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1
UNIVERSITE DE PERPIGNAN VIA DOMITIA
Année universitaire 2017 -2018
MASTER I
HISTOIRE, CIVILISATIONS, PATRIMOINE
Mémoire présenté par
SIMON AIRES
sous la direction de
MARTIN GALINIER, Professeur en Histoire, histoire de l'art et
archéologie du monde romain à l’Université de Perpignan
MARIE-PIERRE JÉZÉGOU, Ingénieur d'études DRASSM
LES MODES DE CUISSON À BORD DES NAVIRES DE
COMMERCE GALLO-ROMAINS AU IER ET IIEME SIÈCLE
APRÈS J.-C.
présenté le 10 septembre 2018 devant un jury composé de
MARTIN GALINIER, Professeur en Histoire, histoire de l'art et archéologie du
monde romain, Université de Perpignan
MARIE-PIERRE JÉZÉGOU, Ingénieur d'études DRASSM
2
INTRODUCTION
Depuis une cinquantaine d’années, l’archéologie sous-marine n’a cessé de se développer et a permis
de faire progresser les connaissances archéologiques sur un grand nombre de problématiques.
L’Antiquité et notamment le monde romain est mieux connu grâce à la découverte et aux fouilles de
plusieurs centaines d’épaves en Méditerranée. L’archéologie sous-marine est une discipline jeune : la
recherche s’intéressant au matériel ne faisant pas partie de la cargaison ou de la structure du navire
est récente. Depuis quelques années, plusieurs chercheurs s’intéressent à combler ces lacunes dans
nos connaissances sur le monde maritime romain1
.
Ce mémoire intitulé Les modes de cuisson à bord des navires de commerce au Ier et IIème siècle après
J.-C. s’inscrit dans ce cadre. Dans ce travail, nous proposons une synthèse des découvertes
archéologiques sur les techniques utilisées par les marins romains pour cuire leur nourriture sur des
bateaux entièrement en bois, mais également tous les équipements, la vaisselle et les outils
nécessaires à la réalisation de ces techniques et donc à la cuisson des aliments. Nous nous appuierons
pour cela, sur un corpus d’épaves présentées dans le catalogue ainsi que sur la bibliographie existante.
I. PRÉSENTATION DES TERMES DU SUJET
Pourquoi uniquement les navires de commerce romains ? Car c’est le type de navire le mieux connu
par l’archéologie sous-marine, avec un corpus suffisamment important pour en dresser une synthèse
judicieuse.
Le champ d’étude de ce mémoire portera sur les Ier et IIème siècle de notre ère, en ce qui concerne
le catalogue ; néanmoins beaucoup de techniques et d’objets décrits tout au long de ce mémoire sont
utilisés avant et après cette période, on retrouvera donc des citations d’épaves grecques, d’époque
républicaine ou du Bas-Empire.
L’aire géographique se concentrera sur la Méditerranée occidentale, de la côte espagnole de
Tarragone jusqu’aux Pyrénées, la côte française, et l’Italie ligure. Toutefois la rareté des découvertes
archéologiques et le peu de bibliographie dédiée nous a contraint à élargir notre champ de recherches
pour certains objets. Ainsi, des épaves de Méditerranée occidentale et des côtes africaines seront
mentionnées épisodiquement.
Tout d’abord, il nous faut définir ce que nous entendons par « mode de cuisson » mais plus
généralement l’alimentation. Selon la définition rappelée par Michel Bats2
: c’est un ensemble d’actes
comprenant plusieurs phases qui sont tributaires les unes des autres ou qui s’enchaînent. Il y a la phase
de production (culture des plantes, chasse, élevage des animaux), la phase de distribution et la phase
de consommation (préparation dans la cuisine et consommation des aliments à table). Le sujet de ce
mémoire se cantonnera à la troisième phase.
1
BELTRAME, 2002.
2
BATS, 1988, p.19.
3
Selon J. Goody3
, la préparation dans la cuisine se divise en trois phases :
- un travail préliminaire : dépeçage de la viande, décorticage des graines, pillage des céréales ;
- une accommodation : exposition à la chaleur dans le cas de la nourriture cuite ou alors d’autres
choses comme le froid, le sel, le vinaigre etc. ;
- présentation des aliments.
Dans le cadre de ce mémoire, nous nous intéresserons aux deux premières phases de la préparation :
la phase de présentation et son principal témoin archéologique - la vaisselle de table – ne seront pas
traités.
La phase de préparation regroupe toutes les opérations visant à modifier la forme ou les
caractéristiques physiques d’un aliment par des actions de préhension ou de percussion4
. Cela peut
être par5
:
- extraction, séparation ou triage : le battage des céréales avec les meules ou encore le filtrage
avec une passoire ou un entonnoir ;
- fractionnement : découpage avec un couteau ou broyage avec un mortier et un pilon ;
- mélange et incorporation : cette action se fait avant cuisson (par exemple pour réaliser des
bouillies de céréales) ou pendant cuisson (soupe) ;
- la mise en place et la disposition.
Les différentes étapes présentées ici ne laissent pas toutes une trace archéologique. Nous ne nous
intéresserons pas ici à la question de l’assaisonnement des aliments ni des procédés biochimiques
(fermentation, macération, séchage, fumage, etc.) qui sont en général réalisés sur la terre ferme.
Concernant les procédés utilisés pour la cuisson des aliments, selon la définition d’André Leroi-
Gourhan, ce sont les procédés par lesquels des aliments sont soumis à une chaleur suffisante pour leur
faire subir des transformations en vue de leur consommation.
On distincte deux sortes de cuisson :
- la cuisson directe au moyen de la broche ou du grill6
;
- la cuisson indirecte : lorsqu’un corps solide (récipient) ou liquide (eau ou huile) est présent
entre la flamme et l’aliment. Ce type de cuisson nécessite donc des récipients.
Dans ce mémoire, nous étudierons essentiellement les récipients de forme ouverte (plats, marmites,
pots, mortiers par exemple) car la majorité des récipients fermés ou à ouverture étroite comme les
jarres ou les cruches sont utilisés pour le stockage ou le service de table.
L’objectif de ce mémoire est d’abord de décrire et d’analyser l’agencement de la cuisine et les
instruments de celle-ci utilisés sur un navire de l’époque impériale. Puis, à l’aide de cette analyse, de
proposer une réflexion sur l’importance de l’étude de ces instruments et leurs contributions à
l’augmentation des connaissances sur les conditions de vie des marins pendant l’Antiquité - au Ier et
IIème siècle en particulier.
3
GOODY, 1984, p.83-84.
4
BATS, 1988, p.20.
5
BATS, 1988, p.21.
6
BATS, 1988, p.21.
4
Lors de ce travail, il s’agira de répondre à la question du « comment ?». Quelles stratégies sont utilisées
par les marins pour cuire leur nourriture, quels sont les instruments et les techniques de cuisine
utilisées ?
Nous nous poserons également la question du lieu : où se trouve la cuisine sur un navire romain ?
Comment peut-on l’identifier lors d’une fouille ?
Enfin, il nous a paru intéressant de s’interroger sur qui faisait la cuisine et pour qui : la préparation de
la cuisine en mer suivait-elle des codes ? Quelles informations sur les interactions économiques et
sociales des marins l’étude de la cuisine et son fonctionnement peut-elle nous apporter ? Enfin nous
réfléchirons sur la différenciation de la cuisine nautique : existait-il des différences dans le choix des
aliments, les plats préparés ? Peut-on parler d’une cuisine nautique avec sa tradition culinaire propre,
ou bien est-elle une adaptation de la cuisine romaine terrestre ?
II. HISTORIOGRAPHIE
La question de la vie quotidienne des marins et plus généralement l’étude du matériel de bord est une
thématique de recherche récente en archéologie sous-marine. Lorsqu’on s’intéresse plus
particulièrement aux habitudes de vie des marins et notamment leur manière de se préparer à manger
chaud, on remarque assez vite le peu d’informations disponibles. En effet, il n’y a pas eu d’ouvrages,
d’article ou de travaux traitant spécifiquement la question de l’alimentation chaude/cuite des
marins romains.
Il existe quelques ouvrages qui traitent partiellement la question, dans des chapitres ou des
paragraphes dédiés. Il y aussi quelques épaves emblématiques notamment par leurs
découvertes qui ont amené les archéologues responsables de la fouille en question à
interpréter ces découvertes. On le verra dans la partie dédiée aux sources, l’étude et la fouille
d’épaves reste notre seul moyen d’accroitre les connaissances scientifiques dans ce domaine.
La thématique de la cuisson à bord n’existe pas en tant que telle dans la littérature
archéologique, elle est toujours abordée soit de manière contrainte - car les découvertes sur
une épave obligent les archéologues à s’y intéresser - ou bien elle est englobée dans la
thématique de la vie à bord. Mais en général, la question de la vie quotidienne des marins est
le parent pauvre de l’archéologie sous-marine, et suscite aujourd’hui un intérêt qui n’existait
pas dans les années 1960-1970. En effet, les études se concentraient sur l’aspect socio-
économique et très peu sur le matériel étranger à la cargaison et à la coque. Les objets
appartenant aux marins étaient publiés aléatoirement, à la fin des publications et sans grande
attention de la part des archéologues. Cette tendance s’est un peu estompée aujourd’hui
mais, on le verra à travers le catalogue, il n’est pas rare sur des fouilles datant des années
1990-2000 de tomber dans l’inventaire des dépôts de stockage archéologique sur des objets
absents de la publication.
De plus, peu d’intérêt a été donné aux relations spatiales et fonctionnelles entre les objets du
matériel de bord dans la littérature archéologique : les objets étant souvent analysés selon
5
leur valeur individuelle et détaché de tout contexte7. C’est particulièrement vrai concernant
les matériaux constituant les structures de foyer (brique, tuiles etc.).
Du fait de ce manque d’informations, nous avons fait le choix dans ce mémoire d’avoir une
approche large de la question, et ne pas uniquement se cantonner à la littérature spéciale à
l’archéologie navale et sous-marine. C’est pourquoi dans cette historiographie nous allons
mentionner des ouvrages qui ne traitent pas directement l’objet d’étude mais qui nous ont
permis de mieux l’appréhender.
L’objet d’étude étant très vaste et traversant plusieurs disciplines (céramologie, archéologie
expérimentale, étude des métaux anciens etc.) nous avons fait le choix ne pas mélanger
l’historiographie générale et l’historiographie propre à chaque type d’objet : en s’inspirant de
C. BELTRAME8, nous réaliserons pour chaque objet une historiographie dédiée par souci de
clarté et de précision scientifique.
Cette historiographie traitera uniquement des ouvrages abordant les modes de cuisson, nous
ne ferons pas état ici des publications sur la vie à bord, l’architecture des cabines etc.
Historiquement, la première attention aux objets de bord date de la fin des années 1960 avec
la fouille de l’épave de Kyrénia en Grèce9. Cette épave d’un navire du quatrième siècle avant
J.-C., a livré notamment de la céramique de cuisine, un mortier et un chaudron en bronze.
L’étude rigoureuse du matériel a permis la distinction de deux aires de vies à l’avant et à
l’arrière.
Il faudra attendre 1982 et la fouille des deux navires de Yassi Ada et la publication de Georges
Bass10 pour avoir le premier vrai travail analytique sur les artefacts qui ne font pas partie du
chargement. L’épave du VIIème siècle après J.-C. a permis à G. Bass et son équipe de
reconstruire une structure de foyer quasiment complète, et qui reste à ce jour l’exemple le
plus complet et le mieux documenté. De plus, les archéologues américains ont découvert une
batterie de cuisine quasi complète qui leur a permis de proposer plusieurs hypothèses sur
l’identité des marins, leur nombre, leur origine, etc.
Entre temps, en 1972, G. Bass et son équipe dans leur ouvrage général sur l’archéologie sous-
marine11 consacre quelques lignes à l’autre épave de Yassi Ada datée du IVème siècle après J.-
C. On y apprend qu’ils y ont découvert une vingtaine de pierres plates et quatre marmites qui
selon eux seraient les traces d’une cuisine située en avant de l’étambot12. C’est la première
mention d’une structure de foyer dans un ouvrage général d’archéologie sous-marine (à ce
moment-là encore une très jeune discipline).
7
BELTRAME, 2002, p.1.
8
BELTRAME, 2002.
9
KATZEV, 1973.
10
BASS, 1982.
11
BASS, 1972.
12
BASS, 1972, p137.
6
La fouille de ces deux épaves a créé un précédent dans le monde de l’archéologie
subaquatique. On peut également citer l’épave du Dramont D13 dans les années 1970 en
France fouillé par Jean-Pierre Joncheray qui sensibilisa les archéologues français à l’étude
analytique du matériel de bord grâce à une fouille méticuleuse. Cette épave a livré de
nombreuses céramiques de cuisson, des casseroles en bronze, etc. La présence de deux aires
de vie distinctes a été mise en évidence, sans toutefois révéler de foyer.
L’ouvrage « Vita di bordo in eta romana » de Carlo Beltrame14 constitue de notre point de vue,
l’ouvrage de référence sur notre sujet. Cet ouvrage ambitieux propose une synthèse de
l’ensemble des découvertes sur le matériel de bord. L’auteur présente chaque thème (la
religion, l’alimentation à bord, etc.) ou type d’objets (meules, casseroles, etc.) en présentant
d’abord les éventuels sources littéraires puis archéologiques et l’historiographie
correspondante, en effectuant une synthèse des connaissance actuelles. L’ouvrage n’est
malheureusement pas traduit en français, mais il servira de référence pour ce mémoire. Au
début du livre, l’auteur présente également une méthodologie synthétisant plusieurs auteurs
pour différencier les objets appartenant à la cargaison et au matériel de bord. Nous avons
choisi d’utiliser cette méthodologie pour le catalogue d’épaves, que nous détaillerons plus loin
dans cette introduction.
Comme précisé au début de cette historiographie, le sujet d’étude étant large et à cheval sur
plusieurs domaines et spécialités archéologiques, plusieurs ouvrages d’histoire et
d’archéologie terrestre ont nourri les recherches de ce mémoire.
En premier lieu, les ouvrages généraux sur la cuisine et les habitudes alimentaires des Romains
ont permis de formuler des hypothèses sur la nourriture des marins. L’ouvrage de référence
reste « L’alimentation et la cuisine à Rome »15 qui s’appuie sur les textes des auteurs romains
(Pline, Apicius, etc.) pour définir les pratiques alimentaires de leurs concitoyens. Dans cette
même catégorie d’ouvrages, on peut citer l’ouvrage ancien de A. Maurizio16 et le livre de
Nicole Blanc17.
A ces ouvrages généraux, on peut ajouter l’article de Michel Bats sur la vaisselle en céramique
commune d’Olbia de Provence18, qui ne se cantonne pas à la simple étude céramologique mais
présente, définit les différents types de récipients, leur fonction, etc. De plus, l’auteur propose
une réflexion très intéressante sur les héritages culturels en comparant la cuisine romaine et
grecque.
13
Voir Catalogue : DRAMONT D
14
BELTRAME, 2002.
15
ANDRE, 1981.
16
MAURIZIO, 1932.
17
BLANC, 1997.
18
BATS, 1988.
7
III. SOURCES
1) Sources historiques
Il n’existe pas de sources historiques décrivant la façon dont les marins romains cuisinaient sur leur
navire. La seule mention intéressante se trouve dans la Loi Rhodienne. C’est le plus ancien recueil de
lois maritimes utilisées pendant la Grèce Antique et reprise par les Romains19
. Néanmoins, cet ouvrage
date de l’époque Byzantine et sa véracité pose question pour la période romaine20
.
Il est écrit : « Aucun passager ne fera frire du poisson sur le navire et le patron ne le permettra pas »21
Il était donc interdit aux passagers d’amener leur propre réchaud (dans un souci de sécurité), ce qui
nous indique qu’il existait une cuisine commune, utilisée à la fois par les marins et les passagers. Cet
extrait, on le verra, est corroboré par les découvertes archéologiques.
2) Sources archéologiques : le catalogue d’épaves
Tout au long de ce travail, les épaves de navire de commerce antiques (et en particulier celles du
catalogue) serviront de base pour l’étude de la cuisine à bord et de son mobilier.
Présentation du catalogue
Le catalogue d’épaves porte sur les Ier et IIème siècle après J.-C. Il y a 23 épaves répertoriées au Ier
siècle et 7 au IIème siècle22
. La zone d’étude s’étend des côtes espagnoles de Tarragone jusqu’aux
côtes françaises, toute la côte française méditerranéenne ainsi que les côtes ligures jusqu’à Livourne23
.
La Corse est comprise dans la zone d’études, contrairement à la Sardaigne.
Pour le Ier siècle, on trouve trois épaves espagnoles (CAP DE VOLT, CULIP IV et VIII), une épave italienne
(DIANO MARINA) et dix-neuf françaises dont sept corses. Les sept épaves du IIème siècle sont toutes
françaises en y incluant une corse.
Choix du corpus
Pour réaliser ce catalogue, il a fallu croiser la base de données de l’ouvrage de Parker24
avec la base de
données de l’Université d’Oxford25
. Ensuite, nous avons consulté les archives et la bibliographie
relative à chaque épave pour les sélectionner, selon la présence ou non de matériaux liés à la cuisine
et à son mobilier.
19
DARESTE, 1905.
20
ROUGE, 1966, p.25.
21
DARESTE, 1905, p.448.
22
La différence du nombre d’épaves entre les deux siècles sera abordée plus bas.
23
Les limites de cette zone d’études m’ont été conseillées par M.P. JEZEGOU.
24
PARKER, 1992.
25
UNIVERSITE OXFORD [en ligne], The Oxford Roman Economy Project : Shipwrecks Database, URL :
http://oxrep.classics.ox.ac.uk/databases/shipwrecks_database/. [consulté le 30 août 2018].
8
Choix du matériel archéologique
Les différentes catégories de mobiliers peuvent se résumer ainsi :
EPAVES Ier SIECLE EPAVES IIème SIECLE
STRUCTURE DE FOYER
AVEREE
4/23 : BARTHELEMY 2, CAP
BENAT 3, LARDIER 4, MARINA
DI FIORI
0/7
STRUCTURE DE FOYER
SUSPECTEE
3/19 : CULIP IV, PETIT
CONGLOUE, PORT VENDRES 2
0/7
TUILE(S) 6/23 : LES BATTUTS/ BAIE DE
L’AMITIE 2, CULIP IV, ILE
ROUSSE, LAVEZZI 1, PORT
VENDRES 2, TOUR SAINTE
MARIE
3/7 : RICHES DUNES 5, SUD
LAVEZZI 5, TIBOULEN DE MAIRE
CERAMIQUE 11/23 : BARTHELEMY 2, CAP DE
VOLT, CULIP VIII, DIANO
MARINA, DRAMONT D, GRAND
RIBAUD D, GRAND ROUVEAU 1,
ILE ROUSSE, LARDIER 4, LES
BATTUTS/BAIE DE L’AMITIE 2,
PORT VENDRES 2
3/7 : CALANQUE DE L’ANE,
OUEST EMBIEZ 1, TIBOULEN DE
MAIRE
MORTIER 12/23 : BALISE DU PRETRE,
BALISE DU RABIOU, CAVALLO 1,
DIANO MARINA, DRAMONT I,
GRAND RIBAUD D, GRAND
ROUVEAU 1, ILE ROUSSE, LA
GAROUPE 1, PORT VENDRES 2
(2), SUD LAVEZZI 2, TOUR
SAINTE MARIE (tous en terre
cuite)
5/7 : BAGAUD 1, CALANQUE DE
L’ANE (terre cuite) ; GRAND
BASSIN C, OUEST EMBIEZ 1,
RICHES DUNES 5 (marbre)
CASSEROLE 6/23 : BARTHELEMY 2, DIANO
MARINA, DRAMONT D (4), ILE
ROUSSE, LARDIER 4, PORT
VENDRES 2 (2)
0/7
AUTRE MINERAI : BARTHELEMY 2 ;
BOITE : BARTHELEMY 2 ;
MEULE : OUEST EMBIEZ 1 ;
THEIERE : TIBOULEN DE MAIRE
Exemple de lecture : Dans le catalogue, il y a quatre structures de foyer avérées sur vingt-trois au Ier
siècle après J.-C., et aucune sur sept au IIème siècle après J.-C.
• Les trois premières lignes du tableau concernent les structures de foyer. Sous cette appellation
se rejoignent plusieurs techniques employées pour cuire des aliments à bord : structures fixes
ou mobiles, en plomb ou en terre cuite, etc.
9
On peut les diviser en trois catégories :
- les épaves avec des structures de foyer avérées, c’est-à-dire des épaves où l’on a retrouvé des
objets dont l’emploi comme mode de cuisson ne fait guère de doute ;
- les épaves avec des structures de foyer suspectées, c’est-à-dire des épaves où l’on a retrouvé
des indices indiquant la présence de mode de cuisson, sans pour autant le démontrer avec
certitude ;
- les épaves où l’on a retrouvé des tuiles qui ne faisait pas partie de la cargaison. En effet,
plusieurs structures de foyer fixes utilisent des tuiles pour isoler le pont de bois de la chaleur
et pour accueillir des braises. La présence de tuiles pourrait donc être un indice de la présence
d’une structure de foyer. Néanmoins, elles pouvaient également servir de couverture pour le
toit26
. Dans le doute, nous avons répertorié l’ensemble des tuiles retrouvées sur les épaves du
Ier-IIème siècle27
.
Les traces de la présence de foyer sont en général ténues, ce ne sont là que des hypothèses. Il n’y a
pas, dans ce catalogue, de structures de foyer avérées ou suspectées au IIème siècle.
• La troisième ligne du tableau concerne la céramique dite « de cuisson ». Les critères de
distinction entre céramique de la cargaison et céramique de bord seront abordées dans le
mémoire, comme la distinction entre la céramique dite de « cuisson » et la céramique de
stockage ou de table. Pour résumer, on trouve dans cette catégorie un ensemble hétérogène
de formes (plat, marmite, urnes, etc.) et d’origine technique : engobe rouge pompéien,
céramique africaine, etc.
Pour citer Carlo Beltrame, il existe plusieurs « voyants d’avertissements » qui indiquent la
fonction de la céramique à bord. La présence de traces de cuisson (cendres, traces de brulé
etc.) est l’indice commun à toutes les céramiques du catalogue, exceptions faites de certains
couvercles, qui pouvait être utilisés pour couvrir à la fois les récipients de stockage et la
vaisselle de cuisson28
.
Comme précisé plus haut dans cette introduction, les phases d’extraction et de
fractionnement de la nourriture sont prises en compte grâce à leur deux principaux indices
archéologiques : le mortier et la meule. Dans ce catalogue, seuls les mortiers et les meules
appartenant au matériel de bord seront décrits. Ces deux objets indiquent par leur présence,
la préparation de plats à base de céréales (bouillies, galettes) et de pain. Ces plats nécessitant
une cuisson pour être consommés, le mortier et la meule sont une trace indirecte de
l’utilisation de structure de foyer29
.
Une seule meule est répertoriée dans ce catalogue (OUEST EMBIEZ) et dont l’appartenance au
matériel de bord reste incertaine. A l’inverse, on peut noter un nombre important de mortiers,
présents dans près de la moitié des épaves du corpus.
26
BELTRAME, 2002, p.96-97.
27
La question de l’emploi des tuiles et de la présence d’un toit sur les cabines des navires sera abordée plus bas
dans ce mémoire.
28
Pour plus de précisions, voir la partie dédiée à la céramique de cuisson.
29
Pour plus de précisions, voir les parties dédiées aux mortiers et aux meules.
10
• L’avant-dernière ligne du tableau concerne les casseroles en bronze du Ier siècle après J.-C.
Présentes sur six épaves, ces casseroles dont le rôle reste encore à préciser30
sont
caractéristiques du début de l’Empire Romain31
.
Ce catalogue n’est pas exhaustif et pourra par la suite s’enrichir de nouvelles épaves.
IV. BIBLIOGRAPHIE
ANDRE, 1981 = J. ANDRE, L’alimentation et la cuisine à Rome, Paris, 1981.
BASS, 1972 = G. BASS (dir.), Archéologie sous-marine : 4000 ans d’histoire maritime, Paris, 1972.
BASS, 1982 = G. BASS et alii, Yassi Ada a seventh century byzantine shipwreck, Texas, 1982.
BATS, 1988 = M. BATS, « Vaisselle et alimentation à Olbia de Provence (350-50 av-JC). Modèles
culturels et catégories céramiques », Revue Archéologique de la Narbonnaise, suppl. 18, 1988.
BELTRAME, 2002 = C. BELTRAME, Vita di bordo in eta romana, Rome, 2002.
BLANC, 1997 = N. BLANC & A. NERCESSIAN, La cuisine romaine antique, Grenoble, 1997.
DARESTE, 1905 = R. DARESTE, « La Lex Rhodia », Nouvelle revue historique de droit français et étranger,
vol. 29, 1905.
GOODY, 1984 = J. GOODY, Cuisines, cuisine et classes, Paris, 1984.
KATZEV, 1973 = M. KATZEV & H. WILDE SWINY, « The Kyrenia shipwreck : a fourth century BC Greek
merchant ship », BLACKMAN (dir.), Marine Archaeology, 1973, p.339-360.
MAURIZIO, 1932 = A. MAURIZIO, Histoire de l’alimentation végétale depuis la Préhistoire jusqu’à nos
jours, Paris, 1932.
PARKER, 1992 = A. J. PARKER, Ancient Shipwrecks of the Mediterranean and the Roman Provinces,
Oxford, 1992.
ROUGE, 1966 = J. ROUGE, Recherches sur l’organisation du commerce maritime en Méditerranée sous
l’Empire Romain, Paris, 1966.
TASSINARI, 1975 = S. TASSINARI, La vaisselle de bronze romaine et provinciale au Musée des Antiquités
nationales, Paris, 1975.
30
Pour plus de précisions, voir la partie dédiée aux casseroles de bronze.
31
TASSINARI, 1975.
11
ÉTUDE DES FOCULUS EN PLOMB DE
L’ÉPOQUE IMPÉRIALE : UNE PROUESSE
D’INGÉNIERIE MARINE
Lorsque l’on cherche à comprendre comment les marins romains de l’Antiquité (Ier-IIe siècles après J.-
C.) cuisaient leur nourriture en mer, on pense tout de suite à des braseros. Mobiles, de petite taille,
légers et peu coûteux, ils semblent idéaux à la vie en mer. L’époque impériale est caractérisée par un
brasero en plomb hors du commun : le foculus. Nous ferons tout d’abord une présentation technique
de l’objet, puis nous aborderons l’historiographie de sa découverte, et son origine. Enfin nous nous
interrogerons sur son processus de création et sa localisation à bord d’un navire de commerce.
I. PRÉSENTATION DE L’OBJET
1. Définition générale
Ce que l’on appellera foculus tout au long de ce travail, selon le terme utilisé par Jean Pierre
Joncheray32
, est un brasero constitué d’un alliage de plomb et d’étain33
existant en un peu plus de vingt
exemplaires retrouvés dans le monde antique d’époque romaine : une vingtaine le long des côtes
israéliennes et de la bande de Gaza34
, deux en Turquie35
et deux en France (FIGURE 6)36
.
Tous les foculi retrouvés présentent une forme homogène hormis ceux qui seront décrits plus loin :
foyer rectangulaire en forme de « chaussure creuse » à double paroi avec un socle plat et une
cheminée cylindrique verticale à son extrémité. Cette cheminée est ouverte en haut et parfois décorée
de relief. Il y a en général trois tenons (qui supportaient les plats) en forme de coquillage ou
d’osselets37
. (FIGURE 1)
Tous les foculi n’ont pas été publiés avec la même précision archéologique, certains viennent de
découvertes anciennes et la plupart sont des découvertes isolées sans contexte archéologique. Ils ont
tous été découverts en mer, dans des épaves ou des fouilles portuaires. Concernant la vingtaine de
32
JONCHERAY, 2004.
33
ASHKENAZI, 2012, p.88.
34
GALILI, 2015, p.340.
35
LEONARD, 1973, p.19.
36
Voir Catalogue : BARTHELEMY B et CAP BENAT 3
37
ASHKENAZI, 2012, p.339.
12
foculi israéliens, seuls les deux exemplaires d’Ashqelon trouvés en 199238
, celui trouvé au sud d’Haïfa39
,
celui du mouillage de Tel Ridan40
, deux exemplaires au nord d’Atlit et de Yavneh Yam41
et les deux
exemplaires spéciaux d’Ashqelon42
, seront évoqués dans cet article.
2. Dimensions
Dans ce tableau, nous avons comparé quelques dimensions et le poids de trois foculi. Ces trois
exemplaires (un par « zone de découverte » : Turquie, France et Israël) ont été choisis car ce sont les
mieux documentés.
Pour plus de détails sur les foculi trouvés en France, se référer au catalogue43
.
NOM LONGUEUR
(cm)
LARGEUR
(cm)
HAUTEUR
(cm)
MOYENNE
EPAISSEUR
PLAQUES
(mm)
POIDS (kg)
BARTHELEMY B
(FRANCE)44
43.3 25.4 25.5 4
TEL RIDAN
(GAZA)45
53.5 24 24 11
N°9 LEONARD
(TURQUIE)46
24.6 21 23.7 5.5
Le corpus est faible, mais nous pouvons remarquer plusieurs choses intéressantes :
- la longueur est très variable, contrairement à la largeur et à la hauteur qui sont toutes
comprises entre 20 et 25cm ;
- la largeur et la hauteur sont en général très proches voire identiques ;
- l’épaisseur des plaques est similaire, ce qui est logique lorsqu’on sait comment ces objets
étaient conçus47
;
- on peut voir que le brasero de Tel Ridan pèse onze kilos, cela montre la légèreté du foculus.
38
GALILI, 2000.
39
GALILI, 1999.
40
ASHKENAZI, 2012.
41
GALILI, 1999c.
42
GALILI, 2011.
43
Voir Catalogue : CAP BENAT 3 et BARTHELEMY B.
44
JONCHERAY, 2004.
45
ASHKENAZI, 2012, p.85.
46
LEONARD, p.24.
47
Voir § 3.3 Fabrication.
13
3. Présentation technique
3.1 Aspect général
On peut classer les foculi en trois catégories typologiques :
- la forme classique, qui est majoritaire voire peut-être standard, avec un foyer en forme de fer
à cheval, trois tenons de supports et une cheminée ;
- une variante de la forme classique, avec un socle circulaire mais pas de tenons de supports :
ce sont les bords de ce foyer qui servent de supports au récipient. Un des bords est absent, ce
qui crée une ouverture permettant d’accéder au foyer et au combustible (FIGURE 2)48
;
- les deux exemplaires d’Ashqelon, qui ont une forme totalement différente, que nous
traiterons dans le point 5.
3.2 Présentation technique
Le foculus est un assemblage de plusieurs feuilles de métal (alliage de plomb et d’étain). Nous
prendrons pour exemple le foculus trouvé à Tel Ridan dans la baie de Gaza.
Il se décompose en six parties (FIGURE 3 & 4)49
.
- Pièce n°1 : une coque extérieure inférieure (paroi extérieure de l’objet et partie inférieure du
double fond) : épaisseur : 1.2mm en moyenne
- Pièce n°2 : couverture extérieure supérieure : épaisseur : 2.3mm en moyenne
- Pièce n°3 : un foyer composé de la partie supérieure du double fond : épaisseur : 2.1mm
- Pièce n°4 : une cheminée décorée : épaisseur : 2.5mm
- Pièce n°5 : support interne entre le fond du foyer et la paroi extérieure : épaisseur : 4mm
- Pièce n°6 : trois supports à plat : épaisseur : 4mm
3.3 Fabrication
Les pièces 1 et 3 étaient moulées : les feuilles de plomb sont préparées en versant du plomb fondu sur
un lit plat de sable fin dans un coffrage en bois recouvert d’argile. Les feuilles de métal étaient ensuite
façonnées à l’aide de marteaux et de ciseaux.
48
GALILI, 1999c, p.168.
49
ASHKENAZI, 2012, p.87.
14
Les pièces 2 et 5 étaient moulées aux dimensions voulues, les bords qui dépassaient étant coupés au
ciseau.
Pour réaliser la cheminée cylindrique, il fallait plier une feuille de plomb dans un cylindre puis la souder
avec du plomb et de l’étain.
Les trois tenons étaient fabriqués par moulage dans du sable comme les pièces précédentes ou grâce
à la technique de la « cire perdue », puis soudés au foculus avec de l’étain et du plomb50
.
La structure du foculus se divise en deux sous-ensembles : les pièces 1-5-3 et 2-4-6. 1 et 5 sont réunies
avec un joint de soudure puis jointes à la 3. 2 et 4 sont assemblées ensemble puis ajoutées à 1-5-3 ; les
tenons sont ajoutés à la fin. L’utilisation d’un alliage de plomb et d’étain montre qu’il s’agit de plomb
recyclé51
.
4. Fonctionnement et système de refroidissement
Les navires de commerce gallo-romains étant principalement constitués de matériaux inflammables,
cuire de la nourriture à bord était un défi, et la crainte de l’incendie a motivé la création d’un brasero
qui isolerait les braises et la chaleur du pont en bois.
La première interrogation qui nous vient à l’esprit porte naturellement quant au choix du matériau. Le
plomb fond à environ 330° alors que le charbon brûle à 700°. Pour remédier à ce problème, le foculus
fonctionne comme nos moteurs de voiture actuels : une double paroi autour du foyer, connectée à la
cheminée contient de l’eau qui circule et refroidit le plomb, l’empêchant de fondre (FIGURE 5). Le
foculus ne peut pas fonctionner sans eau car sans elle la température du foyer atteint le point de fusion
du plomb en 250 secondes52
. Lorsque l’eau circule dans les double parois, on parvient à limiter la
température maximale dans le foyer à environ cent degrés, avec du charbon de bois comme
combustible.
L’eau dans les parois est à cinquante degrés maximum ; elle atteint soixante-quinze voire quatre-vingt-
cinq degrés maximum dans la cheminée. L’eau circule naturellement dans les parois en raison des
différences de température53
.
On place le combustible dans le foyer central en forme de fer à cheval, et on pose un récipient sur les
trois supports dédiés à cet usage au-dessus de ce foyer. Des traces d’argile carbonisée retrouvées sur
les parois du foyer du foculus de CAP BENAT 3 nous indiquent que les marins devaient isoler un peu
plus leur foyer et protéger les plaques de plomb, déjà fatiguées par l’utilisation, pour éviter tout risque
d’incendie54
. La cheminée ne servait pas à la cuisson. En effet, moins de 1% de l’eau circulant dans la
double paroi s’évaporait à travers la cheminée55
. Elle pouvait peut-être, selon certains chercheurs56
,
garder au chaud un récipient placé dessus alors que, pour d’autres cela semble peu probable : elle
50
ASHKENAZI, 2012, p.91. Le foculus de Tel Ridan est constitué de feuilles de plomb contenant entre 0.9 et
2.9% d’étain, signe que le plomb était recyclé.
51
ASHKENAZI, 2012, p.92.
52
MOSYAK, 2017, p.23.
53
MOSYAK, 2017, p.23.
54
POLLINO, 1984.
55
MOSYAK, 2017, p.25.
56
MOSYAK, 2017, p.25.
15
aurait servi uniquement à contrôler le niveau d’eau de la double paroi. On n’a d’ailleurs pas retrouvé
de récipient s’adaptant à cette cheminée, contrairement aux braseros en argile utilisés à terre57
.
La pièce n°5, située sous le foyer et dans le double fond, permet de ne pas empêcher l’eau de circuler
si la paroi supérieure du foyer fond ou s’effondre. On peut se demander comment les marins
remplissaient d’eau le réservoir du foculus : une hypothèse qui sera l’objet de recherches futures est
l’utilisation des petites casseroles en bronze retrouvées fréquemment sur les épaves impériales58
.
5. Foculus en forme de U
Il existe un type assez particulier de foculus, qui se démarque par sa forme originale : il n’a été trouvé
qu’en deux exemplaires, retrouvés à dix mètres l’un de l’autre au nord d’Ashqelon en Israël. Ils étaient
sûrement originaires d’un ou plusieurs navires, une ancre en bois et des artefacts métalliques ont été
trouvés non loin59
.
Ce type de foculus consiste en un U formé d’une double paroi à partir duquel deux tuyaux font saillies
de chaque côté ; un troisième tuyau connecte le U à un récipient sphérique qui contenait de l’eau ou
du vin (des grains de raisins ont été retrouvés à l’intérieur du pot60
) (FIGURE 7).
Le brasero le mieux conservé des deux pèse vingt-sept kilos. Les dimensions sont de 65x60cm et par
42cm de hauteur. Le U est composé de deux feuilles de plomb rectangulaires similaires en taille. Le
double fond mesure cinq centimètres d’épaisseur ; les tuyaux mesurent 33-37mm de diamètre et
2.3mm d’épaisseur de plaque. Le tuyau le plus large, qui mesure 40mm de diamètre, est soudé dans
la partie supérieure du brasero par un anneau de plomb qui renforce le tuyau au niveau du pot61
.
Le foculus présente des traces d’usage : des marques de suie à l’intérieur du U et une couche de
précipité de carbonate d’un centimètre d’épaisseur ont été trouvées au fond du pot. Cela nous montre
que c’était principalement de l’eau qui était chauffée dans l’appareil. Le pot contrôlait le niveau d’eau
et servait à faire sortir les bulles d’air qui auraient pu provoquer une surchauffe locale, engendrant la
fonte du plomb62
. Un feu pouvait être allumé entre les deux parties du U et les deux tuyaux connectés
à une baignoire ou à un récipient pour le chauffer (FIGURE 8). Un plat pouvait être placé sur le U : ce
type de foculus était multi-usage.
Le flux d’eau chaude (dans le grand récipient ou la baignoire) circulait, réchauffait l’eau qui repoussait
l’eau froide dans le tuyau inférieur par un processus naturel de convection. Le récipient situé au bout
du tuyau aurait servi d’indicateur de l’évaporation de l’eau, comme sur un moteur actuel63
.
57
GALILI, 1999c, p.170.
58
JONCHERAY, 2004.
59
GALILI, 2011, p.159.
60
GALILI, 2015, p.338.
61
GALILI, 2015, p.336.
62
GALILI, 2015, p.342.
63
GALILI, 2011, p.159.
16
6. La question du combustible
Les archéologues se sont longtemps interrogés sur la nature du combustible utilisé pour alimenter le
foyer du foculus. Certains pensent que c’est le bois qui était utilisé64
, d’autres penchent pour le
charbon65
. Le bois est moins cher et brûle à moins haute température que le charbon. Celui-ci à
l’inverse prend moins de place, ce qui est pratique sur un bateau où chaque cm² est crucial. Le charbon
fait également moins de fumée et ne dégage pas de résidus volatiles, très dangereux pour les voiles
notamment.
Que nous montre l’archéologie ? La seule trace de combustible de foculus provient de Barthelemy B66
et il est constitué de brindilles de bois et de chutes de planches sciées. On le voit, dans la pratique, les
marins utilisaient tout ce qui leur tombait sous la main, sans faire de grande distinction.
Afin de trancher le débat bois contre charbon, une équipe israélienne a mené une expérience. Les
scientifiques ont reconstitué une imitation de foculus en acier pour étudier les propriétés
thermodynamiques des braseros.
L’expérience montre que le charbon de bois comme le bois peuvent être utilisés, mais le bois semble
plus efficace que le charbon. En effet, le chauffage au bois est plus intense car la distance entre le fond
du pot et la flamme du carburant est plus réduite qu’avec du charbon de bois qui lui est plus compact.
Pour bouillir, 2kg d’eau à température ambiante nécessitent 1395 secondes avec le charbon et 600
secondes avec le bois. Selon les auteurs, le charbon peut être utilisé sous le pont dans un endroit fermé
pour éviter les résidus dangereux67
.
Lors de cette expérience, les archéologues ont cuisiné un repas complet pour cinq à six marins, pendant
une heure et vingt minutes, en utilisant 830g de bois d’olivier sec68
.
7. Le choix des matériaux
Le plomb est un métal polyvalent facilement extrait et travaillé, résistant à la corrosion et largement
utilisé pendant l’Antiquité69
. De nombreux objets en plomb ont été retrouvés sur les épaves romaines :
équipements de cuisson (ici le foculus), ancres, conteneurs (petites boites), équipements de pêche
(plomb), revêtement de la coque etc. En effet, l’équipement de bord doit être fonctionnel, résistant à
la corrosion, simple à travailler et à entretenir. Le plomb est donc le matériel idéal.
Le choix du foculus en plomb plutôt qu’en terre cuite présente plusieurs avantages70
:
• il ne se casse pas, ou très difficilement ;
64
LEONARD, 1973, p.24.
65
GALILI, 1999c, p.169.
66
Voir Catalogue : BARTHELEMY B.
67
MOSYAK, 2017, p.23.
68
MOSYAK, 2017, p.25.
69
ROSEN, 2007, p.300.
70
GALILI, 1999c, p.169. Les problèmes engendrés par l’utilisation du plomb seront traités dans la partie V, §5.3.
17
• il est facilement réparable car le plomb est abondant sur le navire comme nous venons de le
voir. L’exemplaire de Kfar Galim présente une trace de réparation en plomb sur la cheminée71
;
• il est lourd et massif, donc stable ;
• sa réparation ne nécessite pas d’outillage, ni de connaissance particulière ;
Durant la période grecque et romaine, le plomb était un métal très commun et peu cher. On constate
par ailleurs une réduction significative de l’usage du plomb à la fin de l’époque romaine72
: les ancres
en plomb sont remplacées par des ancres de fer, le revêtement de protection de la coque en plomb
disparaît etc. Les explications sont peut-être économiques : la production de plomb diminue car elle
devient moins rentable, notamment en raison de l’augmentation du coût du travail provoqué par la
baisse de l’esclavage. Les foculi en plomb cessent d’être utilisés à ce moment-là car ils sont devenus
trop chers à produire73
.
8. La question de l’allumage
Nous avons déjà abordé la question du combustible, mais pas celle de l’allumage de ce dernier. Ce
questionnement est absent de la littérature archéologique, en Méditerranée occidentale et orientale.
Aucun auteur ne s’est interrogé sur la manière dont les marins pouvaient allumer leur brasero en
pleine mer, mais nous allons essayer de fournir quelques pistes.
Sur l’épave Barthelemy B74
, a été trouvé un minerai de pyrite avec une cavité creusée à l’intérieur. Jean
Pierre Joncheray, dans la publication de 2004, suggère qu’il s’agit peut-être d’un outil pour écraser ou
moudre des aliments75
, une sorte de mortier primitif. L’hypothèse est séduisante, mais une autre
découverte à proximité du foculus retient l’attention : il s’agit d’une boîte en plomb contenant un reste
d’étoupe 76
, peut-être de l’amadou, utilisé dans l’Antiquité77
. L’article de Jacques Collina-Girard nous
apprend que les briquets en pyrite étaient utilisés pendant l’Antiquité, mentionnés notamment par
Pline l’Ancien78
. Ce minerai de pyrite serait donc un briquet et non pas un mortier primitif, les deux
hypothèses n’étant pas toutefois incompatibles. La compréhension de la chaîne opératoire de
l’utilisation du foculus est donc facilitée par cette hypothèse : le marin frappe le minerai de pyrite sur
un support dur (silex par exemple), l’étincelle chaude qui résulte de cette percussion tombe dans
l’étoupe contenue dans la petite boîte en plomb. Celle-ci s’enflamme et le marin n’a plus qu’à la
déposer dans le foculus préalablement rempli de combustible.
Cette découverte ne constitue pour l’instant qu’une hypothèse archéologique, mais pourrait s’inscrire
dans le futur comme un des axes de recherche prioritaire sur les méthodes utilisées pour allumer le
feu.
71
ASHKENAZI, 2012, p.92.
72
GALILI, 1999c, p.171.
73
HOCKER, 1995.
74
Catalogue : Barthelemy B.
75
JONCHERAY, 2004, p.72.
76
Catalogue : Barthelemy B.
77
COLLINA-GIRARD, 1993, p.161.
78
L’ANCIEN, Histoire Naturelle XXXVI, 30 [trad. Raymond BLOCH], Paris, Les Belles Lettres, 1981.
18
9. Les décors
L’étude des foculi en plomb nous montre le raffinement de ces objets notamment grâce aux décors
appartenant à des registres bien précis.
Les foculi étaient décorés à deux endroits :
• les tenons de support des récipients sont parfois en forme de coquillage79
, ou encore
d’astragale (osselets)80
;
• la cheminée située à l’extrémité du foculus.
Nous allons nous intéresser aux décors de la cheminée. Plusieurs registres décoratifs cohabitent :
• la faune (animal quadrupède81
, des lions82
) ;
• la flore (feuille de vigne83
) ;
• les motifs géométriques (corde qu’on retrouve également sur les braseros en terre cuite84
,
rosace85
).
L’exemple du foculus de Tel Ridan dans la Baie de Gaza est intéressant : sur la paroi de la cheminée,
un lion et une lionne sautent en direction d’une amphore de table située au milieu du décor. En haut
et en bas, la scène est encadrée par un motif de corde. Le décor se répète des deux côtés du cylindre
et il est séparé par une feuille de vigne (FIGURE 10)86
. E. Galili et B. Rosen, dans leur article A Roman
nautical lead brazier : its decoration and origin, and comparable coastal finds, font le rapprochement
entre ce registre de décors et celui présent sur les cercueils en plomb de la côte proche-orientale. En
effet, cinq cercueils en plomb sur les cent cercueils étudiés de Césarée à Ashqelon portent un décor
similaire à celui du foculus étudié (lions sautant vers une amphore et séparés par une feuille de vigne)87
.
Cela pose la question, que nous traiterons par la suite, de l’identité des artisans. Selon E. Galili, les
symboles sur le cercueil en plomb servaient à protéger le défunt dans l’au-delà, voire à le maîtriser afin
qu’il ne s’en prenne pas aux vivants. Concernant les motifs sur les braseros, il pense que ceux-ci
servaient peut-être à protéger le navire contre les mauvais esprits ou plus trivialement à protéger les
marins des incendies provoqués par le foculus, et à bénir la nourriture88
.
Ces hypothèses font entrer le foculus dans une dimension religieuse, il n’est pas seulement utilisé dans
la vie quotidienne mais reflète également les croyances et les superstitions des marins. L’aspect
religieux a été pris en compte récemment en archéologie sous-marine89
, la signification de ces décors
constituera un axe de recherche important.
79
GALILI, 2015, p.339.
80
GALILI, 1999c, p.168.
81
GALILI, 2000, p.82
82
ASHKENAZI, 2012, p.90.
83
ASHKENAZI, 2012, p.90.
84
LEONARD, 1973, p.24 ; GALILI, 1999c, p.168.
85
GALILI, 1999c, p.168.
86
ASHKENAZI, 2012, p.90.
87
GALILI, 2012, p.419.
88
GALILI, 2012, p.420.
89
BELTRAME, 2002.
19
II. HISTORIOGRAPHIE
La première mention de foculus en plomb dans la littérature scientifique apparaît dans l’article de
Mary Ryan Leonard en 1973, « Braziers in the Bodrum Museum » dans la revue American Journal of
Archaeology90
. Cet article est un catalogue des braseros du musée de Bodrum en Turquie actuelle,
découverts le long des côtes de cette ville anciennement nommée Halicarnasse, par des pêcheurs au
cours des années 1960. Ce sont des découvertes isolées, sans contexte d’épaves, le travail
d’identification et de datation est très difficile voire quasi impossible. M. Leonard décrit treize
braseros dont onze en terre cuite rugueuse et grossière et deux en plomb91
. Ils sont classés en trois
groupes de formes, ou plutôt deux et un autre sans une véritable cohérence typologique. Les objets
sont ensuite décrits individuellement à la fin de l’article dans un catalogue, avec des dessins de
chaque brasero.
Cet article est assez novateur sous plusieurs aspects : tout d’abord, il établit une typologie basée sur
une étude précise des objets (dimensions, description des différentes parties du brasero). Il
s’emploie, et réussit plutôt bien dans l’ensemble, à interpréter les possibles utilisations de ces
braseros, sans avoir de contexte archéologique. Pour le début des années 1970 en archéologie sous-
marine où on s’intéresse très peu au mobilier de bord, la précision de l’étude est remarquable et a
servi d’unique référence sur le sujet des foyers portatifs pendant une bonne trentaine d’année92
.
Néanmoins, on peut déplorer des erreurs de datation et d’interprétation liées à un manque
d’approches transversales hors de l’archéologie dite classique (anthropologie et géophysique
notamment). Par exemple, l’auteur date l’ensemble des braseros de la période hellénistique avec
pour seul argument le passé de la région (ancienne Halicarnasse)93
.
Dix ans plus tard, un autre foculus est décrit dans la littérature archéologique, en France cette fois.
C’est une petite mention de Luc Long dans le livre de A. Pollino en 198494
. Il décrit un foculus en
plomb trouvé sur l’épave 3 du Cap Benat. L’auteur décrit bien le système d’eau circulant à travers la
double paroi du brasero, mais pense que l’objet sert à chauffer de l’eau et ne perçoit pas le but
premier de l’objet : la cuisson des aliments95
.
Il faudra attendre trente ans et la publication en 2004 de l’épave Barthelemy B par Jean Pierre
Joncheray96
pour que les foculi reçoivent une véritable attention de la part des archéologues de
Méditerranée Occidentale. Cette épave coulée au large de Saint-Raphaël dans le Var, datée du Ier
siècle de notre ère, est fouillée par Anne et Jean-Pierre Joncheray entre 1994 et 1996. La fouille est
menée avec une précision remarquable, trois zones du bateau sont identifiées : deux zones de vie à
l’avant et à l’arrière, ainsi que la cargaison de tuiles au centre de l’épave. C’est la seule épave où l’on
a découvert un foculus en contexte archéologique, quasiment en place, ce qui a permis de préciser sa
90
LEONARD, 1973.
91
LEONARD, 1973, p.19.
92
JONCHERAY, 2004 ; BELTRAME, 2002.
93
JONCHERAY, 2004, p.62.
94
POLLINO, 1984 ; Catalogue : Cap Bénat 3.
95
JONCHERAY, 2004, p.63.
96
JONCHERAY, 2004.
20
fonction97
. L’objet est très bien décrit, dessiné, photographié sous tous les angles98
. Les auteurs ont
même essayé de le faire reproduire pour étudier son fonctionnement99
.
De l’autre côté de la Méditerranée, l’archéologie israélienne s’est intéressée beaucoup plus tôt et
plus efficacement à la question des foculi en plomb. En effet, une vingtaine de ces objets ont été
retrouvés le long des côtes israéliennes et de la Bande de Gaza100
. Le nombre important de
découvertes et le dynamisme de l’archéologie israélienne (grâce notamment à E. Galili, J. Sharvit et
B. Rosen) ont débouché sur une dizaine de publications sur le sujet101
. On peut citer notamment
« Ship fittings and devices used by ancient mariners : finds from underwater surveys off the Israeli
coast » de E. Galili et B. Rosen102
. Cet article est publié dans un ouvrage collectif où les archéologues
du monde entier présentent leurs recherches, ce qui a permis aux archéologues israéliens de faire
état de leur travail et de présenter au monde cet étrange objet. L’article est fondateur, grâce à une
approche très large, notamment anthropologique et socio-économique. Les auteurs établissent une
typologie précise basée sur leurs découvertes, malheureusement des découvertes presque
exclusivement hors contexte. La thématique de la fabrication et des matériaux est évoquée, et de
nombreuses questions sont posées, auxquelles les auteurs vont essayer de répondre durant une
vingtaine d’années de recherche.
Ensuite, en 2012, des mêmes auteurs, on peut citer « A Roman nautical lead brazier : its decoration
and origin, and comparable coastal finds » publié dans la revue International Journal of Nautical
Archeology103
. Dans cet article, les auteurs font un rapprochement entre les décors sur les cheminées
des foculi et les décors présents sur les cercueils en plomb fabriqués le long de la côte proche-
orientale. Ils formulent l’hypothèse que ces deux produits seraient issus des mêmes ateliers
d’artisans du plomb situés dans les ports. Ces quelques pages d’articles sont nécessaires à la
compréhension à la fois spatiale, chronologique et sociale du foculus.
Enfin, on peut terminer cette historiographie par un des articles les plus récents sur le sujet : publié
en 2017 dans le Journal of Archaeological Science, intitulé « Thermodynamics of a brazier cooking
system modeled to mimic the lead brazier of a Roman ship »104
. Cet article d’archéologie
expérimentale présente les résultats des tests réalisés sur une reconstitution en acier d’un des foculi.
Une douzaine de capteurs ont été placés dans les parties de l’objet (cheminée, foyer, double paroi)
pour mesurer la température, la diffusion de chaleur, l’évaporation de l’eau etc. Les archéologues
ont ensuite cuisiné un repas pour 4-5 personnes. L’apport des sciences physiques est très intéressant
ici, et montre bien l’intérêt d’aborder un sujet sous un angle pluridisciplinaire. Les mesures réalisées
par les auteurs permettent également de matérialiser en pratique les hypothèses sur les foculi.
97
JONCHERAY, 2004, p.62.
98
Catalogue : Barthelemy B.
99
JONCHERAY, 2004.
100
MOSYAK, 2017, p.19.
101
MOSYAK, 2017, p.19.
102
GALILI, 1999c.
103
GALILI, 2012.
104
MOSYAK, 2017.
21
III. ORIGINE
On peut légitimement se demander comment, au début de l’Empire romain, des artisans spécialistes
de la manufacture d’objets en plomb ont pu concevoir et réaliser un objet d’une telle précision
technologique. Existe-il des exemples antérieurs de braseros mobiles, en métal ou non, qui auraient
pu inspirer les artisans de l’Empire romain ? L’éventuelle découverte de « modèles » ou de
« braseros primitifs » peut nous permettre d’en savoir plus sur l’objet et sur les choix effectués dans
sa conception. Ici, on s’intéressera à l’origine des foculi en plomb et non à l’origine de ses fabricants
ou encore de ses utilisateurs.
En 1934, lors des fouilles archéologiques de la ville de Délos en Grèce, un brasero d’une forme
particulière est mis au jour et fait l’objet d’une publication dédiée105
. Il n’a pas été retrouvé intact,
mais ses nombreux fragments ont permis sa reconstruction106
. C’est un brasero mobile, avec parfois
deux anses pour le transporter107
. Il est fait en argile grossière108
et serait daté selon l’auteur de la fin
du IIème siècle voire du début du Ier siècle avant J-C.
Ce brasero présente des similitudes avec ceux des navires, au niveau de la forme générale, mais
également dans les différentes parties qui le composent (FIGURE 9). Tout d’abord, il est mobile et sa
conception a été pensée afin de pouvoir sortir du cadre rigide de l’âtre pour cuisiner en milieu
ouvert109
(cour de ferme, peut-être lors des travaux aux champs). Cette adaptation de la forme à la
fonction peut également s’appliquer pour les foculi en plomb.
De plus, malgré la présence d’un pied assez imposant qui s’explique, selon l’auteur, par la nécessité
de séparer le combustible (le bois) de l’ustensile dédié à la cuisson pour éviter la formation de traces
noires sur celui-ci, on remarque que ce brasero possède un foyer central destiné à accueillir le
combustible, prolongé par une tablette trapézoïdale qui, selon l’auteur, servirait de support aux
buches de bois110
et une cheminée à l’arrière pour stabiliser la structure. Le foyer central est en
forme de fer à cheval (forme que l’on retrouve sur les foculi en plomb) et au sommet de la cheminée
se trouvent trois tenons de support pour un récipient. La cheminée du brasero présente parfois des
décors géométriques111
, habitude que l’on retrouvera plus tard sur les cheminées en plomb.
Le brasero de Délos, malgré des différences, rappelle par sa forme générale et quelques détails
techniques (tenons, décors sur la cheminée) les foculi en plomb plus tardifs. Peut-on affirmer qu’il
existe une filiation technologique entre les deux objets ? Nous ne pouvons pas l’établir avec
certitude, mais la ressemblance mérite d’être signalée.
Dans son article sur les braseros du Musée de Bodrum112
, M. Leonard a décrit onze braseros en terre
cuite et deux en plomb. Les braseros en terre cuite sont très hétérogènes dans leur forme mais
l’auteur les a classés en trois groupes de forme plutôt intéressants. Dans le groupe n°2, se trouvent
les braseros en plomb avec plusieurs autres en terre cuite, dont un qui retient particulièrement
105
BAKALAKIS, 1934.
106
BAKALAKIS, 1934, p.204.
107
BAKALAKIS, 1934, p.205.
108
BAKALAKIS, 1934, p.215.
109
BAKALAKIS, 1934, p.204.
110
BAKALAKIS, 1934, p.204.
111
BAKALAKIS, 1934, p.211.
112
LEONARD, 1973.
22
l’attention, le n°8 (FIGURE 11)113
. C’est un brasero d’une hauteur de 44.5cm au niveau de la
cheminée avec quatre pieds (hauteur des pieds : 12cm). Il mesure 66.4cm de longueur et 24.8cm de
largeur. Le pied arrière et le mur droit du foyer sont restaurés. L’objet est fait dans une pate
grossière de couleur brun rougeâtre.
Ce brasero a un foyer en forme de « U » et sa base est de forme elliptique. Il possède également trois
tenons sur la cheminée et trois sur le foyer ; de plus on peut relever des décors sur la cheminée en
forme de corde (ce décor existe aussi sur les foculi en plomb). Quatre petits pieds stabilisent
l’ensemble ; deux se trouvent sous le foyer, un au milieu et un à l’arrière.
En examinant l’objet et sa description, on constate une forte ressemblance avec les foculi en plomb
et M. Leonard le relève également114
, ce qui rend sa classification pertinente pour l’époque.
Deux hypothèses sont possibles :
• Soit nous avons là un foculus primitif en terre cuite, moins cher mais plus fragile115
, utilisé à
bord des navires le long de la côte proche-orientale et de Grèce.
• Soit cet objet est utilisé en même temps que le foculus mais sur la terre ferme, dans un
registre domestique, et aurait été l’objet d’un commerce et exporté, ce qui expliquerait leur
présence en mer. Cette hypothèse peut être renforcée par le fait que les braseros de l’article
de M. Leonard ne présentaient pas de trace d’utilisation116
(traces de brûlé) même si l’auteur
pense que le passage sous l’eau a pu effacer ces potentielles traces (argument contrecarré
par les nombreuses découvertes récentes117
).
Dans les deux cas, on peut légitimement penser que les artisans à l’origine de la conception du
foculus se sont inspirés de cet exemple en terre-cuite pour concevoir un objet plus résistant, plus
stable et plus pratique pour un usage maritime118
. La forme générale est la même, mais les artisans
ont réduit la taille du brasero et enlevé les pieds peu stables en mer. La terre cuite est abandonnée
car trop fragile et remplacée par le plomb qui, par sa masse, assure une plus grande stabilité. Les
tenons sur la cheminée ont disparu, la cheminée n’ayant plus une utilité propre à la cuisson mais plus
une fonction de régulation de la température119
. M. Leonard précise qu’à l’avant se trouvait deux
bords surélevés pour poser un grill120
, hypothèse confirmée par l’expérience de A. Mosyak et alii121
sur les foculi en plomb, ce qui montre la filiation entre ces deux types de braseros.
Toujours dans le même article, un autre brasero en terre cuite présente des similitudes avec le n°8
déjà évoqué et les foculi en plomb. Le n°11 (FIGURE 12), placé dans le troisième groupe de forme par
M. Leonard122
, est bien conservé, il mesure 20.2cm de hauteur, 24cm de largeur et 59cm de
longueur. Le socle en forme de fer à cheval est divisé en deux compartiments par des parois
113
LEONARD, 1973, p.24.
114
LEONARD, 1973, p.24.
115
MOSYAK, 2017, p.24.
116
LEONARD, 1973, p.19.
117
Voir Catalogue.
118
MOSYAK, 2017, p.24.
119
MOSYAK, 2017, p.25.
120
LEONARD, 1973, p.24.
121
MOSYAK, 2017, p.25.
122
LEONARD, 1973, p.25.
23
incurvées ; chaque fin de compartiment possède un bord surélevé pour accueillir un récipient à fond
bombé. Selon l’auteur, il conviendrait à la vie à bord mais ce n’est pas techniquement un brasero
(pas de raffinement des formes, pas de décor, pas de cheminée, de support pour un récipient). On
peut se demander si ce brasero n’est pas une version primitive du brasero n°8 et donc du foculus en
plomb. Il est plus stable pour la vie à bord par rapport au numéro 8, mais la combustion est difficile
car il n’y a pas de tirage d’air. D’autres recherches par la suite seront nécessaires pour éclaircir la
chronologie entre ces différents objets, car l’absence de contexte archéologique ne permet pas, pour
l’instant, de tirer des conclusions claires.
IV. PROCESSUS DE CREATION
Les foculi étant des objets d’une grande valeur à la fois économique et technologique, on peut
légitimement se poser la question de leur conception.
4.1.Le contexte
Le plomb, comme on a déjà pu le voir, est un métal commun et peu cher, très utilisé pendant
l’Antiquité. Très peu d’auteurs se sont intéressés au lien entre les circuits d’approvisionnements du
plomb et la conception des foculi. Néanmoins, sur la côte israélienne, E. Galili et B. Rosen ont fait le
rapprochement entre certains décors des cheminées des braseros et ceux présents sur des cercueils
en plomb fabriqués sur la côte123
. Les cercueils ont été fabriqués avec des feuilles de plomb
ressemblant à celles utilisées pour les foculi. Peut-être ont-ils été fabriqués dans le même endroit, la
même boutique voire par le même artisan ?
4.2.Fourchette chronologique
Au niveau archéologique, tous les foculi sont datés entre le Ier et le Vème siècle après J.-C. Les
cercueils en plomb sont utilisés au Liban du Ier au milieu du IVème siècle ; en Israël du Ier jusqu’à la
deuxième moitié du IIIème siècle. Ces dates correspondent aux dates des épaves israéliennes où se
trouvaient certains foculi. La fourchette chronologique se situerait donc pendant tout l’Empire
romain124
.
4.3.Le foculus en plomb, une innovation unique ?
Le bateau pendant l’Antiquité, et même après, est une machine de transport conçue pour se
déplacer en toute sécurité dans l’eau et par rapport à la tenue au vent, elle est donc à la pointe de la
technologie de l’époque125
. Les innovations pour améliorer le confort de vie des marins résultent
123
GALILI, 2012.
124
GALILI, 2012, p.420.
125
ROSEN, 2007, p.307.
24
d’un échange, d’une relation privilégiée entre des artisans qui proposent leur savoir-faire, leur main
d’œuvre et leurs outils à des marins désireux d’améliorer leur quotidien ou leur bateau.
- L’étude comparative entre les cercueils de plomb et les foculi nous fournit déjà des
informations et permet de formuler plusieurs hypothèses. Les artisans spécialisés dans le
plomb qui fabriquaient des cercueils avaient la connaissance du moulage, du martelage, de la
décoration et de la soudure. On peut donc supposer que les foculi étaient un sous-produit de
la fabrication des cercueils en plomb côtiers méditerranéens, dont la production était plus
rentable, avec une demande plus élevée. L’utilisation du plomb recyclé donne du crédit à
cette hypothèse126
.
- Sur le territoire de l’actuel Israël et alentour, les centres de production de grands artefacts en
plomb étaient situés dans les grands ports (Tyr, Akko, Césarée, Ashkelon), ou l’œuvre
d’artisans itinérants qui sillonnaient les différentes villes de la côte. La proximité
géographique a pu entraîner des interactions entre les marins et les artisans127
. Comment et
dans quels endroits ces interactions ont-elles pu avoir lieu ? Ce sera une des thématiques de
recherche à venir.
Au vu de la fourchette chronologique très courte, on constate que le foculus a existé pendant une
fenêtre historique restreinte. Comme nous avons pu le voir, la majorité des découvertes ont eu lieu
sur la côte proche-orientale, et on pourrait se demander si le foculus n’est qu’un produit d’une
dynamique très locale. Ces objets étaient-ils uniquement fabriqués en Israël et ses environs ? Si oui,
est-ce que ces objets rares faisaient partie d’un commerce d’exportation sur de longues distances, ou
bien les marins de Méditerranée occidentale (par exemple, ceux de Barthelemy B) étaient-ils obligés
de se déplacer pour acquérir un foculus directement auprès des artisans des ports orientaux ? Pour
préciser cette hypothèse, il faut revenir sur les conditions particulières de conservation en Israël.
a) Processus de découvertes archéologiques en Israël
La côte d’Israël est caractérisée par des rivages sablonneux peu profonds et de fréquentes tempêtes.
Les objets légers (coques en bois par exemple) s’échouent ou sont détruits tandis que les objets
massifs (objets en plomb notamment) sont enfouis dans le sable et ne bougent pas ou très peu,
protégés de la destruction et du pillage.
La pénurie de sable (lié aux processus naturels et à l’extraction du sable pour la construction en mer
de centrales électriques dans les années 90 par exemple) entraîne une exposition d’anciennes
épaves. Il faut également préciser que l’archéologie sous-marine est très dynamique en Israël128
. Ces
circonstances ont conduit à la découverte de nombreux sites et à celle de la majorité des foculi
connus dans le monde.
Le contexte très favorable de la côte proche-orientale amène à relativiser la conclusion selon laquelle
cette région serait « l’unique centre de production ». Mais la question demeure pour les deux foculi
trouvés en France : d’où provenaient-ils ? On sait que les échanges étaient fréquents entre les deux
côtés de la Méditerranée, mais le foculus était-il bien le fruit d’un commerce ?
126
ASHKENAZI, 2012, p.92.
127
GALILI, 2012, p.420.
128
ROSEN, 2007, p.301
25
b) Le commerce à longue distance des foculi
- En 1973, M. Leonard décrit les deux foculi en plomb comme matériel de bord et non comme
cargaison, malgré l’absence de contexte et de traces d’usages sur les objets129
. En Israël,
chacun des foculi était sur une épave différente, les rattachant au matériel de bord130
.
- À ce stade de découvertes, nous ne pouvons pas trancher quant à la question du commerce à
longue distance, mais il semble peu probable que des marins cabotant le long des côtes
provençales sur un bateau de très petites dimensions131
aient traversé la Méditerranée pour
aller chercher un objet seul sur les côtes proche-orientales, si précieux soit-il. Soit le
commerce depuis l’Orient existait, soit les côtes proche-orientales n’étaient pas les seules
productrices de foculi dans le monde romain : on pouvait également en trouver en
Méditerranée occidentale.
4.4.Un autre exemple d’innovation technologique au service des marins : le pot trapu à deux anses
du littoral de la Narbonnaise
Pour essayer de mieux comprendre le processus de création des braseros en plomb, il nous a paru
judicieux de comparer avec d’autres objets résultant d’une collaboration entre artisans et marins. Le
pot trapu à deux anses, décrit par Lucien Rivet dans un article paru en 2006132
, est une céramique
connue seulement en vingt-et-un exemplaires, quasiment tous découverts dans des épaves (Balise
du Rabiou, Calanque de l’Ane) ou des sites portuaires (Marseille, Arles, Fos)133
. Il présente une
morphologie originale : deux anses, plus large que haut avec une encolure basse, une carène
fortement marquée et un fond plat (FIGURE 13).
Ce pot est appelé « pot de barque » par les céramologues134
car la surface de pose semble être
destinée à un usage marin, la stabilité du pot l’empêchant de basculer et se renverser lors de
mauvais temps. Lucien Rivet propose plusieurs hypothèses quant à sa fonction, hypothèses que l’on
peut résumer ainsi : c’est un récipient de stockage d’un produit semi-liquide (peut-être du garum)
destiné à l’usage des marins et non un vase à usage commercial. La majorité des exemplaires sont
datés de la période Claude-Néron.
Cet exemple nous renseigne sur l’existence d’autres objets dédiés à un usage maritime quasi-exclusif
à l’époque impériale. La question de la conception est peu abordée dans l’article de L. Rivet, mais on
peut penser que les ateliers de la région de Fréjus, très dynamiques au début de l’Empire, ont pu
fabriquer ces pots comme « sous-produits » de la production de tuiles ou de céramique commune,
de la même manière que les artisans du plomb en Israël l’on fait avec le foculus.
Cet exemple, ainsi que le foculus, pose la question de la proximité entre marins, demandeurs
d’innovations techniques pour améliorer leur quotidien, et artisans. Comment, et surtout où, ces
129
LEONARD, 1973, p.19.
130
GALILI, 1999c, p.169.
131
JONCHERAY, 2004.
132
RIVET, 2006.
133
RIVET, 2006, p.627-635.
134
RIVET, 2006, p.637.
26
deux corporations se rencontraient et échangeaient pour arriver à concevoir une sorte de « cahier
des charges » d’un objet spécifique ? Ce sera l’objet de recherches à venir.
L’exemple des deux foculi en forme de U d’Ashqelon nous montre bien qu’il n’existe pas une seule
forme standardisée de foculus, qu’elle est bien le fruit d’artisans en relation avec les marins qui ont
sans doute dû leur exprimer leurs desiderata (relation avec une baignoire135
, ouverture plus simple)
pour sans cesse améliorer leur confort personnel à bord. Cet exemple montre aussi le savoir-faire des
artisans : le foculus était un objet d’une très grande prouesse technique et d’une grande valeur.
V. LOCALISATION SUR LE BATEAU ET
ASPECTS PRATIQUES
Le foculus en plomb est un instrument portatif, mais on peut se demander où il était situé sur un
navire. Dans un premier temps, nous verrons les techniques utilisées par les marins pour isoler le
foculus brûlant du pont afin d’éviter tout risque d’incendie, puis la localisation du foculus sur le
navire, et enfin les éventuels dangers résultant de l’utilisation de celui-ci.
5.1 Les techniques anti-incendie
Le premier souci des marins est d’éviter le déclenchement d’un incendie et sa propagation sur un
navire hautement inflammable (voile, cordage, pont en bois). Or, pendant la cuisson des aliments, le
foculus émet une chaleur intense qui peut mettre en danger le navire. La chaleur, on l’a vu, se diffuse
à travers les parois de plomb, et lorsque le foculus est posé à même le pont il peut chauffer
fortement les planches et provoquer un incendie.
La solution la plus « primitive » est de placer un matériau isolant entre le foculus et le pont : l’argile
ou la terre cuite par exemple. Les archéologues israéliens ont retrouvé un exemplaire de foculus
juste à côté de tuiles d’argiles décorées136
.
Une autre solution est de surélever le foculus du pont avec un trépied. Un exemplaire de ce type a
été trouvé au large d’Israël, dans une épave datée du III-IVème siècle137
. C’est un trépied en fer,
mesurant 15cm de haut et 24cm de large, réalisé en forgeant ensemble trois barres de section
transversale rectangulaire en forme de triangle équilatéral, avec les jambes légèrement pliées vers
l’extérieur aux extrémités pour plus de stabilité138
. Le rôle de support à foculus n’était sans doute pas
la seule utilisation possible : le trépied pouvait être aussi utilisé pour la maintenance sur le navire
(accueillir une bassine pour la vaisselle, laver des vêtements)139
.
135
Voir plus haut, Partie I, §5.
136
GALILI, 1999b, p.98.
137
GALILI, 2010, p.107.
138
GALILI, 2010, p.78.
139
GALILI, 2010, p.79.
27
À noter que la seule épave contenant un foculus avec un contexte archéologique bien étudié ne
présente pas d’isolation entre le pont et le brasero au moment du naufrage140
. On peut néanmoins
suggérer que le navire transportant un chargement de tuiles, le cuisinier pouvait prélever une ou
deux tegulae pour protéger le pont du navire et les remettre après le repas, comme le suggère C.
Beltrame141
.
5.2 Localisation sur le navire
Les navires de commerce gallo-romains ne disposant en général pas d’une immense superficie,
chaque zone du bateau remplissait une fonction bien précise. Ces fonctions ne sont pas toujours bien
connues par les archéologues. Concernant le foculus, Barthelemy B est la seule épave qui nous a
fourni des informations sur sa localisation à bord142
.
Il se trouvait en effet à l’arrière du navire au moment de sa découverte, avec la réserve de bois
(brindilles et chutes de planches sciées), à côté aussi qu’un plat à cuire. À l’avant, on trouvait une
autre zone de vie, séparée de la cargaison, avec notamment de la vaisselle de bord (plat à cuire à
deux tenons marqué de traces de suie). L’auteur y voit deux zones de vie bien distinctes, et propose
entre autres hypothèses une séparation entre celui qui fait à manger (à l’arrière) et les
consommateurs (à l’avant). (FIGURE 14)
Plusieurs hypothèses peuvent être émises pour expliquer cette séparation :
• la fumée dégagée par le foyer du foculus pouvait incommoder les marins pendant leur
repas ;
• le manque de place dans la zone arrière du bateau pouvait obliger les marins à déplacer leur
zone de repas, par confort ou par sécurité ;
• la séparation des zones de vie peut aussi être motivée par des rituels culturels ou des
distinctions sociales. Cependant, c’est l’hypothèse la plus difficile à prouver et elle sera
l’objet de recherches futures.
5.3 Le confort de la nourriture cuite : un cadeau empoisonné ?
L’utilisation du foculus présentait un certain nombre de dangers pour les marins. On peut les résumer
en deux catégories : les risques à court terme, et les risques à long terme.
- Les risques à court terme :
• le risque d’incendie : Même si la conception du foculus est pensée pour
éviter les incendies, les risques ne sont jamais écartés. Des braises ou des
particules volatiles issues de la combustion du bois pouvaient en effet
s’échapper et enflammer les voiles ou les cordages. Un marin peu attentif
pouvait également renverser le foculus ;
140
JONCHERAY, 2004.
141
BELTRAME, 2002, p.
142
JONCHERAY, 1994.
28
• le risque de brûlure : l’eau bouillante contenue dans les parois et dans la
cheminée du foculus, le combustible, et le contenu d’un récipient chauffé,
pouvaient blesser le cuisinier ;
- le risque à long terme : l’empoisonnement au plomb.
B. Rosen et E. Galili se sont intéressés aux dangers du plomb et son impact sur les marins romains
dans leur article « Lead use on Roman ships and its environmental effects »143
. Comme vu
précédemment (FIGURE 15), le plomb est omniprésent sur un navire pendant l’Empire romain. Les
marins étaient donc plus exposés au plomb que les autres populations. Les bateaux étaient des
sources mobiles de pollution pour les hommes et les environnements144
.
Le foculus porte une part de responsabilité dans cette pollution : en plus d’être une masse de plomb
très dense, c’est un objet exclusif à l’usage nautique. De plus, la prédisposition à l’empoisonnement
des marins par le plomb est augmentée par le fait que les outils en plomb avaient perdu la patine
nécessaire à leur protection à cause du sel, des chocs provoqués par les roulements des vagues et
par le soleil145
. La combustion dans le foyer devait certainement entraîner des émanations toxiques.
De plus, le foculus est placé dans la zone de vie des marins, où ils vivent et dorment.
On comprend bien que, dans ces conditions, les marins soient considérés comme une population à
risque avec une espérance de vie limitée, les conditions de vie à bord n’arrangeant rien. Finalement,
le foculus est une innovation technologique extraordinaire, mais sûrement aussi un des plus grands
dangers auxquels sont soumis les marins.
VI. BIBLIOGRAPHIE
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correspondance héllénique, vol. 50, 1934, p.203-217.
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l'expérimentation] », Bulletin de la Société préhistorique française, tome 90, n°2, 1993, p159-176.
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1999, p.15-20.
143
ROSEN, 2007.
144
ROSEN, 2007, p.300.
145
ROSEN, 2007, p.307.
29
GALILI, 1999b = E. GALILI & J. SHARVIT, « Underwater surveys in the Mediterranean Sea 1992–1996 »,
Excavations and Surveys in Israel 19, 1999, p.96–101.
GALILI, 1999c = E. GALILI & J. SHARVIT, « Ship fittings and devices used by ancient mariners: finds from
underwater surveys off the Israeli coast », H.TSALAS (Ed.), 5th International Symposium on Ship
Construction in Antiquity. Nauplia 1993. Proceedings, 1999, p.167–183.
GALILI, 2000 = E. GALILI et alii, « Ashqelon underwater survey », Hadashot Arkheologiyot, 111, 2000,
p.83-85 & 111-114.
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Ashkelon Coast », Atiquot, 66, 2011, p.79-84 & 159.
GALILI, 2012 = E. GALILI & B. ROSEN, « A Roman nautical lead brazier : its decoration and origin, and
comparable coastal finds », IJNA, n°41.2, 2012, p.416-480.
GALILI, 2015 = E. GALILI & B. ROSEN, « Lead cooking braziers from a shipwreckoff the Ashkelon coast,
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HOCKER, 1995 = F. HOCKER, « Lead hull shealting in Antiquity », H. TZALAS (Ed.), Tropis III : Proceedings
of the 3rd International Symposium on ship construction in Antiquity, Athènes, 1989, p.197-206.
JONCHERAY, 2004 = A. & J.P. JONCHERAY, « Epaves de tuiles romaines en Provence Cote d’Azur :
L’épave Barthelemy B (Var) », Cahiers d’Archéologie Subaquatique n°15, 2004, p. 7-72.
LEONARD, 1973 = M. LEONARD, « Braziers in the Bodrum Museum », American Journal of Archaeology,
77, n°1, 1973 p19-25.
MOSYAK, 2017 = S. MOSYAK et alii, « Thermodynamics of a brazier cooking system modeled to mimic
the lead brazier of a Roman ship », Journal of Archaeological Science : Reports, 19, 2017, p.19-26.
RIVET, 2006 = L. RIVET, « Le pot trapu à deux anses du littoral de la Narbonnaise orientale », Actes du
Congrès de Pezenas, Marseille, 2006, p.627-640.
ROSEN, 2007 = B. ROSEN & E. GALILI, « Lead use on Roman ships and its environmental effects », IJNA,
n°36.2, 2007, p.300-307.
POLLINO, 1984 = A. POLLINO, Objets métalliques sur les épaves antiques, Antibes, 1984.
30
VII. TABLE DES ILLUSTRATIONS
- FIGURE 1 : Photo de profil du foculus de Barthelemy B (photo DRASSM)
- FIGURE 2 : Photo d’un des foculus découvert au sud d’Haïfa (Source : GALILI 1999c, p.180,
figure 6)
- FIGURE 3 et 4 : Schéma des différentes parties du foculus (Source : ASHKENAZI 2012, p.87,
figure 2)
- FIGURE 5 : Schéma général de fonctionnement du foculus (Source : GALILI 1999c, p.181, figure
8)
- FIGURE 6 : Carte des découvertes de foculus (Source : MOSYAK 2017, p.20, figure 1)
- FIGURE 7 : Foculus d’Ashqelon A après restauration (Source : GALILI 2015, p.337, figure 3)
- FIGURE 8 : Proposition de reconstitution de l’utilisation du foculus en U (Source : GALILI 2015,
p.343, figure 10)
- FIGURE 9 : Dessin du réchaud de Délos (Source : BAKALAKIS 1934, p.205, figure 1)
- FIGURE 10 : Détail de la cheminée du foculus de Tel Ridan (Source : ASHKENAZI 2012, p.91,
figure 4)
- FIGURE 11 : Dessin du brasero n°8 du musée de Bodrum (Source : LEONARD 1973, p.24, figure
9 et 10)
- FIGURE 12 : Dessin du brasero n°11 du musée de Bodrum (Source : LEONARD 1973, p.25, figure
13 et 14)
- FIGURE 13 : Photo et dessin de deux exemplaires de pot trapu (Source : RIVET 2006)
- FIGURE 14 : Reconstitution du navire de Barthelemy B (Source : JONCHERAY 2004)
31
FIGURE 1 :
FIGURE 2 :
32
FIGURE 3 :
FIGURE 4 :
33
FIGURE 5 :
34
FIGURE 6 :
35
FIGURE 7 :
FIGURE 8 :
36
FIGURE 9 :
FIGURE 10 :
37
FIGURE 11 :
FIGURE 12 :
38
FIGURE 13 :
FIGURE 14 :
39
CATALOGUE D’ÉPAVES
40
IER SIÈCLE
SOMMAIRE :
➢ BALISE DU PRÈTRE – pages 42-43.
➢ BALISE DU RABIOU – pages 44-45.
➢ BARTHELEMY B – pages 46-62.
➢ CAP BÉNAT 3 – pages 63-65.
➢ CAP DE VOLT – pages 66-69.
➢ CAVALLO 1 – pages 70-71.
➢ CULIP IV – pages 72-73.
➢ CULIP VIII – pages 74-75.
➢ DIANO MARINA – pages 76-86.
➢ DRAMONT D – pages 87-113.
41
➢ DRAMONT I – pages 114-117.
➢ GRAND RIBAUD D – pages 118-136.
➢ GRAND ROUVEAU – pages 137-139.
➢ ÎLE ROUSSE – pages 140-158.
➢ LA GAROUPE 1 – page 159.
➢ LARDIER 4 – pages 160-171.
➢ LAVEZZI 1 – page 172.
➢ LES BATTUTS / BAIE DE L’AMITIÉ 2 – pages 173-190.
➢ MARINA DI FIORI – pages 191-195.
➢ PETIT CONGLOUÉ – pages 196-197.
➢ PORT VENDRES 2 – pages 198-215.
➢ SUD LAVEZZI 2 – pages 216-217.
➢ TOUR SAINTE MARIE – pages 218-223.
42
NOM DE L’EPAVE : BALISE DU PRETRE 2
DATATION : Ier siècle
LOCALISATION : FRANCE
DATE DES OPERATIONS : INCONNUE
OBJET : MOBILIER
TYPE : MORTIER EN CERAMIQUE
NOMBRE : 1
DIMENSIONS : Diamètre : 34cm. Hauteur : 7cm.
DESCRIPTION : Pelvis à rebord plat, légèrement descendant.
DECORS :
LOCALISATION : INCONNUE
CONTEXTE D’USAGE :
COMMENTAIRE : Figure 1 et 2. Selon J.P JONCHERAY, ce pelvis est du type 1 de l’épave du Dramont D.
BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BALISE DU PRETRE ; Wladimir BEBKO, Les épaves Antiques du
sud de la Corse, Bastia, 1971 ; Jean Pierre JONCHERAY, « Contribution à l’étude de l’épave Dramont D
dite « des pelvis » », Cahiers d’Archéologie Subaquatique n°1, 1973, p.11-33.
43
TABLE DES ILLUSTRATIONS :
- FIGURE 1 : dessin du mortier de profil (Source : publication BEBKO)
- FIGURE 2 : dessin du mortier de haut (Source : publication BEBKO)
FIGURE 1 :
FIGURE 2 :
44
NOM DE L’EPAVE : BALISE DU RABIOU
DATATION : Première moitié du Ier siècle
LOCALISATION : FRANCE
DATE DES OPERATIONS : SONDAGE EN 1993 (B. DANGREAUX), SONDAGE EN 2001 & FOUILLE 2003-
2006 (DIR. A. & JP. JONCHERAY)
OBJET : MOBILIER
TYPE : MORTIER EN CERAMIQUE
NOMBRE : 1
DIMENSIONS :
DESCRIPTION : Mortier à bord en bandeau, en pâte claire.
DECORS :
LOCALISATION : INCONNUE
CONTEXTE D’USAGE :
COMMENTAIRE : Figure 1. Similaire au mortier de l’épave Cavallo 1.
BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BALISE DU RABIOU ; Benoît DANGREAUX, « Balise du Rabiou »,
Bilan DRASSM 1993, 1993, p.50 ; Anne & Jean Pierre JONCHERAY, « L'épave romaine de la Rabiou,
Saint-Tropez (Var) », Cahiers d’Archéologie Subaquatique n°17, 2009, p.63 ; Jean Pierre JONCHERAY,
« Contribution à l’étude de l’épave Dramont D dite « des pelvis » », dans Cahiers d’Archéologie
Subaquatique n°1, 1973, p.11-33.
45
TABLE DES ILLUSTRATIONS :
- FIGURE 1 : dessin du mortier (Source : publication DANGREAUX)
FIGURE 1 :
46
NOM DE L’EPAVE : BARTHELEMY B
DATATION : Ier siècle
LOCALISATION : FRANCE
DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1994-1996 (dir. A. & JP. JONCHERAY)
OBJET : MOBILIER
TYPE : OLLA EN CERAMIQUE COMMUNE
NOMBRE : 1
DIMENSIONS : 164mm de hauteur et 163mm de diamètre.
DESCRIPTION : Urne sans anse récipient fragmentaire mais reconstituable graphiquement. Elle
présente un col large et évasé et un socle plat, la partie haute ne possède ni anse ni tenon, la pâte est
grossière brun gris foncé, en surface comme à la cassure.
DECORS :
LOCALISATION : INCONNUE
CONTEXTE D’USAGE : Noircie par la cuisson surtout dans la partie basse.
COMMENTAIRE : Figure 4.
BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BARTHELEMY B ; Anne et Jean-Pierre JONCHERAY, « Epaves de
tuiles romaines en Provence Cote d’Azur : L’épave Barthelemy B (Var) », Cahiers d’Archéologie
Subaquatique n°15, 2004, p.7-29.
TABLE DES ILLUSTRATIONS :
- FIGURE 4 : dessin de l’urne (Source : publication JONCHERAY)
47
NOM DE L’EPAVE : BARTHELEMY B
DATATION : Ier siècle
LOCALISATION : FRANCE
DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1994-1996 (dir. A. & JP. JONCHERAY)
OBJET : MOBILIER
TYPE : PATERA EN CERAMIQUE COMMUNE
NOMBRE : 1
DIMENSIONS : 237mm de diamètre, 56 à 65mm de hauteur.
DESCRIPTION : Plat à deux anses avec une paroi cylindrique légèrement resserrée vers le haut sans
lèvre marquée. Le raccord avec le socle est arrondi. Anses aplaties soudées au bord du récipient.
Modulé sans utilisation du tour ou avec une rotation lente du tour.
DECORS :
LOCALISATION : Partie avant de l’épave.
CONTEXTE D’USAGE : Pate noircie extérieurement.
COMMENTAIRE : Figure 1 et 2. Ce plat peut être rattaché au type RIVET 6 de la céramique culinaire
micacée de Fréjus.
BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BARTHELEMY B ; Anne et Jean-Pierre JONCHERAY, « Epaves de
tuiles romaines en Provence Cote d’Azur : L’épave Barthelemy B (Var) », Cahiers d’Archéologie
Subaquatique n°15, 2004, p.7-29 ; Lucien RIVET, « La céramique culinaire micacée de la région de
Fréjus (Var) », Revue archéologique de Narbonnaise, tome 15, 1982, p.243-262.
TABLE DES ILLUSTRATIONS :
- FIGURE 1 : photo du plat (Crédit : DRASSM)
- FIGURE 2 : photo du plat de profil (Crédit : DRASSM)
48
NOM DE L’EPAVE : BARTHELEMY B
DATATION : Ier siècle
LOCALISATION : FRANCE
DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1994-1996 (dir. A. & JP. JONCHERAY)
OBJET : MOBILIER
TYPE : PATERA EN CERAMIQUE COMMUNE
NOMBRE : 1
DIMENSIONS : 273mm de diamètre, 67mm de hauteur.
DESCRIPTION : Plat à quatre anses avec une paroi de profil tronconique se rattachant sans angle vif à
un socle plat. Les quatre anses aplaties sont soudées au bord du récipient. La pâte est caractérisée par
des points blancs et des grains de mica brillants. Elle est de couleur brun foncé à brun gris. En surface
et en coupe. Modulé sans utilisation du tour ou avec une rotation lente du tour.
DECORS :
LOCALISATION : Partie arrière de l’épave à quelques centimètres de la cargaison, et à 85cm du foculus.
CONTEXTE D’USAGE : La pate est enduite abondamment de résidus de cuisson, fumée, suie ou
d’aliments.
COMMENTAIRE : Figure 3. Ce plat peut être rattaché à la céramique culinaire micacée de Fréjus.
BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BARTHELEMY B ; Anne et Jean-Pierre JONCHERAY, « Epaves de
tuiles romaines en Provence Cote d’Azur : L’épave Barthelemy B (Var) », Cahiers d’Archéologie
Subaquatique n°15, 2004, p.7-29 ; Lucien RIVET, « La céramique culinaire micacée de la région de
Fréjus (Var) », Revue archéologique de Narbonnaise, tome 15, 1982, p.243-262.
TABLE DES ILLUSTRATIONS :
- FIGURE 3 : dessin du plat (Source : publication JONCHERAY)
49
FIGURE 1 :
FIGURE 2 :
50
FIGURE 3 :
FIGURE 4 :
51
NOM DE L’EPAVE : BARTHELEMY B
DATATION : Ier siècle
LOCALISATION : FRANCE
DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1994-1996 (dir. A. & JP. JONCHERAY)
OBJET : MOBILIER
TYPE : MINERAI DE PYRITE DE FER
NOMBRE : 1
DIMENSIONS :
DESCRIPTION : Un minerai de pyrite de fer à reflets dorés, très lourd de couleur gris brun foncée avec
une cavité creusée sur une face qui pouvait servir à moudre ou écraser.
DECORS :
LOCALISATION : INCONNUE
CONTEXTE D’USAGE :
COMMENTAIRE : Figure 1.
BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BARTHELEMY B ; Anne et Jean-Pierre JONCHERAY, « Epaves de
tuiles romaines en Provence Cote d’Azur : L’épave Barthelemy B (Var) », Cahiers d’Archéologie
Subaquatique n°15, 2004, p.7-29.
52
TABLE DES ILLUSTRATIONS :
- FIGURE 1 : photo du minerai (Crédit : DRASSM)
FIGURE 1 :
53
NOM DE L’EPAVE : BARTHELEMY B
DATATION : Ier siècle
LOCALISATION : FRANCE
DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1994-1996 (dir. A. & JP. JONCHERAY)
OBJET : MOBILIER
TYPE : FOCULUS EN PLOMB
NOMBRE : 1
DIMENSIONS : Taille Générale : longueur : 433mm, largeur : 254mm, hauteur : 255mm. Taille du
foyer en forme de fer à cheval : largeur : 174mm, longueur : 208mm, profondeur : 112mm. Cheminée :
126mm de profondeur, section ovale de 124 et 160mm d’axes.
DESCRIPTION : Foyer en forme de fer à cheval avec un socle légèrement enfoncé. Evasé dans sa partie
antérieure pour permettre l’approvisionnement en combustible, entouré d’une double paroi en plomb
de 4mm d’épaisseur. Trois tenons en plomb soudés sur les parois du foyer, permettait de soutenir un
plat ou une casserole.
DECORS : Aucune marque n’est observée sur cette pièce juste quelques entailles.
LOCALISATION : Partie arrière de l’épave à quelques centimètres de la cargaison, et à 85cm du plat à
cuire à quatre tenons et d’une casserole en bronze.
CONTEXTE D’USAGE : Une petite réserve de brindilles était placée juste à côté du brasero.
COMMENTAIRE : Figure 1, 2, 3, 4 et 5. Similaire au foculus de CAP BENAT 3.
BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BARTHELEMY B ; Anne et Jean-Pierre JONCHERAY, « Epaves de
tuiles romaines en Provence Cote d’Azur : L’épave Barthelemy B (Var) », Cahiers d’Archéologie
Subaquatique n°15, 2004, p.7-29.
54
TABLE DES ILLUSTRATIONS :
- FIGURE 1 : dessin du brasero (Source : publication JONCHERAY)
- FIGURE 2 : photo d’un des tenons (Crédit : DRASSM)
- FIGURE 3 : photo du brasero (Crédit : DRASSM)
- FIGURE 4 : photo du brasero (Crédit : DRASSM)
- FIGURE 5 : photo du brasero (Crédit : DRASSM)
FIGURE 1 :
55
FIGURE 2 :
FIGURE 3 :
56
FIGURE 4 :
57
FIGURE 5 :
58
NOM DE L’EPAVE : BARTHELEMY B
DATATION : Ier siècle
LOCALISATION : FRANCE
DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1994-1996 (dir. A. & JP. JONCHERAY)
OBJET : MOBILIER
TYPE : BOITE EN PLOMB ET SON COUVERCLE
NOMBRE : 1
DIMENSIONS : 122 mm diamètre - 42mm hauteur
DESCRIPTION : Boîte en plomb rigoureusement cylindrique à fond plat. Le couvercle légèrement plus
large est orné d’un bouton de préhension central et creux.
DECORS :
LOCALISATION : Partie arrière de l’épave à quelques centimètres de la cargaison, et à côté du foculus.
CONTEXTE D’USAGE : La boite contenait de l’étoupe.
COMMENTAIRE : Figure 1. La boite contenait de l’étoupe (composante fibreuse produite lors du
peignage du lin ou du chanvre, utilisé pour allumer le feu dans les techniques primitives de mise à feu).
On peut imaginer que l’étoupe servait à allumer le foculus présent non loin de la boite.
BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BARTHELEMY B ; Anne et Jean-Pierre JONCHERAY, «Epaves de
tuiles romaines en Provence Cote d’Azur : L’épave Barthelemy B (Var) », Cahiers d’Archéologie
Subaquatique n°15, 2004, p.7-32.
59
TABLE DES ILLUSTRATIONS :
- FIGURE 1 : dessin de la boîte (Source : publication JONCHERAY)
FIGURE 1 :
60
NOM DE L’EPAVE : BARTHELEMY B
DATATION : Ier siècle
LOCALISATION : FRANCE
DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1994-1996 (dir. A. & JP. JONCHERAY)
OBJET : MOBILIER
TYPE : CASSEROLE EN BRONZE
NOMBRE : 1
DIMENSIONS : 105 mm diamètre - 55mm hauteur - 124 mm longueur à l’extrémité du manche.
DESCRIPTION : Casserole à manche aplati troué de deux orifices et deux petites excroissances latérales
arrondies. Quasiment à l’état de moules concrétionnaires.
DECORS : Aucun décor n’a été trouvé ni en négatif ni dans la concrétion.
LOCALISATION : Partie arrière de l’épave à quelques centimètres de la cargaison, et très proche de la
cheminée du foculus.
CONTEXTE D’USAGE :
COMMENTAIRE : Figure 1. Ressemble au numéro 4 de Boesterd qui aurait été fabriqué au début du
Ier siècle en Italie du Nord.
BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BARTHELEMY B ; Maria BOESTERD, The Bronze Vessels in the
Rijksmuseum G. M. Kam at Νijmegen, Nimègue, 1956, p.2 ; Anne et Jean-Pierre JONCHERAY, « Epaves
de tuiles romaines en Provence Cote d’Azur : L’épave Barthelemy B (Var) », Cahiers d’Archéologie
Subaquatique n°15, 2004, p.7-29 ; Suzanne TASSINARI, La vaisselle de bronze romaine et provinciale au
Musée des Antiquités nationales, Paris, 1975, p.18.
TABLE DES ILLUSTRATIONS :
- FIGURE 1 : Dessin de la casserole (Source : publication JONCHERAY)
61
NOM DE L’EPAVE : BARTHELEMY B
DATATION : Ier siècle
LOCALISATION : FRANCE
DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1994-1996 (dir. A. & JP. JONCHERAY)
OBJET : MOBILIER
TYPE : CASSEROLE EN BRONZE
NOMBRE : 1
DIMENSIONS : 126 mm diamètre - 158 mm longueur à l’extrémité du manche.
DESCRIPTION : Casserole à manche aplati longueur orné d’un seul orifice et deux excroissances
latérales. Quasiment à l’état de moules concrétionnaires.
DECORS : Aucun décor n’a été trouvé ni en négatif ni dans la concrétion.
LOCALISATION : INCONNUE
CONTEXTE D’USAGE :
COMMENTAIRE : Figure 2. On peut la rattacher au type Tassinari au type « à tête de cygne » même si
l’état de la casserole ne permet pas de conclusions franches.
BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BARTHELEMY B ; Anne et Jean-Pierre JONCHERAY, « Epaves de
tuiles romaines en Provence Cote d’Azur : L’épave Barthelemy B (Var) », Cahiers d’Archéologie
Subaquatique n°15, 2004, p.7-29 ; Suzanne TASSINARI, La vaisselle de bronze romaine et provinciale au
Musée des Antiquités nationales, Paris, 1975, p.18.
TABLE DES ILLUSTRATIONS :
- FIGURE 2 : Dessin de la casserole (Source : publication JONCHERAY)
62
FIGURE 1 :
FIGURE 2 :
63
NOM DE L’EPAVE : CAP BENAT 3
DATATION : Ier siècle
LOCALISATION : FRANCE
DATE DES OPERATIONS : PRELEVEMENT EN 1981 (D. SOYER)
OBJET : MOBILIER
TYPE : FOCULUS EN PLOMB
NOMBRE : 1
DIMENSIONS : Longueur : 54 cm, largeur : 25.5 cm, hauteur : 28 cm.
DESCRIPTION : Foculus en feuilles de plomb soudées par martelage. Il comporte un réservoir interne
dont l’ouverture circulaire se situe à l’arrière et un espace foyer et dotée de trois tenons qui servaient
à supporter un plat.
DECORS :
LOCALISATION : Associé à des amphore gauloises et espagnoles Haltern 70.
CONTEXTE D’USAGE : Traces d’argile carbonisée.
COMMENTAIRE : Figure 1,2 et 3. Trouvaille isolée, sans autre matériel. Similaire au foculus de
BARTHELEMY B. L’association avec des amphores Haltern 70 le date du Ier siècle.
BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : CAP BENAT 3 ; Alex POLLINO, Objets métalliques sur les épaves
antiques, Antibes, 1984.
64
TABLE DES ILLUSTRATIONS :
- FIGURE 1 : photo du foculus (Source : publication POLLINO)
- FIGURE 2 : photo du foculus (Crédit : DRASSM)
- FIGURE 3 : photo du foculus (Crédit : DRASSM)
FIGURE 1 :
65
FIGURE 2 :
FIGURE 3 :
66
NOM DE L’EPAVE : CAP DE VOLT
DATATION : Ier siècle
LOCALISATION : ESPAGNE
DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1978-1979 (Dir. X. NIETO)
OBJET : MOBILIER
TYPE : PLAT EN CERAMIQUE COMMUNE
NOMBRE : 1
DIMENSIONS :
DESCRIPTION : Plat en céramique cuite avec une cuisson oxydante et un dégraissant grossier, la pâte
est de couleur orange au rouge sans être homogène.
DECORS :
LOCALISATION : INCONNUE
CONTEXTE D’USAGE : Noircie sur la face externe et non sur la face interne, signe d’une utilisation pour
la cuisson.
COMMENTAIRE : Figure 1. C’est une imitation de la forme Vegas 14 (céramique italienne) avec une
lèvre bifide pour recevoir un couvercle. Similaire à un plat de l’épave Culip 8.
BIBLIOGRAPHIE : César CARRERAS et alii, Culip VIII i les àmfores Haltern 70, Girona, 2003 ; Xavier
NIETO, « El pecio del Cap del Vol. Nuevas aportaciones », Cypsela, n°4, 1982, p.165-168.
67
TABLE DES ILLUSTRATIONS :
- FIGURE 1 : dessin du plat (Source : publication NIETO)
68
NOM DE L’EPAVE : CAP DE VOLT
DATATION : Ier siècle
LOCALISATION : ESPAGNE
DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1978-1979 (Dir. X. NIETO)
OBJET : MOBILIER
TYPE : COUVERCLE EN CERAMIQUE COMMUNE
NOMBRE : 1
DIMENSIONS :
DESCRIPTION : Couvercle en céramique cuite oxydée, avec un dégraissant grossier.
DECORS :
LOCALISATION : INCONNUE
CONTEXTE D’USAGE :
COMMENTAIRE : Figure 2. Il devait être le couvercle du plat ci-dessus.
BIBLIOGRAPHIE : X. NIETO, El pecio del Cap del Vol. Nuevas aportaciones in Cypsela, n°4, 1982, p.165-
168
TABLE DES ILLUSTRATIONS :
- FIGURE 2 : dessin du couvercle (Source : publication NIETO)
69
FIGURE 1 :
FIGURE 2 :
70
NOM DE L’EPAVE : CAVALLO 1
DATATION : Ier siècle
LOCALISATION : FRANCE
DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1962-1965 (W. BEBKO & R. LEDERER)
OBJET : MOBILIER
TYPE : MORTIER EN CERAMIQUE
NOMBRE : 1
DIMENSIONS : Largeur : 24.6cm, hauteur : 7cm.
DESCRIPTION : Pelvis en terre grossière de mauvaise cuisson (ocre claire extérieurement, grise au
cœur), fonds en gradins. Il a des bords verticaux non déversés.
DECORS :
LOCALISATION : INCONNUE
CONTEXTE D’USAGE :
COMMENTAIRE : Figure 1. Semblable à un mortier trouvé sur l’épave Dramont D.
BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : CAVALLO 1 ; Wladimir BEBKO, Les épaves Antiques du sud de la
Corse, Bastia, 1971 ; Jean Pierre JONCHERAY, « Contribution à l’étude de l’épave Dramont D dite « des
pelvis » », Cahiers d’Archéologie Subaquatique n°1, 1972, p.11-33 ; Jean Pierre JONCHERAY,
« Contribution à l’étude de l’épave Dramont D dite « des pelvis » », Cahiers d’Archéologie
Subaquatique n°2, 1973, p.16-17.
71
TABLE DES ILLUSTRATIONS :
- FIGURE 1 : Dessin du mortier (Source : publication BEBKO)
FIGURE 1 :
72
NOM DE L’EPAVE : CALA CULIP IV
DATATION : 75 AP-JC
LOCALISATION : ESPAGNE
DATE DES OPERATIONS : FOUILLES 1984-1988 (Dir. JAVIER NIETO)
OBJET : STRUCTURE DE FOYER
TYPE : TEGULAE ET IMBRICES
NOMBRE : 5
DIMENSIONS :
DESCRIPTION : 3 tegulae et 2 imbrices.
DECORS :
LOCALISATION : Partie arrière de l’épave.
CONTEXTE D’USAGE : Présence de taches noires de suie sur la face convexe des imbrices.
COMMENTAIRE : Figure 1. Pour l’auteur, le nombre de tuiles est insuffisant pour constituer un toit, il
propose donc une autre explication : elles forment une base réfractaire qui permet d’isoler les
charbons du pont du bateau. Les plats ou les ollae sont posés sur les imbrices ce qui expliqueraient les
traces de suie.
BIBLIOGRAPHIE : J. NIETO et alii, Excavacions arqueològiques subaquàtiques a la Cala de Culip, vol. I,
Girona, 1993, p.135-137.
73
TABLE DES ILLUSTRATIONS :
- FIGURE 1 : schéma explicatif de la structure du foyer sur le navire de Cala Culip IV (Source :
publication NIETO)
FIGURE 1 :
74
NOM DE L’EPAVE : CULIP 8
DATATION : Ier siècle
LOCALISATION : ESPAGNE
DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 2002-2003 (Dir. X. NIETO & T. PALOMO)
OBJET : MOBILIER
TYPE : PLAT EN CERAMIQUE COMMUNE
NOMBRE : 1
DIMENSIONS : 6 fragments et un bord.
DESCRIPTION : Plat en céramique cuite avec une cuisson oxydante et un dégraissant grossier, la pâte
est de couleur orange au rouge sans être homogène.
DECORS :
LOCALISATION : INCONNUE
CONTEXTE D’USAGE : Noircie sur la face externe et non sur la face interne, signe d’une utilisation pour
la cuisson.
COMMENTAIRE : C’est une imitation de la forme Vegas 14 (céramique italienne) avec une lèvre bifide
pour recevoir un couvercle. Similaire à un plat de l’épave du Cap de Volt.
BIBLIOGRAPHIE : César CARRERAS et alii, Culip VIII i les àmfores Haltern 70, Girona, 2003 p.147-150.
75
TABLE DES ILLUSTRATIONS :
- FIGURE 1 : dessin du plat (Source : publication CARRERAS)
FIGURE 1 :
76
NOM DE L’EPAVE : DIANO MARINA
DATATION : Milieu du Ier siècle
LOCALISATION : ITALIE
DATE DES OPERATIONS : 1975-1981 (dir. F. PALLARES)
OBJET : MOBILIER
TYPE : MORTIER EN CERAMIQUE
NOMBRE : 1
DIMENSIONS : Diamètre de l’ouverture : 35cm – Hauteur : 7.5cm
DESCRIPTION : Pâte rosée avec un dégraissant grossier. Conservé en deux grands fragments
reconstitués mais mutilés d'une petite partie du bord et du bec. Restes de concrétions marines. Le
bord est marqué et arrondi, fond plat et pied annulaire. De l’autre côté du bec (non conservé) il y a un
trou qui servait à suspendre et accrocher le mortier.
DECORS : Pas de graffitis ou d’estampille.
LOCALISATION : INCONNUE
CONTEXTE D’USAGE :
COMMENTAIRE : Figure 1 et 2. Probablement de la première moitié du Ier siècle. Semblable aux
mortiers de type 1 de l’épave du Dramont D.
BIBLIOGRAPHIE : Francesca PALLARES, « La Nave Romana di Diano Marina », Navigia fundo emergunt,
Albenga, 1983, p.107-115.
TABLE DES ILLUSTRATIONS :
- FIGURE 1 : photo du mortier (Source : publication PALLARES)
- FIGURE 2 : dessin du mortier (Source : publication PALLARES)
Memoire final 5
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Memoire final 5
Memoire final 5
Memoire final 5

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Memoire final 5

  • 1. 1 UNIVERSITE DE PERPIGNAN VIA DOMITIA Année universitaire 2017 -2018 MASTER I HISTOIRE, CIVILISATIONS, PATRIMOINE Mémoire présenté par SIMON AIRES sous la direction de MARTIN GALINIER, Professeur en Histoire, histoire de l'art et archéologie du monde romain à l’Université de Perpignan MARIE-PIERRE JÉZÉGOU, Ingénieur d'études DRASSM LES MODES DE CUISSON À BORD DES NAVIRES DE COMMERCE GALLO-ROMAINS AU IER ET IIEME SIÈCLE APRÈS J.-C. présenté le 10 septembre 2018 devant un jury composé de MARTIN GALINIER, Professeur en Histoire, histoire de l'art et archéologie du monde romain, Université de Perpignan MARIE-PIERRE JÉZÉGOU, Ingénieur d'études DRASSM
  • 2. 2 INTRODUCTION Depuis une cinquantaine d’années, l’archéologie sous-marine n’a cessé de se développer et a permis de faire progresser les connaissances archéologiques sur un grand nombre de problématiques. L’Antiquité et notamment le monde romain est mieux connu grâce à la découverte et aux fouilles de plusieurs centaines d’épaves en Méditerranée. L’archéologie sous-marine est une discipline jeune : la recherche s’intéressant au matériel ne faisant pas partie de la cargaison ou de la structure du navire est récente. Depuis quelques années, plusieurs chercheurs s’intéressent à combler ces lacunes dans nos connaissances sur le monde maritime romain1 . Ce mémoire intitulé Les modes de cuisson à bord des navires de commerce au Ier et IIème siècle après J.-C. s’inscrit dans ce cadre. Dans ce travail, nous proposons une synthèse des découvertes archéologiques sur les techniques utilisées par les marins romains pour cuire leur nourriture sur des bateaux entièrement en bois, mais également tous les équipements, la vaisselle et les outils nécessaires à la réalisation de ces techniques et donc à la cuisson des aliments. Nous nous appuierons pour cela, sur un corpus d’épaves présentées dans le catalogue ainsi que sur la bibliographie existante. I. PRÉSENTATION DES TERMES DU SUJET Pourquoi uniquement les navires de commerce romains ? Car c’est le type de navire le mieux connu par l’archéologie sous-marine, avec un corpus suffisamment important pour en dresser une synthèse judicieuse. Le champ d’étude de ce mémoire portera sur les Ier et IIème siècle de notre ère, en ce qui concerne le catalogue ; néanmoins beaucoup de techniques et d’objets décrits tout au long de ce mémoire sont utilisés avant et après cette période, on retrouvera donc des citations d’épaves grecques, d’époque républicaine ou du Bas-Empire. L’aire géographique se concentrera sur la Méditerranée occidentale, de la côte espagnole de Tarragone jusqu’aux Pyrénées, la côte française, et l’Italie ligure. Toutefois la rareté des découvertes archéologiques et le peu de bibliographie dédiée nous a contraint à élargir notre champ de recherches pour certains objets. Ainsi, des épaves de Méditerranée occidentale et des côtes africaines seront mentionnées épisodiquement. Tout d’abord, il nous faut définir ce que nous entendons par « mode de cuisson » mais plus généralement l’alimentation. Selon la définition rappelée par Michel Bats2 : c’est un ensemble d’actes comprenant plusieurs phases qui sont tributaires les unes des autres ou qui s’enchaînent. Il y a la phase de production (culture des plantes, chasse, élevage des animaux), la phase de distribution et la phase de consommation (préparation dans la cuisine et consommation des aliments à table). Le sujet de ce mémoire se cantonnera à la troisième phase. 1 BELTRAME, 2002. 2 BATS, 1988, p.19.
  • 3. 3 Selon J. Goody3 , la préparation dans la cuisine se divise en trois phases : - un travail préliminaire : dépeçage de la viande, décorticage des graines, pillage des céréales ; - une accommodation : exposition à la chaleur dans le cas de la nourriture cuite ou alors d’autres choses comme le froid, le sel, le vinaigre etc. ; - présentation des aliments. Dans le cadre de ce mémoire, nous nous intéresserons aux deux premières phases de la préparation : la phase de présentation et son principal témoin archéologique - la vaisselle de table – ne seront pas traités. La phase de préparation regroupe toutes les opérations visant à modifier la forme ou les caractéristiques physiques d’un aliment par des actions de préhension ou de percussion4 . Cela peut être par5 : - extraction, séparation ou triage : le battage des céréales avec les meules ou encore le filtrage avec une passoire ou un entonnoir ; - fractionnement : découpage avec un couteau ou broyage avec un mortier et un pilon ; - mélange et incorporation : cette action se fait avant cuisson (par exemple pour réaliser des bouillies de céréales) ou pendant cuisson (soupe) ; - la mise en place et la disposition. Les différentes étapes présentées ici ne laissent pas toutes une trace archéologique. Nous ne nous intéresserons pas ici à la question de l’assaisonnement des aliments ni des procédés biochimiques (fermentation, macération, séchage, fumage, etc.) qui sont en général réalisés sur la terre ferme. Concernant les procédés utilisés pour la cuisson des aliments, selon la définition d’André Leroi- Gourhan, ce sont les procédés par lesquels des aliments sont soumis à une chaleur suffisante pour leur faire subir des transformations en vue de leur consommation. On distincte deux sortes de cuisson : - la cuisson directe au moyen de la broche ou du grill6 ; - la cuisson indirecte : lorsqu’un corps solide (récipient) ou liquide (eau ou huile) est présent entre la flamme et l’aliment. Ce type de cuisson nécessite donc des récipients. Dans ce mémoire, nous étudierons essentiellement les récipients de forme ouverte (plats, marmites, pots, mortiers par exemple) car la majorité des récipients fermés ou à ouverture étroite comme les jarres ou les cruches sont utilisés pour le stockage ou le service de table. L’objectif de ce mémoire est d’abord de décrire et d’analyser l’agencement de la cuisine et les instruments de celle-ci utilisés sur un navire de l’époque impériale. Puis, à l’aide de cette analyse, de proposer une réflexion sur l’importance de l’étude de ces instruments et leurs contributions à l’augmentation des connaissances sur les conditions de vie des marins pendant l’Antiquité - au Ier et IIème siècle en particulier. 3 GOODY, 1984, p.83-84. 4 BATS, 1988, p.20. 5 BATS, 1988, p.21. 6 BATS, 1988, p.21.
  • 4. 4 Lors de ce travail, il s’agira de répondre à la question du « comment ?». Quelles stratégies sont utilisées par les marins pour cuire leur nourriture, quels sont les instruments et les techniques de cuisine utilisées ? Nous nous poserons également la question du lieu : où se trouve la cuisine sur un navire romain ? Comment peut-on l’identifier lors d’une fouille ? Enfin, il nous a paru intéressant de s’interroger sur qui faisait la cuisine et pour qui : la préparation de la cuisine en mer suivait-elle des codes ? Quelles informations sur les interactions économiques et sociales des marins l’étude de la cuisine et son fonctionnement peut-elle nous apporter ? Enfin nous réfléchirons sur la différenciation de la cuisine nautique : existait-il des différences dans le choix des aliments, les plats préparés ? Peut-on parler d’une cuisine nautique avec sa tradition culinaire propre, ou bien est-elle une adaptation de la cuisine romaine terrestre ? II. HISTORIOGRAPHIE La question de la vie quotidienne des marins et plus généralement l’étude du matériel de bord est une thématique de recherche récente en archéologie sous-marine. Lorsqu’on s’intéresse plus particulièrement aux habitudes de vie des marins et notamment leur manière de se préparer à manger chaud, on remarque assez vite le peu d’informations disponibles. En effet, il n’y a pas eu d’ouvrages, d’article ou de travaux traitant spécifiquement la question de l’alimentation chaude/cuite des marins romains. Il existe quelques ouvrages qui traitent partiellement la question, dans des chapitres ou des paragraphes dédiés. Il y aussi quelques épaves emblématiques notamment par leurs découvertes qui ont amené les archéologues responsables de la fouille en question à interpréter ces découvertes. On le verra dans la partie dédiée aux sources, l’étude et la fouille d’épaves reste notre seul moyen d’accroitre les connaissances scientifiques dans ce domaine. La thématique de la cuisson à bord n’existe pas en tant que telle dans la littérature archéologique, elle est toujours abordée soit de manière contrainte - car les découvertes sur une épave obligent les archéologues à s’y intéresser - ou bien elle est englobée dans la thématique de la vie à bord. Mais en général, la question de la vie quotidienne des marins est le parent pauvre de l’archéologie sous-marine, et suscite aujourd’hui un intérêt qui n’existait pas dans les années 1960-1970. En effet, les études se concentraient sur l’aspect socio- économique et très peu sur le matériel étranger à la cargaison et à la coque. Les objets appartenant aux marins étaient publiés aléatoirement, à la fin des publications et sans grande attention de la part des archéologues. Cette tendance s’est un peu estompée aujourd’hui mais, on le verra à travers le catalogue, il n’est pas rare sur des fouilles datant des années 1990-2000 de tomber dans l’inventaire des dépôts de stockage archéologique sur des objets absents de la publication. De plus, peu d’intérêt a été donné aux relations spatiales et fonctionnelles entre les objets du matériel de bord dans la littérature archéologique : les objets étant souvent analysés selon
  • 5. 5 leur valeur individuelle et détaché de tout contexte7. C’est particulièrement vrai concernant les matériaux constituant les structures de foyer (brique, tuiles etc.). Du fait de ce manque d’informations, nous avons fait le choix dans ce mémoire d’avoir une approche large de la question, et ne pas uniquement se cantonner à la littérature spéciale à l’archéologie navale et sous-marine. C’est pourquoi dans cette historiographie nous allons mentionner des ouvrages qui ne traitent pas directement l’objet d’étude mais qui nous ont permis de mieux l’appréhender. L’objet d’étude étant très vaste et traversant plusieurs disciplines (céramologie, archéologie expérimentale, étude des métaux anciens etc.) nous avons fait le choix ne pas mélanger l’historiographie générale et l’historiographie propre à chaque type d’objet : en s’inspirant de C. BELTRAME8, nous réaliserons pour chaque objet une historiographie dédiée par souci de clarté et de précision scientifique. Cette historiographie traitera uniquement des ouvrages abordant les modes de cuisson, nous ne ferons pas état ici des publications sur la vie à bord, l’architecture des cabines etc. Historiquement, la première attention aux objets de bord date de la fin des années 1960 avec la fouille de l’épave de Kyrénia en Grèce9. Cette épave d’un navire du quatrième siècle avant J.-C., a livré notamment de la céramique de cuisine, un mortier et un chaudron en bronze. L’étude rigoureuse du matériel a permis la distinction de deux aires de vies à l’avant et à l’arrière. Il faudra attendre 1982 et la fouille des deux navires de Yassi Ada et la publication de Georges Bass10 pour avoir le premier vrai travail analytique sur les artefacts qui ne font pas partie du chargement. L’épave du VIIème siècle après J.-C. a permis à G. Bass et son équipe de reconstruire une structure de foyer quasiment complète, et qui reste à ce jour l’exemple le plus complet et le mieux documenté. De plus, les archéologues américains ont découvert une batterie de cuisine quasi complète qui leur a permis de proposer plusieurs hypothèses sur l’identité des marins, leur nombre, leur origine, etc. Entre temps, en 1972, G. Bass et son équipe dans leur ouvrage général sur l’archéologie sous- marine11 consacre quelques lignes à l’autre épave de Yassi Ada datée du IVème siècle après J.- C. On y apprend qu’ils y ont découvert une vingtaine de pierres plates et quatre marmites qui selon eux seraient les traces d’une cuisine située en avant de l’étambot12. C’est la première mention d’une structure de foyer dans un ouvrage général d’archéologie sous-marine (à ce moment-là encore une très jeune discipline). 7 BELTRAME, 2002, p.1. 8 BELTRAME, 2002. 9 KATZEV, 1973. 10 BASS, 1982. 11 BASS, 1972. 12 BASS, 1972, p137.
  • 6. 6 La fouille de ces deux épaves a créé un précédent dans le monde de l’archéologie subaquatique. On peut également citer l’épave du Dramont D13 dans les années 1970 en France fouillé par Jean-Pierre Joncheray qui sensibilisa les archéologues français à l’étude analytique du matériel de bord grâce à une fouille méticuleuse. Cette épave a livré de nombreuses céramiques de cuisson, des casseroles en bronze, etc. La présence de deux aires de vie distinctes a été mise en évidence, sans toutefois révéler de foyer. L’ouvrage « Vita di bordo in eta romana » de Carlo Beltrame14 constitue de notre point de vue, l’ouvrage de référence sur notre sujet. Cet ouvrage ambitieux propose une synthèse de l’ensemble des découvertes sur le matériel de bord. L’auteur présente chaque thème (la religion, l’alimentation à bord, etc.) ou type d’objets (meules, casseroles, etc.) en présentant d’abord les éventuels sources littéraires puis archéologiques et l’historiographie correspondante, en effectuant une synthèse des connaissance actuelles. L’ouvrage n’est malheureusement pas traduit en français, mais il servira de référence pour ce mémoire. Au début du livre, l’auteur présente également une méthodologie synthétisant plusieurs auteurs pour différencier les objets appartenant à la cargaison et au matériel de bord. Nous avons choisi d’utiliser cette méthodologie pour le catalogue d’épaves, que nous détaillerons plus loin dans cette introduction. Comme précisé au début de cette historiographie, le sujet d’étude étant large et à cheval sur plusieurs domaines et spécialités archéologiques, plusieurs ouvrages d’histoire et d’archéologie terrestre ont nourri les recherches de ce mémoire. En premier lieu, les ouvrages généraux sur la cuisine et les habitudes alimentaires des Romains ont permis de formuler des hypothèses sur la nourriture des marins. L’ouvrage de référence reste « L’alimentation et la cuisine à Rome »15 qui s’appuie sur les textes des auteurs romains (Pline, Apicius, etc.) pour définir les pratiques alimentaires de leurs concitoyens. Dans cette même catégorie d’ouvrages, on peut citer l’ouvrage ancien de A. Maurizio16 et le livre de Nicole Blanc17. A ces ouvrages généraux, on peut ajouter l’article de Michel Bats sur la vaisselle en céramique commune d’Olbia de Provence18, qui ne se cantonne pas à la simple étude céramologique mais présente, définit les différents types de récipients, leur fonction, etc. De plus, l’auteur propose une réflexion très intéressante sur les héritages culturels en comparant la cuisine romaine et grecque. 13 Voir Catalogue : DRAMONT D 14 BELTRAME, 2002. 15 ANDRE, 1981. 16 MAURIZIO, 1932. 17 BLANC, 1997. 18 BATS, 1988.
  • 7. 7 III. SOURCES 1) Sources historiques Il n’existe pas de sources historiques décrivant la façon dont les marins romains cuisinaient sur leur navire. La seule mention intéressante se trouve dans la Loi Rhodienne. C’est le plus ancien recueil de lois maritimes utilisées pendant la Grèce Antique et reprise par les Romains19 . Néanmoins, cet ouvrage date de l’époque Byzantine et sa véracité pose question pour la période romaine20 . Il est écrit : « Aucun passager ne fera frire du poisson sur le navire et le patron ne le permettra pas »21 Il était donc interdit aux passagers d’amener leur propre réchaud (dans un souci de sécurité), ce qui nous indique qu’il existait une cuisine commune, utilisée à la fois par les marins et les passagers. Cet extrait, on le verra, est corroboré par les découvertes archéologiques. 2) Sources archéologiques : le catalogue d’épaves Tout au long de ce travail, les épaves de navire de commerce antiques (et en particulier celles du catalogue) serviront de base pour l’étude de la cuisine à bord et de son mobilier. Présentation du catalogue Le catalogue d’épaves porte sur les Ier et IIème siècle après J.-C. Il y a 23 épaves répertoriées au Ier siècle et 7 au IIème siècle22 . La zone d’étude s’étend des côtes espagnoles de Tarragone jusqu’aux côtes françaises, toute la côte française méditerranéenne ainsi que les côtes ligures jusqu’à Livourne23 . La Corse est comprise dans la zone d’études, contrairement à la Sardaigne. Pour le Ier siècle, on trouve trois épaves espagnoles (CAP DE VOLT, CULIP IV et VIII), une épave italienne (DIANO MARINA) et dix-neuf françaises dont sept corses. Les sept épaves du IIème siècle sont toutes françaises en y incluant une corse. Choix du corpus Pour réaliser ce catalogue, il a fallu croiser la base de données de l’ouvrage de Parker24 avec la base de données de l’Université d’Oxford25 . Ensuite, nous avons consulté les archives et la bibliographie relative à chaque épave pour les sélectionner, selon la présence ou non de matériaux liés à la cuisine et à son mobilier. 19 DARESTE, 1905. 20 ROUGE, 1966, p.25. 21 DARESTE, 1905, p.448. 22 La différence du nombre d’épaves entre les deux siècles sera abordée plus bas. 23 Les limites de cette zone d’études m’ont été conseillées par M.P. JEZEGOU. 24 PARKER, 1992. 25 UNIVERSITE OXFORD [en ligne], The Oxford Roman Economy Project : Shipwrecks Database, URL : http://oxrep.classics.ox.ac.uk/databases/shipwrecks_database/. [consulté le 30 août 2018].
  • 8. 8 Choix du matériel archéologique Les différentes catégories de mobiliers peuvent se résumer ainsi : EPAVES Ier SIECLE EPAVES IIème SIECLE STRUCTURE DE FOYER AVEREE 4/23 : BARTHELEMY 2, CAP BENAT 3, LARDIER 4, MARINA DI FIORI 0/7 STRUCTURE DE FOYER SUSPECTEE 3/19 : CULIP IV, PETIT CONGLOUE, PORT VENDRES 2 0/7 TUILE(S) 6/23 : LES BATTUTS/ BAIE DE L’AMITIE 2, CULIP IV, ILE ROUSSE, LAVEZZI 1, PORT VENDRES 2, TOUR SAINTE MARIE 3/7 : RICHES DUNES 5, SUD LAVEZZI 5, TIBOULEN DE MAIRE CERAMIQUE 11/23 : BARTHELEMY 2, CAP DE VOLT, CULIP VIII, DIANO MARINA, DRAMONT D, GRAND RIBAUD D, GRAND ROUVEAU 1, ILE ROUSSE, LARDIER 4, LES BATTUTS/BAIE DE L’AMITIE 2, PORT VENDRES 2 3/7 : CALANQUE DE L’ANE, OUEST EMBIEZ 1, TIBOULEN DE MAIRE MORTIER 12/23 : BALISE DU PRETRE, BALISE DU RABIOU, CAVALLO 1, DIANO MARINA, DRAMONT I, GRAND RIBAUD D, GRAND ROUVEAU 1, ILE ROUSSE, LA GAROUPE 1, PORT VENDRES 2 (2), SUD LAVEZZI 2, TOUR SAINTE MARIE (tous en terre cuite) 5/7 : BAGAUD 1, CALANQUE DE L’ANE (terre cuite) ; GRAND BASSIN C, OUEST EMBIEZ 1, RICHES DUNES 5 (marbre) CASSEROLE 6/23 : BARTHELEMY 2, DIANO MARINA, DRAMONT D (4), ILE ROUSSE, LARDIER 4, PORT VENDRES 2 (2) 0/7 AUTRE MINERAI : BARTHELEMY 2 ; BOITE : BARTHELEMY 2 ; MEULE : OUEST EMBIEZ 1 ; THEIERE : TIBOULEN DE MAIRE Exemple de lecture : Dans le catalogue, il y a quatre structures de foyer avérées sur vingt-trois au Ier siècle après J.-C., et aucune sur sept au IIème siècle après J.-C. • Les trois premières lignes du tableau concernent les structures de foyer. Sous cette appellation se rejoignent plusieurs techniques employées pour cuire des aliments à bord : structures fixes ou mobiles, en plomb ou en terre cuite, etc.
  • 9. 9 On peut les diviser en trois catégories : - les épaves avec des structures de foyer avérées, c’est-à-dire des épaves où l’on a retrouvé des objets dont l’emploi comme mode de cuisson ne fait guère de doute ; - les épaves avec des structures de foyer suspectées, c’est-à-dire des épaves où l’on a retrouvé des indices indiquant la présence de mode de cuisson, sans pour autant le démontrer avec certitude ; - les épaves où l’on a retrouvé des tuiles qui ne faisait pas partie de la cargaison. En effet, plusieurs structures de foyer fixes utilisent des tuiles pour isoler le pont de bois de la chaleur et pour accueillir des braises. La présence de tuiles pourrait donc être un indice de la présence d’une structure de foyer. Néanmoins, elles pouvaient également servir de couverture pour le toit26 . Dans le doute, nous avons répertorié l’ensemble des tuiles retrouvées sur les épaves du Ier-IIème siècle27 . Les traces de la présence de foyer sont en général ténues, ce ne sont là que des hypothèses. Il n’y a pas, dans ce catalogue, de structures de foyer avérées ou suspectées au IIème siècle. • La troisième ligne du tableau concerne la céramique dite « de cuisson ». Les critères de distinction entre céramique de la cargaison et céramique de bord seront abordées dans le mémoire, comme la distinction entre la céramique dite de « cuisson » et la céramique de stockage ou de table. Pour résumer, on trouve dans cette catégorie un ensemble hétérogène de formes (plat, marmite, urnes, etc.) et d’origine technique : engobe rouge pompéien, céramique africaine, etc. Pour citer Carlo Beltrame, il existe plusieurs « voyants d’avertissements » qui indiquent la fonction de la céramique à bord. La présence de traces de cuisson (cendres, traces de brulé etc.) est l’indice commun à toutes les céramiques du catalogue, exceptions faites de certains couvercles, qui pouvait être utilisés pour couvrir à la fois les récipients de stockage et la vaisselle de cuisson28 . Comme précisé plus haut dans cette introduction, les phases d’extraction et de fractionnement de la nourriture sont prises en compte grâce à leur deux principaux indices archéologiques : le mortier et la meule. Dans ce catalogue, seuls les mortiers et les meules appartenant au matériel de bord seront décrits. Ces deux objets indiquent par leur présence, la préparation de plats à base de céréales (bouillies, galettes) et de pain. Ces plats nécessitant une cuisson pour être consommés, le mortier et la meule sont une trace indirecte de l’utilisation de structure de foyer29 . Une seule meule est répertoriée dans ce catalogue (OUEST EMBIEZ) et dont l’appartenance au matériel de bord reste incertaine. A l’inverse, on peut noter un nombre important de mortiers, présents dans près de la moitié des épaves du corpus. 26 BELTRAME, 2002, p.96-97. 27 La question de l’emploi des tuiles et de la présence d’un toit sur les cabines des navires sera abordée plus bas dans ce mémoire. 28 Pour plus de précisions, voir la partie dédiée à la céramique de cuisson. 29 Pour plus de précisions, voir les parties dédiées aux mortiers et aux meules.
  • 10. 10 • L’avant-dernière ligne du tableau concerne les casseroles en bronze du Ier siècle après J.-C. Présentes sur six épaves, ces casseroles dont le rôle reste encore à préciser30 sont caractéristiques du début de l’Empire Romain31 . Ce catalogue n’est pas exhaustif et pourra par la suite s’enrichir de nouvelles épaves. IV. BIBLIOGRAPHIE ANDRE, 1981 = J. ANDRE, L’alimentation et la cuisine à Rome, Paris, 1981. BASS, 1972 = G. BASS (dir.), Archéologie sous-marine : 4000 ans d’histoire maritime, Paris, 1972. BASS, 1982 = G. BASS et alii, Yassi Ada a seventh century byzantine shipwreck, Texas, 1982. BATS, 1988 = M. BATS, « Vaisselle et alimentation à Olbia de Provence (350-50 av-JC). Modèles culturels et catégories céramiques », Revue Archéologique de la Narbonnaise, suppl. 18, 1988. BELTRAME, 2002 = C. BELTRAME, Vita di bordo in eta romana, Rome, 2002. BLANC, 1997 = N. BLANC & A. NERCESSIAN, La cuisine romaine antique, Grenoble, 1997. DARESTE, 1905 = R. DARESTE, « La Lex Rhodia », Nouvelle revue historique de droit français et étranger, vol. 29, 1905. GOODY, 1984 = J. GOODY, Cuisines, cuisine et classes, Paris, 1984. KATZEV, 1973 = M. KATZEV & H. WILDE SWINY, « The Kyrenia shipwreck : a fourth century BC Greek merchant ship », BLACKMAN (dir.), Marine Archaeology, 1973, p.339-360. MAURIZIO, 1932 = A. MAURIZIO, Histoire de l’alimentation végétale depuis la Préhistoire jusqu’à nos jours, Paris, 1932. PARKER, 1992 = A. J. PARKER, Ancient Shipwrecks of the Mediterranean and the Roman Provinces, Oxford, 1992. ROUGE, 1966 = J. ROUGE, Recherches sur l’organisation du commerce maritime en Méditerranée sous l’Empire Romain, Paris, 1966. TASSINARI, 1975 = S. TASSINARI, La vaisselle de bronze romaine et provinciale au Musée des Antiquités nationales, Paris, 1975. 30 Pour plus de précisions, voir la partie dédiée aux casseroles de bronze. 31 TASSINARI, 1975.
  • 11. 11 ÉTUDE DES FOCULUS EN PLOMB DE L’ÉPOQUE IMPÉRIALE : UNE PROUESSE D’INGÉNIERIE MARINE Lorsque l’on cherche à comprendre comment les marins romains de l’Antiquité (Ier-IIe siècles après J.- C.) cuisaient leur nourriture en mer, on pense tout de suite à des braseros. Mobiles, de petite taille, légers et peu coûteux, ils semblent idéaux à la vie en mer. L’époque impériale est caractérisée par un brasero en plomb hors du commun : le foculus. Nous ferons tout d’abord une présentation technique de l’objet, puis nous aborderons l’historiographie de sa découverte, et son origine. Enfin nous nous interrogerons sur son processus de création et sa localisation à bord d’un navire de commerce. I. PRÉSENTATION DE L’OBJET 1. Définition générale Ce que l’on appellera foculus tout au long de ce travail, selon le terme utilisé par Jean Pierre Joncheray32 , est un brasero constitué d’un alliage de plomb et d’étain33 existant en un peu plus de vingt exemplaires retrouvés dans le monde antique d’époque romaine : une vingtaine le long des côtes israéliennes et de la bande de Gaza34 , deux en Turquie35 et deux en France (FIGURE 6)36 . Tous les foculi retrouvés présentent une forme homogène hormis ceux qui seront décrits plus loin : foyer rectangulaire en forme de « chaussure creuse » à double paroi avec un socle plat et une cheminée cylindrique verticale à son extrémité. Cette cheminée est ouverte en haut et parfois décorée de relief. Il y a en général trois tenons (qui supportaient les plats) en forme de coquillage ou d’osselets37 . (FIGURE 1) Tous les foculi n’ont pas été publiés avec la même précision archéologique, certains viennent de découvertes anciennes et la plupart sont des découvertes isolées sans contexte archéologique. Ils ont tous été découverts en mer, dans des épaves ou des fouilles portuaires. Concernant la vingtaine de 32 JONCHERAY, 2004. 33 ASHKENAZI, 2012, p.88. 34 GALILI, 2015, p.340. 35 LEONARD, 1973, p.19. 36 Voir Catalogue : BARTHELEMY B et CAP BENAT 3 37 ASHKENAZI, 2012, p.339.
  • 12. 12 foculi israéliens, seuls les deux exemplaires d’Ashqelon trouvés en 199238 , celui trouvé au sud d’Haïfa39 , celui du mouillage de Tel Ridan40 , deux exemplaires au nord d’Atlit et de Yavneh Yam41 et les deux exemplaires spéciaux d’Ashqelon42 , seront évoqués dans cet article. 2. Dimensions Dans ce tableau, nous avons comparé quelques dimensions et le poids de trois foculi. Ces trois exemplaires (un par « zone de découverte » : Turquie, France et Israël) ont été choisis car ce sont les mieux documentés. Pour plus de détails sur les foculi trouvés en France, se référer au catalogue43 . NOM LONGUEUR (cm) LARGEUR (cm) HAUTEUR (cm) MOYENNE EPAISSEUR PLAQUES (mm) POIDS (kg) BARTHELEMY B (FRANCE)44 43.3 25.4 25.5 4 TEL RIDAN (GAZA)45 53.5 24 24 11 N°9 LEONARD (TURQUIE)46 24.6 21 23.7 5.5 Le corpus est faible, mais nous pouvons remarquer plusieurs choses intéressantes : - la longueur est très variable, contrairement à la largeur et à la hauteur qui sont toutes comprises entre 20 et 25cm ; - la largeur et la hauteur sont en général très proches voire identiques ; - l’épaisseur des plaques est similaire, ce qui est logique lorsqu’on sait comment ces objets étaient conçus47 ; - on peut voir que le brasero de Tel Ridan pèse onze kilos, cela montre la légèreté du foculus. 38 GALILI, 2000. 39 GALILI, 1999. 40 ASHKENAZI, 2012. 41 GALILI, 1999c. 42 GALILI, 2011. 43 Voir Catalogue : CAP BENAT 3 et BARTHELEMY B. 44 JONCHERAY, 2004. 45 ASHKENAZI, 2012, p.85. 46 LEONARD, p.24. 47 Voir § 3.3 Fabrication.
  • 13. 13 3. Présentation technique 3.1 Aspect général On peut classer les foculi en trois catégories typologiques : - la forme classique, qui est majoritaire voire peut-être standard, avec un foyer en forme de fer à cheval, trois tenons de supports et une cheminée ; - une variante de la forme classique, avec un socle circulaire mais pas de tenons de supports : ce sont les bords de ce foyer qui servent de supports au récipient. Un des bords est absent, ce qui crée une ouverture permettant d’accéder au foyer et au combustible (FIGURE 2)48 ; - les deux exemplaires d’Ashqelon, qui ont une forme totalement différente, que nous traiterons dans le point 5. 3.2 Présentation technique Le foculus est un assemblage de plusieurs feuilles de métal (alliage de plomb et d’étain). Nous prendrons pour exemple le foculus trouvé à Tel Ridan dans la baie de Gaza. Il se décompose en six parties (FIGURE 3 & 4)49 . - Pièce n°1 : une coque extérieure inférieure (paroi extérieure de l’objet et partie inférieure du double fond) : épaisseur : 1.2mm en moyenne - Pièce n°2 : couverture extérieure supérieure : épaisseur : 2.3mm en moyenne - Pièce n°3 : un foyer composé de la partie supérieure du double fond : épaisseur : 2.1mm - Pièce n°4 : une cheminée décorée : épaisseur : 2.5mm - Pièce n°5 : support interne entre le fond du foyer et la paroi extérieure : épaisseur : 4mm - Pièce n°6 : trois supports à plat : épaisseur : 4mm 3.3 Fabrication Les pièces 1 et 3 étaient moulées : les feuilles de plomb sont préparées en versant du plomb fondu sur un lit plat de sable fin dans un coffrage en bois recouvert d’argile. Les feuilles de métal étaient ensuite façonnées à l’aide de marteaux et de ciseaux. 48 GALILI, 1999c, p.168. 49 ASHKENAZI, 2012, p.87.
  • 14. 14 Les pièces 2 et 5 étaient moulées aux dimensions voulues, les bords qui dépassaient étant coupés au ciseau. Pour réaliser la cheminée cylindrique, il fallait plier une feuille de plomb dans un cylindre puis la souder avec du plomb et de l’étain. Les trois tenons étaient fabriqués par moulage dans du sable comme les pièces précédentes ou grâce à la technique de la « cire perdue », puis soudés au foculus avec de l’étain et du plomb50 . La structure du foculus se divise en deux sous-ensembles : les pièces 1-5-3 et 2-4-6. 1 et 5 sont réunies avec un joint de soudure puis jointes à la 3. 2 et 4 sont assemblées ensemble puis ajoutées à 1-5-3 ; les tenons sont ajoutés à la fin. L’utilisation d’un alliage de plomb et d’étain montre qu’il s’agit de plomb recyclé51 . 4. Fonctionnement et système de refroidissement Les navires de commerce gallo-romains étant principalement constitués de matériaux inflammables, cuire de la nourriture à bord était un défi, et la crainte de l’incendie a motivé la création d’un brasero qui isolerait les braises et la chaleur du pont en bois. La première interrogation qui nous vient à l’esprit porte naturellement quant au choix du matériau. Le plomb fond à environ 330° alors que le charbon brûle à 700°. Pour remédier à ce problème, le foculus fonctionne comme nos moteurs de voiture actuels : une double paroi autour du foyer, connectée à la cheminée contient de l’eau qui circule et refroidit le plomb, l’empêchant de fondre (FIGURE 5). Le foculus ne peut pas fonctionner sans eau car sans elle la température du foyer atteint le point de fusion du plomb en 250 secondes52 . Lorsque l’eau circule dans les double parois, on parvient à limiter la température maximale dans le foyer à environ cent degrés, avec du charbon de bois comme combustible. L’eau dans les parois est à cinquante degrés maximum ; elle atteint soixante-quinze voire quatre-vingt- cinq degrés maximum dans la cheminée. L’eau circule naturellement dans les parois en raison des différences de température53 . On place le combustible dans le foyer central en forme de fer à cheval, et on pose un récipient sur les trois supports dédiés à cet usage au-dessus de ce foyer. Des traces d’argile carbonisée retrouvées sur les parois du foyer du foculus de CAP BENAT 3 nous indiquent que les marins devaient isoler un peu plus leur foyer et protéger les plaques de plomb, déjà fatiguées par l’utilisation, pour éviter tout risque d’incendie54 . La cheminée ne servait pas à la cuisson. En effet, moins de 1% de l’eau circulant dans la double paroi s’évaporait à travers la cheminée55 . Elle pouvait peut-être, selon certains chercheurs56 , garder au chaud un récipient placé dessus alors que, pour d’autres cela semble peu probable : elle 50 ASHKENAZI, 2012, p.91. Le foculus de Tel Ridan est constitué de feuilles de plomb contenant entre 0.9 et 2.9% d’étain, signe que le plomb était recyclé. 51 ASHKENAZI, 2012, p.92. 52 MOSYAK, 2017, p.23. 53 MOSYAK, 2017, p.23. 54 POLLINO, 1984. 55 MOSYAK, 2017, p.25. 56 MOSYAK, 2017, p.25.
  • 15. 15 aurait servi uniquement à contrôler le niveau d’eau de la double paroi. On n’a d’ailleurs pas retrouvé de récipient s’adaptant à cette cheminée, contrairement aux braseros en argile utilisés à terre57 . La pièce n°5, située sous le foyer et dans le double fond, permet de ne pas empêcher l’eau de circuler si la paroi supérieure du foyer fond ou s’effondre. On peut se demander comment les marins remplissaient d’eau le réservoir du foculus : une hypothèse qui sera l’objet de recherches futures est l’utilisation des petites casseroles en bronze retrouvées fréquemment sur les épaves impériales58 . 5. Foculus en forme de U Il existe un type assez particulier de foculus, qui se démarque par sa forme originale : il n’a été trouvé qu’en deux exemplaires, retrouvés à dix mètres l’un de l’autre au nord d’Ashqelon en Israël. Ils étaient sûrement originaires d’un ou plusieurs navires, une ancre en bois et des artefacts métalliques ont été trouvés non loin59 . Ce type de foculus consiste en un U formé d’une double paroi à partir duquel deux tuyaux font saillies de chaque côté ; un troisième tuyau connecte le U à un récipient sphérique qui contenait de l’eau ou du vin (des grains de raisins ont été retrouvés à l’intérieur du pot60 ) (FIGURE 7). Le brasero le mieux conservé des deux pèse vingt-sept kilos. Les dimensions sont de 65x60cm et par 42cm de hauteur. Le U est composé de deux feuilles de plomb rectangulaires similaires en taille. Le double fond mesure cinq centimètres d’épaisseur ; les tuyaux mesurent 33-37mm de diamètre et 2.3mm d’épaisseur de plaque. Le tuyau le plus large, qui mesure 40mm de diamètre, est soudé dans la partie supérieure du brasero par un anneau de plomb qui renforce le tuyau au niveau du pot61 . Le foculus présente des traces d’usage : des marques de suie à l’intérieur du U et une couche de précipité de carbonate d’un centimètre d’épaisseur ont été trouvées au fond du pot. Cela nous montre que c’était principalement de l’eau qui était chauffée dans l’appareil. Le pot contrôlait le niveau d’eau et servait à faire sortir les bulles d’air qui auraient pu provoquer une surchauffe locale, engendrant la fonte du plomb62 . Un feu pouvait être allumé entre les deux parties du U et les deux tuyaux connectés à une baignoire ou à un récipient pour le chauffer (FIGURE 8). Un plat pouvait être placé sur le U : ce type de foculus était multi-usage. Le flux d’eau chaude (dans le grand récipient ou la baignoire) circulait, réchauffait l’eau qui repoussait l’eau froide dans le tuyau inférieur par un processus naturel de convection. Le récipient situé au bout du tuyau aurait servi d’indicateur de l’évaporation de l’eau, comme sur un moteur actuel63 . 57 GALILI, 1999c, p.170. 58 JONCHERAY, 2004. 59 GALILI, 2011, p.159. 60 GALILI, 2015, p.338. 61 GALILI, 2015, p.336. 62 GALILI, 2015, p.342. 63 GALILI, 2011, p.159.
  • 16. 16 6. La question du combustible Les archéologues se sont longtemps interrogés sur la nature du combustible utilisé pour alimenter le foyer du foculus. Certains pensent que c’est le bois qui était utilisé64 , d’autres penchent pour le charbon65 . Le bois est moins cher et brûle à moins haute température que le charbon. Celui-ci à l’inverse prend moins de place, ce qui est pratique sur un bateau où chaque cm² est crucial. Le charbon fait également moins de fumée et ne dégage pas de résidus volatiles, très dangereux pour les voiles notamment. Que nous montre l’archéologie ? La seule trace de combustible de foculus provient de Barthelemy B66 et il est constitué de brindilles de bois et de chutes de planches sciées. On le voit, dans la pratique, les marins utilisaient tout ce qui leur tombait sous la main, sans faire de grande distinction. Afin de trancher le débat bois contre charbon, une équipe israélienne a mené une expérience. Les scientifiques ont reconstitué une imitation de foculus en acier pour étudier les propriétés thermodynamiques des braseros. L’expérience montre que le charbon de bois comme le bois peuvent être utilisés, mais le bois semble plus efficace que le charbon. En effet, le chauffage au bois est plus intense car la distance entre le fond du pot et la flamme du carburant est plus réduite qu’avec du charbon de bois qui lui est plus compact. Pour bouillir, 2kg d’eau à température ambiante nécessitent 1395 secondes avec le charbon et 600 secondes avec le bois. Selon les auteurs, le charbon peut être utilisé sous le pont dans un endroit fermé pour éviter les résidus dangereux67 . Lors de cette expérience, les archéologues ont cuisiné un repas complet pour cinq à six marins, pendant une heure et vingt minutes, en utilisant 830g de bois d’olivier sec68 . 7. Le choix des matériaux Le plomb est un métal polyvalent facilement extrait et travaillé, résistant à la corrosion et largement utilisé pendant l’Antiquité69 . De nombreux objets en plomb ont été retrouvés sur les épaves romaines : équipements de cuisson (ici le foculus), ancres, conteneurs (petites boites), équipements de pêche (plomb), revêtement de la coque etc. En effet, l’équipement de bord doit être fonctionnel, résistant à la corrosion, simple à travailler et à entretenir. Le plomb est donc le matériel idéal. Le choix du foculus en plomb plutôt qu’en terre cuite présente plusieurs avantages70 : • il ne se casse pas, ou très difficilement ; 64 LEONARD, 1973, p.24. 65 GALILI, 1999c, p.169. 66 Voir Catalogue : BARTHELEMY B. 67 MOSYAK, 2017, p.23. 68 MOSYAK, 2017, p.25. 69 ROSEN, 2007, p.300. 70 GALILI, 1999c, p.169. Les problèmes engendrés par l’utilisation du plomb seront traités dans la partie V, §5.3.
  • 17. 17 • il est facilement réparable car le plomb est abondant sur le navire comme nous venons de le voir. L’exemplaire de Kfar Galim présente une trace de réparation en plomb sur la cheminée71 ; • il est lourd et massif, donc stable ; • sa réparation ne nécessite pas d’outillage, ni de connaissance particulière ; Durant la période grecque et romaine, le plomb était un métal très commun et peu cher. On constate par ailleurs une réduction significative de l’usage du plomb à la fin de l’époque romaine72 : les ancres en plomb sont remplacées par des ancres de fer, le revêtement de protection de la coque en plomb disparaît etc. Les explications sont peut-être économiques : la production de plomb diminue car elle devient moins rentable, notamment en raison de l’augmentation du coût du travail provoqué par la baisse de l’esclavage. Les foculi en plomb cessent d’être utilisés à ce moment-là car ils sont devenus trop chers à produire73 . 8. La question de l’allumage Nous avons déjà abordé la question du combustible, mais pas celle de l’allumage de ce dernier. Ce questionnement est absent de la littérature archéologique, en Méditerranée occidentale et orientale. Aucun auteur ne s’est interrogé sur la manière dont les marins pouvaient allumer leur brasero en pleine mer, mais nous allons essayer de fournir quelques pistes. Sur l’épave Barthelemy B74 , a été trouvé un minerai de pyrite avec une cavité creusée à l’intérieur. Jean Pierre Joncheray, dans la publication de 2004, suggère qu’il s’agit peut-être d’un outil pour écraser ou moudre des aliments75 , une sorte de mortier primitif. L’hypothèse est séduisante, mais une autre découverte à proximité du foculus retient l’attention : il s’agit d’une boîte en plomb contenant un reste d’étoupe 76 , peut-être de l’amadou, utilisé dans l’Antiquité77 . L’article de Jacques Collina-Girard nous apprend que les briquets en pyrite étaient utilisés pendant l’Antiquité, mentionnés notamment par Pline l’Ancien78 . Ce minerai de pyrite serait donc un briquet et non pas un mortier primitif, les deux hypothèses n’étant pas toutefois incompatibles. La compréhension de la chaîne opératoire de l’utilisation du foculus est donc facilitée par cette hypothèse : le marin frappe le minerai de pyrite sur un support dur (silex par exemple), l’étincelle chaude qui résulte de cette percussion tombe dans l’étoupe contenue dans la petite boîte en plomb. Celle-ci s’enflamme et le marin n’a plus qu’à la déposer dans le foculus préalablement rempli de combustible. Cette découverte ne constitue pour l’instant qu’une hypothèse archéologique, mais pourrait s’inscrire dans le futur comme un des axes de recherche prioritaire sur les méthodes utilisées pour allumer le feu. 71 ASHKENAZI, 2012, p.92. 72 GALILI, 1999c, p.171. 73 HOCKER, 1995. 74 Catalogue : Barthelemy B. 75 JONCHERAY, 2004, p.72. 76 Catalogue : Barthelemy B. 77 COLLINA-GIRARD, 1993, p.161. 78 L’ANCIEN, Histoire Naturelle XXXVI, 30 [trad. Raymond BLOCH], Paris, Les Belles Lettres, 1981.
  • 18. 18 9. Les décors L’étude des foculi en plomb nous montre le raffinement de ces objets notamment grâce aux décors appartenant à des registres bien précis. Les foculi étaient décorés à deux endroits : • les tenons de support des récipients sont parfois en forme de coquillage79 , ou encore d’astragale (osselets)80 ; • la cheminée située à l’extrémité du foculus. Nous allons nous intéresser aux décors de la cheminée. Plusieurs registres décoratifs cohabitent : • la faune (animal quadrupède81 , des lions82 ) ; • la flore (feuille de vigne83 ) ; • les motifs géométriques (corde qu’on retrouve également sur les braseros en terre cuite84 , rosace85 ). L’exemple du foculus de Tel Ridan dans la Baie de Gaza est intéressant : sur la paroi de la cheminée, un lion et une lionne sautent en direction d’une amphore de table située au milieu du décor. En haut et en bas, la scène est encadrée par un motif de corde. Le décor se répète des deux côtés du cylindre et il est séparé par une feuille de vigne (FIGURE 10)86 . E. Galili et B. Rosen, dans leur article A Roman nautical lead brazier : its decoration and origin, and comparable coastal finds, font le rapprochement entre ce registre de décors et celui présent sur les cercueils en plomb de la côte proche-orientale. En effet, cinq cercueils en plomb sur les cent cercueils étudiés de Césarée à Ashqelon portent un décor similaire à celui du foculus étudié (lions sautant vers une amphore et séparés par une feuille de vigne)87 . Cela pose la question, que nous traiterons par la suite, de l’identité des artisans. Selon E. Galili, les symboles sur le cercueil en plomb servaient à protéger le défunt dans l’au-delà, voire à le maîtriser afin qu’il ne s’en prenne pas aux vivants. Concernant les motifs sur les braseros, il pense que ceux-ci servaient peut-être à protéger le navire contre les mauvais esprits ou plus trivialement à protéger les marins des incendies provoqués par le foculus, et à bénir la nourriture88 . Ces hypothèses font entrer le foculus dans une dimension religieuse, il n’est pas seulement utilisé dans la vie quotidienne mais reflète également les croyances et les superstitions des marins. L’aspect religieux a été pris en compte récemment en archéologie sous-marine89 , la signification de ces décors constituera un axe de recherche important. 79 GALILI, 2015, p.339. 80 GALILI, 1999c, p.168. 81 GALILI, 2000, p.82 82 ASHKENAZI, 2012, p.90. 83 ASHKENAZI, 2012, p.90. 84 LEONARD, 1973, p.24 ; GALILI, 1999c, p.168. 85 GALILI, 1999c, p.168. 86 ASHKENAZI, 2012, p.90. 87 GALILI, 2012, p.419. 88 GALILI, 2012, p.420. 89 BELTRAME, 2002.
  • 19. 19 II. HISTORIOGRAPHIE La première mention de foculus en plomb dans la littérature scientifique apparaît dans l’article de Mary Ryan Leonard en 1973, « Braziers in the Bodrum Museum » dans la revue American Journal of Archaeology90 . Cet article est un catalogue des braseros du musée de Bodrum en Turquie actuelle, découverts le long des côtes de cette ville anciennement nommée Halicarnasse, par des pêcheurs au cours des années 1960. Ce sont des découvertes isolées, sans contexte d’épaves, le travail d’identification et de datation est très difficile voire quasi impossible. M. Leonard décrit treize braseros dont onze en terre cuite rugueuse et grossière et deux en plomb91 . Ils sont classés en trois groupes de formes, ou plutôt deux et un autre sans une véritable cohérence typologique. Les objets sont ensuite décrits individuellement à la fin de l’article dans un catalogue, avec des dessins de chaque brasero. Cet article est assez novateur sous plusieurs aspects : tout d’abord, il établit une typologie basée sur une étude précise des objets (dimensions, description des différentes parties du brasero). Il s’emploie, et réussit plutôt bien dans l’ensemble, à interpréter les possibles utilisations de ces braseros, sans avoir de contexte archéologique. Pour le début des années 1970 en archéologie sous- marine où on s’intéresse très peu au mobilier de bord, la précision de l’étude est remarquable et a servi d’unique référence sur le sujet des foyers portatifs pendant une bonne trentaine d’année92 . Néanmoins, on peut déplorer des erreurs de datation et d’interprétation liées à un manque d’approches transversales hors de l’archéologie dite classique (anthropologie et géophysique notamment). Par exemple, l’auteur date l’ensemble des braseros de la période hellénistique avec pour seul argument le passé de la région (ancienne Halicarnasse)93 . Dix ans plus tard, un autre foculus est décrit dans la littérature archéologique, en France cette fois. C’est une petite mention de Luc Long dans le livre de A. Pollino en 198494 . Il décrit un foculus en plomb trouvé sur l’épave 3 du Cap Benat. L’auteur décrit bien le système d’eau circulant à travers la double paroi du brasero, mais pense que l’objet sert à chauffer de l’eau et ne perçoit pas le but premier de l’objet : la cuisson des aliments95 . Il faudra attendre trente ans et la publication en 2004 de l’épave Barthelemy B par Jean Pierre Joncheray96 pour que les foculi reçoivent une véritable attention de la part des archéologues de Méditerranée Occidentale. Cette épave coulée au large de Saint-Raphaël dans le Var, datée du Ier siècle de notre ère, est fouillée par Anne et Jean-Pierre Joncheray entre 1994 et 1996. La fouille est menée avec une précision remarquable, trois zones du bateau sont identifiées : deux zones de vie à l’avant et à l’arrière, ainsi que la cargaison de tuiles au centre de l’épave. C’est la seule épave où l’on a découvert un foculus en contexte archéologique, quasiment en place, ce qui a permis de préciser sa 90 LEONARD, 1973. 91 LEONARD, 1973, p.19. 92 JONCHERAY, 2004 ; BELTRAME, 2002. 93 JONCHERAY, 2004, p.62. 94 POLLINO, 1984 ; Catalogue : Cap Bénat 3. 95 JONCHERAY, 2004, p.63. 96 JONCHERAY, 2004.
  • 20. 20 fonction97 . L’objet est très bien décrit, dessiné, photographié sous tous les angles98 . Les auteurs ont même essayé de le faire reproduire pour étudier son fonctionnement99 . De l’autre côté de la Méditerranée, l’archéologie israélienne s’est intéressée beaucoup plus tôt et plus efficacement à la question des foculi en plomb. En effet, une vingtaine de ces objets ont été retrouvés le long des côtes israéliennes et de la Bande de Gaza100 . Le nombre important de découvertes et le dynamisme de l’archéologie israélienne (grâce notamment à E. Galili, J. Sharvit et B. Rosen) ont débouché sur une dizaine de publications sur le sujet101 . On peut citer notamment « Ship fittings and devices used by ancient mariners : finds from underwater surveys off the Israeli coast » de E. Galili et B. Rosen102 . Cet article est publié dans un ouvrage collectif où les archéologues du monde entier présentent leurs recherches, ce qui a permis aux archéologues israéliens de faire état de leur travail et de présenter au monde cet étrange objet. L’article est fondateur, grâce à une approche très large, notamment anthropologique et socio-économique. Les auteurs établissent une typologie précise basée sur leurs découvertes, malheureusement des découvertes presque exclusivement hors contexte. La thématique de la fabrication et des matériaux est évoquée, et de nombreuses questions sont posées, auxquelles les auteurs vont essayer de répondre durant une vingtaine d’années de recherche. Ensuite, en 2012, des mêmes auteurs, on peut citer « A Roman nautical lead brazier : its decoration and origin, and comparable coastal finds » publié dans la revue International Journal of Nautical Archeology103 . Dans cet article, les auteurs font un rapprochement entre les décors sur les cheminées des foculi et les décors présents sur les cercueils en plomb fabriqués le long de la côte proche- orientale. Ils formulent l’hypothèse que ces deux produits seraient issus des mêmes ateliers d’artisans du plomb situés dans les ports. Ces quelques pages d’articles sont nécessaires à la compréhension à la fois spatiale, chronologique et sociale du foculus. Enfin, on peut terminer cette historiographie par un des articles les plus récents sur le sujet : publié en 2017 dans le Journal of Archaeological Science, intitulé « Thermodynamics of a brazier cooking system modeled to mimic the lead brazier of a Roman ship »104 . Cet article d’archéologie expérimentale présente les résultats des tests réalisés sur une reconstitution en acier d’un des foculi. Une douzaine de capteurs ont été placés dans les parties de l’objet (cheminée, foyer, double paroi) pour mesurer la température, la diffusion de chaleur, l’évaporation de l’eau etc. Les archéologues ont ensuite cuisiné un repas pour 4-5 personnes. L’apport des sciences physiques est très intéressant ici, et montre bien l’intérêt d’aborder un sujet sous un angle pluridisciplinaire. Les mesures réalisées par les auteurs permettent également de matérialiser en pratique les hypothèses sur les foculi. 97 JONCHERAY, 2004, p.62. 98 Catalogue : Barthelemy B. 99 JONCHERAY, 2004. 100 MOSYAK, 2017, p.19. 101 MOSYAK, 2017, p.19. 102 GALILI, 1999c. 103 GALILI, 2012. 104 MOSYAK, 2017.
  • 21. 21 III. ORIGINE On peut légitimement se demander comment, au début de l’Empire romain, des artisans spécialistes de la manufacture d’objets en plomb ont pu concevoir et réaliser un objet d’une telle précision technologique. Existe-il des exemples antérieurs de braseros mobiles, en métal ou non, qui auraient pu inspirer les artisans de l’Empire romain ? L’éventuelle découverte de « modèles » ou de « braseros primitifs » peut nous permettre d’en savoir plus sur l’objet et sur les choix effectués dans sa conception. Ici, on s’intéressera à l’origine des foculi en plomb et non à l’origine de ses fabricants ou encore de ses utilisateurs. En 1934, lors des fouilles archéologiques de la ville de Délos en Grèce, un brasero d’une forme particulière est mis au jour et fait l’objet d’une publication dédiée105 . Il n’a pas été retrouvé intact, mais ses nombreux fragments ont permis sa reconstruction106 . C’est un brasero mobile, avec parfois deux anses pour le transporter107 . Il est fait en argile grossière108 et serait daté selon l’auteur de la fin du IIème siècle voire du début du Ier siècle avant J-C. Ce brasero présente des similitudes avec ceux des navires, au niveau de la forme générale, mais également dans les différentes parties qui le composent (FIGURE 9). Tout d’abord, il est mobile et sa conception a été pensée afin de pouvoir sortir du cadre rigide de l’âtre pour cuisiner en milieu ouvert109 (cour de ferme, peut-être lors des travaux aux champs). Cette adaptation de la forme à la fonction peut également s’appliquer pour les foculi en plomb. De plus, malgré la présence d’un pied assez imposant qui s’explique, selon l’auteur, par la nécessité de séparer le combustible (le bois) de l’ustensile dédié à la cuisson pour éviter la formation de traces noires sur celui-ci, on remarque que ce brasero possède un foyer central destiné à accueillir le combustible, prolongé par une tablette trapézoïdale qui, selon l’auteur, servirait de support aux buches de bois110 et une cheminée à l’arrière pour stabiliser la structure. Le foyer central est en forme de fer à cheval (forme que l’on retrouve sur les foculi en plomb) et au sommet de la cheminée se trouvent trois tenons de support pour un récipient. La cheminée du brasero présente parfois des décors géométriques111 , habitude que l’on retrouvera plus tard sur les cheminées en plomb. Le brasero de Délos, malgré des différences, rappelle par sa forme générale et quelques détails techniques (tenons, décors sur la cheminée) les foculi en plomb plus tardifs. Peut-on affirmer qu’il existe une filiation technologique entre les deux objets ? Nous ne pouvons pas l’établir avec certitude, mais la ressemblance mérite d’être signalée. Dans son article sur les braseros du Musée de Bodrum112 , M. Leonard a décrit onze braseros en terre cuite et deux en plomb. Les braseros en terre cuite sont très hétérogènes dans leur forme mais l’auteur les a classés en trois groupes de forme plutôt intéressants. Dans le groupe n°2, se trouvent les braseros en plomb avec plusieurs autres en terre cuite, dont un qui retient particulièrement 105 BAKALAKIS, 1934. 106 BAKALAKIS, 1934, p.204. 107 BAKALAKIS, 1934, p.205. 108 BAKALAKIS, 1934, p.215. 109 BAKALAKIS, 1934, p.204. 110 BAKALAKIS, 1934, p.204. 111 BAKALAKIS, 1934, p.211. 112 LEONARD, 1973.
  • 22. 22 l’attention, le n°8 (FIGURE 11)113 . C’est un brasero d’une hauteur de 44.5cm au niveau de la cheminée avec quatre pieds (hauteur des pieds : 12cm). Il mesure 66.4cm de longueur et 24.8cm de largeur. Le pied arrière et le mur droit du foyer sont restaurés. L’objet est fait dans une pate grossière de couleur brun rougeâtre. Ce brasero a un foyer en forme de « U » et sa base est de forme elliptique. Il possède également trois tenons sur la cheminée et trois sur le foyer ; de plus on peut relever des décors sur la cheminée en forme de corde (ce décor existe aussi sur les foculi en plomb). Quatre petits pieds stabilisent l’ensemble ; deux se trouvent sous le foyer, un au milieu et un à l’arrière. En examinant l’objet et sa description, on constate une forte ressemblance avec les foculi en plomb et M. Leonard le relève également114 , ce qui rend sa classification pertinente pour l’époque. Deux hypothèses sont possibles : • Soit nous avons là un foculus primitif en terre cuite, moins cher mais plus fragile115 , utilisé à bord des navires le long de la côte proche-orientale et de Grèce. • Soit cet objet est utilisé en même temps que le foculus mais sur la terre ferme, dans un registre domestique, et aurait été l’objet d’un commerce et exporté, ce qui expliquerait leur présence en mer. Cette hypothèse peut être renforcée par le fait que les braseros de l’article de M. Leonard ne présentaient pas de trace d’utilisation116 (traces de brûlé) même si l’auteur pense que le passage sous l’eau a pu effacer ces potentielles traces (argument contrecarré par les nombreuses découvertes récentes117 ). Dans les deux cas, on peut légitimement penser que les artisans à l’origine de la conception du foculus se sont inspirés de cet exemple en terre-cuite pour concevoir un objet plus résistant, plus stable et plus pratique pour un usage maritime118 . La forme générale est la même, mais les artisans ont réduit la taille du brasero et enlevé les pieds peu stables en mer. La terre cuite est abandonnée car trop fragile et remplacée par le plomb qui, par sa masse, assure une plus grande stabilité. Les tenons sur la cheminée ont disparu, la cheminée n’ayant plus une utilité propre à la cuisson mais plus une fonction de régulation de la température119 . M. Leonard précise qu’à l’avant se trouvait deux bords surélevés pour poser un grill120 , hypothèse confirmée par l’expérience de A. Mosyak et alii121 sur les foculi en plomb, ce qui montre la filiation entre ces deux types de braseros. Toujours dans le même article, un autre brasero en terre cuite présente des similitudes avec le n°8 déjà évoqué et les foculi en plomb. Le n°11 (FIGURE 12), placé dans le troisième groupe de forme par M. Leonard122 , est bien conservé, il mesure 20.2cm de hauteur, 24cm de largeur et 59cm de longueur. Le socle en forme de fer à cheval est divisé en deux compartiments par des parois 113 LEONARD, 1973, p.24. 114 LEONARD, 1973, p.24. 115 MOSYAK, 2017, p.24. 116 LEONARD, 1973, p.19. 117 Voir Catalogue. 118 MOSYAK, 2017, p.24. 119 MOSYAK, 2017, p.25. 120 LEONARD, 1973, p.24. 121 MOSYAK, 2017, p.25. 122 LEONARD, 1973, p.25.
  • 23. 23 incurvées ; chaque fin de compartiment possède un bord surélevé pour accueillir un récipient à fond bombé. Selon l’auteur, il conviendrait à la vie à bord mais ce n’est pas techniquement un brasero (pas de raffinement des formes, pas de décor, pas de cheminée, de support pour un récipient). On peut se demander si ce brasero n’est pas une version primitive du brasero n°8 et donc du foculus en plomb. Il est plus stable pour la vie à bord par rapport au numéro 8, mais la combustion est difficile car il n’y a pas de tirage d’air. D’autres recherches par la suite seront nécessaires pour éclaircir la chronologie entre ces différents objets, car l’absence de contexte archéologique ne permet pas, pour l’instant, de tirer des conclusions claires. IV. PROCESSUS DE CREATION Les foculi étant des objets d’une grande valeur à la fois économique et technologique, on peut légitimement se poser la question de leur conception. 4.1.Le contexte Le plomb, comme on a déjà pu le voir, est un métal commun et peu cher, très utilisé pendant l’Antiquité. Très peu d’auteurs se sont intéressés au lien entre les circuits d’approvisionnements du plomb et la conception des foculi. Néanmoins, sur la côte israélienne, E. Galili et B. Rosen ont fait le rapprochement entre certains décors des cheminées des braseros et ceux présents sur des cercueils en plomb fabriqués sur la côte123 . Les cercueils ont été fabriqués avec des feuilles de plomb ressemblant à celles utilisées pour les foculi. Peut-être ont-ils été fabriqués dans le même endroit, la même boutique voire par le même artisan ? 4.2.Fourchette chronologique Au niveau archéologique, tous les foculi sont datés entre le Ier et le Vème siècle après J.-C. Les cercueils en plomb sont utilisés au Liban du Ier au milieu du IVème siècle ; en Israël du Ier jusqu’à la deuxième moitié du IIIème siècle. Ces dates correspondent aux dates des épaves israéliennes où se trouvaient certains foculi. La fourchette chronologique se situerait donc pendant tout l’Empire romain124 . 4.3.Le foculus en plomb, une innovation unique ? Le bateau pendant l’Antiquité, et même après, est une machine de transport conçue pour se déplacer en toute sécurité dans l’eau et par rapport à la tenue au vent, elle est donc à la pointe de la technologie de l’époque125 . Les innovations pour améliorer le confort de vie des marins résultent 123 GALILI, 2012. 124 GALILI, 2012, p.420. 125 ROSEN, 2007, p.307.
  • 24. 24 d’un échange, d’une relation privilégiée entre des artisans qui proposent leur savoir-faire, leur main d’œuvre et leurs outils à des marins désireux d’améliorer leur quotidien ou leur bateau. - L’étude comparative entre les cercueils de plomb et les foculi nous fournit déjà des informations et permet de formuler plusieurs hypothèses. Les artisans spécialisés dans le plomb qui fabriquaient des cercueils avaient la connaissance du moulage, du martelage, de la décoration et de la soudure. On peut donc supposer que les foculi étaient un sous-produit de la fabrication des cercueils en plomb côtiers méditerranéens, dont la production était plus rentable, avec une demande plus élevée. L’utilisation du plomb recyclé donne du crédit à cette hypothèse126 . - Sur le territoire de l’actuel Israël et alentour, les centres de production de grands artefacts en plomb étaient situés dans les grands ports (Tyr, Akko, Césarée, Ashkelon), ou l’œuvre d’artisans itinérants qui sillonnaient les différentes villes de la côte. La proximité géographique a pu entraîner des interactions entre les marins et les artisans127 . Comment et dans quels endroits ces interactions ont-elles pu avoir lieu ? Ce sera une des thématiques de recherche à venir. Au vu de la fourchette chronologique très courte, on constate que le foculus a existé pendant une fenêtre historique restreinte. Comme nous avons pu le voir, la majorité des découvertes ont eu lieu sur la côte proche-orientale, et on pourrait se demander si le foculus n’est qu’un produit d’une dynamique très locale. Ces objets étaient-ils uniquement fabriqués en Israël et ses environs ? Si oui, est-ce que ces objets rares faisaient partie d’un commerce d’exportation sur de longues distances, ou bien les marins de Méditerranée occidentale (par exemple, ceux de Barthelemy B) étaient-ils obligés de se déplacer pour acquérir un foculus directement auprès des artisans des ports orientaux ? Pour préciser cette hypothèse, il faut revenir sur les conditions particulières de conservation en Israël. a) Processus de découvertes archéologiques en Israël La côte d’Israël est caractérisée par des rivages sablonneux peu profonds et de fréquentes tempêtes. Les objets légers (coques en bois par exemple) s’échouent ou sont détruits tandis que les objets massifs (objets en plomb notamment) sont enfouis dans le sable et ne bougent pas ou très peu, protégés de la destruction et du pillage. La pénurie de sable (lié aux processus naturels et à l’extraction du sable pour la construction en mer de centrales électriques dans les années 90 par exemple) entraîne une exposition d’anciennes épaves. Il faut également préciser que l’archéologie sous-marine est très dynamique en Israël128 . Ces circonstances ont conduit à la découverte de nombreux sites et à celle de la majorité des foculi connus dans le monde. Le contexte très favorable de la côte proche-orientale amène à relativiser la conclusion selon laquelle cette région serait « l’unique centre de production ». Mais la question demeure pour les deux foculi trouvés en France : d’où provenaient-ils ? On sait que les échanges étaient fréquents entre les deux côtés de la Méditerranée, mais le foculus était-il bien le fruit d’un commerce ? 126 ASHKENAZI, 2012, p.92. 127 GALILI, 2012, p.420. 128 ROSEN, 2007, p.301
  • 25. 25 b) Le commerce à longue distance des foculi - En 1973, M. Leonard décrit les deux foculi en plomb comme matériel de bord et non comme cargaison, malgré l’absence de contexte et de traces d’usages sur les objets129 . En Israël, chacun des foculi était sur une épave différente, les rattachant au matériel de bord130 . - À ce stade de découvertes, nous ne pouvons pas trancher quant à la question du commerce à longue distance, mais il semble peu probable que des marins cabotant le long des côtes provençales sur un bateau de très petites dimensions131 aient traversé la Méditerranée pour aller chercher un objet seul sur les côtes proche-orientales, si précieux soit-il. Soit le commerce depuis l’Orient existait, soit les côtes proche-orientales n’étaient pas les seules productrices de foculi dans le monde romain : on pouvait également en trouver en Méditerranée occidentale. 4.4.Un autre exemple d’innovation technologique au service des marins : le pot trapu à deux anses du littoral de la Narbonnaise Pour essayer de mieux comprendre le processus de création des braseros en plomb, il nous a paru judicieux de comparer avec d’autres objets résultant d’une collaboration entre artisans et marins. Le pot trapu à deux anses, décrit par Lucien Rivet dans un article paru en 2006132 , est une céramique connue seulement en vingt-et-un exemplaires, quasiment tous découverts dans des épaves (Balise du Rabiou, Calanque de l’Ane) ou des sites portuaires (Marseille, Arles, Fos)133 . Il présente une morphologie originale : deux anses, plus large que haut avec une encolure basse, une carène fortement marquée et un fond plat (FIGURE 13). Ce pot est appelé « pot de barque » par les céramologues134 car la surface de pose semble être destinée à un usage marin, la stabilité du pot l’empêchant de basculer et se renverser lors de mauvais temps. Lucien Rivet propose plusieurs hypothèses quant à sa fonction, hypothèses que l’on peut résumer ainsi : c’est un récipient de stockage d’un produit semi-liquide (peut-être du garum) destiné à l’usage des marins et non un vase à usage commercial. La majorité des exemplaires sont datés de la période Claude-Néron. Cet exemple nous renseigne sur l’existence d’autres objets dédiés à un usage maritime quasi-exclusif à l’époque impériale. La question de la conception est peu abordée dans l’article de L. Rivet, mais on peut penser que les ateliers de la région de Fréjus, très dynamiques au début de l’Empire, ont pu fabriquer ces pots comme « sous-produits » de la production de tuiles ou de céramique commune, de la même manière que les artisans du plomb en Israël l’on fait avec le foculus. Cet exemple, ainsi que le foculus, pose la question de la proximité entre marins, demandeurs d’innovations techniques pour améliorer leur quotidien, et artisans. Comment, et surtout où, ces 129 LEONARD, 1973, p.19. 130 GALILI, 1999c, p.169. 131 JONCHERAY, 2004. 132 RIVET, 2006. 133 RIVET, 2006, p.627-635. 134 RIVET, 2006, p.637.
  • 26. 26 deux corporations se rencontraient et échangeaient pour arriver à concevoir une sorte de « cahier des charges » d’un objet spécifique ? Ce sera l’objet de recherches à venir. L’exemple des deux foculi en forme de U d’Ashqelon nous montre bien qu’il n’existe pas une seule forme standardisée de foculus, qu’elle est bien le fruit d’artisans en relation avec les marins qui ont sans doute dû leur exprimer leurs desiderata (relation avec une baignoire135 , ouverture plus simple) pour sans cesse améliorer leur confort personnel à bord. Cet exemple montre aussi le savoir-faire des artisans : le foculus était un objet d’une très grande prouesse technique et d’une grande valeur. V. LOCALISATION SUR LE BATEAU ET ASPECTS PRATIQUES Le foculus en plomb est un instrument portatif, mais on peut se demander où il était situé sur un navire. Dans un premier temps, nous verrons les techniques utilisées par les marins pour isoler le foculus brûlant du pont afin d’éviter tout risque d’incendie, puis la localisation du foculus sur le navire, et enfin les éventuels dangers résultant de l’utilisation de celui-ci. 5.1 Les techniques anti-incendie Le premier souci des marins est d’éviter le déclenchement d’un incendie et sa propagation sur un navire hautement inflammable (voile, cordage, pont en bois). Or, pendant la cuisson des aliments, le foculus émet une chaleur intense qui peut mettre en danger le navire. La chaleur, on l’a vu, se diffuse à travers les parois de plomb, et lorsque le foculus est posé à même le pont il peut chauffer fortement les planches et provoquer un incendie. La solution la plus « primitive » est de placer un matériau isolant entre le foculus et le pont : l’argile ou la terre cuite par exemple. Les archéologues israéliens ont retrouvé un exemplaire de foculus juste à côté de tuiles d’argiles décorées136 . Une autre solution est de surélever le foculus du pont avec un trépied. Un exemplaire de ce type a été trouvé au large d’Israël, dans une épave datée du III-IVème siècle137 . C’est un trépied en fer, mesurant 15cm de haut et 24cm de large, réalisé en forgeant ensemble trois barres de section transversale rectangulaire en forme de triangle équilatéral, avec les jambes légèrement pliées vers l’extérieur aux extrémités pour plus de stabilité138 . Le rôle de support à foculus n’était sans doute pas la seule utilisation possible : le trépied pouvait être aussi utilisé pour la maintenance sur le navire (accueillir une bassine pour la vaisselle, laver des vêtements)139 . 135 Voir plus haut, Partie I, §5. 136 GALILI, 1999b, p.98. 137 GALILI, 2010, p.107. 138 GALILI, 2010, p.78. 139 GALILI, 2010, p.79.
  • 27. 27 À noter que la seule épave contenant un foculus avec un contexte archéologique bien étudié ne présente pas d’isolation entre le pont et le brasero au moment du naufrage140 . On peut néanmoins suggérer que le navire transportant un chargement de tuiles, le cuisinier pouvait prélever une ou deux tegulae pour protéger le pont du navire et les remettre après le repas, comme le suggère C. Beltrame141 . 5.2 Localisation sur le navire Les navires de commerce gallo-romains ne disposant en général pas d’une immense superficie, chaque zone du bateau remplissait une fonction bien précise. Ces fonctions ne sont pas toujours bien connues par les archéologues. Concernant le foculus, Barthelemy B est la seule épave qui nous a fourni des informations sur sa localisation à bord142 . Il se trouvait en effet à l’arrière du navire au moment de sa découverte, avec la réserve de bois (brindilles et chutes de planches sciées), à côté aussi qu’un plat à cuire. À l’avant, on trouvait une autre zone de vie, séparée de la cargaison, avec notamment de la vaisselle de bord (plat à cuire à deux tenons marqué de traces de suie). L’auteur y voit deux zones de vie bien distinctes, et propose entre autres hypothèses une séparation entre celui qui fait à manger (à l’arrière) et les consommateurs (à l’avant). (FIGURE 14) Plusieurs hypothèses peuvent être émises pour expliquer cette séparation : • la fumée dégagée par le foyer du foculus pouvait incommoder les marins pendant leur repas ; • le manque de place dans la zone arrière du bateau pouvait obliger les marins à déplacer leur zone de repas, par confort ou par sécurité ; • la séparation des zones de vie peut aussi être motivée par des rituels culturels ou des distinctions sociales. Cependant, c’est l’hypothèse la plus difficile à prouver et elle sera l’objet de recherches futures. 5.3 Le confort de la nourriture cuite : un cadeau empoisonné ? L’utilisation du foculus présentait un certain nombre de dangers pour les marins. On peut les résumer en deux catégories : les risques à court terme, et les risques à long terme. - Les risques à court terme : • le risque d’incendie : Même si la conception du foculus est pensée pour éviter les incendies, les risques ne sont jamais écartés. Des braises ou des particules volatiles issues de la combustion du bois pouvaient en effet s’échapper et enflammer les voiles ou les cordages. Un marin peu attentif pouvait également renverser le foculus ; 140 JONCHERAY, 2004. 141 BELTRAME, 2002, p. 142 JONCHERAY, 1994.
  • 28. 28 • le risque de brûlure : l’eau bouillante contenue dans les parois et dans la cheminée du foculus, le combustible, et le contenu d’un récipient chauffé, pouvaient blesser le cuisinier ; - le risque à long terme : l’empoisonnement au plomb. B. Rosen et E. Galili se sont intéressés aux dangers du plomb et son impact sur les marins romains dans leur article « Lead use on Roman ships and its environmental effects »143 . Comme vu précédemment (FIGURE 15), le plomb est omniprésent sur un navire pendant l’Empire romain. Les marins étaient donc plus exposés au plomb que les autres populations. Les bateaux étaient des sources mobiles de pollution pour les hommes et les environnements144 . Le foculus porte une part de responsabilité dans cette pollution : en plus d’être une masse de plomb très dense, c’est un objet exclusif à l’usage nautique. De plus, la prédisposition à l’empoisonnement des marins par le plomb est augmentée par le fait que les outils en plomb avaient perdu la patine nécessaire à leur protection à cause du sel, des chocs provoqués par les roulements des vagues et par le soleil145 . La combustion dans le foyer devait certainement entraîner des émanations toxiques. De plus, le foculus est placé dans la zone de vie des marins, où ils vivent et dorment. On comprend bien que, dans ces conditions, les marins soient considérés comme une population à risque avec une espérance de vie limitée, les conditions de vie à bord n’arrangeant rien. Finalement, le foculus est une innovation technologique extraordinaire, mais sûrement aussi un des plus grands dangers auxquels sont soumis les marins. VI. BIBLIOGRAPHIE ASHKENAZI, 2012 = D. ASHKENAZI et alii, « Technology of ancient ship brazier », Skyllis, vol. 12, n°1, 2012, p.85-93. BAKALAKIS, 1934 = G. BAKALAKIS, « Un réchaud d’un nouveau type à Délos », Bulletin de correspondance héllénique, vol. 50, 1934, p.203-217. BELTRAME, 2002 = C. BELTRAME, Vita di bordo in eta romana, Rome, 2002. BELTRAME, 2015 = C. BELTRAME, « The contribution of the Yassi Ada shipwreck excavation to the knowledge of life aboard ancient ships », (D. CARLSON dir.) Maritime studies in the wake of the Byzantine shipwreck at Yassi Ada, Turkey, Texas, 2015. COLLINA-GIRARD, 1993 = J. COLLINA-GIRARD, « Feu par percussion, feu par friction [Les données de l'expérimentation] », Bulletin de la Société préhistorique française, tome 90, n°2, 1993, p159-176. GALILI, 1999a = E. GALILI & J. SHARVIT, « Haïfa underwater surveys », Hadashot Arkheologiyot, 110, 1999, p.15-20. 143 ROSEN, 2007. 144 ROSEN, 2007, p.300. 145 ROSEN, 2007, p.307.
  • 29. 29 GALILI, 1999b = E. GALILI & J. SHARVIT, « Underwater surveys in the Mediterranean Sea 1992–1996 », Excavations and Surveys in Israel 19, 1999, p.96–101. GALILI, 1999c = E. GALILI & J. SHARVIT, « Ship fittings and devices used by ancient mariners: finds from underwater surveys off the Israeli coast », H.TSALAS (Ed.), 5th International Symposium on Ship Construction in Antiquity. Nauplia 1993. Proceedings, 1999, p.167–183. GALILI, 2000 = E. GALILI et alii, « Ashqelon underwater survey », Hadashot Arkheologiyot, 111, 2000, p.83-85 & 111-114. GALILI, 2010 = E. GALILI, J. SHARVIT & B. ROSEN, « Artifact assemblages recovered from a Roman shipwreck off the Carmel Coast, Israel », Atiquot, Janvier 2010, p.63-110. GALILI, 2011 = E. GALILI & B. ROSEN, « Two Roman lead braziers from a Roman-period shipwrck off Ashkelon Coast », Atiquot, 66, 2011, p.79-84 & 159. GALILI, 2012 = E. GALILI & B. ROSEN, « A Roman nautical lead brazier : its decoration and origin, and comparable coastal finds », IJNA, n°41.2, 2012, p.416-480. GALILI, 2015 = E. GALILI & B. ROSEN, « Lead cooking braziers from a shipwreckoff the Ashkelon coast, Israel », S. TRIPATI (Ed.), Maritime Archaeology, p335–346. HOCKER, 1995 = F. HOCKER, « Lead hull shealting in Antiquity », H. TZALAS (Ed.), Tropis III : Proceedings of the 3rd International Symposium on ship construction in Antiquity, Athènes, 1989, p.197-206. JONCHERAY, 2004 = A. & J.P. JONCHERAY, « Epaves de tuiles romaines en Provence Cote d’Azur : L’épave Barthelemy B (Var) », Cahiers d’Archéologie Subaquatique n°15, 2004, p. 7-72. LEONARD, 1973 = M. LEONARD, « Braziers in the Bodrum Museum », American Journal of Archaeology, 77, n°1, 1973 p19-25. MOSYAK, 2017 = S. MOSYAK et alii, « Thermodynamics of a brazier cooking system modeled to mimic the lead brazier of a Roman ship », Journal of Archaeological Science : Reports, 19, 2017, p.19-26. RIVET, 2006 = L. RIVET, « Le pot trapu à deux anses du littoral de la Narbonnaise orientale », Actes du Congrès de Pezenas, Marseille, 2006, p.627-640. ROSEN, 2007 = B. ROSEN & E. GALILI, « Lead use on Roman ships and its environmental effects », IJNA, n°36.2, 2007, p.300-307. POLLINO, 1984 = A. POLLINO, Objets métalliques sur les épaves antiques, Antibes, 1984.
  • 30. 30 VII. TABLE DES ILLUSTRATIONS - FIGURE 1 : Photo de profil du foculus de Barthelemy B (photo DRASSM) - FIGURE 2 : Photo d’un des foculus découvert au sud d’Haïfa (Source : GALILI 1999c, p.180, figure 6) - FIGURE 3 et 4 : Schéma des différentes parties du foculus (Source : ASHKENAZI 2012, p.87, figure 2) - FIGURE 5 : Schéma général de fonctionnement du foculus (Source : GALILI 1999c, p.181, figure 8) - FIGURE 6 : Carte des découvertes de foculus (Source : MOSYAK 2017, p.20, figure 1) - FIGURE 7 : Foculus d’Ashqelon A après restauration (Source : GALILI 2015, p.337, figure 3) - FIGURE 8 : Proposition de reconstitution de l’utilisation du foculus en U (Source : GALILI 2015, p.343, figure 10) - FIGURE 9 : Dessin du réchaud de Délos (Source : BAKALAKIS 1934, p.205, figure 1) - FIGURE 10 : Détail de la cheminée du foculus de Tel Ridan (Source : ASHKENAZI 2012, p.91, figure 4) - FIGURE 11 : Dessin du brasero n°8 du musée de Bodrum (Source : LEONARD 1973, p.24, figure 9 et 10) - FIGURE 12 : Dessin du brasero n°11 du musée de Bodrum (Source : LEONARD 1973, p.25, figure 13 et 14) - FIGURE 13 : Photo et dessin de deux exemplaires de pot trapu (Source : RIVET 2006) - FIGURE 14 : Reconstitution du navire de Barthelemy B (Source : JONCHERAY 2004)
  • 40. 40 IER SIÈCLE SOMMAIRE : ➢ BALISE DU PRÈTRE – pages 42-43. ➢ BALISE DU RABIOU – pages 44-45. ➢ BARTHELEMY B – pages 46-62. ➢ CAP BÉNAT 3 – pages 63-65. ➢ CAP DE VOLT – pages 66-69. ➢ CAVALLO 1 – pages 70-71. ➢ CULIP IV – pages 72-73. ➢ CULIP VIII – pages 74-75. ➢ DIANO MARINA – pages 76-86. ➢ DRAMONT D – pages 87-113.
  • 41. 41 ➢ DRAMONT I – pages 114-117. ➢ GRAND RIBAUD D – pages 118-136. ➢ GRAND ROUVEAU – pages 137-139. ➢ ÎLE ROUSSE – pages 140-158. ➢ LA GAROUPE 1 – page 159. ➢ LARDIER 4 – pages 160-171. ➢ LAVEZZI 1 – page 172. ➢ LES BATTUTS / BAIE DE L’AMITIÉ 2 – pages 173-190. ➢ MARINA DI FIORI – pages 191-195. ➢ PETIT CONGLOUÉ – pages 196-197. ➢ PORT VENDRES 2 – pages 198-215. ➢ SUD LAVEZZI 2 – pages 216-217. ➢ TOUR SAINTE MARIE – pages 218-223.
  • 42. 42 NOM DE L’EPAVE : BALISE DU PRETRE 2 DATATION : Ier siècle LOCALISATION : FRANCE DATE DES OPERATIONS : INCONNUE OBJET : MOBILIER TYPE : MORTIER EN CERAMIQUE NOMBRE : 1 DIMENSIONS : Diamètre : 34cm. Hauteur : 7cm. DESCRIPTION : Pelvis à rebord plat, légèrement descendant. DECORS : LOCALISATION : INCONNUE CONTEXTE D’USAGE : COMMENTAIRE : Figure 1 et 2. Selon J.P JONCHERAY, ce pelvis est du type 1 de l’épave du Dramont D. BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BALISE DU PRETRE ; Wladimir BEBKO, Les épaves Antiques du sud de la Corse, Bastia, 1971 ; Jean Pierre JONCHERAY, « Contribution à l’étude de l’épave Dramont D dite « des pelvis » », Cahiers d’Archéologie Subaquatique n°1, 1973, p.11-33.
  • 43. 43 TABLE DES ILLUSTRATIONS : - FIGURE 1 : dessin du mortier de profil (Source : publication BEBKO) - FIGURE 2 : dessin du mortier de haut (Source : publication BEBKO) FIGURE 1 : FIGURE 2 :
  • 44. 44 NOM DE L’EPAVE : BALISE DU RABIOU DATATION : Première moitié du Ier siècle LOCALISATION : FRANCE DATE DES OPERATIONS : SONDAGE EN 1993 (B. DANGREAUX), SONDAGE EN 2001 & FOUILLE 2003- 2006 (DIR. A. & JP. JONCHERAY) OBJET : MOBILIER TYPE : MORTIER EN CERAMIQUE NOMBRE : 1 DIMENSIONS : DESCRIPTION : Mortier à bord en bandeau, en pâte claire. DECORS : LOCALISATION : INCONNUE CONTEXTE D’USAGE : COMMENTAIRE : Figure 1. Similaire au mortier de l’épave Cavallo 1. BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BALISE DU RABIOU ; Benoît DANGREAUX, « Balise du Rabiou », Bilan DRASSM 1993, 1993, p.50 ; Anne & Jean Pierre JONCHERAY, « L'épave romaine de la Rabiou, Saint-Tropez (Var) », Cahiers d’Archéologie Subaquatique n°17, 2009, p.63 ; Jean Pierre JONCHERAY, « Contribution à l’étude de l’épave Dramont D dite « des pelvis » », dans Cahiers d’Archéologie Subaquatique n°1, 1973, p.11-33.
  • 45. 45 TABLE DES ILLUSTRATIONS : - FIGURE 1 : dessin du mortier (Source : publication DANGREAUX) FIGURE 1 :
  • 46. 46 NOM DE L’EPAVE : BARTHELEMY B DATATION : Ier siècle LOCALISATION : FRANCE DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1994-1996 (dir. A. & JP. JONCHERAY) OBJET : MOBILIER TYPE : OLLA EN CERAMIQUE COMMUNE NOMBRE : 1 DIMENSIONS : 164mm de hauteur et 163mm de diamètre. DESCRIPTION : Urne sans anse récipient fragmentaire mais reconstituable graphiquement. Elle présente un col large et évasé et un socle plat, la partie haute ne possède ni anse ni tenon, la pâte est grossière brun gris foncé, en surface comme à la cassure. DECORS : LOCALISATION : INCONNUE CONTEXTE D’USAGE : Noircie par la cuisson surtout dans la partie basse. COMMENTAIRE : Figure 4. BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BARTHELEMY B ; Anne et Jean-Pierre JONCHERAY, « Epaves de tuiles romaines en Provence Cote d’Azur : L’épave Barthelemy B (Var) », Cahiers d’Archéologie Subaquatique n°15, 2004, p.7-29. TABLE DES ILLUSTRATIONS : - FIGURE 4 : dessin de l’urne (Source : publication JONCHERAY)
  • 47. 47 NOM DE L’EPAVE : BARTHELEMY B DATATION : Ier siècle LOCALISATION : FRANCE DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1994-1996 (dir. A. & JP. JONCHERAY) OBJET : MOBILIER TYPE : PATERA EN CERAMIQUE COMMUNE NOMBRE : 1 DIMENSIONS : 237mm de diamètre, 56 à 65mm de hauteur. DESCRIPTION : Plat à deux anses avec une paroi cylindrique légèrement resserrée vers le haut sans lèvre marquée. Le raccord avec le socle est arrondi. Anses aplaties soudées au bord du récipient. Modulé sans utilisation du tour ou avec une rotation lente du tour. DECORS : LOCALISATION : Partie avant de l’épave. CONTEXTE D’USAGE : Pate noircie extérieurement. COMMENTAIRE : Figure 1 et 2. Ce plat peut être rattaché au type RIVET 6 de la céramique culinaire micacée de Fréjus. BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BARTHELEMY B ; Anne et Jean-Pierre JONCHERAY, « Epaves de tuiles romaines en Provence Cote d’Azur : L’épave Barthelemy B (Var) », Cahiers d’Archéologie Subaquatique n°15, 2004, p.7-29 ; Lucien RIVET, « La céramique culinaire micacée de la région de Fréjus (Var) », Revue archéologique de Narbonnaise, tome 15, 1982, p.243-262. TABLE DES ILLUSTRATIONS : - FIGURE 1 : photo du plat (Crédit : DRASSM) - FIGURE 2 : photo du plat de profil (Crédit : DRASSM)
  • 48. 48 NOM DE L’EPAVE : BARTHELEMY B DATATION : Ier siècle LOCALISATION : FRANCE DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1994-1996 (dir. A. & JP. JONCHERAY) OBJET : MOBILIER TYPE : PATERA EN CERAMIQUE COMMUNE NOMBRE : 1 DIMENSIONS : 273mm de diamètre, 67mm de hauteur. DESCRIPTION : Plat à quatre anses avec une paroi de profil tronconique se rattachant sans angle vif à un socle plat. Les quatre anses aplaties sont soudées au bord du récipient. La pâte est caractérisée par des points blancs et des grains de mica brillants. Elle est de couleur brun foncé à brun gris. En surface et en coupe. Modulé sans utilisation du tour ou avec une rotation lente du tour. DECORS : LOCALISATION : Partie arrière de l’épave à quelques centimètres de la cargaison, et à 85cm du foculus. CONTEXTE D’USAGE : La pate est enduite abondamment de résidus de cuisson, fumée, suie ou d’aliments. COMMENTAIRE : Figure 3. Ce plat peut être rattaché à la céramique culinaire micacée de Fréjus. BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BARTHELEMY B ; Anne et Jean-Pierre JONCHERAY, « Epaves de tuiles romaines en Provence Cote d’Azur : L’épave Barthelemy B (Var) », Cahiers d’Archéologie Subaquatique n°15, 2004, p.7-29 ; Lucien RIVET, « La céramique culinaire micacée de la région de Fréjus (Var) », Revue archéologique de Narbonnaise, tome 15, 1982, p.243-262. TABLE DES ILLUSTRATIONS : - FIGURE 3 : dessin du plat (Source : publication JONCHERAY)
  • 51. 51 NOM DE L’EPAVE : BARTHELEMY B DATATION : Ier siècle LOCALISATION : FRANCE DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1994-1996 (dir. A. & JP. JONCHERAY) OBJET : MOBILIER TYPE : MINERAI DE PYRITE DE FER NOMBRE : 1 DIMENSIONS : DESCRIPTION : Un minerai de pyrite de fer à reflets dorés, très lourd de couleur gris brun foncée avec une cavité creusée sur une face qui pouvait servir à moudre ou écraser. DECORS : LOCALISATION : INCONNUE CONTEXTE D’USAGE : COMMENTAIRE : Figure 1. BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BARTHELEMY B ; Anne et Jean-Pierre JONCHERAY, « Epaves de tuiles romaines en Provence Cote d’Azur : L’épave Barthelemy B (Var) », Cahiers d’Archéologie Subaquatique n°15, 2004, p.7-29.
  • 52. 52 TABLE DES ILLUSTRATIONS : - FIGURE 1 : photo du minerai (Crédit : DRASSM) FIGURE 1 :
  • 53. 53 NOM DE L’EPAVE : BARTHELEMY B DATATION : Ier siècle LOCALISATION : FRANCE DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1994-1996 (dir. A. & JP. JONCHERAY) OBJET : MOBILIER TYPE : FOCULUS EN PLOMB NOMBRE : 1 DIMENSIONS : Taille Générale : longueur : 433mm, largeur : 254mm, hauteur : 255mm. Taille du foyer en forme de fer à cheval : largeur : 174mm, longueur : 208mm, profondeur : 112mm. Cheminée : 126mm de profondeur, section ovale de 124 et 160mm d’axes. DESCRIPTION : Foyer en forme de fer à cheval avec un socle légèrement enfoncé. Evasé dans sa partie antérieure pour permettre l’approvisionnement en combustible, entouré d’une double paroi en plomb de 4mm d’épaisseur. Trois tenons en plomb soudés sur les parois du foyer, permettait de soutenir un plat ou une casserole. DECORS : Aucune marque n’est observée sur cette pièce juste quelques entailles. LOCALISATION : Partie arrière de l’épave à quelques centimètres de la cargaison, et à 85cm du plat à cuire à quatre tenons et d’une casserole en bronze. CONTEXTE D’USAGE : Une petite réserve de brindilles était placée juste à côté du brasero. COMMENTAIRE : Figure 1, 2, 3, 4 et 5. Similaire au foculus de CAP BENAT 3. BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BARTHELEMY B ; Anne et Jean-Pierre JONCHERAY, « Epaves de tuiles romaines en Provence Cote d’Azur : L’épave Barthelemy B (Var) », Cahiers d’Archéologie Subaquatique n°15, 2004, p.7-29.
  • 54. 54 TABLE DES ILLUSTRATIONS : - FIGURE 1 : dessin du brasero (Source : publication JONCHERAY) - FIGURE 2 : photo d’un des tenons (Crédit : DRASSM) - FIGURE 3 : photo du brasero (Crédit : DRASSM) - FIGURE 4 : photo du brasero (Crédit : DRASSM) - FIGURE 5 : photo du brasero (Crédit : DRASSM) FIGURE 1 :
  • 58. 58 NOM DE L’EPAVE : BARTHELEMY B DATATION : Ier siècle LOCALISATION : FRANCE DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1994-1996 (dir. A. & JP. JONCHERAY) OBJET : MOBILIER TYPE : BOITE EN PLOMB ET SON COUVERCLE NOMBRE : 1 DIMENSIONS : 122 mm diamètre - 42mm hauteur DESCRIPTION : Boîte en plomb rigoureusement cylindrique à fond plat. Le couvercle légèrement plus large est orné d’un bouton de préhension central et creux. DECORS : LOCALISATION : Partie arrière de l’épave à quelques centimètres de la cargaison, et à côté du foculus. CONTEXTE D’USAGE : La boite contenait de l’étoupe. COMMENTAIRE : Figure 1. La boite contenait de l’étoupe (composante fibreuse produite lors du peignage du lin ou du chanvre, utilisé pour allumer le feu dans les techniques primitives de mise à feu). On peut imaginer que l’étoupe servait à allumer le foculus présent non loin de la boite. BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BARTHELEMY B ; Anne et Jean-Pierre JONCHERAY, «Epaves de tuiles romaines en Provence Cote d’Azur : L’épave Barthelemy B (Var) », Cahiers d’Archéologie Subaquatique n°15, 2004, p.7-32.
  • 59. 59 TABLE DES ILLUSTRATIONS : - FIGURE 1 : dessin de la boîte (Source : publication JONCHERAY) FIGURE 1 :
  • 60. 60 NOM DE L’EPAVE : BARTHELEMY B DATATION : Ier siècle LOCALISATION : FRANCE DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1994-1996 (dir. A. & JP. JONCHERAY) OBJET : MOBILIER TYPE : CASSEROLE EN BRONZE NOMBRE : 1 DIMENSIONS : 105 mm diamètre - 55mm hauteur - 124 mm longueur à l’extrémité du manche. DESCRIPTION : Casserole à manche aplati troué de deux orifices et deux petites excroissances latérales arrondies. Quasiment à l’état de moules concrétionnaires. DECORS : Aucun décor n’a été trouvé ni en négatif ni dans la concrétion. LOCALISATION : Partie arrière de l’épave à quelques centimètres de la cargaison, et très proche de la cheminée du foculus. CONTEXTE D’USAGE : COMMENTAIRE : Figure 1. Ressemble au numéro 4 de Boesterd qui aurait été fabriqué au début du Ier siècle en Italie du Nord. BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BARTHELEMY B ; Maria BOESTERD, The Bronze Vessels in the Rijksmuseum G. M. Kam at Νijmegen, Nimègue, 1956, p.2 ; Anne et Jean-Pierre JONCHERAY, « Epaves de tuiles romaines en Provence Cote d’Azur : L’épave Barthelemy B (Var) », Cahiers d’Archéologie Subaquatique n°15, 2004, p.7-29 ; Suzanne TASSINARI, La vaisselle de bronze romaine et provinciale au Musée des Antiquités nationales, Paris, 1975, p.18. TABLE DES ILLUSTRATIONS : - FIGURE 1 : Dessin de la casserole (Source : publication JONCHERAY)
  • 61. 61 NOM DE L’EPAVE : BARTHELEMY B DATATION : Ier siècle LOCALISATION : FRANCE DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1994-1996 (dir. A. & JP. JONCHERAY) OBJET : MOBILIER TYPE : CASSEROLE EN BRONZE NOMBRE : 1 DIMENSIONS : 126 mm diamètre - 158 mm longueur à l’extrémité du manche. DESCRIPTION : Casserole à manche aplati longueur orné d’un seul orifice et deux excroissances latérales. Quasiment à l’état de moules concrétionnaires. DECORS : Aucun décor n’a été trouvé ni en négatif ni dans la concrétion. LOCALISATION : INCONNUE CONTEXTE D’USAGE : COMMENTAIRE : Figure 2. On peut la rattacher au type Tassinari au type « à tête de cygne » même si l’état de la casserole ne permet pas de conclusions franches. BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : BARTHELEMY B ; Anne et Jean-Pierre JONCHERAY, « Epaves de tuiles romaines en Provence Cote d’Azur : L’épave Barthelemy B (Var) », Cahiers d’Archéologie Subaquatique n°15, 2004, p.7-29 ; Suzanne TASSINARI, La vaisselle de bronze romaine et provinciale au Musée des Antiquités nationales, Paris, 1975, p.18. TABLE DES ILLUSTRATIONS : - FIGURE 2 : Dessin de la casserole (Source : publication JONCHERAY)
  • 63. 63 NOM DE L’EPAVE : CAP BENAT 3 DATATION : Ier siècle LOCALISATION : FRANCE DATE DES OPERATIONS : PRELEVEMENT EN 1981 (D. SOYER) OBJET : MOBILIER TYPE : FOCULUS EN PLOMB NOMBRE : 1 DIMENSIONS : Longueur : 54 cm, largeur : 25.5 cm, hauteur : 28 cm. DESCRIPTION : Foculus en feuilles de plomb soudées par martelage. Il comporte un réservoir interne dont l’ouverture circulaire se situe à l’arrière et un espace foyer et dotée de trois tenons qui servaient à supporter un plat. DECORS : LOCALISATION : Associé à des amphore gauloises et espagnoles Haltern 70. CONTEXTE D’USAGE : Traces d’argile carbonisée. COMMENTAIRE : Figure 1,2 et 3. Trouvaille isolée, sans autre matériel. Similaire au foculus de BARTHELEMY B. L’association avec des amphores Haltern 70 le date du Ier siècle. BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : CAP BENAT 3 ; Alex POLLINO, Objets métalliques sur les épaves antiques, Antibes, 1984.
  • 64. 64 TABLE DES ILLUSTRATIONS : - FIGURE 1 : photo du foculus (Source : publication POLLINO) - FIGURE 2 : photo du foculus (Crédit : DRASSM) - FIGURE 3 : photo du foculus (Crédit : DRASSM) FIGURE 1 :
  • 66. 66 NOM DE L’EPAVE : CAP DE VOLT DATATION : Ier siècle LOCALISATION : ESPAGNE DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1978-1979 (Dir. X. NIETO) OBJET : MOBILIER TYPE : PLAT EN CERAMIQUE COMMUNE NOMBRE : 1 DIMENSIONS : DESCRIPTION : Plat en céramique cuite avec une cuisson oxydante et un dégraissant grossier, la pâte est de couleur orange au rouge sans être homogène. DECORS : LOCALISATION : INCONNUE CONTEXTE D’USAGE : Noircie sur la face externe et non sur la face interne, signe d’une utilisation pour la cuisson. COMMENTAIRE : Figure 1. C’est une imitation de la forme Vegas 14 (céramique italienne) avec une lèvre bifide pour recevoir un couvercle. Similaire à un plat de l’épave Culip 8. BIBLIOGRAPHIE : César CARRERAS et alii, Culip VIII i les àmfores Haltern 70, Girona, 2003 ; Xavier NIETO, « El pecio del Cap del Vol. Nuevas aportaciones », Cypsela, n°4, 1982, p.165-168.
  • 67. 67 TABLE DES ILLUSTRATIONS : - FIGURE 1 : dessin du plat (Source : publication NIETO)
  • 68. 68 NOM DE L’EPAVE : CAP DE VOLT DATATION : Ier siècle LOCALISATION : ESPAGNE DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1978-1979 (Dir. X. NIETO) OBJET : MOBILIER TYPE : COUVERCLE EN CERAMIQUE COMMUNE NOMBRE : 1 DIMENSIONS : DESCRIPTION : Couvercle en céramique cuite oxydée, avec un dégraissant grossier. DECORS : LOCALISATION : INCONNUE CONTEXTE D’USAGE : COMMENTAIRE : Figure 2. Il devait être le couvercle du plat ci-dessus. BIBLIOGRAPHIE : X. NIETO, El pecio del Cap del Vol. Nuevas aportaciones in Cypsela, n°4, 1982, p.165- 168 TABLE DES ILLUSTRATIONS : - FIGURE 2 : dessin du couvercle (Source : publication NIETO)
  • 70. 70 NOM DE L’EPAVE : CAVALLO 1 DATATION : Ier siècle LOCALISATION : FRANCE DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 1962-1965 (W. BEBKO & R. LEDERER) OBJET : MOBILIER TYPE : MORTIER EN CERAMIQUE NOMBRE : 1 DIMENSIONS : Largeur : 24.6cm, hauteur : 7cm. DESCRIPTION : Pelvis en terre grossière de mauvaise cuisson (ocre claire extérieurement, grise au cœur), fonds en gradins. Il a des bords verticaux non déversés. DECORS : LOCALISATION : INCONNUE CONTEXTE D’USAGE : COMMENTAIRE : Figure 1. Semblable à un mortier trouvé sur l’épave Dramont D. BIBLIOGRAPHIE : ARCHIVES DRASSM : CAVALLO 1 ; Wladimir BEBKO, Les épaves Antiques du sud de la Corse, Bastia, 1971 ; Jean Pierre JONCHERAY, « Contribution à l’étude de l’épave Dramont D dite « des pelvis » », Cahiers d’Archéologie Subaquatique n°1, 1972, p.11-33 ; Jean Pierre JONCHERAY, « Contribution à l’étude de l’épave Dramont D dite « des pelvis » », Cahiers d’Archéologie Subaquatique n°2, 1973, p.16-17.
  • 71. 71 TABLE DES ILLUSTRATIONS : - FIGURE 1 : Dessin du mortier (Source : publication BEBKO) FIGURE 1 :
  • 72. 72 NOM DE L’EPAVE : CALA CULIP IV DATATION : 75 AP-JC LOCALISATION : ESPAGNE DATE DES OPERATIONS : FOUILLES 1984-1988 (Dir. JAVIER NIETO) OBJET : STRUCTURE DE FOYER TYPE : TEGULAE ET IMBRICES NOMBRE : 5 DIMENSIONS : DESCRIPTION : 3 tegulae et 2 imbrices. DECORS : LOCALISATION : Partie arrière de l’épave. CONTEXTE D’USAGE : Présence de taches noires de suie sur la face convexe des imbrices. COMMENTAIRE : Figure 1. Pour l’auteur, le nombre de tuiles est insuffisant pour constituer un toit, il propose donc une autre explication : elles forment une base réfractaire qui permet d’isoler les charbons du pont du bateau. Les plats ou les ollae sont posés sur les imbrices ce qui expliqueraient les traces de suie. BIBLIOGRAPHIE : J. NIETO et alii, Excavacions arqueològiques subaquàtiques a la Cala de Culip, vol. I, Girona, 1993, p.135-137.
  • 73. 73 TABLE DES ILLUSTRATIONS : - FIGURE 1 : schéma explicatif de la structure du foyer sur le navire de Cala Culip IV (Source : publication NIETO) FIGURE 1 :
  • 74. 74 NOM DE L’EPAVE : CULIP 8 DATATION : Ier siècle LOCALISATION : ESPAGNE DATE DES OPERATIONS : FOUILLE 2002-2003 (Dir. X. NIETO & T. PALOMO) OBJET : MOBILIER TYPE : PLAT EN CERAMIQUE COMMUNE NOMBRE : 1 DIMENSIONS : 6 fragments et un bord. DESCRIPTION : Plat en céramique cuite avec une cuisson oxydante et un dégraissant grossier, la pâte est de couleur orange au rouge sans être homogène. DECORS : LOCALISATION : INCONNUE CONTEXTE D’USAGE : Noircie sur la face externe et non sur la face interne, signe d’une utilisation pour la cuisson. COMMENTAIRE : C’est une imitation de la forme Vegas 14 (céramique italienne) avec une lèvre bifide pour recevoir un couvercle. Similaire à un plat de l’épave du Cap de Volt. BIBLIOGRAPHIE : César CARRERAS et alii, Culip VIII i les àmfores Haltern 70, Girona, 2003 p.147-150.
  • 75. 75 TABLE DES ILLUSTRATIONS : - FIGURE 1 : dessin du plat (Source : publication CARRERAS) FIGURE 1 :
  • 76. 76 NOM DE L’EPAVE : DIANO MARINA DATATION : Milieu du Ier siècle LOCALISATION : ITALIE DATE DES OPERATIONS : 1975-1981 (dir. F. PALLARES) OBJET : MOBILIER TYPE : MORTIER EN CERAMIQUE NOMBRE : 1 DIMENSIONS : Diamètre de l’ouverture : 35cm – Hauteur : 7.5cm DESCRIPTION : Pâte rosée avec un dégraissant grossier. Conservé en deux grands fragments reconstitués mais mutilés d'une petite partie du bord et du bec. Restes de concrétions marines. Le bord est marqué et arrondi, fond plat et pied annulaire. De l’autre côté du bec (non conservé) il y a un trou qui servait à suspendre et accrocher le mortier. DECORS : Pas de graffitis ou d’estampille. LOCALISATION : INCONNUE CONTEXTE D’USAGE : COMMENTAIRE : Figure 1 et 2. Probablement de la première moitié du Ier siècle. Semblable aux mortiers de type 1 de l’épave du Dramont D. BIBLIOGRAPHIE : Francesca PALLARES, « La Nave Romana di Diano Marina », Navigia fundo emergunt, Albenga, 1983, p.107-115. TABLE DES ILLUSTRATIONS : - FIGURE 1 : photo du mortier (Source : publication PALLARES) - FIGURE 2 : dessin du mortier (Source : publication PALLARES)