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LA TRIBUNE... de Thomas Grellier
Consultant et professeur universitaire de marketing/
communication, spécialiste du secteur jeux vidéo
J
uin 2013, nous allions enfin
savoir. Les trois consoles
majeures du marché et de
nos années de divertisse-
ment à venir allaient être
détaillées. Nous allions pouvoir
comparer, avec la Wii U, déjà
disponible.
Nintendo, leader implacable
depuis le milieu des années
2000 sur le marché des consoles de salon, allait-il
de nouveau dominer, fort de sa base installée de Wii
colossale et de ses licences mythiques ?
Microsoft, qui a progressé sur l’ensemble des terri-
toires à chaque nouvelle Xbox, peut-il concrétiser enfin
son rêve de devenir le leader global ?
Sony, qui connut des débuts difficiles avec la
PlayStation 3 (mais qui s’est magnifiquement repris
par la suite), récupérera-t-il sa couronne de l’époque
dorée PSone/PS2 ?
Novembre 2014, soit 1 an après une cohabitation des
trois consoles dans les rayons de nos magasins préfé-
rés, le verdict est sans appel. Sony, avec sa PlayStation 4,
domine significativement. Les deux marchés considérés
comme les plus importants (États-Unis, puis Royaume-
Uni) sont des champs de bataille où la marque japo-
naise a su imposer sa quatrième machine. Le rythme
des ventes de PS4 est historique, trop soutenu pour ses
concurrentes : ce devait être un marathon, mais c’est un
départ au sprint auquel nous assistons.
Je ne reviendrai pas ici sur les erreurs commises
par Microsoft lors de l’annonce de la Xbox One, tout
le monde a pu juger des choix opérés par la firme de
Redmond, puis de son virage qui fera date, suite à la
colère des joueurs et des distributeurs.
Nous devions assister à un choc de titans : Xbox One
contre PlayStation 4, un affrontement entre deux
philosophies très dissemblables. Contraint, Micro-
soft a dû revoir sa copie et proposer une console qui
ressemble à la PS4. Microsoft s’est fait imposer un
rythme, indirectement certes, par son concurrent : un
comble d’un point de vue marketing ! Et, à ce jeu-là,
Sony est pour l’instant le plus fort, car en cohérence
totale avec son positionnement originel. Toutes les
actions qui en découlent font montre de cette stratégie
choisie et non subie.
Microsoft peut-il revenir dans la course et reprendre
le leadership à Sony ? Je ne pense pas. Pourtant, il reste
des années de combat potentiel, à coups de dollars et
de jeux incroyables à venir. Cependant, l’avance acquise
par Sony dans les chiffres et dans le cœur des joueurs
avec sa PS4 est trop importante. Le succès d’une console
se juge à l’aune de son « deuxième Noël » sur le marché.
Nous y sommes, et tout me laisse penser que Sony va
l’emporter facilement cette année.
Quant à Nintendo, que dire… Là encore, le position-
nement hasardeux, couplé à un message brouillé en
termes de communication (« La Wii U, c’est la Wii 2 ou
un accessoire pour la Wii ? ») sont des handicaps insur-
montables pour rester le leader du marché.
La guerre n’a pas eu lieu, ou plutôt si, mais on a eu
droit à un « Blitzkrieg ». L’histoire l’a prouvé, cela ne
garantit pas la victoire finale. Mais je ne vois pas com-
ment PlayStation pourrait perdre le leadership sur cette
génération de machines.
Faut-il s’en réjouir ? C’est un autre sujet.
« La guerre des Trois
n’aura pas lieu »