1. CAHIER SPÉCIAL CJuillet 2016
«J'avaisl'impression
d'appartenir
àlanature»
Qu’est-ce qui vous a poussé à réaliser cette
expérience,et notamment son point culminant
dans la forêt amazonienne ?
Nicolas Breton : Je l’ai vécue pour mon développement
personnel ! Ce fut la période la plus intense et la plus
éprouvante de ma vie.Je me suis plongé seul au cœur de la
jungle,sansélectricité,nilecture,niInternet…Dansmahutte
je disposais d’une planche en bois sur laquelle je dormais,
d’un hamac et d’une moustiquaire. Une fois par jour, une
chamanem’apportaitunrepaset,àlanuittombée,jebuvais
l’ayahuasca(NDLR,unbreuvageàbasedelianesconsommé
parleschamanesdestribusindiennesd’Amazonie).
N’avez-vous pas ressenti de la solitude
dans une forêt plutôt hostile ?
N.B. : L’ennui n’est pesant qu’au début. Après trois
à quatre jours à vivre à l’état animal, j’observais, je
ressentais la nature différemment et je commençais de
plus en plus à apprécier le présent sans l’intellectualiser.
Plus les jours passaient plus j’avais l’impression d’appar-
teniràlanature,cequiremplaçaitlebesoindesociabilité.
Se nourrir n’est-il pas la première aventure
quotidienne du voyageur ?
N.B. : Il ne faut pas être difficile et manger ce que
l’on a sous la main. En pleine jungle, à vingt heures de
bateau de toute civilisation, je me suis exclusivement
nourri de poisson et de farine de manioc, midi et soir.
La farine cuite dans une grande poêle produisait une
substance assez granuleuse, donnant l’impression de
manger du sable.
Peut-on survivre en se nourrissant de chasse,
pèche et cueillette ?
N.B. : Pour se débrouiller seul dans la nature, il faut
très bien la connaître. Certaines lianes par exemple
sont gorgées d’eau potable, mais d’autres sont
puissamment hallucinogènes... Pour les protéines, de
grosses larves vivant dans les cocotiers font l’affaire.Le
goût sucré de coco et de noisette est agréable, mais la
texture est assez difficile.Nous avons également péché
des piranhas. En tout et pour tout, j’ai passé quatre
mois en Amazonie.
Rien ne vous destinait à devenir aventurier…
N.B. : En fait j’ai toujours rêvé de voyager, sans jamais
oser franchir le pas. Lorsqu’à 27 ans je prends la décision
de partir, je n’ai jamais fait de voyage exceptionnel,
je ne sais rien faire de mes dix doigts et je ne suis pas
sportif. Maintenant le voyage est devenu une véritable
drogue. Cela fait deux ans que je suis rentré, mais je vais
prochainement retrouver l’Amazonie pour deux mois.
La peurvous-a-t-elle submergé au cours de vos
expériences parfois extrêmes ?
Nicolas Breton : Les situations de danger n’étaient pas
toujours les plus effrayantes, à l’image de celle que j’ai
vécue au Zimbabwe. Je campais au milieu de la savane
avec une femme qui connait les comportements de
chaque animal dans cette nature où elle a grandi. Un
soir, une lionne s’est approchée à dix mètres de nous,
puis nous a fixés du regard pendant plusieurs minutes
avant de repartir. Cette situation fut intense, mais
étrangement, je ne me suis jamais senti autant vivant
qu’à ce moment-là.
« Ce n’est pas parce que
c’est difficile que l’on
n’ose pas, c’est parce
que l’on n’ose pas que
c’est difficile ». Cette
phrase lue par Nicolas
Breton sur le mur d’un
ashram pourrait résumer
son voyage. Ce récit se
complète de conseils,
astuces et informations
pour partir à l’aventure.
Disponible sur le site
horsdessentiersbattus.fr
(19,50€).(19,50€).
L’île du Millénaire
Isolement:
Dangerosité:
Loindesyeux,loindumonde
ÉVASION. Fini les vacances au soleil ou les défis sportifs à faire sourire les baroudeurs. C’est décidé, demain vous partez à la
découverte de terres inconnues, loin de toute civilisation. Mais où trouver les défis à la hauteur de l’aventurier qui sommeille en vous ?
L’île de Clipperton
Isolement:
Dangerosité:
La péninsule
du Kamtchatka
Isolement:
Dangerosité:
L’archipel Socotra
Isolement:
Dangerosité:
Le mont Mabu
Isolement:
Dangerosité:
Îles du détroit de Torres
Isolement:
Dangerosité:
LES 274 ÎLES DU DÉTROIT
DE TORRES se situent dans
l’océan Indien, entre la Pa-
pouasie-Nouvelle-Guinée et
l’Australie, à deux encablures
de la grande barrière de corail.
Si des aérodromes et des hô-
tels sont implantés sur les îles
Thursday et Horn, l’accès aux
autres îles est laissé à la dis-
crétion des conseils tribaux.
En décrochant un permis de
visite, vous pourrez peut-être
approcher des populations
indigènes. L’accès en bateau
depuis la pointe de la pénin-
sule du cap York, réservée aux
aventuriers, est accessible par
la ville de Cairns.
VOUS VOILÀ LES DEUX
PIEDS sur le premier endroit
sur terre où commence la jour-
née - pôles exceptés. Le réali-
gnement du fuseau horaire
place l’ancienne île Caroline
juste après la ligne de change-
ment de date (à UTC+14 pour
les connaisseurs !). Le réveil
du monde, plongé dans
l’océan Pacifique se trouve à
1500 km du lieu habité le plus
proche, l’île Christmas, à mi-
chemin entre les îles Hawaii et
Fidji. Pour vous y rendre, pre-
nez un bateau de Tarawa, la
capitale de l’archipel de Kiri-
bati accessible par un aéro-
port international.
À L’EXTRÊME EST DE LA
RUSSIE dans un gigantesque
désert de forêts et de lacs,
plus de 15 000 ours bruns
s’ébrouent à l’écart de toute
présence humaine. Si vous
voulez admirer ces colosses
de 450 kg, il vous faudra vous
débrouiller par vous-même.
Logique, car cette péninsule
de la dimension de la Suède
n’est accessible ni par la
route ni par le train. Une fois
arrivé par avion depuis Paris
(9 300 km à vol d’oiseau), il
faudra vous frayer un che-
min parmi 300 volcans pour
vous approcher de ces ani-
maux solitaires.
LA CÔTE LA PLUS PROCHE
de cette île française du Paci-
fique se situe à 1280 km, au
Mexique. Il vous faudra trouver
un bateau bienveillant, voire
un avion capable d’atterrir sur
la petite piste pour gagner cet
atoll de 3 km sur 4 km entou-
rant un lagon. Sur place, vous
pourrez redonner du lustre aux
écosystèmes mis à mal par la
prolifération de déchets déri-
vants. Avant de vous lancer
dans la dépollution, installez
votre gîte avec discernement, la
faible altitude (maximum de
29 mètres) rend l’île partielle-
ment submersible lors des
grandes tempêtes.
DARSAH, LA PLUS GRANDE
des quatre îles inhabitées de
l’archipel yéménite de Soco-
tra, est un trésor de biodiver-
sité : d’innombrables espèces
de plantes et d’animaux raris-
simes vous y attendent. Idéal
pour constituer un herbier
rare ou rapporter des photos
singulières. Pour se rendre sur
ce paradis naturaliste de
10 km2
, situé dans l’océan In-
dien, au Nord-Est de la corne
de l’Afrique et à 350 km au
sud-est des côtes du Yémen,
les aventuriers pourront atter-
rir à Hadiboh, la minuscule
capitale. Ensuite il faudra né-
gocier un bateau…
CETTE MONTAGNE située
au nord du Mozambique n’a
été découverte qu’en 2005
grâce à… Google Earth ! Elle
est en effet tellement difficile
d’accès et perdue au milieu
d’une zone forestière de
7000hectares qu’aucune ex-
pédition ne l’avait encore ex-
plorée. Pour vous rendre dans
cette terra incognita, il vous
faudra traverser les quelques
2000 kilomètres qui la sépa-
rent de Maputo, la capitale.
Mais une fois sur place, vous
découvrirez l’une des der-
nières forêts primaires de la
planète, qui regorge d’espèces
encore inconnues.
enpartenariatavec
RÉCIT.Durant quinze mois, Nicolas Breton s’est lancé
dans un périple solitaire aux quatre coins du monde.
Une aventure dont il a tiré un livre, mais aussi de nombreux
enseignements sur sa vie d’homme et son rapport à la nature.