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Négociations sur les changements climatiques/Conseil des chefs d'Etat des 29­30 octobre
              Recommandations du RAC­France et de ses associations membres

Contexte 
Alors qu'un peu moins de 40 jours nous séparent de la conférence capitale de Copenhague sur les 
changements   climatiques,   le   silence   de   l'Union   européenne   sur   la   question   du   soutien   financier   à 
apporter aux pays en développement n'est plus tenable. En octobre, lors de la session de Bangkok, les 
Etats­Unis ont proposé de créer un nouveau fonds pour aider les pays en développement. Bien que 
cette proposition soit de la poudre aux yeux, l'Union européenne, du fait de son absence de position sur 
ce sujet majeur du soutien financier et de la gouvernance, n'a pas été en mesure de faire une contre­
proposition concrète. La semaine dernière, les Ministres européens des finances se sont séparés sur 
un constat d’échec. La balle est désormais dans le camp des chefs d’Etat, qui doivent parvenir à fixer 
un   mandat   clair   et   ambitieux   pour   l’Europe.   Il   s’agit   du   dernier   conseil   de   haut   niveau   avant   la 
conférence de Copenhague et l’Europe ne peut se permettre un nouvel échec au risque de perdre son 
rôle moteur sur la scène internationale. Elle doit opérer un virage à 180° sur les points suivants : 
 
    1)  L'Europe doit envoyer des signaux positifs aux pays en développement sur la question 
        du soutien financier

 ­ s'engager sur un chiffre de soutien financier public de 35 milliards d'euros par an d'ici à 2020
 L'Union   européenne,   sous   couvert   de   ne   pas   abattre   toutes   ses   cartes   avant   la   dernière   nuit   de 
 Copenhague, n'a toujours pas de position sur le soutien financier public qu'elle est prête à apporter aux 
 pays en développement pour les aider à lutter contre le changement climatique et ses impacts. Les 
 chefs d'Etat européens doivent sans plus attendre se mettre d'accord sur ce point. Le RAC­France et 
 ses   associations   membres   estiment   que   les   pays   industrialisés   devront   mobiliser   au   minimum   110 
 milliards  d'euros  par an d'ici à  2020  pour  aider  les  pays en développement1. Ce  coût global  devra 
 ensuite être réparti entre les pays industrialisés en fonction de leur responsabilité historique en matière 
 d'émissions de gaz à effet de serre et de leurs moyens financiers et technologiques. L'UE devra pour sa 
 part contribuer à hauteur de 35 milliards d'euros par an d'ici 2020. 

­ s'engager sur des financements précoces pour la période avant 2012
Les pays en développement, pour « être sur les rails » au 1er janvier 2013,  lors de l'entrée en vigueur 
du nouvel accord, ont besoin d'être soutenus financièrement, en particulier pour : 
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réduction de leurs émissions ;
* mettre en œuvre de manière urgente leurs plans nationaux d'actions sur l'adaptation.
La Commission européenne a évalué ce besoin précoce de soutien financier entre 5 à 7 milliards par 
an pour 2010, 2011 et 2012. Les chefs d'Etat doivent officiellement s'engager à assumer leur part dans 
ce financement qui s'élève pour l'Union européenne entre 1, 7 et 2,5 milliards d'euros. 

­ s'engager sur un soutien financier additionnel aux objectifs d'aide publique au développement
Le changement climatique est un obstacle de plus au développement des pays les plus vulnérables. La 
plupart des pays industrialisés ne respectent pas leur objectif d'aide publique au développement et ils 
tentent d'y remédier sous couvert de financements pour le climat. Cette position est inacceptable. Les 
chefs d'Etat européens doivent arrêter de noyer leurs intentions dans des formules alambiquées et 
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les pays en développement. Ces derniers ne pourront en effet se contenter à Copenhague d'une vague 
promesse   de   financements.   Ils   gardent   en   mémoire   l'échec   des   contributions   volontaires   de   la 
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    2) L'Europe doit proposer des objectifs de réduction de ses émissions cohérents avec les 
       données scientifiques

­ s’engager sur un objectif de réduction de 40% d’ici à 2020
Pour   éviter   un   changement   climatique   dangereux   et   irréversible,   le   dernier   rapport   du   GIEC 
recommande une réduction des émissions des pays industrialisés entre 25% et 40% pour 2020, par 
rapport à 1990. Mais, cette fourchette ne nous donne qu'une chance sur deux de ne pas dépasser la 
limite   de   +2°C!   Le   principe   de   précaution   implique   donc   que   l'Europe   s'engage   sur   un   objectif   de 
réduction de ­40% pour 2020. C'est d'ailleurs l'objectif que la Norvège a annoncé lors de la dernière 
session de Bangkok. Les objectifs de réduction proposés actuellement par l'Europe (­20 et ­30% dans 
le cadre d'un accord international) font fi des recommandations de la science et nous mèneront droit à 
un réchauffement supérieur à 2°C. 

­ s’engager en faveur d'un système juridiquement contraignant de respect des obligations 
Les   pays   européens   sont   les   seuls   à   s'être   engagés,   via   l'adoption   du   paquet   énergie­climat   en 
décembre dernier, sur un plafond juridiquement contraignant de leurs émissions de gaz à effet de serre. 
Ils   ont   donc   tout   intérêt   à   ce   qu'un   système   similaire   de   contrainte   s'applique   au   reste   des   pays 
industrialisés. C'est pourquoi, les chefs d'Etat doivent officiellement défendre le maintien du système 
d'observance du protocole de Kyoto et son renforcement par le biais de sanctions financières en cas de 
non respect des obligations. 

Conclusion : 
L'Europe a un rôle majeur à exercer en faveur d'un accord ambitieux et équitable à Copenhague. Mais, 
ses querelles internes sur la question de l'argent public à lever la relèguent au rang de figurant sur la 
scène internationale. Elle doit rectifier le tir lors de la prochaine session de négociations de Barcelone, 
du 2 au 6 octobre, en arrivant avec des propositions nouvelles et concrètes.  Le prochain conseil des 
chefs d'Etat de jeudi et vendredi doit adopter des conclusions en ce sens, à condition toutefois que les 
leaders européens, en particulier Nicolas Sarkozy, en aient la volonté politique. Jusqu'à aujourd'hui, 
force est de constater que le Président de la République a été très peu actif sur la question cruciale des 
financements pour le climat. Sa proposition de créer une taxe d'ajustement aux frontières, sous couvert 
de se protéger du « dumping environnemental », est prématurée et contre­productive à ce stade des 
négociations. Le meilleur moyen d'éviter « des fuites de carbone » est de conclure un accord global et 
ambitieux à Copenhague. Pour ce faire, un   soutien doit être apporté aux pays en développement et 
Nicolas Sarkozy ne peut sur ce sujet se contenter d'agiter le bâton sans la carotte. 

Contacts : 
Morgane Créach, RAC­France : 06.89.78.44.93
Karine Gavand, Greenpeace France : 06.77.04.61.90
Magali Rubino, Oxfam France­Agir ici : 06 30 46 66 04
Elise Buckle, WWF France : +41.79.27.84.890 ou 06.43.82.02.77

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Communiqué de presse - Chefs d'état

  • 1. Négociations sur les changements climatiques/Conseil des chefs d'Etat des 29­30 octobre Recommandations du RAC­France et de ses associations membres Contexte  Alors qu'un peu moins de 40 jours nous séparent de la conférence capitale de Copenhague sur les  changements   climatiques,   le   silence   de   l'Union   européenne   sur   la   question   du   soutien   financier   à  apporter aux pays en développement n'est plus tenable. En octobre, lors de la session de Bangkok, les  Etats­Unis ont proposé de créer un nouveau fonds pour aider les pays en développement. Bien que  cette proposition soit de la poudre aux yeux, l'Union européenne, du fait de son absence de position sur  ce sujet majeur du soutien financier et de la gouvernance, n'a pas été en mesure de faire une contre­ proposition concrète. La semaine dernière, les Ministres européens des finances se sont séparés sur  un constat d’échec. La balle est désormais dans le camp des chefs d’Etat, qui doivent parvenir à fixer  un   mandat   clair   et   ambitieux   pour   l’Europe.   Il   s’agit   du   dernier   conseil   de   haut   niveau   avant   la  conférence de Copenhague et l’Europe ne peut se permettre un nouvel échec au risque de perdre son  rôle moteur sur la scène internationale. Elle doit opérer un virage à 180° sur les points suivants :    1)  L'Europe doit envoyer des signaux positifs aux pays en développement sur la question  du soutien financier  ­ s'engager sur un chiffre de soutien financier public de 35 milliards d'euros par an d'ici à 2020 L'Union   européenne,   sous   couvert   de   ne   pas   abattre   toutes   ses   cartes   avant   la   dernière   nuit   de  Copenhague, n'a toujours pas de position sur le soutien financier public qu'elle est prête à apporter aux  pays en développement pour les aider à lutter contre le changement climatique et ses impacts. Les  chefs d'Etat européens doivent sans plus attendre se mettre d'accord sur ce point. Le RAC­France et  ses   associations   membres   estiment   que   les   pays   industrialisés   devront   mobiliser   au   minimum   110  milliards  d'euros  par an d'ici à  2020  pour  aider  les  pays en développement1. Ce  coût global  devra  ensuite être réparti entre les pays industrialisés en fonction de leur responsabilité historique en matière  d'émissions de gaz à effet de serre et de leurs moyens financiers et technologiques. L'UE devra pour sa  part contribuer à hauteur de 35 milliards d'euros par an d'ici 2020.  ­ s'engager sur des financements précoces pour la période avant 2012 Les pays en développement, pour « être sur les rails » au 1er janvier 2013,  lors de l'entrée en vigueur  du nouvel accord, ont besoin d'être soutenus financièrement, en particulier pour :  * élaborer des stratégies de développement sobres en carbone, contenant des actions appropriées de  réduction de leurs émissions ; * mettre en œuvre de manière urgente leurs plans nationaux d'actions sur l'adaptation. La Commission européenne a évalué ce besoin précoce de soutien financier entre 5 à 7 milliards par  an pour 2010, 2011 et 2012. Les chefs d'Etat doivent officiellement s'engager à assumer leur part dans  ce financement qui s'élève pour l'Union européenne entre 1, 7 et 2,5 milliards d'euros.  ­ s'engager sur un soutien financier additionnel aux objectifs d'aide publique au développement Le changement climatique est un obstacle de plus au développement des pays les plus vulnérables. La  plupart des pays industrialisés ne respectent pas leur objectif d'aide publique au développement et ils  tentent d'y remédier sous couvert de financements pour le climat. Cette position est inacceptable. Les  chefs d'Etat européens doivent arrêter de noyer leurs intentions dans des formules alambiquées et  s'engager   sur   le   caractère   additionnel   des   finances   climat   aux   objectifs   d'aide   publique   au  1 70 milliards d'euros pour la réduction des émissions et 40 milliards d'euros pour l'adaptation. 
  • 2. développement. L’adaptation aux impacts du changement climatique implique des actions et dépenses  nouvelles dans les zones vulnérables. Il est illusoire de penser qu’elles pourront être mises en oeuvre à  coût constant. Ne pas garantir de financements additionnels équivaut à demander aux pays du sud de  choisir entre la construction d’une nouvelle digue ou d’une nouvelle école. ­ s'accorder sur de nouveaux mécanismes pérennes et automatiques de levée des fonds  La France et d'autres pays industrialisés avancent régulièrement l’argument budgétaire pour justifier la  faiblesse   de   leurs   engagements   sur   le   financement.   Toutefois,   plusieurs   nouveaux   mécanismes   de  financements ont été proposés dans le cadre des négociations. Parmi eux, un système de mise aux  enchères des droits d'émissions des pays industrialisés ou des droits d'émissions des secteurs aériens  et maritimes internationaux. Ces instruments permettront de générer des revenus automatiques pour  les pays en développement. Ces derniers ne pourront en effet se contenter à Copenhague d'une vague  promesse   de   financements.   Ils   gardent   en   mémoire   l'échec   des   contributions   volontaires   de   la  Convention climat et du protocole de Kyoto.  2) L'Europe doit proposer des objectifs de réduction de ses émissions cohérents avec les  données scientifiques ­ s’engager sur un objectif de réduction de 40% d’ici à 2020 Pour   éviter   un   changement   climatique   dangereux   et   irréversible,   le   dernier   rapport   du   GIEC  recommande une réduction des émissions des pays industrialisés entre 25% et 40% pour 2020, par  rapport à 1990. Mais, cette fourchette ne nous donne qu'une chance sur deux de ne pas dépasser la  limite   de   +2°C!   Le   principe   de   précaution   implique   donc   que   l'Europe   s'engage   sur   un   objectif   de  réduction de ­40% pour 2020. C'est d'ailleurs l'objectif que la Norvège a annoncé lors de la dernière  session de Bangkok. Les objectifs de réduction proposés actuellement par l'Europe (­20 et ­30% dans  le cadre d'un accord international) font fi des recommandations de la science et nous mèneront droit à  un réchauffement supérieur à 2°C.  ­ s’engager en faveur d'un système juridiquement contraignant de respect des obligations  Les   pays   européens   sont   les   seuls   à   s'être   engagés,   via   l'adoption   du   paquet   énergie­climat   en  décembre dernier, sur un plafond juridiquement contraignant de leurs émissions de gaz à effet de serre.  Ils   ont   donc   tout   intérêt   à   ce   qu'un   système   similaire   de   contrainte   s'applique   au   reste   des   pays  industrialisés. C'est pourquoi, les chefs d'Etat doivent officiellement défendre le maintien du système  d'observance du protocole de Kyoto et son renforcement par le biais de sanctions financières en cas de  non respect des obligations.  Conclusion :  L'Europe a un rôle majeur à exercer en faveur d'un accord ambitieux et équitable à Copenhague. Mais,  ses querelles internes sur la question de l'argent public à lever la relèguent au rang de figurant sur la  scène internationale. Elle doit rectifier le tir lors de la prochaine session de négociations de Barcelone,  du 2 au 6 octobre, en arrivant avec des propositions nouvelles et concrètes.  Le prochain conseil des  chefs d'Etat de jeudi et vendredi doit adopter des conclusions en ce sens, à condition toutefois que les  leaders européens, en particulier Nicolas Sarkozy, en aient la volonté politique. Jusqu'à aujourd'hui,  force est de constater que le Président de la République a été très peu actif sur la question cruciale des  financements pour le climat. Sa proposition de créer une taxe d'ajustement aux frontières, sous couvert  de se protéger du « dumping environnemental », est prématurée et contre­productive à ce stade des  négociations. Le meilleur moyen d'éviter « des fuites de carbone » est de conclure un accord global et  ambitieux à Copenhague. Pour ce faire, un   soutien doit être apporté aux pays en développement et  Nicolas Sarkozy ne peut sur ce sujet se contenter d'agiter le bâton sans la carotte.  Contacts :  Morgane Créach, RAC­France : 06.89.78.44.93 Karine Gavand, Greenpeace France : 06.77.04.61.90 Magali Rubino, Oxfam France­Agir ici : 06 30 46 66 04 Elise Buckle, WWF France : +41.79.27.84.890 ou 06.43.82.02.77