Le 1er janvier 2014, il y a dix ans, le groupe SNCB était officiellement modifié. Il passait de trois entités (SNCB, Holding et Infrabel) à deux pour améliorer les choses dans la foulée des conclusions de la commission Buizingen. « Le Soir » y consacrait alors un large dossier.
2. 10
Le Soir Lundi 16 décembre 2013
10 LESURGENCESDURAIL
11
Le Soir Lundi 16 décembre 2013
11
LESURGENCESDURAIL
O n attend beaucoup de la réorganisa-
tion du Groupe SNCB en deux enti-
tés distinctes, la SNCB et Infrabel, officia-
liséele1er
janvierprochain.Beaucouptrop,
sans doute. Car les changements attendus
sont trop rapides pour être ferroviaires.
Un service public en général, le chemin de
fer en particulier, par définition, n’appré-
cie ni les surprises ni les révolutions. Mê-
me si les 700.000 utilisateurs quotidiens,
qui rêvent de voir tout adopter une vitesse
TGV, portent d’aussi légitimes que nom-
breuses attentes d’amélioration. Le che-
min de fer a un rendez-vous qu’il ne peut
pas rater avec « son » public, celui qui le
prend et celui qui le finance, mais per-
sonne n’ose donner une date.
Car le chemin de fer doit aussi relever
d’autres défis, faire des choix, s’inscrire
dans son époque. Le seul élément où il
semble en avance sur celle-ci, c’est par la
complexité des équations à mettre en
ligne. En voici une sélection. Certaines
étaient déjà posées en 2005. Rassurant ?
1Sécurité : qu’est-ce qui a changé depuis
Buizingen ? L’accident de Buizingen a
causé un traumatisme. En février 2010, ce
n’était pourtant que le premier épisode de
ce qui allait devenir une année noire du
chemin de fer belge alors que, depuis
2000, tout allait de mieux en mieux. Le
taux de fréquentation avait augmenté de
50 %, un exemple en Europe. Mais l’acci-
dent illustrait à quel point « on » avait né-
gligé les investissements en matière de sé-
curité, de modernité. Le contrat de
confiance avec le public a été plus
qu’ébréché.
Des promesses ont été faites devant le
Parlement. Notamment d’accélérer une
première vague de modernisation des sys-
tèmes de sécurité pour la fin de l’année…
2013. C’est fait ?
2L’ADN du train, c’est d’être à l’heure.
Sauf en Belgique ? « La ponctualité
n’est que la traduction de la santé de l’en-
semble du chemin de fer », ont expliqué au
Soir les anciens responsables de la SNCB
José Damilot (syndicat) et Karel Vinck
(patron). Le Groupe SNCB doit alors aller
très mal. En octobre, il a enregistré les
piresstatistiquesdesdernièresannées :un
train sur cinq, au moins, enregistrait un
retard de plus de six minutes. La ponctua-
lité est donc devenue une priorité natio-
nale. Sauf que, la ponctualité, non plus, ne
se décrète pas.
3Dans un pays qui regorge de voitures
(de société), un train systématique-
mentenretardquicoûte3milliardsd’euros
par an aux contribuables est-il une alterna-
tive de mobilité crédible ? En 2010, la
triste année de Buizingen et de ses 19
morts, on a dénombré 62 victimes d’acci-
dents mortels dans le transport ferroviaire
contre… 31.000 sur les routes de l’Union
européenne. Si ce seul chiffre ne suffit pas
à hiérarchiser les priorités en matière de
transport de masse, le coût de la construc-
tion et de l’entretien des routes devrait y
contribuer. Sans parler de la pollution.
Dans un pays où la voiture fait partie des
modes de rémunération, changer les habi-
tudesréclamedesérieuxargumentsetune
réelle volonté, politique notamment.
Or les trains relèvent du niveau fédéral
et tous les autres moyens de locomotion
relèvent des Régions. Bruxelles figure déjà
au hit-parade européen des villes les plus
engorgées, la Flandre ajoute des bandes
d’autoroute pour s’y engouffrer. Le pays
manque donc d’une réflexion commune
sur la mobilité et les transports, d’une co-
ordination des moyens à y apporter. Dans
ce fouillis, le train ne peut compter que sur
lui-même pour défendre ses atouts.
4Le nombre de cheminots diminue sans
cesse, à l’inverse leur « rentabilité »
ne cesse d’augmenter. Tenable ? Depuis le
début des années 90, le principe a été de
gérer les entreprises publiques « comme
des entreprises » ordinaires. Les agents,
anciens fonctionnaires, ont dû s’adapter à
de nouveaux rythmes, à des notions de
rentabilité.
Il y avait 68.000 cheminots en 1960
pour 220 millions de voyageurs, 45.000
en 1990 (pour 140 millions de voyageurs),
il en reste aujourd’hui 35.000 pour 225
millions d’usagers. Parallèlement, ceux
qui restent ont généralement obtenu une
valorisation de leur salaire qui tient aussi
mieux la comparaison avec le secteur pri-
vé. Il existe obligatoirement une taille cri-
tique pour que la qualité du service et la
proportion du personnel employé soient
adéquates.
Qui peut dire où elle se situe ?
5LadetteduGroupeSNCB(4,5milliards
en 2018 ?) peut-elle conduire la SNCB
enfailliteoularendreplusvulnérable ?Les
trains à grande vitesse ont démontré qu’on
pouvait gagner de l’argent sur le rail. Du
coup, de nombreux États ne considèrent
plus le train que sous le mode TGV. Par dé-
finition, le service public repose sur un
subtil équilibre entre profit et service à la
population. Dans un grand pays, ces équi-
libres sont élaborés sur des distances qui
permettent de plus facilement amortir les
coûts. Dans un petit pays, il semble donc
plus difficile de dégager des bénéfices.
Pour la SNCB, qui a dès sa naissance une
dette colossale à supporter (55 % de 4 mil-
liards aux dernières estimations), dégager
des bénéfices pour investir et rembourser
sa dette s’avèrent ambitieux. Et son statut
ne l’empêche plus de tomber en faillite si
ses dettes dépassent trop largement la va-
leur de son capital.
6Symbole national dans un pays de
375 km dans sa plus grande diagonale,
la SNCB pourrait-elle être régionalisée ?
Séparer l’exploitation ferroviaire au nord
etausuddupays,àchacunsaSNCB…c’est
au programme officiel du gouvernement
flamand depuis plus de 10 ans. La Flandre
estime que la SNCB n’écoute pas assez ses
besoins spécifiques (air connu). Ce besoin
d’autonomie peut-il être un jour concréti-
sable ? Souhaitable ? Imaginable avec un
réseau ferré en étoile organisé autour de la
capitale ? L’imagination politique fait par-
fois des miracles.
7La nouvelle structure du Groupe SNCB
peut-elle aider à améliorer les choses ?
Après avoir scindé la SNCB unitaire en
trois(SNCB,Infrabel,Holding),legouver-
nement vient de réorganiser le chemin de
fer en deux : un opérateur SNCB et un ges-
tionnaire de réseau et d’infrastructure In-
frabel. Les syndicats, eux, voulaient reve-
niràl’organisationunitaire.Aumêmemo-
ment, la France, qui avait divisé son rail en
deux, veut revenir à un mode plus unifié.
Est-ce les institutions qui fonctionnent
mal ou les personnes qui les dirigent ? Le
temps et l’énergie nécessaires à mettre en
place ces changements n’auraient-ils pas
été plus utilement consacrés à faire fonc-
tionner ce qui était là ? Est-ce vraiment
une structure qui fait arriver des trains à
l’heure ?
8Que pèse la Belgique dans une Europe
qui veut libéraliser entièrement le
rail ? Hormis Malte et Chypre, petites îles
qui ne disposent pas de trains, l’Europe du
rail subit les mêmes écarts que l’Europe
tout court : les petits et les grands pays ne
partagent ni les mêmes contraintes ni les
mêmes horizons. Quand l’Europe réorga-
nise son rail, c’est d’abord pour forcer l’Al-
lemagne, la France, l’Italie ou l’Espagne à
ouvrir leurs vastes réseaux à plus d’opéra-
teurs.
La Belgique, au cœur des différents ré-
seaux, accueille déjà les trains à grande vi-
tesse de tous ses voisins. Mais elle pourrait
facilement être absorbée par un des
grands joueurs. La Banque nationale, elle-
même, dans un rapport, ne relevait-elle
pas que la logique européenne visant à bri-
ser les monopoles nationaux risquait tout
simplement de mener à créer des mono-
poles industriels : d’un côté la SNCF et Al-
stom, de l’autre la Deutsche Bahn et Sie-
mens. Vous préférez lequel ?
9Le transport des marchandises relève-
t-il vraiment du service public ? L’in-
frastructure est là. Le transport des voya-
geurs vers les destinations nationales et
frontalières est au cœur du rail, sa raison
d’être. Est-ce aussi au service public d’as-
surer le transport de marchandises échan-
gées entre partenaires privés ? Y a-t-il un
service public de transport des marchan-
disesparcamion ?Parbateau ?Paravion ?
Pourquoi y en a-t-il un par train ?
Le transport des marchandises, en plus,
plombait les résultats financiers de toute
la SNCB. De manière moins lourde depuis
que le département spécialisé en la ma-
tière, B-Cargo, est devenu une filiale indé-
pendante nommée Logistics (dont la
SNCB reste actionnaire à 100 %). Qui va
bientôtêtreintégréedanslegirongéantde
la Deutsche Bahn. Où elle ne pèsera plus
rien. C‘est mieux ?
10Que sera la SNCB dans 10 ans ? Po-
ser la question, c’est lancer un TGV
deperspectivesetserendrecomptequeles
chefs de gare crédibles sont rares pour
vous aider à vous orienter. ■
ÉRIC RENETTE
10 questions pour mieux cerner les problèmes auxquels la SNCB est confrontée
Le matériel roulant
Age moyen du parc ferroviaire : ± 19 ans
Desiro : 153 exemplaires (2012)
AM80 Break : 140 exemplaires (début des années ‘80)
M4 : 573 exemplaires (fin des années ‘70)
M6 : 496 exemplaires (2002)
I11 : 163 exemplaires (années ‘90)
AM62-65 : 93 exemplaires (années ‘60, en fin de vie)
AM96 : 119 exemplaires (fin des années ‘90)
Le rail belge en un clin d’œil
La dette
En milliards d’euros
en 2012
+ 53 %
Evolution de la dette
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
2,48
2,75
2,59
2,42
2,72
3,07 3,07
3,78
3,49
(31 /03/
2013)
4,14
(Fin
2013)
4,35 4,40 4,45 4,49 4,50
Estimation (Infrabel + SNCB)
Les places assises
Evolution du nombre de places assises
disponibles dans les trains (en milliers)
281,9 278,4 277,7
282,9
289,9
301 303,2
308,5
325
+ 15,3 %
depuis
2004
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Les collaborateurs
Evolution du nombre de collaborateurs ETP*
(SNCB + Infrabel+ Holding)
40.243
38.181
36.586 36.496 36.763 36.990 37.154
36.453
35.377
- 12,2 %
depuis
2004
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
(* équivalents temps plein)
Personnel
de métier
Personnel
technique
Personnel
employé
Cadres
7 %
35 %
29 %
29 %
35.017
emplois
ETP
Catégories de personnel
(au 30/06/2013)
Holding
Infrabel
SNCB
34 %
11 %
55 %
Répartition de l’emploi
au sein du groupe
Evolution du nombre de voyageurs
165
93,3
90,6
89,2 90,2
88,9
85,7 87 87,2
172,9
187,5 196,6
206,2 210,1 215,1 221,3 223,3
En millions de voyageurs par an
Ponctualité des trains en %
+ 35,3 %
depuis
2004
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Les voyageurs
86
Lier
50a
50a
50a
73
69
58 59
54 52
75
75
89
89
82
53
60
122
66
50a
50a 50
50
90
91
92
78
94
78
97
96
96
26
26
25
4
15
15
15
15
15
35
21
21
36
34
139
16
53a
36c
118
108
140
130
154
162
166
163
165
43
43
43
43
37
44
40
162
125
125
161
161
144
132
124
130a
117
123
165
12
28
La Louvière-
Sud
Anvers-Berchem
Puurs
Termonde
Boom Herentals
Heist-op-den-Berg
Malines-
Nekkerspoel
Malines
Turnhout
Geel Mol
Genk
Aarschot Diest
St-Trond
Tongres
Liers
Herstal
Liège-
Palais
Visé
Welkenraedt
Eupen
Angleur Verviers-Central
Spa
Rivage
Aywaille
Vielsalm
Gouvy
Barvaux
Bastogne
Libramont
Marbehan
Virton
Florenville
Bertrix
Beauraing
Dinant
Ciney
Andenne
Huy
Statte
Gembloux
Auvelais
Tamines
Luttre
Manage
Ecaussinnes
La Louvière-
centre
Binche
Quiévrain
Saint-
Ghislain
Blaton
Péruwelz
Antoing
Leuze
Audenarde
Renaix Lessines
Grammont
Enghien
Ath
Zottegem
Burst
Alost
Wetteren
Gand-
Dampoort
Lokeren
Eeklo
Knokke
Zeebruges
Blankenberge
Ostende
Furnes
La Panne Dixmude
Torhout Aalter
Lichtervelde
Roulers
Izegem
Courtrai
Mouscron
Tournai
De Pinte
Deinze
Waregem
Harelbeke
Tielt
Menin
Comines
Ypres
Poperinge
Denderleeuw
Silly
Soignies
Jurbise
Marchienne-
au-Pont
Fleurus
Nivelles
Braine-le-Comte
Tubize
Hal Wavre
Jette
Vilvorde
Ottignies
Louvain-La-Neuve
Université
Braine-l'Alleud
Châtelet
Walcourt
Philippeville
Mariembourg
Couvin
Erquelinnes
Jemeppe-
s-Sambre
Marloie
Jemelle
Trois-Ponts
Spa-Geronstère
Poulseur
Flémalle-
Haute
Bressoux
Tirlemont Landen
Waremme Ans
Louvain
Schaerbeek
Lommel
Overpelt
Neerpelt
Essen
St-Nicolas
Quévy
Pepinster
Athus
Anvers-Luchtbal
Noorderkempen
ANVERS-CENTRAL
MAASTRICHT (NL)
Trois Vierges (L)
MONS
BRUGES
Tourcoing (F)
LILLE (F)
GAND-
ST-PIERRE
BRUXELLES
CHARLEROI-SUD
NAMUR
LUXEMBOURG (L)
ARLON
Ettelbruck (L)
Rodange (L)
AIX-LA-CHAPELLE (D)
LIEGE-GUILLEMINS
HASSELT
ROOSENDAAL (NL)
BRUXELLES
60
50a
50
50
28
26
26
36
25
36c
161
96 124
36c
Schuman
NORD
CENTRAL
MIDI
Luxembourg
Jette
Vilvorde
Schaerbeek
Ouest
Simonis
Bruxelles-Aéroport-
National
26
Qui fait quoi au sein du groupe SNCB ? Le réseau (avec les gares principales)
Transfert Holding SNCB Infrabel HR-Rail
€
37 GRANDES GARES
PATRIMOINE
Terrains, vieilles
locomotives,
propriétés foncières
des gares. 35.017
EMPLOIS
(au 30/06/13)
PERSONNEL
DE VENTE
AU GUICHET
SURVEILLANCE,
PERSONNEL
SÉCURAIL
DETTE
3,8 milliards €
(fin 2012)
Thalys, Eurostar
TRAIN À GRANDE VITESSE
PERSONNEL À BORD DES TRAINS TRAINS DE PASSAGERS TRAINS DE MARCHANDISES
GRANDS CHANTIERS
RER, Diabolo
INFRASTRUCTURE
Les voies, les passages
à niveau, les signaux
GESTION DU RÉSEAU
542 PETITES GARES
Une structure en trois entités distinctes
Transport des personnes en trafic national
(SNCB Mobility)
Transport des personnes en trafic
international (SNCB Europe)
Transport des marchandises (B-Logistics)
Entretien du matériel roulant (B-Technics)
Services marchandises (gare de triage….)
Fonctions essentielles (détermination
et perception du prix des droits de passage)
Contrôle du trafic
Gestion et entretien des infrastructures
Ressources humaines pour l’ensemble
du groupe
Gestion de la dette
37 principales gares
Sécurité (Securail, caméras…)
Patrimoine
ICT (informatique…)
Filiale HR-Rail
Secrétariat social HR du groupe (employeur unique)
Service des pensions
Caisse de soins de santé
Au 1er
janvier 2014 : une structure en deux entités
Transport des personnes en trafic national
+ RER (SNCB Mobility)
Transport des personnes en trafic
international (SNCB Europe)
Transport des marchandises (B-Logistics)
Fonctions essentielles (détermination et
perception du prix des droits de passage)
Contrôle du trafic
Gestion et entretien des infrastructures
(rail et gares marchandises)
Gestion des gares
Gestion financière
Gestion des ressources humaines
Gestion administrative
Entretien du matériel roulant
(B-Technics)
Gestion financière
Gestion des ressources humaines
Gestion administrative, ICT
Marc Descheemaecker
Luc Lallemand
Jo Cornu
Luc Lallemand
Jannie Haek
9. 9
Le Soir Jeudi 19 décembre 2013
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9
LES URGENCES
DU RAIL
6 JOURS D’ENQUÊTE
DANS UNE SNCB
EN MUTATION
cliché LA SNCB,
C’EST… BONDÉ ?
Le manque de places assises dans les trains aux heures de
pointe reste une réalité quotidienne. Qu’il est évidemment
délicat d’évaluer. Les lignes régulièrement citées, sans sur-
prise, vont vers la capitale. L’arrivée des nouvelles automo-
trices Desiro (305 voitures, 85.400 places supplémentaires)
et celle des nouvelles voitures à double étage (un millier)
doivent faire passer le nombre total de places assises dispo-
nibles sur le réseau de 318.000 aujourd’hui à 437.000 en
2025. Bon, d’accord, 2025 c’est encore loin. Surtout debout.
PROGRAMME
vendredi 20
RER, scission commu-
nautaire, jonction
Nord-Midi… A quoi
ressemblera la SNCB
dans dix ans ?
samedi 21
Que disent les
patrons ? Grand
entretien avec Jo Cor-
nu,
le nouvel homme
fort de la SNCB, et
Jean-Pascal Labille,
ministre des Entre-
prises publiques.
SWAR.BE/URGENCESDURAIL SÉRIE 4/6
A
près l’électrochoc lié à
l’accident de Buizin-
gen et ses 19 victimes
de février 2010, un en-
gagement formel avait
été pris devant le Parlement par
les patrons du groupe SNCB :
toute la flotte de la SNCB devait
être équipée du système de frei-
nage automatique TBL1+ pour le
31 décembre 2013 et plus de
80 %des« zonesàrisque »duré-
seau.
Fin 2013, on y est ! Et les loco-
motives de la SNCB sont bien
équipées du système de freinage
automatique TBL1+, comme
prévu, ainsi que 93,2 % du ré-
seau. Les 100 % du réseau res-
tent programmés pour la fin
2015 (bon, d’accord, 99,9 % en
réalité). Infrabel, responsable du
réseau et de son équipement,
précise que tous les nœuds ferro-
viaires, les lieux potentiellement
les plus dangereux, sont déjà
équipés depuis la fin 2012. On
ajoutera encore que toute la
flotte des locomotives concer-
nées par le transport des mar-
chandises de la filiale Logistics
est également équipée du sys-
tème belge de freinage automa-
tique qui, n’étant pas obligatoire
pour tous les opérateurs,
n’équipe pas tous ses concur-
rents. Les récents accidents, tous
des trains marchandises, ont
pourtant démontré l’importance
d’un système « correcteur » en
cas de dépassement d’un signal
invitant ou à ralentir ou à s’arrê-
ter.
Les engagements qui avaient
été pris sont respectés, c’est ras-
surant. C’était une des princi-
pales conclusions du rapport de
la commission parlementaire sur
la sécurité du rail qui s’est tenue
dans la foulée de Buizingen : ac-
célérer l’installation du système
de frein automatique sur les
trains et le réseau belge. Le
« masterplan » par lequel la
SNCB et Infrabel ont répondu à
cet objectif prévoyait que toutes
les locomotives de la SNCB
soient équipées du système
« TBL1+ » pour le 31 décembre
2013. Dans quelques jours.
« C’est fait », assure-t-on à la
SNCB. Déjà 1.017 des 1.021 loco-
motives « anciennes » étaient
équipées fin novembre. Les
quatre dernières le seront avant
le 31 décembre. Si on y ajoute le
nouveau matériel arrivé depuis
lors, lui aussi équipé du système
« TBL1+ » ainsi que du futur sys-
tème européen ETCS, la moder-
nisation de la sécurité est, statis-
tiquement du moins, palpable.
Pour rappel, au lendemain de la
catastrophe, la ministre Inge
Vervotte constatait que seule-
ment 947 signaux (sur 4.000) et
114 locomotives (sur 1.100)
étaient équipés du système de
freinage automatique TBL1+. Et
encore, le système ne concernait
qu’une petite partie des voies
principales (9 %), les voies se-
condaires viendraient plus tard.
L’ETCS avant 2025
Derrière ce satisfecit légitime,
on ne doit pas oublier qu’il s’agit
« seulement » de la première
étape de modernisation du sys-
tème de sécurité en Belgique.
L’objectif suivant, commun au
niveau européen, est d’équiper
l’ensemble du réseau en système
« ETCS » (European Train
Control System ) qui permet de
contrôler en permanence l’avan-
cement d’un train et de vérifier
qu’il respecte bien les vitesses au-
toriséesdanschaquetronçon.Un
système beaucoup plus efficace
mais aussi beaucoup plus cher.
Qui sera atteint, notamment,
grâce à l’arrivée de nouveau ma-
tériel déjà équipé de ce nouveau
standard (principalement les
305 automotrices Desiro), mais
aussi à l’équipement de la partie
la moins ancienne du matériel
roulant.
Dans le plan d’investissement
approuvé par le gouvernement
pour la période 2013-2025,
5,2 milliards (sur 26 au total)
sont prévus pour faire aboutir ce
plan de sécurité. L’objectif est
d’avoir un réseau et une flotte en-
tièrement équipés au standard
européen pour 2022 et de pou-
voir exiger qu’aucun train, même
provenant d’opérateurs étran-
gers extérieurs, ne puisse rouler
sans ETCS à partir de 2025.
Plus que 4.031 fois dormir… ■
ÉRIC RENETTE
sécuritéLes premiers
fruits de Buizingen
1re
balise 2e
balise 3e
balise
Double feu jaune
qui précède un feu rouge d'arrêt
Feu
rouge
Le train arrive
à 100 km/h
30.000 € (*)
300 m
Balise Balise
Le train arrive
à 100 km/h
300.000 € (*)
SYSTÈME TBL1+
SYSTÈME ETCS
STOP
STOP
Vérification de la diminution graduelle de la vitesse, la distance
de freinage variant selon la courbe de vitesse calculée par le système
Le conducteur est averti
du double feu jaune grâce
au signal de la 1re
balise
Il y a freinage d'urgence
si le train roule à plus
de 40 km/h
90
km/h 80 70 60 50 40 30 20
(*) Coût de l'équipement par locomotive
Le Soir - 19.12.13