1. N
Qu'est-ce que l'islam politique ?
Hème Gidey
24 août 2013, 10:23
Je pense qu'avant toute chose il devient nécessaire de définir les mots et
expressions que l'on emploie. L'islam est une croyance religieuse. La
politique consiste en un ensemble de règles qui doivent organiser la vie
commune dans un État donné. Ainsi, l'islam politique serait une croyance
religieuse qui servirait à organiser la vie d'un peuple.
Allons plus loin : que faudrait-il entendre par catholicisme ou
protestantisme politique ? La monarchie absolue d'avant la révolution
française était-elle un catholicisme politique ? Rappelons que les sujets
du roi, à l'époque, devaient être catholiques de préférence, que toutes
les fonctions ne pouvaient être remplies par des non-catholiques. Mais le
texte des évangiles permettait-il d'organiser la France politiquement ?
Personne ne s'en est réellement préoccupé...
Le problème est plus complexe qu'on ne croit. Les Frères musulmans en
Égypte n'ont pas su trouver dans le Coran de quoi répondre aux
aspirations sociales d'un peuple qui venait de chasser la dictature de
Moubarak. L'ont-ils voulu ? Ont-ils essayé ? Je ne sais pas. Je ne suis
pas assez proche du monde égyptien pour être sûre de ne pas me
tromper. Il semble, cependant, que les frères musulmans ont plus
cherché à asseoir leur pouvoir, à le pérenniser, à établir la charia qu'à
répondre aux revendications du peuple. En ce sens, il n'y a jamais eu
réellement d'islam politique en Égypte. Les frères musulmans ont gagné
les élections, peut-être, mais ils n'ont pas réalisé la moindre réforme
sociale et économique.
Il ne peut donc être question de fin d'un islam politique qui n'a jamais
réellement existé. A ma connaissance, seul l'Iran a su mettre en œuvre
une politique à partir de la loi islamique mais en faisant de nombreux
compromis avec des régimes qui n'ont rien d'islamique... Est-ce, là aussi,
un islam politique à proprement parler ? D'autant plus que le régime
semble petit-à-petit se laïciser : la terreur qui tient le peuple en respect
finit par s'émousser...
2. Je crois que les islamistes radicaux ont profité d'une révolution populaire
pour se faire élire mais là s'arrête l'islam politique. Contrairement à ce
que nous croyons souvent, les peuples qui sont à l'origine du printemps
arabe ne veulent pas imposer l'islam ni chez eux, ni ailleurs : ils veulent
une vie plus saine, une économie plus stable et une qualité de vie qu'ils
n'ont pas.
Je crois également que nous n'arrivons pas à examiner ce qui se passe
en laissant de côté notre mode d'analyse occidental et aussi, surtout,
nos préjugés, voire nos fantasmes. Je ne pense pas qu'il y ait un jour un
"islam politique" à proprement parler mais je ne suis pas devin...
Par contre, ce qui devient de plus en plus visible, en Égypte comme en
Syrie et en Tunisie c'est que le peuple révolutionnaire est pris en étau
entre deux extrêmes : les dictatures laïques et armées et les dictatures
religieuses. Qui se préoccupe du peuple prisonnier entre ces 2
extrêmes ? J'entendais dire qu'il fallait soutenir en Syrie les insurgés
après l'affaire du sarin. Mais qui soutenir ? Comment trouver les
révolutionnaires qui cherchent une amélioration sociale et économique
parmi tous les groupuscules extrémistes de tout bord qui profitent de la
situation pour s'imposer ? Si nous armons les islamistes syriens, ne
faisons-nous pas le contraire de ce pourquoi nous sommes allés au
Mali ? N'armons-nous pas en Syrie, ceux contre qui nous luttons au
Mali ? Je crois que le "calcul binaire" à 2 valeurs de vérités nous égare. Il
y a entre ces 2 pôles dont l'occident ne cesse de parler des peuples qui
souffrent qui se battent et que personne ne voit... D'après moi, le drame
est là !!!
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Vous aussi, participez au débat :
Chute de Morsi: le début de la fin de l'islam politique dans le monde
arabe ?
O
03 novembre 2013, 08:45
Sadek Kheddache/ Chercheur en sociologie islamique contemporaine /
Expert - consultant en management, innovation et stratégies de développement
Après avoir relu le texte, j'ai bien compris les questions que se pose Hème
Gidey, et je suis d’accord avec lui pour confirmer que l’islam politique n’a
3. jamais existé réellement. De l’autre coté, je crois qu’il est malhonnête de juger
le parti des islamistes de Mohamed Morsi d’avoir échouer de changer l’Egypte
en 12 mois seulement de gouvernance. Il est bien victime d’un coup d’état
militaire flagrant !!! Et l’occident qui défend la démocratie, se taisent et laissent
faire, car le danger qui les apeurent, c’est l’islamisme, non pas les dictatures
arabo-musulmanes qu’ils ont eux même placés et qu’ils protègent, quand il y’a
des intérêts.
Mais, comme on dit a toute chose malheur et bon.
Le bon, dans cet événement c’est qu’un risque beaucoup plus grand vient d’être
évité.
Mais avant d’aborder ce deuxième point, il faut signaler qu’il n’a y a pas eu
d’arguments politiques, scientifiques ou religieux qui appuient cette thèse que
l’islam n’est pas une politique dans la contribution que nous discutons.
En effet, dire sans expliquer, reste aussi flou que la « politique » des islamistes
dans le monde arabo-musulmans.
Je comprends aussi, que ce n’est pas a un européen, ni à un américain, même s’il
est expert en la matière (politique, sociologie, sciences humaines), qui pourra
clarifier cet amalgame qui se fait depuis très longtemps entre la politique et la
religion musulmane. Car il s’agit d’une vision de musulman a partir de la
religion vers la dynamique sociale et politique et des conditions qui
permettraient l’application éventuelle de la chariaa , et d’une autre vision
politique qui part de la réalité du terrain socio-économique et politique pour
réunir les conditions sine qua non d’accès a la permission d’application de la
charia.
Les deux approches, convergent vers le même résultat qui est la mise en veille
de l’objectif, jusqu’ a la réunion des conditions minimums qui engageront sur de
bonnes bases, le projet de société musulmane (j’évite de dire islamiste).
Les islamistes actuels, exploitent plutôt des situations dramatiques et la pauvreté
qu’on engendré les dictatures arabo-musulmanes sans exception, et utilisent
l’islam pour rassembler le maximum de citoyens et donc une force politique
pour gagner les élections et le pouvoir ensuite.
Effectivement, une fois dans les commande de l’état, ils passeront a une
gouvernance scientifique, stratégique, politique, comme on le fait en occident,
ou comme le voudrait certains courants, le retour au califat islamique, et ce sera
le chaos. Et ce sera aussi la surprise, pour les deux options simulées !!! car , on
ne trouvera pas dans l’islam , les solutions aux problèmes économique , de
développement , de justice , de mondialisation, etc. les citoyens qui adhérent a
ces partis , croient qu’ils vont leurs rendre justice , qu’ils vont améliorer leurs
niveaux de vie , qu’ils vont développer miraculeusement le pays , etc….et
croient surtout qu’ils seront rétribués par Dieu d’avoir voté pour les islamistes ,
et là encore …ils sont vraiment dans l’erreur , et dans ignorance de l’islam et de
Dieu( et l’ignorance n’est pas alibi ni une couverture du mal qu’on a fait , le jour
de la résurrection ….)….
4. Comme je l’ai dis souvent, la politique, comme la sociologie, l’économie, etc.
Sont des sciences qui s’appuient sur des connaissances et des savoirs faire pour
gérer de manière intelligente les actualités socio-économiques , et dont les idées
, les solutions , les décisions , sont toujours nouvelles ,car elles dépendent des
caractéristiques de chaque cas , de chaque problème , de chaque événement
,etc…et cela doit provenir de l’homme , non de Dieu . Certes, Dieu est derrière
toutes les décisions que prendra cet homme , mais on ne peut pas imaginer les
infinies myriades complexes liés a l’environnement total et les raisons de telles
ou telles décisions , cela relève uniquement de Dieu…Mais on peut dire qu’elles
serait justes en leurs temps , qu’elles produisent du bien ou du mal , car après le
bien vient le mal et après le mal vient le bien , ainsi soit il …
L ’islam restera une source d’inspiration, qui transcende toutes les sciences, et
qui moule, forme et influence l’homme dans ses réactions politiques,
comportements sociaux, et ses décisions opportunes, mais ceci ne dépendra
aussi que de ses convictions profondes, de ses compétences, de ses tendances,
etc…
Enfin, il faut signaler que le califat islamique de l’empire ottoman et avant, est
bien loin de l’organisation d’un état tel qu’il est actuellement a travers le monde.
le grand défi qui est posé aux sociétés et pouvoirs des pays arabo-musulmans ,
c’est de « toiletter » ces formes organisationnelles pour permettre l’avancement
vers le projet de société musulmane, d’une part , et une refondation de l’islam
politique sur la base de diagnostics profond ( culturels , historiques ,
économiques , sociaux, etc.). Afin de dégager un projet de société, qui dépendra
des moyens a dispositions et a acquérir pour esquissé les perspectives du projet
dans le temps.