AVIS D’APPEL A MANIFESTATION D’INTERET - Cession de la société Alpha Ford
Commerce bilatéral tuniso-italien : des indicateurs au vert, mais beaucoup reste à faire
1. 1
Commerce bilatéral tuniso-italien
Des indicateurs au vert, mais beaucoup reste à faire…
Il est des évidences qui n’ont besoin guère de se démontrer à force d’études exploratoires ou
d’expertise prodigieuse tellement le quotidien ordinaire le reflète si merveilleusement.
L’étroitesse des liens entre la Tunisie et l’Italie ne se dément pas à plus d’un titre. L’histoire
millénaire commune des conquêtes navales romaines en terre tunisienne et l’établissement de
la province romaine d’Afrique dont Utique devient la première capitale (146 av. J.-C) édifièrent les
fondements de la romanité de la Tunisie et posèrent les jalons d’une culture viscéralement
commune.
Cette dimension historique impacta les aspects anthropologiques et ethnologiques des deux peuples.
Le brassage culturel, favorisé essentiellement par des relations de voisinage et de proximité
géographique, a gravé en profondeur les habitudes et traditions mutuelles des populations des deux
rives opposées de la méditerranée. Cela se traduit par un lexique dialectal qui regorge de similitudes
dans le vocabulaire, d’une tradition culinaire qui se base sur une large palette d’ingrédients en
commun (huile d’olive, sauce tomate, pâtes…), d’une affinité culturelle patentée et d’une dynamique
de flux de personnes des plus fortes.
A ce titre, l’Italie abrite la deuxième plus grande colonie de ressortissants tunisiens en Europe, où
l’on recense aujourd’hui pas moins de 120 mille à travers la péninsule. Ce nombre est susceptible
d’augmenter grâce à la multiplication du phénomène d’immigration et des mariages mixtes. La
réciproque est aussi vraie bien que les mobiles ne se croisent pas souvent.
L’intérêt des italiens pour la Tunisie se manifesta depuis le début du XIXème siècle. Une première
vague d’immigration, de quelques milliers, vit le jour pour ensuite s’accélérer vers le début du XXème
siècle devenant de loin la colonie étrangère la plus grande numériquement avec quelques 72 mille
ressortissants toute catégorie socio-professionnelle confondue.
Plus récemment, au début des années 70, et l’avènement de la promulgation du code
d’investissement en Tunisie qui libéra l’initiative entrepreneuriale et impulsa le rythme de
l’investissement privé en faveur même des étrangers par le biais de la création de sociétés off-shore,
les entrepreneurs italiens se sont empressés à saisir cette opportunité alléchante de l’autre rive de la
méditerranée et investir massivement dans quelques filières industrielles, notamment le textile et
habillement, figure de proue de la nouvelle stratégie économique et industrielle de la Tunisie
postcoloniale.
D’autres secteurs en ont emboité le pas à l’instar des industries électriques et électroniques, le cuir
et les chaussures, l’agroalimentaire… où l’on dénombre aujourd’hui environ 500 entreprises
italiennes (totalement et partiellement exportatrices). Ce chiffre culmine à 851 si on y ajoute à celles-
ci les entreprises à participation italienne.
Cette dynamique historique de partenariat multidimensionnel est transcendée par des avantages
logistiques, et particulièrement de transport, qui subliment l’attrait de la Tunisie pour les
investisseurs et importateurs italiens. Outre la double liaison maritime qui relie Tunis aux ports de
2. 2
Gênes et Livourne, les deux pays sont desservis par pas moins de 49 vols hebdomadaires opérés par
les compagnies aériennes nationales respectives. Force est de constater que dans un environnement
international caractérisé par une concurrence débridée, le facteur logistique et de proximité se
prévaut comme un levier de compétitivité primordial pour la bonification du site Tunisie dans sa
double dimension investissement/importation.
Il y a lieu de souligner la présence d’une représentation institutionnelle et diplomatique assez dense
dans les deux pays. Ainsi, tous les organismes tunisiens d’appui sont représentés en Italie à travers
des bureaux de liaison, en l’occurrence le CEPEX, la FIPA et l’ONTT. Un atout de taille pour consentir
le soutien escompté aux opérateurs économiques des deux pays dans le but de développer leur
business mutuel et dresser le volume des échanges commerciaux à des taux plus élevés.
A la lumière des résultats du commerce extérieur bilatéral, l’on constate que la balance commerciale
est caractérisée, depuis les 7 dernières années, par sa stabilisation avec de légères fluctuations aussi
bien au niveau de l’import que de l’export.
Ce qui est édifiant à la première lecture des agrégats de la balance commerciale, c’est la tendance
régressive qui persiste au niveau du taux de couverture depuis 2011 et qui a atteint son niveau le
plus bas au cours de l’année dernière (84% soit l’équivalent d’un solde de -996 MDT).
Dépassant légèrement les 5 milliards de dinars en 2016, les exportations tunisiennes vers l’Italie se
caractérisent par la prédominance des produits manufacturés relevant du secteur des industries
mécaniques et électriques et du textile et habillement (environ 55% du total des exportations). Une
grande part de ces exportations est réalisée par les entreprises d’origine italienne opérant sous le
régime off-shore.
Toutefois, les perspectives de développement ne tarissent pas, aussi bien dans les secteurs classiques
que dans de nouvelles niches, et augurent de hisser le partenariat bilatéral à des niveaux supérieurs.
A titre d’exemple, il y a lieu d’admettre que le secteur du textile et habillement offre encore de larges
possibilités non seulement en matière de confection et d’habillement mais également en amont où
la fabrication de fils et tissus demeure insuffisante, et aussi en aval, à travers le développement du
design et de la création de mode.
L’agroalimentaire recèle également plusieurs pistes de développement notamment dans le créneau
du bio, de la pêche, des fruits et légumes…etc.
Les industries et services à fort contenu technologique ne sont pas en reste. Les circuits imprimés, le
développement de software, l’engineering et le consulting, sont quelques domaines à creuser
davantage par les opérateurs économiques des deux pays.
Dans un environnement économique et commercial international en pleine agitation, l’Italie n’a pas
été épargnée à son tour par les foudres de la crise financière mondiale de 2007. Cependant, des
signes de redressement sont palpables comme le témoigne la reprise, même timide, de la croissance
économique qui s’est établie autour de 0.8% du PIB en 2016.
Une des rares éclaircies ayant permis à l’Italie de renouer avec la croissance réside dans le
dynamisme de son commerce extérieur. L’Italie est classée 10ème
plus grand exportateur mondial et
11ème
plus grand importateur.
En dépit de la vague de désindustrialisation, le pays a réussi, tant bien que mal, à conserver son
statut de seconde puissance manufacturière en Europe et la septième au niveau mondial.
3. 3
Réputée pour son industrie agroalimentaire qui défie toute concurrence à l’échelle mondiale, l’Italie
demeure toutefois tributaire des importations de produits agricoles pour subvenir aux besoins
grandissants de son industrie résolument exportatrice et pour pourvoir un marché intérieur en
constante évolution.
La structure du tissu industriel italien présente de nombreuses ressemblances avec celui de la
Tunisie. En effet, une grande partie de l'industrie italienne est composée de petites et moyennes
entreprises familiales, avec plus de 90% des entreprises industrielles italiennes ayant moins de 100
employés.
Les autres grandes industries que l’Italie perfectionne le plus sont les machines de précision, les
véhicules automobiles, les produits chimiques, les produits pharmaceutiques, les appareils
électriques, la mode et les vêtements.
Si l’Italie se classe aujourd’hui comme le deuxième client de la Tunisie (17.4%) et son deuxième
fournisseur (14.5%), talonnée seulement par la France, c’est que les préalables d’une coopération
plus renforcée y existent déjà : un cadre réglementaire favorable (l’Italie est le premier pays de la rive
sud de la Méditerranée à avoir achevé les différentes étapes de mise en place d'une zone de libre-
échange de produits industriels avec la Tunisie dans le cadre de l’accord d’association avec l’Union
européenne), des similitudes interculturelles, une proximité géographique, des IDE considérables
dans plusieurs secteurs, des relations amicales historiques.
Ce faisant, il ne reste plus qu’à traduire la volonté commune des deux pays en projets et flux concrets
qui seront à même d’impulser les échanges commerciaux et stimuler les synergies conduisant à un
partenariat plus vivace.
Balance commerciale tuniso-italienne
En millions
de Dinars
Fluctuations des échanges 2010-2016
2013 2014 2015 2016 Evolution 15/16
Export 5 117 5 433 5 094 5 075 -0,36%
Import 5 754 6 155 5 911 6 071 2,72%
Somme 10 871 11 588 11 004 11 147 1,29%
Solde -637 -721 -817 -996
T.C 89% 88% 86% 84%
4. 4
Ventilation des exportations par secteurs d’activités (2016)
Ventilation des importations par secteurs d’activités (2016)