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HAÏTI/ENVIRONNEMENT
Changement climatique: Haïti prépare son accessibilité au Fonds vert
Le pays fait face depuis quelque temps à de sérieux problèmes environnementaux. Les autorités haïtiennes à travers le ministère de
l’Environnement et ses partenaires ont organisé un atelier de formation sur le Fonds vert climat en vue de mieux informer les gens sur
les différents problèmes auxquels l’environnement est confronté particulièrement sur les effets néfastes du changement climatique.
Cette conférence qui s’est déroulée à la salle de conférence du ministère s’inscrit dans le cadre du programme préparatoire pour
qu’Haïti puisse accéder audit fonds.
Le Canada expulse des
illégaux Haïtiens
Des migrants haïtiens arrêtés à la frontière entre le Canada et les États-Unis.
VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018 NUMÉRO 724
HAÏTI/EXAMENS D’ÉTAT
Le MENFPsatisfait,
les syndicats
d’enseignants
critiquent
Le ministère de l’Éducation
nationale et de la Formation
professionnelle (MENFP) confirme
être prêt pour le déroulement de la
session extraordinaire des examens
de fin d’études secondaires pour
l’année académique 2017-2018. Au
cours d’une conférence de presse
tenue en son local, le jeudi 9 août,
les responsables dudit ministère
se sont décernés un satisfecit
pour les efforts consentis dans la
réalisation des examens. Entre-
temps, des syndicats d’enseignants
critiquent les autorités du ministère
et qualifient de fiasco la réalisation
des derniers examens.
»»» Lire page 2
Cayes:àmoinsd’une
semainedelaNotre-Dame,
riennechange
»»» suite page 4
»»» suite page 3
CULTURE ÉCONOMIE
Pour sauver l’honneur !
SOCIÉTÉ SPORT
Une ferme agricole
vole au secours de la
noix de cajou
Josué Blanchard : un
artiste engagé dans la
forme et le fond
2 | N0
724 VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018
S
elon des données de
l’Agence des services
frontaliers, en 2017, il y a eu
434 renvois de demandeurs
d’asile d’origine haïtienne. Cette
année, jusqu’à date, il y a eu
67 expulsions portant le total à
501. Selon le TVA Nouvelles,
des migrants haïtiens ont
entamé des manifestations pour
réclamer l’arrêt des expulsions de
demandeurs d’asile vers Haïti.
Après la vague fuite des migrants
versleCanadaen2017,cetteannée,
l’Agence des services frontaliers
du Canada a décidé de renvoyer
les migrants dans leur pays
d’origine et non aux États-Unis,
pays par lequel ils ont transité.
Une fois qu’ils reçoivent leur avis
d’expulsion, ils demeurent pour
la majorité en liberté, mais ils
doivent respecter la date de renvoi
et se présenter à l’aéroport.
Cependant, si l’Agence des services
frontaliers décèle un risque de
fuite, cela peut constituer un motif
de détention jusqu’au renvoi.
Moins de 1 % des demandeurs sont
détenus avant ou après la décision.
Les billets d’avion sont payés
par les demandeurs d’asile eux-
mêmes. Cependant, d’après Me
Éric Taillefer, avocat spécialisé en
immigration, si la personne n’a pas
les moyens pour couvrir les frais
du billet, l’Agence des services
frontaliers prend en charge ces
frais.
Par contre, selon Me Éric Taillefer,
il y a une conséquence à cette prise
en charge. « Si la personne veut
revenir un jour au Canada, que ce
soit comme résident permanent,
comme étudiant ou comme
travailleur, elle va devoir payer
des frais administratifs de 1500 $
par billet que l’Agence a payé », a
expliqué Me Taillefer.
En outre, Me Taillefer a confirmé
que les demandeurs d’asile
renvoyés qui voudraient revenir
au Canada devront payer des frais
de 400 $ lorsqu’ils présenteront
une demande d’autorisation pour
revenir au Canada.
Il faut souligner que ces migrants
illégaux ont fui les États-Unis
d’Amérique pour le Canada après
les propos du président américain,
Donald Trump, évoquant le non-
renouvellement du TPS. Par peur
de renvoi dans leur pays d’origine,
ces migrants ont essayé de franchir
les frontières canadiennes pour se
mettre à l’abri d’un refoulement
en Haïti.
Woovins St Phard
stpharwoovins@gmail.com
| ACTUALITÉ
Un virage vers les collectivités
territoriales?
Bien que la dialectique du maître et de l’esclave chère à Hegel semble
éloignée des temps modernes, elle reste néanmoins d’actualité et paraît
tout à fait liée aux conditions d’existence des collectivités territoriales. Sous
divers aspects de leur mode de vie, ces structures se trouvent manifestement
en position d’esclaves. Dans ces conditions, leur chemin vers la liberté se
trouve ainsi dans leur velléité à se montrer à la hauteur de leur mission en
devenant proactives. Et c’est presque dommage.
Mais c’est pour remédier assurément à cette situation qui entrave même
l’avenir des communes que le président de la République a convenu de
procéder la semaine dernière à un virage vers les collectivités territoriales.
Jovenel Moïse a remis trente-sept camions compressifs à une vingtaine
de mairies de la région métropolitaine, de la province et du Service
métropolitain des collectes des résidus solides (SMCRS). Lors de la
cérémonie, il a exhorté les différents maires à faire bon usage de ces
équipements en faisant l’éloge de la caravane et ses réalisations. Ce
geste est un tournant décisif dans le fonctionnement régulier de ces élus
particulièrement durant la saison cyclonique. C’est à encourager, mais c’est
insuffisant compte tenu de la dimension des difficultés d’ordre matériel
et financier des collectivités territoriales. “La majorité des maires du pays
n’ont pas la capacité financière pour acheter ces camions qui coûtent plus
de 30 millions de gourdes et sont confrontés à divers problèmes. C’est le
rôle du pouvoir central d’accompagner les collectivités dans leur mission
de service à la population”, a déclaré en substance le chef de l’État qui avait
remis récemment des véhicules de fonction à des élus locaux.
Outre la collecte et le ramassage des ordures solides, toutes les mairies ont
en commun des services obligatoires et facultatifs. Au seuil de la rentrée
scolaire, le virage vers les CT est une bonne chose. Mais les villes et les
communes sont tenues de mettre à disposition des écoles communales des
locaux,dumobilier,dumatériel,desfournituresetlasubventionnécessaires
à leur fonctionnement. Le maire bénéficie d’une double casquette: il est à la
fois l’agent de l’État et de la commune.
Mais quels sont les rapports de l’État et des CT? En quoi consiste le droit de
regarddupouvoircentralsurleslibertésdesCT?LaConstitution(amendée)
reconnait, en effet, l’indépendance municipale. C’est le fruit d’une longue
lutte. Soumise à des vicissitudes fréquentes, elle est sacrée. Les villes et les
communes sont des agglomérations ayant l’avantage constitutionnel de
s’administrer elles-mêmes en équilibrant leur budget souvent mal assis. Les
conseils municipaux sont conscients d’être les représentants des intérêts
communaux, en même temps qu’ils sont devenus dès leur élection des
agents de l’État chargés d’assurer l’administration communale.
La réalité des mairies est telle qu’il est impossible de juger l’efficacité
des CT sur leurs résultats. Même s’il faut admettre que bien des cartels
municipaux sont formés de maires d’une compétence relative et d’une
honnêteté questionnable et qu’ils ont toujours éprouvé le besoin de
s’affirmer davantage. D’où le droit de regard du pouvoir central, instance
suprême de régulation de l’administration municipale et gardienne de la
bonne marche des institutions.
Depuis des années, la vie communale est nulle et sans effets. Ou
presque. L’initiative parlementaire consistant à élaborer un projet de loi
sur l’organisation municipale est un pas dans la direction des libertés
locales. Et après? Or, l’action du gouvernement n’est vraiment féconde
et bienfaisante, qu’autant qu’elle est servie par les CT. De tous les agents
municipaux, le plus utile, quoique le plus incompris, le plus indispensable,
le plus difficile à remplacer s’il venait à manquer, c’est assurément le maire
de la commune. Autant reconnaitre l’indépendance des CT.
Tout gouvernement bien inspiré prend nécessairement la mesure de cette
réalité. Qu’on prenne donc garde de ne pas affaiblir par de mauvaises
pratiques administratives les institutions républicaines que l’on prétend
servir de bon droit. À l’heure actuelle, ce qui importe ce n’est pas un simple
virage vers les CT, mais le respect du principe de leur indépendance par
rapport au pouvoir central.
Robenson Bernard
ÉDITO
Le Canada expulse des illégaux
Haïtiens
Le Canada a procédé à une campagne d’expulsion des
migrants illégaux, demandeurs d’asile, ayant transité
par les États-Unis d’Amérique. De 2017 à 2018,
plusieurs centaines de migrants haïtiens ont été expulsés
du Canada, selon le TVA Nouvelles.
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VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018 N0
724 | 3
L
es responsables du
MENFP ont présenté un
inventaire de l’évolution du
processus de planification
de la session extraordinaire des
examens de baccalauréat pour
cette année. Ils en ont profité pour
annoncer que tout est fin prêt pour
le déroulement de cette dernière
manche.
Selon ce qu’a confirmé le directeur
général du ministère, Meniol
Jeune, toutes les dispositions
sont déjà prises pour faciliter le
bon déroulement des examens
à l’extraordinaire. Une position
confirmée par le directeur
de l’Éducation au niveau du
département de l’Ouest, Louis
Fritz Dorminvil, qui informe
que tous les centres d’examens
pour son département sont déjà
identifiés et que seulement 20 %
de la totalité des inscrits auront
à prendre part à cet examen de
reprisequisedérouleradu13au17
août 2018. Le MENFP a, en outre,
annoncé une durée de seulement
trois jours pour les corrections
afin de ne pas entraver la nouvelle
année scolaire.
Le directeur général du MENFP
en a profité pour lancer des mots
de félicitations à l’endroit de toute
l’équipe de la chaine éducative
haïtienne qui a réalisé un travail
colossal en vue de parvenir, dit-
il, à la mise en œuvre réelle d’une
éducation de qualité dans le pays.
Alors que les autorités du
ministère font état de leur
satisfaction, des organisations
syndicales, dont l’Union nationale
des normaliens et normaliennes
haïtiens (UNNOH), critiquent
la réalisation de ces examens
et la façon dont les autorités
dirigent le ministère. Selon les
responsables de cette structure,
l’équipe présidée par le ministre
Pierre Josué Agenor Cadet a
piteusement échoué durant cette
année académique.
Selon le bilan dressé par cet
organisme, le ministre et ses
collaborateurs ont connu
un passage à vide à la tête de
l’institution. De leur avis, le règne
du ministre Cadet était caractérisé
par l’arrogance, le mensonge,
l’absence de dialogue, le déficit
d’une gouvernance éclairée ; ce
qui ne concorde pas aux lois de
la nation. Face à ces constats, les
syndicalistes annoncent la reprise
des mouvements de protestations
dans un autre format. « Nous
allons changer de paradigme dans
la bataille. Cette fois, la bataille
sera inclusive en vue de doter le
système de citoyens honnêtes et
engagés»,annoncentlesdirigeants
de l’UNNOH.
Notons au passage que le MENFP
annoncequ’ilareçuunesubvention
de 50 millions de gourdes pour
aider les parents à préparer la
nouvelle entrée académique. Le
directeur Meniol Jeune invite tous
les parents, désireux de bénéficier
de ce soutien, à soumettre leurs
dossiers au local du MENFP.
Daniel Sévère
ACTUALITÉ |
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Le National Montréal
9323 Boulevard Maurice Duplessis
Rivière Des Prairies
QC HIE 6N5
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Le directeur général du MENFP, Meniol Jeune. Josué Mérilien.
HAÏTI/EXAMENS D’ÉTAT
Le MENFPsatisfait, les syndicats d’enseignants
critiquent
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4 | N0
724 VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018
L
a Direction des
changements climatiques
(DCC) du ministère de
l’Environnementdeconcert
avec le Programme des Nations
unies pour le développement
(PNUD) a organisé les 7 et 8 août
2018 un atelier de formation sur
le Fonds vert climat, une initiative
qui, selon les organisateurs de
cet atelier, s’inscrit dans le cadre
du programme préparatoire
d’Haïti à l’accès à ce fonds. Ces
deux journées d’assises ont pour
objectif d’informer les divers
participants sur les procédures
d’accréditation et les modalités
d’accès au Fonds vert climat
(FVC) et du même coup réviser le
manuel d’opération de l’autoroute
nationale désignée (AND). C’est
en tout cas le quatrième grand
atelier d’information sur le Fonds
vert climat qu’a organisé le MDE
selon une note publiée par le
ministère de la Culture et de la
Communication.
« Nous sommes arrivés à un
carrefour ou chaque personne
doit apporter son soutien, sa
contribution afin de pallier les
effets néfastes du changement
climatique. C’est pour cette raison
queleMDEs’organisepourdoterle
pays d’un programme national de
financement qui prend en compte
les priorités d’investissement dans
la mitigation et de l’adaptation
au changement climatique » a
déclaré James Cadet, le directeur
des changements climatiques du
MDE .
Par ailleurs, le directeur de la
DDC informe que ces deux
journées de formation visent
particulièrement les directeurs
techniques des bureaux centraux
et départementaux du MDE,
les représentants des ministères
sectoriels tels que : le ministère
de l’Économie et des Finances
(MEF), le ministère de la
Planification et de la Coopération
externe (MPCE), le ministère
de l’Agriculture, des Ressources
naturelles et du Développement
rural (MARNDR), le ministère
des Travaux publics, Transport
et Communication (MTPTC).
Ces assises ont pour objectif,
poursuit le directeur, de fournir
une plateforme de formation et de
sensibilisation sur les modalités de
ce mécanisme de financement, le
processus d’accès au financement,
entre autres.
Le lancement officiel de ses
deux journées de formation a
été fait par le chef du cabinet du
ministre de l’Environnement
démissionnaire, Joseph Ronald
Toussaint. Dans son allocution,
M. Ronald Toussaint a fait le point
sur les différentes opportunités
que présente ce mécanisme de
financement tant important pour
l’État haïtien que pour les acteurs
de la société civile. Il a souligné en
outre l’importance du programme
de préparation à l’accès au Fonds
vert pour le climat « Readiness ».
Il faut rappeler qu’Haïti figure
parmi les pays les plus exposés au
monde et 5e
pays le plus vulnérable
aux aléas du changement
climatique.
Jodel Alcidor
| ACTUALITÉ
»»»» suite de la première page
HAÏTI/ENVIRONNEMENT
Changement climatique: Haïti prépare son accessibilité au
Fonds vert
HAÏTI/EXÉCUTIF
LeSénatatransmisdeuxnouvellesloisàl’Exécutifauxfinsde
publication
Au terme d’une séance très animée, le 3 juillet 2018, les sénateurs avaient voté, les deux propositions de loi
; l’une relative à la promotion de la culture et l’autre sur les normes d’accessibilité à l’environnement bâti.
Après les corrections nécessaires, les textes ont été acheminés au Pouvoir exécutif pour être publiés au journal
officiel du pays « Le Moniteur ».
D
eux nouvelles lois ont
été transmises au début
de cette semaine au
pouvoir exécutif pour
être publiées dans le journal officiel
« le Moniteur ». Il s’agit d’une des
prérogatives de l’Exécutif. Ces
deux textes de loi ont été votés, lors
d’une séance plénière très houleuse
qui s’était déroulée le mardi trois
juillet 2018 au terme d’une séance.
La proposition de loi relative à
la promotion de la culture et à
l’aide aux artistes et aux artisans
est une initiative du sénateur de
l’Artibonite, Gracia Delva qui a été
votée à la Chambre des députés en
2013. Cette loi prend en compte
plusieurs aspects dans le domaine
de la culture notamment, la
protection sociale des artistes et la
protection de la culture, le quota de
diffusion de la musique haïtienne
sur les stations de radio et de
télévision, la création d’un comité
permanent du Canaval, la plus
grande manifestation culturelle du
pays ainsi que la formation d’une
structure permanente consacrée
à l’organisation d’évènements
culturels .
S’agissant du projet de la loi
sur les normes d’accessibilité
de l’environnement bâti, il a été
adopté en Conseil des ministres
le vendredi 30 juin 2018 et
transmis au Parlement le 19 avril
2017. Son accessibilité repose
sur des principes de conception
universelle qui visent à assurer
la conception, la construction,
l’aménagement et la gestion d’un
environnement bâti tenant compte
des besoins et des aptitudes de
tous les usagers y compris ceux
des personnes handicapées. Il
faut rappeler que, ce projet de loi
avait fait suite aux dispositions
du titre IV de la loi du 13 mars
2012 portant sur l’intégration
des personnes handicapées qui
traite des obligations spécifiques à
l’environnement bâti.
Pour l’instant, le Parlement est
dans l’expectative. Puisque, selon
la Constitution en vigueur, le
pouvoir exécutif a 8 jours francs
pour faire objection.
Jodel Alcidor
VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018 N0
724 | 5
L
e Réseau national de
défense des droits humains
(RNDDH) a qualifié
d’illégales et d’arbitraires
les opérations menées par
plusieurs entités à Pèlerin 5 au
début du mois de juillet 2018,
dont l’objectif était, selon le
RNDDH de déloger trente-quatre
familles qu’ils reprochent de
représenter une menace pour la
famille présidentielle. À la suite
de ces opérations, les maisons de
sept familles ont été démolies.
En quelques heures, s’indigne
le RNDDH, ces individus sont
passés du statut de propriétaires
de maison à sans-abri.
Dans une lettre ouverte adressée
au président de la République, en
date du 9 août 2018, le RNDDH
dit croire que cette intervention
représenteunactediscriminatoire.
Car, selon la note, elle a été
réalisée en violation des droits à
la dignité de la personne humaine
et au logement, garantis par la
déclaration universelle des droits
de l’homme de 1948, en ses articles
1er et 25, assurant d’une part que
tous les êtres humains naissent
libres et égaux en droit en dignité
et d’autre part que toute personne
a droit à un niveau de vie suffisant
pour assurer son bien-être, celui
de sa famille notamment pour
le logement ainsi que pour les
services sociaux nécessaires.
Ainsi, le RNDDH invite-t-il le
chef de l’État à agir. « Vous êtes
tenu, en tant que garant de la
bonne marche des institutions
républicaines du pays de réparer
les torts qui ont été causés par
le zèle déplacé des autorités
policières et judiciaires impliquées
dans cette opération réalisée pour
vous. Car, comme vous pouvez
le constater, les victimes sont de
rudes travailleurs et travailleuses
qui ont difficilement réussi à
construire leur maison, dans
un pays où l’accompagnement
social est inexistant », a précisé le
RNDDH.
Par ailleurs, le RNDDH a tenu
à rappeler au président de la
République qu’il avait promis
à la population d’œuvrer pour
que le pouvoir judiciaire soit
totalement affranchi du joug
du pouvoir exécutif et que
l’institution policière devienne
plus professionnelle.
Jodel Alcidor
L
e représentant de la
circonscription de la
commune de Kenscoff à la
cinquantième législature,
Alfredo Antoine, lors d’une
intervention sur une station de
radio de la capitale a donné les
précisions concernant le vote pour
sanctionner la politique générale
du Premier ministre désigné, Jean
Henry Céant.
Peu après sa nomination et sa
présentation officielle comme
nouveau Premier ministre, M.
Céant est invité par la Chambre des
députésàfaireledépôtdesespièces.
Cet appel qui annonce le processus
des préparatifs pour la ratification
de l’énoncé de la politique générale
du Premier ministre, n’a pas laissé
indifférents certains membres
de la Chambre basse. C’est en ce
sens que le député de Kenscoff,
Alfredo Antoine, a posé certaines
conditions pour voter en faveur de
la politique générale de Jean Henry
Céant.
Membre du groupe majoritaire à
la Chambre des députés, Alfredo
Antoine veut être fidèle à sa
position. Se présentant comme un
adepte des promesses de Jovenel
Moïse, Alfredo Antoine dit être
prêt à supporter le nouveau
Premier ministre moyennant que
son énoncé de politique générale
soit semblable aux programmes
vendus par le chef de la nation.
L’élu de Kenscoff se montre
toutefois prudent. Il explique que
sa position n’a rien à voir avec celle
du groupe dont il est membre. Le
député soutient qu’il est trop tôt
pour que le groupe ait une position.
Il dit attendre la progression du
processus avant de décider de la
position du groupe. Rappelons que
l’Association des parlementaires
haïtiens (APH) est majoritaire
à la Chambre des députés, et ce
groupe supporte le programme du
président de la République.
Daniel Sevère
ACTUALITÉ |
Le député Alfredo Antoine.
HAÏTI/POLITIQUE
Le députéAlfredoAntoine pose ses conditions pour voter en
faveur de Céant
HAÏTI/DROITS HUMAINS
Le RNDDH qualifie d’illégale et arbitraire l’opération à Pèlerin 5
Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) informe, à travers une lettre rendue publique,
que le droit à la dignité et à la propriété privée ont été bafoués par les autorités judiciaires et policières lors de
l’intervention menée le 2, 3, 4, juillet 2018 par le parquet de Port-au-Prince, la direction départementale de
l’Ouest de la Police nationale d’Haïti (DDO/PNH), dans la zone de Pèlerin.
Le directeur général du RNDDH, Pierre
Esperance.
6 | N0
724 VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018
C
et article est le premier d’une
sériequeje souhaitepubliersur
la diaspora haïtienne. Il est tiré
de mon livre titré : “Plaidoyer
pour une Diaspora haïtienne plus
affirmative dans la gestion de l’urgence
haïtienne.” Ici, j’expose une partie de
l’introduction du document qui offre,
en premier lieu, une vue générale
et académique de la situation socio-
économique de la République d’Haïti et
en second lieu, une succincte évaluation
de la potentialité socioéconomique et
politique de la diaspora haïtienne.
À l’heure où les turbulences politiques
se multiplient à l’Est, où la compétition
entre les grandes puissances les isole
dangereusement, où la directrice de
la Banque mondiale, Mme Christine
Lagarde parle à la fois de « l’épée (de
Damoclès) du protectionnisme 5
» et
de l’expansion du globalisme, les pays
pauvres qui vivent de la générosité des
pays riches souffrent d’un profond
malaise économique, puisque leur
existence dépend de l’équilibre politique
mondial. Dans ce marasme, Haïti est
l’undespayslesplusaffectésets’enfonce
davantage dans le sous-développement
et la pauvreté extrême. L’aide externe
ne fait que la soutenir jusqu’à ce qu’elle
passe de vie au trépas.
La situation socioéconomique d’Haïti
« Selon l’UNICEF, Haïti est le pays le
pluspauvredel’Hémisphèreoccidentale
et pour le Wall Street Journal, « le pays le
plus pauvre de la planète» ayant 80 % de
la population qui vit sous le seuil de la
pauvreté, 54% dans un état de pauvreté
extrême (moins d’un dollar par jour).
Taux de chômage : 65 % 6
. »
« Près de 96 % 7 de la population
est confrontée à deux aléas majeurs,
indépendamment de son appartenance
socialeetsapositiongéographique. Avec
une population de plus de 10 millions
d’habitants, Haïti a la plus forte densité
de population dans la région (soit 353
personnes au km2
) et reste le pays de
l’hémisphère occidentale avec un indice
de développement humain le plus bas
(IDH= 0,471 : soit 149e sur 179 pays.
Près de 78 % de la population vit au-
dessous du seuil de la pauvreté absolue
et 58 % dans une pauvreté extrême 8
.
La disparité économique est élevée : 63
% de la richesse du pays est entre les
mains des plus riches qui représentent
20% de la population, tandis que les plus
pauvres, 40% de la population, ont accès
à seulement 9 % de la richesse 9
. » «
Près de 40 % de la population souffre de
l’insécurité alimentaire, dont 1,5 million
en état sévère 10
.
« En 2008, les catastrophes naturelles
en saison cyclonique ont causé des
dommages évalués à près d’un milliard
de dollars US, ce qui équivalait à 15
% du PIB. Le 12 janvier 2010, un
séisme de magnitude 7,2 a fauché 228,
000 personnes, en a blessé 400,000,
en a déplacé 1,5 million et a balayé
l’infrastructure de la capitale politique
et économique du pays, son économie
et son tissu social. Le séisme a aussi
causé des dommages d’une valeur
estimée à 7,804 milliards de dollars US,
occasionnant une contraction du PIB de
5,5 %11
. »
« Il y a plus de six ans, le choléra a fait
son apparition dans une région rurale
épargnée par le séisme et s’est répandu
rapidement dans tout le pays, dépassant
les 455,293 cas hospitalisés et 9,155
décès entre octobre 2010 et mai 2012 12
.»
« Ces cinq dernières années, le pays a
aussi essuyé de nombreuses tempêtes,
dont l’ouragan Sandy, et subi le
fardeau écrasant de la sécheresse et
du déficit pluviométrique dans des
régions agricoles clés du à la persistance
du phénomène El Nino. En outre,
les conséquences du changement
climatique sont déjà présentes. Une
étude récente de la Banque mondiale
prévoit que « L’impact du changement
climatique en Haïti devrait se traduire, à
terme, par une réduction de plus de 50%
des précipitations et une augmentation
des températures moyennes de près de
40 C à l’horizon 2080-209913
. »
Pendant les trois dernières décades,
presque tous les cinq ans, Haïti est
frappée de catastrophes naturelles :
cyclones, épidémies, tremblement de
terre. Aujourd’hui, certaines régions
du pays, comme la Grand’Anse, sont
menacées de famine : là-bas, « des
Haïtiens vivent dans des caves comme
au temps préhistorique, mangeant des
plantes empoisonneuses ». Selon AHP
7.5 millions d’Haïtiens vivent sans
électricité14
.
Ces statistiques accablantes ne sont
pas nouvelles, puisqu’une littérature
abondante de la crise haïtienne existe
depuis des décades. Et bien qu’elles
soient contestables à certains égards,
ces données attirent notre attention sur
un pays au bord du gouffre et secoué
de temps en temps par des turbulences
socioéconomiques et politiques, mais
maintenus malgré tout par une main
invisible.
Que s’est-il passé au pays qui fut jadis la
plus riche colonie du monde ? La pluie
a-t-elle cessé d’être généreuse ? Le soleil
a-t-il fermé les yeux sur nos rizières et
sur nos coteaux ? Les rivières se sont-
elles taries ? La terre est-elle devenue
stérile ? Où sont passés les petits-fils
des preux qui ont créé la première
République noire ? Qu’avons-nous fait
pour en arriver là ? On s’accuse, on se
condamne ; on se lamente ; et comme
du calalou, notre beau pays peu à peu
se glisse entre nos doigts et se noie
lentement sous nos yeux. Quelles sont
les causes de cette tragédie ?
Ces questions ne datent pas d’hier
non plus : Claude Moise et Emile
Ollivier (1992) nous rappellent que
depuis « Au XIXe
siècle, hommes
politiques et écrivains s’interrogeaient
sur les causes de nos malheurs …avec
autant d’incertitude qu’en 1992 nous
tâtonnons à la recherche d’une voie de
sortie du « cercle de malédiction15
». Et,
aujourd’hui encore, toujours dans la
forêt et surpris par la mondialisation,
nouscherchonsàl’aveugletteunepercée
socio-économique.
L’objet de cet article n’est pas de discuter
des causes du chavirage de la barque
haïtienne, mais une sorte de plaidoyer
pour une diaspora haïtienne plus
solidaire dans nos pays d’adoption et
plus participative dans la gestion de
l’urgence haïtienne; car aujourd’hui, les
membres de la diaspora haïtienne sont
éparpillés dans le monde par de millions
petits morceaux, et sa force se dissipe en
indifférence, quand Haïti est plus que
jamais en danger d’annihilation. Les cris
de nos frères et sœurs résonnent sans
distorsion dans nos oreilles pendant
qu’une cynique insouciance garde
certains de nos leaders dans l’orgueil
de ne pas demander du secours de la
diaspora haïtienne, de ne pas se soucier
à trouver des moyens pour aider ceux
qui vivent à l’étranger, à la structurer
afin de la transformer en une vraie force
socioéconomique.
En ce qui a trait aux causes de la misère
haïtienne, nous référons nos lecteurs
aux livres d’André-Marcel d’Ans,
Haïti, Paysage et Société, de Carlo
Désinor, Haïti, La Tragédie des libertés,
et de Claude Moise et Emile Ollivier,
Repenser Haïti, Grandeur et Misères
d’un Mouvement démocratique, pour
s’informer sur les causes classiques
de la situation actuelle d’Haïti. Car ce
serait trop simpliste, en essayant de
répondre à la question, de ne pas tenir
compte des déterminants situationnels
et historiques de cet État, et de taxer
nos leaders d’hier et d’aujourd’hui
d’incompétents : nous en avons connus
qui sont surqualifiés, diligents et bien
éveillés. Démissionnaires ? Peut-être !
Puisque certains parmi eux semblent
nous dire : « Nous n’y pouvons rien. Ne
nous tracassons pas ! Les autres nous
aideront ! Ce pa mwen k pou chanje
peyi a : Haïti est le produit d’un passé
de ruines, de violences, de catastrophes
naturelles,derévolutions,etdecomplots
». À ces derniers nous objecterions que,
si nous n’avons pas le contrôle du passé,
nous avons par contre, aujourd’hui
celui du présent, et, en quelque sorte,
celui du futur. Nous avons le pouvoir
de nous transformer pour nous rendre
aptes à assumer notre responsabilité
de peuple libre et pour prendre en
main notre destinée. Nous avons les
ressources nécessaires pour gérer les
aléas, la diligence pour nous préparer à
les affronter, l’intelligence pour mettre
en place des structures adéquates afin de
diminuer leur impact négatif dans nos
vies ; nous avons l’humilité et l’amour
qui nous poussent à chercher le bien-
être de nos compatriotes.
Nombreux sont ceux d’entre nous qui
déclarent avec une certaine arrogance
que le salut d’Haïti est entre les mains
de la diaspora haïtienne : « elle est pleine
de ressources et se montre étrangère
au mal-être de l’intérieur », avancent-
ils. Vraiment ? Sur quelles bases tient
une telle assertion? Comment peut-
on prouver une pareille déclamation
? C’est illusoire de vouloir faire de la
diaspora haïtienne une force salvatrice
pour Haïti sans tenter auparavant de
coller ses miettes éparses, sans s’efforcer
à consolider ses forces résiduelles.
Comme l’une de ses raisons d’espérer,
Bob Nérée(2009) a remarqué l’intérêt
des Haïtiens à l’étranger 16
dans l’avenir
d’Haïti. Mais d’autres, pessimistes
et frustrés, objectent que la diaspora
haïtienne n’a rien à voir avec Haïti : ils
ont leurs propres difficultés à surmonter
et le climat d’injustice, d’hostilité et
de la corruption endémique d’Haïti
décourage quelques-uns des plus
patriotiques parmi eux.17
(Interviewé). Il
est évident donc que nous cultivons une
attitude mitigée vis-à-vis de la diaspora
haïtienne:toutlemonden’apaslemême
degrédeconfidenceencettediaspora;et
ilyenamêmequidemeurentsceptiques
quant à sa potentialité. Cependant,
qu’on l’accepte ou pas, la crise haïtienne
interpelle le concours urgent de tous
les Haïtiens : mulâtres ou nègres,
lettrés ou illettrés, pauvres ou riches, ou
diasporas. Aujourd’hui, nous sommes
estimés à environ plus de 5 millions
d’Haïtiens vivant à l’étranger et 11
millions en Haïti: nous sommes donc
tous responsables de la chute et du
relèvement du pays quelles que soient
les raisons de sa faillite. Il n’appartient
pas aux étrangers de nous prendre
en charge, de donner à manger à nos
enfants, et de les éduquer ; de prendre
soin de nos malades et de nos pauvres,
et de reconstruire notre pays, mais à
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| TRIBUNE
Plaidoyer pour une diaspora haïtienne plus affirmative
dans la gestion de l’urgence haïtienne !
VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018 N0
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TRIBUNE |
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nous, Haïtiens, petits-enfants d’anciens
esclaves, légitimes héritiers de cette
partie du globe terrestre de 27,750 km2
,
héritage de nos ancêtres.
La diaspora haïtienne d’aujourd’hui
Qu’est-ce qu’une diaspora ? 1) Selon la
principale définition que nous propose
Le Petit Larousse, une diaspora est
: « l’ensemble des membres d’un
peuple dispersés à travers le monde,
mais restant en relation.» C’est-
à-dire particulièrement pour la
diaspora haïtienne elle n’existe pas
seulement aux États-Unis, au Canada,
en République dominicaine, ou en
France, mais à travers le monde. Aussi,
étant un ensemble, elle ne saurait être
représentée officiellement par une
communauté régionale, un groupe,
une organisation, ou pire encore, un
individu, sans une certaine délégation
de pouvoir. Dans son ensemble, elle
est une force par la corporation et par
la solidarité internationale ; en dehors
de son « ensemble », elle se dégrade
en groupes isolés et vulnérables: outils
de dissension et de déstabilisation ; 2)
En Haïti, le sobriquet diaspora est un
surnom donné par dérogation aux
Haïtiensvivantàl’étranger.LaDiaspora
est formée de communautés. À
certains égards, les mots, communauté,
communion, et communication,
sont relatifs, puisqu’ils proviennent
du mot latin communis qui signifie
: commun. Les communautés de la
diaspora haïtienne ont : « leurs leaders
politiques, militants, associations,
commerces, églises, chauffeurs de taxis,
émissions radiophoniques, magazines,
leur annuaire communautaire, leurs
restaurants,leursmaisonsdetransferts,
leurs disquaires, leurs activités
culturelles, littéraires, politiques… 18
.»
Donc, ces communautés devraient
s’unirpourcommunier,communiquer,
et mettre en commun leurs forces, afin
de se transformer en un véritable outil
de développement pour s’entraider et
contribuereffectivementaurelèvement
socioéconomique d’Haïti. Ici nous
n’avons pas l’intention de retracer une
histoire de la migration haïtienne à
travers le monde. Nous dirons plutôt,
qu’il est probable que les prémices de
la diaspora haïtienne fussent semées
en terre étrangère bien avant que
Jean Baptiste Pointe du Sable mît les
pieds sur Peoria, en 1770 19
, que le
grand philanthrope catholique, Pierre
Toussaint, commençât son œuvre à
New York en 1787, qu’Anténor Firmin
prît le chemin de l’exil pour St-Thomas
en 1902, et Nord Alexis, pour la
Jamaïque en 1908. Ce que nous visons,
par contre, c’est d’inventorier les
principales composantes de la diaspora
haïtienne contemporaine, évaluer ses
forces et ses faiblesses dans sa relation
avec Haïti, et suggérer des orientations
àprioriser,pourlarendrevraimentune
force socio-économique et politique.
La Diaspora haïtienne
contemporaine
Un pas en arrière nous permettrait de
jeter un coup d’œil rétrospectif sur les
deux dernières générations d’Haïtiens
qui ont laissé Haïti pour aller vivre
à l’étranger. Similairement, pendant
les derniers trois quarts de siècle,
la société haïtienne a connu deux
grandes turbulences sociopolitiques ;
la première fut alimentée par la période
duvaliérienne de 1957 à 1986 où des
Haïtiens,chassésparleclimatdedégoût,
de persécution politique, de la peur et
de la pauvreté, ont abandonné l’ile en
masse.Cettepériodefutsiproéminente
dans le flux migratoire haïtien qu’on
plaisante encore aujourd’hui que c’est
le Dr François Duvalier qui a inventé
la diaspora haïtienne, et qu’il aurait
même prédit un certain retour « des
retournés qui devraient sauver Haïti.
» La deuxième turbulence, post-
duvaliérienne à nos jours, où les crises
politiques et économiques, la mauvaise
gestion des ressources humaines du
pays, et l’insécurité les ont forcés à fuir.
Ainsi arrivent-ils aux pays d’accueil
par des voies diverses : avions, bateaux
et bois fouillés, pour se regrouper,
en familles, parfois, en associations
professionnelles, organisations à but
lucratif ou non lucratif, congrégations
religieuses, et groupes culturels.
La Diaspora haïtienne : une
force sociopolitique
Dans nos tentatives d’explorer la
démographie des communautés
haïtiennes dans le monde, nous
sommes en droit de nous accorder une
marge de cinquante pour cent (50 %)
deplussurlesstatistiquesofficiellesafin
de nous rapprocher de la réalité. Car,
dans un temps où il devient presque
impossible de savoir exactement le
nombre d’Haïtiens vivant en dehors
du pays du fait qu’il est difficile de
contrôler l’immigration haïtienne et
que certains Haïtiens changent de
noms ou ne s’identifient pas.
Ainsi, il est dit que, d’après la
cartographie des Haïtiens vivant
à l’étranger du Professeur George
Anglade, il y aurait environ « 4 millions
éparpillés à travers 25 pays dans le
monde 20
».
En 2010, un rapport du bureau de
statistique et de recensement aux États-
Unis a estimé à 1 million les Haïtiens
qui y vivent. Cependant, d’après une
étude de la National Organization
For the Advancement of Haitians
(NOAH), depuis 2000, 2, 023,000
Haïtiens vivent aux États-Unis. De ces
2.023,000, 400,000 seraient en Floride,
500,000 à New York. 21
Près de 200,000 d’Haïtiens vivent
au Canada, et 500,000-800,000 en
République dominicaine. « Selon
l’Institut National de la Statistique
et des Études (INSEE), en 2008, il y
avait en France métropolitaine 62,698
personnes nées en Haïti, ainsi que
21,423 enfants de moins de 18 ans
nés en France et d’origine haïtienne
». D’après « les données du service
de l’immigration de la préfecture
de Cayenne, en 2006, les Haïtiens
furent au nombre 16,106 à Cayenne
française, et de 10,498 en Guadeloupe
». « En Guyane française, en 1999,
l’INSEE comptait 14,143 personnes
de nationalité haïtienne et 16,977
personnes d’origine haïtienne. Par
recoupement, la communauté était
évaluée autour de 25,000 personnes en
l’an 2000 ; 1,704 à Martinique ». 22
Aux Bahamas, le Census Bureau a
compté, 21,426 en 2000. Tandis qu’une
autresource23
aestiméàenviron75,000,
le nombre d’Haïtiens au Bahamas, soit
25% de la population. Sans mentionner
Cuba, dont le nombre d’Haïtiens serait
virtuellement comparable à celui de la
République dominicaine, car les deux
payssontvoisinsd’Haïti;etlaBelgique,
la Jamaïque, les Iles Turques et Caïcos,
le Mexique, Virgin Island, St-Martin, et
le Brésil.
La Diaspora haïtienne est une
force socio-économique non
négligeable
Un simple aperçu du pouvoir
sociopolitique et économique de la
Diaspora haïtienne suffirait pour
confirmer cette vérité. Selon la
Banque mondiale, le montant total
des transferts d’argent effectués vers
Haïti par voies formelles totalisait $ 1.6
milliards en 2012—ce qui représentait
21% du produit national brut de la
République d’Haïti.
Donc, sans exagération, avec les envois
d’argent en Haïti, les transactions
commerciales et d’autres apports
financiers tangibles et intangibles non
comptabilisés des 100,000-200,000
immigrants qualifiés pour le TPS,24
plus l’inflation, nous pouvons estimer,
aujourd’hui,à$2-3milliardslemontant
annuel de transferts monétaires de
la diaspora haïtienne vers Haïti ; ce
qui représenterait environ 31.2%
du produit national brut ; et à 4-5
millions, le nombre d’Haïtiens vivant à
l’étranger.
Mutation socio-économique
D’après la National Immigration
Forum, plus longtemps les immigrants
résident aux États-Unis, plus
susceptibles sont-ils de devenir des
citoyens américains des intégrés. En
1990 plus de trois-quarts (76.4 percent)
des immigrants qui avaient résidé
aux États-Unis pendant quarante ans
s’étaient naturalisés25
.
Si résider pendant quarante ans aux
États-Unis était un baromètre pour
mesurer le taux de naturalisation des
immigrants,lamajoritédesimmigrants
Haïtiens contemporains de la première
génération serait aujourd’hui des
naturalisés, puisqu’ils ont vécu en terre
étrangère pendant plus que quarante
ans. Et, considérant la naturalisation
comme l’une des indices d’une
complète intégration de l’immigrant
dans la société du pays d’adoption, ces
immigrants auraient été moins touchés
des problèmes de leur pays natal que
ceux qui ont vécu moins de quarante
ans, puisqu’ils manifesteraient très peu
d’enthousiasme dans les affaires de leur
pays d’origine.
Pourtant, pour vraisemblable que
soit cette déduction, nos observations
nous ont indiqué des éléments de
contradiction notoires dans cette
recherche. Notre survey effectué
sur 50 Haïtiens et Haïtiennes vivant
à l’étranger a révélé que beaucoup
d’immigrants de la première
génération, s’intéressent à la chose de
leur pays et ne sont pas naturalisés.
Parmi eux, au niveau des anciens, par
exemple, on retrouve des retraités et
des semi-retraités. Certains décideront
de retourner dans leur pays natal, soit
pour y vivre tout simplement, soit pour
investir ; d’autres préfèrent rester dans
leur pays d’adoption, s’improvisant
ambassadeurs sans portefeuille, créant
des organisations à but non lucratif
pour servir leur communauté en terre
étrangère, et du même coup, aider
Plaidoyer pour une diaspora haïtienne plus affirmative
dans la gestion de l’urgence haïtienne !
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724 VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018
Haïti.
Cette massive érosion de la classe
moyenne haïtienne en ressources
humaines n’a pas manqué de
contribuer significativement au
progrès socio-économique, politique et
culturel de plusieurs pays du continent
en devenant une force productive
importante dans leur société. Ici, par
souci de ne pas oublier aucun des
grands talents qui font la fierté de la
Diaspora haïtienne, nous nous gardons
de citer des noms, parce que la liste
serait bien trop longue. Contentons-
nous simplement de dire que : les
Haïtiens vivant à l’étranger se trouvent
dans toutes les sphères professionnelles
des pays d’accueil dans le monde—
santé, éducation, littérature, arts,
économie, politique en tant que
scientistes, professeurs d’université,
hommes et femmes de lettres,
artistes de renommée internationale,
médecins, professionnels de haut
calibre, politiciens, millionnaires, et des
gens d’affaires à succès. La Diaspora
haïtienne pouvait se vanter d’un
patrimoine culturel et économique, qui
n’a rien à envier à d’autres diasporas.
À continuer…
Pierre-Yves Roy, PhD.
Secrétariat Général de la
Diaspora Haitien
yvesketlie@yahoo.com
5 (http://www.levif.be/actualite/
international/protectionnisme-et-
elections-incertaines-en-europe-
menacent-la-croissance-selon-le-
fmi/article-normal-645127.html)
6 Wall Street Journal (Pays le plus
pauvre de la planete) ; Plan d’action
de transition (TAP), ONU 2013)
6 PNUD, Rapport national OMD
2013.
7 Rapport du PAM, 9 février
2016 La déforestation a atteint à
peu près 98% du territoire et une
érosion importante des sols s’en est
suivie. Une étude américaine révèle
que ces informations concernent
uniquementlesforêtsprimaires. Ilest
plutôt estimé la couverture végétale
du pays a environ 20-29%.
Le Nouvelliste 14 Aout, page 15 :
De Kiskeya : mais où sont passé nos
arbres, une déconstruction subtile.)
http://www.banquemondiale.org/fr/
country/haiti/overview/Presentation
d’Haiti, Banque Mondiale.
9 MSPP/DELR,Rapportduréseau
national de surveillance du choléra,
Mai 2016
10 Climat Change Knowledge
Portal groupe Banque Mondiale.
11 Weiner K. Fleurimond (2003).
La communauté haïtienne en France.
12 www.grahn-monde.org 13 « Le
Ministèreestnédusoucidesautorités
de l’État
14 Mwen se vwa nou nan
gouvernement an », « Je suis votre
porte-parole au gouvernement. 15
Selon l’Agence Haïtienne de Presse
(AHP), à « Santo-Domingo, 18
avril 2017- Devant des centaines de
compatriotes migrants et
16 (Claude Moise et Emile Ollivier,
RepenserHaiti…GrandeuretMisères
d’un mouvement démocratique).
17 Bobo Nérée, La Peau des Autres
16 De son côté, le sénateur du centre,
Wilfrid Gelin, un ancien membre de
la diaspora des États-Unis, a plaidé
pour le vote des Haïtiens à l’Etranger.
17 D.Duval.HaitiLibre,22/04/2015
18WienerK.FLEURIMOND(2003).
La communauté haïtienne de France,
L’Harmattan, Paris
18 http://blackhistorynow.com/
jean-baptiste-pointe-du-sable)
19 McDougall Littell (2001)
Houghton Mifflin Co.
20 La Bible:
21 George Bullard (2001) Russell
Burrill(2002)MinistryMagazine.org,
22 Mac Pier (2016). Disruptive
Gospel
23 Charles-Poisset Romain (1986).
Le Protestantisme haïtien dans la
Société Haïtienne (p. 226)
21 (Peace/building in Haiti Including
Haitians from Abroad, Crisis Group
Latin America/Caribeean Report No
24, 14 December 2007, p.3)
23 (Migration in the Caribbean :
Haiti, the Dominican Republic and
Beyond », Minority Rights Group
International, July 2003)
( ) Paul C. Magloire (2017).
24 Ministère des haïtiens vivant à
l’Étranger, 2015
26 Russell Burrill, www..
ministrymagzine.org/authors/russell
burrillvia Ministry Magazine.org
D
epuis l’indépendance,
l’Administration publique
haïtienne était toujours
composée de corrompus,
corrupteurs, flatteurs, proxénètes
et grands mangeurs. Nous avons
en exemple, Baron de vastey qui
a été la personnification de la
corruption sous l’administration
de Jean Jacques Dessalines. Ils
(corrompus et corrupteurs)
se permettent n’importe quoi
parcequ’ils se prennent pour des
dieux et s’approprient du trésor
public. Donc, il est plus que normal
pour eux de dilapider les deniers du
trésor public, car voler l’État n’est
pas voler. « Plimen poul pa kitel
kriye », c’est-à-dire voler sans laisser
de traces. Quand l’illégal devient
légal et banal, impunité totale.
L’administration publique est le
bras technique de l’État, c’est le
lieu géométrique de l’élaboration
des politiques publiques visant à
offrir à tout citoyen un bonheur
comme il est écrit dans l’acte de
l’indépendanceetdans lepréambule
de la Constitution de 1987. Spinoza
dans sa réflexion sur l’État a dit que
ce dernier doit garantir le bien-être
de tous les citoyens. Mais, chez nous
c’est toute autre chose, car il (l’État)
travaille au détriment des pouilleux
pour faire la part belle à une élite
décérébrée et improductive.
Les corrompus sont dans toutes
les sphères du pouvoir. Ils sont
présidents de la République,
chefs de cabinet de présidents
de la République, ministres,
parlementaires, directeurs
généraux, etc. Ces voyous ne jurent
que par la dilapidation des deniers
publics. Ils font de l’administration
le haut lieu de la prostitution et
de la promiscuité. Cette situation
traverseallègrementtoutelapériode
nationale, c’est ce que j’appelle l’effet
circulaire de la politique haïtienne.
Haïti est le pays où le mal règne
sur le bien, le vice sur la vertu. Il
est aussi le pays où les corrompus
sont toujours au-devant de la
scène et s’érigent en donneurs de
leçons. On se souvient du fameux
procès de consolidation dans lequel
plusieurs grands commis de l’État
étaient accusés et condamnés dont
Tancrède Auguste qui, par la suite,
soit 20 mois après, allait devenir
président de la République, dans
l’oubli total. Nous souffrons d’une
terrible perte de mémoire ! Justin
Lherisson dans ses analyses sur
le jeu malsain et les avatars de la
politique haïtienne avait prononcé
cette phrase: << Haïti est le pays où
l’impossible est possible, le possible
est impossible>> je pourrais
même oser dire que la corruption
domine la conscience collective,
c’est ce que j’appelle le syndrome
de la corruption dans l’imaginaire
collectif haïtien.
On est au courant de toutes les
exactions de nos chefs d’État et de
leur enrichissement illicite. Chut!
Silence total! Aucune poursuite
judiciaire. Notre laxisme est
déconcertant et ridicule. On s’en
plaint tous les jours, mais on ne
veut pas agir parce qu’on a peur de
se faire tuer par le chef ou parce
qu’on attend son tour pour faire
pareil. La corruption est un poison
qu’il faut nécessairement abattre
pour le progrès du pays, car il n’y a
pas d’autorité sans sanction. N’est-
il pas nécessaire d’enclencher un
nouveau procès de consolidation
pour sanctionner les pilleurs de
l’État et poser des balises pour éviter
au pays de revivre ce sort biséculaire
qui est l’une des principales causes
de sa décrépitude. Il faut introduire
la reddition de compte dans notre
culture de peuple et faire du pays
unesociétéàsanctionoù corrompus
et corrupteurs seront sévèrement
sanctionnés pour les préjudices
causés à l’État. On parviendra à ce
que Paul Ricoeur appelle une juste
mémoire.
Me. Atzer Alcindor, Av.
Pour un nouveau procès de consolidation
Plaidoyer pour une diaspora haïtienne plus affirmative
dans la gestion de l’urgence haïtienne !
»»»» suite de la page 7
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724 VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018
L
a Russie a promis jeudi
des mesures de rétorsion
aux nouvelles sanctions
imposées par les Etats-Unis
en lien avec l’empoisonnement à
l’agent innervant Novitchok au
Royaume-Uni, dénoncées par le
Kremlin comme “inadmissibles”,
“inamicales” et “illégales”.
Moins d’un mois après les échanges
d’amabilités pendant le sommet
d’Helsinki entre Donald Trump et
Vladimir Poutine, l’heure est de
nouveau à la confrontation. Si les
sujets de discorde sont nombreux
entre Moscou et Washington, ces
nouvelles mesures punitives sont
liées à l’empoisonnement début
mars à Salisbury, au Royaume-Uni,
de l’ex-agent double russe Sergueï
Skripal et de sa fille Ioulia.
“Quelles que soient les sanctions
prises à l’encontre de la Russie,
les mesures de représailles seront
identiques. Elles seront prises en
fonction des actions américaines”, a
indiqué à la presse la porte-parole
de la diplomatie russe, Maria
Zakharova. “S’ils prennent des
mesures, nous répondrons. Ce n’est
pas notre choix”, a-t-elle ajouté,
assurant que Moscou ne se plierait
pas “au langage des ultimatums et de
la force”.
Les sanctions envisagées par
Washington, qui portent sur
l’exportation de certains produits
technologiques,commedesappareils
ou de l’équipement électroniques,
pourraient coûter “des centaines
de millions de dollars” à l’économie
russe, a indiqué un responsable
américain ayant requis l’anonymat.
A partir du moment où les sanctions
entreront en vigueur, la Russie
aura 90 jours pour déclarer qu’elle
n’utilise plus d’armes chimiques
ou biologiques, s’engager à ne plus
le faire à l’avenir et permettre des
inspections pour s’assurer de leur
élimination, a-t-il ajouté.
Encasdenonrespectdecesexigences,
une deuxième salve de sanctions
“draconiennes” serait décrétée, a
poursuivi ce responsable, notant
qu’elles pourraient aller jusqu’à
interdire les aéroports américains
aux compagnies aériennes russes
ou même suspendre les relations
diplomatiques entre les deux pays.
Qualifiée d’”absolument
inacceptable” par le Kremlin, leur
annonce a provoqué un coup de
froid jeudi à l’ouverture des marchés
financiers russes. Les indices
boursiers ont chuté et la monnaie
russe est tombée à son plus bas
niveau en deux ans face au dollar,
avant un retour au calme progressif.
Le ministre des Finances Anton
Silouanov a assuré que le
gouvernement et la banque centrale
disposaient de “tous les instruments
nécessaires pour garantir la stabilité
financière”, relevant que l’économie
russe était devenue “ces dernières
années bien plus résistante aux
chocs extérieurs”.
- Menace d’une deuxième salve -
La Russie est soumise à des sanctions
occidentales de plus en plus strictes
depuis l’annexion de la Crimée en
2014, contribuant avec la chute des
prix des hydrocarbures à provoquer
deux ans de récession dont elle est
sortie fin 2016.
Les Etats-Unis n’ont cessé de
renforcer leur arsenal ces dernières
années sur fond d’accusations
d’ingérence russe dans les élections
américaines,cemalgrélespromesses
de réconciliation de Donald Trump.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri
Peskov, a qualifié les Etats-Unis
de “partenaire imprévisible”, mais
ajouté “garder l’espoir de relations
constructives avec Washington”:
“Ces relations ne sont pas seulement
dans les intérêts de nos deux
peuples, mais aussi de la stabilité et
de la sécurité dans le monde”.
Il a “démenti encore une fois de la
manière la plus catégorique toutes
les déclarations sur une quelconque
implication de la Russie” dans
l’empoisonnement de Salisbury.
L’empoisonnement confirmé de
l’ex-agent double et de sa fille par
leur exposition au Novitchok, un
agent neurotoxique mis au point
par l’Union soviétique à la fin de la
Guerre froide, avait été attribué par
Londres au gouvernement russe, qui
avait nié toute implication.
Londres a salué les nouvelles
mesures américaines comme “un
message univoque à la Russie que
son attitude impétueuse ne restera
pas sans réponse”.
A Moscou, le ministère des Affaires
étrangères a accusé Washington
d’avoir “sciemment choisi le
chemin de la confrontation dans
les relations bilatérales qui sont déjà
pratiquement réduites à zéro par ses
propres efforts”.
Selon l’expert russe Vladimir
Vassiliev, chercheur à l’Institut des
Etats-Unis et du Canada à Moscou,
les sanctions américaines visant
la Russie sont désormais “plus
seulement un moyen de pression,
mais d’ultimatum”.
“Cela nous renvoie vers un état du
monde qui avait peut-être été oublié,
mais qui avait un nom très simple
dans les années 1950: la stratégie
du bord de l’abîme”, a-t-il affirmé à
l’AFP.
AFP
POOL/AFP/Archives/SERGEIKARPUKHINLe
porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à
Moscou, le 27 mars 2017.
La Russie promet une riposte après les sanctions “inadmissibles”
deWashington
»»»» suite page 11
| MONDE
Les États-Unis annoncent leur “Force de l’espace”
L
es Etats-Unis ont annoncé
jeudi la création de leur
“Force de l’espace”, une
sixième branche des forces
armées souhaitée par Donald
Trump qui veut ainsi s’assurer que
les Etats-Unis “dominent l’espace”.
“Le temps est venu d’écrire le
prochain chapitre de l’histoire de
nos forces armées, de se préparer
pour le prochain champ de bataille”,
adéclarélevice-présidentaméricain
Mike Pence dans une allocution
devant les militaires au Pentagone.
“L’heure est venue d’établir la Force
de l’espace des Etats-Unis”.
“La Force de l’espace, jusqu’au
bout!”, a tweeté de son côté le
président américain.
Les préparatifs sont désormais
en cours pour faire de cette force
spatiale la sixième branche des
forces armées, aux côtés de l’armée
de terre (US Army), l’armée de
l’air (US Air Force), la marine (US
Navy), le corps des Marines et les
garde-côtes, comme M. Trump
l’avait ordonné en mai.
“Pour défendre l’Amérique, une
simple présence dans l’espace ne
suffit pas, nous devons dominer
l’espace”, avait alors déclaré le
président.
Les militaires du monde entier
dépendent de plus en plus des
outils de géolocalisation pour leurs
opérations et la sécurisation des
satellites est devenue un enjeu à
l’importance croissante.
“L’espace a fondamentalement
changé depuis une génération”, a
déclaré M. Pence. “Aujourd’hui,
d’autres nations cherchent à
perturber nos systèmes basés dans
l’espace et contestent comme jamais
la suprématie américaine”.
Et le vice-président de citer le
lancement en 2007 par la Chine
d’un missile qui a repéré et détruit
un de ses propres satellites, ce
qu’il a qualifié de “démonstration
hautement provocatrice de la
capacité croissante de la Chine à
militariser l’espace”.
Il a également mentionné les projets
russesdelaseraéroportéetdemissile
AFP/SAUL LOEB/Le vice-président Mike
Pence au Pentagone près de Washington
D.C. le 9 août 2018.
VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018 N0
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MONDE |
Le réchauffement climatique, catalyseur des feux de forêt
D
u Portugal à la Californie,
de gigantesques incendies
dévorent actuellement
des dizaines de milliers
d’hectares de forêt. Le phénomène
devrait encore s’aggraver avec
le réchauffement climatique,
avertissent des scientifiques.
D’autres facteurs, comme la
mauvaise gestion des forêts ou
la construction d’habitations à
proximité des bois alimentent
ce phénomène. “Le patient était
déjà malade”, constate David
Bowman, professeur à l’université
de Tasmanie, en Australie, et
spécialiste des feux de forêt. “Mais
le changement climatique est
l’accélérateur.”
- Conditions idéales pour un
incendie -
Les conditions favorables à un feu
de forêt sont un temps chaud, sec
et venteux. C’est donc sans surprise
que les régions ravagées par les in-
cendies sont celles où les tempéra-
tures et les sécheresses augmentent
sous le coup du réchauffement cli-
matique.
“Le changement climatique, en plus
d’apporter un air plus sec et plus
chaud, crée des écosystèmes plus
inflammables en augmentant le
taux d’évaporation et la fréquence
des sécheresses”, explique Christo-
pher Williams, de l’université Clark
dans le Massachusetts.
Le Sud de la France et le Portugal
ont ainsi connu au cours des 20
dernières années plusieurs épisodes
de sécheresse comme il ne s’en
produisait avant qu’une fois par
siècle.
- Plus de carburant -
“Ces années de sécheresse extrême
ou répétée, plus nombreuses que
par le passé, créent énormément de
biomasse sèche” avec des arbres et
des arbustes morts sur pied, indique
Michel Vennetier, ingénieur-cher-
cheur à l’Institut national de recher-
che en sciences et technologie pour
l’environnement et l’agriculture (Irst-
ea). “C’est un combustible idéal”.
- Changement de végétation -
Pour ne rien arranger, des espèces
mieux adaptées aux conditions semi-
arides se développent. Dans des
zones méditerranéennes, la nature
du sous-bois change. “Des plantes
qui aiment l’humidité disparaissent
au profit d’autres plantes qui sup-
portent mieux la sécheresse, comme
le romarin, le thym, la lavande sau-
vage, en général plus inflammables”,
constate Michel Vennetier.
- Des plantes assoiffées -
Avec la hausse du mercure et des
précipitations moins importantes,
les racines des arbustes et des arbres
vont pomper l’eau plus profondé-
ment dans le sol. Résultat, la terre
humide qui aurait pu ralentir un feu
de forêt n’est plus là.
- Une saison sèche plus longue -
Dans les zones tempérées de
l’hémisphère nord, la saison des in-
cendies se limitait traditionnelle-
ment à juillet-août. Actuellement,
elle peut s’étendre de juin à octobre
dans le bassin méditerranéen. En
Californie, des experts estiment que
les feux de forêt peuvent à présent
éclater tout au long de l’année.
- Des vents d’altitude plus faible -
La météo en Amérique du Nord et en
Eurasie dépend fortement des vents
d’altitude, le “jet stream”, produit par
la différence de température entre les
zones polaires et équatoriales. Mais
le réchauffement climatique, en aug-
mentant les températures en Arc-
tique, affaiblit ces courants.
La conséquence est “plus
d’événements climatiques extrêmes”
causés par des courants d’air de-
scendants, qui se réchauffent et
s’assèchent”, explique Mike Flan-
nigan, professeur à l’université
d’Alberta au Canada.
- Des feux plus puissants -
Le changement climatique augmente
la probabilité des feux de forêt, mais
aussi leur intensité. “Si les feux devi-
ennent trop puissants, comme c’est
le cas en Californie actuellement
et comme on l’a vu en Grèce il y a
quelques semaines, il n’existe pas de
mesures qui puissent les arrêter di-
rectement”, fait savoir Mike Flanni-
gan. “C’est comme cracher sur un feu
de camp” pour l’éteindre, ajoute-t-il.
- Plus d’éclairs -
Un climat plus sec se traduit par une
hausse des éclairs et éventuellement
des départs de feu. Pour autant, 95%
des incendies restent d’origine hu-
maine.
- Des nuées de scarabées -
Avec la hausse des températures, les
scarabées gagnent du terrain dans le
nord du Canada, ravageant les arbres
sur leur passage, jusqu’à les tuer.
“Les épidémies de scolytes aug-
mentent l’inflammabilité des forêts
qui contiennent plus de matériaux
morts, comme les aiguilles” de pin,
explique Christopher Williams.
- Cercle vicieux -
Les forêts sont de gigantesques
puits de carbone, dont elles stock-
ent environ 45% à l’échelle plané-
taire. Lorsqu’elles brûlent, une par-
tie du carbone est relâchée dans
l’atmosphère, contribuant ainsi au
réchauffement climatique.
AFP/CARLOS COSTA/Wildfires have caused
devastation in parts of Portugal.
destinés à détruire les satellites
américains. “Nos adversaires
ont déjà transformé l’espace en
domaine de combat”, a-t-il noté.
- Scepticisme -
L’espace est actuellement placé
sous la responsabilité de l’US Air
Force et l’administration Trump
considère qu’en faire une branche à
part entière permettra de débloquer
plus de moyens pour ce domaine.
Mais la création de cette nouvelle
branche militaire n’est pas assurée
car elle doit d’abord être approuvée
parleCongrès.Ordenombreuxélus
et hauts responsables du Pentagone
s’inquiètent du coût représenté par
le projet, notamment parce qu’il
implique la création de centaines
de postes administratifs.
Le ministre de la Défense Jim
Mattis ne s’est pas exprimé jeudi,
mais l’an dernier, il s’était montré
sceptique sur la nécessité de créer
une Force de l’espace. Dans une
lettre au Congrès, il indiquait qu’il
ne “voulait pas ajouter un service
séparéquiauraitvraisemblablement
une conception plus étroite des
opérations dans l’espace, voire un
esprit de clocher”, ajoutant que cela
créerait une nouvelle bureaucratie
et que ce serait trop coûteux.
Mardi, devant des journalistes, il
s’est déclaré favorable à la création
d’un nouveau commandement
militaire pour l’espace, sans
toutefois aller jusqu’à soutenir
l’idée d’une sixième branche des
forces armées. “Il faut que nous
considérions l’espace comme
un domaine de combat en
développement et il est certain
qu’un commandement militaire
fait partie des choses qu’on peut
créer”, a-t-il indiqué.
Le vice-président a indiqué que le
processus se ferait par étapes, avec
pour objectif de créer cette sixième
branche d’ici 2020, fin du mandat
de M. Trump. Il a demandé au
Congrès d’approuver un budget
supplémentaire de huit milliards
de dollars sur les cinq prochaines
années.
La première étape sera la création
d’un nouveau commandement
de l’espace, sur le modèle des
commandements géographiques
déjà existants, comme Centcom, le
Commandement central chargé du
Proche-Orient, ou Africom pour
l’Afrique, ou thématiques comme
le commandement stratégique
(Stratcom) en charge de l’armement
nucléaire du pays.
“Le président Trump sait que
l’espace est une partie intégrante
de notre mode de vie et notre
prospérité économique, et que c’est
un domaine vital pour la défense
de la nation”, a indiqué la Maison
Blanche dans un communiqué.
Les États-Unis annoncent leur “Force de l’espace”
VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOUT 2018 N0
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Le pétrole lesté parles stocks américains et les tensions commerciales
L
es cours du pétrole ont
terminé en nette baisse jeudi,
plombés par l’annonce d’un
repli moins fort que prévu
des réserves de brut aux États-Unis
et par les inquiétudes concernant les
conséquencesduconflitcommercial
entre Washington et Pékin.
À Londres, le baril de Brent de la
mer du Nord pour livraison en
octobre a lâché 2,37 dollars sur
l’Intercontinental Exchange (ICE)
pour finir à 72,28 dollars. Sur le
New York Mercantile Exchange
(Nymex), le baril de “light sweet
crude” (WTI) pour le contrat de
septembre a cédé 2,23 dollars pour
clôturer à 66,94 dollars.
Selon le rapport hebdomadaire de
l’Agence américaine d’information
sur l’énergie (EIA), les stocks de
pétrole brut aux États-Unis ont
reculé de 1,4 million de barils la
semaine se terminant le 3 août,
quand les analystes attendaient un
repli de 3 millions.
Cette baisse moins forte que prévu
“a probablement joué sur le recul
des prix”, a avancé Andrew Lebow
de Commodity Research Group.
Les réserves d’essence ont, elles,
augmenté de 2,9 millions de barils,
alors que les analystes tablaient
sur un recul, tandis que les stocks
d’autres produits distillés (fioul de
chauffage et gazole) ont progressé
de 1,2 million de barils.
En général, l’été est la saison de
la conduite aux États-Unis, et
les réserves de brut et d’essence
ont tendance à s’amenuiser pour
répondre à la demande élevée des
vacanciers. Mais les raffineries ont
aussi augmenté une nouvelle fois
leur cadence la semaine dernière,
fonctionnant désormais à 96,6%
de leurs capacités et transformant
encore plus de brut en produits
raffinés.
Selon M. Lebow, le marché a,
par ailleurs été rattrapé “par
une certaine nervosité face aux
nouvelles tensions entre les États-
Unis et la Chine, qui poussent les
investisseurs à se demander si cela
ne va pas peser sur la demande
chinoise de pétrole”.
Les États-Unis ont ainsi annoncé
mardi soir qu’ils allaient appliquer
à partir du 23 août des droits de
douane de 25% sur un total de 50
milliards de dollars de produits
chinois. La Chine a riposté mercredi
en promettant des taxes sur les
mêmes montants.
Cette annonce intervient le jour
même où selon les derniers chiffres
des douanes chinoises, le pays “a
importé 8,48 millions de barils de
brut par jour en juillet, ce qui est
à peine plus qu’en juin quand (ces
importations) étaient descendues
à leur plus bas niveau depuis six
mois”, ont remarqué les analystes
de Commerzbank.
La forte baisse des cours du pétrole
est toutefois “un peu étonnante”
au vu des informations du jour, a
estimé M. Lebow. “Alors que de
nombreux investisseurs parient sur
une hausse des cours, le marché a
peut-être juste besoin de prendre
un peu d’air”.
Les marchés publics et le développement durable
« Les marchés publics peuvent devenir une source de développement durable pour le pays », a fait savoir l’économiste,
Fréderic-Gérald Chéry au moment de son intervention à la formation organisée par le réseau des journalistes économiques
pour le développement durable (REJEDD), ce jeudi 9 août 2018, dans les locaux du Group Croissance.
D
ans l’objectif d’aider
les journalistes haïtiens
spécialisés en économie
à mieux se former
dans ce domaine, le Réseau des
Journalistes économiques pour le
Développement durable (REJEDD)
depuis tantôt un mois a mis sur pied
une série de séances de formation. Le
jeudi 9 août 2018, le REJEDD a reçu
des responsables de la Commission
nationale des Marchés publics
(CNMP). Les discussions étaient
axées sur l’importance de la CNMP
dans le pays. Frédéric-Gérald Chéry
qui participait à cette formation,
comme l’un des intervenants, a
fait savoir que les marchés publics
peuvent être des sources importantes
pour le développement durable en
Haïti.
Lesecteurpublicpourraitserenforcer
à partir des marchés publics, si l’on
croit l’économiste Fréderic-Gérald
Chéry. « Nous avons 6 % du budget
de la République qui sont utilisés
dans les marchés publics. S’il y a
une mauvaise gestion de ce fonds,
on n’aura jamais un développement
durable dans le pays », a lâché
M. Chéry. Selon lui, les marchés
publics peuvent participer au
développement de la technologie
en Haïti. Par ailleurs, l’économiste
Chéry a mis l’accent sur les résultats
d’une bonne gestion des marchés
publics pour le pays. Aussi, ajoute-
t-il, un bon développement des
marchés publics permet de créer des
secteurs d’activités.
Les problèmes confrontés par les
marchés publics
Au cours de son intervention,
Fréderic-Gérald Chéry a présenté
les problèmes auxquels font face
les marchés publics. « Les achats
de l’État et les marchés publics
sont réalisés sans viser un impact
économique et technologique sur
la production locale ; le système
de passation de marchés est peu
développé et peu dynamique ; les
cadres techniques sont peu motivés
pour stimuler l’économie nationale
», a-t-il expliqué.
Lesdésavantagesdesmarchés
publics
PourM.Chéry,actuellement, ilexiste
des désavantages dans ce secteur.
Il s’agit, entre autres, selon lui, du
retard de la technologie en Haïti. Les
entreprises locales ne produisent pas
donc, contribuent à l’enrichissement
d’autres pays au détriment du
nôtre. Plus loin, il a parlé de la
philosophie actuelle des marchés
publics. D’après lui, l’administration
publique veut des produits, mais sans
prendre en compte le renforcement
de l’économie nationale.
«L’administration publique a une
approche totalement libérale de la
passation de marché », a-t-il déploré.
En outre, il a souligné qu’un seul
contrôle dans la passation des
marchés publics ne suffit pas. M.
Chéry plaide pour qu’il y ait une
amélioration dans ce secteur. En ce
sens, il a mentionné que le savoir
permettant d’améliorer le secteur des
marchés publics fait encore défaut.
Cluford Dubois
L’économiste, Fréderic-Gérald Chéry.
ÉCONOMIE |
12 | N0
724 VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOUT 2018
| ÉCONOMIE
L
a ferme agricole Cigais
située dans la localité Grand
Bassin de la commune de
Terrier-Rouge se lance dans
une campagne pour le sauvetage
de la noix de cajou en Haïti. Le
propriétaire de cet établissement
qui s’étend sur une superficie de
10 hectares, Alex Joseph se dit
profondément préoccupé par
l’agonie de l’agriculture en Haïti
et l’extinction progressive de
plusieurs filières. Convaincu que
le travail de la terre a le potentiel
de faire renaître l’espoir dans
la communauté haïtienne, ce
gestionnaire explique, dans une
entrevue au journal, le sens de son
initiative et les réalisations qu’il
peut déjà évoquer.
Le National:Faites-nousune
présentationdevotreferme
agricole
Alex Joseph : Il s’agit d’une
entreprise individuelle (le statut
peut changer à l’avenir) évoluant
dans l’agro-industrie. Logée sur
10 hectares dans la commune de
Terrier-Rouge, section Grand
Bassin, la ferme agricole Cigais
se donne pour mission de
répondre aux préoccupations
des consommateurs haïtiens à la
recherche des produits organiques.
Je crois fermement que
l’agriculture et l’élevage sont un
secteur capable de créer de l’espoir
en Haïti. Nos principaux objectifs
sont d’augmenter la production
agricole haïtienne, participer à la
relance des filières en péril, créer
de nouvelles opportunités dans le
secteuretfaciliterlatransformation
des produits périssables de manière
à éviter des gaspillages.
LeNational:Parlez-nousdevos
réalisations
Alex Joseph : Nous avons lancé
nos opérations le 10 février 2018.
Et déjà, nous avons réalisé la
production de 10 000 plantules
(Noix et Cacao), la production
de piments et de légumes sur un
hectare, de 4 000 poissons (tilapia)
dans un bassin de 12 par 15 mètres,
la construction d’un poulailler
d’une capacité de 4500 poulets
de chair. Nous espérons pouvoir
augmenter notre production au fur
et à mesure.
LeNational:Quiddevotre
initiativepourlarelancedelanoix
decajou ?
Alex Joseph : La Noix est une
culture à sauver. Il est à constater
une baisse considérable dans cette
filière dans le grand Sud et l’Ouest.
Le Sud représentait pourtant
un grenier dans le temps, mais
un certain mépris de la filière a
occasionné une destruction des
anacardiers.
Notre campagne consiste à
multiplier les plantules et à les
revendre au prix de 250 gourdes
l’unité. Nous faisons passer le
message sur les réseaux sociaux
et espérons que beaucoup de
gens et même des institutions
manifesteront leurs intérêts. Déjà
nous avons des réactions très
encourageantes.
À partir d’un centre de distribution
à Port-au-Prince, nous répondons
aux commandes dans un délai
raisonnable et nous nous chargeons
dans certains cas de la livraison.
Les commandes peuvent être
placées par mail ou par téléphone
(cigaishaiti@gmail.com/3892-
9294). Les recettes permettront
de poursuivre nos efforts pour la
revalorisation de l’agriculture et
l’élevage, juste une contribution
symbolique. Nous envisageons
de faire d’autres campagnes
semblables pour le café, le cacao,
les citrus et le tamarin.
LeNational:Pourquoilanoixa
attirévotreattention?
Alex Joseph : Parce que c’est un
produit demandé partout dans
le monde. En Haïti, seul le grand
Nord en produit vraiment, et ceci
en faible quantité. La noix de cajou
est très délicieuse et bénéfique
pour la santé de par sa richesse en
bonnes graisses, en nutriments et
en vitamines. Cette campagne se
fait aussi dans le Nord de manière
à remplacer les anacardiers vieux
de plus de 30 ans.
LeNational:Avez-vousdesprojets
d’avenir?
Alex Joseph : Nous travaillons
à lancer les opérations pour
la construction de la zone de
transformation, l’installation d’un
incubateur capable de produire
93 000 poussins chaque 28 jours
et la construction de plusieurs
réservoirs d’eau. Il nous faudra
également construire un hôtel
pour l’hébergement des visiteurs
et/ou étudiants pendant leur
séjour sur la ferme. Mais nous ne
travaillons qu’avec les moyens du
bord, car, nous ne recevons aucun
financement.
Propos recueillis par
Kendi Zidor
Une ferme agricole vole au secours de la noix de cajou
Une ferme agricole vole au secours de la noix de cajou.
VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOUT 2018 N0
724 | 13
A
pporter aux jeunes les
enseignements et les
compétences dont ils
auront besoin reste un
grand défi mondial. D’abord,
parce que plus de 260 millions
d’enfants et d’adolescents dans
le monde sont encore privés
d’école. Et, pire encore, parce
que près de 60 % des élèves
du primaire dans les pays en
développement ne parviennent
pas à atteindre le seuil minimal
de compétences devant être
acquises. Ce défi est aujourd’hui
d’autant plus complexe que
les nouvelles technologies
modifient rapidement les
compétences nécessaires pour
être compétitif sur le marché
de l’emploi et accéder aux
débouchés disponibles. Cet
enjeu est au cœur de la prochaine
édition du Rapport sur le
développement dans le mondede
la Banque mondiale consacré aux
mutations de la nature du travail.
Dans les régions du monde qui,
comme l’Asie du Sud et l’Afrique
subsaharienne, sont constituées
en majorité d’une population
jeune, cet enjeu impose
d’accorder à l’enseignement des
compétences numériques une
place de premier plan.
On célèbre le 12 août la Journée
internationale de la jeunesse. Le
thèmedecetteannéemetenavant
la nécessité d’offrir aux jeunes
des « espaces sécurisés » grâce
auxquels ils peuvent contribuer
à la liberté d’expression, au
respect mutuel et au dialogue
constructif. Il s’agit d’espaces
physiques, mais aussi civiques,
publics et numériques. Cette
dernière dimension m’intéresse
tout particulièrement : non pas
par déformation professionnelle
— je travaille comme spécialiste
de la communication numérique
à la Banque mondiale — mais
parce que je suis convaincue que
l’avenir du travail se confondra
avec la technologie.
On assiste de fait depuis
quelques années à l’émergence
de nombreuses initiatives visant
à aider les jeunes à acquérir des
compétences technologiques et à
intégrer l’économie numérique
mondiale.
En 2017, le Groupe de la Banque
mondiale a par exemple lancé
le programme XL Africa afin
de soutenir les entrepreneurs
numériques les plus prometteurs.
Sur les plus de 900 entreprises
ayant postulé au programme,
20 start-up ont été retenues et
ont pu bénéficier de capitaux
d’un montant compris entre 250
000 et 1,5 million de dollars. Ce
projet a permis l’essor de sociétés
comme Pesabazaar, Edgepoint
Digital et Asoko Insight, qui sont
désormais en mesure de servir
un grand nombre de personnes,
dans les secteurs des fintech, de
l’assurance santé, des données et
des services. Parmi les entreprises
qui facilitent la création
d’emplois sur des plateformes
de travail numérique, on peut
citer Andela, qui a formé 20 000
développeurs en Afrique.
Dans la province pakistanaise
de Khyber Pakhtunkgwa, la
Banque mondiale organise
depuis 2014 un sommet annuel
sur la jeunesse numérique.
L’objectif est d’éduquer et
d’inspirer la future génération
d’innovateurs dans cette région
en proie aux conflits, où 50 %
de la population a 30 ans ou
moins. Cette initiative s’inscrit
dans un programme provincial
qui ambitionne de créer 75
000 emplois dans le secteur
des nouvelles technologies, et
plus largement dans le cadre
de la stratégie nationale pour le
numérique.
Il y a quelques mois, la conférence
sur « les jeunes, la technologie
et la finance », organisée par le
Groupe de la Banque mondiale
en partenariat avec l’Algérie,
visait à mettre en lumière le
potentiel d’innovation de la
région Moyen-Orient et Afrique
du Nord. En montrant comment
des entreprises comme Souq.
com et Careem sont parvenues
à exploiter les technologies de
rupture, il s’agissait de discuter
des stratégies qui permettraient
de transformer la créativité des
jeunes de la région en un moteur
de croissance.
Enfin, en Jamaïque, un pays où
30 % des jeunes sont au chômage,
un projet financé par la Banque
mondiale a formé 15 000 jeunes
aux métiers du numérique et de
l’animation.
Alors que le Rapport sur le
développement dans le monde
2019 est en cours de finalisation,
nous invitons les jeunes à
répondre à cette question :
comment les États, les villes, les
entreprises et les populations
se préparent-ils au travail de
demain et au défi technologique
? Faites-nous part de votre
expérience et gagnez peut-être la
somme 5 000 dollars !
Les compétences numériques ouvrent un monde d’opportunités
pour les jeunes
ÉCONOMIE |
14 | N0
724 VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018
| SOCIÉTÉ
Vers la deuxième édition de la Foire d’été d’Haïti
Lancée pour la deuxième fois, la Foire d’été d’Haïti est une activité qui, selon l’un des membres organisateurs, Luczama Staler, consiste
à vulgariser les œuvres artisanales des artisans haïtiens qui n’hésitent jamais à faire la promotion de la culture haïtienne au travers de
leur travail. L’activité, qui se déroulera sur deux jours, les 10 et 12 août 2018, est organisée par Ley Production, une jeune maison de
production qui, depuis décembre 2015, s’engage à mettre sous les feux des projecteurs le talent des jeunes haïtiens et à faire rehausser
la culture haïtienne. Cette année, nous avons rencontré pour la deuxième édition de la Foire d’été d’Haïti les membres organisateurs
de l’événement. Entretien avec le président de Ley Production, Wedson Ley Ilsaint.
LeNational:Faites-nous
partdesintentions de Ley
Productionquand elle a lancé
cettefoirepourla première
foisdanslesrues de Pétion-
Ville,plusprécisément à rue
Rigaud?
Wedson Ley Ilsaint : À vrai dire, nous
avons cette idée de « Foire d’été d’Haïti »
depuis 2016, mais c’est en 2017 que nous
allonsfairenotrepremierlancement.Lors
de la première édition de la Foire d’été
d’Haïti, nous avons décidé de la réaliser
dans les rues et non à l’intérieur d’un
local. Cette décision, nous l’avions prise
pour permettre un taux de participation
élevé et nous voulions que tout le monde
puisse y prendre part du moment que la
personne était intéressée. C’est en ce sens
que nous avions opté pour la rue Rigaud
à Pétion-Ville.
Cequiafaitledéclicdansnostêtespourla
réalisation d’une Foire d’été d’Haïti n’est
autre que le manque d’activité culturelle
en cette période. C’est dans cette optique,
nous avons jugé nécessaire de mettre sur
pieds la foire d’été d’Haïti où les jeunes
talents de la maison de Ley Production
ont, lors des expositions et conférences,
l’opportunitéd’interagiravecdesartisans
comme eux qui partagent avec eux leurs
expériences. En quelque sorte, nous
joignons l’utilité à l’agréable pour porter
au loin non seulement la production
locale, mais aussi les œuvres des artisans.
L.N.:Quelssont les objectifs
quevousciblez?
W.L.I. : Notre objectif pour cette édition
est de permettre au public haïtien de
se familiariser avec les œuvres de ces
artisans,dedécouvrirlavaleurdesœuvres
artisanales dans la culture de notre pays,
d’apprécier leur travail et de profiter de
l’ensemble des produits alimentaires
transformés, mais nous comptons aussi
faire bénéficier aux jeunes artisans, à
travers des conférences, l’expérience des
artisans qui vivent de leur travail depuis
bien des années.
L.N. : Avez-vouseulesupport
de quelquesassociations
culturellesdupayspourla
réalisationdecetteactivité?
W.L.I. : Malheureusement non. Nous
n’avons pas eu le support des organismes
culturels pour l’exécution de cette
activité, que ce soit lors de la première
et de la deuxième édition. Nous avons
dû nous débrouiller avec les moyens de
la maison de production que je dirige, à
savoir Ley Production, et des membres
qui veulent à tout prix réaliser ce projet,
puisqu’il vise à faire la promotion de la
culture haïtienne et à mettre le travail de
certains artisans en avant.
L.N. : Quelseralecontenudes
programmationsdurantces
deux jours?
W.L.I. : L’activité s’étendra sur deux
jours, les 10 et 12 août. Durant le premier
jour, nous serons à l’hôtel Best Western,
à Pétion-Ville, pour une conférence
avec trois intervenants qui sont Harry
Nicolas, dit Mèt fèy vèt, PDG de « Kore
Pwodiksyon Nasyonal », avec Simone
Audant Ambroise, PDG de Kay Atizan et
avec Bernie Jean, responsable de Centre
de contacts et des transferts « Fon Koze
». Ils auront à intervenir sur des sujets
ayant rapport avec les activités artisanales
et agro-alimentaires et autres. Les
thématiques se dérouleront autour de la
question suivante : comment peut-on par
le canal de l’entrepreneuriat utiliser nos
œuvres artistiques afin de valoriser notre
culture, mais aussi réaliser une plus grosse
vente ? Les expériences de ces personnes
vont être bénéfiques pour les jeunes, cela
valeurpermettred’émergerdelasituation
dans laquelle ils étaient.
Lors du deuxième jour, nous aurons
des expositions, une vente-signature du
dernier album de Ded Krazy, des défilés,
show de danse dans la rue Rigaud. Pour
y participer, les gens devront se procurer
du bracelet de l’activité afin de circuler
librement, de consommer et d’apprécier
les œuvres de nos jeunes artisans. Nous
sommes ouverts à un large public, c’est
pourquoi dans notre programmation
nous aurons avec nous des Clowns qui
s’occuperont du bonheur des enfants.
Voilà ce que nous offrons pour la
deuxième édition.
L.N. : Comparée à la première
édition, la deuxième
édition apportera-t-elle une
quelconque amélioration
ou même une surprise aux
gens qui se déplaceront pour
venir suivre l’événement et y
participer ?
W.L.I.: Je rappelle que la première édition
de la Foire d’été d’Haïti ne s’est réalisée
que sur un seul jour. Alors que durant
la deuxième édition, nous avons voulu,
en effet, apporter plus de contenus dans
la programmation. Nous aurons plus
d’artistes qui viendront y participer afin
de mettre plus d’ambiance et de soutenir
notre deuxième édition, tels Ded Krazy,
Paska,etc.Etentermesdelogistique,nous
sommes quasiment prêts, sans compter
que nous aurons le soutien de la Mairie
de Pétion-Ville qui prendra en charge la
sécurité des participants.
LeNational:Qu’attendez-
vous comme résultat de cette
foiredanslepays?
WedsonLeyIslaint:Cequenousespérons,
l’équipeetmoiainsiquelesexposants,c’est
une forte participation de la communauté
de Pétion-Ville et des autres secteurs
avoisinants. Afin de réaliser la deuxième
édition, nous avons dû faire beaucoup de
sacrifice, c’est pourquoi nous attendons
impatiemment la participation de tous,
enfants, jeunes, adultes.
Venez encourager nos jeunes artisans !
Propos recueillis par
Laïka Mezil
Affiche annonçant l’activité.
VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018 N0
724 | 15
SOCIÉTÉ |
Objectif faim zéro : une campagne pour promouvoir les droits et
le rôle politique des femmes autochtones
Le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, a appelé les pays à rallier une campagne visant à promouvoir les droits des
femmes autochtones et à encourager leur participation dans les discussions politiques en vue de réaliser l’Objectif de développement
durable de faim zéro.
N
ous appelons les pays
à défendre les femmes
autochtones et à leur garantir
une place au sein des
procédés de décisions politiques. Sans
elles,nousnepouvonsréaliserl’Objectif
Faim Zéro et nous ne pouvons pas
parvenir à un développement durable,
» a indiqué M. Graziano da Silva lors
d’un message vidéo diffusé peu avant
la célébration de la Journée mondiale
dédiée aux populations autochtones à
travers le monde, prévue pour le 9 août.
On compte près de 400 millions
d’autochtones dans le monde et près de
la moitié d’entre eux sont des femmes.
Les populations autochtones jouent
un rôle important en vue d’éradiquer
la faim, estime l’Organisation des
Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture (FAO).
« Les peuples autochtones sont les
gardiens de la biodiversité mondiale.
Ce sont les défenseurs des terres et
territoires dont ils s’occupent pour
les générations futures. Pourtant,
trop souvent, les droits collectifs des
populations autochtones sur leurs
terres ancestrales, leurs territoires et
leurs ressources ne sont pas respectés,
» a indiqué M. Graziano da Silva.
Les femmes autochtones élèvent du
bétail, pratiquent l’agriculture, pêchent
et chassent afin de nourrir leurs
communautés. Elles sont également
considérées comme les gardiennes des
semences et des plantes médicinales.
Malgré leurs contributions, les femmes
autochtones ne font pas partie des
politiques et des processus de prises de
décision affectant leurs vies. Souvent,
les politiques de protection sociale
échouent à intégrer leurs visions et
besoins. Malgré leur expertise, leur
travail, leur savoir et leurs besoins
ne sont pas représentés dans les
statistiques. Tout cela contribue à les
rendre invisible.
Une chaiseviolettepour
inviterlesfemmesàlatable
des discussions
En janvier, la FAO a lancé la Campagne
mondiale pour l’autonomisatoin des
femmes autochtones en vue de réaliser
l’objectif Zéro Faim en collaboration
avec le Forum international sur les
femmes autochtones et l’agence de
presse des femmes autochtones et afro-
descendantes.
L’un des moments forts de la campagne
aétél’Initiativechaiseviolette-unappel
aux autorités, aux décideurs politiques,
aux organisations, à la communauté
internationale, au monde universitaire
et à la société civile avec pour objectif
de garantir la participation des
femmes autochtones aux discussions
politiques et aux processus de prises de
décisions qui les affectent elles et leurs
communautés.
Afin de les rendre visible, une chaise
violette est placée lors d’une réunion
afin de souligner la participation d’une
femme autochtone, ou trop souvent,
lorsque la chaise est vide, le fait qu’elle
ne participe pas.
« Placer une chaise violette lors d’une
réunion est une manière simple mais
efficace de rappeler que les femmes
autochtones doivent s’assoir à la table
des négociations où les politiques
concernant leurs communautés
sont discutées, » a déclaré Marcela
Villarreal, Directrice des partenariats
et de la Coopération Sud-Sud à la FAO.
Le violet est devenu une couleur
symbolique de la lutte des femmes
pour faire entendre leur voix. Les
gens peuvent utiliser des tableaux,
des textiles autochtones ou encore
l’artisanat pour fabriquer une chaise
violette et soutenir la campagne.
« J’insiste toujours sur l’importance
de prendre en compte les femmes
autochtones. Nous ne sommes pas
des gens qui ont besoin d’aide ou qui
sont constamment vulnérables. Nous
sommes des agents du changement.
Nous avons du potentiel mais ce
potentiel doit être catalysé, » a
indiqué Mariam Wallet Aboubakrine,
Présidente du Forum permanent
des Nations Unies sur les questions
autochtones.
Le piment est l’un des principaux produits consommés quotidiennement au
Mexique. Les femmes de la communauté Nahua de Tlaola produisent le poivron
serrano entre avril et juin.
Cayes : à moins d’une semaine de la Notre-Dame, rien ne change
Quelques jours avant la Notre-Dame, le 15 août 2018, la ville des Cayes garde encore son visage ordinaire. Les activités de préparation
à cette fête sont quasiment inexistantes pour ne pas dire totalement absentes. Idem pour les festivités de la plage de Gelée.
A
lors que la population cayenne
s’est fait le droit d’espérer
une fête de Gelée et une fête
patronale de grande envergure
pour cette année quant aux promesses
faites par les autorités locales l’année
dernière. Le doute plane encore sur
la réalisation des festivités de Gelée et
aussi sur la Notre-Dame pour l’année
2018 si ce n’est le Te Deum traditionnel.
À moins d’une semaine du jour j, soit le
15 août prochain, les activités en prélude
à cette manifestation culturelle attirant
des milliers de visiteurs font encore
espérer. Officiellement, la population
attend que les autorités lancent le cap
et entre-temps se noie dans une grande
confusion : « Est-ce qu’il y aura festivité
à Gelée cette année ? » C’est la grande
question que se posent les habitants
de la 3e
ville du pays. Le manque de
synergie constaté du côté des autorités
municipales sur les festivités constitue
la toile de fond des préoccupations des
citoyens.
Certains d’entre eux attribuent cette
situation à la démission du maire
principal des Cayes, Jean Gabriel
Fortuné, qui ne fait que liquider les
affaires courantes à la tête du conseil
municipal. Ce qui, ajoutent-ils, ne
fait que voiler la fièvre qui devait être
ressentie à l’occasion de la fête. À moins
de cinq jours environ, la ville des Cayes
ne donne pas l’impression d’une ville
en fête alors que l’envie de fêter luit au
visage des habitants.
À part la façade de la Cathédrale des
Cayes qui est sur le point d’être repeinte
pour accueillir le Te Deum traditionnel
à l’occasion de la Notre-Dame de
l’Assomption, ainsi que quelques
activitésdenettoyageentreprisespardes
groupes de jeunes sur la route menant à
Gelée, rien n’est officiellement annoncé
comme festivité culturelle ; et le centre-
ville ne change pas d’allure.
Ce qui n’empêche pas que des citoyens,
en quête de loisir, foulent la plage de
Gelée chaque matin et en fin de journée.
Ce, malgré les sargasses qui jonchent
la plage et qui rendent les activités des
agents de la mairie plus corvéables.
Si l’on considère la synergie qu’il y
avait entre les autorités municipales sur
l’organisation des festivités de Gelée
pour l’année 2017 : les différents projets
qui étaient annoncés sur la plage, les
commissions qui étaient montées
autour de l’organisation de la fête ; ce,
depuis quelques mois à l’avance ; peut-
on, en moins de cinq jours, espérer
grand-chose cette année ?
Edver Serisier
À moins d’une semaine de la Notre-Dame, rien ne change dans la ville des Cayes.
No 724
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No 724

  • 1. HAÏTI/ENVIRONNEMENT Changement climatique: Haïti prépare son accessibilité au Fonds vert Le pays fait face depuis quelque temps à de sérieux problèmes environnementaux. Les autorités haïtiennes à travers le ministère de l’Environnement et ses partenaires ont organisé un atelier de formation sur le Fonds vert climat en vue de mieux informer les gens sur les différents problèmes auxquels l’environnement est confronté particulièrement sur les effets néfastes du changement climatique. Cette conférence qui s’est déroulée à la salle de conférence du ministère s’inscrit dans le cadre du programme préparatoire pour qu’Haïti puisse accéder audit fonds. Le Canada expulse des illégaux Haïtiens Des migrants haïtiens arrêtés à la frontière entre le Canada et les États-Unis. VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018 NUMÉRO 724 HAÏTI/EXAMENS D’ÉTAT Le MENFPsatisfait, les syndicats d’enseignants critiquent Le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) confirme être prêt pour le déroulement de la session extraordinaire des examens de fin d’études secondaires pour l’année académique 2017-2018. Au cours d’une conférence de presse tenue en son local, le jeudi 9 août, les responsables dudit ministère se sont décernés un satisfecit pour les efforts consentis dans la réalisation des examens. Entre- temps, des syndicats d’enseignants critiquent les autorités du ministère et qualifient de fiasco la réalisation des derniers examens. »»» Lire page 2 Cayes:àmoinsd’une semainedelaNotre-Dame, riennechange »»» suite page 4 »»» suite page 3 CULTURE ÉCONOMIE Pour sauver l’honneur ! SOCIÉTÉ SPORT Une ferme agricole vole au secours de la noix de cajou Josué Blanchard : un artiste engagé dans la forme et le fond
  • 2. 2 | N0 724 VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018 S elon des données de l’Agence des services frontaliers, en 2017, il y a eu 434 renvois de demandeurs d’asile d’origine haïtienne. Cette année, jusqu’à date, il y a eu 67 expulsions portant le total à 501. Selon le TVA Nouvelles, des migrants haïtiens ont entamé des manifestations pour réclamer l’arrêt des expulsions de demandeurs d’asile vers Haïti. Après la vague fuite des migrants versleCanadaen2017,cetteannée, l’Agence des services frontaliers du Canada a décidé de renvoyer les migrants dans leur pays d’origine et non aux États-Unis, pays par lequel ils ont transité. Une fois qu’ils reçoivent leur avis d’expulsion, ils demeurent pour la majorité en liberté, mais ils doivent respecter la date de renvoi et se présenter à l’aéroport. Cependant, si l’Agence des services frontaliers décèle un risque de fuite, cela peut constituer un motif de détention jusqu’au renvoi. Moins de 1 % des demandeurs sont détenus avant ou après la décision. Les billets d’avion sont payés par les demandeurs d’asile eux- mêmes. Cependant, d’après Me Éric Taillefer, avocat spécialisé en immigration, si la personne n’a pas les moyens pour couvrir les frais du billet, l’Agence des services frontaliers prend en charge ces frais. Par contre, selon Me Éric Taillefer, il y a une conséquence à cette prise en charge. « Si la personne veut revenir un jour au Canada, que ce soit comme résident permanent, comme étudiant ou comme travailleur, elle va devoir payer des frais administratifs de 1500 $ par billet que l’Agence a payé », a expliqué Me Taillefer. En outre, Me Taillefer a confirmé que les demandeurs d’asile renvoyés qui voudraient revenir au Canada devront payer des frais de 400 $ lorsqu’ils présenteront une demande d’autorisation pour revenir au Canada. Il faut souligner que ces migrants illégaux ont fui les États-Unis d’Amérique pour le Canada après les propos du président américain, Donald Trump, évoquant le non- renouvellement du TPS. Par peur de renvoi dans leur pays d’origine, ces migrants ont essayé de franchir les frontières canadiennes pour se mettre à l’abri d’un refoulement en Haïti. Woovins St Phard stpharwoovins@gmail.com | ACTUALITÉ Un virage vers les collectivités territoriales? Bien que la dialectique du maître et de l’esclave chère à Hegel semble éloignée des temps modernes, elle reste néanmoins d’actualité et paraît tout à fait liée aux conditions d’existence des collectivités territoriales. Sous divers aspects de leur mode de vie, ces structures se trouvent manifestement en position d’esclaves. Dans ces conditions, leur chemin vers la liberté se trouve ainsi dans leur velléité à se montrer à la hauteur de leur mission en devenant proactives. Et c’est presque dommage. Mais c’est pour remédier assurément à cette situation qui entrave même l’avenir des communes que le président de la République a convenu de procéder la semaine dernière à un virage vers les collectivités territoriales. Jovenel Moïse a remis trente-sept camions compressifs à une vingtaine de mairies de la région métropolitaine, de la province et du Service métropolitain des collectes des résidus solides (SMCRS). Lors de la cérémonie, il a exhorté les différents maires à faire bon usage de ces équipements en faisant l’éloge de la caravane et ses réalisations. Ce geste est un tournant décisif dans le fonctionnement régulier de ces élus particulièrement durant la saison cyclonique. C’est à encourager, mais c’est insuffisant compte tenu de la dimension des difficultés d’ordre matériel et financier des collectivités territoriales. “La majorité des maires du pays n’ont pas la capacité financière pour acheter ces camions qui coûtent plus de 30 millions de gourdes et sont confrontés à divers problèmes. C’est le rôle du pouvoir central d’accompagner les collectivités dans leur mission de service à la population”, a déclaré en substance le chef de l’État qui avait remis récemment des véhicules de fonction à des élus locaux. Outre la collecte et le ramassage des ordures solides, toutes les mairies ont en commun des services obligatoires et facultatifs. Au seuil de la rentrée scolaire, le virage vers les CT est une bonne chose. Mais les villes et les communes sont tenues de mettre à disposition des écoles communales des locaux,dumobilier,dumatériel,desfournituresetlasubventionnécessaires à leur fonctionnement. Le maire bénéficie d’une double casquette: il est à la fois l’agent de l’État et de la commune. Mais quels sont les rapports de l’État et des CT? En quoi consiste le droit de regarddupouvoircentralsurleslibertésdesCT?LaConstitution(amendée) reconnait, en effet, l’indépendance municipale. C’est le fruit d’une longue lutte. Soumise à des vicissitudes fréquentes, elle est sacrée. Les villes et les communes sont des agglomérations ayant l’avantage constitutionnel de s’administrer elles-mêmes en équilibrant leur budget souvent mal assis. Les conseils municipaux sont conscients d’être les représentants des intérêts communaux, en même temps qu’ils sont devenus dès leur élection des agents de l’État chargés d’assurer l’administration communale. La réalité des mairies est telle qu’il est impossible de juger l’efficacité des CT sur leurs résultats. Même s’il faut admettre que bien des cartels municipaux sont formés de maires d’une compétence relative et d’une honnêteté questionnable et qu’ils ont toujours éprouvé le besoin de s’affirmer davantage. D’où le droit de regard du pouvoir central, instance suprême de régulation de l’administration municipale et gardienne de la bonne marche des institutions. Depuis des années, la vie communale est nulle et sans effets. Ou presque. L’initiative parlementaire consistant à élaborer un projet de loi sur l’organisation municipale est un pas dans la direction des libertés locales. Et après? Or, l’action du gouvernement n’est vraiment féconde et bienfaisante, qu’autant qu’elle est servie par les CT. De tous les agents municipaux, le plus utile, quoique le plus incompris, le plus indispensable, le plus difficile à remplacer s’il venait à manquer, c’est assurément le maire de la commune. Autant reconnaitre l’indépendance des CT. Tout gouvernement bien inspiré prend nécessairement la mesure de cette réalité. Qu’on prenne donc garde de ne pas affaiblir par de mauvaises pratiques administratives les institutions républicaines que l’on prétend servir de bon droit. À l’heure actuelle, ce qui importe ce n’est pas un simple virage vers les CT, mais le respect du principe de leur indépendance par rapport au pouvoir central. Robenson Bernard ÉDITO Le Canada expulse des illégaux Haïtiens Le Canada a procédé à une campagne d’expulsion des migrants illégaux, demandeurs d’asile, ayant transité par les États-Unis d’Amérique. De 2017 à 2018, plusieurs centaines de migrants haïtiens ont été expulsés du Canada, selon le TVA Nouvelles. »»»» suite de la première page
  • 3. VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018 N0 724 | 3 L es responsables du MENFP ont présenté un inventaire de l’évolution du processus de planification de la session extraordinaire des examens de baccalauréat pour cette année. Ils en ont profité pour annoncer que tout est fin prêt pour le déroulement de cette dernière manche. Selon ce qu’a confirmé le directeur général du ministère, Meniol Jeune, toutes les dispositions sont déjà prises pour faciliter le bon déroulement des examens à l’extraordinaire. Une position confirmée par le directeur de l’Éducation au niveau du département de l’Ouest, Louis Fritz Dorminvil, qui informe que tous les centres d’examens pour son département sont déjà identifiés et que seulement 20 % de la totalité des inscrits auront à prendre part à cet examen de reprisequisedérouleradu13au17 août 2018. Le MENFP a, en outre, annoncé une durée de seulement trois jours pour les corrections afin de ne pas entraver la nouvelle année scolaire. Le directeur général du MENFP en a profité pour lancer des mots de félicitations à l’endroit de toute l’équipe de la chaine éducative haïtienne qui a réalisé un travail colossal en vue de parvenir, dit- il, à la mise en œuvre réelle d’une éducation de qualité dans le pays. Alors que les autorités du ministère font état de leur satisfaction, des organisations syndicales, dont l’Union nationale des normaliens et normaliennes haïtiens (UNNOH), critiquent la réalisation de ces examens et la façon dont les autorités dirigent le ministère. Selon les responsables de cette structure, l’équipe présidée par le ministre Pierre Josué Agenor Cadet a piteusement échoué durant cette année académique. Selon le bilan dressé par cet organisme, le ministre et ses collaborateurs ont connu un passage à vide à la tête de l’institution. De leur avis, le règne du ministre Cadet était caractérisé par l’arrogance, le mensonge, l’absence de dialogue, le déficit d’une gouvernance éclairée ; ce qui ne concorde pas aux lois de la nation. Face à ces constats, les syndicalistes annoncent la reprise des mouvements de protestations dans un autre format. « Nous allons changer de paradigme dans la bataille. Cette fois, la bataille sera inclusive en vue de doter le système de citoyens honnêtes et engagés»,annoncentlesdirigeants de l’UNNOH. Notons au passage que le MENFP annoncequ’ilareçuunesubvention de 50 millions de gourdes pour aider les parents à préparer la nouvelle entrée académique. Le directeur Meniol Jeune invite tous les parents, désireux de bénéficier de ce soutien, à soumettre leurs dossiers au local du MENFP. Daniel Sévère ACTUALITÉ | www.lenationalht.com 10, rue Gabart · Pétion-Ville info@lenational.ht (509) 4612-1010 / 3214-5554 *** Propriétaire: Le National S.A Fondateur: Hervé Lerouge, Ing. Directeur Général: Philippe Lerouge Directeur de Publication : Jean-Euphèle Milcé Directeur Développement et Innovations : Frandley Julien *** Rédaction redaction@lenational.ht (509) 4614-1010 Conseillers spéciaux: Frantz-Antoine Leconte Gary Victor *** Rédacteur en chef adjoint Robenson Bernard *** Secrétaire de rédaction Noclès Debréus *** Editorialistes Roody Edmé Gary Victor *** Chefs de Rubrique Actualité : Evens Régis Arts & Culture : Jean Emmanuel Jacquet Sports : Kenson Désir Société: Ritzamarum Zétrenne *** Rédacteurs Kendi Zidor, Walter Cameau, Eddy Laguerre, Schultz Laurent Junior, *** Graphistes Jude Luders Edmond Réginald Occessite Caricaturiste : Francisco Silva Photographes Jean Jacques Augustin *** Correction & révision Frantz Clergé *** Internet & Multimédias Jean Bernard Brutus, Stanley Pierre, Aurelien Junior Sylvain *** Administration : administration@lenational.ht (509) 4610-1010 / 4612-1010 Publicité et Marketing: publicite@lenational.ht (509) 4610-1010 Vente & Distribution : (509) 3854-8870 / 4306-5205 4612-1010 / 3333-0827 *** Bureau Floride 8991 Pembroke Rd, Pembroke Pines, FL 33025, USA contact@lenational.ht 786 908 4967 *** Bureau New York 479A Hempstead Turnpike Elmont NY 11003 347 546 1468 *** Le National Montréal 9323 Boulevard Maurice Duplessis Rivière Des Prairies QC HIE 6N5 438 936 7445 / 514 568 9887 / 438 764 7735 lenationalcanada@lenational.ht Le directeur général du MENFP, Meniol Jeune. Josué Mérilien. HAÏTI/EXAMENS D’ÉTAT Le MENFPsatisfait, les syndicats d’enseignants critiquent »»»» suite de la première page
  • 4. 4 | N0 724 VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018 L a Direction des changements climatiques (DCC) du ministère de l’Environnementdeconcert avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a organisé les 7 et 8 août 2018 un atelier de formation sur le Fonds vert climat, une initiative qui, selon les organisateurs de cet atelier, s’inscrit dans le cadre du programme préparatoire d’Haïti à l’accès à ce fonds. Ces deux journées d’assises ont pour objectif d’informer les divers participants sur les procédures d’accréditation et les modalités d’accès au Fonds vert climat (FVC) et du même coup réviser le manuel d’opération de l’autoroute nationale désignée (AND). C’est en tout cas le quatrième grand atelier d’information sur le Fonds vert climat qu’a organisé le MDE selon une note publiée par le ministère de la Culture et de la Communication. « Nous sommes arrivés à un carrefour ou chaque personne doit apporter son soutien, sa contribution afin de pallier les effets néfastes du changement climatique. C’est pour cette raison queleMDEs’organisepourdoterle pays d’un programme national de financement qui prend en compte les priorités d’investissement dans la mitigation et de l’adaptation au changement climatique » a déclaré James Cadet, le directeur des changements climatiques du MDE . Par ailleurs, le directeur de la DDC informe que ces deux journées de formation visent particulièrement les directeurs techniques des bureaux centraux et départementaux du MDE, les représentants des ministères sectoriels tels que : le ministère de l’Économie et des Finances (MEF), le ministère de la Planification et de la Coopération externe (MPCE), le ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR), le ministère des Travaux publics, Transport et Communication (MTPTC). Ces assises ont pour objectif, poursuit le directeur, de fournir une plateforme de formation et de sensibilisation sur les modalités de ce mécanisme de financement, le processus d’accès au financement, entre autres. Le lancement officiel de ses deux journées de formation a été fait par le chef du cabinet du ministre de l’Environnement démissionnaire, Joseph Ronald Toussaint. Dans son allocution, M. Ronald Toussaint a fait le point sur les différentes opportunités que présente ce mécanisme de financement tant important pour l’État haïtien que pour les acteurs de la société civile. Il a souligné en outre l’importance du programme de préparation à l’accès au Fonds vert pour le climat « Readiness ». Il faut rappeler qu’Haïti figure parmi les pays les plus exposés au monde et 5e pays le plus vulnérable aux aléas du changement climatique. Jodel Alcidor | ACTUALITÉ »»»» suite de la première page HAÏTI/ENVIRONNEMENT Changement climatique: Haïti prépare son accessibilité au Fonds vert HAÏTI/EXÉCUTIF LeSénatatransmisdeuxnouvellesloisàl’Exécutifauxfinsde publication Au terme d’une séance très animée, le 3 juillet 2018, les sénateurs avaient voté, les deux propositions de loi ; l’une relative à la promotion de la culture et l’autre sur les normes d’accessibilité à l’environnement bâti. Après les corrections nécessaires, les textes ont été acheminés au Pouvoir exécutif pour être publiés au journal officiel du pays « Le Moniteur ». D eux nouvelles lois ont été transmises au début de cette semaine au pouvoir exécutif pour être publiées dans le journal officiel « le Moniteur ». Il s’agit d’une des prérogatives de l’Exécutif. Ces deux textes de loi ont été votés, lors d’une séance plénière très houleuse qui s’était déroulée le mardi trois juillet 2018 au terme d’une séance. La proposition de loi relative à la promotion de la culture et à l’aide aux artistes et aux artisans est une initiative du sénateur de l’Artibonite, Gracia Delva qui a été votée à la Chambre des députés en 2013. Cette loi prend en compte plusieurs aspects dans le domaine de la culture notamment, la protection sociale des artistes et la protection de la culture, le quota de diffusion de la musique haïtienne sur les stations de radio et de télévision, la création d’un comité permanent du Canaval, la plus grande manifestation culturelle du pays ainsi que la formation d’une structure permanente consacrée à l’organisation d’évènements culturels . S’agissant du projet de la loi sur les normes d’accessibilité de l’environnement bâti, il a été adopté en Conseil des ministres le vendredi 30 juin 2018 et transmis au Parlement le 19 avril 2017. Son accessibilité repose sur des principes de conception universelle qui visent à assurer la conception, la construction, l’aménagement et la gestion d’un environnement bâti tenant compte des besoins et des aptitudes de tous les usagers y compris ceux des personnes handicapées. Il faut rappeler que, ce projet de loi avait fait suite aux dispositions du titre IV de la loi du 13 mars 2012 portant sur l’intégration des personnes handicapées qui traite des obligations spécifiques à l’environnement bâti. Pour l’instant, le Parlement est dans l’expectative. Puisque, selon la Constitution en vigueur, le pouvoir exécutif a 8 jours francs pour faire objection. Jodel Alcidor
  • 5. VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018 N0 724 | 5 L e Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) a qualifié d’illégales et d’arbitraires les opérations menées par plusieurs entités à Pèlerin 5 au début du mois de juillet 2018, dont l’objectif était, selon le RNDDH de déloger trente-quatre familles qu’ils reprochent de représenter une menace pour la famille présidentielle. À la suite de ces opérations, les maisons de sept familles ont été démolies. En quelques heures, s’indigne le RNDDH, ces individus sont passés du statut de propriétaires de maison à sans-abri. Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, en date du 9 août 2018, le RNDDH dit croire que cette intervention représenteunactediscriminatoire. Car, selon la note, elle a été réalisée en violation des droits à la dignité de la personne humaine et au logement, garantis par la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, en ses articles 1er et 25, assurant d’une part que tous les êtres humains naissent libres et égaux en droit en dignité et d’autre part que toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer son bien-être, celui de sa famille notamment pour le logement ainsi que pour les services sociaux nécessaires. Ainsi, le RNDDH invite-t-il le chef de l’État à agir. « Vous êtes tenu, en tant que garant de la bonne marche des institutions républicaines du pays de réparer les torts qui ont été causés par le zèle déplacé des autorités policières et judiciaires impliquées dans cette opération réalisée pour vous. Car, comme vous pouvez le constater, les victimes sont de rudes travailleurs et travailleuses qui ont difficilement réussi à construire leur maison, dans un pays où l’accompagnement social est inexistant », a précisé le RNDDH. Par ailleurs, le RNDDH a tenu à rappeler au président de la République qu’il avait promis à la population d’œuvrer pour que le pouvoir judiciaire soit totalement affranchi du joug du pouvoir exécutif et que l’institution policière devienne plus professionnelle. Jodel Alcidor L e représentant de la circonscription de la commune de Kenscoff à la cinquantième législature, Alfredo Antoine, lors d’une intervention sur une station de radio de la capitale a donné les précisions concernant le vote pour sanctionner la politique générale du Premier ministre désigné, Jean Henry Céant. Peu après sa nomination et sa présentation officielle comme nouveau Premier ministre, M. Céant est invité par la Chambre des députésàfaireledépôtdesespièces. Cet appel qui annonce le processus des préparatifs pour la ratification de l’énoncé de la politique générale du Premier ministre, n’a pas laissé indifférents certains membres de la Chambre basse. C’est en ce sens que le député de Kenscoff, Alfredo Antoine, a posé certaines conditions pour voter en faveur de la politique générale de Jean Henry Céant. Membre du groupe majoritaire à la Chambre des députés, Alfredo Antoine veut être fidèle à sa position. Se présentant comme un adepte des promesses de Jovenel Moïse, Alfredo Antoine dit être prêt à supporter le nouveau Premier ministre moyennant que son énoncé de politique générale soit semblable aux programmes vendus par le chef de la nation. L’élu de Kenscoff se montre toutefois prudent. Il explique que sa position n’a rien à voir avec celle du groupe dont il est membre. Le député soutient qu’il est trop tôt pour que le groupe ait une position. Il dit attendre la progression du processus avant de décider de la position du groupe. Rappelons que l’Association des parlementaires haïtiens (APH) est majoritaire à la Chambre des députés, et ce groupe supporte le programme du président de la République. Daniel Sevère ACTUALITÉ | Le député Alfredo Antoine. HAÏTI/POLITIQUE Le députéAlfredoAntoine pose ses conditions pour voter en faveur de Céant HAÏTI/DROITS HUMAINS Le RNDDH qualifie d’illégale et arbitraire l’opération à Pèlerin 5 Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) informe, à travers une lettre rendue publique, que le droit à la dignité et à la propriété privée ont été bafoués par les autorités judiciaires et policières lors de l’intervention menée le 2, 3, 4, juillet 2018 par le parquet de Port-au-Prince, la direction départementale de l’Ouest de la Police nationale d’Haïti (DDO/PNH), dans la zone de Pèlerin. Le directeur général du RNDDH, Pierre Esperance.
  • 6. 6 | N0 724 VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018 C et article est le premier d’une sériequeje souhaitepubliersur la diaspora haïtienne. Il est tiré de mon livre titré : “Plaidoyer pour une Diaspora haïtienne plus affirmative dans la gestion de l’urgence haïtienne.” Ici, j’expose une partie de l’introduction du document qui offre, en premier lieu, une vue générale et académique de la situation socio- économique de la République d’Haïti et en second lieu, une succincte évaluation de la potentialité socioéconomique et politique de la diaspora haïtienne. À l’heure où les turbulences politiques se multiplient à l’Est, où la compétition entre les grandes puissances les isole dangereusement, où la directrice de la Banque mondiale, Mme Christine Lagarde parle à la fois de « l’épée (de Damoclès) du protectionnisme 5 » et de l’expansion du globalisme, les pays pauvres qui vivent de la générosité des pays riches souffrent d’un profond malaise économique, puisque leur existence dépend de l’équilibre politique mondial. Dans ce marasme, Haïti est l’undespayslesplusaffectésets’enfonce davantage dans le sous-développement et la pauvreté extrême. L’aide externe ne fait que la soutenir jusqu’à ce qu’elle passe de vie au trépas. La situation socioéconomique d’Haïti « Selon l’UNICEF, Haïti est le pays le pluspauvredel’Hémisphèreoccidentale et pour le Wall Street Journal, « le pays le plus pauvre de la planète» ayant 80 % de la population qui vit sous le seuil de la pauvreté, 54% dans un état de pauvreté extrême (moins d’un dollar par jour). Taux de chômage : 65 % 6 . » « Près de 96 % 7 de la population est confrontée à deux aléas majeurs, indépendamment de son appartenance socialeetsapositiongéographique. Avec une population de plus de 10 millions d’habitants, Haïti a la plus forte densité de population dans la région (soit 353 personnes au km2 ) et reste le pays de l’hémisphère occidentale avec un indice de développement humain le plus bas (IDH= 0,471 : soit 149e sur 179 pays. Près de 78 % de la population vit au- dessous du seuil de la pauvreté absolue et 58 % dans une pauvreté extrême 8 . La disparité économique est élevée : 63 % de la richesse du pays est entre les mains des plus riches qui représentent 20% de la population, tandis que les plus pauvres, 40% de la population, ont accès à seulement 9 % de la richesse 9 . » « Près de 40 % de la population souffre de l’insécurité alimentaire, dont 1,5 million en état sévère 10 . « En 2008, les catastrophes naturelles en saison cyclonique ont causé des dommages évalués à près d’un milliard de dollars US, ce qui équivalait à 15 % du PIB. Le 12 janvier 2010, un séisme de magnitude 7,2 a fauché 228, 000 personnes, en a blessé 400,000, en a déplacé 1,5 million et a balayé l’infrastructure de la capitale politique et économique du pays, son économie et son tissu social. Le séisme a aussi causé des dommages d’une valeur estimée à 7,804 milliards de dollars US, occasionnant une contraction du PIB de 5,5 %11 . » « Il y a plus de six ans, le choléra a fait son apparition dans une région rurale épargnée par le séisme et s’est répandu rapidement dans tout le pays, dépassant les 455,293 cas hospitalisés et 9,155 décès entre octobre 2010 et mai 2012 12 .» « Ces cinq dernières années, le pays a aussi essuyé de nombreuses tempêtes, dont l’ouragan Sandy, et subi le fardeau écrasant de la sécheresse et du déficit pluviométrique dans des régions agricoles clés du à la persistance du phénomène El Nino. En outre, les conséquences du changement climatique sont déjà présentes. Une étude récente de la Banque mondiale prévoit que « L’impact du changement climatique en Haïti devrait se traduire, à terme, par une réduction de plus de 50% des précipitations et une augmentation des températures moyennes de près de 40 C à l’horizon 2080-209913 . » Pendant les trois dernières décades, presque tous les cinq ans, Haïti est frappée de catastrophes naturelles : cyclones, épidémies, tremblement de terre. Aujourd’hui, certaines régions du pays, comme la Grand’Anse, sont menacées de famine : là-bas, « des Haïtiens vivent dans des caves comme au temps préhistorique, mangeant des plantes empoisonneuses ». Selon AHP 7.5 millions d’Haïtiens vivent sans électricité14 . Ces statistiques accablantes ne sont pas nouvelles, puisqu’une littérature abondante de la crise haïtienne existe depuis des décades. Et bien qu’elles soient contestables à certains égards, ces données attirent notre attention sur un pays au bord du gouffre et secoué de temps en temps par des turbulences socioéconomiques et politiques, mais maintenus malgré tout par une main invisible. Que s’est-il passé au pays qui fut jadis la plus riche colonie du monde ? La pluie a-t-elle cessé d’être généreuse ? Le soleil a-t-il fermé les yeux sur nos rizières et sur nos coteaux ? Les rivières se sont- elles taries ? La terre est-elle devenue stérile ? Où sont passés les petits-fils des preux qui ont créé la première République noire ? Qu’avons-nous fait pour en arriver là ? On s’accuse, on se condamne ; on se lamente ; et comme du calalou, notre beau pays peu à peu se glisse entre nos doigts et se noie lentement sous nos yeux. Quelles sont les causes de cette tragédie ? Ces questions ne datent pas d’hier non plus : Claude Moise et Emile Ollivier (1992) nous rappellent que depuis « Au XIXe siècle, hommes politiques et écrivains s’interrogeaient sur les causes de nos malheurs …avec autant d’incertitude qu’en 1992 nous tâtonnons à la recherche d’une voie de sortie du « cercle de malédiction15 ». Et, aujourd’hui encore, toujours dans la forêt et surpris par la mondialisation, nouscherchonsàl’aveugletteunepercée socio-économique. L’objet de cet article n’est pas de discuter des causes du chavirage de la barque haïtienne, mais une sorte de plaidoyer pour une diaspora haïtienne plus solidaire dans nos pays d’adoption et plus participative dans la gestion de l’urgence haïtienne; car aujourd’hui, les membres de la diaspora haïtienne sont éparpillés dans le monde par de millions petits morceaux, et sa force se dissipe en indifférence, quand Haïti est plus que jamais en danger d’annihilation. Les cris de nos frères et sœurs résonnent sans distorsion dans nos oreilles pendant qu’une cynique insouciance garde certains de nos leaders dans l’orgueil de ne pas demander du secours de la diaspora haïtienne, de ne pas se soucier à trouver des moyens pour aider ceux qui vivent à l’étranger, à la structurer afin de la transformer en une vraie force socioéconomique. En ce qui a trait aux causes de la misère haïtienne, nous référons nos lecteurs aux livres d’André-Marcel d’Ans, Haïti, Paysage et Société, de Carlo Désinor, Haïti, La Tragédie des libertés, et de Claude Moise et Emile Ollivier, Repenser Haïti, Grandeur et Misères d’un Mouvement démocratique, pour s’informer sur les causes classiques de la situation actuelle d’Haïti. Car ce serait trop simpliste, en essayant de répondre à la question, de ne pas tenir compte des déterminants situationnels et historiques de cet État, et de taxer nos leaders d’hier et d’aujourd’hui d’incompétents : nous en avons connus qui sont surqualifiés, diligents et bien éveillés. Démissionnaires ? Peut-être ! Puisque certains parmi eux semblent nous dire : « Nous n’y pouvons rien. Ne nous tracassons pas ! Les autres nous aideront ! Ce pa mwen k pou chanje peyi a : Haïti est le produit d’un passé de ruines, de violences, de catastrophes naturelles,derévolutions,etdecomplots ». À ces derniers nous objecterions que, si nous n’avons pas le contrôle du passé, nous avons par contre, aujourd’hui celui du présent, et, en quelque sorte, celui du futur. Nous avons le pouvoir de nous transformer pour nous rendre aptes à assumer notre responsabilité de peuple libre et pour prendre en main notre destinée. Nous avons les ressources nécessaires pour gérer les aléas, la diligence pour nous préparer à les affronter, l’intelligence pour mettre en place des structures adéquates afin de diminuer leur impact négatif dans nos vies ; nous avons l’humilité et l’amour qui nous poussent à chercher le bien- être de nos compatriotes. Nombreux sont ceux d’entre nous qui déclarent avec une certaine arrogance que le salut d’Haïti est entre les mains de la diaspora haïtienne : « elle est pleine de ressources et se montre étrangère au mal-être de l’intérieur », avancent- ils. Vraiment ? Sur quelles bases tient une telle assertion? Comment peut- on prouver une pareille déclamation ? C’est illusoire de vouloir faire de la diaspora haïtienne une force salvatrice pour Haïti sans tenter auparavant de coller ses miettes éparses, sans s’efforcer à consolider ses forces résiduelles. Comme l’une de ses raisons d’espérer, Bob Nérée(2009) a remarqué l’intérêt des Haïtiens à l’étranger 16 dans l’avenir d’Haïti. Mais d’autres, pessimistes et frustrés, objectent que la diaspora haïtienne n’a rien à voir avec Haïti : ils ont leurs propres difficultés à surmonter et le climat d’injustice, d’hostilité et de la corruption endémique d’Haïti décourage quelques-uns des plus patriotiques parmi eux.17 (Interviewé). Il est évident donc que nous cultivons une attitude mitigée vis-à-vis de la diaspora haïtienne:toutlemonden’apaslemême degrédeconfidenceencettediaspora;et ilyenamêmequidemeurentsceptiques quant à sa potentialité. Cependant, qu’on l’accepte ou pas, la crise haïtienne interpelle le concours urgent de tous les Haïtiens : mulâtres ou nègres, lettrés ou illettrés, pauvres ou riches, ou diasporas. Aujourd’hui, nous sommes estimés à environ plus de 5 millions d’Haïtiens vivant à l’étranger et 11 millions en Haïti: nous sommes donc tous responsables de la chute et du relèvement du pays quelles que soient les raisons de sa faillite. Il n’appartient pas aux étrangers de nous prendre en charge, de donner à manger à nos enfants, et de les éduquer ; de prendre soin de nos malades et de nos pauvres, et de reconstruire notre pays, mais à »»»» suite page 7 | TRIBUNE Plaidoyer pour une diaspora haïtienne plus affirmative dans la gestion de l’urgence haïtienne !
  • 7. VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018 N0 724 | 7 TRIBUNE | »»»» suite de la page 6 nous, Haïtiens, petits-enfants d’anciens esclaves, légitimes héritiers de cette partie du globe terrestre de 27,750 km2 , héritage de nos ancêtres. La diaspora haïtienne d’aujourd’hui Qu’est-ce qu’une diaspora ? 1) Selon la principale définition que nous propose Le Petit Larousse, une diaspora est : « l’ensemble des membres d’un peuple dispersés à travers le monde, mais restant en relation.» C’est- à-dire particulièrement pour la diaspora haïtienne elle n’existe pas seulement aux États-Unis, au Canada, en République dominicaine, ou en France, mais à travers le monde. Aussi, étant un ensemble, elle ne saurait être représentée officiellement par une communauté régionale, un groupe, une organisation, ou pire encore, un individu, sans une certaine délégation de pouvoir. Dans son ensemble, elle est une force par la corporation et par la solidarité internationale ; en dehors de son « ensemble », elle se dégrade en groupes isolés et vulnérables: outils de dissension et de déstabilisation ; 2) En Haïti, le sobriquet diaspora est un surnom donné par dérogation aux Haïtiensvivantàl’étranger.LaDiaspora est formée de communautés. À certains égards, les mots, communauté, communion, et communication, sont relatifs, puisqu’ils proviennent du mot latin communis qui signifie : commun. Les communautés de la diaspora haïtienne ont : « leurs leaders politiques, militants, associations, commerces, églises, chauffeurs de taxis, émissions radiophoniques, magazines, leur annuaire communautaire, leurs restaurants,leursmaisonsdetransferts, leurs disquaires, leurs activités culturelles, littéraires, politiques… 18 .» Donc, ces communautés devraient s’unirpourcommunier,communiquer, et mettre en commun leurs forces, afin de se transformer en un véritable outil de développement pour s’entraider et contribuereffectivementaurelèvement socioéconomique d’Haïti. Ici nous n’avons pas l’intention de retracer une histoire de la migration haïtienne à travers le monde. Nous dirons plutôt, qu’il est probable que les prémices de la diaspora haïtienne fussent semées en terre étrangère bien avant que Jean Baptiste Pointe du Sable mît les pieds sur Peoria, en 1770 19 , que le grand philanthrope catholique, Pierre Toussaint, commençât son œuvre à New York en 1787, qu’Anténor Firmin prît le chemin de l’exil pour St-Thomas en 1902, et Nord Alexis, pour la Jamaïque en 1908. Ce que nous visons, par contre, c’est d’inventorier les principales composantes de la diaspora haïtienne contemporaine, évaluer ses forces et ses faiblesses dans sa relation avec Haïti, et suggérer des orientations àprioriser,pourlarendrevraimentune force socio-économique et politique. La Diaspora haïtienne contemporaine Un pas en arrière nous permettrait de jeter un coup d’œil rétrospectif sur les deux dernières générations d’Haïtiens qui ont laissé Haïti pour aller vivre à l’étranger. Similairement, pendant les derniers trois quarts de siècle, la société haïtienne a connu deux grandes turbulences sociopolitiques ; la première fut alimentée par la période duvaliérienne de 1957 à 1986 où des Haïtiens,chassésparleclimatdedégoût, de persécution politique, de la peur et de la pauvreté, ont abandonné l’ile en masse.Cettepériodefutsiproéminente dans le flux migratoire haïtien qu’on plaisante encore aujourd’hui que c’est le Dr François Duvalier qui a inventé la diaspora haïtienne, et qu’il aurait même prédit un certain retour « des retournés qui devraient sauver Haïti. » La deuxième turbulence, post- duvaliérienne à nos jours, où les crises politiques et économiques, la mauvaise gestion des ressources humaines du pays, et l’insécurité les ont forcés à fuir. Ainsi arrivent-ils aux pays d’accueil par des voies diverses : avions, bateaux et bois fouillés, pour se regrouper, en familles, parfois, en associations professionnelles, organisations à but lucratif ou non lucratif, congrégations religieuses, et groupes culturels. La Diaspora haïtienne : une force sociopolitique Dans nos tentatives d’explorer la démographie des communautés haïtiennes dans le monde, nous sommes en droit de nous accorder une marge de cinquante pour cent (50 %) deplussurlesstatistiquesofficiellesafin de nous rapprocher de la réalité. Car, dans un temps où il devient presque impossible de savoir exactement le nombre d’Haïtiens vivant en dehors du pays du fait qu’il est difficile de contrôler l’immigration haïtienne et que certains Haïtiens changent de noms ou ne s’identifient pas. Ainsi, il est dit que, d’après la cartographie des Haïtiens vivant à l’étranger du Professeur George Anglade, il y aurait environ « 4 millions éparpillés à travers 25 pays dans le monde 20 ». En 2010, un rapport du bureau de statistique et de recensement aux États- Unis a estimé à 1 million les Haïtiens qui y vivent. Cependant, d’après une étude de la National Organization For the Advancement of Haitians (NOAH), depuis 2000, 2, 023,000 Haïtiens vivent aux États-Unis. De ces 2.023,000, 400,000 seraient en Floride, 500,000 à New York. 21 Près de 200,000 d’Haïtiens vivent au Canada, et 500,000-800,000 en République dominicaine. « Selon l’Institut National de la Statistique et des Études (INSEE), en 2008, il y avait en France métropolitaine 62,698 personnes nées en Haïti, ainsi que 21,423 enfants de moins de 18 ans nés en France et d’origine haïtienne ». D’après « les données du service de l’immigration de la préfecture de Cayenne, en 2006, les Haïtiens furent au nombre 16,106 à Cayenne française, et de 10,498 en Guadeloupe ». « En Guyane française, en 1999, l’INSEE comptait 14,143 personnes de nationalité haïtienne et 16,977 personnes d’origine haïtienne. Par recoupement, la communauté était évaluée autour de 25,000 personnes en l’an 2000 ; 1,704 à Martinique ». 22 Aux Bahamas, le Census Bureau a compté, 21,426 en 2000. Tandis qu’une autresource23 aestiméàenviron75,000, le nombre d’Haïtiens au Bahamas, soit 25% de la population. Sans mentionner Cuba, dont le nombre d’Haïtiens serait virtuellement comparable à celui de la République dominicaine, car les deux payssontvoisinsd’Haïti;etlaBelgique, la Jamaïque, les Iles Turques et Caïcos, le Mexique, Virgin Island, St-Martin, et le Brésil. La Diaspora haïtienne est une force socio-économique non négligeable Un simple aperçu du pouvoir sociopolitique et économique de la Diaspora haïtienne suffirait pour confirmer cette vérité. Selon la Banque mondiale, le montant total des transferts d’argent effectués vers Haïti par voies formelles totalisait $ 1.6 milliards en 2012—ce qui représentait 21% du produit national brut de la République d’Haïti. Donc, sans exagération, avec les envois d’argent en Haïti, les transactions commerciales et d’autres apports financiers tangibles et intangibles non comptabilisés des 100,000-200,000 immigrants qualifiés pour le TPS,24 plus l’inflation, nous pouvons estimer, aujourd’hui,à$2-3milliardslemontant annuel de transferts monétaires de la diaspora haïtienne vers Haïti ; ce qui représenterait environ 31.2% du produit national brut ; et à 4-5 millions, le nombre d’Haïtiens vivant à l’étranger. Mutation socio-économique D’après la National Immigration Forum, plus longtemps les immigrants résident aux États-Unis, plus susceptibles sont-ils de devenir des citoyens américains des intégrés. En 1990 plus de trois-quarts (76.4 percent) des immigrants qui avaient résidé aux États-Unis pendant quarante ans s’étaient naturalisés25 . Si résider pendant quarante ans aux États-Unis était un baromètre pour mesurer le taux de naturalisation des immigrants,lamajoritédesimmigrants Haïtiens contemporains de la première génération serait aujourd’hui des naturalisés, puisqu’ils ont vécu en terre étrangère pendant plus que quarante ans. Et, considérant la naturalisation comme l’une des indices d’une complète intégration de l’immigrant dans la société du pays d’adoption, ces immigrants auraient été moins touchés des problèmes de leur pays natal que ceux qui ont vécu moins de quarante ans, puisqu’ils manifesteraient très peu d’enthousiasme dans les affaires de leur pays d’origine. Pourtant, pour vraisemblable que soit cette déduction, nos observations nous ont indiqué des éléments de contradiction notoires dans cette recherche. Notre survey effectué sur 50 Haïtiens et Haïtiennes vivant à l’étranger a révélé que beaucoup d’immigrants de la première génération, s’intéressent à la chose de leur pays et ne sont pas naturalisés. Parmi eux, au niveau des anciens, par exemple, on retrouve des retraités et des semi-retraités. Certains décideront de retourner dans leur pays natal, soit pour y vivre tout simplement, soit pour investir ; d’autres préfèrent rester dans leur pays d’adoption, s’improvisant ambassadeurs sans portefeuille, créant des organisations à but non lucratif pour servir leur communauté en terre étrangère, et du même coup, aider Plaidoyer pour une diaspora haïtienne plus affirmative dans la gestion de l’urgence haïtienne ! »»»» suite page 8
  • 8. 8 | N0 724 VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018 Haïti. Cette massive érosion de la classe moyenne haïtienne en ressources humaines n’a pas manqué de contribuer significativement au progrès socio-économique, politique et culturel de plusieurs pays du continent en devenant une force productive importante dans leur société. Ici, par souci de ne pas oublier aucun des grands talents qui font la fierté de la Diaspora haïtienne, nous nous gardons de citer des noms, parce que la liste serait bien trop longue. Contentons- nous simplement de dire que : les Haïtiens vivant à l’étranger se trouvent dans toutes les sphères professionnelles des pays d’accueil dans le monde— santé, éducation, littérature, arts, économie, politique en tant que scientistes, professeurs d’université, hommes et femmes de lettres, artistes de renommée internationale, médecins, professionnels de haut calibre, politiciens, millionnaires, et des gens d’affaires à succès. La Diaspora haïtienne pouvait se vanter d’un patrimoine culturel et économique, qui n’a rien à envier à d’autres diasporas. À continuer… Pierre-Yves Roy, PhD. Secrétariat Général de la Diaspora Haitien yvesketlie@yahoo.com 5 (http://www.levif.be/actualite/ international/protectionnisme-et- elections-incertaines-en-europe- menacent-la-croissance-selon-le- fmi/article-normal-645127.html) 6 Wall Street Journal (Pays le plus pauvre de la planete) ; Plan d’action de transition (TAP), ONU 2013) 6 PNUD, Rapport national OMD 2013. 7 Rapport du PAM, 9 février 2016 La déforestation a atteint à peu près 98% du territoire et une érosion importante des sols s’en est suivie. Une étude américaine révèle que ces informations concernent uniquementlesforêtsprimaires. Ilest plutôt estimé la couverture végétale du pays a environ 20-29%. Le Nouvelliste 14 Aout, page 15 : De Kiskeya : mais où sont passé nos arbres, une déconstruction subtile.) http://www.banquemondiale.org/fr/ country/haiti/overview/Presentation d’Haiti, Banque Mondiale. 9 MSPP/DELR,Rapportduréseau national de surveillance du choléra, Mai 2016 10 Climat Change Knowledge Portal groupe Banque Mondiale. 11 Weiner K. Fleurimond (2003). La communauté haïtienne en France. 12 www.grahn-monde.org 13 « Le Ministèreestnédusoucidesautorités de l’État 14 Mwen se vwa nou nan gouvernement an », « Je suis votre porte-parole au gouvernement. 15 Selon l’Agence Haïtienne de Presse (AHP), à « Santo-Domingo, 18 avril 2017- Devant des centaines de compatriotes migrants et 16 (Claude Moise et Emile Ollivier, RepenserHaiti…GrandeuretMisères d’un mouvement démocratique). 17 Bobo Nérée, La Peau des Autres 16 De son côté, le sénateur du centre, Wilfrid Gelin, un ancien membre de la diaspora des États-Unis, a plaidé pour le vote des Haïtiens à l’Etranger. 17 D.Duval.HaitiLibre,22/04/2015 18WienerK.FLEURIMOND(2003). La communauté haïtienne de France, L’Harmattan, Paris 18 http://blackhistorynow.com/ jean-baptiste-pointe-du-sable) 19 McDougall Littell (2001) Houghton Mifflin Co. 20 La Bible: 21 George Bullard (2001) Russell Burrill(2002)MinistryMagazine.org, 22 Mac Pier (2016). Disruptive Gospel 23 Charles-Poisset Romain (1986). Le Protestantisme haïtien dans la Société Haïtienne (p. 226) 21 (Peace/building in Haiti Including Haitians from Abroad, Crisis Group Latin America/Caribeean Report No 24, 14 December 2007, p.3) 23 (Migration in the Caribbean : Haiti, the Dominican Republic and Beyond », Minority Rights Group International, July 2003) ( ) Paul C. Magloire (2017). 24 Ministère des haïtiens vivant à l’Étranger, 2015 26 Russell Burrill, www.. ministrymagzine.org/authors/russell burrillvia Ministry Magazine.org D epuis l’indépendance, l’Administration publique haïtienne était toujours composée de corrompus, corrupteurs, flatteurs, proxénètes et grands mangeurs. Nous avons en exemple, Baron de vastey qui a été la personnification de la corruption sous l’administration de Jean Jacques Dessalines. Ils (corrompus et corrupteurs) se permettent n’importe quoi parcequ’ils se prennent pour des dieux et s’approprient du trésor public. Donc, il est plus que normal pour eux de dilapider les deniers du trésor public, car voler l’État n’est pas voler. « Plimen poul pa kitel kriye », c’est-à-dire voler sans laisser de traces. Quand l’illégal devient légal et banal, impunité totale. L’administration publique est le bras technique de l’État, c’est le lieu géométrique de l’élaboration des politiques publiques visant à offrir à tout citoyen un bonheur comme il est écrit dans l’acte de l’indépendanceetdans lepréambule de la Constitution de 1987. Spinoza dans sa réflexion sur l’État a dit que ce dernier doit garantir le bien-être de tous les citoyens. Mais, chez nous c’est toute autre chose, car il (l’État) travaille au détriment des pouilleux pour faire la part belle à une élite décérébrée et improductive. Les corrompus sont dans toutes les sphères du pouvoir. Ils sont présidents de la République, chefs de cabinet de présidents de la République, ministres, parlementaires, directeurs généraux, etc. Ces voyous ne jurent que par la dilapidation des deniers publics. Ils font de l’administration le haut lieu de la prostitution et de la promiscuité. Cette situation traverseallègrementtoutelapériode nationale, c’est ce que j’appelle l’effet circulaire de la politique haïtienne. Haïti est le pays où le mal règne sur le bien, le vice sur la vertu. Il est aussi le pays où les corrompus sont toujours au-devant de la scène et s’érigent en donneurs de leçons. On se souvient du fameux procès de consolidation dans lequel plusieurs grands commis de l’État étaient accusés et condamnés dont Tancrède Auguste qui, par la suite, soit 20 mois après, allait devenir président de la République, dans l’oubli total. Nous souffrons d’une terrible perte de mémoire ! Justin Lherisson dans ses analyses sur le jeu malsain et les avatars de la politique haïtienne avait prononcé cette phrase: << Haïti est le pays où l’impossible est possible, le possible est impossible>> je pourrais même oser dire que la corruption domine la conscience collective, c’est ce que j’appelle le syndrome de la corruption dans l’imaginaire collectif haïtien. On est au courant de toutes les exactions de nos chefs d’État et de leur enrichissement illicite. Chut! Silence total! Aucune poursuite judiciaire. Notre laxisme est déconcertant et ridicule. On s’en plaint tous les jours, mais on ne veut pas agir parce qu’on a peur de se faire tuer par le chef ou parce qu’on attend son tour pour faire pareil. La corruption est un poison qu’il faut nécessairement abattre pour le progrès du pays, car il n’y a pas d’autorité sans sanction. N’est- il pas nécessaire d’enclencher un nouveau procès de consolidation pour sanctionner les pilleurs de l’État et poser des balises pour éviter au pays de revivre ce sort biséculaire qui est l’une des principales causes de sa décrépitude. Il faut introduire la reddition de compte dans notre culture de peuple et faire du pays unesociétéàsanctionoù corrompus et corrupteurs seront sévèrement sanctionnés pour les préjudices causés à l’État. On parviendra à ce que Paul Ricoeur appelle une juste mémoire. Me. Atzer Alcindor, Av. Pour un nouveau procès de consolidation Plaidoyer pour une diaspora haïtienne plus affirmative dans la gestion de l’urgence haïtienne ! »»»» suite de la page 7
  • 9. 10 | N0 724 VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018 L a Russie a promis jeudi des mesures de rétorsion aux nouvelles sanctions imposées par les Etats-Unis en lien avec l’empoisonnement à l’agent innervant Novitchok au Royaume-Uni, dénoncées par le Kremlin comme “inadmissibles”, “inamicales” et “illégales”. Moins d’un mois après les échanges d’amabilités pendant le sommet d’Helsinki entre Donald Trump et Vladimir Poutine, l’heure est de nouveau à la confrontation. Si les sujets de discorde sont nombreux entre Moscou et Washington, ces nouvelles mesures punitives sont liées à l’empoisonnement début mars à Salisbury, au Royaume-Uni, de l’ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia. “Quelles que soient les sanctions prises à l’encontre de la Russie, les mesures de représailles seront identiques. Elles seront prises en fonction des actions américaines”, a indiqué à la presse la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. “S’ils prennent des mesures, nous répondrons. Ce n’est pas notre choix”, a-t-elle ajouté, assurant que Moscou ne se plierait pas “au langage des ultimatums et de la force”. Les sanctions envisagées par Washington, qui portent sur l’exportation de certains produits technologiques,commedesappareils ou de l’équipement électroniques, pourraient coûter “des centaines de millions de dollars” à l’économie russe, a indiqué un responsable américain ayant requis l’anonymat. A partir du moment où les sanctions entreront en vigueur, la Russie aura 90 jours pour déclarer qu’elle n’utilise plus d’armes chimiques ou biologiques, s’engager à ne plus le faire à l’avenir et permettre des inspections pour s’assurer de leur élimination, a-t-il ajouté. Encasdenonrespectdecesexigences, une deuxième salve de sanctions “draconiennes” serait décrétée, a poursuivi ce responsable, notant qu’elles pourraient aller jusqu’à interdire les aéroports américains aux compagnies aériennes russes ou même suspendre les relations diplomatiques entre les deux pays. Qualifiée d’”absolument inacceptable” par le Kremlin, leur annonce a provoqué un coup de froid jeudi à l’ouverture des marchés financiers russes. Les indices boursiers ont chuté et la monnaie russe est tombée à son plus bas niveau en deux ans face au dollar, avant un retour au calme progressif. Le ministre des Finances Anton Silouanov a assuré que le gouvernement et la banque centrale disposaient de “tous les instruments nécessaires pour garantir la stabilité financière”, relevant que l’économie russe était devenue “ces dernières années bien plus résistante aux chocs extérieurs”. - Menace d’une deuxième salve - La Russie est soumise à des sanctions occidentales de plus en plus strictes depuis l’annexion de la Crimée en 2014, contribuant avec la chute des prix des hydrocarbures à provoquer deux ans de récession dont elle est sortie fin 2016. Les Etats-Unis n’ont cessé de renforcer leur arsenal ces dernières années sur fond d’accusations d’ingérence russe dans les élections américaines,cemalgrélespromesses de réconciliation de Donald Trump. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a qualifié les Etats-Unis de “partenaire imprévisible”, mais ajouté “garder l’espoir de relations constructives avec Washington”: “Ces relations ne sont pas seulement dans les intérêts de nos deux peuples, mais aussi de la stabilité et de la sécurité dans le monde”. Il a “démenti encore une fois de la manière la plus catégorique toutes les déclarations sur une quelconque implication de la Russie” dans l’empoisonnement de Salisbury. L’empoisonnement confirmé de l’ex-agent double et de sa fille par leur exposition au Novitchok, un agent neurotoxique mis au point par l’Union soviétique à la fin de la Guerre froide, avait été attribué par Londres au gouvernement russe, qui avait nié toute implication. Londres a salué les nouvelles mesures américaines comme “un message univoque à la Russie que son attitude impétueuse ne restera pas sans réponse”. A Moscou, le ministère des Affaires étrangères a accusé Washington d’avoir “sciemment choisi le chemin de la confrontation dans les relations bilatérales qui sont déjà pratiquement réduites à zéro par ses propres efforts”. Selon l’expert russe Vladimir Vassiliev, chercheur à l’Institut des Etats-Unis et du Canada à Moscou, les sanctions américaines visant la Russie sont désormais “plus seulement un moyen de pression, mais d’ultimatum”. “Cela nous renvoie vers un état du monde qui avait peut-être été oublié, mais qui avait un nom très simple dans les années 1950: la stratégie du bord de l’abîme”, a-t-il affirmé à l’AFP. AFP POOL/AFP/Archives/SERGEIKARPUKHINLe porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à Moscou, le 27 mars 2017. La Russie promet une riposte après les sanctions “inadmissibles” deWashington »»»» suite page 11 | MONDE Les États-Unis annoncent leur “Force de l’espace” L es Etats-Unis ont annoncé jeudi la création de leur “Force de l’espace”, une sixième branche des forces armées souhaitée par Donald Trump qui veut ainsi s’assurer que les Etats-Unis “dominent l’espace”. “Le temps est venu d’écrire le prochain chapitre de l’histoire de nos forces armées, de se préparer pour le prochain champ de bataille”, adéclarélevice-présidentaméricain Mike Pence dans une allocution devant les militaires au Pentagone. “L’heure est venue d’établir la Force de l’espace des Etats-Unis”. “La Force de l’espace, jusqu’au bout!”, a tweeté de son côté le président américain. Les préparatifs sont désormais en cours pour faire de cette force spatiale la sixième branche des forces armées, aux côtés de l’armée de terre (US Army), l’armée de l’air (US Air Force), la marine (US Navy), le corps des Marines et les garde-côtes, comme M. Trump l’avait ordonné en mai. “Pour défendre l’Amérique, une simple présence dans l’espace ne suffit pas, nous devons dominer l’espace”, avait alors déclaré le président. Les militaires du monde entier dépendent de plus en plus des outils de géolocalisation pour leurs opérations et la sécurisation des satellites est devenue un enjeu à l’importance croissante. “L’espace a fondamentalement changé depuis une génération”, a déclaré M. Pence. “Aujourd’hui, d’autres nations cherchent à perturber nos systèmes basés dans l’espace et contestent comme jamais la suprématie américaine”. Et le vice-président de citer le lancement en 2007 par la Chine d’un missile qui a repéré et détruit un de ses propres satellites, ce qu’il a qualifié de “démonstration hautement provocatrice de la capacité croissante de la Chine à militariser l’espace”. Il a également mentionné les projets russesdelaseraéroportéetdemissile AFP/SAUL LOEB/Le vice-président Mike Pence au Pentagone près de Washington D.C. le 9 août 2018.
  • 10. VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018 N0 724 | 11 »»»» suite de la page 10 MONDE | Le réchauffement climatique, catalyseur des feux de forêt D u Portugal à la Californie, de gigantesques incendies dévorent actuellement des dizaines de milliers d’hectares de forêt. Le phénomène devrait encore s’aggraver avec le réchauffement climatique, avertissent des scientifiques. D’autres facteurs, comme la mauvaise gestion des forêts ou la construction d’habitations à proximité des bois alimentent ce phénomène. “Le patient était déjà malade”, constate David Bowman, professeur à l’université de Tasmanie, en Australie, et spécialiste des feux de forêt. “Mais le changement climatique est l’accélérateur.” - Conditions idéales pour un incendie - Les conditions favorables à un feu de forêt sont un temps chaud, sec et venteux. C’est donc sans surprise que les régions ravagées par les in- cendies sont celles où les tempéra- tures et les sécheresses augmentent sous le coup du réchauffement cli- matique. “Le changement climatique, en plus d’apporter un air plus sec et plus chaud, crée des écosystèmes plus inflammables en augmentant le taux d’évaporation et la fréquence des sécheresses”, explique Christo- pher Williams, de l’université Clark dans le Massachusetts. Le Sud de la France et le Portugal ont ainsi connu au cours des 20 dernières années plusieurs épisodes de sécheresse comme il ne s’en produisait avant qu’une fois par siècle. - Plus de carburant - “Ces années de sécheresse extrême ou répétée, plus nombreuses que par le passé, créent énormément de biomasse sèche” avec des arbres et des arbustes morts sur pied, indique Michel Vennetier, ingénieur-cher- cheur à l’Institut national de recher- che en sciences et technologie pour l’environnement et l’agriculture (Irst- ea). “C’est un combustible idéal”. - Changement de végétation - Pour ne rien arranger, des espèces mieux adaptées aux conditions semi- arides se développent. Dans des zones méditerranéennes, la nature du sous-bois change. “Des plantes qui aiment l’humidité disparaissent au profit d’autres plantes qui sup- portent mieux la sécheresse, comme le romarin, le thym, la lavande sau- vage, en général plus inflammables”, constate Michel Vennetier. - Des plantes assoiffées - Avec la hausse du mercure et des précipitations moins importantes, les racines des arbustes et des arbres vont pomper l’eau plus profondé- ment dans le sol. Résultat, la terre humide qui aurait pu ralentir un feu de forêt n’est plus là. - Une saison sèche plus longue - Dans les zones tempérées de l’hémisphère nord, la saison des in- cendies se limitait traditionnelle- ment à juillet-août. Actuellement, elle peut s’étendre de juin à octobre dans le bassin méditerranéen. En Californie, des experts estiment que les feux de forêt peuvent à présent éclater tout au long de l’année. - Des vents d’altitude plus faible - La météo en Amérique du Nord et en Eurasie dépend fortement des vents d’altitude, le “jet stream”, produit par la différence de température entre les zones polaires et équatoriales. Mais le réchauffement climatique, en aug- mentant les températures en Arc- tique, affaiblit ces courants. La conséquence est “plus d’événements climatiques extrêmes” causés par des courants d’air de- scendants, qui se réchauffent et s’assèchent”, explique Mike Flan- nigan, professeur à l’université d’Alberta au Canada. - Des feux plus puissants - Le changement climatique augmente la probabilité des feux de forêt, mais aussi leur intensité. “Si les feux devi- ennent trop puissants, comme c’est le cas en Californie actuellement et comme on l’a vu en Grèce il y a quelques semaines, il n’existe pas de mesures qui puissent les arrêter di- rectement”, fait savoir Mike Flanni- gan. “C’est comme cracher sur un feu de camp” pour l’éteindre, ajoute-t-il. - Plus d’éclairs - Un climat plus sec se traduit par une hausse des éclairs et éventuellement des départs de feu. Pour autant, 95% des incendies restent d’origine hu- maine. - Des nuées de scarabées - Avec la hausse des températures, les scarabées gagnent du terrain dans le nord du Canada, ravageant les arbres sur leur passage, jusqu’à les tuer. “Les épidémies de scolytes aug- mentent l’inflammabilité des forêts qui contiennent plus de matériaux morts, comme les aiguilles” de pin, explique Christopher Williams. - Cercle vicieux - Les forêts sont de gigantesques puits de carbone, dont elles stock- ent environ 45% à l’échelle plané- taire. Lorsqu’elles brûlent, une par- tie du carbone est relâchée dans l’atmosphère, contribuant ainsi au réchauffement climatique. AFP/CARLOS COSTA/Wildfires have caused devastation in parts of Portugal. destinés à détruire les satellites américains. “Nos adversaires ont déjà transformé l’espace en domaine de combat”, a-t-il noté. - Scepticisme - L’espace est actuellement placé sous la responsabilité de l’US Air Force et l’administration Trump considère qu’en faire une branche à part entière permettra de débloquer plus de moyens pour ce domaine. Mais la création de cette nouvelle branche militaire n’est pas assurée car elle doit d’abord être approuvée parleCongrès.Ordenombreuxélus et hauts responsables du Pentagone s’inquiètent du coût représenté par le projet, notamment parce qu’il implique la création de centaines de postes administratifs. Le ministre de la Défense Jim Mattis ne s’est pas exprimé jeudi, mais l’an dernier, il s’était montré sceptique sur la nécessité de créer une Force de l’espace. Dans une lettre au Congrès, il indiquait qu’il ne “voulait pas ajouter un service séparéquiauraitvraisemblablement une conception plus étroite des opérations dans l’espace, voire un esprit de clocher”, ajoutant que cela créerait une nouvelle bureaucratie et que ce serait trop coûteux. Mardi, devant des journalistes, il s’est déclaré favorable à la création d’un nouveau commandement militaire pour l’espace, sans toutefois aller jusqu’à soutenir l’idée d’une sixième branche des forces armées. “Il faut que nous considérions l’espace comme un domaine de combat en développement et il est certain qu’un commandement militaire fait partie des choses qu’on peut créer”, a-t-il indiqué. Le vice-président a indiqué que le processus se ferait par étapes, avec pour objectif de créer cette sixième branche d’ici 2020, fin du mandat de M. Trump. Il a demandé au Congrès d’approuver un budget supplémentaire de huit milliards de dollars sur les cinq prochaines années. La première étape sera la création d’un nouveau commandement de l’espace, sur le modèle des commandements géographiques déjà existants, comme Centcom, le Commandement central chargé du Proche-Orient, ou Africom pour l’Afrique, ou thématiques comme le commandement stratégique (Stratcom) en charge de l’armement nucléaire du pays. “Le président Trump sait que l’espace est une partie intégrante de notre mode de vie et notre prospérité économique, et que c’est un domaine vital pour la défense de la nation”, a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué. Les États-Unis annoncent leur “Force de l’espace”
  • 11. VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOUT 2018 N0 724 | 11 Le pétrole lesté parles stocks américains et les tensions commerciales L es cours du pétrole ont terminé en nette baisse jeudi, plombés par l’annonce d’un repli moins fort que prévu des réserves de brut aux États-Unis et par les inquiétudes concernant les conséquencesduconflitcommercial entre Washington et Pékin. À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre a lâché 2,37 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) pour finir à 72,28 dollars. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de “light sweet crude” (WTI) pour le contrat de septembre a cédé 2,23 dollars pour clôturer à 66,94 dollars. Selon le rapport hebdomadaire de l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), les stocks de pétrole brut aux États-Unis ont reculé de 1,4 million de barils la semaine se terminant le 3 août, quand les analystes attendaient un repli de 3 millions. Cette baisse moins forte que prévu “a probablement joué sur le recul des prix”, a avancé Andrew Lebow de Commodity Research Group. Les réserves d’essence ont, elles, augmenté de 2,9 millions de barils, alors que les analystes tablaient sur un recul, tandis que les stocks d’autres produits distillés (fioul de chauffage et gazole) ont progressé de 1,2 million de barils. En général, l’été est la saison de la conduite aux États-Unis, et les réserves de brut et d’essence ont tendance à s’amenuiser pour répondre à la demande élevée des vacanciers. Mais les raffineries ont aussi augmenté une nouvelle fois leur cadence la semaine dernière, fonctionnant désormais à 96,6% de leurs capacités et transformant encore plus de brut en produits raffinés. Selon M. Lebow, le marché a, par ailleurs été rattrapé “par une certaine nervosité face aux nouvelles tensions entre les États- Unis et la Chine, qui poussent les investisseurs à se demander si cela ne va pas peser sur la demande chinoise de pétrole”. Les États-Unis ont ainsi annoncé mardi soir qu’ils allaient appliquer à partir du 23 août des droits de douane de 25% sur un total de 50 milliards de dollars de produits chinois. La Chine a riposté mercredi en promettant des taxes sur les mêmes montants. Cette annonce intervient le jour même où selon les derniers chiffres des douanes chinoises, le pays “a importé 8,48 millions de barils de brut par jour en juillet, ce qui est à peine plus qu’en juin quand (ces importations) étaient descendues à leur plus bas niveau depuis six mois”, ont remarqué les analystes de Commerzbank. La forte baisse des cours du pétrole est toutefois “un peu étonnante” au vu des informations du jour, a estimé M. Lebow. “Alors que de nombreux investisseurs parient sur une hausse des cours, le marché a peut-être juste besoin de prendre un peu d’air”. Les marchés publics et le développement durable « Les marchés publics peuvent devenir une source de développement durable pour le pays », a fait savoir l’économiste, Fréderic-Gérald Chéry au moment de son intervention à la formation organisée par le réseau des journalistes économiques pour le développement durable (REJEDD), ce jeudi 9 août 2018, dans les locaux du Group Croissance. D ans l’objectif d’aider les journalistes haïtiens spécialisés en économie à mieux se former dans ce domaine, le Réseau des Journalistes économiques pour le Développement durable (REJEDD) depuis tantôt un mois a mis sur pied une série de séances de formation. Le jeudi 9 août 2018, le REJEDD a reçu des responsables de la Commission nationale des Marchés publics (CNMP). Les discussions étaient axées sur l’importance de la CNMP dans le pays. Frédéric-Gérald Chéry qui participait à cette formation, comme l’un des intervenants, a fait savoir que les marchés publics peuvent être des sources importantes pour le développement durable en Haïti. Lesecteurpublicpourraitserenforcer à partir des marchés publics, si l’on croit l’économiste Fréderic-Gérald Chéry. « Nous avons 6 % du budget de la République qui sont utilisés dans les marchés publics. S’il y a une mauvaise gestion de ce fonds, on n’aura jamais un développement durable dans le pays », a lâché M. Chéry. Selon lui, les marchés publics peuvent participer au développement de la technologie en Haïti. Par ailleurs, l’économiste Chéry a mis l’accent sur les résultats d’une bonne gestion des marchés publics pour le pays. Aussi, ajoute- t-il, un bon développement des marchés publics permet de créer des secteurs d’activités. Les problèmes confrontés par les marchés publics Au cours de son intervention, Fréderic-Gérald Chéry a présenté les problèmes auxquels font face les marchés publics. « Les achats de l’État et les marchés publics sont réalisés sans viser un impact économique et technologique sur la production locale ; le système de passation de marchés est peu développé et peu dynamique ; les cadres techniques sont peu motivés pour stimuler l’économie nationale », a-t-il expliqué. Lesdésavantagesdesmarchés publics PourM.Chéry,actuellement, ilexiste des désavantages dans ce secteur. Il s’agit, entre autres, selon lui, du retard de la technologie en Haïti. Les entreprises locales ne produisent pas donc, contribuent à l’enrichissement d’autres pays au détriment du nôtre. Plus loin, il a parlé de la philosophie actuelle des marchés publics. D’après lui, l’administration publique veut des produits, mais sans prendre en compte le renforcement de l’économie nationale. «L’administration publique a une approche totalement libérale de la passation de marché », a-t-il déploré. En outre, il a souligné qu’un seul contrôle dans la passation des marchés publics ne suffit pas. M. Chéry plaide pour qu’il y ait une amélioration dans ce secteur. En ce sens, il a mentionné que le savoir permettant d’améliorer le secteur des marchés publics fait encore défaut. Cluford Dubois L’économiste, Fréderic-Gérald Chéry. ÉCONOMIE |
  • 12. 12 | N0 724 VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOUT 2018 | ÉCONOMIE L a ferme agricole Cigais située dans la localité Grand Bassin de la commune de Terrier-Rouge se lance dans une campagne pour le sauvetage de la noix de cajou en Haïti. Le propriétaire de cet établissement qui s’étend sur une superficie de 10 hectares, Alex Joseph se dit profondément préoccupé par l’agonie de l’agriculture en Haïti et l’extinction progressive de plusieurs filières. Convaincu que le travail de la terre a le potentiel de faire renaître l’espoir dans la communauté haïtienne, ce gestionnaire explique, dans une entrevue au journal, le sens de son initiative et les réalisations qu’il peut déjà évoquer. Le National:Faites-nousune présentationdevotreferme agricole Alex Joseph : Il s’agit d’une entreprise individuelle (le statut peut changer à l’avenir) évoluant dans l’agro-industrie. Logée sur 10 hectares dans la commune de Terrier-Rouge, section Grand Bassin, la ferme agricole Cigais se donne pour mission de répondre aux préoccupations des consommateurs haïtiens à la recherche des produits organiques. Je crois fermement que l’agriculture et l’élevage sont un secteur capable de créer de l’espoir en Haïti. Nos principaux objectifs sont d’augmenter la production agricole haïtienne, participer à la relance des filières en péril, créer de nouvelles opportunités dans le secteuretfaciliterlatransformation des produits périssables de manière à éviter des gaspillages. LeNational:Parlez-nousdevos réalisations Alex Joseph : Nous avons lancé nos opérations le 10 février 2018. Et déjà, nous avons réalisé la production de 10 000 plantules (Noix et Cacao), la production de piments et de légumes sur un hectare, de 4 000 poissons (tilapia) dans un bassin de 12 par 15 mètres, la construction d’un poulailler d’une capacité de 4500 poulets de chair. Nous espérons pouvoir augmenter notre production au fur et à mesure. LeNational:Quiddevotre initiativepourlarelancedelanoix decajou ? Alex Joseph : La Noix est une culture à sauver. Il est à constater une baisse considérable dans cette filière dans le grand Sud et l’Ouest. Le Sud représentait pourtant un grenier dans le temps, mais un certain mépris de la filière a occasionné une destruction des anacardiers. Notre campagne consiste à multiplier les plantules et à les revendre au prix de 250 gourdes l’unité. Nous faisons passer le message sur les réseaux sociaux et espérons que beaucoup de gens et même des institutions manifesteront leurs intérêts. Déjà nous avons des réactions très encourageantes. À partir d’un centre de distribution à Port-au-Prince, nous répondons aux commandes dans un délai raisonnable et nous nous chargeons dans certains cas de la livraison. Les commandes peuvent être placées par mail ou par téléphone (cigaishaiti@gmail.com/3892- 9294). Les recettes permettront de poursuivre nos efforts pour la revalorisation de l’agriculture et l’élevage, juste une contribution symbolique. Nous envisageons de faire d’autres campagnes semblables pour le café, le cacao, les citrus et le tamarin. LeNational:Pourquoilanoixa attirévotreattention? Alex Joseph : Parce que c’est un produit demandé partout dans le monde. En Haïti, seul le grand Nord en produit vraiment, et ceci en faible quantité. La noix de cajou est très délicieuse et bénéfique pour la santé de par sa richesse en bonnes graisses, en nutriments et en vitamines. Cette campagne se fait aussi dans le Nord de manière à remplacer les anacardiers vieux de plus de 30 ans. LeNational:Avez-vousdesprojets d’avenir? Alex Joseph : Nous travaillons à lancer les opérations pour la construction de la zone de transformation, l’installation d’un incubateur capable de produire 93 000 poussins chaque 28 jours et la construction de plusieurs réservoirs d’eau. Il nous faudra également construire un hôtel pour l’hébergement des visiteurs et/ou étudiants pendant leur séjour sur la ferme. Mais nous ne travaillons qu’avec les moyens du bord, car, nous ne recevons aucun financement. Propos recueillis par Kendi Zidor Une ferme agricole vole au secours de la noix de cajou Une ferme agricole vole au secours de la noix de cajou.
  • 13. VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOUT 2018 N0 724 | 13 A pporter aux jeunes les enseignements et les compétences dont ils auront besoin reste un grand défi mondial. D’abord, parce que plus de 260 millions d’enfants et d’adolescents dans le monde sont encore privés d’école. Et, pire encore, parce que près de 60 % des élèves du primaire dans les pays en développement ne parviennent pas à atteindre le seuil minimal de compétences devant être acquises. Ce défi est aujourd’hui d’autant plus complexe que les nouvelles technologies modifient rapidement les compétences nécessaires pour être compétitif sur le marché de l’emploi et accéder aux débouchés disponibles. Cet enjeu est au cœur de la prochaine édition du Rapport sur le développement dans le mondede la Banque mondiale consacré aux mutations de la nature du travail. Dans les régions du monde qui, comme l’Asie du Sud et l’Afrique subsaharienne, sont constituées en majorité d’une population jeune, cet enjeu impose d’accorder à l’enseignement des compétences numériques une place de premier plan. On célèbre le 12 août la Journée internationale de la jeunesse. Le thèmedecetteannéemetenavant la nécessité d’offrir aux jeunes des « espaces sécurisés » grâce auxquels ils peuvent contribuer à la liberté d’expression, au respect mutuel et au dialogue constructif. Il s’agit d’espaces physiques, mais aussi civiques, publics et numériques. Cette dernière dimension m’intéresse tout particulièrement : non pas par déformation professionnelle — je travaille comme spécialiste de la communication numérique à la Banque mondiale — mais parce que je suis convaincue que l’avenir du travail se confondra avec la technologie. On assiste de fait depuis quelques années à l’émergence de nombreuses initiatives visant à aider les jeunes à acquérir des compétences technologiques et à intégrer l’économie numérique mondiale. En 2017, le Groupe de la Banque mondiale a par exemple lancé le programme XL Africa afin de soutenir les entrepreneurs numériques les plus prometteurs. Sur les plus de 900 entreprises ayant postulé au programme, 20 start-up ont été retenues et ont pu bénéficier de capitaux d’un montant compris entre 250 000 et 1,5 million de dollars. Ce projet a permis l’essor de sociétés comme Pesabazaar, Edgepoint Digital et Asoko Insight, qui sont désormais en mesure de servir un grand nombre de personnes, dans les secteurs des fintech, de l’assurance santé, des données et des services. Parmi les entreprises qui facilitent la création d’emplois sur des plateformes de travail numérique, on peut citer Andela, qui a formé 20 000 développeurs en Afrique. Dans la province pakistanaise de Khyber Pakhtunkgwa, la Banque mondiale organise depuis 2014 un sommet annuel sur la jeunesse numérique. L’objectif est d’éduquer et d’inspirer la future génération d’innovateurs dans cette région en proie aux conflits, où 50 % de la population a 30 ans ou moins. Cette initiative s’inscrit dans un programme provincial qui ambitionne de créer 75 000 emplois dans le secteur des nouvelles technologies, et plus largement dans le cadre de la stratégie nationale pour le numérique. Il y a quelques mois, la conférence sur « les jeunes, la technologie et la finance », organisée par le Groupe de la Banque mondiale en partenariat avec l’Algérie, visait à mettre en lumière le potentiel d’innovation de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. En montrant comment des entreprises comme Souq. com et Careem sont parvenues à exploiter les technologies de rupture, il s’agissait de discuter des stratégies qui permettraient de transformer la créativité des jeunes de la région en un moteur de croissance. Enfin, en Jamaïque, un pays où 30 % des jeunes sont au chômage, un projet financé par la Banque mondiale a formé 15 000 jeunes aux métiers du numérique et de l’animation. Alors que le Rapport sur le développement dans le monde 2019 est en cours de finalisation, nous invitons les jeunes à répondre à cette question : comment les États, les villes, les entreprises et les populations se préparent-ils au travail de demain et au défi technologique ? Faites-nous part de votre expérience et gagnez peut-être la somme 5 000 dollars ! Les compétences numériques ouvrent un monde d’opportunités pour les jeunes ÉCONOMIE |
  • 14. 14 | N0 724 VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018 | SOCIÉTÉ Vers la deuxième édition de la Foire d’été d’Haïti Lancée pour la deuxième fois, la Foire d’été d’Haïti est une activité qui, selon l’un des membres organisateurs, Luczama Staler, consiste à vulgariser les œuvres artisanales des artisans haïtiens qui n’hésitent jamais à faire la promotion de la culture haïtienne au travers de leur travail. L’activité, qui se déroulera sur deux jours, les 10 et 12 août 2018, est organisée par Ley Production, une jeune maison de production qui, depuis décembre 2015, s’engage à mettre sous les feux des projecteurs le talent des jeunes haïtiens et à faire rehausser la culture haïtienne. Cette année, nous avons rencontré pour la deuxième édition de la Foire d’été d’Haïti les membres organisateurs de l’événement. Entretien avec le président de Ley Production, Wedson Ley Ilsaint. LeNational:Faites-nous partdesintentions de Ley Productionquand elle a lancé cettefoirepourla première foisdanslesrues de Pétion- Ville,plusprécisément à rue Rigaud? Wedson Ley Ilsaint : À vrai dire, nous avons cette idée de « Foire d’été d’Haïti » depuis 2016, mais c’est en 2017 que nous allonsfairenotrepremierlancement.Lors de la première édition de la Foire d’été d’Haïti, nous avons décidé de la réaliser dans les rues et non à l’intérieur d’un local. Cette décision, nous l’avions prise pour permettre un taux de participation élevé et nous voulions que tout le monde puisse y prendre part du moment que la personne était intéressée. C’est en ce sens que nous avions opté pour la rue Rigaud à Pétion-Ville. Cequiafaitledéclicdansnostêtespourla réalisation d’une Foire d’été d’Haïti n’est autre que le manque d’activité culturelle en cette période. C’est dans cette optique, nous avons jugé nécessaire de mettre sur pieds la foire d’été d’Haïti où les jeunes talents de la maison de Ley Production ont, lors des expositions et conférences, l’opportunitéd’interagiravecdesartisans comme eux qui partagent avec eux leurs expériences. En quelque sorte, nous joignons l’utilité à l’agréable pour porter au loin non seulement la production locale, mais aussi les œuvres des artisans. L.N.:Quelssont les objectifs quevousciblez? W.L.I. : Notre objectif pour cette édition est de permettre au public haïtien de se familiariser avec les œuvres de ces artisans,dedécouvrirlavaleurdesœuvres artisanales dans la culture de notre pays, d’apprécier leur travail et de profiter de l’ensemble des produits alimentaires transformés, mais nous comptons aussi faire bénéficier aux jeunes artisans, à travers des conférences, l’expérience des artisans qui vivent de leur travail depuis bien des années. L.N. : Avez-vouseulesupport de quelquesassociations culturellesdupayspourla réalisationdecetteactivité? W.L.I. : Malheureusement non. Nous n’avons pas eu le support des organismes culturels pour l’exécution de cette activité, que ce soit lors de la première et de la deuxième édition. Nous avons dû nous débrouiller avec les moyens de la maison de production que je dirige, à savoir Ley Production, et des membres qui veulent à tout prix réaliser ce projet, puisqu’il vise à faire la promotion de la culture haïtienne et à mettre le travail de certains artisans en avant. L.N. : Quelseralecontenudes programmationsdurantces deux jours? W.L.I. : L’activité s’étendra sur deux jours, les 10 et 12 août. Durant le premier jour, nous serons à l’hôtel Best Western, à Pétion-Ville, pour une conférence avec trois intervenants qui sont Harry Nicolas, dit Mèt fèy vèt, PDG de « Kore Pwodiksyon Nasyonal », avec Simone Audant Ambroise, PDG de Kay Atizan et avec Bernie Jean, responsable de Centre de contacts et des transferts « Fon Koze ». Ils auront à intervenir sur des sujets ayant rapport avec les activités artisanales et agro-alimentaires et autres. Les thématiques se dérouleront autour de la question suivante : comment peut-on par le canal de l’entrepreneuriat utiliser nos œuvres artistiques afin de valoriser notre culture, mais aussi réaliser une plus grosse vente ? Les expériences de ces personnes vont être bénéfiques pour les jeunes, cela valeurpermettred’émergerdelasituation dans laquelle ils étaient. Lors du deuxième jour, nous aurons des expositions, une vente-signature du dernier album de Ded Krazy, des défilés, show de danse dans la rue Rigaud. Pour y participer, les gens devront se procurer du bracelet de l’activité afin de circuler librement, de consommer et d’apprécier les œuvres de nos jeunes artisans. Nous sommes ouverts à un large public, c’est pourquoi dans notre programmation nous aurons avec nous des Clowns qui s’occuperont du bonheur des enfants. Voilà ce que nous offrons pour la deuxième édition. L.N. : Comparée à la première édition, la deuxième édition apportera-t-elle une quelconque amélioration ou même une surprise aux gens qui se déplaceront pour venir suivre l’événement et y participer ? W.L.I.: Je rappelle que la première édition de la Foire d’été d’Haïti ne s’est réalisée que sur un seul jour. Alors que durant la deuxième édition, nous avons voulu, en effet, apporter plus de contenus dans la programmation. Nous aurons plus d’artistes qui viendront y participer afin de mettre plus d’ambiance et de soutenir notre deuxième édition, tels Ded Krazy, Paska,etc.Etentermesdelogistique,nous sommes quasiment prêts, sans compter que nous aurons le soutien de la Mairie de Pétion-Ville qui prendra en charge la sécurité des participants. LeNational:Qu’attendez- vous comme résultat de cette foiredanslepays? WedsonLeyIslaint:Cequenousespérons, l’équipeetmoiainsiquelesexposants,c’est une forte participation de la communauté de Pétion-Ville et des autres secteurs avoisinants. Afin de réaliser la deuxième édition, nous avons dû faire beaucoup de sacrifice, c’est pourquoi nous attendons impatiemment la participation de tous, enfants, jeunes, adultes. Venez encourager nos jeunes artisans ! Propos recueillis par Laïka Mezil Affiche annonçant l’activité.
  • 15. VENDREDI 10 AU LUNDI 13 AOÛT 2018 N0 724 | 15 SOCIÉTÉ | Objectif faim zéro : une campagne pour promouvoir les droits et le rôle politique des femmes autochtones Le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, a appelé les pays à rallier une campagne visant à promouvoir les droits des femmes autochtones et à encourager leur participation dans les discussions politiques en vue de réaliser l’Objectif de développement durable de faim zéro. N ous appelons les pays à défendre les femmes autochtones et à leur garantir une place au sein des procédés de décisions politiques. Sans elles,nousnepouvonsréaliserl’Objectif Faim Zéro et nous ne pouvons pas parvenir à un développement durable, » a indiqué M. Graziano da Silva lors d’un message vidéo diffusé peu avant la célébration de la Journée mondiale dédiée aux populations autochtones à travers le monde, prévue pour le 9 août. On compte près de 400 millions d’autochtones dans le monde et près de la moitié d’entre eux sont des femmes. Les populations autochtones jouent un rôle important en vue d’éradiquer la faim, estime l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). « Les peuples autochtones sont les gardiens de la biodiversité mondiale. Ce sont les défenseurs des terres et territoires dont ils s’occupent pour les générations futures. Pourtant, trop souvent, les droits collectifs des populations autochtones sur leurs terres ancestrales, leurs territoires et leurs ressources ne sont pas respectés, » a indiqué M. Graziano da Silva. Les femmes autochtones élèvent du bétail, pratiquent l’agriculture, pêchent et chassent afin de nourrir leurs communautés. Elles sont également considérées comme les gardiennes des semences et des plantes médicinales. Malgré leurs contributions, les femmes autochtones ne font pas partie des politiques et des processus de prises de décision affectant leurs vies. Souvent, les politiques de protection sociale échouent à intégrer leurs visions et besoins. Malgré leur expertise, leur travail, leur savoir et leurs besoins ne sont pas représentés dans les statistiques. Tout cela contribue à les rendre invisible. Une chaiseviolettepour inviterlesfemmesàlatable des discussions En janvier, la FAO a lancé la Campagne mondiale pour l’autonomisatoin des femmes autochtones en vue de réaliser l’objectif Zéro Faim en collaboration avec le Forum international sur les femmes autochtones et l’agence de presse des femmes autochtones et afro- descendantes. L’un des moments forts de la campagne aétél’Initiativechaiseviolette-unappel aux autorités, aux décideurs politiques, aux organisations, à la communauté internationale, au monde universitaire et à la société civile avec pour objectif de garantir la participation des femmes autochtones aux discussions politiques et aux processus de prises de décisions qui les affectent elles et leurs communautés. Afin de les rendre visible, une chaise violette est placée lors d’une réunion afin de souligner la participation d’une femme autochtone, ou trop souvent, lorsque la chaise est vide, le fait qu’elle ne participe pas. « Placer une chaise violette lors d’une réunion est une manière simple mais efficace de rappeler que les femmes autochtones doivent s’assoir à la table des négociations où les politiques concernant leurs communautés sont discutées, » a déclaré Marcela Villarreal, Directrice des partenariats et de la Coopération Sud-Sud à la FAO. Le violet est devenu une couleur symbolique de la lutte des femmes pour faire entendre leur voix. Les gens peuvent utiliser des tableaux, des textiles autochtones ou encore l’artisanat pour fabriquer une chaise violette et soutenir la campagne. « J’insiste toujours sur l’importance de prendre en compte les femmes autochtones. Nous ne sommes pas des gens qui ont besoin d’aide ou qui sont constamment vulnérables. Nous sommes des agents du changement. Nous avons du potentiel mais ce potentiel doit être catalysé, » a indiqué Mariam Wallet Aboubakrine, Présidente du Forum permanent des Nations Unies sur les questions autochtones. Le piment est l’un des principaux produits consommés quotidiennement au Mexique. Les femmes de la communauté Nahua de Tlaola produisent le poivron serrano entre avril et juin. Cayes : à moins d’une semaine de la Notre-Dame, rien ne change Quelques jours avant la Notre-Dame, le 15 août 2018, la ville des Cayes garde encore son visage ordinaire. Les activités de préparation à cette fête sont quasiment inexistantes pour ne pas dire totalement absentes. Idem pour les festivités de la plage de Gelée. A lors que la population cayenne s’est fait le droit d’espérer une fête de Gelée et une fête patronale de grande envergure pour cette année quant aux promesses faites par les autorités locales l’année dernière. Le doute plane encore sur la réalisation des festivités de Gelée et aussi sur la Notre-Dame pour l’année 2018 si ce n’est le Te Deum traditionnel. À moins d’une semaine du jour j, soit le 15 août prochain, les activités en prélude à cette manifestation culturelle attirant des milliers de visiteurs font encore espérer. Officiellement, la population attend que les autorités lancent le cap et entre-temps se noie dans une grande confusion : « Est-ce qu’il y aura festivité à Gelée cette année ? » C’est la grande question que se posent les habitants de la 3e ville du pays. Le manque de synergie constaté du côté des autorités municipales sur les festivités constitue la toile de fond des préoccupations des citoyens. Certains d’entre eux attribuent cette situation à la démission du maire principal des Cayes, Jean Gabriel Fortuné, qui ne fait que liquider les affaires courantes à la tête du conseil municipal. Ce qui, ajoutent-ils, ne fait que voiler la fièvre qui devait être ressentie à l’occasion de la fête. À moins de cinq jours environ, la ville des Cayes ne donne pas l’impression d’une ville en fête alors que l’envie de fêter luit au visage des habitants. À part la façade de la Cathédrale des Cayes qui est sur le point d’être repeinte pour accueillir le Te Deum traditionnel à l’occasion de la Notre-Dame de l’Assomption, ainsi que quelques activitésdenettoyageentreprisespardes groupes de jeunes sur la route menant à Gelée, rien n’est officiellement annoncé comme festivité culturelle ; et le centre- ville ne change pas d’allure. Ce qui n’empêche pas que des citoyens, en quête de loisir, foulent la plage de Gelée chaque matin et en fin de journée. Ce, malgré les sargasses qui jonchent la plage et qui rendent les activités des agents de la mairie plus corvéables. Si l’on considère la synergie qu’il y avait entre les autorités municipales sur l’organisation des festivités de Gelée pour l’année 2017 : les différents projets qui étaient annoncés sur la plage, les commissions qui étaient montées autour de l’organisation de la fête ; ce, depuis quelques mois à l’avance ; peut- on, en moins de cinq jours, espérer grand-chose cette année ? Edver Serisier À moins d’une semaine de la Notre-Dame, rien ne change dans la ville des Cayes.