A une époque où seules les connaissances basées sur une pensée logique ont valeur de vérité, le professeur Luc Montagnier écrivait dans un article des enjeux en mars 2008 : « il nous reste encore à puiser dans l’expérience que nos ancêtres ont accumulée pendant des millénaires sur les soins par les plantes ».
Comment nos ancêtres ont-ils accumulé ce savoir ? Intuition, réflexion, observation de la plante…
Heureusement, à cette expérience ancestrale, s’ajoute maintenant de nombreuses études scientifiques venant confirmer les bienfaits de ces substances végétales.
Passionné depuis plus de 15 ans par une approche naturelle de la santé, je me propose de partager une analyse sur trois sujets permettant d’envisager l’aromathérapie. Il est toujours intéressant d’enrichir notre palette de traitements avec des solutions simples, naturelles, peu coûteuses qui nous permettent très souvent d’accélérer le processus de guérison.
L'aromathérapie : qu'est-ce que c'est ?
L’aromathérapie est une branche de la phytothérapie. Par la préfixe "aroma" , une perception courante veut que l’aromathérapie se résume à diffuser d’agréables odeurs juste pour le plaisir...
Or le suffixe "thérapie" indique bien qu’il s’agit d’une approche de soin dont les essences aromatiques des plantes constituent la base. L’appellation qui est devenue d’usage courant pour parler des essences aromatiques est « l’huile essentielle ».
Qu'est ce qu'une huile essentielle ?
L’huile essentielle est une substance odorante volatile produite par certaines plantes et pouvant être extraite sous forme de liquide. Bien qu’on les appelle huiles, ces substances ne contiennent aucun corps gras : une goutte déposée sur un papier s’évaporera sans laisser de trace contrairement à une huile végétale. Le règne végétal compte plusieurs centaines de milliers d’espèces et 4500 d’entre elles fabriquent des essences aromatiques ; toutefois, seulement quelques centaines le font en quantité suffisante pour qu'on puisse les extraire...
reseauprosante.fr
Phytochemical profile and antioxidant activity of two varieties of dates (Pho...
Des plantes aromatiques a l'aromathérapie - scientifique et médicale.
1. LeMagazinedesinternesetdel’ISNIH
LeMagazinedesinternesetdel’ISNIH
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REGARD SUR…
L’AROMATHÉRAPIE
DESPLANTESAROMATIQUES
A L’AROMATHERAPIE
SCIENTIFIQUE ET MEDICALE
OH
L’aromathérapie est une branche de la phytothérapie.
aroma », une perception courante veut que l’aromathérapie se
résume à diffuser d’agréables odeurs juste pour le plaisir...
thérapie » indique bien qu’il s’agit d’une approche de soin dont
les essences aromatiques des plantes constituent la base. L’appellation qui est
devenue d’usage courant pour parler des essences aromatiques est « l’huile
essentielle ».
L’huile essentielle est une substance odorante volatile produite par certaines
plantes et pouvant être extraite sous forme de liquide. Bien qu’on les appelle
huiles, ces substances ne contiennent aucun corps gras : une goutte déposée
sur un papier s’évaporera sans laisser de trace contrairement à une huile
végétale. Le règne végétal compte plusieurs centaines de milliers d’espèces
et 4500 d’entre elles fabriquent des essences aromatiques ; toutefois, seule-
extraire...
Une huile essentielle peut renfermer jusqu’à plusieurs centaines de molé-
cules différentes, chacune ayant des propriétés particulières (antiseptique,
regroupent ces molécules en plusieurs chémotypes ou « familles biochi-
miques » - cétones, esters, coumarines, phénols, monoterpénols, etc. -, en
fonction de la similarité de leurs propriétés.
Germe Début des
traitements
Après 15 Jours de
traitement
Après 30 Jours de
traitement
Après 45 Jours de
traitement
Escherichia coli
Pseudomonas pyocyanea
Staphylococcus, aureus
Staphylococcus albicans
Citrobacter
Streptococcus pyogènes
Streptococcus fécali
Protéus mirabilis
Entérobacter
24
21
19
6
6
5
5
4
2
11
9
6
1
1
3
1
2
1
6
2
3
0
0
0
0
1
0
0
0
1
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0
0
0
0
0
92 35 12 1
Faite en 10 à 15 jours
L’ INTÉRÊT DE L’AROMATHÉRAPIE POUR LA CICATRISATION DE TOUS TYPES DE PLAIE
Le miel entraîne la cicatrisation des plaies à un prix modéré, et peut être utilisé dans nos formations hospitalières pour minimiser
les dépenses induites par le traitement classique des plaies. EFEM à Calabar a traité 59 plaies de toute nature et a obtenu des
plaies au miel, même celles qui ont résisté aux topiques locaux habituels. Il a constaté que cette apithérapie a permis une greffe
de granulation est apparu après une semaine de traitement ; en moyenne la cicatrisation s’est faite en 10 à 15 jours
(ATTIPOU K, ANOUKOUM T, et al. 1993)
Certains services hospitaliers ou mai-
sons de retraite utilisent le miel sur
tous types de plaies selon le protocole
du professeur Descottes du CHU de Li-
moges.
L’utilisation conjointe de miel et des
huiles essentielles nous permettra non
seulement de maîtriser des germes ré-
sistants que l’on peut trouver au niveau
des plaies mais également de nous ame-
ner une cicatrisation beaucoup plus
rapide. Un autre de ces avantages et
pas le moindre est la diminution voir la
suppression rapide des odeurs nauséa-
bondes se dégageant des plaies.
Ces plaies dégénératives où se logent
des germes pathogènes ont un point
commun : elles semblent sans vie.
Apres quelques jours, de ce protocole on
s’aperçoit que la vie revient et les bour-
geons de cicatrisation suivent. En plus
du succès du soin et du confort apporté
au patient s’ajoute la satisfaction du per-
sonnel soignant de visualiser à chaque
soin la bonne évolution de la plaie.
La disparition des odeurs dégagées réta-
blie la possibilité d’un contact relation-
nel et social du patient avec son entou-
rage (famille, amis, équipe soignante).
Ce protocole n’est ni lourd ni compliqué
et le temps de guérison amélioré de 30
Les expériences concluantes de ce pro-
tocole de soins concernant les plaies et
les escarres nous incitent à porter notre
-
sique et à nous réconcilier avec les thé-
rapies naturelles.
connaissances basées sur une
pensée logique ont valeur de véri-
té, le professeur Luc Montagnier
écrivait dans un article des enjeux
en mars 2008 : « il nous reste
encore à puiser dans l’expérience
que nos ancêtres ont accumulée
pendant des millénaires sur les
soins par les plantes ».
Comment nos ancêtres ont-ils
accumulé ce savoir ? Intuition, ré-
Heureusement, à cette expérience
ancestrale, s’ajoute maintenant de
ces substances végétales.
Passionné depuis plus de 15 ans
par une approche naturelle de la
santé, je me propose de partager
une analyse sur trois sujets per-
mettant d’envisager l’aromathé-
rapie. Il est toujours intéressant
d’enrichir notre palette de traite-
ments avec des solutions simples,
naturelles, peu coûteuses qui nous
permettent très souvent d’accélé-
rer le processus de guérison.
2. LeMagazinedesinternesetdel’ISNIH
LeMagazinedesinternesetdel’ISNIH
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DE L’USAGE D’UN AROMATE À UN PRODUIT
ANTI-INFECTIEUX UN ARTICLE TRES RECENT PUBLIÉ SUR UNI-VADIS.FR
Dr Jack Breuil : août 2011
La coriandre
Les chercheurs de l’Université de Beira
Interior; portugal, l’ont testée contre
une douzaine d’espèces bactériennes
potentiellement pathogènes à Gram po-
sitif et négatif, dont E coli, salmonelles
et staphylocoques, y compris résistant
aux antibiotiques, par des techniques
classiques de microbiologie en concen-
trations inhibitrices complétées de cy-
l’HE de coriandre exerçait de fortes acti-
vités bactéricides sur de nombreuses es-
pèces de bactéries, à l²‘exception cepen-
dant de Bacillus cereus ou Enterococcus
fæcalis. Le mécanisme en cause, selon
les portugais, serait essentiellement lié
à une toxicité sur les membranes bacté-
riennes, avec altération de leur effet bar-
rière et inhibition des processus vitaux
induits, respiratoires et autres, aboutis-
les auteurs, c’est clair : les remarquables
propriétés anti-infectieuses de l’HE de
coriandre en font un produit de grand
avenir, adapté par exemple au contrôle
des toxi-infections alimentaires collec-
tives ou des infections nosocomiales.
Effectivement les études concernant les
propriétés anti-infectieuses des huiles
essentielles sur pub Med sont de plus en
plus nombreuses.
Que ce soit la cannelle qui contient des
aldéhydes aromatiques (acide cinna-
mique), l’origan des phénols (carvacrol),
ou la coriandre avec ses monoterpenols,
une des particularités de l’aromathéra-
pie est d’utiliser un produit qui contient
des dizaines de molécules différentes.
Cette particularité semble primordiale
puisque je pense que c’est justement
l’utilisation de toutes ces molécules de
manière simultanée qui nous permet-
tra d’utiliser des doses dans les traite-
ments complémentaires aromatiques
inférieurs souvent aux cmi calculé en
laboratoire.
Faire entrer l’HE de coriandre à l’hôpi-
tal ? C’est ce qu’envisagent les auteurs,
pour qui elle pourrait être une alterna-
tive «naturelle» à certains traitements
antibiotiques et une arme contre les
bactéries multi résistantes. Un point de
vue qu’on pourrait certainement parta-
ger, au moins en partie, avec eux. Et ce
d’autant plus, d’ailleurs, que quasi si-
multanément à cette publication dithy-
rambique en paraissait une autre, réali-
sée plus au nord de l’Europe à Freiburg,
Allemagne. Les auteurs de ce second
essai avaient de leur côté testé l’HE de
coriandre en établissant les CMIs pour
différentes espèces bactériennes res-
ponsables d’infections cutanées ; eux
aussi avaient détecté la forte activité
du produit, notamment sur des strep-
tocoques pyogènes ou des staphylo-
coques, résistant ou non à la méticilline.
Mais, ne s’arrêtant pas en si bon chemin,
ils l’avaient incorporé à des crèmes et en
avaient badigeonné une quarantaine de
volontaires, pour prouver, avec succès,
que leur thérapeutique était aussi bien
semble incontestablement sur le point
de gagner quelques galons médicaux...
Pratiquement toutes les huiles essen-
tielles aux propriétés anti-infectieuses
vont contenir une molécule dominante
(ici le Linalol) présentant en général
une concentration supérieure concen-
molécules. Cependant différents usages
de l’utilisation d’une seule de ces molé-
et augmenter ses effets indésirables.
Ainsi l’usage actuel des huiles essen-
tielles dans les préparations anti-in-
fectieuses est de mélanger plusieurs
huiles essentielles différentes sans pour
autant augmenter la concentration en
principes actifs. De manière générale,
les différents soins réalisés avec les
huiles essentielles dans un cadre anti-
infectieux sont très encourageants. Ils
ont également surtout l’avantage de
pouvoir cumuler avec les soins clas-
siques et donc de nous rassurer dans
cette approche nouvelle
Pour exemple voici les principaux constituants de coriandum sativum huiles essentielles.
Principaux constituants biochimiques :
UNE ODEUR DE VANILLE DANS NOS COUVEUSES
L’impact de la vanille sur la respiration
du nouveau-né prématuré
L ‘exposition du prématuré à deux odeurs, agréable ou
de son rythme respiratoire. Quand se répand une mau-
vaise odeur, la respiration du bébé ralentit, alors qu’elle
s’accélère dans une odeur de vanille.
les plus graves, à savoir les apnées associées à des brady-
cardies sévères.
3. LeMagazinedesinternesetdel’ISNIH
LeMagazinedesinternesetdel’ISNIH
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L’odeur de vanille, diffusée dans l’incubateur durant 24 heures
à faible intensité, fait apparaître une diminution moyenne de
36% du nombre total des apnées...
-
curiosité et intérêt pour cette démarche.
Cette étude sur la physiologie de nos
prématurés est très intéressante, elle
nous montre l’effet que peuvent avoir
les odeurs sur notre physiologie. Le sys-
tème olfactif est, avec l’ouïe, l’organe
des sens spatialement le plus proche
du cerveau. Il est aussi le premier à se
former lors de l’embryogenèse, ce qui
traduit probablement l’importance que
l’odorat devait avoir pour nos ancêtres.
Montaigne était-il précurseur lorsque
qu’il écrivait « La médecine pourrait (ce
crois-je) tirer des odeurs, plus d’usage
qu’elle ne le fait : car j’ai souvent aper-
çu qu’elles me changent, et agissent
en mes esprits, selon qu’elles sont. »
Dans les années 1960, des recherches
menées par le professeur Lipsitt ont
permis de démontrer qu’il existe des ca-
pacités de détection et d’apprentissage
des odeurs chez le nouveau-né. Même «
in utero », le système olfactif du fœtus
est un des premiers sens à se mettre en
place entre 11 et 15 semaines. L’exposi-
tion du fœtus aux substances odorantes
transportées par le liquide amniotique
lui donne une première expérience ol-
ses préférences après la naissance.
Arôme, est d’ailleurs souvent et uni-
quement assimilée à une action olfac-
tive. C’est justement celle-ci qui nous
intéresse dans certain cadre de soins.
Si ancestralement certaines odeurs
pouvaient signaler une situation dan-
gereuse, certaines odeurs, clairement
-
sage de calme ou de sérénité au patient.
action sur nos émotions ou sur nos humeurs.
Dans le cadre de soins palliatifs, ou maisons de retraite médicalisées, différents praticiens ont pu constater l’énorme avantage
d’un résident par des odeurs de mandarine, ou de diminuer le stress de patients par une odeur de petits grains bigarade
COMME NOUS POUVONS LE CONSTATER, L’USAGE
DES HUILES ESSENTIELLES EST MULTIPLEDépression et Aromathérapie
-
mathérapie combinée à des séances de massage dans le traitement des symptômes de dépression12. Les auteurs ne peuvent
des gens dépressifs.
Troubles cognitifs et Aromathérapie
durant 4 semaines14. Les patients ont été placés au hasard dans un groupe expérimental recevant 3 fois par jour 2 gouttes
d’huile sur les vêtements ou dans un groupe témoin sans traitement actif. Les résultats révèlent un effet positif en faveur de
l’aromathérapie en ce qui concerne l’agitation et les symptômes neuropsychiatriques
Geriatr Gerontol Int. 2008;8(2):136-8
Nous avons découvert ici quelques po-
tentialités des huiles essentielles, que
ce soit pour un usage topique ou dans
le cadre d’une diffusion atmosphérique.
L’usage des huiles essentielles nécessite
de connaître les précautions d’emploi
ainsi que les différentes compositions
biochimiques de ces substances végé-
tales.
Cependant, en regard de l’énorme bé-
apprentissage est facilement accessible
lorsqu’on maîtrise les bases scienti-
Les progrès de la médecine ont mis à
notre disposition un grand nombre de
contre la maladie et la douleur physique
et les avantages incalculables de cette
richesse nous semblent chose toute na-
turelle.
Nous venons d’évoquer l’énorme po-
tentiel des huiles essentielles, quintes-
sences végétales aux pouvoirs surpre-
nants. S’il est facile de dire que l’homme
-
cile de se rappeler que la nature est dans
l’homme.
F. TOURNAY
Dr en pharmacie,
en aromathérapie
FRANCOISTOURNAY@FRANCOISTOURNAY.FR