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Similaire à Liem Hoang Ngoc Portrait - La Lettre du Pouvoir - Novembre 2013
Similaire à Liem Hoang Ngoc Portrait - La Lettre du Pouvoir - Novembre 2013 (20)
Liem Hoang Ngoc Portrait - La Lettre du Pouvoir - Novembre 2013
- 1. Portrait
Liêm Hoang Ngoc
Défendre l’Europe contre l’Europe
Par Joseph d’Arrast
Ce député PS du Parlement européen, professeur d’économie “hétérodoxe”, milite pour une Europe plus
fédéraliste et un équilibrage du pouvoir entre la Commission et les eurodéputés.
iège du PS, rue
de Solferino, Liêm
Hoang Ngoc nous
retrouve tout sourire.
Costume sombre, la valise rangée dans un
coin, il est toujours entre
deux déplacements :
Bruxelles, Strasbourg,
Paris et toutes les fédérations qu’il sillonne en
fin de semaine. Cet eurodéputé, membre de la
Commission des affaires économiques et
monétaires, est davantage habitué aux médias
internationaux, avides
de ses déclarations sou©JP Baron
vent à contre-courant.
Lui, ses sujets, ce sont les eurobonds ou le budget de la zone
euro, bref une gouvernance économique qui reste pour l’instant
un vœu pieux puisque « l’on oublie toujours le Parlement européen. » L’économiste nous cite à l’envi Jacques Delors : « L’UE,
ça reste la simple réunion de deux entourages gouvernementaux. »
S
Liêm Hoang Ngoc a un drôle de parcours et rien ne le prédestinait a priori à se retrouver un jour dans les travées de l’hémicycle bruxellois. Il arrive en France en 1968, fuyant la menace des
Viêt Công au sud du pays. Ses parents s’installent à Amiens et
l’encouragent à faire médecine, tout comme eux. Au lieu de cela,
il choisit sport étude et jouera en championnat de France de football des moins de dix-sept ans. Mais à partir de 1981, le jeune
milieu gauche, à la faveur du climat politique et du débat sur le
tournant de la rigueur, raccroche les crampons et s’inscrit finalement en sciences économiques à l’université d’Amiens.
qu’il nous offre avec son infatigable sourire : « oui, oui, c’est pour
vous, je vous les donne, c’est ça le socialisme ! » L’homme ne
manque pas d’humour... Au menu de ses livres : Un manuel
d’économie « hétérodoxe », Le verrou conservateur européen,
Il faut faire payer les riches, Vive l’impôt ! L’auteur annonce la
couleur...
A partir de 2000, il se rapproche d’Henri Emmanuelli et cofonde
le club Démocratie-Egalité afin de renouveler le logiciel programmatique du PS. Peine perdue. Son mentor, « son père »
comme il l’appelle aussi, souffre d’un déficit d’image et se trouve
ringardisé. Circonstance aggravante aux yeux des médias : l’association en 2002 avec Jean-Luc Mélenchon. Pourtant, Liêm
Hoang Ngoc croit en son champion. « C’est le surdoué que l’on
fait passer pour l’idiot. En 2005, après avoir milité pour le
« non », si lui ou Laurent Fabius s’était présenté à la présidentielle, il l’aurait emporté. » Un rendez-vous volontairement manqué avec l’Histoire, par souci de « ne pas casser le jouet ». « Le
parti est resté mais le débat s’est refermé », déplore-t-il. « Aujourd’hui ce sont les Mélenchon, Le Pen, Dupont-Aignan qui représentent l’opposition à l’Europe, des gens qui n’ont pas intérêt
à la faire avancer. Alors que nous sommes les seuls vrais opposants fédéralistes. »
Au PS, son engagement prend du corps, s’affirme ; il devient
chroniqueur en 2008 sur France Inter pour parler « multiplicateur » et « politique de relance keynésienne ». Dans l’entourage
d’Emmanuelli, on le pousse du coude, lui fait comprendre qu’il a
sa chance sur une liste. « Pour Henri, ce qui compte, c’est le suffrage universel. Sans ça, je restais un écrivailleur de faculté sans
trop de légitimité. »
Bien placé sur la liste des européennes, il se défend en revanche
d’avoir été favorisé par la discrimination positive : « je ne crois
pas en ce principe. Ni la parité ni les quotas ne sont nécessaires,
la transformation doit se faire sur le fond, au sein de nos sociétés et par le mérite. » Elu en 2009, il découvre un Parlement
moins clivé qu’en France et se spécialise rapidement sur la gouIl se plonge alors à la découverte du milieu politique, prend sa vernance économique. L’occasion pour lui de critiquer une Comcarte au PS et rejoint l’UNEF-ID. Mais après 88, le débat sur l’ou- mission très libérale et dont les recommandations ne lui
verture au centre et la Deuxième Gauche ne
paraissent pas justifiées. « Franchement,
sont pas vraiment sa tasse de thé : « je « Franchement, beaucoup beaucoup de prévisions se font au doigt
de prévisions de la
voyais tous mes camarades devenir de bons
mouillé et il n’y a pas de raison pour que
petits soldats du PS, grimper dans l’appareil,
l’on refuse au Parlement plus de contrôle
Commission se font au
mais à côté de ça, sécher intellectuellesur des choix contestables. » Liêm Hoang
doigt mouillé. »
ment. » Il décide donc de couper avec la poNgoc milite pour une politique à la fois de
litique pour se forger sa propre grille de lecture et entame une l’investissement et de la demande, et non pas de l’offre qui
thèse socio-économique à Paris 1. Il lit, écrit, publie, participe à « profite uniquement aux marges des entreprises ».
des colloques jusqu’en 1995.
Pour l’heure, l’eurodéputé s’en va discuter de la politique budC’est finalement en 1996, à la suite des grèves contre le Gou- gétaire du Gouvernement à la section PS de Reims avec Karine
vernement d’Alain Juppé, et lorsque le sociologue Pierre Bour- Berger. Pourtant, ce soir, il y a un match de l’équipe de France
dieu lance les « États généraux du mouvement social », que la et il s’en plaint : « ce n’est pas faute de leur avoir dit que pour être
politique le rattrape. Il devient l’un des initiateurs de « l’Appel des plus proche des Français il faut éviter les réunions les soirs de
économistes pour sortir de la pensée unique ». Un combat qui match. » Liêm Hoang Ngoc a retenu la leçon, il ne se fera pas
jalonne sa vie, accompagné de l’écriture de quantité d’ouvrages ringardiser.
qu’il tire de son cartable comme Mary Poppins son mobilier, et
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