2. Biographie Delphine de Vigan est une romancière,
scénariste et réalisatrice française née le 1er
mars 1966 à Boulogne-Billancourt. Elle est
l'auteur de dix romans.
Sous le pseudonyme Lou Delvig, elle écrit son
premier roman, d’inspiration autobiographique :
Jours sans faim (2001), qui raconte le combat
d’une jeune femme contre l’anorexie. Un recueil
de nouvelles et un second roman suivent, en
2005, publiés sous son vrai nom.
En août 2007, Delphine de Vigan se distingue
avec No et moi. Dans Les Heures souterraines,
publié l’année suivante et nommé au Goncourt,
elle dénonce le harcèlement moral dans le
monde du travail. En 2011, paraît Rien ne
s’oppose à la nuit, lui aussi en lice pour le
Goncourt et qui raconte les souffrances de sa
mère atteinte de trouble bipolaire. Cette même
année, elle signe avec Gilles Legrand le scénario
du film Tu seras mon fils.
En 2013, elle réalise son premier film, À coup
sûr, sorti en janvier 2014, dont elle signe, avec
Chris Esquerre, le scénario. En 2015, elle
obtient le prix Renaudot et le prix Goncourt des
lycéens avec son roman D'après une histoire
vraie.
En 2018, elle a publié “Les loyautés” et en 2019
“Les gratitudes”.
3. Un succès récompensé
Si elle n’a pas encore obtenu le Goncourt,
pour lequel elle a déjà été nominée deux
fois, Delphine de Vigan s’est vu
décerner plusieurs récompenses majeures
depuis la publication de No et moi, pour
lequel elle a reçu le Prix des libraires 2008
et le Prix du Rotary international 2009.
Son roman le plus primé à ce jour reste
Rien ne s’oppose à la nuit, couronné du
Prix du roman Fnac, du Prix des Lectrices
Elle, du Prix du roman France Télévision et
du Prix Renaudot des lycéens.
D’après une histoire vraie a quant à lui
reçu le Prix Goncourt des lycéens et le Prix
Renaudot.
Ayant également travaillé à l’écriture de
scénarios de film, Delphine de Vigan est
enfin appréciée des réalisateurs de
cinéma. Zabou Breitman a ainsi adapté No
et moi à l’écran en 2010, tandis que
Roman Polanski a sorti la version
cinématographique de D’après une
histoire vraie en 2017.
4. «Jours san faim « (2001)
"Cela s'était fait progressivement. Pour
en arriver là. Sans qu'elle s'en rende
vraiment compte. Sans qu'elle puisse
aller contre. Elle se souvient du regard
des gens, de la peur dans leurs yeux.
Elle se souvient de ce sentiment de
puissance qui repoussait toujours plus
loin les limites du jeûne et de la
souffrance. Les genoux qui se cognent,
des journées entières sans s'asseoir.
En manque, le corps vole au-dessus des
trottoirs. Plus tard, les chutes dans la
rue, dans le métro, et l'insomnie qui
accompagne la faim qu'on ne sait plus
reconnaître.
Et puis le froid est entré en elle,
inimaginable. Ce froid qui lui disait
qu'elle était arrivée au bout et qu'il fallait
choisir entre vivre et mourir."
5.
6. «No et moi»(2007
Lou Bertignac, treize ans, en
seconde, est une surdouée qui
multiplie les expériences et les
collectes excentriques.
Lorsqu'elle « accepte » (en
réalité, elle propose ce sujet au
hasard) de faire un exposé sur
les sans abris, elle ne sait pas
encore dans quoi elle met les
pieds (à commencer par sa
peur inestimable de s'exprimer
en public).
Elle rencontre alors No, une
jeune SDF de dix-neuf ans, qui
se laisse interviewer pour son
exposé.
Entre les deux jeunes filles naît
une certaine amitié, mais des
problèmes plus graves qu'une
peur des exposés s'entrevoient
à l'horizon…
7. «Les heures souterraines» (2009)
À Paris, chaque jour, Mathilde prend la ligne 9 du métro, puis la ligne 1, puis le RER D jusqu'au
quartier Vert-de-Maisons dans le département du Val-de-Marne. Chaque jour, elle effectue les mêmes
gestes, emprunte les mêmes couloirs de correspondance, monte dans les mêmes trains. Chaque jour,
elle pointe, à la même heure, dans une entreprise où on ne l'attend plus. Car depuis quelques mois,
sans que rien n'ait été dit, sans raison objective, Mathilde n'a plus rien à faire. Alors, elle laisse couler
les heures. Ces heures dont elle ne parle pas, qu'elle cache à ses amis, à sa famille, ces heures dont
elle a honte.
Thibault travaille pour les urgences médicales de Paris. Chaque jour, il monte dans sa voiture, se rend
aux adresses que le standard lui indique. Dans cette ville qui ne lui épargne rien, il est coincé dans un
embouteillage, attend derrière un camion, cherche une place. Ici ou là, chaque jour, des gens
l'attendent qui parfois ne verront que lui. Thibault connaît mieux que quiconque les petites maladies
et les grands désastres, la vitesse de la ville et l'immense solitude qu'elle abrite.
Mathilde après la mort de son mari, il y a dix ans, a recommencé à vivre normalement avec ses trois
enfants grâce à Jacques Pelletier, le patron de l'entreprise qui l'a embauchée 8 ans auparavant, lui
donnant un but dans la vie, une raison de se lever le matin. Sans raison, un jour, Jacques se met à la
haïr, faisant tout son possible pour lui nuire ; allant même jusqu'à inventer qu'elle l'insulte.
Thibault se résout finalement à quitter Lila, sa petite amie qu'il aime passionnément, ce qui n'est pas
réciproque, lui semble-t-il. Perdu sans elle, il continue machinalement sa vie tel un automate dénué
de but.
Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux
silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter ou seulement se croiser. Un jour de mai. Autour
d'eux, la ville se presse, se tend, jamais ne s'arrête. Autour d'eux s'agite un monde privé de douceur.
Les Heures souterraines est un roman sur la violence silencieuse. Au cœur d'une ville sans
cesse en mouvement, multipliée, où l'on risque de se perdre sans aucun bruit.
8.
9. «Rien ne s’oppose à la
nuit» (2011)
Delphine de Vigan, à la suite du suicide de
sa mère, écrit sur celle-ci dans un roman
en plusieurs parties : tout d'abord,
l'enfance de Lucile (le nom de sa mère);
ensuite, sa vie d'adulte (qui débute
réellement à la naissance de Delphine).
Elle alterne le récit par des chapitres où
elle conte la vie de Lucile et d'autres où
elle décrit ses propres recherches et son
désarroi pour tenter d'achever ce projet
qui l'obsède.
L'auteur nous fait découvrir la bipolarité
de sa mère, ainsi que les bouleversants
drames familiaux qu'a vécus celle-ci.
Le titre du livre reprend des paroles de la
chanson Osez Joséphine d'Alain Bashung:
« Osez, osez Joséphine
plus rien ne s'oppose à la nuit
rien ne justifie... »
10. Quatre ans après le succès de « Rien ne
s’oppose à la nuit », la romancière revient
avec un récit machiavélique. « D’après une
histoire vraie » raconte le désarroi d’une
certaine Delphine, écrivain en panne
d’inspiration, qui va se laisser dévorer par sa
nouvelle amie, prénommée L.
Entre autobiographie fictive et réalité
revisitée, le premier tour de force de la
rentrée. Elle vient d'obtenir le prix Renaudot
2015.
Delphine, l’héroïne du roman « D’après une
histoire vraie », en sait quelque chose. De
Salons du livre en séances d’autoflagellation
face à son ordinateur, elle sent peu à peu le
vide s’installer dans sa tête.
Surtout que, depuis quelque temps, L. est
entrée dans sa vie. Une amie loufoque, qui
la fascine un peu, et qui, surtout, la décrypte
en un clin d’œil. L. a des ambitions pour
Delphine et va progressivement la
vampiriser. Jusqu’au point de non-retour…
Evidemment, tout cela est inspiré de faits
réels.
11.
12. «Les loyautés»
« Ce sont des liens invisibles qui nous
attachent aux autres – aux morts
comme aux vivants –, ce sont des
promesses que nous avons
murmurées et dont nous ignorons
l’écho, des fidélités silencieuses, ce
sont des contrats passés le plus
souvent avec nous-mêmes, des mots
d’ordre admis sans les avoir entendus,
des dettes que nous abritons dans les
replis de nos mémoires.
Ce sont les lois de l’enfance qui
sommeillent à l’intérieur de nos corps,
les valeurs au nom desquelles nous
nous tenons droits, les fondements qui
nous permettent de résister, les
principes illisibles qui nous rongent et
nous enferment. Nos ailes et nos
carcans.
Ce sont les tremplins sur lesquels nos
forces se déploient et les tranchées
dans lesquelles nous enterrons nos
rêves. » (p. 7)
13. «Les gratitudes»
Dans son dernier roman "Les
Gratitudes", Delphine de Vigan met
en scène Michka qui est en train de
perdre peu à peu l’usage de la
parole. Autour d’elle, deux
personnes se retrouvent : Marie,
une jeune femme dont elle est très
proche, et Jérôme, l’orthophoniste
chargé de la suivre. Une des
questions du roman c'est de savoir
dire merci à temps :
La gratitude c'est au delà du
merci quotidien, c'est la
reconnaissance, le fait de rendre
grâce et de partager ce que l'autre
nous a donné. Ce merci là est plus
compliqué à prononcer, plus
solennel, il peut nous embarasser
nous-mêmes et il nous embarasse
quand on le reçoit. En même temps
c'est très important de dire un vrai
merci.
Delphine de Vigan