu : faire valoir leurs spécialités par le biais de programmes de recherche et de coopération plus intenses avec l’industrie et d’autres partenaires académiques. On l’aura compris, concevoir les meilleurs environnements pédagogiques nécessite des expertises multiples. Steelcase coopère avec des universités et grandes écoles dans de nombreux pays, afin de comprendre comment les étudiants et les enseignants apprennent, se concentrent, collaborent et nouent des relations sociales. Nos équipes élaborent au quotidien des solutions qui permettent de rénover l’apprentissage en dépoussiérant les salles de cours. Offrons enfin aux étudiants des outils technologiques et des espaces d’apprentissages novateurs qui les préparent dans les meilleures conditions à leur avenir professionnel, comme des professionnels Pour en savoir plus : http://www.steelcase.fr/fr/savoir-faire/recherches-et-prospective/pages/ magazine-360-numero-2.aspx Stéphane Lafarge Directeur Général Steelcase France Tableau 4 |Vivre dans l’école du futur
  • 34. 31 La recherche dans l’école du futur Francois taddei inserm Dans un monde qui se transforme à un rythme sans précédent, comment le système éducatif peut-il préparer les enfants d’aujourd’hui à relever les défis du vingt-et-unième siècle ? L’adaptabilité et l’exploration sont capitales pour toute espèce vivant dans un environnement qui se transforme, dans lequel des mécanismes générateurs d’innovations sont sélectionnés. La créativité humaine revêt une importance croissante alors que notre environnement se transforme toujours plus vite grâce au développement exponentiel de la science et des technologies de l’information et de la communication. Pourtant, les systèmes éducatifs évoluent plus lentement que la société dans son ensemble et l’éducation traditionnelle n’est pas idéalement organisée pour promouvoir de façon optimale la créativité et l’aptitude à renouveler nos connaissances. En conséquence, seuls les pays qui mettent en œuvre des politiques de réforme de leur système éducatif pour promouvoir l’adaptabilité et la créativité chez l’adulte et l’enfant sont susceptibles de demeurer à la pointe du développement humain et technologique. Les leçons provenant des sciences sociales indiquent que la créativité, l’initiative et la prise de risques devraient être encouragées en formant les enfants d’aujourd’hui à devenir des constructeurs de savoirs créatifs et collaboratifs, c’est-à- dire capables de renouveler régulièrement leurs connaissances et de les utiliser de façon productive dans leur vie sociale et professionnelle. Etant donné que l’élève ne développe ces aptitudes Tableau 5
  • 35. Tableau 5 |La recherche dans l’école du futur 32 de façon optimale que si l’environnement est favorable, et étant donné la difficulté inhérente à l’évaluation de la créativité de millions d’enfants pris individuellement, je propose d’axer l’évaluation de la créativité dans l’éducation sur la qualité de l’environnement éducatif. Une analyse comparative des systèmes éducatifs montre qu’il en existe une très grande diversité, que des initiatives intéressantes sont tentées localement, mais ce n’est que dans quelques pays que l’on assiste à des débats d’échelle nationale sur le sujet, qui laissent émerger de nouveaux paradigmes éducatifs susceptibles de favoriser la créativité. En termes de politique, je propose dans mon rapport pour l’OCDE l’expérimentation de nouveaux projets éducatifs, le développement d’environnements et de programmes créatifs et la diffusion des meilleures méthodes pédagogiques dans les différents pays, et par delà les barrières linguistiques, par l’organisation d’un réseau d’expériences bien conçues et d’échange d’information accessible à tous. Des recommandations destinées aux différentes parties prenantes qui souhaitent promouvoir la créativité figurent ci-dessous. Quelques recommandations clé pour promouvoir la créativité dans l’éducation 1) Recommandations générales “Vous ne pouvez pas faire ça – ça ne s’est jamais fait.” Une telle phrase étouffera dans l’œuf tout effort créatif. Elle s’adresse trop souvent à des étudiants, à des professeurs ou à des dirigeants désireux de promouvoir le changement. Dans une société tournée vers l’avenir, un argument d’un tel conservatisme ne devrait plus être utilisé pour juger de la valeur d’un projet.
  • 36. Tableau 5 |La recherche dans l’école du futur 33 2) Recommandations aux étudiants Comme des étudiants l’ont déclaré à plusieurs reprises après avoir ouvert leurs perspectives sur leur propre avenir “les barrières les plus infranchissables étaient dans ma tête – l’autocensure était ma pire ennemie”. Lorsque les étudiants osent se montrer créatifs et prendre des initiatives, il leur faut travailler dur et parfois lutter contre le conservatisme, suivre leurs idées et trouver ce que Ken Robinson appelle “leur élément”. 3) Recommandations aux parents Créez un environnement propice dans lequel vos enfants peuvent construire leur créativité et croire en leur potentiel. Aidez-les à trouver des écoles et des universités où ils pourront s’épanouir et se préparer à un avenir dans lequel bien des choses auront changé. 4) Recommandations aux professeurs Soyez disponibles lorsque les étudiants vous demandent votre avis sur leurs idées. Imaginez des cours dans lesquels ils pourront développer leurs propres projets. Créez des réseaux avec des collègues qui partagent vos idées sur la pédagogie, toutes disciplines confondues. 5) Recommandations aux établissements scolaires et aux doyens Encouragez la créativité des professeurs et des étudiants, et donnez-leur les moyens, en termes de temps, de soutien administratif et d’espace, de développer des programmes créatifs dans lesquels les étudiants pourront travailler sur des projets individuels et collectifs. Si, dans un premier temps, ces programmes ne sont pas accessibles à tous, sélectionnez les étudiants en fonction de leur motivation à la prise d’initiatives et de leur volonté de dialoguer avec les étudiants et les professeurs créatifs. 6) Recommandations aux universités Encouragez les approches interdisciplinaires et la création de programmes académiques pouvant permettre aux étudiants de lancer des projets et de développer leur créativité. Créez des “espaces de créativité» dédiés au développement des projets des étudiants, ouverts 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours de l’année. Ces espaces devraient être conçus comme des incubateurs de créativité.
  • 37. Tableau 5 |La recherche dans l’école du futur 34 7) Recommandations aux fondations Les fondations sont les organes de financement les plus flexibles, et souvent les plus créatifs et les plus réactifs. En tant que telles, elles sont souvent les premières à financer des programmes créatifs émergents et à les soutenir dans les premiers temps, tout comme des fonds d’investissement soutiennent les start-up. Elles pourraient même aller encore plus loin et aider à créer ces incubateurs de créativité. 8) Recommandations aux gouvernements Veillez à ce que votre pays soit dans les premiers à attirer les talents créatifs. Favorisez la culture de la créativité en organisant un débat national sur ce thème. Patronnez des publications et des traductions d’ouvrages et de programmes de télévision consacrés à la créativité. Créez à l’échelle nationale des programmes visant à promouvoir la créativité dans l’éducation. Organisez à l’échelle nationale des réseaux de programmes créatifs interdisciplinaires et assurez-en le financement à long terme. 9) Recommandations aux communautés créatives de constructeurs de savoirs Développez des sites web, des outils logiciels ouverts et des lieux dédiés à la promotion de l’enregistrement, de l’échange et de la création d’idées entre constructeurs de savoirs créatifs et collaboratifs, en facilitant les réunions et les réunions en ligne, si possible dans des lieux créatifs dédiés à de tels échanges. Pour en optimiser l’impact, ces sites web devraient être à la disposition de tous les esprits créatifs et faire partie de ressources éducatives ouvertes. François TADDEI Spécialiste de l’Innovation dans l’éducation Directeur de recherche en biologie des systèmes à l’Inserm, Faculté de médecine Paris Decartes, Necker
  • 38. NOTRE CONSTAT Dans l’école du futur, la recherche sera l’un des poumons de la création du savoir. On n’isolera plus l’enseignement, dispensé dans la salle de classe, des recherches, menées sur le terrain, en bibliothèque ou laboratoires. Pour cela un certain nombre de conditions devront être réunies : une recherche qui partira de problèmes pertinents, et orientée vers les enseignements, une recherche plus transversale qui implique les différentes communautés de l’école du futur, et une recherche plus internationale pour travailler en réseau sur des projets complexes. En un mot, une recherche “engagée”. Engagée avec l’ambition d’avoir un impact concret et mesurable sur son environnement. Les préjugés qui ont caricaturé le corps des chercheurs comme déconnectés des réalités de la société en opposition avec des écoles qui forment des étudiants à un environnement concret, ont peu à peu rompu le dialogue entre ces deux popu- lations. Les rapprocher, leur démontrer par l’exemple et la pratique que leurs travaux se complètent et s’enrichissent, faire admettre l’idée que la recherche permet d’anticiper et de produire des outils adaptés, même si un détour par la recherche est nécessaire : voilà les défis qui s’offriront à la recherche dans l’école du futur. Une recherche intégrée La recherche devra se positionner comme un pilier intégré à l’écosystème de l’école du futur. Son intégration se fera à différents niveaux. Intégréeauseindesonétablissement,elleneseraplusunecitadelleisolée.Ellesera en contact transversal avec les différentes composantes de l’école, corps profes- soral, intervenants, étudiants, étudiants à distance, fonctions pédagogiques pour favoriser les échanges et les collaborations. Le bouleversement majeur que va connaître l’école, organisation séculaire, et que nous décrivons depuis plusieurs chapitres, ne pourra pas se passer d’une recherche pour l’accompagner dans sa mutation sans précédent. De ce rapprochement, de bon sens et de bon augure, naîtront de nouvelles vocations et de nouveaux modes de travail. Elle devra ensuite être intégrée dans son environnement. Nous l’avons démontré et répété, l’école du futur sera placée sous le signe du grand retour de la pédagogie, et dans cette perspective, la création de savoir, de contenu, directement issu de la recherche, sera un enjeu majeur de cette géopolitique de l’enseignement que nous anticipons. D’où la nécessité d’engager une large part du corps professoral dans une démarche de recherche pour développer les capacités d’anticipation et d’adaptation d’une part, et d’autre part de production d’outils et résultats utili- sables par le corps professoral, les étudiants, les entreprises, etc. Enfin, elle devra être intégrée dans la société. La recherche doit réaffirmer la dimension quasi philosophique qui est la sienne. Dans une société où les indivi- Tableau 5 |La recherche dans l’école du futur 35
  • 39. dus en général, et nos étudiants en particulier, évoquent de plus en plus dans leurs aspirations une quête d’éthique et de sens, la recherche doit tenir son rang : aider à mieux comprendre un monde plus complexe, éclairer et apporter des pistes et des solutions pour une société meilleure. Une recherche à géométrie variable Dans l’école du futur, la recherche devra réconcilier différentes contraintes : travailler en réseau, s’intégrer dans une logique internationale, offrir une spécialisation de pointe, le tout sur des sujets en rapport avec son environne- ment. Autant en faire son deuil tout de suite : chaque école ne pourra pas s’offrir une recherche pertinente sur tous les sujets. La spécialisation, intelligente et perti- nente en fonction de chaque écosystème, assurera à moyen terme la pérennité d’unités de recherche ayant acquis la reconnaissance et l’expertise nécessaire pour rayonner sur la scène internationale. Internationale mais pas forcément globale ! La coopération entre chercheurs sera renforcée, ainsi que les échanges et copro- duction de travaux, mais une place plus importante sera réservée à une recherche adaptée au contexte local. La mise en réseau des équipes de recherche devient donc décisive : les méthodes utilisées en gestion de projet appuyées par la montée en puissance et en pertinence des systèmes d’information que nous avons étudiés dans le chapitre 3, accompagneront cette nouvelle organisation. Ainsi, en gagnant en souplesse, en flexibilité et en expertise, la recherche deviendra une pièce maîtresse dans l’école du futur. Conclusion La recherche est trop souvent perçue ou positionnée comme une entité “à part” au sein des écoles. A l’avenir, elle sera partout ! Tout d’abord parce que pour faire face aux immenses défis organisationnels auxquels elle va être confrontée, l’école du futur se doit d’explorer différentes trajectoires, différentes voies, et ne peut pas se priver des solutions que lui apporteront les chercheurs ! Ensuite, parce que le circuit de transfert entre recherche et application concrète sera raccourci par différents éléments : une intégration plus poussée de la recherche dans son écosystème, et une nouvelle organisation agile qui intègrera la recherche en mode projet dans une logique internationale. Résultat : la recherche s’intègrera de manière croissante dans l’enseignement pédagogique en constituant à la fois une discipline plus familière et un ballon d’oxygène pour assurer à chaque établissement la production de contenu péda- gogique de qualité et pertinent. Tableau 5 |La recherche dans l’école du futur 36
  • 40. Les valeurs de sens, d’éthique et de “care” étant aujourd’hui une priorité pour les étudiants, la recherche offre une excellente réponse pour résoudre la quadrature du cercle : s’améliorer, se dépasser et avoir un impact positif sur la société. ➔Une recherche qui aidera l’école du futur à faire sa révolution ➔Une recherche qui produira des solutions concrètes aux problématiques étudiées par les établissements ➔Une recherche qui sera un outil stratégique pour la crédibilité des établissements dans la nouvelle géopolitique de l’enseignement ➔Une recherche qui s’engagera pour améliorer la société ➔Une recherche transversale qui travaillera de manière intégrée dans un réseau international ➔Une recherche spécialisée sur les problématiques locales car il sera impossible d’être pertinent sur tous les sujets Tableau 5 |La recherche dans l’école du futur 37
  • 41. 38 Recruter dans l’école du futur sandra enlart entreprise et personnel L’école du futur est un sujet qui m’intéresse car il se situe au carrefour des deux derniers ouvrages que j’ai coécrit avec Olivier Charbonnier, “Faut-il encore apprendre ?» et “A quoi ressemblera le travail demain ?” De mes recherches et de mes rencontres autour de ces sujets, j’ai acquis un certain nombre de convictions. Principalement concernant la notion d’apprentissage : au-delà des 10 compétences clés pour 2020 définies par l’Institute for the Future de l’Université de Phoenix, nous pouvons identifier des tendances fortes. Les capacités cognitives, peu mises en avant dans les modes traditionnels d’apprentissage et d’enseignement vont acquérir leurs lettres de noblesse et se révéler de précieux atouts dans une école du futur étroitement associée aux nouvelles technologies qui stimulent la curiosité, l’intuition, la créativité. Le résultat pour les étudiants de l’école (et les travailleurs) du futur sera une plus grande flexibilité mentale et des capacités accrues pour trouver son chemin et s’adapter dans un environnement inconnu. Viendront ensuite un renforcement de l’utilité des connaissances de base. Il serait trop simpliste de penser que la masse d’information que constitue internet se suffit à elle-même. C’est oublier un peu trop vite qu’internet n’est qu’un outil, et que le plus perfectionné des outils n’est pas d’une grande utilité sans un bon mode d’emploi ! Mais quels sont les savoirs de base qui permettront aux élèves du futur d’être des chercheurs d’information éclairés ? A défaut de dresser une liste gravée dans le marbre, établissons plutôt quelques critères : les compétences fondamentales devront permettre de situer une information par rapport à une autre, ils s’apparentent plus à une carte mentale qu’à une succession de connaissances. Ils doivent transcender les disciplines et permettre de tisser des liens entre économie et histoire, politique et mathématiques, littérature et géographie. Tableau 6
  • 42. 39 Autre changement de paradigme, l’école du futur devra accompagner ses étudiants dans le passage d’une logique de compétences collectives à une logique de savoir-être en réseau. C’est déjà une difficulté aujourd’hui pour de nombreuses entreprises : la collaboration ne se décrète pas. Il faut donc fournir aux étudiants les clés pour tendre vers un fonctionnement collaboratif (travailler ensemble) puis coopératif (faire œuvre commune). Mais pour faire œuvre commune, il faut plus que des savoirs ! C’est à la fois une culture, un rapport au travail, des enjeux personnels et psychologiques. La pédagogie devra donc jouer un rôle de socle commun pour tendre vers cet objectif. L’immersion des jeunes générations dans les réseaux, sociaux notamment, seront un plus. Ils leur permettront de comprendre plus rapidement que le savoir-être en réseau consiste principalement à gérer la distance relationnelle qui rend efficace à court ou moyen terme une compétence collective. Enfin, et c’est peut-être le plus important : réapprendre régulièrement à penser ! Compte tenu du rythme soutenu auquel se succèdent les innovations et la créativité, il faudra trouver les moyens intellectuels et collectifs de se redonner du souffle et de l’intelligence à un rythme régulier au risque de se retrouver rapidement dépassé. En conclusion, je pense qu’il est important de prendre conscience que pour la première fois, travail et enseignement sont traversés par un même phénomène qui ébranle leurs schémas traditionnels : la technologie. Si les esprits chagrins peuvent y voir un risque de perte de repère, je propose de considérer cela comme une opportunité, celle de réinventer dans un même mouvement les codes et fondements du monde du travail et de l’école du futur pour aligner deux univers qui ont tant à s’apporter mutuellement ! Sandra Enlart Directrice Générale Entreprise et Personnel Auteure “à quoi ressemblera le travail demain ?”
  • 43. NOTRE CONSTAT L’école du futur devra se focaliser sur sa mission première  : fournir à ses étudiants un savoir qui leur permet de trouver leur voie et un métier. C’est aussi simple que cela. Pour y parvenir, plusieurs facteurs devront être réunis. Tout d’abord, il sera décisif de proposer un contenu pédagogique plus réactif et toujours plus proche de la réalité de l’entreprise. A cet effet, elle pourra recourir à des serious games immersifs et favoriser l’entrée de l’entreprise dans l’école par des modules assurés exclusivement par des intervenants issus du monde profes- sionnel. Mais il faudra également gommer les frontières entre école et entreprise par un recours plus massif encore à l’apprentissage dont on observe déjà qu’il résout à lui seul deux problèmes majeurs : le financement des études et l’insertion professionnelle. En évitant un choc de culture et un changement de rythme trop abrupt entre école et entreprise, nous créerons alors des conditions idéales pour la réussite de la transition élève / professionnel. Autre spécificité de l’école du futur, le jeune professionnel qui quitte son établisse- ment ne dira plus adieu aux bancs de son amphithéâtre : il leur dira simplement au revoir. Les compétences requises en entreprise évoluent avec une telle dyna- mique que l’apprentissage tout au long de la vie et le retour sur les bancs de l’école seront une nécessité d’où le besoin d’échanges accrus entre école et employeur. Apprendre un métier L’école du futur, nous l’avons déjà évoqué, ne transmettra plus un corpus de connaissances théoriques : elle enseignera un métier à travers l’acquisition de compétences. Au-delà de la nécessaire transformation de la culture pédagogique que nous avons principalement abordée dans les chapitres 1 et 2, cette nouvelle donne aura un impact direct sur la structure et les méthodes des enseignements. L’apprentissage d’un métier n’est pas condamné à demeurer une tâche fasti- dieuse et volontairement éloignée de la réalité du terrain. L’avènement et le succès fulgurant des serious games est à ce titre symptoma- tique : plutôt que de s’insurger contre le temps passé par notre jeunesse sur des jeux vidéos, proposons lui des cours aussi réalistes que possible qui utilisent les codes de l’univers des “gamers”. Au-delà de l’aspect ludique, l’immersion dans un univers aussi proche que possible de l’environnement réel facilite à la fois l’apprentissage et l’insertion de l’élève dans ses futures fonctions. Ils seront donc une piste à développer fortement, d’autant que de jeunes entreprises françaises spécialisées dans ce secteur sont à la pointe de l’innovation. Autre aspect à développer, pour poursuivre la logique de segmentation des personnels de l’école : la généralisation du recours à des intervenants profession- nelspourassurerlescertificatsetautremodulesspécialisants,encomplémentdes professeurs et responsables de TD . Plusieurs effets bénéfiques pour cette mesure : Tableau 6 |Recruter dans l’école du futur 40
  • 44. crédibiliser lecontenuenseigné,créer descontactsentrelesétudiantsd’unefilière et les professionnels déjà en poste et par conséquent limiter les erreurs d’aiguil- lages que nous observons chaque année, lorsque des étudiants découvrent un monde du travail trop éloigné des enseignements théoriques qu’ils ont reçus. Gérer une carrière Une carrière dans l’école du futur débutera par une période d’apprentissage en alternanceentreentrepriseetthéorie.Ellesepoursuivrapardesallers-retours sur les bancs de l’école pour des mises à niveau ou des nouvelles orientations de carrière. La notion de carrière elle aussi va complètement être modifiée. Nous l’avions déjà évoqué dans notre ouvrage sur la formation des dirigeants paru en 2012 : la carrière linéaire mono employeur de nos aïeux appartient déjà au passé. La prochaine étape est écrite d’avance : la carrière non linéaire à employeur multiple. Autrement dit, nos étudiants changeront d’employeurs ET de métiers plusieurs fois au cours de leur vie professionnelle, avec parfois (de plus en plus, souhaitons- le) des parenthèses entrepreneuriales. Pour permettre cette souplesse, et cette richesse dans la carrière d’un individu, nous en revenons inévitablement à la nécessité de recentrer le contenu pédagogique de l’école du futur sur des compé- tences plutôt que sur des contenus théoriques qui peuvent trop rapidement se passer de mode ou de pertinence. Mais pour s’adapter à l’évolution des métiers et des marchés, un retour régulier sur les bancs de son école ne sera plus l’exception mais la norme. Cette mise/ remise à niveau pourra se faire à l’initiative de deux demandeurs : le profession- nelquisouhaiteréorientersacarrièreoumusclersescompétences,oul’employeur qui veut maintenir ses collaborateurs aux meilleurs standards et adapter leurs compétences à de nouveaux besoins. A ce titre, l’école du futur deviendra le point de repère dans la carrière de ses élèves, adaptée pour faciliter son insertion professionnelle, capable de l’alerter sur les nouveaux métiers et les nouvelles compétences, et lui offrant des cursus de mise à niveau pour garantir sa pertinence et lui offrir de nouvelles perspectives. Conclusion De nos jours, la frontière entre école et monde professionnel, même si elle tend à se perméabiliser, reste trop marquée. Mais surtout, une fois quittés les rivages de son école, l’étudiant devenu professionnel a peu de chance de se voir offrir une nouvelle occasion de venir s’installer sur les bancs d’un amphithéâtre. Pour mieux recruter, dans l’école du futur, l’entreprise devra renforcer les liens avec la salle de cours en soumettant des cas pratiques et en participant à la créa- tion de serious games, en proposant à ses collaborateurs de venir dans les écoles Tableau 6 |Recruter dans l’école du futur 41
  • 45. dispenser certains cours et partager leur expérience. Sur un plan plus formel, le développement de l’apprentissage pour faciliter à la fois le financement des études et la réussite de l’insertion professionnelle des jeunes diplômés reste un levier puissant à développer davantage. Enfin, un véritable travail de collaboration pour la mise en place d’un parcours de formation tout au long de la vie des étudiants/collaborateurs sera indispen- sable pour accompagner des individus qui ne se satisferont plus d’une carrière linéaire mais désireront renforcer leurs compétences ou changer d’orientation. ➔Augmenter les échanges entre école et entreprise pourrendre les contenus pédagogiques plus pertinents ➔Innover en généralisant les serious games ➔Favoriser l’intervention de professionnels pour animer certains cours ➔Accentuer le recours à l’apprentissage pour faciliter le financement des études et l’insertion professionnelle ➔Rapprocher entreprises et école pour élaborer un véritable parcours de formation “tout au long de la vie” qui permette une remise à niveau ou une réorientation des collaborateurs. Tableau 6 |Recruter dans l’école du futur 42
  • 46. Travail collaboratif Travail collaboratif Travail collaboratif Gamification Cartable numérique Mooc Mooc Podcast Podcast Individualisation Personnal learning environment Assessment center Learning outcomes Certification e-learning Learning by doing Learning by doing m-learning m-learning Applis éducatives TABLETTES Services Serious game e-portfolio Social learning Classe inversée Classe inversée 43
  • 47. 44 Le mot de la fin Flore vasseur Ces dernières années, les efforts fournis par les écoles de commerce pour conserver ou gagner des places dans les classements les ont conduites à se détourner de leur utilité première. Nous en sommes arrivés à une situation problématique où l’on observe un décalage entre l’adéquation et l’anticipation des besoins entre l’offre (l’école) et la demande (l’élève et l’entreprise). Mais la correction est proche, et elle se fera de manière plus disruptive : l’enseignement est l’un des derniers secteurs à ne pas avoir vécu sa “révolution internet”, les tentatives de e-learning se résumant jusqu’ici à des cours traditionnels en version “zéro papier”. L’émergence des plateformes de cours en ligne de type MOOCs comme Coursera par exemple, va révolutionner l’enseignement sur un plan pédagogique mais aussi sur un plan économique. Les écoles et universités vont devoir repenser en profondeur leur modèle pour pouvoir continuer à justifier des frais de scolarités élevés tout en fournissant des cours dont la qualité pédagogique ne sera pas toujours supérieure à ceux mis en ligne gratuitement par Harvard, voire, à terme, par eux-mêmes…
  • 48. 45 De mon point de vue, la notion même de CV va être revisitée. Les cours théoriques seront “piochés” par les étudiants parmi l’offre gratuite pléthorique financée par de la publicité déguisée pendant que l’école du futur devra apporter autre chose pour se différencier : enseigner en face à face ce que l’on ne peut pas découvrir seul devant son ordinateur. L’expérimentation, les travaux de groupe, la pensée systémique. On assistera progressivement à un phénomène de “flip education” où la théorie s’apprendra à domicile tandis que le temps de présence en classe sera consacré aux applications, à la stimulation, au travail et à la réflexion en groupe. Comme tout changement de paradigme, il suscite des réactions anxiogènes. Se remettre en question, se réinventer, suscite toujours ce type de comportement tout à fait humain. Mais ce qui m’interpelle, (et m’inquiète), à titre personnel, c’est la forme de déni de ce mouvement, qui est en marche qu’on le veuille ou non, au sein des grandes écoles françaises. C’est en tout cas à ce type de réactions que j’ai été confrontée lorsque j’ai approché les fleurons de notre système éducatif au sujet des plateformes MOOC. Ce que nous devons comprendre pour bâtir l’école du futur, c’est que cette révolution se fera avec ou sans nous. Voulons- nous la subir ? Ou y participer pour y faire entendre nos voix ? Flore Vasseur Romancière, journaliste et entrepreneur
  • 49. 46 L’école du futur, dessinée par… Jean-François Fiorina, Directeur adjoint Grenoble Ecole de Management conclusion
  • 50. à l’heure de clôturer ce livre blanc, quelles sont les conclusions de ce travail pour moi, Directeur d’une Grande Ecole de Management ? Les enseignements que nous pouvons tirer de ce travail de prospective et de nos nombreux échanges avec des experts, dirigeants et personnalités passionnés ou impactés par la thématique de l’école du futur peuvent être répartis autour de quatre axes forts. Quelle est la mission de mon école ? Dans l’école du futur - beaucoup plus encore que dans celle d’au- jourd’hui - il sera nécessaire que les établissements accordent beau- coup de temps et de travail à la définition claire de leur mission. Après avoir défini cette mission, ils devront évaluer leur impact sur leurs différentes communautés. En résumé : à quoi je sers ? Ma mission est-elle de former des étudiants sur un savoir faire de niche pour un secteur d’activité défini par mon ancrage terri- torial ? Ai-je l’ambition de me positionner comme un établisse- ment d’excellence à l’échelle internationale ? Ou comme un acteur reconnu pour sa pédagogie innovante qui permet au plus grand nombre d’accéder à un niveau de diplôme satisfaisant ? De la réponse à ces questions devra découler un plan de dévelop- pement cohérent sous peine d’être immédiatement sanctionné par un marché de l’enseignement supérieur très structuré. Pour valider ce plan de développement et assurer des garanties aux étudiants, à leurs familles, aux entreprises etc, un système “d’assurance qualité” sera indispensable. Qu’il se nomme EQUIS, AACSB, AMBA ou qu’il soit un label à inventer, le certificat qualité sera le référentiel qui permettra à chacun de trier l’offre pléthorique de formations pour sélectionner l’établissement de ses rêves et surtout, une garantie que le “service” proposé est conforme à ce qui était promis ! 47
  • 51. Le grand retour de la pédagogie C’est la conclusion forte de notre travail, et que nous avons retrou- vée à notre grand plaisir dans les témoignages de nos experts ! Après avoir tour à tour standardisé cette discipline au nom de l’égalitarisme, puis l’avoir enterrée au nom du progrès techno- logique, l’école du futur, nous l’avons démontré, sera le terrain de jeu et d’expérimentations en tout genre des pédagogues. Tout simplement parce que la pédagogie sera la principale plus-value des établissements. Dans un enseignement du futur où s’affronte- ront des géants mondiaux qui diffuseront gratuitement leurs cours, la seule ressource pour attirer des étudiants et les convaincre de confier leur formation à une école sera la pédagogie. La stimulation de l’étudiant Le dispositif existant en matière d’enseignement (compléter les cours magistraux en amphi par des travaux dirigés et de groupe) va sérieusement être ébranlé dans l’école du futur. Pour attirer et conserver les étudiants, mais surtout pour leur offrir une meil- leure formation qui maximisera leur chance de pénétrer avec succès sur le marché du travail, l’école du futur va multiplier les occasions d’apprentissage. Cette multipédagogie, innovante et stimulante, devra varier les situations, les formats, les occasions, les méthodes d’évaluation. Avantage pour l’école : une manière de challenger en permanence ses étudiants pour les rendre agiles. Pour les étudiants  : une pédagogie personnalisée qui permet à chacun d’exprimer ses atouts dans des registres différents. Pour l’entreprise, des futurs collaborateurs plus aptes à s’adapter aux situations multiples auxquelles ils seront confrontés. 48
  • 52. La technologie comme moyen et non comme fin Le raccourci est évident mais il est malheureusement erroné. L’école du futur ne sera pas une tablette. Mais la tablette sera l’une des facettes de l’école du futur. La technologie sera un outil puis- sant au service de l’école du futur, mais pas la finalité, de la même manière que vous ne payez pas votre abonnement téléphonique pour avoir un smartphone mais pour échanger des informations ! La chance de l’école du futur réside dans la synchronisation de maturité d’un écosystème de technologies qui vont lui permettre d’atteindre ses véritables objectifs  : personnaliser ses enseigne- ments et sa pédagogie pour atteindre la mission qu’elle se sera fixée. 49
  • 53. 50 Quelles seront les conséquences concrètes de ces enseignements pour mon établissement ? 1) La réorganisation des flux de l’école Nous devrons aménager notre école et gérer la circulation des flux avec davantage de précision. Avec la multiplicité des parcours, une école ne sera plus un lieu qui alternera les temps forts d’activité et les temps morts. L’usage des lieux (salles de social learning, amphis, salles de groupes, etc.) devra être optimisé. Il faut alors repenser à la fois les espaces pour offrir à chaque temps fort de l’enseignement un cadre adapté (échanges, interaction, théorie, distance, multimé- dia, etc.) et gérer la multiplication des flux à l’intérieur et entre ces espaces. 2) Le rôle critique des systèmes d’information et le basculement dans l’ère du big data Les SI seront au cœur du dispositif. Corps enseignant, étudiants, fonctions supports et direction de l’école seront dépendants de la qualité, la pertinence et la rapidité à laquelle ils peuvent obtenir l’information qui les concerne. 3) Les fonctions supports au service de la pédagogie Pas d’école du futur sans grande pédagogie. Pas de grande pédago- gie sans personnalisation, pas de personnalisation sans des services pédagogiques et supports qui gagnent en expertise pour gérer des flux et des cas particuliers plus complexes. La mutation vers l’or- ganisation de l’école du futur s’appuiera sur un travail d’équipe renforcé.
  • 54. 51 4) La production et la valorisation de contenu seront des phases critiques Lesmétiersdelacommunicationpoursedistingueretfaireconnaître les spécificités de chaque école seront également des enjeux clés. 5) L’école du futur ne pourra pas tout faire Instant de lucidité, constat de faiblesse ? Non, agilité ! Nous ne pourrons pas être des experts dans tous les domaines. La réussite sera donc collective et passera par la capacité des écoles à s’entourer d’un écosystème de partenaires fiables, capables de l’assister dans tous les domaines qui s’éloigneront de son cœur de compétence : la pédagogie ! L’école du futur sera donc une communauté de profes- sionnels et d’experts au service de l’étudiant. Quoi qu’il en soit, l’école du futur ne pourra fonctionner que si les établissements préparent et accompagnent les professeurs à ces évolutions et apprennent à apprendre aux étudiants. Jean-François Fiorina Directeur adjoint Grenoble Ecole de Management Directeur de l’ESC Grenoble