Le journaliste politique César Armand (@Cesarmand) et le blogueur politique Romain Bongibault (@romainbgb) ont publié, en mars 2016, un ouvrage intitulé Dans l'ombre des Présidents. Un livre qui met en lumière le rôle des Secrétaires généraux de l'Elysée. Interview croisée.
Zoom sur la communication politique digitale du Parti libéral du Québec
Le rôle des Secrétaires généraux de l'Elysée dans la mise en oeuvre de la communication politique du Président de la République
1. Cercle des communicants francophones
Itw #21
« Peut-être qu’en 2017 le Secrétaire général de l'Elysée, sans doute un
jeune quadra, tweetera, non pas pour lui-même mais pour relayer la
parole présidentielle »
Le journaliste politique César Armand (@Cesarmand) et le blogueur politique Romain
Bongibault (@romainbgb) ont publié, en mars 2016, un ouvrage intitulé Dans l'ombre des
Présidents. Un livre qui met en lumière le rôle des Secrétaires généraux de l'Elysée. Interview
croisée.
Quel est le rôle du Secrétaire général de l'Elysée dans l'élaboration et la mise en
œuvre de la communication du Président de la République ? Ce rôle a-t-il évolué au
fil du temps ?
César Armand & Romain Bongibault (C.A & R.B) : Le Secrétaire
général de l’Elysée est le premier interlocuteur dans l’élaboration et
la mise en œuvre de la communication du Président de la
République.
Si le Général De Gaulle n’écoutait que lui-même et Pompidou ses
conseillers politiques Pierre Juillet et Marie-France Garraud,
Giscard, au contraire, consulte ses Secrétaires généraux. Il a écouté
les deux premiers Pierre-Brossolette et François-Poncet mais a
négligé Jacques-Henri Wahl qu’il n’a pas suivi sur l’affaire des
diamants : ce dernier l’a invité à s’expliquer à la télévision, le
Président a refusé.
Mitterrand, lui, divisait pour mieux régner et n’écoutait que lui-
même, sauf pour La Lettre aux Français en 1988, rédigée par le
Secrétaire général Jean-Louis Bianco et le conseiller diplomatique
Hubert Védrine.
Quant à Chirac, il a fait confiance à Dominique de Villepin, Philippe Bas et Frédéric Salat-
Baroux, y compris dans des moments de crise comme le 21 avril 2002 ou lors de son AVC.
S'agissant de Sarkozy, Claude Guéant nous a confié qu’œuvrer à la communication du Président
a été « une difficulté de tous les instants » avant de préciser : « il faut tout le temps anticiper et
imaginer, c'est un défi sarkozyste si j'ose dire ». Il fallait en effet pouvoir faire des annonces sans
répéter ce qui avait pu être dit la veille.
Quant à Hollande, il écoute trop son conseiller en communication Gaspard Gantzer, en témoigne
l’incident sur Périscope, et pas assez Jean-Pierre Jouyet, l'actuel Secrétaire général de l'Elysée.
Pour beaucoup de citoyens, le Secrétaire général de l'Elysée c'est celui qui annonçait
les nominations du Gouvernement après une élection présidentielle ou un
remaniement. Cette année le remaniement a été annoncé par un communiqué qui a
été diffusé sur les réseaux sociaux. Est-ce d'après vous une marque de modernité ou
cela résulte-t-il d'un contexte particulier ?
(C.A & R.B) : C’est la marque du conseiller en communication Gaspard Gantzer qui a supplanté
2. Jean-Pierre Jouyet dans le dispositif élyséen. Le Secrétaire général n’est plus le conseiller
politique du prince. Certes Jean-Pierre Jouyet a poussé Emmanuel Macron (Secrétaire général
adjoint de l'Elysée de 2012 à 2014) à Bercy - il suffit de voir son sourire lors de la nomination de
son protégé en août 2014 - mais il n’a même pas d’ordinateur sur son bureau (comme le montre
le documentaire d’Yves Jeuland Un temps de Président). Depuis qu’il a ''gaffé'' avec François
Fillon, Jean-Pierre Jouyet est muselé de l’intérieur et à l’extérieur.
Dans une période où les citoyens demandent de plus en plus de transparence, le
Secrétaire général de l'Elysée peut-il rester dans l'ombre du Président de la
République ou a-t-il vocation, de plus en plus, à entrer dans la lumière et à y rester ?
(C.A & R.B) : Claude Guéant est le premier à être entré dans la lumière. Presque toutes les
personnes interrogées pour écrire ce livre et qui ont travaillé à l'Elysée au cours des 50 dernières
années, estiment que ce n’est pas le rôle d’un Secrétaire général. L'ancien Secrétaire général
adjoint de l'Elysée à l'époque de Claude Guéant, François Pérol, est sur la même ligne.
Le Secrétaire général doit, selon eux, posséder une hauteur de vue supérieure aux autres
conseillers. Il doit pouvoir recevoir, consulter, pour proposer des informations équilibrées et
précises au chef de l’Etat.
D'après vous, peut-on envisager à l'avenir un Secrétaire général de l'Elysée qui
tweetera par exemple ?
(C.A & R.B) : Qui sait peut-être qu’en 2017 le Secrétaire général, sans doute un jeune quadra,
tweetera, non pas pour lui-même mais pour relayer la parole présidentielle !
Interview réalisée par Damien ARNAUD (@laCOMenchantier) en février 2016
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