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L’Institut de recherches scientifiques et industrielles Jacquemin
de Malzéville, près de Nancy.
Ses produits phytosanitaires et parapharmaceutiques
Pierre Labrude*
La fin du XIXe
siècle est marquée par la recherche et la réalisation d’applications industrielles
des découvertes scientifiques. Dans le domaine de la brasserie, très important en Lorraine, et
dans celui de l’œnologie, la viticulture étant très largement présente dans notre pays et dans la
région, Toul en particulier, mais aussi les communes entourant Nancy, les découvertes de
Pasteur ouvrent la voie à une meilleure connaissance des procédés et à la capacité à les orienter
et à les contrôler. Par ailleurs et en même temps, les relations entre les scientifiques et les
industriels sont nombreuses et importantes, et elles vont être très fructueuses pour l’université.
Pasteur s’intéresse au vin et à la bière. En 1874 et 1875, il entreprend avec deux de ses
collaborateurs des recherches à la Brasserie Tourtel de Tantonville, bourgade située à une
trentaine de kilomètres de Nancy, en direction de la colline de Sion, chère à Maurice Barrès, et
de Mirecourt, célèbre par la lutherie. La brasserie y occupe environ six hectares et emploie près
de deux cents personnes. C’est là qu’il poursuit le plus longtemps ses expériences. Il reste en
relation avec cette entreprise et cette famille à laquelle il écrit encore en 18921
, époque de la
création des instituts qui nous intéressent dans ce travail. Pour sa part, l’Institut Pasteur crée en
1888 un service des fermentations comportant un laboratoire spécial de brasserie2
.
Après quelques mots sur l’université, nous allons envisager successivement la biographie
succincte de Georges Jacquemin, le fondateur de cet institut, quelques éléments sur l’Institut
La Claire de Morteau qui précéda l’institut lorrain, ensuite la création et les productions de
l’entreprise, en particulier le Ferment Jacquemin, considéré comme un médicament et vendu
en pharmacie, les autres productions de l’institut, les bâtiments et les installations, ce qu’il
advint après la disparition de Georges Jacquemin en 1925, puis les récompenses que reçut et
les publications qu’effectua l’institut, enfin le contexte de la disparition de l’entreprise.
Le développement de l’université de Nancy après 1872
A Nancy, après 1872 et l’arrivée de professeurs, d’étudiants et d’élèves des anciennes facultés
et écoles de l’université de Strasbourg, sans oublier nombre de familles, de commerçants et
d’industriels venus d’Alsace et de Moselle annexées, la ville dispose d’une université complète,
la plus importante de l’est de la France, et dans laquelle des instituts dépendant de la faculté des
sciences vont être créés. Un Alsacien qui deviendra un grand chimiste, Albin Haller, fait partie
de la première promotion des diplômés de l’école supérieure de pharmacie de Nancy en 18733
.
Devenu professeur de chimie à la faculté des sciences, il crée l’Institut chimique qui ouvre ses
portes en 1890 et connaît rapidement une grande extension4
.
Le doyen de la faculté des sciences, le professeur Bichat, se propose de généraliser aux autres
branches de l’industrie représentées dans notre région ce qui a été réalisé dans le domaine de la
chimie. Il s’occupe tout d’abord de l’industrie de la bière et obtient peu à peu les soutiens, les
collaborations et les subventions nécessaires à la création d’un laboratoire de brasserie. Celui-
ci s’installe dans les locaux de l’institut de chimie et inaugure ses activités le 1er
janvier 1893,
mais son développement est tel qu’il se transforme dès la fin de l’année en une école
indépendante, l’Ecole de brasserie5
, dirigée par le professeur Paul Petit. Le nouveau directeur
est un Lorrain puisqu’il est né à Lucey, l’un des villages des côtes de Toul. Normalien, il est
sous-directeur de laboratoire au Collège de France aux côtés du professeur Berthelot au moment
où, en 1889, il vient à Nancy en tant que chargé de cours de chimie agricole à la faculté des
sciences. En 1893, au départ du professeur Grandeau, il estnommé titulaire de la chaire6
. C’est
un proche d’Albin Haller.
Les professeurs de l’université de Nancy ne se préoccupent pas que de recherches
fondamentales. Ils sont aussi très intéressés par la recherche appliquée. L’école supérieure de
pharmacie, arrivée à Nancy en 1872, participe activement à cet effort7
. Le père de Georges
Jacquemin (figure 1) dont il va être question tout au long de ce travail, Eugène Théodore
Jacquemin (figure 2), professeur de chimie dans cette école, prend part dès 1876, avec plusieurs
personnalités scientifiques, à des expériences de maltage pneumatique dans les brasseries de
Maxéville8
.
A ce moment, la vigne est très présente en Lorraine, tout comme elle l’est, depuis très
longtemps, à Malzéville. Dès les premières pages de son ouvrage Nancy-le-Duc, essor d’une
capitale princière dans les deux derniers siècles du Moyen Age, M. Fray cite les vignobles des
villages entourant Nancy, parmi lesquels ceux de Malzéville9
. Au XIXe
siècle, le vignoble
lorrain est prospère et la crise du phylloxéra ne l’atteint qu’en toute fin du siècle10
. La vigne est
ainsi toujours très présente dans nos mémoires comme l’a rappelé le professeur Jean-Pierre
Husson, qui cite tous les noms des banlieues nancéiennes où la vigne a existé11
. Des noms de
rues le rappellent ici et là. En décrivant l’histoire de Malzéville, M. Beck a consacré des parties
de son travail à la vigne et aux vendanges, et il n’a pas oublié d’évoquer l’Institut Jacquemin12
.
Des vignes existaient encore récemment à Malzéville, qui possédait sa Côte rotie. C’est dans
ce riche et actif contexte national et lorrain que vont naître et se développer les activités et les
productions de Georges Jacquemin.
Les débuts de Georges Jacquemin
Figure 1 : Georges Jacquemin (extrait des Etrennes nancéiennes, 1905, original de qualité
médiocre, collection P. Labrude).
C’est en 1894 que Georges Jacquemin fonde l’Institut de recherches scientifiques et
industrielles qui porte aussi son nom : Institut Jacquemin. Né le 3 décembre 1862 à Strasbourg,
il suit à Nancy ses parents qui ont quitté l’Alsace annexée. Son père Eugène Théodore est
professeur de chimie à l’école supérieure de pharmacie de Nancy après l’avoir été à Strasbourg
lorsque la chaire de chimie a été recréée par le décret du 11 avril 187013
. Il est aussi le directeur
de la Station agronomique d’Alsace à partir d’avril 1864, puis le chargé du cours de chimie
agricole de la faculté des sciences de Strasbourg à partir de juillet 186914
. Ceci a sans doute son
importance dans l’orientation professionnelle de son fils, d’autant plus qu’au cours de sa
carrière, le professeur Jacquemin s’est beaucoup intéressé à la chimie alimentaire, et entre
autres aux vins et aux colorants comme la fuchsine, qui peuvent y être ajoutés15
, ainsi qu’à la
fabrication d’engrais. Georges Jacquemin entend certainement parler de tout cela à la maison,
puis à l’école de pharmacie à Nancy lorsqu’il y est élève.
Figure 2 : le professeur Eugène Jacquemin (faculté de pharmacie de Nancy, photographie P.
Labrude).
Bachelier ès-sciences le 28 mars 1882, il suit les traces de son père et de son grand-père,
pharmacien à Schirmeck16
, commune qui appartenait au département des Vosges avant
l’Annexion. Il devient donc élève à l’école supérieure de pharmacie de Nancy (figure 3). Après
son stage officinal et l’examen de validation où il est reçu le 1er
novembre 1884 avec la mention
bien, ses études commencent et se poursuivent dans de très bonnes conditions : une mention
très bien à l’examen de fin de 1e
année le 6 novembre 1885, une mention bien en 2e
année le 3
novembre 1886 ainsi qu’à l’examen semestriel du 1er
avril 1887. Mais, s’il mérite la mention
assez bien au 1er
examen de fin d’études le 8 novembre 1887, il est ajourné au second le 17 avril
1888…17
. Il ne se présente pas aux sessions suivantes et abandonne les études et la carrière
pharmaceutique ! L’aurait-il fait sans cet échec ? Ou cet échec était-il souhaité parce qu’il
n’avait plus envie de devenir pharmacien et qu’il avait d’autres perspectives comme nous allons
l’observer ? Nous l’ignorons.
Figure 3 : l’école supérieure de pharmacie de Nancy (carte postale, collection P. Labrude).
En effet, en 1884, Georges Jacquemin a été nommé préparateur (on dirait aujourd’hui assistant)
à l’école, et cette situation lui a permis de fréquenter les laboratoires et de disposer de moyens
d’expérimentation. Il s’adonne d’abord à la chimie et rédige ses premières publications. Trois
mémoires de chimie paraissent dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences et il est
admis à la Société chimique de Paris18
. Toutefois, dès août 1886, il délaisse la chimie pour se
consacrer à la microbiologie - la science illustrée par Pasteur… - et, sur les conseils de son père,
il commence à s’intéresser aux levures, en particulier aux levures de vin et à leurs applications
pour l’amélioration des boissons fermentées, ainsi qu’il l’écrit en 1900 dans son livre Les
Fermentations rationnelles19
. Pasteur et Jacquemin s’étaient rencontrés à Strasbourg quand
Pasteur y était professeur, et, dans la notice nécrologique du professeur Jacquemin en 191020
,
on peut lire cette phrase : Ancien collaborateur à Strasbourg de Pasteur, (il) portait son
attention sur les applications des belles théories microbiologiques.
Au début de l’année 1888, Georges Jacquemin reprend les travaux d’Emile Duclaux21
sur la
« levure de Champagne » et il écrit22
: le goût, la qualité du vin dépendent certainement pour
une grande part de la nature spéciale des levures qui s’y développent pendant la fermentation
de la vendange. Il travaille d’abord sur Saccharomyces ellipsoïdeus et, à propos de la
fermentation due à l’intervention de cette levure, il indique : si on soumettait un même moût de
raisin à l’action de levures distinctes, on en retirerait des vins de diverses natures. Cette levure
lui permet de préparer un vin d’orge au sujet duquel il dépose un brevet le 25 juin 1887 et qui,
soumis à des experts et dégustateurs, lui permet de préciser : les vins d’orge produits sous
l’influence des champignons propres aux raisins de Riquewihr, de Chablis, de Beaune,
possédaient le bouquet caractéristique de ces crus au point que les dégustateurs s’y sont
trompés et ont pris, par exemple, le vin d’orge pour du chablis, et cela à Chablis même.
Ce travail sur le vin d’orge est présenté à l’Académie des sciences par Berthelot23
à la séance
du 5 mars 1888 et, à son sujet, Pasteur écrit au professeur Jacquemin le 2 mars : Je lirai ce
travail avec grand intérêt. La voie où se trouve M. votre fils est très féconde24
. Ce vin fait aussi
l’objet d’une communication à l’Académie de médecine où le mémoire est lu par le professeur
Chatin25
le 29 mai, et il reçoit l’appui et les éloges de Pasteur. Plusieurs publications lui sont
ensuite consacrées. Georges Jacquemin reçoit cette même année la médaille d’or de la Société
des agriculteurs de France et, l’année suivante, une médaille d’argent à l’Exposition
internationale d’hygiène de Cologne et une de bronze à l’Exposition internationale de Paris.
Le vin d’orge, qui est une boisson saine, nourrissante comme la bière, stimulante comme le vin,
pourrait devenir, vu son bas prix, le vin des classes peu aisées26
. Mais se pose le problème de
la place que l’administration peut donner à cette boisson, et surtout de sa taxation : est-ce du
vin ou de la bière ? Faute d’une réponse satisfaisante, le vin d’orge ne sera pas commercialisé…
A partir de la fin de cette année 1888, Jacquemin commence ses expérimentations sur des
levures sélectionnées et améliorées, en collaboration avec des viticulteurs de la région, en
particulier Quénot, de Jarville, à qui il fournit ses levures de Chablis et de Riquewihr qui lui
permettent d’obtenir des vins possédant un bouquet subtil et généreux, digne des plus grands
crus, les vins blancs de Chablis et d’Alsace, et Lamy27
, viticulteur à Vic-sur-Seille, en Lorraine
annexée. Plusieurs autres viticulteurs des diverses régions viticoles de notre pays procèdent à
des essais dont les résultats satisfaisants obtenus en 1891 sont exposés par Jacquemin dans la
revue L’Union pharmaceutique l’année suivante28
.
Le professeur Jacquemin est admis à la retraite en 1895 et il s’installe à Malzéville, où son fils
a créé, l’année précédente, un laboratoire de recherches scientifiques appliquées à l’agriculture
et à l’industrie. Ils font édifier les bâtiments et organisent les laboratoires qui vont constituer
l’Institut de recherches scientifiques et industrielles Jacquemin. Ce nom correspond bien à la
destination de l’établissement dans le contexte de l’époque. Auparavant Georges Jacquemin,
chercheur entreprenant, était devenu en 1891 le directeur scientifique de l’Institut La Claire,
une entreprise dévolue à des activités similaires aux siennes, la culture de levures de vins, située
près de Morteau, dans le Doubs29
.
L’Institut La Claire, une entreprise que nous connaissons mal…
Mais tout n’est pas clair dans cette création. En effet, en 1892, Georges Jacquemin écrit dans le
numéro précité de la revue L’Union pharmaceutique : Pour rendre l’emploi des levures pures
actives pratique en viticulture, je suis arrivé à la création de l’Institut La Claire, non loin du
Locle, près de Morteau (Doubs)30
. Est-il alors seulement le directeur scientifique de
l’établissement ou en même temps son créateur ou un actionnaire ? Il indique que
l’emplacement lui a été proposé par le pharmacien et chimiste suisse James Burmann (ou
Burmanne) dans une propriété qui lui appartient. L’institut est situé en Suisse, à mille mètres
d’altitude dans un endroit où l’air et l’eau sont très purs. Une photographie du site et du bâtiment
est connue. Elle montre un bâtiment imposant avec des dépendances et précise l’altitude, qui a
donc toute son importance. Toutefois, une autre source31
indique que l’établissement a été fondé
par Burmann lui-même, qui loue les locaux à la société Burmann et Cie à partir du 23 mars
1904. Lui-même réside à La-Chaux-de-Fond.
Une facture de l’entreprise, présente sur un site de vente, datée de 1897, indique que le directeur
de l’institut est James Burmann. Une autre, du 5 janvier 1900, montre une vue des bâtiments,
différente de celle de la carte postale précitée. Outre la mention des nombreuses médailles et
récompenses obtenues entre 1891 et 1899, elle permet de savoir que les procédés mis en œuvre
sont ceux de Jacquemin, et qu’un des collaborateurs est L. Marx, lauréat de la Société nationale
industrielle d’encouragement. Une autre facture, celle-ci de 1904 et proposée sur le même site,
indique que le société James Burmann et Compagnie dispose de deux adresses, l’une à Morteau,
en France, et l’autre au Locle, en Suisse. Elle mentionne l’obtention de diverses récompenses,
dont le Grand prix 1893 de la Société des agriculteurs de France, que Georges Jacquemin fait
figurer sur ses factures issues de Malzéville. L’entreprise s’occupe de « cultures de levures
pures de vin » et elle assure la vente de livres dont Georges Jacquemin est l’auteur.
Les levures sont sélectionnées à Malzéville, puis cultivées et expédiées depuis Le Locle, dont
l’adresse postale et télégraphique est à Morteau. Un document inséré dans un ouvrage de
Jacquemin32
présente une très longue liste de levures sélectionnées à partir de cépages divers et
de crus renommés : par exemple Arbois, Beaune, Margaux, Meursault. En 1933 encore, donc
plusieurs années après le décès de Jacquemin, qui est survenu en 1925, l’institut publie à
Malzéville une plaquette de cinquante-deux pages intitulée : Cultures de radiolevures de vins
de grands crus de l’Institut La Claire. C’est l’époque en effet où la radioactivité a bonne
réputation et où l’on pense qu’une irradiation améliore la qualité et les propriétés de divers
produits. Une autre lui fait suite en 1936. Les levures de cidrerie font aussi l’objet de recherches
et de publications, et l’institut expédie des levures appelées Vallée d’auge qui sont destinées à
cette activité. Des levures concentrées sont spécialement préparées et conditionnées pour
l’exportation. C’est Burmann qui s’occupe de cette activité.
L’histoire de l’entreprise est compliquée, mais aussi quelque peu éclairée par le fait qu’il existe
à Dijon un autre institut La Claire qui se targue de disposer de l’exclusivité de la
commercialisation des radiolevures Jacquemin depuis 1891. Affichant sur ses factures la culture
de levures des grands crus, il indique utiliser les procédés Jacquemin. Une publicité en ma
possession s’adresse aux apiculteurs en vue de la préparation d’hydromel, une boisson à
laquelle Jacquemin s’intéresse, à l’aide de « multi-levures ou radio-levures pour hydromel de
La Claire – 4-6 rue Ranfer ». Les installations de la rue Ranfer-de-Bretenières (figure 4), situées
face au cirque Tivoli devenu square Rouquel, sont représentées sur les facture de l’entreprise.
Après la Seconde Guerre mondiale, elle a encore pour raison sociale François et Cie, un
calendrier de 1955 vante toujours les levures Jacquemin, et un numéro de téléphone à huit
chiffres est connu en 1969. J’ignore en quelle année l’établissement disparaît. Une étude
particulière mériterait de lui être consacrée.
Figure 4 : l’institut La Claire de Dijon d’après une facture de l’établissement
(collection P. Labrude).
L’Institut Jacquemin de Malzéville et ses productions
L’Institut est fondé en 1894. A l’origine, il s’agit seulement d’un laboratoire de recherches
scientifiques appliquées à l’agriculture et à l’industrie. Une publicité de 1900 nous apprend
qu’il ne fait aucun commerce, que les nouvelles levures de distillerie (…) ne sont jamais
facturées et que les travaux (…) consistent dans l’étude des questions scientifiques applicables
à l’agriculture, et dans la recherche de procédés industriels nouveaux33
. A ce moment, les
collaborateurs de Jacquemin sont Danten, Alliot, Pique, Thiry et Labey pour « la surveillance
des mises en route des procédés brevetés dans les fabriques d’alcools ». Les affaires ayant
prospéré, la main d’œuvre devient importante, comme en témoignent les nombreuses cartes
postales disponibles34
, et Gilbert Gimel, ingénieur agricole, rejoint l’entreprise. En raison du
succès qu’il rencontre, Georges Jacquemin est contraint d’améliorer sans cesse la sélection des
souches de levures, la qualité des moûts nourriciers et aussi des récipients d’expédition afin
d’éviter les pertes d’activité et les contaminations.
A la suite des recherches et découvertes faites par l’institut, l’entreprise entreprend la
fabrication et la vente de produits très divers : levures pures de raisins sélectionnées appelées
Ferment Jacquemin, levures dites spéciales ayant acquis au laboratoire des propriétés
particulières et destinées aux distillateurs, brasseurs, etc., boissons fermentées auxquelles
l’institut a apporté des améliorations de préparation, produits chimiques destinés à l’œnologie,
la brasserie, la cidrerie, la fabrication des couleurs, la teinture, l’impression, la décoration des
étoffes, l’extraction des corps gras, la photographie, et enfin la bouillie cuprique ou Bouillie
cupri-sulfi-formolée ou encore Bouillie unique-usage (sic), formée de « bisulfite cuivreux et
d’aldéhyde formique », inventée par Gimel, et destinée au traitement préventif et curatif des
maladies des vignes, arbres fruitiers, plantes horticoles, légumières et ornementales comme le
mildiou, l’oïdium, le black-rot, la cloque, la tavelure. Cette bouillie détruit les insectes comme
pyrale, cochylis, puceron lanigère, etc.35
.
Le Ferment Jacquemin, ou Cure de raisin en toute saison, un médicament…
Il s’agit là de l’application thérapeutique des levures de vin. Jacquemin revient donc d’une
certaine manière à la pharmacie. Au moment où il s’intéresse à ce sujet, le ferment employé est
la levure de bière, recommandée dans le traitement de la furonculose36
, qui se cultive alors à
basse température, n’est pas pure et dont l’absorption n’est pas forcément agréable. De plus, le
micro-organisme n’est pas adapté à la température du tube digestif, ni certainement à l’acidité
régnant dans l’estomac. Aussi les résultats thérapeutiques sont-ils restés médiocres. Jacquemin
pense donc appliquer ses ferments de raisin au traitement de maladies d’origine microbienne
en sélectionnant une souche de levure résistant aux conditions physico-chimiques du tube
digestif tout en conservant ses propriétés biologiques. Des travaux de l’entreprise relatifs à la
brasserie lui ont permis de mettre au point des procédés d’obtention et de culture de levures qui,
« basses » à l’origine, sont devenues capables de produire des fermentations et d’être employées
industriellement à « haute » température37
.
Avec ses collaborateurs, Georges Jacquemin modifie une levure de raisin provenant des pays
chauds en vue de lui permettre de supporter ces conditions. Nous ignorons lesquels, il s’agit
peut-être de l’Algérie avec laquelle il est en relations38
. Ainsi naît le Ferment Jacquemin (figure
5) qui est présenté à la séance de l’Académie de médecine du 18 novembre 1902 sous le titre
De l’application thérapeutique d’une levure pure de raisin sélectionnée et acclimatée à la vie
physiologique par la voie stomacale, et qui vaut à son auteur les honneurs de la discussion des
corps savants et les éloges du monde médical français. Le Ferment reçoit la même année la
médaille d’or du Congrès annuel de médecine expérimentale et de pathologie de Melbourne en
Australie, qui l’a choisi parmi les soixante-treize concurrents d’un concours. Georges
Jacquemin publie ses observations dans une brochure de trente-deux pages qui paraît en 1904
avec le même titre que sa communication de 1902 à l’Académie39
. Une facture de cette même
année mentionne l’existence du « service des ferments purs de raisins des pays chauds pour
application thérapeutique ».
Figure 5 : une publicité pour le Ferment Jacquemin (collection P. Labrude).
Ce qui peut être considéré à l’époque comme un médicament et dont nous dirions peut-être
aujourd’hui qu’il s’agit d’un alicament, c’est-à-dire à la fois un aliment et un médicament, est
présenté par son inventeur comme le microbicide par excellence, le dépuratif le plus puissant
et le plus inoffensif, le seul composé d’éléments naturels. Il est, précise t-il, sans rival contre :
les maladies des voies digestives, de la peau, la furonculose, le rhumatisme et le diabète, etc. et
déposé dans toutes les bonnes pharmacies. Le mot « bonne » est à la mode à ce moment dans
le milieu de la pharmacie, mais il tend à indiquer qu’il y en a de mauvaises, le sens à retenir
étant qu’elles sont mal achalandées… Jacquemin conseille aussi son Ferment dans la
constipation, l’entérite, l’appendicite ou la grippe… Il n’est pas le seul à s’intéresser aux
ferments de raisin. D’autres laboratoires préparent et commercialisent de tels produits dans la
même indication, dépuratif, comme en témoigne par exemple une « réclame » parue au
printemps 1907 dans L’Est républicain à Nancy, qui vante les Ferments de raisins en siphons
du Docteur G. Pégot dont le dépôt est à Paris au Laboratoire Fermenthérapique.
De nombreux articles et encarts publicitaires portent l’existence du produit à la connaissance
du public. C’est ainsi par exemple que dans La Vie illustrée du 17 juin 1904, le docteur Passy-
Terrier ajoute à la liste ci-dessus, déjà longue, les maladies dont les femmes sont tributaires et
dans lesquelles l’estomac joue un rôle prépondérant. Il nous est loisible aujourd’hui de sourire
à cette lecture, mais rappelons-nous qu’à ce moment, il est encore naturel de « débarrasser »
périodiquement l’organisme des « mauvaises » humeurs, selon la très ancienne théorie
hippocratique, d’où l’usage des dépuratifs. Par ailleurs les antibiotiques n’existent pas encore
et ils ne verront le jour que dans plusieurs décennies. Quant à la physiopathologie de certaines
maladies, elle est encore inconnue, le rhumatisme est considéré comme d’origine bactérienne
cependant que l’insuline n’a pas encore été découverte…
Dans un but philanthropique, et certainement aussi publicitaire et commercial, ce qui est bien
normal, Jacquemin souhaite que sa découverte soit mise à la disposition de tous. Aussi, sur
demande écrite, l’institut envoie gratuitement des brochures explicatives, cependant qu’il
expédie directement franco de port et d’emballage le médicament aux malades. Jacquemin lui-
même indique à un journal qu’il en prend à tous les repas pour lutter contre son excédent de
poids, et son personnel aussi dès qu’il ne va pas bien. Tous se portent à merveille…40
. Le flacon
dans lequel le Ferment est vendu, a une forme qui est peut-être spécifique à l’institut et qui
participe aussi sans doute à sa publicité. Nous l’avons vu, le produit se trouve en pharmacie, en
flacon simple ou double, ce dernier, semble t-il pour une cure de trois semaines. La revue Les
Etrennes nancéiennes de 1905 a consacré un article à Georges Jacquemin, qu’elle a intitulé Le
ferment de raisin41
.
En 1933-1934, la publicité du même produit est plus élaborée. Après avoir indiqué qu’il a été
présenté à l’Académie de médecine, elle précise que le Ferment est constitué d’une culture
active de levure pure de raisin (Saccharomyces ellipsoïdeus) à grande sécrétion diastasique,
qu’il est indiqué contre le manque d’appétit, la dyspepsie, l’anémie, la furonculose, l’eczéma,
le psoriasis, l’anthrax, le diabète, la grippe, etc., qu’il est très bon à boire, ayant un excellent
goût de vin nouveau, enfin que les enfants le prennent volontiers. Ce type de « médicament »
est encore au « goût du jour » à ce moment, car l’année suivante, dans son numéro de 1934-
1935, le Bulletin de l’Association des anciens étudiants de la Faculté de pharmacie de Nancy
publie un court article d’un médecin, consacré au jus de raisin, où il est question de ses ferments
et qui est qualifié de véritable élixir de vie…42
. Je ne sais pas à quel moment le Ferment
Jacquemin disparaît de la vente.
Les autres productions de l’Institut : les produits phytosanitaires, plus exactement
« phytopharmaceutiques »
A l’époque du Ferment, de nombreuses préparations sont proposées par l’institut pour le
traitement des vignes victimes du mildiou, la plus ancienne et la plus efficace restant la bouillie
bordelaise, composée de sulfate de cuivre, de chaux et d’eau. La Bouillie Jacquemin est, selon
ses promoteurs, plus économique que cette dernière. Au fil des ans, l’institut met au point ou
améliore d’autres bouillies et propose ainsi le Gel-verdet, le Gel-Arsénoverdet, la Bouillie U.-
U. pyridinée insecticide qui est une amélioration de la Bouillie unique-usage (d’où le U.-U.),
l’Adhésif Jacquemin pour accroître la durée d’action des sulfatages ou encore le Foie de soufre
baryté, complément du soufrage agissant contre oïdium et insectes43
.
Une facture de 1933, où l’entreprise est une société à responsabilité limitée au capital de
300.000 francs, vante les levures pures sélectionnées et les multilevures, les bouillies UU, UUP
et acétocupriques, le Bio-sulfite, l’engrais Plasmin fluoré, l’Adhésif et le Sulbaryte, le
conservateur, la Chlorine insecticide pour jardins et le Fluotone pour futailles. Mais il est
difficile de connaître avec précision le nombre et l’évolution des productions de l’institut du
fait de l’absence d’archives. Nos recherches n’ont permis de trouver qu’un seul catalogue, plus
exactement, une « notice générale des produits œnologiques », très succincte puisque seulement
constituée d’un feuillet recto-verso et non daté. Cette notice mentionne l’établissement principal
et sa succursale de Saint-Césaire, dans le département du Gard, et pourrait dater des dernières
années de l’entreprise car les numéros de téléphone sont à six chiffres. Elle décrit brièvement
les produits suivants indiqués tels que mentionnés : conservateur, sorbate, colle gélatine, colle
de poisson, sanocol, T.B.-10 (argile clarifiante), phytate, ferrocyanure, métatartrique, gomme
arabique, acide ascorbique, tanins (au nombre de trois), caramels (deux), charbons (deux), bio-
sulfite, levures, et enfin produits divers : acides citrique et tartrique, carbonate de chaux,
désinfectant Fluotone, mastic, mèches soufrées, phosphate diammonique, solutions sulfureuses
à 6% et à 25%, soit vingt-neuf produits chimiques et biologiques. La notice propose des conseils
et rappelle la réglementation en vigueur.
Le second document est plus ancien car les numéros de téléphone sont à quatre chiffres, et il ne
concerne que le Bio-sulfite Jacquemin qui a dû être un produit-phare et qui contient en volume
environ 20% d’anhydride sulfureux et autant de phosphate diammonique. Il date de la période
où M. Gilbert Gimel dirige l’institut. La référence qui figure au verso en bas à droite, « B.-L. –
47 – 20174 », pourrait signifier Berger-Levrault (le grand imprimeur nancéien de l’époque),
1947 et le numéro d’ordre du document. Celui-ci précise les emplois du biosulfite : amélioration
des vins et défoxage des vins d’hybrides (c’est-à-dire disparition de leur goût propre), ses
nombreuses actions, les doses à mettre en œuvre, son mode d’emploi. Un emplacement est
réservé pour indiquer les prix et conditions de vente par litre (un ou deux) et par kilogrammes
(de trois à soixante). Par exemple, une bonbonne de trois kilogrammes expédiée au Cap Nègre,
dans le Var, en septembre 1933, est facturée 39,5 francs. Une autre publicité pour divers
produits, avec un numéro de téléphone lui aussi à quatre chiffres, est présentée figure 6.
Figure 6 : une publicité pour des produits phares de l’établissement
(collection P. Labrude).
L’Institut propose aussi la réalisation d’analyses aux professionnels qui n’ont pas les
installations nécessaires, et il dispose pour cela d’un laboratoire d’analyse des vins, cidres et
bières où sont déterminés l’extrait, le degré alcoolique, l’acidité, le tanin, le sucre, le plâtrage,
etc. Les tarifs des produits et des analyses figurent en particulier dans les livres écrits par
Jacquemin. Ces ouvrages seront étudiés plus loin.
Les bâtiments de l’Institut
L’entreprise s’installe d’abord dans une maison située au 22 de la rue d’Amance où le
professeur Eugène Jacquemin emménage au moment de sa retraite. Il est vraisemblable qu’il
travaille avec son fils et le conseille. C’est, d’après ce qui en a été écrit, une maison de vigneron,
située au milieu des vignes. Une extension est créée à l’immeuble pour servir de laboratoire.
En 1902, Jacquemin décide de faire construire un véritable laboratoire ainsi qu’une maison
d’habitation. L’immeuble à usage de laboratoire, au delà de la maison initiale, du côté droit de
la rue en montant, est édifié en 1903, avec une façade imposante, dans le style des usines de
Grande-Bretagne du XIXe
siècle. Derrière lui se trouve un autre corps de bâtiment, plus bas,
ainsi qu’un assez vaste terrain44
. Il est probable que l’architecte en est Félicien César (1849-
1930), architecte-ingénieur d’origine belge, auteur des plans de nombreuses usines45
. La villa
(figure 7) est un peu plus tardive que le laboratoire. Elle est édifiée entre la maison primitive et
le laboratoire, entre 1902 et 1905, dans l’alignement de ce dernier, avec une architecture qui lui
est apparentée et qui comporte en particulier une haute tour abritant l’escalier, comme d’ailleurs
le laboratoire en possède une du côté du jardin. Certains éléments décoratifs sont en accord
avec l’art nancéien du moment, avec des vitraux du Malzévillois Goviller et un ouvrage en bois
de Michaud46
.
Figure 7 : la maison d’habitation en 2011 (photographie P. Labrude).
Depuis leur construction, ces immeubles n’ont que très peu changé. L’ancien bâtiment
industriel se présente comme à son origine sous la forme d’une grande bâtisse « rectangulaire »
surmontée d’un fronton triangulaire sculpté et percé d’un œil-de-bœuf. En dessous de celui-ci,
un bandeau indique Institut de recherches scientifiques et industrielles et, de part et d’autre
d’une plaque rouge où est portée la mention Fondation Jacquemin, qu’il s’y exerce des activités
touchant à la Microbiologie et à la Chimie appliquée. Ce bâtiment comporte deux étages et
peut-être trois à ses extrémités de part et d’autre du fronton où se trouvaient à l’origine des
balcons et où existe encore, du côté droit, une poulie. A cet endroit les fenêtres ont été remaniées
et des cheminées ont disparu. L’ensemble a été réhabilité et il accueille maintenant des
appartements (figures 8 et 9).
Figure 8 : le bâtiment principal de l’institut en 2002 (photographie P. Labrude).
Figure 9 : les inscriptions présentes sur la façade en 2002 (photographie P. Labrude).
Les nombreuses cartes postales disponibles et le petit livret de photographies déjà mentionné,
qui semblent dater du début du XXe
siècle, auxquels s’ajoutent les illustrations présentes dans
les ouvrages de Georges Jacquemin, permettent de se rendre compte de la nature et de
l’importance des installations et de la main d’œuvre au moment sans doute de l’apogée de
l’entreprise. Les vues montrent plusieurs des installations du laboratoire de microbiologie, le
laboratoire de chimie (figure 10), ceux de « recherches de distillerie » et de « recherches
brassicoles », la salle des collections, la préparation des moûts de culture et des levures
industrielles, le lavage et la stérilisation des flacons, le bouchage des flacons destinés à
l’exportation, le monte-charge et la salle de coiffage des flacons, la salle d’emballage, la
comptabilité. D’autres vues montrent des attelages devant l’immeuble dans ce qui s’appelle
alors la rue d’Amance, et qui est maintenant la rue Maurice-Barrès.
Figure 10 : le laboratoire de chimie de l’institut (carte postale, collection P. Labrude).
Ces cartes présentent également l’ensemble immobilier du côté du jardin avec la tour crénelée
en briques et pierre munie d’une horloge (figure 11).
Figure 11 : la vue sur le jardin (carte postale ancienne, collection P. Labrude).
Elles permettent de constater l’existence d’un personnel important dans les différents services
de l’entreprise. La photographie de la comptabilité revèle la présence de treize employés. Leur
observation attentive montre l’absence presque totale de personnel féminin. Pour sa part, la
brochure intitulée Travaux du laboratoire de recherches scientifiques et industrielles…,
mentionnée en référence 29, mais malheureusement non datée, présente l’organigramme de
l’établissement, et il semble important de le citer. Immédiatement après M. Jacquemin se trouve
M. Henri Alliot, ingénieur agricole et chimiste, directeur, dont le nom est le seul inscrit en gras
avec celui du fondateur. Viennent ensuite MM. Piquet, chimiste pour le service de brasserie,
fermentations, etc., Pozzi-Escot, chimiste pour le service des recherches de chimie pure, Gimel,
ingénieur agricole et chimiste pour le service de microbiologie et de recherches agronomiques,
et trois employés, MM. Thiry, Favier et Lallemand. Le service technique comporte MM.
Danten, collaborateur principal pour la brasserie et la distillerie, et Labey, contremaître, ce qui
signifie la présence de divers ouvriers. Enfin, le service commercial est dirigé par M. Grimault
à Paris. Cette brochure n’est pas antérieure à 1902 et ne doit guère être postérieure à cette année.
L’institut après la mort de son fondateur
A la mort de Georges Jacquemin le 27 octobre 1925 à l’âge de 63 ans, Gilbert Gimel devient le
directeur de l’institut. Comme Georges Jacquemin, il est l’auteur de plusieurs ouvrages parmi
lesquels Guide de l’emploi de l’acide sulfureux en vinification, qui reçoit une médaille d’or au
concours agronomique de 1911 de la Société des agriculteurs de France, et connaît plusieurs
éditions. Il est aussi le co-auteur, avec Henri Alliot et deux autres personnes, d’une
encyclopédie rurale intitulée La Vie moderne à la campagne, ou Guide du citadin dans ses
rapports avec les choses rurales, petite encyclopédie en six volumes, rédigée par une réunion
d’ingénieurs agricoles, anciens élèves des écoles nationales d’agriculture, à l’usage des
amateurs, des propriétaires ruraux, des jardiniers, maraîchers, des élèves des écoles
d’agriculture et des candidats au professorat spécial d’agriculture. L’ouvrage défini par ce
long titre, date de 1904 et a Alliot pour premier auteur.
Henri Alliot, principal collaborateur de Georges Jacquemin, est aussi l’auteur de plusieurs
ouvrages. L’un d’entre eux est cité ci-dessus. Le plus important est écrit avec Georges
Jacquemin, et s’intitule La Technologie agricole moderne… Il en sera question plus loin. Mais
il en est d’autres, et en particulier : La Vinification moderne, ou l’art de faire et conserver le
vin ; La Cidrerie moderne ou l’art de faire le bon cidre ; Cidre et hygiène, principes de
technologie rationnelle, nouveaux procédés en concordance avec la loi sur la répression des
fraudes ; Méthodes d’essais des produits anticryptogamiques. D’autres thèmes ont aussi été
abordés par H. Alliot.
Le fils de Gilbert Gimel, Raymond, pharmacien de la faculté de Nancy, docteur en pharmacie,
diplômé de microbiologie, licencié ès-sciences et chimiste oeologue agréé, le remplace après la
Seconde Guerre mondiale et reste à la tête de l’entreprise jusqu’à sa disparition. Comme son
père, il travaille sur les vins, et c’est ainsi qu’il fait part de ses réflexions sur le dosage de l’acide
sulfureux dans les moûts et les vins à la Société de pharmacie de Nancy le 5 avril 195147
.
Au chapitre des collaborations externes, les recherches ici et là nous ont fait entendre les noms
des pharmaciens Monal de Nancy, et nous pensons que, si cela est avéré, il s’agit d’Ernest
Monal (1865-1928) qui avait été le tout premier collaborateur du professeur Petit et chef de
travaux pratiques à l’école de brasserie de 1893 à 190248
, ainsi que celui de Charbonnelle, la
famille de ce nom ayant été liée à la famille Monal. S’agissait t-il de Jacques Charbonnelle,
pharmacien diplômé à Nancy en 1953 ? Je n’ai pas pu le vérifier. Le nom du professeur
Herbeuval (1912-2007), de la faculté de médecine, m’a aussi été cité à propos du Biosulfite
Jacquemin…
Les récompenses obtenues et les publications effectuées
Les travaux de Georges Jacquemin et de ses collaborateurs leur permettent d’obtenir de
nombreuses récompenses dans les expositions, aussi bien à l’étranger (Hanoï 1902-1903,
Vienne 1904 par exemple) qu’en France (Lyon 1894, Bordeaux 1895, Paris 1900 dans la classe
55 à l’Exposition universelle de Paris, entre autres). La première lui a été attribuée en 1888 par
la Société des agriculteurs de France comme indiqué précédemment. Dès 1893, il est nommé
chevalier du Mérite agricole et il sera ultérieurement promu officier. Entre 1888 et 1914, il
rédige et présente des communications, le plus souvent seul comme cela est habituel à l’époque,
et il fait imprimer des brochures et des ouvrages dont nous avons dressé un premier inventaire
qui comprend quarante-sept titres se rapportant à de nombreux sujets ayant trait aux thèmes
d’activité de l’entreprise qu’il a créée49
. Plusieurs figurent au Catalogue général des livres
imprimés de la Bibliothèque nationale50
. On y trouve plusieurs Comptes rendus de l’Académie
des sciences, des brochures ou ouvrages sortis des presses de l’Imprimerie nancéienne ou de
l’imprimerie Thomas de Malzéville. Il faut en citer quelques-uns : Amélioration des vins par
les levures actives de l’Institut La Claire en 1893, Emploi pratique en vinification des levures
pures sélectionnées en 1895, L’amélioration des vins par les levures sélectionnées de l’Institut
La Claire en 1896, Les fermentations rationnelles en 1900, Conseils rationnels sur la
vinification et procédés pratiques pour obtenir la bonne qualité et la conservation des vins
rouges et blancs en 1912, Les radiolevures ou multilevures radioactives préparées par l’Institut
La Claire à Morteau (Doubs) pour l’amélioration des vins par simple addition à la vendange
sans préparation de levain en 1914, etc.
Plusieurs ouvrages sont édités par l’institut lui-même, et l’un d’eux, La technologie agricole
moderne. La vinification moderne ou l’art de faire et conserver les vins, en deux volumes, est
co-édité en 1903 avec le célèbre éditeur parisien Baillière51
. Seuls quelques ouvrages sont écrits
en collaboration. Il s’agit de La technologie agricole moderne… avec Alliot, et qui correspond
en réalité à deux titres en partie différents parus à quelques années d’intervalle52
, et de Conseils
rationnels sur la vinification… avec Gimel53
, dont nous avons trouvé une quatrième édition en
1949. Les publications se poursuivent donc après la mort du fondateur, en continuant à
mentionner son nom en bonne place, ce qui montre à la fois le respect qui l’entoure encore et
la vitalité de son entreprise.
Un employé de la maison a pour mission la surveillance de la mise en place des licences de
brevets. La brochure non datée et déjà citée, Travaux de l’Institut… mentionne le dépôt de dix-
neuf brevets et précise le nom de leurs auteurs lorsque M. Jacquemin n’est pas l’inventeur ou
n’est pas seul : Malvezin, Pique, Alliot, Pozzi-Escot. Il y en a certainement d’autres.
La fin de l’Institut
L’Institut connaît le déclin après 1945 et, selon nos sources, l’établissement malzévillois ferme
ses portes en 1967. Il possédait, comme déjà indiqué, une succursale implantée dans le Gard.
Nous n’en connaissons pas la date de création. Elle aurait pris le relais de la maison-mère
nancéienne sous la direction du gendre de M. Jacquemin, M. Clément, mais elle aurait elle-
même disparu entre cinq et sept années plus tard selon les souvenirs de M. Cornevaux qui m’a
indiqué en 2011 y avoir commandé des produits phytosanitaires pour sa vigne.
Il est intéressant de noter qu’en 1910, un agrégé de l’école supérieure de pharmacie de
Montpellier, Louis Gaucher, y crée un institut destiné à la préparation industrielle de levures
sélectionnées destinées à la vinification des vins du Midi. Louis Gaucher dirige cet
établissement jusqu’à la Grande Guerre et prend ensuite une autre orientation54
. Je n’ai rien
trouvé jusqu’à présent sur cet établissement. Il ne serait pas indifférent de savoir s’il a existé
des relations entre l’institut nancéien et son homologue montpelliérain, quel a été son destin,
et, si son activité s’est poursuivie assez longtemps, quelles ont été ses productions, ce qu’elles
étaient en comparaison avec celles de Jacquemin, et s’il a été en relation avec la filiale gardoise
de son institut.
Conclusion
L’entreprise malzévilloise ayant fermé ses portes depuis plusieurs décennies et les bâtiments
ayant trouvé de nouvelles destinations, beaucoup de témoins ayant disparu, les archives étant
introuvables ou ayant été détruites (par un incendie ?), il n’a pas été facile de rassembler la
documentation qui a permis la réalisation de la thèse de Lore Jacquemin citée en référence et
de la présente note sur cette attachante entreprise intellectuelle et industrielle. En dépit de nos
efforts, nous n’avons pu retrouver aucune archive et peu de documents de l’entreprise, en
particulier seulement quelques catalogues, ni aucune relation de Georges Jacquemin avec
d’autres entreprises, cependant que la Société industrielle de l’Est nous a indiqué ne disposer
d’aucun document sur l’Institut Jacquemin. Par ailleurs, à l’occasion d’un autre travail55
, nous
avons été étonnés de l’absence de l’institut parmi les exposants de l’Exposition internationale
de l’Est de la France en 1909 alors que nous avons pu constater qu’il avait été très présent et
souvent récompensé dans de précédentes et similaires manifestations...
A l’opposé, une source très importante de renseignements sur les préoccupations de l’entreprise
est constituée par les brochures et ouvrages qu’elle a fait éditer, sous les noms de G. Jacquemin
bien sûr, mais aussi d’H. Alliot, de G. Gimel et de R. Gimel ensuite. Ils figurent régulièrement
dans les catalogues de vente des librairies spécialisées et dans les ventes organisées sur Internet.
Une autre source de renseignements est constituée par les cartes postales, mais aussi par les
factures de l’entreprise qui sont en vente chez les mêmes commerçants. Les produits
phytosanitaires Jacquemin, qu’on devrait plutôt appeler phytopharmaceutiques, et toutes ces
publications et ouvrages mériteraient une étude précise et spécifique qui ne peut pas rentrer
dans les limites de ce travail.
Ayant délaissé la pharmacie qui l’intéressait peut-être assez peu, Georges Jacquemin a consacré
sa vie à la microbiologie, en particulier aux levures, et à la chimie. Son intérêt pour ces
disciplines lui a permis de réaliser une belle carrière professionnelle et scientifique, et il n’a pas
dû regretter ce choix. En son temps, il a été l’un des plus grands spécialistes français et l’un des
plus célèbres auteurs dans le domaine de l’étude et de l’amélioration des procédés de
vinification. Il nous semble s’être uniquement, ou au moins essentiellement, préoccupé de ses
recherches et de son entreprise. J’ai trouvé la mention : « le plus célèbre auteur du XIXe
siècle
sur l’amélioration des procédés de vinification », ce qui constitue un beau compliment…
Il serait intéressant de pouvoir confirmer ou infirmer certains des points mentionnés sans preuve
tout au long de ce travail, mais ceci repose sur la découverte d’archives, car la prospection
aléatoire risque d’être longue et peu productive... Le témoignage de M. Cornevaux a été d’un
grand intérêt. Il m’a indiqué que les produits Jacquemin étaient « sérieux et réguliers », ce sont
ses propres mots. N’y a-il pas de plus belle reconnaissance de la qualité d’une entreprise et de
son fondateur ? C’est pourquoi il est heureux que le souvenir de Georges Jacquemin demeure
à Malzéville grâce à l’attribution de son nom à une allée de la ville, et que ce nom figure toujours
fièrement sur le fronton de l’immeuble de la rue Maurice-Barrès, qui a été construit pour
l’entreprise, qui l’a abritée jusqu’à sa disparition, et qui a été heureusement préservé et
réhabilité.
Bibliographie et notes
1. Taveneaux B., La Brasserie de Tantonville, une épopée industrielle au 19e
siècle, Musée
français de la brasserie, Saint-Nicolas-de-Port, 2007, p. 65-69.
2. Voluer P., L’Ecole de brasserie de Nancy, dans : Des ingénieurs pour la Lorraine XIXe
-XXe
siècles, sous la direction de A. Grelon et F. Birck, Editions Serpenoise, Metz, 1998, p. 203-213.
3. Labrude P., Albin Haller 1849-1925 pharmacien et chimiste, Revue d’histoire de la
pharmacie, 1982, n° 254, p. 207-209.
4. Rivail J.-L., La chimie à la Faculté des sciences de Nancy. Des origines au Prix Nobel, Le
Pays lorrain, Nancy, 2005, vol. 86, n° 1, p. 7-14.
5. Voluer P., L’Ecole de brasserie de Nancy, op. cit.
6. Husson E., La Faculté des sciences, dans : L’Université de Nancy (1572-1934), Editions du
Pays lorrain, Nancy, 1934, p. 85-89.
7. Labrude P., Science et industrie à l’Ecole supérieure de pharmacie de Nancy 1872-1914,
dans : Sciences et techniques en Lorraine à l’époque de l’Ecole de Nancy, Actes des
conférences données du 4 mars au 8 avril 1999 à la MJC Pichon de Nancy, textes édités sous la
direction de J.-F. Clément et F. Le Tacon par la MJC Pichon, Nancy, 2001, p. 121-132.
8. Taveneaux B., Les Brasseries de Maxéville, Musée français de la brasserie, Saint-Nicolas-
de-Port, 2011, p. 92.
9. Fray J.-L., Nancy-le-Duc Essor d’une capitale princière dans les deux derniers siècles du
Moyen Age, Société Thierry Alix, Nancy, 1986, 344 p.
10. Cornevaux J., La vigne en Lorraine : une mise au point, Villages lorrains, 2000, n° 91, p.
4-11.
11. Husson J.-P., La vigne dans l’agglomération de Nancy, de l’objet relique au projet de
renaturation, Revue géographique de l’Est, Nancy, 2004, vol. 44, n° 1-2, p. 81-87. Disponible
en ligne.
12. Beck R., Malzéville, Association Notre-Dame du Trupt, Malzéville, 1e
partie, 1995, p. 53-
59 et 69-70 ; 4e
partie, 1997, p. 86.
13. Lambert des Cilleuls F., L’Ecole supérieure de pharmacie de Strasbourg, Sidot, Nancy,
1903, p. 118.
14. Lambert des Cilleuls F., op. cit., référence 12, p. 138. Klobb fixe le début du cours de chimie
agricole à 1868 (T. Klobb, Le Professeur Jacquemin, Bulletin des sciences pharmacologiques,
1910, vol. 17, p. 39-41).
15. Labrude P., Science et industrie…, loc. cit.
16. Labrude P., Quelques mots sur Eugène Théodore Jacquemin (Schirmeck 1828 - Malzéville
1909), professeur aux écoles supérieures de pharmacie de Strasbourg et de Nancy, L’Essor,
Schirmeck, 1993, n° 160, p. 11-12.
17. Fiche d’élève de Georges Jacquemin, archives de la faculté de pharmacie de Nancy, n° 20,
28 mars 1882 - 17 avril 1888.
18. Jacquemin L., Eugène Jacquemin de l’Ecole supérieure de pharmacie de Nancy, son fils
Georges et l’Institut de recherches scientifiques et industrielles de Malzéville, thèse de diplôme
d’Etat de docteur en pharmacie (sous la direction de P. Labrude), Nancy, 2007, n° 14, 140 p.,
ici p. 36.
19. Jacquemin G., Les Fermentations rationnelles (vins, cidres, hydromels, alcools),
Imprimerie Thomas, Malzéville-Nancy, 1900, 878 p. et 16 f. de publicité.
20. Nécrologie : nos directeurs, M. le Professeur Jacquemin, Bulletin de l’Association amicale
des anciens élèves de l’Ecole supérieure de pharmacie de Nancy, 1910, n° 3, p. 30-33.
21. Emile Duclaux (1840-1904), spécialiste des fermentations et des maladies d’origine
microbienne, successeur de Pasteur à la direction de l’institut de ce nom en 1895.
22. Jacquemin L., Eugène Jacquemin…, op. cit., p. 36.
23. Marcelin Berthelot (1827-1907), pharmacien et chimiste, professeur à l’Ecole supérieure de
pharmacie de Paris et au Collège de France, homme politique, membre de l’Académie française.
24. Jacquemin L., Eugène Jacquemin…, op. cit., p. 37.
25. Gaspard Adolphe Chatin (1813-1901), professeur à l’Ecole supérieure de pharmacie de
Paris, directeur de cette école de 1873 à 1886.
26. Jacquemin L., Eugène Jacquemin…, op. cit., p. 38.
27. Roth F., Alfred Lamy, 1845-1925 : Un Lorrain du Saulnois au temps de l’annexion à
l’Empire allemand, Les Cahiers lorrains, Metz, 2006, n° 3/4, p. 68-79.
28. Jacquemin G., Les levures pures de vin actives et l’amélioration des vins en 1891, L’Union
pharmaceutique, 1892, 33e
année, p. 112-117.
29. Travaux du laboratoire de recherches scientifiques et industrielles de G. Jacquemin à
Malzéville, près Nancy, Imprimerie Thomas, Malzéville-Nancy, sans date, 48 p., ici p. 3.
30. Jacquemin G., Les levures pures…, op. cit.
31. Ledermann F., « Burmann, James », dans : Biographie des pharmaciens suisses, volume
commémoratif édité à l’occasion du 150e
anniversaire de la Société suisse de Pharmacie, sous
la direction de F. Ledermann, Stämpfli+Cie AG, Berne, 1993, p. 65-66.
32. Jacquemin G., Production rationnelle et conservation des vins, Imprimerie Thomas,
Malzéville-Nancy, 1909.
33. Jacquemin L., Eugène Jacquemin…, op. cit., p. 63.
34. Institut de recherches scientifiques et industrielles - Fondation G. Jacquemin Malzéville,
Imprimerie Humblot, Nancy, sans date, 20 photographies en noir et blanc de 14x9 cm.
35. Jacquemin L., Eugène Jacquemin…, op. cit., p. 65.
36. La furonculose est une maladie cutanée qui se traduit par des éruptions de furoncles, c’est-
à-dire l’inflammation des follicule pileux et des tissus qui les avoisinent sous l’influence d’un
staphylocoque.
37. Jacquemin G., Procédé de préparation de levures basses de brasserie possédant la propriété
de fermentation à haute température et leur mode d’emploi, L’Union pharmaceutique, 1901,
42e
année, p. 273-275. En brasserie, la fermentation basse s’effectue à température inférieure à
10°C, et la fermentation haute à environ 20°C. Elle ne met pas en oeuvre les mêmes levures.
38. Jacquemin G., Les levures pures…, op. cit.
39. Librairie Philippe Sérignan, livres anciens et modernes, Avignon, Imprimerie Barthélemy,
Avignon, catalogue n° 99, décembre 2011, p. 49, n° 269. Cette brochure était offerte à la vente
au prix de 180 euros.
40. Le Roux J., Un émule de Pasteur. Une visite à l’Institut scientifique de Malzéville, Le
Moniteur viennois, 1904, page disponible en ligne (memoireactuelle.org), consulté le 21 mars
2017.
41. Le ferment de raisin, Les Etrennes nancéiennes, Nancy, 1905, p. 119-121, avec une
photographie de G. Jacquemin.
42. Buttner L., Le jus de raisin, sa consommation, ses avantages, Bulletin de l’Association des
anciens étudiants de la Faculté de pharmacie de Nancy, 1934-1935, n° 22, p. 54-55.
43. Jacquemin L., Eugène Jacquemin…, op. cit., p. 65-69 et 131-134. L’appellation « foie de
soufre » est très ancienne. C’est le sulfure de potassium anhydre de la nomenclature moderne.
44. Ruth C., Fuchs A. et Bouattour M., Architectures le long du Chemin stratégique à
Malzéville, http://www.caue54.com/upload/pdfitinéraire/Iti-MALZEVILLE-100.pdf (il s’agit
de l’itinéraire 5 : La fondation Jacquemin).
45. Je remercie mon ami Pascal Thiébaut pour ces informations. Félicien César se qualifiait
« d’architecte industriel ». Il est l’auteur de nombreuses usines nancéiennes qui sont toutes
signées. Curieusement l’Institut Jacquemin ne l’est pas…
46. Ruth C. et al, op. cit.
http : www.culture.fr/recherche/?typeSearch=collection…
47. Gimel R., Réflexions chimiques et bio-chimiques sur les dosages courants d’acide sulfureux
dans les moûts et les vins et conclusions pratiques à en tirer, Bulletin de la Société de pharmacie
de Nancy, 1951, n° 9, p. 15-21.
48. Nécrologie, Emile Monal 1865-1928, Bulletin de l’Association des anciens étudiants de la
Faculté de pharmacie de Nancy, 1928-1929, n° 16, p. 44-47.
49. Jacquemin L., Eugène Jacquemin…, op. cit., p. 109-111.
50. Catalogue général des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, Imprimerie nationale,
Paris, 1922, vol. 76, p. 521-532.
51. Jacquemin G. et Alliot H., La technologie agricole moderne. La vinification moderne ou
l’art de faire et conserver le vin, J.-B. Baillière et fils, Paris, 1903, 2 volumes.
52. Jacquemin G. et Alliot H., avec la collaboration de R. Dumont, R. Séverin, J. Dumont et F.
Couston, La technologie agricole moderne. La préparation moderne de l’hydromel et des vins
de fruits, Amat, Paris, 1907.
53. Jacquemin G. et Gimel R., Conseils rationnels sur la vinification et Procédés pratiques
pour obtenir la bonne qualité et la conservation des vins rouges et blancs, Société
d’impressions typographiques, Malzéville-Nancy, 4e
édition, 1949. La 3e
édition était de 1934.
54. Descomps G., Biographie de Louis Gaucher, Revue d’histoire de la pharmacie, 1970, n°
206, p. 214-215. Rien ne figure au sujet de cet institut dans l’ouvrage de Louis Dulieu sur la
pharmacie à Montpellier, sauf une mention sur un « institut zimotechnique ».
55. Parfait I., La Pharmacie à l’Exposition internationale de l’Est de la France - Nancy 1909,
thèse de diplôme d’Etat de docteur en pharmacie (sous la direction de P. Labrude), Nancy,
1998, n° 78, p. 68.
Résumé
D’abord orienté vers la recherche et ses applications en matière de chimie et de microbiologie,
l’établissement voit le jour en 1894. Son fondateur, Georges Jacquemin, est le fils du professeur
Jacquemin, de l’école supérieure de pharmacie, et il a effectué des études de pharmacie
complètes mais dont il n’a pas validé les derniers examens. Trois années auparavant, il a déjà
créé dans le Jura, avec un pharmacien suisse, un autre établissement, l’Institut La Claire, dévolu
au même type d’activité. L’Institut Jacquemin s’installe dans des bâtiments spécialement
construits pour ses activités. Il prépare et commercialise de nombreux produits chimiques ou
biologiques, en particulier des levures sélectionnées et purifiées destinées à l’œnologie, la
brasserie, la cidrerie, des produits phytosanitaires et, en 1902, le Ferment Jacquemin, qui est
un dépuratif et peut être considéré comme un médicament. Il est vendu en pharmacie pendant
plusieurs décennies. Georges Jacquemin meurt en 1925, mais l’Institut poursuit son activité
avec ses collaborateurs et l’entreprise ne disparaît totalement à Nancy qu’en 1967, et sa filiale
quelques années plus tard.
Summary
First devoted to research and its applications in chemistry and microbiology, the institute was
created in 1894. Its founder, Georges Jacquemin, was the son of the professor of chemistry of
the school of pharmacy of Nancy. He was first a student in pharmacy but he did not finish the
last examinations… Three years ago, he created or participated to the creation of the Institut La
Claire, near Morteau in the Jura, with same activities. The Institut Jacquemin settled in special
houses and laboratories where were studied and prepared numerous chemical and biological
products, particularly selected yeasts used in wine-making, brewery, cider-making, also
phytosanitary chemical products and, in 1902, Ferment Jacquemin which was a depurative and
was considered as a drug. Georges Jacquemin died in 1925 but his institute remainded in
activity with his coworkers until 1967 and closed totally some years later.
Mots clés : Jacquemin Georges, Institut de recherches scientifiques Jacquemin, microbiologie,
chimie, levures, vin, Ferment Jacquemin, produits phytopharmaceutiques, Biosulfite.
Professeur (h) Pierre Labrude
Centre régional universitaire lorrain d’histoire, université de Lorraine, Nancy.
18 avenue Sainte-Anne, 54520 Laxou
pierre.labrude@orange.fr
téléphone 06 30 90 85 71
L'institut de recherche scientifiques et industrielles Jacquemin

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L'institut de recherche scientifiques et industrielles Jacquemin

  • 1. L’Institut de recherches scientifiques et industrielles Jacquemin de Malzéville, près de Nancy. Ses produits phytosanitaires et parapharmaceutiques Pierre Labrude* La fin du XIXe siècle est marquée par la recherche et la réalisation d’applications industrielles des découvertes scientifiques. Dans le domaine de la brasserie, très important en Lorraine, et dans celui de l’œnologie, la viticulture étant très largement présente dans notre pays et dans la région, Toul en particulier, mais aussi les communes entourant Nancy, les découvertes de Pasteur ouvrent la voie à une meilleure connaissance des procédés et à la capacité à les orienter et à les contrôler. Par ailleurs et en même temps, les relations entre les scientifiques et les industriels sont nombreuses et importantes, et elles vont être très fructueuses pour l’université. Pasteur s’intéresse au vin et à la bière. En 1874 et 1875, il entreprend avec deux de ses collaborateurs des recherches à la Brasserie Tourtel de Tantonville, bourgade située à une trentaine de kilomètres de Nancy, en direction de la colline de Sion, chère à Maurice Barrès, et de Mirecourt, célèbre par la lutherie. La brasserie y occupe environ six hectares et emploie près de deux cents personnes. C’est là qu’il poursuit le plus longtemps ses expériences. Il reste en relation avec cette entreprise et cette famille à laquelle il écrit encore en 18921 , époque de la création des instituts qui nous intéressent dans ce travail. Pour sa part, l’Institut Pasteur crée en 1888 un service des fermentations comportant un laboratoire spécial de brasserie2 . Après quelques mots sur l’université, nous allons envisager successivement la biographie succincte de Georges Jacquemin, le fondateur de cet institut, quelques éléments sur l’Institut La Claire de Morteau qui précéda l’institut lorrain, ensuite la création et les productions de l’entreprise, en particulier le Ferment Jacquemin, considéré comme un médicament et vendu en pharmacie, les autres productions de l’institut, les bâtiments et les installations, ce qu’il advint après la disparition de Georges Jacquemin en 1925, puis les récompenses que reçut et les publications qu’effectua l’institut, enfin le contexte de la disparition de l’entreprise. Le développement de l’université de Nancy après 1872 A Nancy, après 1872 et l’arrivée de professeurs, d’étudiants et d’élèves des anciennes facultés et écoles de l’université de Strasbourg, sans oublier nombre de familles, de commerçants et d’industriels venus d’Alsace et de Moselle annexées, la ville dispose d’une université complète, la plus importante de l’est de la France, et dans laquelle des instituts dépendant de la faculté des sciences vont être créés. Un Alsacien qui deviendra un grand chimiste, Albin Haller, fait partie de la première promotion des diplômés de l’école supérieure de pharmacie de Nancy en 18733 . Devenu professeur de chimie à la faculté des sciences, il crée l’Institut chimique qui ouvre ses portes en 1890 et connaît rapidement une grande extension4 . Le doyen de la faculté des sciences, le professeur Bichat, se propose de généraliser aux autres branches de l’industrie représentées dans notre région ce qui a été réalisé dans le domaine de la chimie. Il s’occupe tout d’abord de l’industrie de la bière et obtient peu à peu les soutiens, les collaborations et les subventions nécessaires à la création d’un laboratoire de brasserie. Celui- ci s’installe dans les locaux de l’institut de chimie et inaugure ses activités le 1er janvier 1893, mais son développement est tel qu’il se transforme dès la fin de l’année en une école
  • 2. indépendante, l’Ecole de brasserie5 , dirigée par le professeur Paul Petit. Le nouveau directeur est un Lorrain puisqu’il est né à Lucey, l’un des villages des côtes de Toul. Normalien, il est sous-directeur de laboratoire au Collège de France aux côtés du professeur Berthelot au moment où, en 1889, il vient à Nancy en tant que chargé de cours de chimie agricole à la faculté des sciences. En 1893, au départ du professeur Grandeau, il estnommé titulaire de la chaire6 . C’est un proche d’Albin Haller. Les professeurs de l’université de Nancy ne se préoccupent pas que de recherches fondamentales. Ils sont aussi très intéressés par la recherche appliquée. L’école supérieure de pharmacie, arrivée à Nancy en 1872, participe activement à cet effort7 . Le père de Georges Jacquemin (figure 1) dont il va être question tout au long de ce travail, Eugène Théodore Jacquemin (figure 2), professeur de chimie dans cette école, prend part dès 1876, avec plusieurs personnalités scientifiques, à des expériences de maltage pneumatique dans les brasseries de Maxéville8 . A ce moment, la vigne est très présente en Lorraine, tout comme elle l’est, depuis très longtemps, à Malzéville. Dès les premières pages de son ouvrage Nancy-le-Duc, essor d’une capitale princière dans les deux derniers siècles du Moyen Age, M. Fray cite les vignobles des villages entourant Nancy, parmi lesquels ceux de Malzéville9 . Au XIXe siècle, le vignoble lorrain est prospère et la crise du phylloxéra ne l’atteint qu’en toute fin du siècle10 . La vigne est ainsi toujours très présente dans nos mémoires comme l’a rappelé le professeur Jean-Pierre Husson, qui cite tous les noms des banlieues nancéiennes où la vigne a existé11 . Des noms de rues le rappellent ici et là. En décrivant l’histoire de Malzéville, M. Beck a consacré des parties de son travail à la vigne et aux vendanges, et il n’a pas oublié d’évoquer l’Institut Jacquemin12 . Des vignes existaient encore récemment à Malzéville, qui possédait sa Côte rotie. C’est dans ce riche et actif contexte national et lorrain que vont naître et se développer les activités et les productions de Georges Jacquemin. Les débuts de Georges Jacquemin Figure 1 : Georges Jacquemin (extrait des Etrennes nancéiennes, 1905, original de qualité médiocre, collection P. Labrude).
  • 3. C’est en 1894 que Georges Jacquemin fonde l’Institut de recherches scientifiques et industrielles qui porte aussi son nom : Institut Jacquemin. Né le 3 décembre 1862 à Strasbourg, il suit à Nancy ses parents qui ont quitté l’Alsace annexée. Son père Eugène Théodore est professeur de chimie à l’école supérieure de pharmacie de Nancy après l’avoir été à Strasbourg lorsque la chaire de chimie a été recréée par le décret du 11 avril 187013 . Il est aussi le directeur de la Station agronomique d’Alsace à partir d’avril 1864, puis le chargé du cours de chimie agricole de la faculté des sciences de Strasbourg à partir de juillet 186914 . Ceci a sans doute son importance dans l’orientation professionnelle de son fils, d’autant plus qu’au cours de sa carrière, le professeur Jacquemin s’est beaucoup intéressé à la chimie alimentaire, et entre autres aux vins et aux colorants comme la fuchsine, qui peuvent y être ajoutés15 , ainsi qu’à la fabrication d’engrais. Georges Jacquemin entend certainement parler de tout cela à la maison, puis à l’école de pharmacie à Nancy lorsqu’il y est élève. Figure 2 : le professeur Eugène Jacquemin (faculté de pharmacie de Nancy, photographie P. Labrude). Bachelier ès-sciences le 28 mars 1882, il suit les traces de son père et de son grand-père, pharmacien à Schirmeck16 , commune qui appartenait au département des Vosges avant l’Annexion. Il devient donc élève à l’école supérieure de pharmacie de Nancy (figure 3). Après son stage officinal et l’examen de validation où il est reçu le 1er novembre 1884 avec la mention bien, ses études commencent et se poursuivent dans de très bonnes conditions : une mention très bien à l’examen de fin de 1e année le 6 novembre 1885, une mention bien en 2e année le 3 novembre 1886 ainsi qu’à l’examen semestriel du 1er avril 1887. Mais, s’il mérite la mention assez bien au 1er examen de fin d’études le 8 novembre 1887, il est ajourné au second le 17 avril 1888…17 . Il ne se présente pas aux sessions suivantes et abandonne les études et la carrière pharmaceutique ! L’aurait-il fait sans cet échec ? Ou cet échec était-il souhaité parce qu’il n’avait plus envie de devenir pharmacien et qu’il avait d’autres perspectives comme nous allons l’observer ? Nous l’ignorons.
  • 4. Figure 3 : l’école supérieure de pharmacie de Nancy (carte postale, collection P. Labrude). En effet, en 1884, Georges Jacquemin a été nommé préparateur (on dirait aujourd’hui assistant) à l’école, et cette situation lui a permis de fréquenter les laboratoires et de disposer de moyens d’expérimentation. Il s’adonne d’abord à la chimie et rédige ses premières publications. Trois mémoires de chimie paraissent dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences et il est admis à la Société chimique de Paris18 . Toutefois, dès août 1886, il délaisse la chimie pour se consacrer à la microbiologie - la science illustrée par Pasteur… - et, sur les conseils de son père, il commence à s’intéresser aux levures, en particulier aux levures de vin et à leurs applications pour l’amélioration des boissons fermentées, ainsi qu’il l’écrit en 1900 dans son livre Les Fermentations rationnelles19 . Pasteur et Jacquemin s’étaient rencontrés à Strasbourg quand Pasteur y était professeur, et, dans la notice nécrologique du professeur Jacquemin en 191020 , on peut lire cette phrase : Ancien collaborateur à Strasbourg de Pasteur, (il) portait son attention sur les applications des belles théories microbiologiques. Au début de l’année 1888, Georges Jacquemin reprend les travaux d’Emile Duclaux21 sur la « levure de Champagne » et il écrit22 : le goût, la qualité du vin dépendent certainement pour une grande part de la nature spéciale des levures qui s’y développent pendant la fermentation de la vendange. Il travaille d’abord sur Saccharomyces ellipsoïdeus et, à propos de la fermentation due à l’intervention de cette levure, il indique : si on soumettait un même moût de raisin à l’action de levures distinctes, on en retirerait des vins de diverses natures. Cette levure lui permet de préparer un vin d’orge au sujet duquel il dépose un brevet le 25 juin 1887 et qui, soumis à des experts et dégustateurs, lui permet de préciser : les vins d’orge produits sous l’influence des champignons propres aux raisins de Riquewihr, de Chablis, de Beaune, possédaient le bouquet caractéristique de ces crus au point que les dégustateurs s’y sont trompés et ont pris, par exemple, le vin d’orge pour du chablis, et cela à Chablis même. Ce travail sur le vin d’orge est présenté à l’Académie des sciences par Berthelot23 à la séance du 5 mars 1888 et, à son sujet, Pasteur écrit au professeur Jacquemin le 2 mars : Je lirai ce travail avec grand intérêt. La voie où se trouve M. votre fils est très féconde24 . Ce vin fait aussi l’objet d’une communication à l’Académie de médecine où le mémoire est lu par le professeur Chatin25 le 29 mai, et il reçoit l’appui et les éloges de Pasteur. Plusieurs publications lui sont
  • 5. ensuite consacrées. Georges Jacquemin reçoit cette même année la médaille d’or de la Société des agriculteurs de France et, l’année suivante, une médaille d’argent à l’Exposition internationale d’hygiène de Cologne et une de bronze à l’Exposition internationale de Paris. Le vin d’orge, qui est une boisson saine, nourrissante comme la bière, stimulante comme le vin, pourrait devenir, vu son bas prix, le vin des classes peu aisées26 . Mais se pose le problème de la place que l’administration peut donner à cette boisson, et surtout de sa taxation : est-ce du vin ou de la bière ? Faute d’une réponse satisfaisante, le vin d’orge ne sera pas commercialisé… A partir de la fin de cette année 1888, Jacquemin commence ses expérimentations sur des levures sélectionnées et améliorées, en collaboration avec des viticulteurs de la région, en particulier Quénot, de Jarville, à qui il fournit ses levures de Chablis et de Riquewihr qui lui permettent d’obtenir des vins possédant un bouquet subtil et généreux, digne des plus grands crus, les vins blancs de Chablis et d’Alsace, et Lamy27 , viticulteur à Vic-sur-Seille, en Lorraine annexée. Plusieurs autres viticulteurs des diverses régions viticoles de notre pays procèdent à des essais dont les résultats satisfaisants obtenus en 1891 sont exposés par Jacquemin dans la revue L’Union pharmaceutique l’année suivante28 . Le professeur Jacquemin est admis à la retraite en 1895 et il s’installe à Malzéville, où son fils a créé, l’année précédente, un laboratoire de recherches scientifiques appliquées à l’agriculture et à l’industrie. Ils font édifier les bâtiments et organisent les laboratoires qui vont constituer l’Institut de recherches scientifiques et industrielles Jacquemin. Ce nom correspond bien à la destination de l’établissement dans le contexte de l’époque. Auparavant Georges Jacquemin, chercheur entreprenant, était devenu en 1891 le directeur scientifique de l’Institut La Claire, une entreprise dévolue à des activités similaires aux siennes, la culture de levures de vins, située près de Morteau, dans le Doubs29 . L’Institut La Claire, une entreprise que nous connaissons mal… Mais tout n’est pas clair dans cette création. En effet, en 1892, Georges Jacquemin écrit dans le numéro précité de la revue L’Union pharmaceutique : Pour rendre l’emploi des levures pures actives pratique en viticulture, je suis arrivé à la création de l’Institut La Claire, non loin du Locle, près de Morteau (Doubs)30 . Est-il alors seulement le directeur scientifique de l’établissement ou en même temps son créateur ou un actionnaire ? Il indique que l’emplacement lui a été proposé par le pharmacien et chimiste suisse James Burmann (ou Burmanne) dans une propriété qui lui appartient. L’institut est situé en Suisse, à mille mètres d’altitude dans un endroit où l’air et l’eau sont très purs. Une photographie du site et du bâtiment est connue. Elle montre un bâtiment imposant avec des dépendances et précise l’altitude, qui a donc toute son importance. Toutefois, une autre source31 indique que l’établissement a été fondé par Burmann lui-même, qui loue les locaux à la société Burmann et Cie à partir du 23 mars 1904. Lui-même réside à La-Chaux-de-Fond. Une facture de l’entreprise, présente sur un site de vente, datée de 1897, indique que le directeur de l’institut est James Burmann. Une autre, du 5 janvier 1900, montre une vue des bâtiments, différente de celle de la carte postale précitée. Outre la mention des nombreuses médailles et récompenses obtenues entre 1891 et 1899, elle permet de savoir que les procédés mis en œuvre sont ceux de Jacquemin, et qu’un des collaborateurs est L. Marx, lauréat de la Société nationale industrielle d’encouragement. Une autre facture, celle-ci de 1904 et proposée sur le même site, indique que le société James Burmann et Compagnie dispose de deux adresses, l’une à Morteau, en France, et l’autre au Locle, en Suisse. Elle mentionne l’obtention de diverses récompenses, dont le Grand prix 1893 de la Société des agriculteurs de France, que Georges Jacquemin fait
  • 6. figurer sur ses factures issues de Malzéville. L’entreprise s’occupe de « cultures de levures pures de vin » et elle assure la vente de livres dont Georges Jacquemin est l’auteur. Les levures sont sélectionnées à Malzéville, puis cultivées et expédiées depuis Le Locle, dont l’adresse postale et télégraphique est à Morteau. Un document inséré dans un ouvrage de Jacquemin32 présente une très longue liste de levures sélectionnées à partir de cépages divers et de crus renommés : par exemple Arbois, Beaune, Margaux, Meursault. En 1933 encore, donc plusieurs années après le décès de Jacquemin, qui est survenu en 1925, l’institut publie à Malzéville une plaquette de cinquante-deux pages intitulée : Cultures de radiolevures de vins de grands crus de l’Institut La Claire. C’est l’époque en effet où la radioactivité a bonne réputation et où l’on pense qu’une irradiation améliore la qualité et les propriétés de divers produits. Une autre lui fait suite en 1936. Les levures de cidrerie font aussi l’objet de recherches et de publications, et l’institut expédie des levures appelées Vallée d’auge qui sont destinées à cette activité. Des levures concentrées sont spécialement préparées et conditionnées pour l’exportation. C’est Burmann qui s’occupe de cette activité. L’histoire de l’entreprise est compliquée, mais aussi quelque peu éclairée par le fait qu’il existe à Dijon un autre institut La Claire qui se targue de disposer de l’exclusivité de la commercialisation des radiolevures Jacquemin depuis 1891. Affichant sur ses factures la culture de levures des grands crus, il indique utiliser les procédés Jacquemin. Une publicité en ma possession s’adresse aux apiculteurs en vue de la préparation d’hydromel, une boisson à laquelle Jacquemin s’intéresse, à l’aide de « multi-levures ou radio-levures pour hydromel de La Claire – 4-6 rue Ranfer ». Les installations de la rue Ranfer-de-Bretenières (figure 4), situées face au cirque Tivoli devenu square Rouquel, sont représentées sur les facture de l’entreprise. Après la Seconde Guerre mondiale, elle a encore pour raison sociale François et Cie, un calendrier de 1955 vante toujours les levures Jacquemin, et un numéro de téléphone à huit chiffres est connu en 1969. J’ignore en quelle année l’établissement disparaît. Une étude particulière mériterait de lui être consacrée. Figure 4 : l’institut La Claire de Dijon d’après une facture de l’établissement (collection P. Labrude). L’Institut Jacquemin de Malzéville et ses productions
  • 7. L’Institut est fondé en 1894. A l’origine, il s’agit seulement d’un laboratoire de recherches scientifiques appliquées à l’agriculture et à l’industrie. Une publicité de 1900 nous apprend qu’il ne fait aucun commerce, que les nouvelles levures de distillerie (…) ne sont jamais facturées et que les travaux (…) consistent dans l’étude des questions scientifiques applicables à l’agriculture, et dans la recherche de procédés industriels nouveaux33 . A ce moment, les collaborateurs de Jacquemin sont Danten, Alliot, Pique, Thiry et Labey pour « la surveillance des mises en route des procédés brevetés dans les fabriques d’alcools ». Les affaires ayant prospéré, la main d’œuvre devient importante, comme en témoignent les nombreuses cartes postales disponibles34 , et Gilbert Gimel, ingénieur agricole, rejoint l’entreprise. En raison du succès qu’il rencontre, Georges Jacquemin est contraint d’améliorer sans cesse la sélection des souches de levures, la qualité des moûts nourriciers et aussi des récipients d’expédition afin d’éviter les pertes d’activité et les contaminations. A la suite des recherches et découvertes faites par l’institut, l’entreprise entreprend la fabrication et la vente de produits très divers : levures pures de raisins sélectionnées appelées Ferment Jacquemin, levures dites spéciales ayant acquis au laboratoire des propriétés particulières et destinées aux distillateurs, brasseurs, etc., boissons fermentées auxquelles l’institut a apporté des améliorations de préparation, produits chimiques destinés à l’œnologie, la brasserie, la cidrerie, la fabrication des couleurs, la teinture, l’impression, la décoration des étoffes, l’extraction des corps gras, la photographie, et enfin la bouillie cuprique ou Bouillie cupri-sulfi-formolée ou encore Bouillie unique-usage (sic), formée de « bisulfite cuivreux et d’aldéhyde formique », inventée par Gimel, et destinée au traitement préventif et curatif des maladies des vignes, arbres fruitiers, plantes horticoles, légumières et ornementales comme le mildiou, l’oïdium, le black-rot, la cloque, la tavelure. Cette bouillie détruit les insectes comme pyrale, cochylis, puceron lanigère, etc.35 . Le Ferment Jacquemin, ou Cure de raisin en toute saison, un médicament… Il s’agit là de l’application thérapeutique des levures de vin. Jacquemin revient donc d’une certaine manière à la pharmacie. Au moment où il s’intéresse à ce sujet, le ferment employé est la levure de bière, recommandée dans le traitement de la furonculose36 , qui se cultive alors à basse température, n’est pas pure et dont l’absorption n’est pas forcément agréable. De plus, le micro-organisme n’est pas adapté à la température du tube digestif, ni certainement à l’acidité régnant dans l’estomac. Aussi les résultats thérapeutiques sont-ils restés médiocres. Jacquemin pense donc appliquer ses ferments de raisin au traitement de maladies d’origine microbienne en sélectionnant une souche de levure résistant aux conditions physico-chimiques du tube digestif tout en conservant ses propriétés biologiques. Des travaux de l’entreprise relatifs à la brasserie lui ont permis de mettre au point des procédés d’obtention et de culture de levures qui, « basses » à l’origine, sont devenues capables de produire des fermentations et d’être employées industriellement à « haute » température37 . Avec ses collaborateurs, Georges Jacquemin modifie une levure de raisin provenant des pays chauds en vue de lui permettre de supporter ces conditions. Nous ignorons lesquels, il s’agit peut-être de l’Algérie avec laquelle il est en relations38 . Ainsi naît le Ferment Jacquemin (figure 5) qui est présenté à la séance de l’Académie de médecine du 18 novembre 1902 sous le titre De l’application thérapeutique d’une levure pure de raisin sélectionnée et acclimatée à la vie physiologique par la voie stomacale, et qui vaut à son auteur les honneurs de la discussion des corps savants et les éloges du monde médical français. Le Ferment reçoit la même année la médaille d’or du Congrès annuel de médecine expérimentale et de pathologie de Melbourne en Australie, qui l’a choisi parmi les soixante-treize concurrents d’un concours. Georges
  • 8. Jacquemin publie ses observations dans une brochure de trente-deux pages qui paraît en 1904 avec le même titre que sa communication de 1902 à l’Académie39 . Une facture de cette même année mentionne l’existence du « service des ferments purs de raisins des pays chauds pour application thérapeutique ». Figure 5 : une publicité pour le Ferment Jacquemin (collection P. Labrude). Ce qui peut être considéré à l’époque comme un médicament et dont nous dirions peut-être aujourd’hui qu’il s’agit d’un alicament, c’est-à-dire à la fois un aliment et un médicament, est présenté par son inventeur comme le microbicide par excellence, le dépuratif le plus puissant et le plus inoffensif, le seul composé d’éléments naturels. Il est, précise t-il, sans rival contre : les maladies des voies digestives, de la peau, la furonculose, le rhumatisme et le diabète, etc. et déposé dans toutes les bonnes pharmacies. Le mot « bonne » est à la mode à ce moment dans le milieu de la pharmacie, mais il tend à indiquer qu’il y en a de mauvaises, le sens à retenir étant qu’elles sont mal achalandées… Jacquemin conseille aussi son Ferment dans la constipation, l’entérite, l’appendicite ou la grippe… Il n’est pas le seul à s’intéresser aux ferments de raisin. D’autres laboratoires préparent et commercialisent de tels produits dans la même indication, dépuratif, comme en témoigne par exemple une « réclame » parue au printemps 1907 dans L’Est républicain à Nancy, qui vante les Ferments de raisins en siphons du Docteur G. Pégot dont le dépôt est à Paris au Laboratoire Fermenthérapique. De nombreux articles et encarts publicitaires portent l’existence du produit à la connaissance du public. C’est ainsi par exemple que dans La Vie illustrée du 17 juin 1904, le docteur Passy- Terrier ajoute à la liste ci-dessus, déjà longue, les maladies dont les femmes sont tributaires et dans lesquelles l’estomac joue un rôle prépondérant. Il nous est loisible aujourd’hui de sourire à cette lecture, mais rappelons-nous qu’à ce moment, il est encore naturel de « débarrasser » périodiquement l’organisme des « mauvaises » humeurs, selon la très ancienne théorie hippocratique, d’où l’usage des dépuratifs. Par ailleurs les antibiotiques n’existent pas encore et ils ne verront le jour que dans plusieurs décennies. Quant à la physiopathologie de certaines maladies, elle est encore inconnue, le rhumatisme est considéré comme d’origine bactérienne cependant que l’insuline n’a pas encore été découverte… Dans un but philanthropique, et certainement aussi publicitaire et commercial, ce qui est bien normal, Jacquemin souhaite que sa découverte soit mise à la disposition de tous. Aussi, sur demande écrite, l’institut envoie gratuitement des brochures explicatives, cependant qu’il
  • 9. expédie directement franco de port et d’emballage le médicament aux malades. Jacquemin lui- même indique à un journal qu’il en prend à tous les repas pour lutter contre son excédent de poids, et son personnel aussi dès qu’il ne va pas bien. Tous se portent à merveille…40 . Le flacon dans lequel le Ferment est vendu, a une forme qui est peut-être spécifique à l’institut et qui participe aussi sans doute à sa publicité. Nous l’avons vu, le produit se trouve en pharmacie, en flacon simple ou double, ce dernier, semble t-il pour une cure de trois semaines. La revue Les Etrennes nancéiennes de 1905 a consacré un article à Georges Jacquemin, qu’elle a intitulé Le ferment de raisin41 . En 1933-1934, la publicité du même produit est plus élaborée. Après avoir indiqué qu’il a été présenté à l’Académie de médecine, elle précise que le Ferment est constitué d’une culture active de levure pure de raisin (Saccharomyces ellipsoïdeus) à grande sécrétion diastasique, qu’il est indiqué contre le manque d’appétit, la dyspepsie, l’anémie, la furonculose, l’eczéma, le psoriasis, l’anthrax, le diabète, la grippe, etc., qu’il est très bon à boire, ayant un excellent goût de vin nouveau, enfin que les enfants le prennent volontiers. Ce type de « médicament » est encore au « goût du jour » à ce moment, car l’année suivante, dans son numéro de 1934- 1935, le Bulletin de l’Association des anciens étudiants de la Faculté de pharmacie de Nancy publie un court article d’un médecin, consacré au jus de raisin, où il est question de ses ferments et qui est qualifié de véritable élixir de vie…42 . Je ne sais pas à quel moment le Ferment Jacquemin disparaît de la vente. Les autres productions de l’Institut : les produits phytosanitaires, plus exactement « phytopharmaceutiques » A l’époque du Ferment, de nombreuses préparations sont proposées par l’institut pour le traitement des vignes victimes du mildiou, la plus ancienne et la plus efficace restant la bouillie bordelaise, composée de sulfate de cuivre, de chaux et d’eau. La Bouillie Jacquemin est, selon ses promoteurs, plus économique que cette dernière. Au fil des ans, l’institut met au point ou améliore d’autres bouillies et propose ainsi le Gel-verdet, le Gel-Arsénoverdet, la Bouillie U.- U. pyridinée insecticide qui est une amélioration de la Bouillie unique-usage (d’où le U.-U.), l’Adhésif Jacquemin pour accroître la durée d’action des sulfatages ou encore le Foie de soufre baryté, complément du soufrage agissant contre oïdium et insectes43 . Une facture de 1933, où l’entreprise est une société à responsabilité limitée au capital de 300.000 francs, vante les levures pures sélectionnées et les multilevures, les bouillies UU, UUP et acétocupriques, le Bio-sulfite, l’engrais Plasmin fluoré, l’Adhésif et le Sulbaryte, le conservateur, la Chlorine insecticide pour jardins et le Fluotone pour futailles. Mais il est difficile de connaître avec précision le nombre et l’évolution des productions de l’institut du fait de l’absence d’archives. Nos recherches n’ont permis de trouver qu’un seul catalogue, plus exactement, une « notice générale des produits œnologiques », très succincte puisque seulement constituée d’un feuillet recto-verso et non daté. Cette notice mentionne l’établissement principal et sa succursale de Saint-Césaire, dans le département du Gard, et pourrait dater des dernières années de l’entreprise car les numéros de téléphone sont à six chiffres. Elle décrit brièvement les produits suivants indiqués tels que mentionnés : conservateur, sorbate, colle gélatine, colle de poisson, sanocol, T.B.-10 (argile clarifiante), phytate, ferrocyanure, métatartrique, gomme arabique, acide ascorbique, tanins (au nombre de trois), caramels (deux), charbons (deux), bio- sulfite, levures, et enfin produits divers : acides citrique et tartrique, carbonate de chaux, désinfectant Fluotone, mastic, mèches soufrées, phosphate diammonique, solutions sulfureuses à 6% et à 25%, soit vingt-neuf produits chimiques et biologiques. La notice propose des conseils et rappelle la réglementation en vigueur.
  • 10. Le second document est plus ancien car les numéros de téléphone sont à quatre chiffres, et il ne concerne que le Bio-sulfite Jacquemin qui a dû être un produit-phare et qui contient en volume environ 20% d’anhydride sulfureux et autant de phosphate diammonique. Il date de la période où M. Gilbert Gimel dirige l’institut. La référence qui figure au verso en bas à droite, « B.-L. – 47 – 20174 », pourrait signifier Berger-Levrault (le grand imprimeur nancéien de l’époque), 1947 et le numéro d’ordre du document. Celui-ci précise les emplois du biosulfite : amélioration des vins et défoxage des vins d’hybrides (c’est-à-dire disparition de leur goût propre), ses nombreuses actions, les doses à mettre en œuvre, son mode d’emploi. Un emplacement est réservé pour indiquer les prix et conditions de vente par litre (un ou deux) et par kilogrammes (de trois à soixante). Par exemple, une bonbonne de trois kilogrammes expédiée au Cap Nègre, dans le Var, en septembre 1933, est facturée 39,5 francs. Une autre publicité pour divers produits, avec un numéro de téléphone lui aussi à quatre chiffres, est présentée figure 6. Figure 6 : une publicité pour des produits phares de l’établissement (collection P. Labrude). L’Institut propose aussi la réalisation d’analyses aux professionnels qui n’ont pas les installations nécessaires, et il dispose pour cela d’un laboratoire d’analyse des vins, cidres et bières où sont déterminés l’extrait, le degré alcoolique, l’acidité, le tanin, le sucre, le plâtrage, etc. Les tarifs des produits et des analyses figurent en particulier dans les livres écrits par Jacquemin. Ces ouvrages seront étudiés plus loin. Les bâtiments de l’Institut L’entreprise s’installe d’abord dans une maison située au 22 de la rue d’Amance où le professeur Eugène Jacquemin emménage au moment de sa retraite. Il est vraisemblable qu’il travaille avec son fils et le conseille. C’est, d’après ce qui en a été écrit, une maison de vigneron,
  • 11. située au milieu des vignes. Une extension est créée à l’immeuble pour servir de laboratoire. En 1902, Jacquemin décide de faire construire un véritable laboratoire ainsi qu’une maison d’habitation. L’immeuble à usage de laboratoire, au delà de la maison initiale, du côté droit de la rue en montant, est édifié en 1903, avec une façade imposante, dans le style des usines de Grande-Bretagne du XIXe siècle. Derrière lui se trouve un autre corps de bâtiment, plus bas, ainsi qu’un assez vaste terrain44 . Il est probable que l’architecte en est Félicien César (1849- 1930), architecte-ingénieur d’origine belge, auteur des plans de nombreuses usines45 . La villa (figure 7) est un peu plus tardive que le laboratoire. Elle est édifiée entre la maison primitive et le laboratoire, entre 1902 et 1905, dans l’alignement de ce dernier, avec une architecture qui lui est apparentée et qui comporte en particulier une haute tour abritant l’escalier, comme d’ailleurs le laboratoire en possède une du côté du jardin. Certains éléments décoratifs sont en accord avec l’art nancéien du moment, avec des vitraux du Malzévillois Goviller et un ouvrage en bois de Michaud46 . Figure 7 : la maison d’habitation en 2011 (photographie P. Labrude). Depuis leur construction, ces immeubles n’ont que très peu changé. L’ancien bâtiment industriel se présente comme à son origine sous la forme d’une grande bâtisse « rectangulaire » surmontée d’un fronton triangulaire sculpté et percé d’un œil-de-bœuf. En dessous de celui-ci, un bandeau indique Institut de recherches scientifiques et industrielles et, de part et d’autre d’une plaque rouge où est portée la mention Fondation Jacquemin, qu’il s’y exerce des activités touchant à la Microbiologie et à la Chimie appliquée. Ce bâtiment comporte deux étages et peut-être trois à ses extrémités de part et d’autre du fronton où se trouvaient à l’origine des balcons et où existe encore, du côté droit, une poulie. A cet endroit les fenêtres ont été remaniées et des cheminées ont disparu. L’ensemble a été réhabilité et il accueille maintenant des appartements (figures 8 et 9).
  • 12. Figure 8 : le bâtiment principal de l’institut en 2002 (photographie P. Labrude). Figure 9 : les inscriptions présentes sur la façade en 2002 (photographie P. Labrude). Les nombreuses cartes postales disponibles et le petit livret de photographies déjà mentionné, qui semblent dater du début du XXe siècle, auxquels s’ajoutent les illustrations présentes dans les ouvrages de Georges Jacquemin, permettent de se rendre compte de la nature et de l’importance des installations et de la main d’œuvre au moment sans doute de l’apogée de l’entreprise. Les vues montrent plusieurs des installations du laboratoire de microbiologie, le laboratoire de chimie (figure 10), ceux de « recherches de distillerie » et de « recherches brassicoles », la salle des collections, la préparation des moûts de culture et des levures
  • 13. industrielles, le lavage et la stérilisation des flacons, le bouchage des flacons destinés à l’exportation, le monte-charge et la salle de coiffage des flacons, la salle d’emballage, la comptabilité. D’autres vues montrent des attelages devant l’immeuble dans ce qui s’appelle alors la rue d’Amance, et qui est maintenant la rue Maurice-Barrès. Figure 10 : le laboratoire de chimie de l’institut (carte postale, collection P. Labrude). Ces cartes présentent également l’ensemble immobilier du côté du jardin avec la tour crénelée en briques et pierre munie d’une horloge (figure 11).
  • 14. Figure 11 : la vue sur le jardin (carte postale ancienne, collection P. Labrude). Elles permettent de constater l’existence d’un personnel important dans les différents services de l’entreprise. La photographie de la comptabilité revèle la présence de treize employés. Leur observation attentive montre l’absence presque totale de personnel féminin. Pour sa part, la brochure intitulée Travaux du laboratoire de recherches scientifiques et industrielles…, mentionnée en référence 29, mais malheureusement non datée, présente l’organigramme de l’établissement, et il semble important de le citer. Immédiatement après M. Jacquemin se trouve M. Henri Alliot, ingénieur agricole et chimiste, directeur, dont le nom est le seul inscrit en gras avec celui du fondateur. Viennent ensuite MM. Piquet, chimiste pour le service de brasserie, fermentations, etc., Pozzi-Escot, chimiste pour le service des recherches de chimie pure, Gimel, ingénieur agricole et chimiste pour le service de microbiologie et de recherches agronomiques, et trois employés, MM. Thiry, Favier et Lallemand. Le service technique comporte MM. Danten, collaborateur principal pour la brasserie et la distillerie, et Labey, contremaître, ce qui signifie la présence de divers ouvriers. Enfin, le service commercial est dirigé par M. Grimault à Paris. Cette brochure n’est pas antérieure à 1902 et ne doit guère être postérieure à cette année. L’institut après la mort de son fondateur A la mort de Georges Jacquemin le 27 octobre 1925 à l’âge de 63 ans, Gilbert Gimel devient le directeur de l’institut. Comme Georges Jacquemin, il est l’auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels Guide de l’emploi de l’acide sulfureux en vinification, qui reçoit une médaille d’or au
  • 15. concours agronomique de 1911 de la Société des agriculteurs de France, et connaît plusieurs éditions. Il est aussi le co-auteur, avec Henri Alliot et deux autres personnes, d’une encyclopédie rurale intitulée La Vie moderne à la campagne, ou Guide du citadin dans ses rapports avec les choses rurales, petite encyclopédie en six volumes, rédigée par une réunion d’ingénieurs agricoles, anciens élèves des écoles nationales d’agriculture, à l’usage des amateurs, des propriétaires ruraux, des jardiniers, maraîchers, des élèves des écoles d’agriculture et des candidats au professorat spécial d’agriculture. L’ouvrage défini par ce long titre, date de 1904 et a Alliot pour premier auteur. Henri Alliot, principal collaborateur de Georges Jacquemin, est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages. L’un d’entre eux est cité ci-dessus. Le plus important est écrit avec Georges Jacquemin, et s’intitule La Technologie agricole moderne… Il en sera question plus loin. Mais il en est d’autres, et en particulier : La Vinification moderne, ou l’art de faire et conserver le vin ; La Cidrerie moderne ou l’art de faire le bon cidre ; Cidre et hygiène, principes de technologie rationnelle, nouveaux procédés en concordance avec la loi sur la répression des fraudes ; Méthodes d’essais des produits anticryptogamiques. D’autres thèmes ont aussi été abordés par H. Alliot. Le fils de Gilbert Gimel, Raymond, pharmacien de la faculté de Nancy, docteur en pharmacie, diplômé de microbiologie, licencié ès-sciences et chimiste oeologue agréé, le remplace après la Seconde Guerre mondiale et reste à la tête de l’entreprise jusqu’à sa disparition. Comme son père, il travaille sur les vins, et c’est ainsi qu’il fait part de ses réflexions sur le dosage de l’acide sulfureux dans les moûts et les vins à la Société de pharmacie de Nancy le 5 avril 195147 . Au chapitre des collaborations externes, les recherches ici et là nous ont fait entendre les noms des pharmaciens Monal de Nancy, et nous pensons que, si cela est avéré, il s’agit d’Ernest Monal (1865-1928) qui avait été le tout premier collaborateur du professeur Petit et chef de travaux pratiques à l’école de brasserie de 1893 à 190248 , ainsi que celui de Charbonnelle, la famille de ce nom ayant été liée à la famille Monal. S’agissait t-il de Jacques Charbonnelle, pharmacien diplômé à Nancy en 1953 ? Je n’ai pas pu le vérifier. Le nom du professeur Herbeuval (1912-2007), de la faculté de médecine, m’a aussi été cité à propos du Biosulfite Jacquemin… Les récompenses obtenues et les publications effectuées Les travaux de Georges Jacquemin et de ses collaborateurs leur permettent d’obtenir de nombreuses récompenses dans les expositions, aussi bien à l’étranger (Hanoï 1902-1903, Vienne 1904 par exemple) qu’en France (Lyon 1894, Bordeaux 1895, Paris 1900 dans la classe 55 à l’Exposition universelle de Paris, entre autres). La première lui a été attribuée en 1888 par la Société des agriculteurs de France comme indiqué précédemment. Dès 1893, il est nommé chevalier du Mérite agricole et il sera ultérieurement promu officier. Entre 1888 et 1914, il rédige et présente des communications, le plus souvent seul comme cela est habituel à l’époque, et il fait imprimer des brochures et des ouvrages dont nous avons dressé un premier inventaire qui comprend quarante-sept titres se rapportant à de nombreux sujets ayant trait aux thèmes d’activité de l’entreprise qu’il a créée49 . Plusieurs figurent au Catalogue général des livres imprimés de la Bibliothèque nationale50 . On y trouve plusieurs Comptes rendus de l’Académie des sciences, des brochures ou ouvrages sortis des presses de l’Imprimerie nancéienne ou de l’imprimerie Thomas de Malzéville. Il faut en citer quelques-uns : Amélioration des vins par les levures actives de l’Institut La Claire en 1893, Emploi pratique en vinification des levures pures sélectionnées en 1895, L’amélioration des vins par les levures sélectionnées de l’Institut
  • 16. La Claire en 1896, Les fermentations rationnelles en 1900, Conseils rationnels sur la vinification et procédés pratiques pour obtenir la bonne qualité et la conservation des vins rouges et blancs en 1912, Les radiolevures ou multilevures radioactives préparées par l’Institut La Claire à Morteau (Doubs) pour l’amélioration des vins par simple addition à la vendange sans préparation de levain en 1914, etc. Plusieurs ouvrages sont édités par l’institut lui-même, et l’un d’eux, La technologie agricole moderne. La vinification moderne ou l’art de faire et conserver les vins, en deux volumes, est co-édité en 1903 avec le célèbre éditeur parisien Baillière51 . Seuls quelques ouvrages sont écrits en collaboration. Il s’agit de La technologie agricole moderne… avec Alliot, et qui correspond en réalité à deux titres en partie différents parus à quelques années d’intervalle52 , et de Conseils rationnels sur la vinification… avec Gimel53 , dont nous avons trouvé une quatrième édition en 1949. Les publications se poursuivent donc après la mort du fondateur, en continuant à mentionner son nom en bonne place, ce qui montre à la fois le respect qui l’entoure encore et la vitalité de son entreprise. Un employé de la maison a pour mission la surveillance de la mise en place des licences de brevets. La brochure non datée et déjà citée, Travaux de l’Institut… mentionne le dépôt de dix- neuf brevets et précise le nom de leurs auteurs lorsque M. Jacquemin n’est pas l’inventeur ou n’est pas seul : Malvezin, Pique, Alliot, Pozzi-Escot. Il y en a certainement d’autres. La fin de l’Institut L’Institut connaît le déclin après 1945 et, selon nos sources, l’établissement malzévillois ferme ses portes en 1967. Il possédait, comme déjà indiqué, une succursale implantée dans le Gard. Nous n’en connaissons pas la date de création. Elle aurait pris le relais de la maison-mère nancéienne sous la direction du gendre de M. Jacquemin, M. Clément, mais elle aurait elle- même disparu entre cinq et sept années plus tard selon les souvenirs de M. Cornevaux qui m’a indiqué en 2011 y avoir commandé des produits phytosanitaires pour sa vigne. Il est intéressant de noter qu’en 1910, un agrégé de l’école supérieure de pharmacie de Montpellier, Louis Gaucher, y crée un institut destiné à la préparation industrielle de levures sélectionnées destinées à la vinification des vins du Midi. Louis Gaucher dirige cet établissement jusqu’à la Grande Guerre et prend ensuite une autre orientation54 . Je n’ai rien trouvé jusqu’à présent sur cet établissement. Il ne serait pas indifférent de savoir s’il a existé des relations entre l’institut nancéien et son homologue montpelliérain, quel a été son destin, et, si son activité s’est poursuivie assez longtemps, quelles ont été ses productions, ce qu’elles étaient en comparaison avec celles de Jacquemin, et s’il a été en relation avec la filiale gardoise de son institut. Conclusion L’entreprise malzévilloise ayant fermé ses portes depuis plusieurs décennies et les bâtiments ayant trouvé de nouvelles destinations, beaucoup de témoins ayant disparu, les archives étant introuvables ou ayant été détruites (par un incendie ?), il n’a pas été facile de rassembler la documentation qui a permis la réalisation de la thèse de Lore Jacquemin citée en référence et de la présente note sur cette attachante entreprise intellectuelle et industrielle. En dépit de nos efforts, nous n’avons pu retrouver aucune archive et peu de documents de l’entreprise, en particulier seulement quelques catalogues, ni aucune relation de Georges Jacquemin avec d’autres entreprises, cependant que la Société industrielle de l’Est nous a indiqué ne disposer
  • 17. d’aucun document sur l’Institut Jacquemin. Par ailleurs, à l’occasion d’un autre travail55 , nous avons été étonnés de l’absence de l’institut parmi les exposants de l’Exposition internationale de l’Est de la France en 1909 alors que nous avons pu constater qu’il avait été très présent et souvent récompensé dans de précédentes et similaires manifestations... A l’opposé, une source très importante de renseignements sur les préoccupations de l’entreprise est constituée par les brochures et ouvrages qu’elle a fait éditer, sous les noms de G. Jacquemin bien sûr, mais aussi d’H. Alliot, de G. Gimel et de R. Gimel ensuite. Ils figurent régulièrement dans les catalogues de vente des librairies spécialisées et dans les ventes organisées sur Internet. Une autre source de renseignements est constituée par les cartes postales, mais aussi par les factures de l’entreprise qui sont en vente chez les mêmes commerçants. Les produits phytosanitaires Jacquemin, qu’on devrait plutôt appeler phytopharmaceutiques, et toutes ces publications et ouvrages mériteraient une étude précise et spécifique qui ne peut pas rentrer dans les limites de ce travail. Ayant délaissé la pharmacie qui l’intéressait peut-être assez peu, Georges Jacquemin a consacré sa vie à la microbiologie, en particulier aux levures, et à la chimie. Son intérêt pour ces disciplines lui a permis de réaliser une belle carrière professionnelle et scientifique, et il n’a pas dû regretter ce choix. En son temps, il a été l’un des plus grands spécialistes français et l’un des plus célèbres auteurs dans le domaine de l’étude et de l’amélioration des procédés de vinification. Il nous semble s’être uniquement, ou au moins essentiellement, préoccupé de ses recherches et de son entreprise. J’ai trouvé la mention : « le plus célèbre auteur du XIXe siècle sur l’amélioration des procédés de vinification », ce qui constitue un beau compliment… Il serait intéressant de pouvoir confirmer ou infirmer certains des points mentionnés sans preuve tout au long de ce travail, mais ceci repose sur la découverte d’archives, car la prospection aléatoire risque d’être longue et peu productive... Le témoignage de M. Cornevaux a été d’un grand intérêt. Il m’a indiqué que les produits Jacquemin étaient « sérieux et réguliers », ce sont ses propres mots. N’y a-il pas de plus belle reconnaissance de la qualité d’une entreprise et de son fondateur ? C’est pourquoi il est heureux que le souvenir de Georges Jacquemin demeure à Malzéville grâce à l’attribution de son nom à une allée de la ville, et que ce nom figure toujours fièrement sur le fronton de l’immeuble de la rue Maurice-Barrès, qui a été construit pour l’entreprise, qui l’a abritée jusqu’à sa disparition, et qui a été heureusement préservé et réhabilité. Bibliographie et notes 1. Taveneaux B., La Brasserie de Tantonville, une épopée industrielle au 19e siècle, Musée français de la brasserie, Saint-Nicolas-de-Port, 2007, p. 65-69. 2. Voluer P., L’Ecole de brasserie de Nancy, dans : Des ingénieurs pour la Lorraine XIXe -XXe siècles, sous la direction de A. Grelon et F. Birck, Editions Serpenoise, Metz, 1998, p. 203-213. 3. Labrude P., Albin Haller 1849-1925 pharmacien et chimiste, Revue d’histoire de la pharmacie, 1982, n° 254, p. 207-209. 4. Rivail J.-L., La chimie à la Faculté des sciences de Nancy. Des origines au Prix Nobel, Le Pays lorrain, Nancy, 2005, vol. 86, n° 1, p. 7-14. 5. Voluer P., L’Ecole de brasserie de Nancy, op. cit. 6. Husson E., La Faculté des sciences, dans : L’Université de Nancy (1572-1934), Editions du Pays lorrain, Nancy, 1934, p. 85-89.
  • 18. 7. Labrude P., Science et industrie à l’Ecole supérieure de pharmacie de Nancy 1872-1914, dans : Sciences et techniques en Lorraine à l’époque de l’Ecole de Nancy, Actes des conférences données du 4 mars au 8 avril 1999 à la MJC Pichon de Nancy, textes édités sous la direction de J.-F. Clément et F. Le Tacon par la MJC Pichon, Nancy, 2001, p. 121-132. 8. Taveneaux B., Les Brasseries de Maxéville, Musée français de la brasserie, Saint-Nicolas- de-Port, 2011, p. 92. 9. Fray J.-L., Nancy-le-Duc Essor d’une capitale princière dans les deux derniers siècles du Moyen Age, Société Thierry Alix, Nancy, 1986, 344 p. 10. Cornevaux J., La vigne en Lorraine : une mise au point, Villages lorrains, 2000, n° 91, p. 4-11. 11. Husson J.-P., La vigne dans l’agglomération de Nancy, de l’objet relique au projet de renaturation, Revue géographique de l’Est, Nancy, 2004, vol. 44, n° 1-2, p. 81-87. Disponible en ligne. 12. Beck R., Malzéville, Association Notre-Dame du Trupt, Malzéville, 1e partie, 1995, p. 53- 59 et 69-70 ; 4e partie, 1997, p. 86. 13. Lambert des Cilleuls F., L’Ecole supérieure de pharmacie de Strasbourg, Sidot, Nancy, 1903, p. 118. 14. Lambert des Cilleuls F., op. cit., référence 12, p. 138. Klobb fixe le début du cours de chimie agricole à 1868 (T. Klobb, Le Professeur Jacquemin, Bulletin des sciences pharmacologiques, 1910, vol. 17, p. 39-41). 15. Labrude P., Science et industrie…, loc. cit. 16. Labrude P., Quelques mots sur Eugène Théodore Jacquemin (Schirmeck 1828 - Malzéville 1909), professeur aux écoles supérieures de pharmacie de Strasbourg et de Nancy, L’Essor, Schirmeck, 1993, n° 160, p. 11-12. 17. Fiche d’élève de Georges Jacquemin, archives de la faculté de pharmacie de Nancy, n° 20, 28 mars 1882 - 17 avril 1888. 18. Jacquemin L., Eugène Jacquemin de l’Ecole supérieure de pharmacie de Nancy, son fils Georges et l’Institut de recherches scientifiques et industrielles de Malzéville, thèse de diplôme d’Etat de docteur en pharmacie (sous la direction de P. Labrude), Nancy, 2007, n° 14, 140 p., ici p. 36. 19. Jacquemin G., Les Fermentations rationnelles (vins, cidres, hydromels, alcools), Imprimerie Thomas, Malzéville-Nancy, 1900, 878 p. et 16 f. de publicité. 20. Nécrologie : nos directeurs, M. le Professeur Jacquemin, Bulletin de l’Association amicale des anciens élèves de l’Ecole supérieure de pharmacie de Nancy, 1910, n° 3, p. 30-33. 21. Emile Duclaux (1840-1904), spécialiste des fermentations et des maladies d’origine microbienne, successeur de Pasteur à la direction de l’institut de ce nom en 1895. 22. Jacquemin L., Eugène Jacquemin…, op. cit., p. 36. 23. Marcelin Berthelot (1827-1907), pharmacien et chimiste, professeur à l’Ecole supérieure de pharmacie de Paris et au Collège de France, homme politique, membre de l’Académie française. 24. Jacquemin L., Eugène Jacquemin…, op. cit., p. 37. 25. Gaspard Adolphe Chatin (1813-1901), professeur à l’Ecole supérieure de pharmacie de Paris, directeur de cette école de 1873 à 1886. 26. Jacquemin L., Eugène Jacquemin…, op. cit., p. 38. 27. Roth F., Alfred Lamy, 1845-1925 : Un Lorrain du Saulnois au temps de l’annexion à l’Empire allemand, Les Cahiers lorrains, Metz, 2006, n° 3/4, p. 68-79. 28. Jacquemin G., Les levures pures de vin actives et l’amélioration des vins en 1891, L’Union pharmaceutique, 1892, 33e année, p. 112-117. 29. Travaux du laboratoire de recherches scientifiques et industrielles de G. Jacquemin à Malzéville, près Nancy, Imprimerie Thomas, Malzéville-Nancy, sans date, 48 p., ici p. 3. 30. Jacquemin G., Les levures pures…, op. cit.
  • 19. 31. Ledermann F., « Burmann, James », dans : Biographie des pharmaciens suisses, volume commémoratif édité à l’occasion du 150e anniversaire de la Société suisse de Pharmacie, sous la direction de F. Ledermann, Stämpfli+Cie AG, Berne, 1993, p. 65-66. 32. Jacquemin G., Production rationnelle et conservation des vins, Imprimerie Thomas, Malzéville-Nancy, 1909. 33. Jacquemin L., Eugène Jacquemin…, op. cit., p. 63. 34. Institut de recherches scientifiques et industrielles - Fondation G. Jacquemin Malzéville, Imprimerie Humblot, Nancy, sans date, 20 photographies en noir et blanc de 14x9 cm. 35. Jacquemin L., Eugène Jacquemin…, op. cit., p. 65. 36. La furonculose est une maladie cutanée qui se traduit par des éruptions de furoncles, c’est- à-dire l’inflammation des follicule pileux et des tissus qui les avoisinent sous l’influence d’un staphylocoque. 37. Jacquemin G., Procédé de préparation de levures basses de brasserie possédant la propriété de fermentation à haute température et leur mode d’emploi, L’Union pharmaceutique, 1901, 42e année, p. 273-275. En brasserie, la fermentation basse s’effectue à température inférieure à 10°C, et la fermentation haute à environ 20°C. Elle ne met pas en oeuvre les mêmes levures. 38. Jacquemin G., Les levures pures…, op. cit. 39. Librairie Philippe Sérignan, livres anciens et modernes, Avignon, Imprimerie Barthélemy, Avignon, catalogue n° 99, décembre 2011, p. 49, n° 269. Cette brochure était offerte à la vente au prix de 180 euros. 40. Le Roux J., Un émule de Pasteur. Une visite à l’Institut scientifique de Malzéville, Le Moniteur viennois, 1904, page disponible en ligne (memoireactuelle.org), consulté le 21 mars 2017. 41. Le ferment de raisin, Les Etrennes nancéiennes, Nancy, 1905, p. 119-121, avec une photographie de G. Jacquemin. 42. Buttner L., Le jus de raisin, sa consommation, ses avantages, Bulletin de l’Association des anciens étudiants de la Faculté de pharmacie de Nancy, 1934-1935, n° 22, p. 54-55. 43. Jacquemin L., Eugène Jacquemin…, op. cit., p. 65-69 et 131-134. L’appellation « foie de soufre » est très ancienne. C’est le sulfure de potassium anhydre de la nomenclature moderne. 44. Ruth C., Fuchs A. et Bouattour M., Architectures le long du Chemin stratégique à Malzéville, http://www.caue54.com/upload/pdfitinéraire/Iti-MALZEVILLE-100.pdf (il s’agit de l’itinéraire 5 : La fondation Jacquemin). 45. Je remercie mon ami Pascal Thiébaut pour ces informations. Félicien César se qualifiait « d’architecte industriel ». Il est l’auteur de nombreuses usines nancéiennes qui sont toutes signées. Curieusement l’Institut Jacquemin ne l’est pas… 46. Ruth C. et al, op. cit. http : www.culture.fr/recherche/?typeSearch=collection… 47. Gimel R., Réflexions chimiques et bio-chimiques sur les dosages courants d’acide sulfureux dans les moûts et les vins et conclusions pratiques à en tirer, Bulletin de la Société de pharmacie de Nancy, 1951, n° 9, p. 15-21. 48. Nécrologie, Emile Monal 1865-1928, Bulletin de l’Association des anciens étudiants de la Faculté de pharmacie de Nancy, 1928-1929, n° 16, p. 44-47. 49. Jacquemin L., Eugène Jacquemin…, op. cit., p. 109-111. 50. Catalogue général des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, Imprimerie nationale, Paris, 1922, vol. 76, p. 521-532. 51. Jacquemin G. et Alliot H., La technologie agricole moderne. La vinification moderne ou l’art de faire et conserver le vin, J.-B. Baillière et fils, Paris, 1903, 2 volumes. 52. Jacquemin G. et Alliot H., avec la collaboration de R. Dumont, R. Séverin, J. Dumont et F. Couston, La technologie agricole moderne. La préparation moderne de l’hydromel et des vins de fruits, Amat, Paris, 1907.
  • 20. 53. Jacquemin G. et Gimel R., Conseils rationnels sur la vinification et Procédés pratiques pour obtenir la bonne qualité et la conservation des vins rouges et blancs, Société d’impressions typographiques, Malzéville-Nancy, 4e édition, 1949. La 3e édition était de 1934. 54. Descomps G., Biographie de Louis Gaucher, Revue d’histoire de la pharmacie, 1970, n° 206, p. 214-215. Rien ne figure au sujet de cet institut dans l’ouvrage de Louis Dulieu sur la pharmacie à Montpellier, sauf une mention sur un « institut zimotechnique ». 55. Parfait I., La Pharmacie à l’Exposition internationale de l’Est de la France - Nancy 1909, thèse de diplôme d’Etat de docteur en pharmacie (sous la direction de P. Labrude), Nancy, 1998, n° 78, p. 68. Résumé D’abord orienté vers la recherche et ses applications en matière de chimie et de microbiologie, l’établissement voit le jour en 1894. Son fondateur, Georges Jacquemin, est le fils du professeur Jacquemin, de l’école supérieure de pharmacie, et il a effectué des études de pharmacie complètes mais dont il n’a pas validé les derniers examens. Trois années auparavant, il a déjà créé dans le Jura, avec un pharmacien suisse, un autre établissement, l’Institut La Claire, dévolu au même type d’activité. L’Institut Jacquemin s’installe dans des bâtiments spécialement construits pour ses activités. Il prépare et commercialise de nombreux produits chimiques ou biologiques, en particulier des levures sélectionnées et purifiées destinées à l’œnologie, la brasserie, la cidrerie, des produits phytosanitaires et, en 1902, le Ferment Jacquemin, qui est un dépuratif et peut être considéré comme un médicament. Il est vendu en pharmacie pendant plusieurs décennies. Georges Jacquemin meurt en 1925, mais l’Institut poursuit son activité avec ses collaborateurs et l’entreprise ne disparaît totalement à Nancy qu’en 1967, et sa filiale quelques années plus tard. Summary First devoted to research and its applications in chemistry and microbiology, the institute was created in 1894. Its founder, Georges Jacquemin, was the son of the professor of chemistry of the school of pharmacy of Nancy. He was first a student in pharmacy but he did not finish the last examinations… Three years ago, he created or participated to the creation of the Institut La Claire, near Morteau in the Jura, with same activities. The Institut Jacquemin settled in special houses and laboratories where were studied and prepared numerous chemical and biological products, particularly selected yeasts used in wine-making, brewery, cider-making, also phytosanitary chemical products and, in 1902, Ferment Jacquemin which was a depurative and was considered as a drug. Georges Jacquemin died in 1925 but his institute remainded in activity with his coworkers until 1967 and closed totally some years later. Mots clés : Jacquemin Georges, Institut de recherches scientifiques Jacquemin, microbiologie, chimie, levures, vin, Ferment Jacquemin, produits phytopharmaceutiques, Biosulfite. Professeur (h) Pierre Labrude Centre régional universitaire lorrain d’histoire, université de Lorraine, Nancy. 18 avenue Sainte-Anne, 54520 Laxou pierre.labrude@orange.fr téléphone 06 30 90 85 71