l’atelier d’échange lait qui a eu lieu le 27 Mars 2018
La synthèse de la formation sur les négociations ALECA dans le secteur agricole en Tunisie
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Les négociations ALECA dans le secteur agricole en Tunisie
15 décembre 2017 – Hôtel le Belvédère – Tunis
Compte rendu
Le 15 décembre 2018, dans le cadre de la mise en œuvre des activités du programme d’appui à
l’Initiative ENPARD en Tunisie, un atelier de formation et d’échanges a réuni une cinquantaine de
représentantsdesprincipalesinstitutionsconcernées(DirectionsduMARH, Ministère du commerce,
Ministère des Finances, Ministère de l’Industrie...), des interprofessions (GIFruits, GIVLait…), des
syndicats agricoles et des représentants du secteur privé.
Organisé par le CIHEAM avec l’appui de la DGEDA, l’objectif de cet atelier de formation et
d’échanges, était de fournir des informations et analyses actualisées et pertinentes sur les
négociationsALECA etleursenjeux sur le secteur agricole tunisien, aux participants aux groupes de
travail mis en place pour suivre la réalisation des 4 études menées dans le cadre du programme
d’appui à l’Initiative ENPARD en Tunisie.
L’atelier a été animé par M. Ghazi Ben Ahmed, Directeur de l’Initiative Méditerranéenne pour le
Développement (MDI)en collaboration avec Jean-Pierre Rolland chargé de Projet au CIHEAM de
Montpellier. M. Ben Ahmed a récemment réalisé pour la Fondation Konrad Adenauer Stiftung un
Guide ALECA1
.
Aprèsunrappel historique desrelationscommercialesentrelaTunisie etl’Unioneuropéenne qui ont
conduit à la négociation de l’ALECA, M. Ben Ahmed a présenté les principes sur lesquels reposent
l’accord, puis l’état de la négociation pour le Tunisie, le calendrier et les différents volets en
discussion.Il aensuite présenté lesenjeuxde lanégociationpourle secteuragricole(à l’importation,
à l’exportation, concernant les normes, les obstacles techniques au commerce ou encore la
protection de la propriété intellectuelle). Enfin, M. Ben Ahmed a présenté l’état de la négociation
dans d’autrespaysde larégion,enparticulierau Maroc et abordé la question de l’organisation de la
négociation en Tunisie et au Maroc.
La journée s’est conclue par une table ronde animée par M. Ben Ahmed qui a réuni des
représentantsde laDGEDA,du Ministère duCommerce,de l’UTAP,de Synagri,de l’ODH,de Sadiraet
de Délice afin de débattre des enjeux des négociations ALECA pour le secteur agricole et agro-
alimentaire en Tunisie.
1http://www.aleca.tn/wp-content/uploads/2017/10/Guide%20ALECA.pdf
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Il ressortdesprésentationsde M.BenAhmedetdesdébats,que, dans un contexte tunisien marqué
par une faible croissance, un chômage élevé, notamment chez les jeunes, une baisse du pouvoir
d’achat,un fort endettementextérieuretune dépréciation continue du dinar, l’ALECA négocié avec
l’Europe, le principal partenaire commercial de la Tunisie, peut faciliter la définition et la mise en
œuvre de réformesdifficilesmaisnécessairespourpasseràune économie àplusforte valeurajoutée
pourvoyeuse d’emplois.
Un accès plusfavorable àce marché de 500 millionsd’habitantsayantunpouvoird’achatélevéreste
une opportunité à ne pas négliger pour relancer l’économie et doit favoriser une plus grande
intégrationàl’économiemondiale. Toutefois,celane veutpasdire que l’économie tunisienne doitse
tourneruniquementversl’exportation,ni qu’elle ne doitpasdiversifier ses marchés, d’autant que la
croissance européenne estrelativementfaible etque laconcurrence desautrespaysfournisseursest
de plus en plus vive.
Pour l’Europe, l’ALECA vise à terme à consolider les économies de ses partenaires du pourtour
méditerranéenqui sontaussi desmarchés d’aveniretàstabiliserlesfluxde migrants. L’ALECA a pour
but un approfondissement des relations commerciales entre les deux rives de la Méditerranée,
notammentenrapprochantlesnormesetlesstandardsetenintégrant aussi le secteur des services.
Concernant la Tunisie, avec ou sans ALECA, il est indispensable de réformer son l’agriculture, afin
qu’elle réponde aux défisqui s’imposent à elle, en termes de gestion des ressources naturelles, de
sécurité alimentaire, de revenu des producteurs, d’augmentation de la valeur ajoutée,
d’amélioration de la qualité… Si les craintes concernant l’ALECA sont légitimes du fait de la
concurrence potentielle d’uneagricultureeuropéenne compétitive etbénéficiantde soutiensélevés,
un accord peutaussi être source d’espoirs.L’ALECA,s’ilestbiennégocié, peutfavoriserces réformes
indispensables, enbénéficiantd’une assistance technique etfinancièresupplémentaire de la part de
l’Union européenne.
Par ailleurs,la crainte de voir le marché tunisien submergé par les produits agricoles européen, ne
semble pasêtre corroborée par l’impact de l’accord d’association sur le secteur industriel tunisien,
signé avec l’Europe en 1995. Si la mise en place de l’accord d’association s’est traduite par une
adaptation dusecteurindustrieltunisien et par un choc de mise à niveau, l’industrie tunisienne n’a
pas disparu et il n’y a pas eu de raz de marée de produits européens.
Pour bénéficier des avantages potentiels et limiter les effets négatifs de l’ALECA sur le secteur
agricole,touss’accordentsurle faitque la Tunisie doitavanttoutdéfinir une vision nationale de son
agriculture etde sondevenir.C’estsurlabase de cette visionetd’une stratégie claire de réforme de
son secteur agricole que la Tunisie pourra préciser des positions de négociation cohérentes et
offensivesdansle cadre de l’ALECA. C’est ce que le Maroc a fait avec le Plan Maroc Vert. Sur la base
de ce Plan le Maroc a décidé dans le cadre de l’ALECA de protéger certaines filières (viandes,
céréales, huile d’olive). Il a aussi négocié la protection des IGP (huile d’argan, clémentine de
Berkane…), un enjeu également important pour la Tunisie qui dispose de nombreux produits de
terroirs à valoriser et pour lesquels il existe des niches de marché pour des produits de qualité.
Par ailleurs, les discussions avec l’Union européenne supposent la mise en place d’une force de
négociation qui s’appuie sur trois piliers : les négociateurs (le Ministère du commerce et les
Ministères techniques concernés, dont le MARH), les créateurs d’emplois et de richesses (secteur
privé au sens large, y compris les organisations paysannes) et les « influenceurs » (société civile
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notamment).Le rôle de chacund’eux etleursrelationsdoivent être précisés. Il s’agit de développer
une approche inclusive de lanégociationafinque lesnégociateurspuissents’appuyerà la fois sur les
compétences et les connaissances pointues du secteur privé et bénéficier du soutien des
influenceurs,afinde défendre lesintérêtsoffensifsetdéfensifs de la Tunisie dans la négociation. Ici
aussi il peutêtre intéressantde s’inspirerde l’exemplemarocain. Le Maroc a débuté lesnégociations
plus tôt que la Tunisie et était « bien équipé ». Il a su réunir autour des négociateurs de nombreux
expertsets’attacherl’appui desorganisationsprofessionnelles. M.Ben Ahmed a indiqué que le MDI
veutorganiseren2018 avecl’appui de laFondationKonradAdenauerune table ronde en Tunisie en
invitant le chef négociateur marocain pour exposer leur dernière étude d’impact, leur stratégie…
De manière générale,M.BenAhmedasouligné que lacomparaisonaveclesautres pays de la région
est difficile, car chaque cas est spécifique, mais intéressant, car il existe des sujets communs : la
question de la sécurité alimentaire, la prise en compte des effets du changement climatique, la
souveraineté nationale pour un certain nombre de produits, la question des normes SPS, OTC, les
mesuresd’accompagnement et de mise à niveau… Même si les réponses sur ces sujets ne sont pas
lesmêmespourtouslespays,il estsans doute possiblepourcertainsd’entre euxde développer des
positionscommunesdonnantplusde poidsdanslesnégociationsavecl’Europe.De plus,derrière ces
négociations se pose aussi la question de l’intégration régionale. Si les pays du Maghreb, voire du
Machrek, négociaient de façon commune, comme c’est le cas pour le MERCOSUR ou la CEDEAO, ils
auraient plus de poids face à l’Europe.
M. BenAhmedaégalementrappelé que l’ALECA n’est pas imposé à la Tunisie. Elle peut en faire ce
qu’elle veut:arrêterlesnégociations,aboutiràunaccord a minima ou aboutirà un accord ambitieux
qui devienne,comme le soulignaitune participante, « un passeport pour la modernité ». En Tunisie,
l’accordsera d’ailleurs voté parl’ARP etenEurope par le Parlementeuropéensetpar les parlements
nationaux.
Si l’on est encore au début de la négociation, il ne faut cependant pas oublier que la Commission
Européenne va changer en 2019 et l’on ne sait pas qu’elle sera la position de la prochaine
Commission quant aux relations avec les pays tiers méditerranéens. Le calendrier prévisionnel
envisage l’organisationde 3 rounds de négociations en 2018 et 1 ou 2 rounds en 2019 pour aboutir à
une signature cette même année. M. Ben Ahmed a souligné que la Commission Européenne est
actuellementsous-pressionpourfinaliserlesnégociationscommerciales qu’elle a engagées... Ainsi,
un des principaux blocages de la négociation avec le MERCOSUR (le quota de viande bovine) a été
levé permettantde trouverunaccordrapidement.Celasemble indiquer qu’il existe une fenêtre de
négociationfavorable pourlaTunisie, cardans ce contexte, la Commission peut être plus flexible si
l’on sait bien négocier et défendre nos positions offensives, défensives et en matière de mesures
d’accompagnement.
Concernantspécifiquementle secteuragricole(ycomprislesproduits transformés) les négociations
comprennentunvoletàl’importation visantànégocierl’ouverture du marché tunisien aux produits
européens et un volet à l’exportation visant à améliorer l’accès au marché européen pour les
produitstunisien. Lesdeux voletsintègrentdesmesuresd’appui et d’accompagnement et de mise à
niveau qui bénéficieront de l’appui de l’Union Européenne et qu’il faut quantifier.
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A l’importation,les négociations auront essentiellement pour but de classifier les produits suivant
leur degré de sensibilité et à préciser le calendrier d’ouverture du marché tunisien et les mesures
d’appui ou d’accompagnement.
Ainsi,surlabase de lavisionde son agriculture évoquée précédemment, il s’agit pour la Tunisie de
préciser :
quelsproduitssontpeusensibles caril n’y a pas ou pas assez de production locale ou car les
produitslocaux sont compétitifs.Pourcesproduitsle marché peut être ouvert rapidement ;
quels produits sont relativement sensibles car ils ne sont pas encore assez compétitifs et
demandent des mesures d’accompagnement et de mises à niveau. Pour ces produits
l’ouverture du marché tunisien devra être progressive ;
enfin,quelsproduitssonttrop sensibles et doivent être exclus de la libéralisation pour des
raisons par exemple de souveraineté nationale.
M. Ahmed a rappelé que l’Union européenne accorde un répit de 10 ans pendant lesquels la
Tunisie n’a aucune obligation d’ouverture de ses frontières aux produits agricoles européens.
Ensuite, selon le degré de sensibilité du produit l’ouverture sera immédiate ou s’étalera
progressivement sur une durée à préciser. Certains produits classés dans une liste spécifique
pourront ne pas être libéralisés.
Concernant les produits laitiers considérés comme sensibles, le représentant du groupe Délice a
indiqué que si le pland’action de 1994 a permisd’atteindrel’autosuffisance en lait plus rapidement
que prévu,lafilière laitdemeurefragileetconnaitde nombreux dysfonctionnements. La Tunisie est
peut être compétitive en termes de coûts de production pour le lait par contre il existe des
contraintes de qualité et de respect des normes sanitaires. De plus, face aux produits laitiers
européens,Tunisien’estpas encore compétitive notammentpourle lait UHT et certains fromages, il
faut donc négocier produit par produit une dégressivité progressive des droits de douane. Il faut
aussi dansla négociation comparerle niveaudessubventionscôté européenetcôté tunisien.Pourle
représentantde Délicele côté positifdesnégociations ALECA pourraient être de donner un coup de
fouetaux réformesprofondesnécessaires en termes de niveau technique des éleveurs, de respect
des normes sanitaires et d’amélioration de la qualité et qui auront un coût social et économique à
prendre encompte.Lesmesuresd’accompagnementseront ainsi lapierre angulaire lesnégociations
pour la filière lait.
Pour les produits destinés à l’exportation, il s’agit de négocier avec l’Union européenne une
ouverture accrue de son marché aux produits tunisiens et donc de discuter de la suppression des
mesures de protection existantes (droit de douane, prix de référence, quotas d’importation,
calendrier d’importation….). A l’exportation, comme pour les produits nationaux pouvant être
concurrencésà l’importation, il s’agit aussi de définir les mesures d’accompagnement et de mise à
niveau, afin d’améliorer leur compétitivité, leur qualité, le packaging… pour mieux bénéficier des
avantages qu’offrira l’accord.
Parmi lesproduitsexportésversl’UE,l’huiled’oliveestunsecteurstratégiquepourl’agriculture pour
lequel la Tunisie est compétitive et qui emploie 51 000 exploitants agricoles. Le représentant de
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l’ODH a indiqué qu’il existe un plan de développement qui devrait être affiné dans le cadre d’une
politique agricole nationale, prenant en compte la gestion des ressources hydriques, la qualité, la
reconnaissance de nosvariétéslocales,l’introductionde variétés espagnoles… Pour l’Europe l’huile
d’olive estundesproduitslesplussensibles danslesnégociationsALECA,caril y existe une tradition
de productiond’huile d’olive mais elle a aussi besoin de l’huile d’olive tunisienne qu’elle mélange
avecses propreshuiles. Côté tunisien,si laqualité ne semble pasunsouci pourexporter il existe des
mesuresnontarifairesauniveauanalytique(acceptabilité gustativeduproduit) qui limitent l’entrée
sur le marché européen. Les enjeux de l’ALECA, outre la négociation sur les quotas, sont de mieux
valoriserl’huile conditionnée, de développer et défendre des Indications géographiques ou encore
de promouvoir l’huile biologique…. Les mesures d’accompagnement pour la mise à niveau et
l’améliorationde lavalorisationde l’huile tunisiennesontessentielles. Il fautaussi tenircompte dans
la négociationque l’huile d’olive tunisienne dépenddesimportationsentermesd’équipementsetde
conditionnement.
Pourle représentantde Sadira,qui produitdesagrumesetdesfruitsànoyaux, il fautavant tout faire
le point sur nos avantages (micro climat, niches de production : produits précoces ou tardifs très
appréciés en Europe et pour lesquels la Tunisie est compétitives) et nos points faibles (petites
superficies, petits agriculteurs produisant des petites quantités, manque de connaissance de nos
clientsenparticulierlesplateformesdesgrandessurfaces). Pourlesagrumesle problème d’accès au
marché européen est avant tout un problème de variété : 90% des exportations sont des maltaises
qui voyagent mal et qui sont consommées par une ancienne clientèle quasiment exclusivement
française.La Tunisie n’apasréellementdéveloppéde nouvellesvariétéspourl’export. En dehors des
agrumes, les problèmes de limites de résidus de pesticides se posent notamment pour les fruits à
noyauet le raisin.Pourlesfruitsànoyau,lesdroitsde douane etun prix de référence trèsélevé sont
également un fort enjeu de négociation. Enfin, les plateformes de supermarchés mettent la barre
assez haute en termes de certification. Pour répondre à la demande de ces plateformes il faut
produire de grandsvolumes,respecterlescritèresde qualité et les normes SPS, OTC… Cela suppose
de réformerle tissuagricole actuel,le réorganiser.Il faut aussi connaître les marchés sur lesquels on
veutexporteretdoncse fixerdesobjectifs,préciserleslimitesàdépasser et définir un plan d’action
avant toute négociation.
Un représentant de la DGEDA a rappelé que dans le cadre de l’accord d’association actuels les
produitsagricolessontcouvertspartroisprotocoles(produitsàagricolesàl’exportation,produits de
la pêche et produits d’importations). Concernant l’accès au marché européen, la Tunisie n’a pas su
exploiter les avantages qui lui étaient concédés dans le cadre de cet accord d’association. De
nombreux contingents,endehorsdesdattes,de l’huile d’olive et des produits de la mer, n’ont ainsi
pas été remplis. Pour mener à bien les négociations ALECA il faut donc tenir compte de cet état de
fait.Il existe déjàde nombreusesétudesréaliséesparle MARH, lesorganisationsprofessionnelles et
les ONG qu’il faut partager et qui permettront, en étant compléter par des études d’impacts par
filière, et d’équilibre partiel, voire d’équilibre général, de développer une offre de négociation
prenant en compte des spécificités de notre secteur agricole.
C’estsur labase d’une visionclaire de sonagriculture etde sondeveniretdesrésultatsde cesétudes
la Tunisieque la Tunisie pourra construire des positions de négociations offensives et défensives
cohérentes. L’UEa d’ailleurs demandé àlaTunisie de lui transmettre sesprioritésde développement
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pour son agriculture endétaillantlesfilièreset lesrégionsconcernées.De nombreux participantsont
souligné l’importance de cette approche filière/région.
Parmi les autresvoletsde lanégociation ALECA certainsimpactent directement ou indirectement le
secteur agricole et doivent être pris en compte. C’est le cas notamment de la négociation sur les
obstacles techniques au commerce (OTC) et de la négociation sur les normes sanitaires et
phytosanitaires (SPS). Une étude est actuellement en cours pour établir la stratégie de la Tunisie
concernant les normes SPS. C’est un point essentiel car le développement de ces normes est une
contrainte majeure aux échanges vers le marché européen, mais aussi vers les autres marchés
d’exportation (Etats-Unis, Asie,…). Une partie des actions de mise à niveau et d’accompagnement
devraientainsi concernerle respectdesnormes. Il existed’ailleursunprogramme sur5 ans de mise à
niveau des exploitations agricoles au sein du Ministère de l’agriculture. Il existe aussi un appui
budgétaire via les primes d’investissements pour les projets agricoles et de pêche.
La négociationsurlesdroitsde propriétésintellectuels estégalementestimportante car elle aborde
notammentlaquestiondesIGPqui peutêtre unatout pourla Tunisie,alorsque la négociation sur le
développement durable traite des écolabels et du commerce équitable.
La négociation sur les services est aussi essentielle car elle couvre des services structurants
(transport,communication…)qui impactentlacompétitivitédusecteuragricole.C’estaussi le casdes
négociations sur la transparence ou encore les procédures douanières. Les négociations sur les
mesurescommercialesenfin,permettentde préciserles modalitésde protectiondumarché tunisien
notammentencas de dumping. Laquestionde la logistique a ainsi été souligné alors que la Tunisie
est classé 109ème
par la Banque mondiale et 20ème
au niveau africain.
Concernantenfin, l’organisationde lanégociation, le site aleca.tn présente le dispositif de pilotage
misenplace pour accompagnerle processusde constructionde l’ALECA2
.D’aprèslaprésentation qui
en est faite, cette organisation est composée comme suit :
Comité de Pilotage Ministériel : spécifique à l’ALECA, il pour mission de définir les
orientationsetd’arrêterlastratégie tunisienne de négociation. Il est présidé par le Chef du
Gouvernement,etcomposé desministreschargés desaffairesétrangères, de la coopération
internationale,des finances, de l’industrie, du commerce, de l’agriculture, et de la société
civile.MonsieurRidhaBenMosbah,Conseillerauprèsdu Chef du Gouvernement chargé des
questions économiques, est le responsable de la coordination de ses travaux.
Commission Nationale : chargée de la préparation des négociations et composée de
représentants de plusieurs ministères et structures administratives.
Groupes de Travail thématiques : (environ 15 groupes de travail) issus de la Commission
nationale mentionnée ci-dessus.
Deux Commissions consultatives : issues de la société civile. La première est composée de
compétences tunisiennes, tels qu’universitaires et experts en négociation. La deuxième
comprend des représentants des organisations professionnelles et syndicales et d’autres
composantes de la société civile.
Groupesde travail consultatifs: composésdesreprésentantsde la société civile, spécialisés
dans lesdifférentsdomainesde l’Accord afin de renforcer les efforts des groupes de travail
2http://www.aleca.tn/decouvrir-l-aleca/dispositif-de-pilotage/
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thématiques.Lesderniersajustementsconcernantlacompositionde cescommissionset des
groupes de travail consultatifs sont en cours.
Le pilotage et la coordination des travaux, la préparation de chaque cycle de négociation, les
échangesd’informationainsique lacommunicationendirectionde l’ensembledesparties-prenantes
sont assurés par une unité de gestion par objectif (UGPO) dédié à l’ALECA.
Par ailleurs, deséchangesréguliers doivent avoir lieu aussi la Commission parlementaire crée dans
l’objectif de suivre les relations bilatérales entre l’UE et la Tunisie.
D’aprèsleséchangeslorsde l’atelierce dispositif n’aurait jusqu’à présent pas été très effectif et les
professionnels se plaignent de ne pas être associés aux négociations. Ils regrettent l’absence de
coordinationentre le gouvernementetlaprofessionsurle sujet,or,disent-ils:« c’estla société civile
et la profession qui connaissent le mieux les intérêts et la situation des producteurs ».
Toutefois, la désignation d’un nouveau négociateur en chef, en la personne du secrétaire d’Etat
chargé ducommerce extérieur,M.HichemBenAhmed, etle transfert du leadership vers l’UGPO au
sein de la Présidence, montrent l’importance accordée par la Tunisie aux négociations ALECA.
D’ailleurs, le représentant du Ministère du Commerce a mentionné que le négociateur en chef a
présidé àla Présidence dugouvernement,du4 au 6 décembre, une série de réunionsdesgroupesde
travail issus de la Commission nationale. Parmi les points abordés on peut citer : l’évaluation de
l’accordd’associationavecl’UE,lesenjeux de lalibéralisation sur le secteur agricole, les différences
de législationentre laTunisie et l’UE. La relation entre l’Etat et la société civile et avec les médias a
égalementété abordée.Il aégalementété indiqué que le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur
était à Bruxelles pour préciser les échéances des futures négociations.
Lors des échanges il a également été souligné l’importance de finaliser un plan d’action et un
programme de mise enœuvre de l’ALECA, qui comprennent les mesures d’accompagnement et de
mise à niveau quantifiées.Enfin,il estimportant de mettre en place un système de suivi évaluation
afin,notamment, d’évaluerrégulièrement l’impactde lamise enœuvre de l’ALECA. Il a été aussi été
souligné lanécessité,danslesnégociationsALECA,de tenircompte des autres accords commerciaux
auxquels est associée la Tunisie (COMESA notamment).
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Pourconclure, de l’avisdesparticipants, lavolonté affichée parle gouvernementtunisien de menerà
bienlesnégociationsALECA,notammentvialanominationd’unnouveaunégociateur enchef, est un
élément très positif. Cependant, pour que la Tunisie propose une offre de négociation prenant en
compte les spécificités de son secteur agricole et qui permette à ce secteur de bénéficier des
opportunitésde l’ALECA toutenlimitantles effets négatifs, les professionnels tunisiens du secteur
agricole et agro-alimentaire souhaitent faire passer les messages suivants :
Il faut « d’abordque lesnégociateurssachentde quoi ilsparlentetdoncdéfinirune vision de
l’agriculture tunisienne et de son devenir. On a besoin de savoir quel est l‘état de
l’agriculture enTunisie aujourd’hui,d’oùl’importance durecensement àvenir.Endehorsdes
quelquesgrandesfilièresmajeuresqui peuventrentrerdansl’ALECA,que vontdevenir les 70
à 80% despetitsagriculteursqui sontde plusenpluspauvresmais nourrissentle pays ? Quel
estle devenir de l’agriculture tunisienne ? » C’est sur la base de cette vision que la Tunisie
peut construire des positions de négociations offensives et défensives cohérentes et
porteusespourl’agriculturetunisienne. Dansle cadre de cette vision,la prise en compte des
petits agriculteurs qui sont les plus vulnérables, de leur devenir et de l’appui qui leur sera
accordé en termes de mise à niveau, de formation, d’organisation ou pour certains de
reconversion est primordiale.
Ensuite, les négociateurs tunisiens, comme l’a fait le Maroc, doivent s’appuyer sur les
professionnels du secteur, car ce sont eux qui ont la meilleure connaissance de la situation
du secteuretdesfilièresagricoles.« Il fautsavoirconstituerunpanel qui réunisse les acteurs
publics et privés, car la solution viendra de cette intelligence collective ».
En plus du rapport sur l’ALECA réalisé par M. Ben Ahmed, de nombreuses informations
actualisées sur les négociations ALECA, sur les études d’impacts, sur les dynamiques
citoyennes sont disponibles sur le site : http://www.aleca.tn/.