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Ecoles du Pays de Fouesnant - pa9xd
1. Bénodet
EN 1871 S'OUVRAIT LA PREMIÈRE ÉCOLE A BÉNODET
Deuxième partie
Le lundi 13 novembre 1871,
BENODET avait enfin son école, une
école publique ouverte par la Congrégation
des Filles de Jésus de Kermaria en
Plumelin. Dix-sept enfants s'y présentèrent
le premier jour, 9 filles et 8 garçons.
Soeur
Marguerite
MAHÉ,
archiviste de la Congrégation, nous a
aimablement fait tenir des documents qui
permettent de revivre les journées
précédant l'ouverture de l'école, puis
d'avoir un aperçu sur les trente années de
fonctionnement qui suivirent, jusqu'à la
laïcisation.
2. A monter le mobilier de la classe
et celui des Soeurs pour les usages de la
Communauté.
3. A fournir à la Soeur institutrice
un traitement annuel au moins de cinq
cents Francs.
4. A payer les frais de voyage des
Soeurs pour se rendre à BENODET.
5. A leur verser, à leur arrivée, une
somme de cent Francs au moins pour
subvenir à leurs premiers besoins; somme
avancée sur le traitement de l'institutrice.
6. La pharmacie étant fournie par la
Commune sera portée sur l'inventaire.
TRAITÉ ENTRE LA COMMUNE DE
PERGUET ET LA COMMUNAUTÉ:
Article 2 La Congrégation des Filles
de Jésus s'engage de son côté à placerdeux
Soeurs à BÉNODET, dont une pour faire
une école mixte dans laquelle seront reçus
gratuitement les enfants pauvres de la
commune qui seront désignés par Mr le
Recteur, le Maire et le Conseil municipal,
l'autre pour visiter et soigner les malades.
Ce traité fut signé le 13 Octobre 1871 par
le Maire, J.M. FRIANT, et par Soeur
Marie de Saint Charles, Supérieure
générale, Soeur Emmanuelle Marie,
Assistante
générale,
Soeur
Marie
Athanase, maîtresse des novices, Soeur
Louis de Gonzague, économe, et soeur
Marie
Léocadie,
secrétaire,
toutes
officières en charge et formant le conseil
de la Congrégation.
Article
1. Mr. Le Maire et le
Conseil municipal, voulant établir une
Communauté des Filles de Jésus au bourg
de BÉNODET en la commune de
PERGUET pour y tenir une école
publique, voir et soigner les malades de la
dite commune, s'engagent :
1°. A donner aux Soeurs, sans impôts
ni réparations, la jouissance d'une maison
qu'on vient de louer, et ultérieurement
celle que la commune se propose de bâtir
avec les cours, jardins et autres
dépendances.
INVENTAIRE DU MOBILIER DE LA
MAISOI DE MADAME LE CLDICHE
DIVANACH
Le mobilier existant dans la maison de
Mme LE CLINCHE-DIVANACH pour
établir l'école de BÉIODET est décrit dans
un inventaire signé par le Maire, par Mr
LE CLIICHE (pour sa mère) et par Soeur
Marie de saint Charles, Supérieure
Générale. Les locaux loués comprennent:
une chambre verte, un cabinet bleu, une
chambre grise, une, mansarde au-dessus de
la chambre verte et une cuisine.
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2. Les pièces sont très confortablement meublées par exemple, dans la
chambre verte, un lit de bois avec paillage,
couette de plumes et matelas, traversin et
oreiller de plumes, deux couvertures de
laine blanche, un tapis de mousseline de
laine; une table de nuit et un vase; deux
chaises bourrées , un fauteuil, deux chaises
en paille; une commode; sur la cheminée,
deux tasses à chocolat et leurs soucoupes,
un sucrier, une lampe, un pot à eau et une
cuvette, deux glaces; dans le foyer, deux
landiers; rideaux au lit et à la croisée. Dans
la cuisine, on trouve une armoire, un muc
(?), une table, deux fournaux, une
rôtissoire, un gril, un cutin (?) avec
couvercle, quatre casseroles en fer battu et
une en cuivre, une poêle à frire, un pressepurée, un petit plat en fer battu, une
grecque, un petit pot en fer blanc couvert,
deux chandeliers en fer battu, deux
bougeoirs en porcelaine, une cafetière en
terre rouge, quatre pots de Aedon (?) en
terre, un trépied, deux tringles, un soufflet
bien vieux, pelle et pinces, une carafe, une
soupière, un saladier, douze assiettes
creuses, trois douzaines d'assiettes plates,
trois plats longs blancs, trois plats ronds
blancs, un plat creux blanc écorné, un plat
creux rouge, trois bols, sept verres, deux
petites bouteilles pour l'huile et le vinaigre,
une cuvette, une terrine rouge, trois
chaises, un vieux seau, un tabouret, deux
bancs cassés, six essuie mains , dix-huit
serviettes, douze draps, huit taies d'oreiller.
LA JOURBÉE DU 8 NOVEMBRE 1871
Ce jour-là, à quatre heures et demie du
matin, les trois Soeurs qui allaient former
la Communauté de BENODET quittaient
leur maison-mère de KERMARIA sous la
conduite de Soeur Emmanuelle Marie,
Assistante
générale.
Elles
étaient
accompagnées de l'aumônier de la
communauté et d'un prêtre retraité. Messe
à Sainte Anne d'Auray à huit heures; les
religieuses y communièrent et se mirent
sous la protection de Sainte Anne. Après le
déjeuner, elles remontèrent en voiture
jusqu'à la gare où les deux hommes prirent
congé d'elles.
A l'arrivée à QUIMPER, la Dame
du Maire de BENODET et la Dame de son
adjoint attendaient leurs religieuses à la
gare; la Supérieure de POULDREUZIC
également. Ces dames firent dîner les
Soeurs à leur auberge; les arrivantes
visitèrent la cathédrale, furent reçues avec
une grande bonté par Mr JÉGOUX Vicaire
capitulaire. Elles se rendirent ensuite chez
Mr SALAUN pour leurs fournitures
classiques; Ce bon monsieur offrit à la
Supérieure de BÉNODET une petite statue
du Sacré Coeur de Jésus, lui disant que
cette image attirait les bénédictions du Ciel
partout où elle se trouvait.
Elles partirent de QUIIPER à quatre
heures du soir, La Soeur Assistante et la
Supérieure dans le char à bancs que
conduisait Mr le Maire, les deux autres
Soeurs dans la voiture de la Dame de
l'adjoint.
(Voiture
hippomobile,
naturellement!) .
Arrivées à Bénodet à la nuit close,
les Soeurs entrèrent dans la maison qui leur
était destinée. La propriétaire, Mme Le
CLIICHE, les y reçut. Si tout était meublé,
aucune provision n'avait été faite.
Heureusement,
les
Soeurs
de
POULDREUZIC et celles de PLONÉOUR
avaient passé par là et y avaient déposé
quelques bouteilles de vin, du lard, du café,
du sucre, un sac de légumes... Le linge
manquait
complètement:
Mme
Le
CLINCHE vint apporter le nécessaire pour
faire les lits; elle ignorait avoir loué sa
maison toute garnie!
Ce soir-là, les religieuses soupèrent chez
Mr le Maire, qui fut, ainsi que sa Dame, on
ne peut plus complaisant pour elles. Dès le
lendemain, elles furent laissées à ellesmêmes.
Le jeudi matin, la Supérieure de
GOUESNAC'H et Soeur Marie Sainte
Eléonore vinrent faire visite aux nouvelles
venues et leur apporter un petit présent.
Elles allèrent toutes ensemble
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3. saluer Mr le Recteur de BÉNODET qui
parut content de voir des religieuses dans
sa paroisse. Le samedi, les Soeurs de
BÉNODET rendirent leur visite à celles de
GOUESNAC'H.
Le dimanche de la Dédicace, 12
Novembre, eut lieu la cérémonie de
l'installation. On se conforma en tout au
cérémonial habituel. Au prône de la grand
messe, Mr le Recteur engagea ses
paroissiens à envoyer tous leurs enfants à
l'école. A l'issue de la messe, la procession
se rendit à la nouvelle Communauté,
placée sous le vocable de NOTRE-DAME
DE TOUS LES SAINTS: tous les fidèles se
firent un devoir d'y participer , témoignant
par là de leur satisfaction.
Le lundi 13 Novembre, fête de
Saint Stanislas Kostka, eut lieu l'ouverture
de l'école : 17 enfants se présentèrent,
8 garçons et 9 filles. Le soir, avant de les
congédier, on les consacra à la Sainte
Vierge.
La
Soeur
Assistante
quitta
BÉIODET le mardi 14 pour rentrer à la
Maison mère. Mr le Recteur la conduisit
lui-même à QUIMPER dans sa voiture.
LA PREMIERE COMMUNAUTÉ
DES FILLES DE JESUS A BÉNODET
Les trois premières Soeurs qui ont séjourné
à BÉNODET à partir du 8 Novembre 1871
sont :
Soeur Marie Louise de Jésus.
(Marie Mathurine L'HIVER, née à
Clohars-Carnoët le 13 mars 1846).
Supérieure et enseignante de 1871 à 1878.
Soeur Marie Saint Fidèle (Perrine
JOUBIER, née à Lantillac 56) le 17
Septembre 1838). Pharmacienne. (Nous
dirions aujourd'hui infirmière). Elle a visité
et soigné les malades de 1871 à 1874.
Soeur Hyppolite Marie, (Marie
Ascéline LOSTEC, née à l'île d'Ars 56) le
14 Novembre 1846). Elle s'occupait de la
cuisine, du jardin. Elle a quitté BÉNODET
en Novembre 1874. Nous verrons plus loin
qu'une autre religieuse, Soeur Marie Désiré
de Saint Joseph (Marie Françoise GODEC,
née à Vannes le 13 Septembre 1835), a
marqué de sa personnalité son séjour dans
la Communauté. Enseignante à partir de
novembre 1878, le Recteur lui reprochait
en mai 1879 de gérer seule la Maison de
charité. Le 13 Juillet 1887, le Conseil
municipal l'autorisait à ouvrir un
pensionnat primaire à l'école publique des
filles.
LE FONCTIONNEMENT DE L 'ECOLE
ENTRE 1871 ET 1902.
Une déléguée de la Supérieure
Générale de la Congrégation visitait l'école
de BÉNODET tous les ans. A travers les
conclusions de ses rapports on se fait une
petite idée de la marche de l'école, des
relations de la Communauté avec le
Recteur et la municipalité et des
préoccupations qui inquiètent les Soeurs à
mesure que l'idée de laïcisation fait son
chemin.
Appréciations d'ordre pédagogique:
Mai 1872: 31 élèves présents.
Enfants
légers.
Lecture:
Bon
commencement. Ecriture: Bonne.
Mars 1874: 41 élèves présents.
Classe faible. Enfants difficiles à conduire.
La Supérieure seule arrive à les dominer.
Mars 1876: Selon le Recteur, la
classe est trop peu suivie et les enfants sont
faibles en lecture.
Mai 1881: 46 élèves, bons principes
de lecture.
Avril 1882: Cette classe n'est pas
mal et même assez bien pour le temps.
Avril 1896: Les enfants ont peu de
goût pour l'instruction.
Février 1897: Les enfants sont pas
avancés et il n'y a pas d'émulation.
L'instruction religieuse est mieux soignée
que le reste.
Janvier 1898: Classe nombreuse.
Autres considérations.
Avril 1877: Mille précautions à
3/8
4. prendre du côté du Maire et du Recteur
dont les vues sont différentes.
Mai 1880: Le Maire est mauvais.
L'adjoint semble porter
Soeurs.
Avril 1886: Les Soeurs ne
reçoivent plus les 50 francs pour les
médicaments fournis aux indigents. Le
Maire ne fait pas de réparations, il dit que
la Commune n'a pas d'argent.
Avril 1892: Soeur Marie Camille
est estimée comme pharmacienne et
recherchée des malades qui ont en elle
beaucoup de confiance.
Janvier
1898:
Soeur
Marie
Léocadie, Secrétaire générale a été avec le
Recteur voir le terrain qu'il avait en vue en
cas de laïcisation. Terrain payé par l'Abbé
ROSSI de QUIMPER. Le Recteur pense
bâtir une maison pour loger les Soeurs et
ensuite il projette de leur construire deux
classes et un préau. Février 1901: La
Supérieure voudrait surtout lorsque l'école
sera
laïcisée,
une
Soeur
active,
débrouillée... Soeur Marie Saint Aurèle a
du savoir faire, mais les malades la
trouvent jeune...Mr le Recteur, qui estime
beaucoup les Sœurs, se préoccupe toujours
de la laïcisation.
Janvier 1902: Dernière visite
connue. La Supérieure malade, craint
beaucoup la laïcisation.
1er SEPTEXBRE 1904:
ARRÊTÉ PRÉFECTORAL
DE LAICISATION.
Un rapport du Commissaire de la
police spéciale ROUQUIER en date du 18
Octobre 1904 fait état d'un essai
infructueux de manifestation organisée par
le parti clérical : Les parents ont envoyé
leurs enfants très nombreux à l'école
communale qui reçoit aujourd'hui la
presque totalité des élèves tenus de la
fréquenter . Sur les cinq religieuses (Filles
de Jésus) qui tenaient l'école, trois sont
restées dans la commune et elles vivent en
commun dans une maison dont e11es
occupent gratuitement un étage mis à leur
disposition par Madame LEVAINV1LLE.
Elles se livrent à l'exercice illégal de la
médecine et de la pharmacie, ce qui leur
permet de conserver et d'exercer toujours
une certaine influence sur la population et
de s'assurer des revenus importants. Le
Recteur de BENODET a annoncé en
chaire, dès la laïcisation, qu'une quête
serait faite dans la commune pour
construire un immeuble afin d'y ouvrir une
école libre.
En fait, l'école privée ne
pourra être ouverte qu'en 1921, dans une
grande pauvreté malgré l'aide de la
population. La première directrice, de 1921
à 1940, sera Mademoiselle Le BIHAN
(Soeur Marie Sainte Valérie), nommée
ensuite à LOCTUDY.
Dans le dernier bulletin de
FOEN IZELLA (n°. 8), nous avons laissé
nos lecteurs sur la décision prise par le
Conseil municipal de PERGUET le 22
Octobre 1810 de construire une école
publique à BBIODET : décision non
encore suivie d'effet...
Cependant,
la
solution
provisoirement adoptée semblait recueillir
l'assentiment général. Avec l'arrivée de la
religieuse enseignante, les Bénodétois
prenaient-ils conscience de l'utilité de
l'instruction? Trois mois après l'ouverture
de l'école, le 11 Février 1812, on relève
cette mention significative dans le compterendu de séance du Conseil municipal:
-Le Conseil est informé que 1 'institutrice a
ouvert une classe le Dimanche et il
témoigne toute sa satisfaction à celle-ci et
donne son complet assentiment à cette
mesure d'autant plus utile que les enfants
ayant été jusqu'à ces derniers temps privés
de toute instruction, le nombre d'adultes
illettrés est plus considérable-.
Cette classe du Dimanche réservée aux
adultes. Nous n'avons pas de détails
concernant sa fréquentation
4/8
5. mais à la même séance le Conseil votait
une somme de 6 Francs pour l'achat de 30
encriers, ce qui laisse supposer un grand
intérêt de la population.
AGQUISITION D'UN TERRAIN
ET CONSTRUCTION
DE LA MAISON D'ÉCOLE
Séance du 27 septembre 1872: Le
Maire informe les conseillers que les
ressources de la Commune et les
subventions accordées permettent de
procéder à l'adjudication des travaux de
construction de l'école, mais qu'il y a lieu
au préalable de choisir l'emplacement. Il
estime que la plus convenable est la
parcelle en friches n° 158, section A,
appartenant aux héritiers De KERGOS.
D'une contenance de 38 ares 70 ca, elle est
estimée 700 Francs et le Recteur s'est
engagé à la payer.
"Attendu que la mise à exécution du
projet est d'une urgence reconnue, qu'en
effet la classe se fait actuellement dans une
salle insuffisante aussi préjudiciable à la
santé qu'aux progrès des enfants... et que
de plus la propriétaire ne consent pas à
renouveler le bail... le Conseil décide qu'il
y a lieu de charger le Maire de hâter les
formalités de déclaration d'utilité publique
et d'expropriation. "
Toutes ces formalités seront
rondement menées et la construction de la
maison d'école par l'entreprise MICHEL,
de PONT l’ABBÉ, sera terminée en 1874,
pour un coût de 15.659.30 Francs.
Au cours de la séance du 26
novembre 1876, Mr FRIANT, Maire, rend
compte de la réponse défavorable du Préfet
à une demande d'aide financière pour payer
la construction de l'école! Il reste à devoir
une somme de 400 à 500 Francs, et la
commune a épuisé ses ressources.
Le Préfet rappelle au Maire que la
Commune n'y a consacré aucun centime
additionnel, que les subventions du
Département se sont élevées à 5.300 F. il
invite la commune à faire un sérieux effort
en lui suggérant d’établir une taxe sur
l'alcool, le cidre, le poiré, l'hydromel, les
bières.
1878: Les travaux de l'école ne sont
toujours pas payés. Le nouveau maire,
René BERROU, à peine installé, décide le
conseil à aliéner un terrain municipal en
faveur de Pierre Le CAIN, pour la somme
de 1.064.65 Francs. Une somme de 600
Francs prélevée sur le produit de la vente
est affectée au paiement des travaux de
l'école et à l'achat de mobilier.
UNE ÉCOLE POUR LES GARÇONS.
Le 4 Juin 1882, le Conseil est réuni
en séance extraordinaire: Le Maire propose
aux conseillers la construction d'une école
à PERGUET, en précisant qu'il offre
gratuitement une parcelle de terre pour
l'implanter. Soumise au vote, la
proposition du Maire est rejetée par 7 voix
contre 2; le conseil estime prioritaire le
dédoublement de l'école du bourg par la
création d'une .école spéciale de garçons.
Au cours de la même séance, invités à
désigner les membres de la commission
scolaire, les conseillers manifestent leur
mauvaise humeur en se retirant et laissent
le Maire libre de faire nommer par qui de
droit les membres de la commission.
René BERROU avait perdu la
première reprise, mais il allait triompher
dans la seconde. Le 29 novembre de la
même année, il soumet la même question
aux conseillers. Mais il est cette fois
porteur d'une lettre du Préfet citant la loi
qui fait obligation aux communes de plus
de 500 habitants d'avoir une école distincte
pour chaque sexe et la nécessité d'une
école à PERGUET qui est distant de plus
de trois kilomètres du chef-lieu de la
commune. A l'unanimité, le Conseil décide
la construction d'une école de garçons à
BÉNODET et d'une école mixte à
PERGUET, et charge le Maire de négocier
les baux pour l'ouverture rapide de ces
deux écoles. La première devait s'ouvrir
dans la maison Le CAIN
5/8
6. avec un bail partant du 1er septembre
1882. Quant à la seconde, nous y
reviendrons plus loin.
1887: L'école des garçons n'est pas
encore dans ses murs! Au cours de la
séance du 17 Avril, le Maire, Thomas
HAMON, soumet au Conseil trois
possibilités:
- Reprendre le projet initial;
- Acheter la maison de Mr BARGAIN,
pilote;
- Louer la maison de Mme BARGAIN.
Le Conseil opte pour La première solution,
mais pour avoir au plus tôt une école de
garçons, décide de louer pour deux ans La
maison de Mme BARGAIN au prix de 400
Francs l'an.
La commune contracte un emprunt au
Crédit Foncier, l'école de garçons sera
rapidement construite et fonctionnera à
partir de 1888.
LES PROBLEMES LIES A
L'EXPANSION DE BÉNODET.
Le dernier quart du XIX siècle et le
début du XX voient une augmentation
rapide de la population. (Voir le bulletin n°
8 de Foen lzella)
Un nouvel afflux d'enfants vient bientôt
gonfler les effectifs scolaires dans des
proportions considérables. Et nous entrons
à ce moment dans une période très agitée
au point de vue politique, avec les lois sur
la laïcité. Les religieuses ont cessé
d'enseigner en 1904, les enseignants
laïques sont arrivés. Mais les années
passent, et les besoins en locaux et
personnel ne font que s'aggraver. Nos
édiles finissent par s'en inquiéter et appeler
à l'aide les autorités de l'État.
Dans sa séance du 28 Novembre
1909, l'Assemblée municipale, présidée par
le Maire Joseph SAUTEJEAN, rappelle au
Préfet avoir pris une décision favorable à
l'établissement de plans de nouveaux
locaux scolaires, et à la création de postes
d'adjoints tant à l'école des garçons qu'à
l'école des filles. 94 élèves sont inscrits,
soit 38 de plus que de places disponibles,
et certains doivent s'asseoir dans
l'embrasure des fenêtres !
1912: Le 18 Février, le registre de
délibérations fait état d'un besoin de 150
places à l'école des garçons. A la rentrée
scolaire, 118 inscriptions ont été
enregistrées; 25 enfants n'ont pu être
acceptés faute de place, et d'autres ont
atteint l'âge scolaire depuis cette date.
L'agrandissement de l'école est en cours,
les travaux seront terminés au début du
mois de mai.
Le Maire demande aussi la création
d'un poste de deuxième adjoint à l'école
des garçons. Par ailleurs. La construction
de nouveaux locaux va normaliser la
situation.
QUELQUES RÉFLEXIONS.
Le moins qu'on puisse dire, est que
la commune de PERGUET, puis celle de
BÉNODET, n'ont pas été à la pointe du
progrès en ce qui concerne La scolarisation
de leurs enfants !
Pour mieux s'en convaincre, il n'est pas
inutile de rappeler les principales lois
organisant l'Instruction primaire en France:
- 1833: Loi GUIZOT : Obligation aux
communes de pourvoir à l'instruction
primaire des garçons.
- 1850: Loi FALLOUX: Cette obligation
est étendue aux filles dans les communes
de plus de 800 habitants. (500 à partir de
1867)
- 1881-82: Lois J. FERRY: Obligation
scolaire de 6 à 13 ans, gratuité de
l'enseignement.
- 1886: Loi GOBLET: Laïcisation du
personnel enseignant: Elle ne pouvait être
que progressive, et a abouti à la création de
très nombreuses écoles confessionnelles.
- 1904: Lois COMBES: Toutes les
Congrégations
sont
exclues
de
l'enseignement publique; La liberté de
l'enseignement est conservée. Il est évident
que la commune de PERGUET a
continuellement "traîné les pieds". La
Fondation de BÉIODET était le
6/8
7. Soixante-sixième établissement de la
Communauté
de
KERMARIA;
à
CLOHARS FOUESHAKT une école
publique fonctionnait dès 1846 !
A quoi attribuer ce décalage ? L'état
des finances locales est constamment
invoqué; mais il ne devait pas être pire
qu'ailleurs. Est-ce donc l'état d'esprit des
élus, ou l'influence de familles de notables
de PERGUET ou des communes voisines ?
Quoi qu'il en soit, le mérite n'en est
que plus grand des religieuses et des
enseignants laïques qui ont consacré le
meilleur d'eux-mêmes à l'éveil aux
lumières de la connaissance de tant de
jeunes esprits, dans des conditions souvent
si difficiles.
LES ECOLES DE HAMEAU.
L'ECOLE DE PERGUET.
Nous l'avons vu, le nom de René
BERROU, de KERCONAN, est attaché à
l'école du PERGUET qu'il a su imposer à
son conseil municipal.
Le 4 Novembre 1883, le Maire
présente le devis de construction et les
conseillers l'autorisent à faire toutes les
démarches
nécessaires
auprès
de
l'administration. Le 11 du même mois avait
lieu
l'adjudication
des
travaux.
Adjudicataire,
Joseph
MICHEL,
entrepreneur à PONT-l'ABBÉ, pour la
somme de 14.622,60 Francs. En attendant
la construction, le Maire décidait d'ouvrir
l'école dans une maison de PERGUET. Le
15 Décembre 1883, un bail était conclu
entre la commune et Jean-Marie
JEFFROY, débitant de boissons et tabacs
au bourg de PERGUET, pour .une maison
neuve au couchant de la principale, plus
une chambre avec sa garniture, un jardin à
partir de l'allée de buis, le droit au puits,
pour un loyer de 200 Francs 1 'an.
Nous n'avons pas de précisions sur la date
d'ouverture de l'école, mais il n'est pas
douteux qu'elle s'et faite dès le début de
1884. Elle a fermé ses portes au mois de
Juin 1971 et aura donc fonctionné pendant
87 ans.
Au 15 Novembre 1931, l'école
comptait 56 enfants, 27 garçons et 29
filles. Le Maire obtient un poste d'adjoint
et est autorisé, en raison de l'urgence, à
hâter les travaux d'aménagement et à
passer un marché de gré à gré avec Mr
CORPOREAU, menuisier au bourg de
BÉNODET.
La
commune
de
FOUESNANT participe aux frais de cette
dépense d'agrandissement.
L'ECOLE DE MENEZ GROAS.
Elle a été construite sur des plans
de Mr Le GRAND, architecte à
QUIMPER. Le devis s'élevait à la somme
de 234.845,15 Francs, à laquelle
s'ajoutaient les devis d'installation de l'eau
sur lavabo et d'électricité. Elle fut
inaugurée le 17 Septembre 1932 par Mr
BOUILLOUX LAFONT, Député-maire de
BENODET en présence de l’inspecteur
d’Académie de MM BÉNAC, Conseiller
Général; YVONNOU , adjoint au Maire,
Le Grand, architecte.
Un banquet de cinquante couverts
fut servi dans la salle de classe par Mr et
Mme CLOAREC, des jeux divers
organisés par le Comité des Fêtes; la
journée se termina par un feu d'artifice
suivi d'un bal.
Tout comme celle de PERGUET,
l'école de MENEZ GROAS a fermé ses
portes en 1971 lorsque s'est ouverte l'école
neuve de KERNEVEZ et que la
municipalité a organisé le ramassage
scolaire.
BENODET a maintenant deux
écoles. A la rentrée de Septembre 1990, il
y avait 119 enfants à l'école Notre Dame et
155 au groupe scolaire de Kernevez.
TEMOIGNAGES.
Corentin Le GOARDET, né à BÉNODET
en 1893, est à notre connaissance la seule
personne en vie à avoir connu l’école des
Soeurs à BENODET avant la laïcisation.
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8. -Pour aller à l'école, ma mère m'avait
acheté un petit bonnet de perles bleu. Les
garçons et les filles étaient habillés de la
même façon, une petite robe et rien en
dessous.
Il y avait déjà deux écoles; celle des
filles était tenue par des religieuses, et
celle des garçons par Mr et Mme
CANÉVET, des instituteurs républicains
(sic). Les classes de garçons étaient
surchargées et dans la grande classe, Mr
CANÉVET avait, en plus des garçons, ses
deux filles, Anna et Hélène.
Je me souviens aussi que les Sœurs
sont parties de l'école des filles; elles ont
été remplacées par Mme NÉDELEC.
Je n'étais pas un bon élève, j'étais trop
souvent absent et je n'ai pas pu apprendre
grand chose. A 11 ans j'ai embarqué pour
la pêche sur le bateau de mon père.
Quelques années plus tard, j'ai suivi l'écale
du soir de Mr MONNOTON et j'y ai appris
plus qu'avant.
Les garçons étaient fiers d'avoir des
instituteurs républicains et ne manquaient
pas une occasion d'agacer les bonnes
soeurs. Je me souviens d'un jour où, pour
un geste déplacé qui méritait bien une
punition, une Soeur m'a poursuivi dans la
cour, armée de son balai; heureusement
Mr CANÉVET est intervenu!..
Alain CORPOREAU est né avec le
siècle; il a fréquenté l'école de 1905 à
1914.
- Ma mère m'avait acheté une robe neuve
pour aller à l'école. Je suis entré dans la
classe de Mme CANÉVET. Les classes
étaient bondées, les enfants s'asseyaient un
peu partout. L'école des filles était déjà
tenue par des institutrices laïques.
En 1907, je suis entré dans la
classe de Mr MONNOTON. C’était un bon
maître, mais il était dur, autant avec ses
adjoints qu'avec les enfants. Je l'ai même
vu envoyer son fils Charles au lit sans
souper, pour une peccadille.
C'est pendant la scolarité qu'a été
construite une troisième classe à l’école
des garçons. Je me souviens d'entendre
ma mère dire qu'elle-même était allée à
l'école dans un local situé à l’emplacement
de 1 'ancienne mairie, là où se trouve à
présent la salle de tri des P.T.T. René BLEUZEN
DAUMIER, au siècle dernier, a mis en scène les écoliers et leurs maîtres. Les légendes de ses
lithographies étaient souvent mordantes ; ici figurait : « Comment, vous ne savez pas le nom
des trois fils de Dagobert !... Mais vous voulez donc être toute votre vie un être inutile à la
société ! »
8/8