4. 1. le sens : anthropologie et éthique
2. l’être humain,
◦ vulnérable et autonome
◦ « animal qui raconte des histoires »
◦ « toujours empêtré dans des histoires »
3. la « situation accidentée » : la perte du sens
4. la réhabilitation du sens mis en récit
5. les limites et les échecs de la mise en récit
5. 德 : l’art du sens ou comment orienter et
réussir sa vie personnelle
道 : les valeurs-balises pour les chemins à
suivre et à ouvrir
誠 : authenticité, sincérité, aséité, assertivité
6. l’éthique : l’art de réussir sa vie (et de
contribuer à la réussite de celle des autres)
l’éthique : l’art du sens (trouver, donner,
retrouver, conquérir,…) à sa vie
l’éthique : l’art du rebondir…
7. (ré)orienter sa vie, son travail, son quotidien…
suppose un arrêt, un recul, une vision
analytique…
une évaluation selon des critères …
et puis une action de changement choisi
Et l’art d’en faire toute une
histoire…
8. Blumenberg : pas de rapport direct à la réalité
Cassirer : des formes symboliques pour vivre
(science, religion, histoire,…)
Heidegger : la significativité du monde
Ricoeur : faire histoire de son vécu
Et Schapp…
9. les choses sont dans l’espace-temps (usure
dans le temps)
les humains ek-sistent en situation
(maturation, expérience et vieillissement)
◦ prématurité chronique
◦ déploiement du soi
◦ prise de risque
◦ Unheimlichkeit
10. régime de la mêmeté, de l’idem :
inchangement, permanence, stabilité,
inertie,…
régime de l’ipséité, de l’ipse : plasticité,
constance, évolution, métamorphoses,
surprises,…
11. deux dimensions anthropologiques
◦ essentielle : toujours, pour tous les humains
◦ contingente : accidentelle, pour certains, définitive ou
pas, pour une durée plus ou moins longue
côté sensibilité
côté précarité
12. chance de la vulnérabilité = risque de l’ek-
sistence
Pic de la Mirandole : homo sine forma
Rilke : il nous risque…
13. 性, natura, ουσια, Wesen… de l’humain : du non-
substantiel mais du « main-tenu » dans l’être
Toulmonde : notre vie
tient à un fil…
14. à côté du quarté gagnant nord-américain
(Beauchamp & Childress)…
◦ autonomie, non malfaisance, bienfaisance, justice
…un principe européen : la vulnérabilité
15. prendre en compte la situation concrète,
réelle, des personnes (patients, proches, etc.)
éviter les représentations abstraites, faussées
reconnaître l’asymétrie (rapport de pouvoir)
dans la relation d’aide
16. contre l’idéologie de l’individu rationnel,
purement autonome, entièrement libre,
capable de comprendre, comptable de ses
projets, etc.
pour les personnes réelles, démunies ou
affaiblies, qu’on peut soutenir et accompagner
sur leur chemin propre
17. paradigme moderne de la dignité
source et visées des droits
condition des devoirs
capacité de prendre de « justes » risques
17
18. sur le modèle du « cogito brisé » (Ricoeur)
◦ faillibilité
◦ non transparence
◦ vulnérabilité : sujet « blessable blessé »
l’ « autonomie relative » : jusqu’à un certain
point…
cultiver une « autonomie raisonnable »
18
19. anthropologie : « ma vie » = une histoire
◦ qu’on me raconte
◦ que je raconte
◦ qu’on racontera à mon propos
éthique : « story-telling animal » (A. McIntyre)
◦ grammaire textuelle : l’intrigue, le contexte, les
épisodes
Mais ce n’est pas le tout de
l’humain…
20. pleine attention à la vie
aucun doute quant à l’existence d’autrui et
du monde
action spontanée sur le monde : travail,
disponibilité, outils
visée pratique sur le monde (non théorique)
21. ressorts de l’expérience acquise
expérience du Moi comme un tout, une entité
intégrale
socialité non problématique : la conversation
n’est pas problématique
temporalité continue : « et après, on fera
cela!... »
22. l’événement fait rupture
◦ désorientation
◦ perte des repères du passé
◦ perte des balises pour l’avenir
Θλιψις : petites et grandes tribulations…
◦ oppression, angoisse, stress
◦ catastrophe
23. affaissement ou effondrement des repères de
la vie quotidienne
◦ isolement
◦ non réciprocité des points de vue
◦ sentiment d’incommensurabilité
◦ impossibilité (relative?) de
communication
Que pourra un récit?
24. σaisie « narrative » de la réalité
◦ δes objets
◦ δes situations
◦ δes sentiments
πrocessus de compréhension :
Ερμης
25. Dilthey : une vie est une cohésion et un tout
(pas forcément cohérent!)
◦ faire la « biographie » de quelqu’un est un acte
herméneutique philosophique (nacherleben)
Binswanger : biographies intérieure et
extérieure
◦ les significations « subjectives » vécues, ressenties
◦ les événements « objectifs »
26. Binswanger : relation thérapeutique est avant
tout une relation INTERHUMAINE
◦ symétrie fondamentale : des vivants ensemble
◦ asymétrie de surface : docteur / patient
le concept de base de la compréhension :
Umarmung
◦ et non plus l’Umfassung intellectuelle
la compréhension est partielle, locale, ouverte
à la découverte (pas de récit total)
27. Binswanger : la Wirheit + Schapp : la nostrité
par le récit partagé
identité personnelle en reconfiguration
permanente :
◦ se recevoir : reconnaissance, appel
◦ se poser : assumer sa capacité et ses limites
◦ s’échapper : affaiblissement, « diminution »
◦ se retrouver : être rendu à soi par autrui
28. habiter le temps
◦ pas le temps linéaire objectif, neutre
◦ le temps vivant, sensible, dilaté
faire sens
◦ avec les épisodes déterminés et cousus dans un
certain ordre : en faire μυθος, créer une « intrigue »
(parfois avec des bons et des méchants…)
29. de quelles histoires dois-je émerger?
◦ tradition familiale
◦ histoire politique, culturelle, sociale
◦ migration et sédentarité
Ma préfiguration
Par exemple, en
clinique de la douleur
30. la facticité :
◦ conditions d’existence
◦ déterminations en tous genres
◦ événements divers
◦ identité –en-situation
l’appropriation :
◦ reconnaissance des situations
◦ subjectivation
31. saisir le li des situations, comme Ting le bon
boucher
re-configurer l’intrigue : événements,
personnages, accidents, hasards, chances,
choix, négligences,…
imaginer d’autres chemins encore possibles
entendre le point de vue des autres
faire œuvre de « ma vie » : Bildung
32. limitations contextuelles externes
◦ quelle légitimité pour ces récits?
◦ quelle capacité professionnelle de les entendre?
◦ quelle communauté pour y faire écho?
limitations internes : « l’épreuve de
l’inénarrable » (Ricoeur, Porée)
33. objectivation scientifique et technique des
situations, des processus, des postures,…
regards en « troisième personne »
MAIS… défi de la complexité des maladies et
des traitements > croisements
interdisciplinaires
34. deux formes de rationalisme :
◦ le « grand » rationalisme : Raison au sens large;
inclusion des disciplines; ouverture métaphysique
◦ le « petit » rationalisme : raison au sens étroit;
exclusion des disciplines; positivisme élémentaire
35. « À la lumière de la
connaissance
géométrico-mathématique,
un univers réduit désormais
à un ensemble objectif de
phénomènes matériels »
(M. Henry)
36. peut-on tout intégrer dans un récit?
existe-t-il de l’innommable? Et de l’indicible?
comment peut-on « dire » l’intolérable?
à quelles conditions (détachement, clarté,…)
un récit reste-t-il sensé?
37. et quand on pense n’être pas compris, pas
cru?
et quand personne n’écoute ?
« Les paroles
suffoquées »
S. Kofman
38. et quand le récit est oppressant, sur-
identitaire, ramenant à une situation sans
sortie ?
et quand on ne peut plus raconter?
Le récit silencieux
39. le récit est adressé
◦ à un destinataire qui l’écoute activement
◦ à une forme de validation intersubjective
le récit fait l’épreuve
◦ de sa cohérence partagée
◦ de ses questions en attente de réponse
◦ d’une « concordance en discordance » (Ricoeur)
◦ de la pluralité des vérités
40. besoin et espérance d’autrui
◦ qui soit là
◦ qui entende
◦ qui soutienne
anthropologie de la confiance en soi et en
l’autre : pour « en sortir »…
41. Die Welt ist fort,
Ich muß dich tragen.
(P. Celan)