1. ‘‘ Notre ambition est toujours
d’attirer les meilleurs étudiants et
professeurs du monde. Pour cela,
nous devons constamment innover
dans les programmes et les méthodes
d’enseignement que nous proposons. ”
L’ESCP est considérée comme la doyenne mondiale des
écoles de commerce. Elle forme les leaders de demain.
Aujourd’hui, on évalue à 68 000 le nombre d’anciens
étudiants. Rencontre avec le directeur de l’ESCP Business
School, Campus de Paris, le professeur Andreas Kaplan.
Analyse sectorielle
Recherche : l’excellence à la française
Pouvez-vous me présenter
l’école ?
L’ESCP est la plus ancienne école de
commerce au monde. C’est elle qui
a inventé le concept de « business
school ». Créée en 1819 pendant la
période de la révolution industrielle,
elle répond à un besoin de former
les managers de demain. Depuis,
cette école connue dans le monde
entier s’est développée en dehors de
la France puisqu’il existe désormais
six campus: Paris, Berlin, Londres,
Madrid, Turin et Varsovie.
Quelle est la spécificité
de cette école ?
Notre ADN ? Nous sommes une
école européenne. Tous nos étu-
diants doivent obligatoirement
étudier dans deux voire trois cam-
pus différents. Nous avons pour
ambition de former les managers
européens de demain. Pour cela, il
est impératif que nos étudiants aient
une approche interculturelle du
management.
Comment conjuguez-vous
l’excellence à la française
avec votre positionnement
européen ?
Chaque campus est basé sur le même
modèle tout en tenant compte de l’ensei-
gnement local, des spécificités et des par-
ticularités de chaque pays. Par exemple,
à Paris, nous collaborons avec les écoles
françaises comme CentraleSupélec,
Ferrandi, l’Institut Français de la Mode
ou Mines Paristech. Nous sommes égale-
ment membres fondateurs de Sorbonne
Alliance, avec Paris I et Paris III.
Quelle signification a pour
vous ce positionnement
européen et en quoi cela rend
votre école différente ?
C’est un positionnement unique. Nous
sommes les seuls à proposer ce type
d’enseignement ouvert sur l’Europe.
En tant qu’Européen convaincu, et al-
ternant moi-même entre l’Allemagne et
la France, c’est selon moi cette rotation
et l’immersion dans chaque pays qui
font notre force et notre côté unique.
Quels sont les enjeux pour
une grande école comme
celle-là qui représente
l’excellence à la française ?
Notre principal enjeu est de continuer
à figurer parmi les premières écoles de
commerce mondiales (la concurrence
est chaque année plus rude !) en étant
une référence en tant qu’école de
commerce européenne ouverte sur le
monde. Notre ambition est toujours
d’attirer les meilleurs étudiants et
professeurs du monde. Pour cela, nous
devons constamment innover dans les
programmes et les méthodes d’ensei-
gnement que nous proposons.
Quelques exemples :
• Nous avons mis en place un serious
game sur l’interculturel dans lequel les
étudiants doivent prendre des décisions
dans un contexte culturel donné.
• Nous organisons chaque année aussi
un rassemblement de tous les étudiants
à Bruxelles, au Parlement européen.
Pendant trois jours, les étudiants
participent à un jeu de simulation dans
l’hémicycle pour comprendre comment
sont prises les décisions pour l’Union
Européenne.
• Enfin, grâce à l’initiative de l’un de nos
anciens, Alexandre Lederman, nous
avons notre CEO Studio, un cours électif
mélangeant pratique et théorie en
faisant intervenir chaque semaine un
PDG différent (CAC 40 inclus).
Quels sont les projets
pour l’ESCP ?
À court terme, nous avons pour défi
d’adapter les contenus des cours en
proposant des formats adaptés à
l’apprentissage en ligne. Nous avons
également pour projet de rénover
tous nos campus d’ici à 5 ans, afin
qu’ils soient à la fois écoresponsables
et adaptés aux services numériques
que nous souhaitons mettre en place
pour les étudiants. À plus long terme,
nous travaillerons encore plus la
notion de communauté autour de
l’ESCP. Nous continuerons à innover
dans les contenus et à fidéliser nos
étudiants pour faire face à la concur-
rence accrue de nouveaux acteurs qui
arrivent sur le marché de l’enseigne-
ment supérieur. Le lifelong learning
nous permettra de nous distinguer
en fédérant notre communauté.
Comment vous positionnez-vous
par rapport à l’international ?
Établissez-vous des partenariats
avec d’autres établissements
d’enseignement et de recherche ?
Nous avons des partenariats avec les
meilleures institutions dans 150 pays
dans le monde (Canada, Chine, Etats-
Unis, Inde, etc.). Nous proposons
d’ailleurs des échanges ou des doubles
diplômes avec ces institutions : Cornell,
IIM Ahmedabad, Shanghai Jiao-Tong,
le MIT, etc.
Entretenez-vous des liens
avec l’ENA ?
À titre personnel, en tant qu’ancien
de l’ENA et de l’ESCP, je suis ravi
de voir qu’un nombre significatif de
diplômés ESCP tentent – et réus-
sissent – le concours de l’ENA : nous
avons besoin de double profils qui
connaissent à la fois l’entreprise et la
haute fonction publique. Avec l’ENA,
nous avons déjà travaillé ensemble,
notamment pour l’organisation des
premiers séminaires à Bruxelles.
L’ENA nous a accompagnés pour
nous rapprocher du Parlement
européen. Et actuellement, les deux
écoles travaillent sur un programme
commun à la rentrée 2022.
LA FORMATION DES LEADERS EUROPÉENS DE DEMAIN
/ Décembre 2021 / n°510
/ Décembre 2021 / n°510
EN BREF
8 000 étudiants de 150
nationalités, tous campus
confondus
170 professeurs
68 000 anciens étudiants
6 campus en Europe
Andreas Kaplan,
ancien élève de l’ESCP et de
l’ENA (promotion République),
a plus de dix ans d’expérience
en leadership dans le secteur
de l’enseignement supérieur.
Recteur et directeur de l’ESCP
à Berlin et à Paris, ainsi que
directeur des affaires acadé-
miques, le professeur Kaplan
a été responsable d’environ
6 000 étudiants sur les six cam-
pus de l’établissement à travers
l’Europe. Reconnu comme l’un
des chercheurs les plus cités
et les plus influents au monde,
ses travaux ont été publiés
par des maisons d’édition telles
que Harvard Business ou
Cambridge University Publi-
shing.