SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  64
Télécharger pour lire hors ligne
3Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
U
neannées’achève,uneautrepointeàl’horizon,
avec pour perspective les mêmes doutes, les
mêmesinterrogationsetcetespoirlongtemps
contrarié et déçu. 2016 aura été, comme celles
qui l’ont précédée, une année perdue. La croissance ne
décolle pas. Le PIB reste scotché sur la ligne de départ.
Très peu de richesses créées, comparées à la masse des
salaires et à la déferlante des importations. Le pays pro-
duit peu et dépense en frais de consommation plus qu’il
ne se dépense, et n’est jamais rassasié. Tout et tout de
suite, au mépris de nos habitudes ancestrales d’épargne
etd’abstinence.Lesinvestissementsd’avenir,entendezles
générations futures, attendront, si tant est qu’un sursaut
reste encore possible.
Peu d’avancées économiques en 2016. Et une dérive
financièreetsociale,porteusederéellesmenaces.L’inves-
tissement est en rade, l’emploi à la diète. La valse des prix
n’en finit pas d’inquiéter. Les déficits s’accumulent, la
corruption étend ses tentacules et se répand comme une
traînéedepoudre.Ladetteexploseetsonremboursement
pose déjà problème. Nous avons échappé de peu à la dou-
loureuse épreuve du rééchelonnement en 2016, mais il y
a peu de chances que l’on puisse rééditer cet exploit en
2017.Nonqu’ilfailleyvoirunequelconquehumiliationou
atteinte à notre dignité de renégocier un nouvel échéan-
cier de remboursement de la dette, mais ce « reprofilage
» sonne, malgré tout, comme un aveu d’échec. D’autant
que le pays a toujours, quoi qu’il lui en coûte, honoré ses
engagements et payé rubis sur l’ongle. Notre signature
n’avait souffert d’aucune égratignure, même quand les
caisses de l’Etat étaient à leur plus bas niveau.
2016 ou l’an II de la 2ème République … Que de désil-
lusions ! L’apprentissage de la démocratie s’est avéré plus
complexe,pluslaborieuxqu’onl’imaginait.Lamarchevers
lamaturitépolitiquearavivédesquerellesetdestensions
en tout genre, sans doute à cause d’une confusion des
pouvoirs et d’un problématique jeu de rôles mal assumé.
Endeuxans,lanouvelleConstitutionarévélésespropres
limitesetsonincompatibilitéavecnotreADNnational.Ni
régimeparlementaire,nisystèmeprésidentiel!Unentre-
deux qui ouvre la voie à une forme d’immobilisme. Et
peut-êtreaussiàunindéniablefaisceaudemalentendus.
Le départ du gouvernement Habib Essid, dans les
conditions que l’on sait, souleva plus de questions qu’il
n’apporta de vraies réponses, même si cela n’enlève rien
au mérite de l’équipe de Youssef Chahed. Il ne sera pas
inscrit, loin s’en faut, en lettres d’or dans le registre de la
2ème République. Paradoxalement, le paysage politique
sort plus divisé, plus disloqué qu’il ne l’était avant la
formationdugouvernementd’Unionnationale.Lesrallie-
ments, quasimententrompe-l’œil,despartisaunouveau
gouvernementlesexposentàdescourantsd’airravageurs.
Leslignesdefracturepassentdésormaisàl’intérieurdes
partis signataires du Pacte de Carthage, menacés dans
leur totalité d’implosion.
L’émiettement, l’atomisation, l’éclatement de partis
et de formations politiques, déjà à l’œuvre au lendemain
desélections,s’accélèrentets’intensifient.Ladémocratie
semble de nouveau fragilisée, menacée comme au lende-
maindelarévolution,enl’absenced’uneoppositionforte
et crédible pour éviter toute dérive anti-démocratique.
Nidaa Tounes part en lambeaux, Afek voit son horizon se
rétrécir, l’UPL, un parti à géométrie variable, disait-on,
n’est visible que par les apparitions médiatiques de son
chef.MoncefMarzoukietlessiensn’enontcure.LeFront
Populairecampesursespositionsetincarne,aveclavéhé-
mencequ’onluiconnaît,l’oppositionpureetdureausein
del’ARPetaubesoin,ens’autorisantquelquesincursions
danslarue.Enface, Ennahdhadominelascènepolitique
quand elle ne mène pas le jeu. Elle présente, en dépit de
sespropresquerellesdechapelle,unfrontuniinaltérable.
Elle évolue au gré du vent et de la géopolitique, change de
discours,maisjamaisdedirection.Elleavanceetavise,«
surveille » de près partenaires de circonstance et adver-
saires de toujours. Elle a réussi à se placer au centre de
l’échiquier politique national. Les partis se définissent,
pourexister,avecoucontreEnnahdha.MachrouTounes,
le dernier-né des partis, en est l’illustration. Il cherche
à fédérer autour de lui un front républicain. Manière de
recourir à une croissance externe pour contourner les
limites d’une croissance interne, forcément lente, quand
Editorial
Hédi Mechri
Vœux
Il ne suffit pas de le dire, il
faut oser briser le plafond
de verre qui inhibe la liberté
d’entreprendre. Si on y arrive, 2017
sera alors l’année d’un nouveau
départ pour une longue période de
croissance inclusive. Une chose est
sûre, elle sera pour nous l’année
de tous les espoirs.
Editorial
il faut au plus vite atteindre une masse critique politique
pour pouvoir peser dans la compétition électorale. L’idée
peutparaîtreséduisante,saufqu’ilyapeudecasderéussite
d’OPApolitique,mêmesouscouvertderassemblementou
de front. Réussira-t-il à résorber le gap, à rééquilibrer le
paysagepolitiqueavecl’émergenced’unetroisièmeforce
pour incarner une troisième voie qui occuperait l’espace
qui sépare Ennahdha du Front Populaire ?
En attendant, d’autres nouveaux partis en gestation
se préparent à entrer dans la course. Mondher Znaidi et
Mehdi Jomaa sont déjà dans les starting-blocks.
Le constat s’impose de lui-même. En 2016, la politique
fait encore des siennes et jette de nouveau un voile sur
l’ultime effort de redressement économique. Sauf que la
fracturepolitiquen’ajamaisétéaussiprofonde.Lespartis
vainqueurs des élections se fissurent et se décomposent.
Avecpourtoiledefond,unmouvementderecomposition,
préludepeut-êtreàunbig-bangpolitique.Iltrouverapeut-
être son épilogue en 2017. Avec l’espoir qu’il contribue au
redressement de l’économie.
P
rèsdesixansaprèslarévolution,l’enjeupolitique
reste au centre des préoccupations nationales,
tant il est primordial. Le pays est certes assailli
pardesproblèmeséconomiques:reculdel’inves-
tissement, de la production, de la productivité, aggrava-
tion des déficits, du chômage, de la dette, persistance de
l’inflation,absencedechoixclairs,assumésetpleinement
aboutis,etdoncdevéritablesperspectives.Maislasolution
à ces problèmes reste d’ordre et d’essence politique. Elle
est portée par les dirigeants politiques dans l’exercice de
leurs fonctions. Rien ne dit que les signataires du Pacte
de Carthage aient à cœur la réussite du gouvernement
Chahed. Il y a même tout lieu de penser que les partis de
la coalition ont en permanence un œil sur leur cote de
popularité pour ne pas se laisser entraîner, par solidarité
gouvernementale,danslechampdeminesdesnécessaires
et inévitables réformes structurelles. Les discussions
qui ont émaillé la présentation de la loi de finances 2017
sont un simple avant-goût de leur attitude à l’approche
des élections municipales et législatives, qui sont dans
tous les esprits.
2016auraétéuneannéeperduepourl’économie,mais
pas une année pour rien. Car elle aura servi à tirer un
certainnombred’enseignementsd’importancemajeure.
Onsaitdésormaisàquelpointnosconcitoyenssontrétifs,
hostiles à toute forme de réforme qui remette en cause
leursprivilègesetleursdroitsacquis.Maispouravoirosé
secouer le cocotier et défier les corps intermédiaires qui
se complaisaient dans leur zone de confort, le gouverne-
ment,mêmes’iln’apasengrangésurlecouplesbénéfices
escomptés,auraréussiàlézarderl’édifice.Demain,ilsera
beaucoup plus facile de s’attaquer avec méthode et péda-
gogie à ces citadelles, d’ouvrir avec succès les véritables
chantiers de la réforme et des révisions déchirantes.
L’année2016auraété,aussietsurtout,celleduretourde
laTunisieau-devantdelascèneinternationale,aprèsune
si longue éclipse. La Tunisie est de retour dans l’univers
desbailleursdefondsetdesinvestisseursétrangers.Deux
joursdurant,finnovembre,toutaulongdelaConférence
internationalesurl’investissement,baptiséefortàpropos
« Tunisia 2020 », le pays est réapparu avec éclat sur les
radarsdesétats-majorsdesprincipalespuissancesfinan-
cièresetdesmultinationalesdansl’industrieetailleurs.Il
a réussi à s’attirer leur sympathie et leur soutien au-delà
de ce qu’il pouvait espérer. Pari réussi, puisqu’il a fait
monterdeplusieurscranssoncapital-confiance.Chiffres
à l’appui, les promesses et les engagements d’investisse-
ment et de financement sont à la hauteur de nos besoins
pour les cinq années à venir.
Cet engagement, s’il venait à être réalisé, renflouerait
lescaissesdel’Etatetimpulseraitunenouvelledynamique
de développement dans les régions. De quoi inverser au
plus vite la courbe du chômage, atténuer le déséquilibre
territorial et donner une réelle perspective aux jeunes et
moins jeunes. Ce qui signifie, en clair, qu’il y a comme
une nécessité de gagner la deuxième manche, celle de la
crédibilité auprès de nos partenaires étrangers.
T
ransformer l’essai en 2017. Nous ne saurions
formulerunbienmeilleurvœu pournous,pour
le pays et pour ces jeunes sans emploi. L’année
2016 n’est pas, à vrai dire, différente de celle qui
l’a précédée. Mais 2017 pourra être bien meilleure, si l’on
retrouve pour de bon les chemins vertueux du travail, de
l’effort, de la discipline, de l’innovation, de la qualité, du
calme, de la sérénité et du respect de la loi républicaine.
Nousn’avonsd’autrechoixquedenousimposercesrègles
de survie dans le monde qui est le nôtre… En 2016, nous
avons frôlé la faillite. Il suffit de se dire, plus jamais cela,
pour que tout devienne possible.
La relance de l’économie tient à si peu de choses, au
regard de notre potentiel de développement, de notre
désir d’entreprendre et de l’engagement financier de nos
partenaires. A charge pour les syndicats et l’Etat de ne
pas se mettre au travers de l’investissement. Il ne suffit
pas de le dire, il faut oser briser le plafond de verre qui
inhibe la liberté d’entreprendre. Si on y arrive, 2017 sera
alorsl’annéed’unnouveaudépartpourunelonguepériode
de croissance inclusive. Une chose est sûre, elle sera pour
nous l’année de tous les espoirs.
Bonne et heureuse année ƒ
4 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
Editorial 3
Vœux
C.C.P. : 0003527117001000000023925432
Promédia
C.C.B. : UIB agence U.S.A.
12102000300000488930
Tél. : 71 841 442 / 71 790 773
Fax : 71 791 427 / 71 793 707
3, Rue El Kewekibi, 1002 Tunis Belvédère
E-mail : leconomiste_tn@yahoo.fr
Directeur de la Publication
Rédacteur en chef
Hédi Mechri
Secrétaire de rédaction
Bouraouia Mlika
Rédaction
Fawzi Snoussi
Mohamed Ali Ben Rejeb
Mohsen Tiss
Imen Zine
Hamza Marzouk
Chroniqueurs
Moez Laabidi
Ezzeddine Ben Hamida
Khalifa Chater
Mohamed Gontara
Yassine Essid
Khalil Zamiti
Grands reporters
Jalel Damergi
Abdelwaheb Klila
Marketing
Basma Bahri
Infographistes
Houneida El Alaoui
Etudes
Amira Hedhli
Agents Techniques
Houcine Chihi, Issam Béji,
Badreddine Zaïri
Impression
DELTA Impression
Tel. : 71 409 500
contact@deltaimpression.com.tn
6 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
L’entretien 20
HélaCheikhrouhou,ministredesMines,del’Energieetdes
Energiesrenouvelables
« Le plus important est qu’on n’empêche plus la production
et qu’on ne pousse pas les investisseurs à fuir le pays »
Gros plan
Société
Analyse
32
32
40
Hydraulique 62
Degrandschantierspourredonnerdel’espoir2017
L’ARP aux larges pouvoirs, le Groupe
chimiqueàlatraîne,Petrofacréceptacle
de tous lec chocs sociaux du secteur
pétrolier, le tourisme victime de ses
propres déboires autant que du terro-
risme et les exportations aux moteurs
en panne quand ils ne sont pas à l’arrêt
définitif pèseront de tout leur poids sur
la sort de la croissance en 2017.
«FollowtheLeaders»
Libéralisation des énergies, décentralisation
et travail en réseau pour gagner le pari
Desexpertslèventlevoile
Vision optimiste sur l’état des ressources en eau
Finance
La BCT adopte la voie la plus risquée
pour commencer la libéralisation du capital
Lepartagedelavaleurajoutée
Au-delà des idées reçues
Par Afif Hendaoui
Par Abdelhay Chouikha
U
ne perméabilité aux violations de toutes
sortes à vous donner des sueurs froides, une
schizophrénie inhibitrice qui vos empêche
d’entreprendre, une autorité qui s’effiloche
chaque jour davantage, un honneur bafoué qui tente
désespérément de se racheter, une forteresse assiégée
qui ne veut pas tomber et qui fait de la résistance, déci-
dément,ilnefaitpasbond’êtrecetteentitéquis’appelle
Etat en ces temps de révolution où tout est permis. De
quoi vous coller une de ces peurs ! La coupe est pleine
et les nerfs sont à vif, c’est sûr. Halima au pays des mer-
veilles, quelles merveilles ! Trois et trois font six et six et
six font…j’espère que nous n’irons pas jusque-là pour…
atteindre les objectifs de la révolution ! Mais que faire
quand l’Etat est mou, parfois absent (l’affaire Petrofac
est là pour nous le rappeler) et que son prestige n’est
plus qu’un vague souvenir ? S’en remettre aux bonnes
fées pour qu’il retrouve son lustre d’antan ? Il faudrait
peut-être se pincer pour réaliser que ce sont bien les
ignorants aux bras longs qui font en ce moment la pluie
et le beau temps au pays de la confusion bruyante, des
corvées à merci, des impostures et autres désillusions.
Je n’irai pas jusqu’à dire que Mohamed Bouazizi est
mort pour rien, mais ça y ressemble ou presque. On me
rétorquera que la liberté chèrement acquise n’a pas de
prix,jerépondrai:Attentionvigilance,caraupaysdela
révolutiondelabrouette,commes’évertuentàl’appeler
certains cyniques à la langue fourchue et bien pendue,
toutpeutarriver.M.HoucineAbassi,lepuissantpatron
d’uneUGTTplustriomphantequejamais,metengarde:
Lacentralesyndicaleneselaisserapasfaire,silasituation
dans le pays venait à ne pas changer, particulièrement
danslesrégions.Lemessageestclair,d’autantplusclair
qu’il a été envoyé de Sidi Bouzid, où l’on s’est rappelé au
souvenir évanescent du marchand de la ville-symbole
d’où l’éclair est parti, et qui est restée figée comme si le
temps s’était arrêté. « Nous jouions sans calculs, sans
primes mais avec un esprit de don de soi et de sacrifice
pour le pays », tous les anciens sportifs vous le diront,
les temps ne sont plus ce qu’ils étaient. Le général De
Gaulle, dont on connait la rectitude, disait qu’en plus
de l’énergie et des aptitudes, il faut du dévouement. Où
en sommes-nous par rapport à cette profession de foi,
alorsquelefutile,l’insignifiant,lesuperficiel,levulgaire
et le laid n’ont jamais autant occupé l’espace et autant
alimenté le débat public ? Jamais les consciences n’ont
été autant perverties, les valeurs marchandes autant
glorifiées, et l’échec aussi patent. « Quand, dans un
pays, il vaut mieux faire sa cour que faire son devoir,
alors, tout est perdu », avertissait déjà Montesquieu.
Nous n’en sommes pas loin. Un agent de la sécurité qui
tentedemettrefinàsesjourssurleslieuxdesontravail
devantleregardahurietdésemparédesescollèguesqui,
heureusement,finissentparledissuaderdecommettre
l’irréparable, et c’est le ciel qui nous tombe sur la tête
; Mohamed Zouari, un brillant ingénieur tunisien, est
L’Etat est mort, vive l’Etat
Dieu soit loué !
Mohamed Fawzi Blout,
ancien ambassadeur
Le bloc-notes de
8 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
La coupe est pleine et les nerfs
sont à vif, c’est sûr. Halima au
pays des merveilles, quelles
merveilles ! Trois et trois font six et six
et six font…j’espère que nous n’irons
pas jusque-là pour…atteindre les
objectifs de la révolution ! Mais que
faire quand l’Etat est mou, parfois
absent (l’affaire Petrofac est là pour
nous le rappeler) et que son
prestige n’est plus qu’un vague
souvenir ?
Le bloc-notes
criblédeballespardesagentsduMossaddanssavoiture
à Sfax, et on découvre avec stupéfaction qu’il est affilié
au Hamas palestinien ; or, qui dit Hamas, dit liens avé-
rés avec l’islam politique et toutes ses nébuleuses aussi
extrémisteslesunesquelesautres,d’oùtouscesdébats
passionnésmaispasinnocents,surlaquestiondesavoir
si oui ou non, le défunt devait être considéré comme
un martyr de la cause. Par ailleurs, le mode opératoire
utilisé par les assassins de l’ingénieur tunisien, en plus
de ramener à la surface des précédents douloureux, est
venu rappeler cruellement les carences flagrantes de
notre système de renseignements et fait passer un voile
d’indignation et de honte sur le pays déjà accablé. « Je
bruleraimonmanteausimonmanteauconnaissait
monplan»,aditunjouruncertainJulesCésar,ilsavait
de quoi il parlait. Et cela n’a pas bien sûr échappé aux
gensduMossad.Alors,onveutsefairebonneconscience
et quoi de mieux que cet art de la récupération qui est
devenu un sport national, au même titre que les grèves.
A entendre tout le monde disserter avec ferveur sur la
questionpalestinienne,historiquedesrelationsàl’appui,
on comprend mieux pourquoi les Tunisiens entrent en
transe quand il s’agit de défendre cette noble cause : Ils
veulent être plus palestiniens que les Palestiniens eux-
mêmes, même si à Gaza et à Ramallah, on se montre
moins intraitables.
*******
Au Kef, l’amour était-il dans l’air ?
Depuis quelques jours, dans l’austère ville du Kef
surlaquelleveilleSidiBoumakhloufleSaintdes
lieux,ilyacommeuneatmosphèred’alertemaxi-
male,aprèsquel’onadécouvertavecuneincrédulitéqui
laissepantois,quel’amourouledésir,c’estselon,n’apas
d’âgefixe.Unvéritablecoupdethéâtredansunevilleoù
l’art du théâtre est sublimé et fait partie du quotidien.
On ne sait pas trop s’il y a eu coup de foudre et romance
juvénile ou plutôt un moment d’égarement, le temps
d’un fugace plaisir charnel, dont la conséquence la plus
visible a été le gonflement de ce ventre que personne
ne veut voir, tellement il fait honte. Sous cape, Tartuffe
aurait bien ri de cet encombrant objet du délit. Plaisir
d’amour dure toujours, plaisir interdit ne dure jamais.
Onabienmariélesamantsmauditssurlabased’uneloi
obsolètequ’ons’estjuréderevisiter;restequelescandale
a été proportionnel à la progression d’une grossesse
qui n’avait plus besoin de se cacher, au grand dam des
tenants de la chasteté et de l’orthodoxie. Les deux tour-
tereauxétaientconsentants;alors,messieurs,cherchez
la faille. La bohème pour vivre l’air du temps, nos deux
RoméoetJuliettesavaientqu’ilsfranchissaientunseuil
interdit.SidiBoumakhloufestenétatdechoc,iln’arien
vu venir, ni su prévenir, malgré toutes ses incantations,
la faillite totale, ce qui, pour un saint, constitue le pire
des châtiments. Le plaisir des sens a été le plus fort. La
société civile s’emballe ; les médias se mobilisent et les
politiques s’en mêlent par pur opportunisme. On crie
au viol caractérisé sur une mineure, on appelle à une
résiliation d’un mariage que tout le monde veut qu’il
soitnécessairementforcé,etonenappelleaulégislateur
pour réparer l’infamie ; mais a-t-on demandé l’avis des
premiers concernés ? Tout cela sent le souffre en même
temps que l’instrumentalisation. En fait, les Tunisiens,
comme le reste des peuples de la planète, adorent les
mélimélos et les dessous qui les accompagnent parfois.
Ils savent se montrer compatissants quand il s’agit de
sentiments. En ce moment, ce n’est pas l’amour vache
avec leurs hommes politiques qui les ont cyniquement
abusés et qui ont réussi l’incroyable prouesse de les
dégoûter de tout. Presque définitivement. Et pour les
occuper, il n’y a pas que ce genre d’histoire, même s’il
y a là un véritable problème de société sur lequel tout
le monde devrait se pencher et plutôt sérieusement.
Morale de l’histoire, ne jamais aimer à en perdre la
raison,j’ajouterai,etlespédales,parcequevousrisquez
de vous retrouver dans de beaux draps, comme c’est
le cas de nos jeunes amants du Kef. Est-ce que Sidi
Boumakhlouf saura se montrer la prochaine fois plus
vigilant et surtout plus pertinent pour faire la part des
choses ? Seul l’avenir nous le dira. En attendant, le bon
peuple devra faire avec la mauvaise foi des uns et des
autres et surtout s’inquiéter de certaines dérives chez
les jeunes, comme cette affaire de cambriolage qui a
9Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
On crie au viol caractérisé sur
une mineure, on appelle à une
résiliation d’un mariage que tout
le monde veut qu’il soit nécessairement
forcé, et on en appelle au législateur
pour réparer l’infamie ; mais
a-t-on demandé l’avis des premiers
concernés ? Tout cela sent le
souffre en même temps que
l’instrumentalisation.
touché un établissement scolaire du pays, et cherchez
avec moi l’éthique, quand vous lisez que deux élèves
en herbe ont escaladé la clôture de leur collège pour
entrerpareffractiondansledortoirdeleurscamarades
internes et subtiliser leurs biens personnels. Comment
peut-on appeler cette conduite ? Perte de valeurs, perte
de repères ? Aujourd’hui, des petits larcins, et demain ?
*******
Un Abderrahmane Haj Ali
qui jette l’éponge,
le tigre était trop au parfum
Sanominationafaitdesvagues,unhommedemain
deBenAliàlatêtedesservicesdesécurité,voyons,
c’estimmoral,etpuispourquoilesTunisiensont-ils
faitunerévolution?Certainementpaspourseretrouver
avecunhautresponsableveillantsurlasûretédupayssur
lequelpèseuncontentieuxdroitdel’hommiste,variable
à souhait selon l’idéologie dominante du moment. Un
HajAliquiaimedévoilerlesvéritésquidérangent,alors
forcément, cela gêne et met dans l’embarras ceux qui
se sont mouillés et qui tiennent absolument à ce que la
véritén’éclatejamais.Touslescoupsdeviennentsoudain
légitimes,lorsqu’ils’agitdesedébarrasserd’unhomme
quipourraitensavoirtrop.Enbonhautcommisdel’Etat
respectueux de ses obligations de réserve, le directeur
général sortant de la sûreté nationale ne dira rien qui
puissefairedesvagues,maisonl’auracompris.Onpeut
regretter le départ d’un fin limier, juste au moment où
Anis Amri, le tueur radicalisé de Berlin activement
recherché par toutes les polices d’Europe, vient d’être
abattu par la police italienne lors d’un contrôle d’iden-
tité. L’assassin venait d’Ouslatia, une bourgade pauvre
comme il en existe beaucoup dans ce gouvernorat de
Kairouan, objet de toutes les privations, de toutes les
frustrations, et forcément, de toutes les fanatisations.
A l’instar de centaines de jeunes comme lui, il est parti
versLampedusadansunrafiotdefortuneàlarecherche
d’une vie meilleure, avec des rêves plein la tête. Comme
pour l’ingénieur Zouari, à Tunis, on n’a pas vu venir et
cela a failli tourner au vinaigre avec les autorités alle-
mandes. Anis Amri aurait pu être un de ces terroristes
repentis que les islamistes d’Ennahdha et ceux qui font
leur jeu, veulent blanchir à tout prix et ce, au nom du
pardon. Shana tova, Bonne année en hébreu. Après le
drame qui s’est joué à Sfax, il est plus qu’urgent que nos
services de renseignements apprennent la langue de
l’ennemi, et c’est la moindre des choses ƒ
10 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
Shana tova, Bonne année en
hébreu. Après le drame qui s’est
joué à Sfax, il est plus qu’urgent
que nos services de renseignements
apprennent la langue de
l’ennemi, et c’est la moindre des
choses.
Le bloc-notes
12 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
Le déficit budgétaire pour l’exercice 2016 est estimé à 6 milliards de dinars sur un budget total de 29 milliards
de dinars. L’information a été fournie par Chakib Bani, rapporteur de la commission des finances relevant de
l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Le député, qui intervenait sur les ondes de la radio privée Express Fm, a ajouté cette précision : « Ce déficit va
être couvert par des prêts à de faibles taux d’intérêt. C’est comme les avocats, nos députés sont optimistes jusqu’à
ce que l’affaire soit perdue » ƒ
Budget 2016
Déficit estimé à 6 milliards de dinars
Quelqueschangementsserontopérésen2017.Envoici
les plus importants :
Lespremierschangementsconcernerontlesfourchettes
de cotation :
– Une nouvelle fourchette de cotation à ±6% au lieu
de ±3%.
–Encasderéservation(H/B),lafourchettevamonter
à (+/-12%) pour les valeurs du TUNINDEX 20 et à (+/-9%)
pour les autres valeurs.
Les seconds portent sur les introductions. Pour les
nouvelles introductions, ce sera ± 25% au lieu de ±18%
Les derniers ont trait aux horaires. Les modifications
des horaires proposées sont : pré-ouverture à 08h30,
ouverture à 09h00, clôture à 15h40, ajout d’1/4 horaire
pour le fixing ƒ
Bourse
Des changements pour 2017
La Banque centrale de Tunisie
(BCT)etsonhomologuechinoise
viennentdesigner,àPekin, unmémo-
randumd’ententeetdecoopération
(12 décembre 2016).
Principale composante de ce
mémorandum: les deux Banques
centralessesontmisesd’accordsurle
principedeconclureuneconvention
pour l’échange du yuan et du dinar
tunisien pour payer une partie des
opérations commerciales et finan-
cières en monnaie nationale.
« Cela permettra d’alléger les
risques de change pour les deux
parties et d’encourager les Chinois
à importer du marché tunisien », a
précisélaBCT,dansuncommuniqué
publié mardi.
Autre accord en vue : les deux
parties ont examiné la possibilité
d’émettre sur le marché financier
chinois un emprunt obligataire,
« ce qui permettra, selon la BCT, de
mobiliser des fonds pour le finance-
ment des projets de développement
économiques en Tunisie » ƒ
Tunisie -Chine
Mémorandum d’entente entre les Banques centrales
Chedly Ayari, gouverneur de la BCT
14 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
Focus
C’est officiel. Jusqu’au 22 décembre 2016, plus de 5,4 millions de touristes ont séjourné dans les hôtels tuni-
siens, contre une moyenne en période ordinaire de 6 millions. Sur le total enregistré cette année, 2 millions
sont des Tunisiens, soit 30% du marché. La ministre du Tourisme et de l’artisanat, Salma Elloumi Rekik, qui a
fourni ces statistiques, s’attend à une relance significative du secteur en 2017, malgré l’attentat perpétré en pleine
période de Noël, à Berlin, par un Daechien tunisien ƒ
«NeinvestPotentiel»dontleprési-
dentduconseild’administration
estleSaoudienKhaledIbnRachedEl
Anzenestunnouveaufondscommun
de placement en valeurs mobilières
quivientdevoirlejouretdontl’ouver-
turedessouscriptionsaétéannoncée
mercredi 21 décembre 2016.
Crééenpartenriatentre lasociété
Netinvest et Attijari Bank, le fonds
tuniso-saoudien, d’un montant de
20 MDT, a obtenu l’agrément du
Conseil du Marché Financier le 30
janvier 2015.
Objectif du Fonds: la participa-
tion,pourlecomptedesporteursde
parts et en vue de leur rétrocession
ou cession, et le renforcement des
opportunités d’investissement et
des fonds propres des entreprises.
Concrètement, il s’agit de réali-
ser des opérations en capital ou en
quasi-capital dans une perspective
decréationdevaleursurunhorizon
à moyen/long terme.
Plus simplement encore, le fonds,
qui interviendra en fonds propres
et accessoirement en quasi- fonds
propres,cibleraenprioritélesPME/
projetsinnovantsouàcontenutech-
nologique et accompagnera des
entreprisesayantunfortpotentielde
croissance dans leur secteur d’acti-
vité, ouvertes sur l’international,
disposantderessourceshumaineset
d’unmanagementdequalitéetayant
une vision stratégique cohérente.
« Netinvest Potentiel » investira
exclusivement dans des sociétés
établies en Tunisie. Le montant des
interventionsdufondsparprojet(sur
unouplusieursrounds)sesitueraen
général dans un intervalle de cinq
centmille(500.000)dinarstunisiens
àtroismillions(3.000.000)dedinars
tunisienssurunouplusieursrounds
d’investissement.
Les secteurs ciblés sont : les TIC,
services à forte valeur ajoutée, bio-
technologie, industrie pharmaceu-
tique, santé, secteur agroalimen-
taire, industries manufacturières,
logistique, énergies renouvelables,
protectiondel’environnement,socié-
tésexportatricesouenstaded’inter-
nationalisation ƒ
Tourisme
Plus de 5,4 millions de touristes ont séjourné dans les hôtels en 2016
Tunisie-Arabie Saoudite
Le fonds « Netinvest Potentiel» est né
Poulina va investir 1.5
milliard de dinars sur
la période 2017-2020. La
nouvelle a été annoncée à
l’occasion de la présenta-
tion de la communication
financièreparAbdelwaheb
Ben Ayed, président du
groupe PGH. (photo).
Lorsdecettecommuni-
cation, le premier respon-
sabledugroupeafaitétatde
sapréoccupationdes ten-
sions sociales et a évoqué
lasolutionquesongroupe
atrouvéepouryremédier.
Pour contourner ces
tensions, il a révélé que
«son groupe a été amené
àinvestirdansl’automati-
sation et la diminution du
nombre des employés au
sein du groupe» ƒ
Investissement privé
Poulina va investir 1.5 milliard de dinars sur la période 2017-2020
Focus
16 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
Deutsche Hospitality, groupe
hôtelier allemand en activité
danslesecteurdepuis1930,a décidé
de faire des affaires en Tunisie. A
compterdumoisd’avrilprochain,le
groupequiestimplantédans14pays,
aura à gérer deux hôtels en Tunisie :
le Steigenberger Hôtel et le Jaz Hôtel
Tour Khalef, à Sousse.
LeSteigenbergerHôtel,decatégo-
rie5-étoiles,estunétablissementde
365chambresetsuites,6restaurants
et bars, un centre de thalassothéra-
pie, 6 piscines dont 3 d’eau de mer,
un sauna, un hammam , une salle
de fitness, espaces pour activités
sportivesetunesalledeconférences.
Le Jaz Hôtel Tour Khalef est un
hôtel classé quatre-étoiles de 570
chambres et suites, 8 restaurants
et bars servant des mets tunisiens
et internationaux. L’établissement
comprend aussi trois piscines dont
deux d’eau de mer, espace spa et
pour activités physiques, installa-
tions de thalassothérapie, une salle
de conférences... ƒ
Hôtellerie
Deutsche Hospitality s’implante en Tunisie
Un conseil ministériel présidé
par le Chef du gouvernement,
Youssef Chahed, vient d’ordonner
l’élaboration d’un projet de loi sur
la cybercriminalité. Ce projet de loi
tombe à point nommé lorsqu’on sait
que 90% des nouveaux crimes sont
planifiés sur les réseaux de commu-
nication.
En relation avec cette décision, le
conseil ministériel s’est penché sur
l’organisation du travail des socié-
tés de production audiovisuelle qui
concoctentdesprogrammesauprofit
des chaînes tv étrangères.
La réunion s’est déroulée en pré-
sence des ministres de l’Intérieur,
de la Défense et de la Justice, ainsi
que du directeur du cabinet du Pré-
sidentdelaRépubliqueetdescadres
sécuritaires ƒ
Cyber sécurité
Bientôt une loi sur la cybercriminalité
EO Data Center, leader sur le marché de l’hébergement en Tunisie, vient d’annoncer un accord de partenariat
avec Hexatrust, acteur majeur de la sécurité des systèmes d’information.
A travers cet accord, EO, certifié ISO 27 001, consolide son écosystème afin d’assurer à ses clients des conditions
de sécurité renforcées en matière de cyber sécurité et de confiance numérique.
Parmi ses clients figurent 8 institutions financières, des hébergeurs web, des radios, des TV et également la pla-
teforme de portabilité des numéros des 3 opérateurs de télécommunications ƒ
Partenariat entre EO Data Center et Hexatrust
Lastationdedessalementdel’eau
demeràDjerbaentreraenexploi-
tation, au cours de l’été 2017, pour
permettre de résoudre la pénurie en
eau dans le sud tunisien, a annoncé
le ministre de l’Agriculture, des res-
sources hydrauliques et de la pêche,
Samir Taieb.
Lacapacitédeproductiondecette
stationestde50millemètrescubes/
jouretpeutatteindre75millemètres
cubes. La phase d’essai de cette sta-
tion,dontlecoûts’élèveà140millions
dedinars,débuteraenmaiprochain,
a ajouté Samir Taieb.
Le taux de réalisation de cette
station a atteint 40%, tandis que
les travaux d’ingénierie civile ont
été achevés ƒ
Djerba -eau potable
Entrée en fonction, l’été prochain, de la station de dessalement
Focus
18 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
Trois rapports viennent d’être
rendus publics sur la jeunesse
et l’enfance. Leurs révélations tan-
tôt positives tantôt négatives ne
peuventquenousinterpeller.Envoici
l’essentiel :
Les premières révélations sont
plus ou moins positives parce que
républicaines.Ellessont révéléespar
un rapport national sur la situation
de l’enfance en Tunisie en 2015:
- Le nombre d’enfants âgés de
moins de 17 ans s’élève à 3 millions
195 mille, soit 28,7% du total de la
population,selonlerapportnational
surlasituationdel’enfanceenTunisie
pour l’année 2015.
- Le taux de mortalité infantile
s’élèveà16,3pour1000enfantscontre
11,5 pour 1000 enfants en 2012.
- Signe de disparité sociale, la plu-
partdescrèchessontprivées(98,8%)
et sont localisées dans les grandes
villes. Letauxd’inscriptiondesélèves
demoinsdetroisansn’apasdépassé
9%. Quelque 321 crèches pour 5761
enfants inscrits sont recensées.
- Concernantlesjardinsd’enfants,
lenombretotal,aucoursdelamême
année, est de 4191 établissements
dont90,9%appartiennentausecteur
privé. La politique de généralisation
progressive de l’année préparatoire
dans les écoles pour les enfants âgés
de 5 ans a fait augmenter le nombre
des écoles ayant une classe prépara-
toire(2082écolesaucoursdel’année
scolaire 2014/2015).
- Le nombre des écoles a aug-
menté avec le début de l’année sco-
laire 2014/2015 pour atteindre 4565
écoles suite à l’ouverture de 21 nou-
vellesécolesdont11danslesrégions
rurales.
Les secondes sont inquiétantes
dans la mesure où elles viennent
confirmerl’enelisementdenosjeunes
dans l’obscurantisme. Selon une
étudesociologiquemenéeparl’Obser-
vatoire national des jeunes dans le
GrandTunis,letiersdesjeunesTuni-
sienssympathisentaveclesalafisme.
Une nuance toutefois: les jeunes
sondés refusentl’idéequelecourant
salafiste puisse participer à la vie
politique. Il n’en demeure pas moins
queletiersd’entreeuxéprouventune
certaine sympathie pour la prédica-
tion salafiste.
Cetteétude, menéeen2014auprès
d’unéchantillonde1700jeunesâgés
de 18 à 30 et issus de la région du
Grand Tunis, a révélé toutefois que
lesfemmessontplusopposéesàcette
idée que les hommes. Comme quoi
l’essentielc’estlamatricequicompte.
Les dernières nouvelles sont alr-
mantes. Un nouveau rapport du
ministère de l’Éducation relève que
96 mille élèves tunisiens ont quitté
les bancs de l’école en 2016.
Ce nombre a baissé de 10.000
par rapport à l’année précédente
(2015) mais reste tout de même alar-
mant ƒ B.K.
Jeunesse
Statistiques alarmantes
96 mille élèves
tunisiens ont quitté
les bancs de
l’école en 2016.
Le taux de
mortalité infantile
s’élève à 16,3 pour
1000 enfants contre
11,5 pour 1000
enfants en 2012.
Signe de disparité
sociale, la plupart
des crèches sont
privées (98,8%) et sont
localisées dans les
grandes villes.
Le nombre
d’enfants âgés de
moins de 17 ans
s’élève à 3 millions 195
mille, soit 28,7% du total
de la population.
Focus
Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
L’entretien
HelaCheikhRouhou,ministredesMines,del’EnergieetdesEnergiesrenouvelables
«Leplusimportantestqu’onn’empêchepluslaproduction
etqu’onnepoussepaslesinvestisseursàfuirlepays»
L’entretien
21Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
u Où en est la situation dans le
bassin minier ?
Pour ce qui est des activités de la
Compagnie de phosphate de Gafsa
(CPG)etduGroupechimiquetunisien
(GCT),tousleslavoirssontenproduc-
tion. La production du phosphate,
qui était à l’arrêt pendant des mois,
connaît, depuis deux mois, un bon
rythme. Nous pouvons avancer que
la production dans le bassin minier
a repris sa cadence normale.
La production n’est plus à 11 mille
tonnesparjour.Noussommesactuel-
lement à 18 mille tonnes par jour,
ce qui constitue un bon rythme de
production.
Concernant le transport du phos-
phate vers les usines pour sa trans-
formation en produits destinés à
l’exportation(acidephosphorique)et
à la consommation locale (engrais),
le parc des locomotives demeure
insuffisantetfaible.Ilnesatisfaitpas
les besoins.
Noussommesentraindedéployer
tous nos efforts avec le ministère du
Transport pour y remédier, sachant
que l’âge moyen des locomotives est
de 33 ans. Les infrastructures en
Tunisie datent de l’ère Bourguiba.
Les trains disponibles ne peuvent
transporter, en moyenne, qu’entre 8
milleet9milletonnesparjour,cequi
estinsuffisantpourfairefonctionner
àpleinrégimeetdansdesconditions
acceptables les usines du Groupe
chimique.
Conséquence : les usines fonc-
tionnent à hauteur de 30 à 35% de
leurcapacité,cequiestpréjudiciable
auxusinesduGroupechimique,ence
sens où l’alternance des arrêts et des
relancesdeproductionoccasionnent
des dommages aux équipements.
La solution a consisté à recourir,
depuis des mois, au transport du
phosphate par camion, mode de
transport auquel sont opposées des
parties au sein des sociétés.
u Voudriez-vous, Mme la ministre,
nous expliquer dans le détail cette
problématique du transport du
phosphate ?
Au départ, c’étaient les ouvriers
du CPG qui étaient contre motif : ils
exigent une prime du transport sur
les camions et non seulement sur les
trains. Ils ont obtenu gain de cause.
Après, c’était au tour des ouvriers
de la Société de transport du phos-
phate dans le bassin minier, une
nouvellesociétécrééedetoutespièces
après la révolution. C’est une filiale
à 100% de la CPG. Les 1600 travail-
leursintérimairesquiytravaillaient,
avant le 14 janvier 2011, relevaient
de sociétés privées sous- traitantes,
spécialisées dans le transport du
phosphate entre les carrières et les
lavoirs. Ces ouvriers ont été intégrés
après la révolution dans cette nou-
velle société, qui a coûté 45 MDT à
laCPG.C’estlacolonnevertébralede
la compagnie, en raison de son rôle
dans le transport du phosphate. Il y
a, actuellement, tout un programme
pourleredressementdecettesociété
sur deux ans : 2016-2017.
Le redressement va avoir lieu,
car la fin de la sous-traitance et ses
corollaires, l’intégration des intéri-
maires dans la nouvelle société et
l’acquisition des équipements des
sociétéssous-traitantesprivées,aété
accompagnée,durantlessixdernières
années, par des actes d’endomma-
gement des équipements. Tous les
équipements ont été endommagés.
Laproductivitéabeaucoupbaissé.La
CPGafournisagarantiepourl’acqui-
sition de nouveaux équipements.
Ainsi, la nouvelle filiale a acquis,
depuis l’arrivée du gouvernement
d’unionnationale,50camionsneufs.
Ces acquisitions ont été accompa-
gnéesparunplandeformationdevant
aider les travailleurs à utiliser au
mieuxceséquipementsetàaccomplir
dansdemeilleuresconditionslamis-
sionimpartieàlaSociétédetransport
de phosphate dans le bassin minier.
Les travailleurs de cette société
devaient ensuite revendiquer le
contrôle du transport par camion
en dehors du bassin minier. Ils
veulent être responsables des appels
d’offres.Envertudeleursrésultats,les
camionneursprivésserontautorisés
àtransporterlephosphatedeslavoirs
Mme Héla Cheikhrouhou, ministre
desMines,del’énergieetdesénergies
renouvelables aindiquéquelesindi-
cateurs des trois secteurs dont elle a
lachargesontentraindes’améliorer
et qu’elle et son équipe travaillent
dur pour les améliorer davantage,
à la faveur de gros investissements
programmés dans les trois secteurs.
La ministre, qui s’exprimait dans
cette interview accordée à l’Econo-
miste Maghrébin, pense toutefois
quelestroissecteursrencontrentdes
difficultésduesprincipalementàdes
problèmes fonciers et aux arrêts de
la production et des travaux d’exé-
cutiondesnouveauxprojetsd’infras-
tructure par l’effet des mouvements
sociaux.
Elle estime que les arrêts de produc-
tion risquent de compromettre le
devenirdecessecteursetdefairefuir
lesinvestisseurs.Pourelle,lesprotes-
tataires doivent prendre conscience
queleurpropreintérêtnerésidepas
dans l’arrêt de la production, mais
dans le dialogue et rien que dans le
dialogue,leseulmoyenindiquépour
résoudre tous les problèmes.
La production dans
le bassin minier
a repris sa
cadence normale.
L’entretien
22 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
vers les usines du Groupe chimique.
Seulement, cette société n’a pas la
capacitéinstitutionnelledelancerces
appels d’offres. Car toutes les procé-
dures concernant les contrats et les
appels d’offres sont effectuées de A à
Z par les cadres de la CPG.
La question qui se pose dès
lors : pourquoi cherchent-ils à avoir
le contrôle des appels d’offres ? Il
y a là une grande interrogation sur
la transparence et le bien- fondé de
cette requête.
En attendant, pour parvenir au
rythme du transport de phosphate
souhaité,lestrainssontinsuffisants.
Donc, nous devons assurer le trans-
portduphosphateparcamions,même
si, à moyen terme, nous envisageons
d’arrêterdéfinitivementletransport
du phosphate par voie routière.
Malheureusement, nous ne pou-
vons l’arrêter définitivement que
d’ici fin 2017. D’ici cette échéance, le
ministreduTransportestentrainde
sedémenerpouracquérirdenouvelles
locomotives usagées. Entre-temps,
il faut qu’on produise, qu’on vende
et qu’on réalise du cash flow pour le
groupe CPG-GCT.
Depuisdeuxmois,letransportpar
camionsestàl’arrêt,carlesyndicatde
laSociétédetransportduphosphate
danslebassinminierveutdejouerun
rôledanscetteaffaire.Ledialogueest
en cours entre ce syndicat d’un côté,
ladirectiondelaCPGetlesecrétaire
d’Etat chargé du secteur minier de
l’autre. Aux dernières nouvelles, les
troispartiessontentraindenégocier
une solution.
Ilyaactuellementuncontratpour
letransportde300milletonnes,mais
nous ne pouvons pas le concrétiser,
car le syndicat de la STP s’y oppose
et empêche donc sa concrétisation.
Par ailleurs, il va y avoir le lan-
cement d’un appel d’offres pour
la conclusion de contrats avec des
camionneurs privés pour l’exercice
2017. Seulement, l’appel d’offres ne
peut pas être publié sans l’accord
du syndicat de la STP dans le bassin
minier. Des négociations sont en
cours pour trouver une issue à ce
problème et nous souhaitons qu’une
solution soit trouvée dans les plus
brefs délais.
Ce qui est demandé à la STP est
qu’elle assainisse, au préalable, ses
finances, qu’elle assure convenable-
mentletransportduphosphatedans
le bassin minier, d’autant plus que
la situation des travailleurs de cette
société s’est améliorée de manière
sensible, en comparaison avec leur
situation d’anciens intérimaires.
Leurs salaires ont évolué de
manière très importante après leur
intégration et attachement à la CPG.
Espérons que la sagesse l’emportera
pourtrouverunesolutionrationnelle.
Acestade,ilyadesnégociationsavec
la partie syndicale. L’administration
(CPG et secrétariat d’Etat) dispose
d’un projet de solution qu’elle va
soumettreausyndicat.Notresouhait
est que le problème du transport soit
résolu dans les plus brefs délais.
Je ne peux encore dévoiler les
détails de ce projet. Je peux dire
simplementquenousallonsexaminer
les demandes des travailleurs.
u Et à propos de ces fameux
concours dont les résultats sont
constamment mis en doute ?
Nouspouvonsannoncerqued’im-
portantes améliorations sont signa-
léesenmatièredegestionetd’accep-
tation des résultats des concours et
ce,enconcertationaveclessyndicats
et la société civile.
D’abord,unmotsurlamassesala-
riale du groupe CPG-GCT et de leurs
filiales.Cettemasseaplusquedoublé
et l’effectif de tout le groupe a triplé
ces6dernièresannées.Ilestpasséde
9 mille à 27 mille.
Les augmentations du nombre
d’emploisonteulieudanslessociétés
de l’environnement qui emploient, à
elles seules, 11 mille personnes.
Pour revenir aux concours, ceux
qui ont eu lieu concernent la CPG
et le Groupe chimique. Ils ont pour
objectif de remplacer les personnes
qui sont parties à la retraite. Il s’agit
de postes techniques réels, voire de
vrais postes. Nous sommes attachés
à ce que ces concours se déroulent
dans les meilleures des conditions.
Pour résumer, la production
marche bien. Le transport par voie
ferroviaire marché bien, sauf pour
les lignes qui desservent Redeif et
Oumlares qui, relativement, pro-
duisent une capacité moindre, et
la ligne qui traverse Bouzayane à
Sidi Bouzid, à cause des sit-in et des
mouvements sociaux.
Sijamaiscetteligneétaitdégagée,
laquantitédephosphatetransportée
par train serait plus importante.
u Qu’est-ce qui justifie ces
mouvements sociaux et ce blocage
de la production ?
Il y a plusieurs raisons objectives.
Premièrement, depuis des décen-
nies, il n’y a pas eu suffisamment
d’investissements pour diversifier la
base économique du bassin minier.
La perception, c’est que l’employeur
unique,enl’occurrence, offredebons
salaires.Cequifaitquetoutlemonde
s’estfocalisésurcetemployeur,alors
quelarégionengranged’importantes
opportunités dans le domaine agri-
cole et dans d’autres importants
secteurspotentielsencoresous-déve-
loppés.
C’est pourquoi, de nos jours, le
gouvernement met l’accent sur le
Depuis des
décennies, il n’y a
pas eu suffisamment
d’investissements
pour diversifier la base
économique du
bassin minier.
L’entretien
24 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
développement de l’agriculture et
la diversification de l’industrie dans
le bassin minier. L’ultime but étant
d’y créer le maximum d’entreprises
génératrices d’emplois.
J’ajouteraisquelesmoyensderelan-
cer et de dynamiser les sociétés de
l’environnement sont limités. Il y a
une commission groupant les repré-
sentantsdecessociétésetleministère
qui a été chargée de réfléchir sur les
moyens de dynamiser ces sociétés,
ens’inspirantd’expertisessimilaires
réussies comme celle enregistrées à
Regim Maatoug au sud du pays.
Deseffortssontdéployésenparte-
nariataveclesdépartementsconcer-
nés (agriculture, équipement, trans-
port…), pour accorder des marchés,
voiredescontratsàcessociétés.C’est
une de nos priorités.
Globalement, nous sommes en
train de réfléchir sur les moyens de
conférer à l’économie de la région
plus de dynamisme.
L’autre aspect sur lequel nous tra-
vaillons, c’est le problème de l’eau
dans le bassin minier, pour contenir
lestensionsgénéréesparceproblème
dans la mesure où certains disent
quel’eaudisponibleestaccaparéeen
totalitéparl’industriephosphatière,
aux dépens de la satisfaction des
besoins de la communauté de Gafsa
en eau potable et en eau d’irrigation.
Noussommesentraind’étudieret
detravaillersurl’agrandissementde
lacapacitéd’unprojetdedessalement
del’eaudanslarégiondeGafsaetson
adduction vers les villes de la région.
Nousallonscréeruneautreressource
hydrique non conventionnelle.
Moralité:Ilyauneactionmultidi-
mensionnelle pour développer cette
région. Parmi les projets retenus,
celui de l’alimentation de la ville de
Gafsa en gaz naturel. L’absence de
cettesourced’énergiedanslarégion
constitue un sérieux handicap pour
lacréationd’entreprisesindustrielles.
Actuellement, nous avons résolu les
problèmes fonciers qui empêchaient
la finalisation de ce projet.
Nous sommes en train d’assurer
le suivi régulier de ces actions. Il
faut conjuguer les efforts de tous
pour accélérer le développement de
cette région et faire en sorte qu’elle
profite de l’énorme potentiel qu’elle
engrange.
Dans cette optique, le budget de
responsabilité sociétale du groupe
CPG-GCT va être exploité en partie
pour aider les jeunes promoteurs à
lancer leurs propres projets, moyen-
nant des microcrédits fournis par
la BTS.
Il faut dire ici que l’accès au finan-
cement est un des principaux obs-
tacles au développement des projets
privés dans toutes les régions.
Pour revenir à la région de Gafsa,
nous sommes persuadés que les
revendicationsdescitoyensdeGafsa
sont légitimes et que pour les satis-
faire, nous disposons de tout un pro-
gramme comportant une vingtaine
d’actionsdédiéesauredressementde
l’activité phosphatière. Ces actions
concernent aussi bien Gafsa, Sfax,
Gabès et Skhira.
N’oublions pas également que
le groupe CPG-CGT a programmé
d’importants investissements pour
moderniserlesusinesdevenuesobso-
lètes. L’impact de ces dernières sur
l’environnement n’est plus en ligne
aveclesmeilleurespratiques.Degros
investissements (600 MDT et plus)
sontengagésparleGroupechimique
en matière de dépollution.
u Ausujetdeladépollution,est-ce
que la SIAPE va fermer en fin de
compte ses portes ou non ?
Il y a un engagement ferme pour
fermer,auplustarden2017, laSIAPEà
Sfax,etce,sansquelesemploissoient
détruits.Carlesemployésdelasociété
disposent d’un savoir faire et d’une
technicité qu’ils peuvent valoriser
dans d’autres activités.
Nous sommes convaincus que le
développement dans les régions ne
peut réussir qu’en partenariat avec
les syndicats, les patrons, la société
civile, qui regroupe les associations
environnementales,legouvernement.
Dans cette optique, le démantèle-
ment des usines va durer des années
avectoutcequecelasupposecomme
créationd’emploisàlafaveurdecette
démolition. Nous sommes en train
de réfléchir sur plusieurs actions
que nous aloons concrétiser. A titre
indicatif,ilyavaitl’idéed’exploiterle
siteàtraverssaconversionenlabora-
toire, usinedemaintenanceouàdes
finsfoncières.L’essentielestdemener
danslatransparencetotaleuneétude
sur la conversion du site. L’idée donc
est de créer de nouveaux emplois et
non pas d’en détruire.
u Où en est le positionnement de
la Tunisie sur le marché mondial du
phosphate ?
Nous devons comprendre que le
secteurdesphosphatesdanslemonde
est soumis à une grande pression,
car l’offre est de loin supérieure à la
demande. Des mégaprojets ont été
lancésenArabiesaoudite,enEgypte,
en Ethiopie, en Algérie, en Chine,…
Les prix sont en train de chuter.
Lesacheteurspréfèrentacheterselon
l’offrelaplusrégulièreetselonlemeil-
Il y a un engagement
ferme pour fermer,
au plus tard en
2017, la SIAPE à Sfax, et
ce, sans que les emplois
soient détruits. Car les
employés de la société
disposent d’un savoir
faire et d’une technicité
qu’ils peuvent valoriser
dans d’autres
activités.
L’entretien
25Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
leurrapportqualité-prix.Nousdevons
comprendrequesinousréduisonsla
capacité de production du Groupe
chimique, nous affectons en même
temps la réputation de la Tunisie en
tant qu’un des grands producteurs
de phosphate.
LaTunisie,mêmesielleaperduson
classement de 5ème producteur du
monde, gardetoujoursuneoccasion
pour se rattraper en raison de son
historique et de la bonne image dont
elle jouit, depuis longtemps, auprès
de ses clients classiques. L’espoir de
retrouver notre place antérieure sur
le marché est encore possible.
Ilfauttoutefoisprendreconscience
du fait que les clients ne vont pas se
croiser les bras et attendre, éternel-
lement, le retour de la Tunisie sur le
marché. Bien au contraire, ils vont
aller chercher d’autres fournisseurs
poursatisfaireleursbesoins.Leprin-
cipeestsimple:lanatureahorreurdu
vide.QuandlaTunisies’estabsentée,
d’autres pays se sont précipités pour
prendre sa place.
Dois-je rappeler qu’en 2016, le
Groupe CPG-CGT et ses filiales ont
enregistré des résultats négatifs ?
Il y a des sociétés qui sont en train
d’absorber leurcapital.Sicelaconti-
nue,leGroupechimiquevademander
de l’argent à l’Etat pour continuer à
exister. Auparavant, c’était lui qui
fournissait des ressources à l’Etat et
il n’avait pas besoin de la garantie de
l’Etat pour emprunter. Aujourd’hui,
il en a besoin. La situation est hélas
critique.C’estpourquoi,cetterichesse
minièrenationalequidoitprofiter,en
priorité,auxcommunautésdeGafsa,
Gabès et Sfax, gagnerait à être valo-
risée dans l’intérêt de tous.
Nous sommes engagés dans le
redressementdel’ensembledessocié-
tés, mais nous ne pouvons le réussir
que si tout l’environnement est favo-
rable pour le faire.
u Le deuxième volet de notre
entretienvaportersurl’énergie.Quel
est l’état des lieux dans ce secteur ?
Les indicateurs sont malheureu-
sement dans le rouge. En 2016, nous
avonsforéunseulpuitsavecuneseule
découverte et nous sommes en train
de forer deux autres. Auparavant, la
moyenneétaitde12à15puitsd’explo-
ration par an et de 10 à 12 puits de
développement par an.
A l’origine de cette situation, trois
facteurs :
Le premier concerne l’effondre-
ment du prix du pétrole.
Le deuxième concerne le change-
mentdelaConstitutionetl’avènement
de l’article 13 qui insiste à ce que les
richesses nationales soient la pro-
priété du peuple. Depuis, nous avons
enregistré beaucoup de retard pour
adapterlaréglementation,mêmesile
tribunal administratif a toléré le fait
qu’onpeutcontinueràtravailleravec
le code des hydrocarbures actuel et
les accords antérieurs. Pour le tribu-
nal administratif, tant qu’il n’existe
pas une nouvelle loi et un nouveau
cadreréglementairepourappliquerla
Constitution, le ministère des Mines
et de l’énergie peut continuer à tra-
vailler avec ce qui existe.
Seulement, il y a eu une grande
campagne pourdiscréditerlesecteur
deshydrocarburesdugenre«Ouinou
le pétrole » et pour le qualifier de
secteur corrompu.
Moralité : Comme aucun investis-
seur n’aime être désigné du doigt et
qualifié de corrompu et comme il a
lechoixdeplacersonargentsousdes
cieux plus hospitaliers, il va s’inves-
tir ailleurs. Cette tendance a réduit
l’appétit d’investissement pour la
Tunisie.
La vérité, c’est que les gouverne-
ments n’ont pas osé soumettre au
parlement de nouveaux contrats
et continuer l’octroi des contrats
sur décision d’un ministre alors
qu’il y a une nouvelle Constitution.
Aujourd’hui,legouvernementd’union
nationale dispose d’un projet de loi
qui va juste changer un article dans
le code des hydrocarbures.
On va inclure dans ce projet deux
conventions modèles avec le secteur
privé. Ces conventions vont être exa-
minésenconseilministérielavantde
les soumettre ensuite au parlement.
Enplusclair,aulieudefairesigner
les contrats par le ministre, c’est le
parlementquiadoptecescontratspar
le biais de lois. Cela pour appliquer
la Constitution qui stipule que les
projetsd’hydrocarburesdoiventfaire
l’objet de lois votées par l’Assemblée
des représentants du peuple (ARP).
CettemêmeConstitutionquistipule
quetoutprojetutilisantlesressources
naturelles(énergiesolaire,air,pétrole,
gaz, forêt,…) doit faire l’objet d’une
convention entre l’Etat et les inves-
tisseurs privés, laquelle convention
doit faire l’objet d’une loi votée par
le parlement.
Actuellement, nous sommes en
possession de cinq conventions dis-
ponibles et pour ne pas les perdre,
nous allons les soumettre dans les
meilleursdélais,c’est-à-diredansles
semainesquiviennent,auparlement.
u Est-ce que la loi sur l’urgence
économique ne peut pas jouer un
rôle dans ce contexte et vous aider à
contourner ces obstacles ?
Je ne pense pas. Car la loi sur l’ur-
genceéconomiqueapourobjectifde
En 2016, nous
avons foré un seul
puits avec une
seule découverte et nous
sommes en train de forer
deux autres. Auparavant,
la moyenne était de 12 à 15
puits d’exploration
par an et de 10 à 12 puits
de développement
par an.
L’entretien
26 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
faciliteretd’accélérerlesprocédures
des marchés et la réalisation des
investissements. Dans son appli-
cation, les modifications apportées
au code des hydrocarbures visent
à harmoniser ce texte avec l’article
13 de la Constitution. Cela fait par-
tie certes de la réponse à l’urgence
économique, mais le nouveau projet
portant amendement du code des
hydrocarbures est un texte de loi à
part entière.
Le principe aujourd’hui est de
coopéreravecleparlementetdefaire
en sorte que ces conventions soient
adoptées. Nous allons apprendre
à travailler ensemble sur ce projet,
en prévision de l’élaboration d’un
nouveau code des hydrocarbures.
D’ici cette échéance, nous aurons
beaucoupapprisdurantlesprochains
mois, et nous verrons comment sim-
plifier et clarifier les choses. Ce sera
peut-être alors un texte de plus haut
niveauquiserasoumisauparlement.
Les processus techniques seront du
ressortdugouvernement.Cedernier
est disposé à assumer ses responsa-
bilités, mais en partenariat avec le
législatif.
Le troisième facteur qui a plombé
l’investissement dans les hydrocar-
buresatraitauxmouvementssociaux
(sit-in, arrêts anarchiques de tra-
vail,…).
Beaucoupdesociétéssontentrain
d’enregistrer des faillites et les gens
n’en sont pas conscients.
u Et pour le gaz naturel, comment
se présentent les choses ?
Le gaz naturel est, de plus en plus,
perçu comme un préalable indis-
pensable à l’investissement dans les
régions.Atitreindicatif,nousvenons
de tenir une réunion avec le gouver-
neur de Bizerte, les députés de cette
région et les investisseurs intéressés
par cette région et la STEG. Les par-
ticipantsontdemandéàalimenterla
région en gaz naturel. Et il existe un
projet à ce sujet.
Cela pour dire que le plus grand
handicap qui entrave l’investisse-
ment dans les régions, c’est la pose
de gazoducs. Aujourd’hui, les entre-
preneurs remportent des marchés
pour la pose de gazoducs et quand
ils commencent à exécuter le projet,
ils rencontrent des difficultés dues
au refus de certains particuliers de
tolérer que les gazoducs traversent
leurs terres.
Conséquence : Partout, les projets
d’infrastructure rencontrent des
difficultés d’exécution. C’est ce qui
explique les retards. Un projet qui
doitêtreréaliséendeuxansvadurer
5 ans, six ans et plus.
C’est une généralisation que je
fais là, mais la situation est en train
de s’améliorer avec la promulgation
d’une loi sur l’expropriation.
Nous devons comprendre qu’au-
jourd’hui, on ne peut plus mettre
en route un projet d’infrastructure
de la même manière qu’auparavant.
Les conditions sont devenues plus
difficiles. Il y a un côté positif en ce
sensoùilyaundialogueaveclesgens,
mais également un aspect négatif,
dans la mesure où il suffit qu’une
seulepersonnes’opposeàl’itinéraire
du projet pour que ce dernier tombe
à l’eau ou soit changé.
A titre indicatif, le projet de gaz
Nawara, où l’ETAP détient 50%, a
été initié depuis 2008, mais il ne sera
finaliséqu’en2018,àcausejustement
des protestations de groupes de per-
sonnesquisesontrelayéspourexiger
des droits sur le passage du gazoduc
et se faire indemniser.
Les problèmes fonciers qui entra-
ventlesprojetsd’infrastructuresont
devenusmonnaiecouranteetdoivent
faire l’objet d’un gros travail. Cela
engendre un coût énorme pour les
sociétésnationalesetpourlessociétés
privéescontractantes.Uncontractant
immobilisé, au lieu de faire son cash
flow et réinvestir, se trouve malgré
lui plombé sans rien pouvoir faire.
C’est le même constat pour les
sociétés pétrolières. Les forages sont
très peu nombreux, pour une raison
simple.Pourrameneruneforeuse,ça
coûtetrèscher.Enplus,cetteforeuse
nepeutpastolérerplusde40travail-
leurs,alorsquequelque400personnes
viennent exiger de travailler.
u Le prix du pétrole est
actuellement en hausse. Est-ce que
cette nouvelle donne ne va pas
améliorer la situation du secteur ?
Malheureusement non. En Tuni-
sie, en net, nous bénéficions de la
baissedesprix,caronestimportateur
aujourd’hui,etce,enraisondufaitque
nousn’investissonsplusdansl’explo-
ration du pétrole. Le prix du pétrole
est très fluctuant. Stratégiquement,
quel que soit le prix du pétrole, nous
devons investir. Nous ne sommes
pas en train d’investir en raison de
la non-clarté des réglementations
régissant l’octroi des permis. Nous
devons trouver un terrain d’entente
avec les communautés locales. Les
sociétés pétrolières ont fait, ces six
dernières années, un gros effort en
matière de responsabilité sociétale.
Il y a une expérience exemplaire
à Tataouine, où un investissement
de 11,5 MDT a été programmé sur
troisans.Empressons-nousdesigna-
ler ici que ces sociétés ne sont pas
Le projet de gaz
Nawara, où l’ETAP
détient 50%, a été
initié depuis 2008, mais il
ne sera finalisé qu’en 2018,
à cause justement des
protestations de groupes
de personnes qui se sont
relayés pour exiger des
droits sur le passage du
gazoduc et se faire
indemniser.
L’entretien
28 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
contrecegenred’investissements.Au
contraire, elles peuvent le faire, à la
seule condition de ne pas stopper la
production.Leproblème,c’estqu’avec
lesarrêtssuccessifsdelaproduction,
on risque de tuer la poule aux œufs
d’or. Lorsqu’on pousse trop, on perd
tout.
u Pour revenir au gaz, où en sont
les projets de gaz de schiste ?
En2014,ilyaeuunepremièreétude
sur l’extraction en Tunisie, et nous
avons une autre étude en cours de
finalisation. Ce qui est clair, avec la
politiquevolontaristedecesdernières
décennies,surtoutlesdeuxdernières
décennies, tous les gouvernorats du
pays réclament le gaz naturel pour
satisfaire les besoins des citoyens et
des entreprises.
Pour approvisionner les villes en
gaz naturel, nous avons deux solu-
tions : soit on profite de l’occasion
pour développer notre propre gaz
aux fins de répondre à une demande
pressante et de créer des emplois
supplémentaires, soit on importe en
devises du gaz et on crée à cette fin
une infrastructure coûteuse.
Dans le budget 2017, il est prévu
d’alloueruneenveloppede1000MDT
pourdévelopperl’industriegazièreet
créer de nouveaux emplois. Concer-
nant le gaz de schiste, je l’ai dit à
maintes reprises, si on développe
notre propre gaz naturel, le gaz de
schiste en fera partie.
Si le pays va s’engager dans une
infrastructure à échelle, il faut accé-
lérer l’élaboration d’une étude envi-
ronnementale stratégique. Elle a été
décidéeen2013,maisjusqu’àcejour,
elle n’a pas été entamée.
Labonnenouvelle:leministèrede
l’Environnement,quiestlechefdefile,
est en train de signer avec un bureau
d’étudesuneconventionpourl’élabo-
ration de cette étude. Cette étude va
commenceraumoisdejanvieretfinir
dans18mois.J’espèrequ’elleavancera
dans les délais et qu’elle sera de la
meilleure qualité possible. L’ultime
but est de nous fournir les informa-
tions les plus fiables possibles sur les
caractéristiquesgéologiquesdesbas-
sins ciblés, dont celui de Ghedames
ausuddupaysetsurlafaisabilitédes
futurs projets gaziers.
Quantauxbesoinseneauqu’exige-
rontlesforages,ilestprévud’épargner
la nappe phréatique et les eaux de
surfaceetderecouriràdesressources
non conventionnelles, à travers la
création d’une unité de dessalement
del’eau.L’étudestratégiquedoitnous
informer sur les caractéristiques
géologiquesetsurlesbesoinseneau.
Toujoursàproposdegazdeschiste,
il y a aussi l’idée de forer un puits
pilote dans le bassin de Ghedames
et de changer, à cette fin, la nature
d’un permis détenu par une des plus
grandes sociétés opérant dans ce
domaine.Cettepropositionserasou-
mise au parlement pour examen et
adoption. Ainsi, on aura fait d’une
pierredeuxcoups:l’étudeenvironne-
mentaleetlasoumissionauparlement
d’uneapprochepiloteconsistantenla
conversiond’unpermispourfavoriser
le forage d’un puits pilote. Une fois
l’approche pilote expérimentée, on
ne peut intensifier l’investissement
qu’à la faveur des résultats obtenus.
u Le nombre d’emplois créés à
travers le monde dans le domaine
du gaz naturel est très important. La
question qui se pose dès lors : est-ce
que la Tunisie peut se passer de ces
emplois ?
D’autres initiatives seront prises
pour la sécurité de la ressource
gazière. Nous devons encourager le
développement de champs conven-
tionnels. Le champ Nawara, une fois
Dans le budget
2017, il est prévu
d’allouer une
enveloppe de 1000
MDT pour développer
l’industrie gazière
et créer de nouveaux
emplois. Concernant
le gaz de schiste, je l’ai
dit à maintes reprises,
si on développe notre
propre gaz naturel, le gaz
de schiste en fera
partie.
La masse salariale a plus que doublé et l’effectif de tout le groupe a triplé ces 6 dernières années. Il est passé de 9 mille à 27 mille.
L’entretien
29Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
achevé, sera suivi, complété et ren-
forcé par le développement d’autres
petits gisements.
Nous allons également négocier
des contrats d’approvisionnement à
moyen et long termes avec l’Algérie.
L’objectifestd’avoirlacertituded’être
régulièrement approvisionné en gaz
naturel.
Aujourd’hui, il y a beaucoup de
projets industriels énergivores qui
nepeuventpasêtrecréés,àdéfautde
disponibilité de gaz naturel.
Si nous parvenons à développer
notrepropregaz,nousferonsl’écono-
mied’importantessortiesdedevises.
Pour un pays vulnérable au chan-
gement climatique, le gaz naturel
est un fuel de transition qui va nous
aideràresterendessousde2°C.Nous
devons donc le valoriser.
u Et le délicat dossier de Petrofac,
quelles en sont les nouvelles ?
Selon nos informations, les arrêts
de la production ont repris. C’est
un mauvais signal qu’on lance aux
investisseurs étrangers, suite au
succèsde«Tunisia2020».Qu’enest-il
exactement ?
Concernant Petrofac, c’est symp-
tomatique, c’est-à-dire une chose
qui existe dans beaucoup de régions
du pays.
Je suis optimiste et confiante. Je
pensequedanslesjoursquiviennent,
le problème sera résolu et que de
bonnes nouvelles seront annoncées
pourlegisementChergui.Leseulmes-
sageàtransmettreauxcommunautés
des îles Kerkennah, c’est de prendre
conscience que toute personne qui
a un problème ne doit pas arrêter
la production d’une entreprise pour
résoudresonproblème.Celadoitpas-
serparledialogue.Leplusimportant
est d’encourager les investisseurs
à réinvestir et à rester dans le pays.
u Au sujet des énergies
renouvelables et de l’efficacité
énergétique, la Tunisie accuse un
important retard au regard des
progrès accomplis en la matière
dans des pays ayant le même degré
dedéveloppementquenous.C’estle
cas du Maroc, à titre indicatif. Quelle
estlastratégiedevotredépartement
dans ce domaine ?
En matière d’énergies vertes, la
Tunisie était pionnière. Seulement,
pourdiversesraisons,audépart,elle
a fait preuve de prudence et de cir-
conspection.Après,elleaobservéune
positiondewaitandsee.Aujourd’hui,
il est difficile de dire si on a perdu
du temps ou si, au contraire, on en
a gagné.
Le constat, aujourd’hui, est que
nous disposons de bien meilleures
conditions pourdévelopper,àgrande
vitesse, la réalisation de projets
d’énergies renouvelables.
Je puis vous dire que si nous fai-
sons du bon travail, nous sommes
capables d’attirer de grands, petits
et moyens investisseurs du monde
entier (Europe, Asie, Etats-Unis,…).
Tous ces investisseurs veulent venir
investir en Tunisie.
A cet effet, nous avons arrêté une
stratégie pour le développement des
énergies vertes à l’horizon 2030. Elle
a été adoptée, en novembre 2016, par
un conseil ministériel. Nous allons
communiquer sur cette vision dans
les semaines qui viennent.
u Concrètement, en quoi consiste
cette stratégie ?
En discussion avec l’ETAP et la
STEG,nousallonscommencermain-
tenant par une capacité de 1000
mégawatts et une autre de 1250
mégawatts en 2021, par rapport à
un parc total à installer de 5000
mégawatts. Cela veut dire qu’on va
lancer tout ce programme sur une
période de deux ans au maximum.
Je peux avancer que de gros inves-
tisseurs comme Total, ENI et autres
compagnies sont intéressés par le
marchédesénergiesvertesenTunisie.
Mieux, il y a une dizaine de déve-
loppeurs en Tunisie qui ont mis des
années à préparer leurs projets, qui
ont attendu avec impatience l’ouver-
ture officielle du marché et qui sont
fin prêts pour faire démarrer leurs
projets.
En vertu des responsabilités qui
sont les miennes, je dois veiller à la
publication des cahiers de charges
crédiblesetrassurantspourlesinves-
tisseurs. Nous devons, particuliè-
rement, donner des dates précises,
fournirdescritèresdesélectionclairs
et s’assurer que les clauses soient
transparentes.L’ultimeobjectifétant
de faire en sorte que lorsque l’appel
d’offres sera publié, les investisseurs
se présenteront en masse.
Nous allons retenir deux ou trois
catégories de projets. Il y aura des
projets de catégorie moyenne : 10
mégawatts pour le solaire et 30
mégawatts pour l’éolien. Pourquoi
cechoix?Peut-êtreparcequ’ilyaune
vision selon laquelle nous pouvons
créerplusd’emploisetfairebénéficier
lemaximumderégionsdesinvestisse-
mentsdanscetteénergie.Nousallons
expérimenter cette approche. Nous
savonsqu’ilexistedespartiesquisont
intéressées par ces projets et qui s’y
sont préparées pendant des années.
Il existe également des projets de
plusgrandetaille.Nousavonsretenu
deux projets d’une capacité égale de
250 mégawatts pour le solaire, un
projetde100mégawattspourl’éolien,
letoutselonlerégimedeconcession.
Cesont,certes,desprojetsdetaille
De gros
investisseurs
comme Total, ENI et
autres compagnies sont
intéressés par le marché
des énergies vertes
en Tunisie.
L’entretien
30 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
moyenne. Mais, comparé à l’état des
lieux actuel, soit zéro mégawatt sur
le plan commercial, il y a de toute
évidence d’énormes progrès.
Lorsque nous sommes arrivés, le
solaire disponible dans le pays était
estimé à 30 mégawatts, essentiel-
lement les toits solaires. Le solaire
n’existe pas à grande échelle et les
entreprises qui y travaillent sont
sur le point de déclarer faillite. Ces
entreprises,noussommesentrainde
les aider à se redresser, grâce à une
enveloppe budgétaire.
Le programme adopté par le gou-
vernement prévoit la réalisation de
620 mégawatts par le secteur privé.
C’est20foisplusqu’auparavant.Cela
veut dire que le secteur privé qui
opèredanslerenouvelablegrâceaux
projetsquenousallonslancer,vafaire
vingt fois plus que ce qu’il réalisait
auparavant.
Aurayondufinancement,lesbail-
leursdefonds(BEI,BAD…)etagences
spécialisées ont fait part de leur
disposition à financer des projets
d’énergies renouvelables en Tunisie
Pourrésumer,lesinvestisseurssont
disponibles, les financements sont
disponibles. Le secret de réussite de
l’ouverturedecemarchérésidedans
le lancement d’un signal rassurant
aux investisseurs et ce, à travers la
conclusion de contrats bien ficelés
et la fourniture d’assurances, pour
qu’ilspuissentexécuterleursprojets
dans de bonnes conditions.
L’objectifstratégiqueestdemettre
à la disposition du pays une énergie
propre et pérenne. Néanmoins, il
importedepréciserquecettenouvelle
énergienevapasrésoudreleproblème
de l’énergie dans toutes les régions.
u Cesprojetsdepetiteetmoyenne
tailles ne vont pas peut-être faire
rêver les gens. Il faut peut-être des
projets de plus grande taille, non ?
Un pays comme le Maroc s’est forgé
la réputation d’être le champion
des énergies vertes, avec la création
àOuarzazate-Noor, d’une des plus
grandes installations d’Afrique et du
monde.
Il existe d’autres projets de plus
grandetailledevantfavoriserl’injec-
tiondesénergiesrenouvelablesdans
leréseaudedistributiond’électricité.
Pourcefaire,ilfautserappelerquele
marchétunisienestunpetitmarchéet
qu’ilfautréunirdeuxconditionspour
développer des projets titanesques:
augmenter la capacité du réseau et
réussirl’interconnexionavecl’Italie.
Nous sommes en train d’y travailler
concomitamment et parallèlement.
u Unmotsurleparcéoliendansla
région de Bizerte ; les éoliennes sont
à l’arrêt, cela est dû à quoi ?
CeparcestlapropriétédelaSTEG.
Ilaétémissurpiedgrâceàundonou
un crédit concessionnel. Seulement,
unefoisréalisé,ons’estrenducompte
qu’on n’avait pas prévu, lors de la
conclusion du contrat avec la firme
quiaréaliséleprojet,unprogramme
de maintenance, voire de service
après-vente. Résultat : les pièces de
rechange ne sont plus disponibles.
C’est pourquoi, dorénavant, tout
projet énergétique (énergie conven-
tionnelle ou renouvelable) doit être
accompagné d’un contrat de main-
tenance et d’un service après-vente.
u Et au sujet du développement
des ressources humaines, avez-vous
une stratégie pour améliorer les
capacités et motiver les cadres ?
Rapidement, je dirai qu’il y a un
gros travail d’accompli à cette fin.
Toutes les grosses entreprises rele-
vant de ce ministère (STEG, ETAP,
ANME,…)ytravaillent.Deuxobjectifs
sont poursuivis à travers le dévelop-
pement des ressources humaines.
Motiver et garder les cadres de ces
structures et faire en sorte que ces
entreprises publiques et structures
d’appui (ANME) améliorent leur
productivité et leur rendement et
puissent procurer de nouvelles res-
sources financières à l’Etat.
u Votre dernier message aux
Tunisiens ?
Mon principal message concerne
lesindicateursdesminesetdel’éner-
gie. Ces indicateurs sont en train de
s’améliorer et nous sommes en train
de travailler pour qu’ils s’améliorent
davantage et de manière significa-
tive. Les investissements dans ces
secteurs seront importants. Le plus
importantestqu’onn’empêcheplusla
productionetqu’onnepoussepasles
investisseursàfuirlepays.Toutpeut
se résoudre par le dialogue. Car tout
posted’emploiperduenTunisiemigre
vers un autre site. Les jeunes qui ont
des diplômes vont s’en priver. Notre
mission est de faciliter la création
d’emplois.Lasociétéciviledoitaider
àcequelalibertéd’entreprendresoit
assurée et respectée ƒ
Interview réalisée par
HédiMechri etKhémaiesKrimi
Mon principal
message concerne
les indicateurs des
mines et de l’énergie.
Ces indicateurs sont en
train de s’améliorer et
nous sommes en train
de travailler pour qu’ils
s’améliorent davantage et
de manière significative.
Les investissements dans
ces secteurs seront
importants.
32 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
L’ARP aux larges pouvoirs, le Groupe chimique à la traîne, Petrofac réceptacle de tous lec chocs sociaux du secteur pétrolier,
le tourisme victime de ses propres déboires autant que du terrorisme et les exportations aux moteurs en panne quand ils ne
sont pas à l’arrêt définitif pèseront de tout leur poids sur la sort de la croissance en 2017.
33Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
Par Faouzi Snoussi
L
es six années écoulées n’ont
fait qu’assombrir le paysage
politique, économique et
socialdanslepays,alorsque,
pour de multiples raisons, on aurait
pu mieux faire, surtout que les bases
d’un redémarrage existent, grâce à
un climat favorable, débarrassé des
contraintes passées.
Malheureusement, la classe poli-
tique, qui n’a pas suffisamment d’ex-
périence, s’est embourbée dans des
querelles de chapelle, qui ont fait
beaucoup plus de mal que de bien.
Résultat : le citoyen est désespéré et
ne croit plus à un avenir meilleur.
Chacun y a mis du sien pour que
la situation dégénère de plus en plus,
avecdesmouvementsdeprotestation,
le moins qu’on puisse dire, irrespon-
sables, l‘absence de communication
et d’initiatives de la part des gouver-
nementsquisesontsuccédé,d’autant
plusquelesproblèmesauxquelsilsont
dûfaceauquotidienlesontempêché
de réaliser les programmes, si pro-
grammes il y a bien sûr, pour faire
redémarrer l’économie.
Une année difficile, mais…
Les sans-emploi refusaient de
croire en l’impossibilité pour ces
gouvernements de leur fournir un
travail,maispourceuxquiavaientla
chanced’enavoirun,l’objectifétaitde
percevoir un salaire sans se fatiguer.
Côté enseignement, c’est pire. Les
écoliers ont été pris en otage, durant
près de trois ans, dans une querelle
entreleministèreetlessyndicatsqui
ne veulent rien lâcher, au point de
menacer de boycotter les examens
et de refuser de remettre les notes et
les moyennes de fin d’année.
L’année 2017 est celle que tous
les indicateurs annoncent comme
l’une des plus difficiles. C’est aux
Tunisiensd’œuvrerpourdémentirles
Cassandres et de montrer au monde
entier que la Tunisie est comme un
phénix qui renaît de ses cendres
Il est nécessaire de redonner de
l’espoiràunpeuplequiatropsouffert
etquiestdevenuagressifetdéfaitiste.
Celan’estpasarrivédepuisdesdécen-
nies, même lorsque le leader Habib
Bourguiba n’arrivait plus à gouver-
ner le pays. Il est nécessaire aussi de
raviver l’intérêt et la confiance des
investisseursquin’attendentquedes
signespositifspourrevenirenTunisie,
ce pays qui regorge de compétences.
Il ne faut pas s’arrêter à mi-chemin,
surtoutaprèslesuccèsqu’arencontré
la conférence « Tunisia 2020 ». Il faut
montrer à nos partenaires que tous
lespronosticspessimistesn’ontpour
objectif que de ternir l’image d’un
pays qui détient d’énormes atouts
pour redécoller de nouveau.
Trop de dossiers en suspens
Certes,ilestdouloureuxderemuer
le couteau dans la plaie, au risque
d’ouvrir la boîte de Pandore. Consé-
quencedecesdérapagesincontrôlés,
laTunisieestaujourd’huidosaumur.
Mais le réveil, même un peu tardif,
peutêtresalutaire,danslamesureoù
chacunymettradusien.Lessolutions
sont possibles et réalisables.
Le gouvernement de Youssef Cha-
hed a donné un regain de vigueur
à la politique économique du pays,
et la Conférence internationale sur
l’investissementetledéveloppement
économique«Tunisia2020»aravivé
elle aussi l’espoir de voir la Tunisie
redécoller et se repositionner sur la
scène internationale.
Ilestdoncurgentquelepayssorte
delacrise.Lessolutionssontpossibles
et les dossiers restés en suspens,
durant ces six ans, sont nombreux,
mais,avecdeseffortsetunconsensus,
tout peut être remis sur les rails.
L’important est de mobiliser
l’argent nécessaire pour réaliser les
projets économiques, sans oublier,
néanmoins, de neutraliser les nom-
breuxempêcheursdetournerenrond.
Il suffit, pour cela, de regarder les
plateauxdetélévisionsetlesdéclara-
tions intempestives et inconscientes
de certains politiciens de la dernière
heure, pour nous rendre compte que
beaucoup de personnes ne veulent
Degrandschantiers
pourredonnerdel’espoir2017
Gros plan
La nouvelle année commence
dans quelques jours et pourtant,
le bilan de celle écoulée ressemble,
à une virgule près, à celui des
précédentes, avec une accumula-
tion de problèmes et l’absence de
recherche de solutions radicales
permettant aux peu de
secteurs-clés de l’économie tuni-
sienne de reprendre leur élan
d’avant la révolution et, pourquoi
pas, mieux faire.
34 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
pas du bien pour ce pays et profitent
dudésordrequirègnepourjoueraux
héros. D’autres aussi se présentent
comme des experts, alors qu’ils ne
connaissent rien au domaine dont
ils parlent et leurs gesticulations,
au cours des débats, ne servent qu’à
cacher leur ignorance.
Phosphate : l’éternel problème
Lacriseduphosphatequiperdure,
malgré une dernière éclaircie, a été
catastrophique pour le pays. La pro-
ductiondephosphateaétélaisséeau
bon gré de quelques trouble-fêtes et
contestatairesexploitéspardetristes
personnages, dont le bien de tout un
peuple est le dernier souci.
LesrésultatsréalisésparlaCompa-
gnie des phosphates de Gafsa (CPG),
durant les sept premiers mois de
l’année, demeurent en dessous des
objectifsénoncés,atteignant2,1mil-
lionsdetonnes,soitunebaissede44%
parrapportauxestimationsprévues,
à savoir 3,8 millions de tonnes.
Ce résultat est, certes, meilleur
que celui de l’année dernière, mais
il est très loin de celui réalisé en
2010, où la production de phosphate
avait dépassé 4,5 millions de tonnes.
Cettebaisseestdueessentiellementà
l’interruptiondel’activité,àmaintes
reprises, au niveau des unités de
la CPG à Redeyef, Om Larayes et
Mdhilla, à cause, notamment, des
mouvements de protestation, du
blocage des routes et voies ferrées et
du manque de la matière première.
Lemoisdenovembreaétémeilleur,
avec une production de 500 mille
tonnes, mais voilà que les revendica-
tionsreprennentpourfairechuterde
nouveau la production.
Est-ce vraiment difficile de trou-
ver une solution à ce problème qui
envenimelaviedetoutunpaysetqui
est à l’origine d’un manque à gagner
consistant ?
Il semble que le manque de com-
munication soit à l’origine de ce
problème. Le raccommodage n’a
pas apporté les résultats escomptés,
notammentaveclacréationdesocié-
tés de l’environnement et du boise-
ment,etautres.Iln’afaitqu’augmen-
terlefardeaudescaissesdelaCPGet
du GCT (Groupe chimique tunisien),
certainespersonnespercevantmême
des salaires pour ne rien faire.
Le dossier de Petrofac
L’autre dossier à régler est celui de
la compagnie Petrofac. Les accords
établisn’ontrienapportédenouveau,
sauf un nouvel arrêt des activités, à
cause des protestations.
La compagnie pétrolière tuniso-
britannique opérant dans l’île de
Kerkennah, au large de Sfax, vient
d’informer le gouvernement de l’im-
possibilitédepoursuivresesactivités
en Tunisie, à cause du blocage des
routes menant au champ gazier de
Chergui, au sud-est de l’île, par des
diplômés chômeurs.
Un accord avait, pourtant, été
trouvé, en septembre dernier, avec
les protestataires, qui avait alors
permis la fin des sit-in (ils avaient
duré 9 mois), qui avaient paralysé
l’entreprise.
Petrofac,oùl’Etattunisiendétient
55%ducapitalàtraversl’ETAP(Entre-
prise tunisienne des activités pétro-
lières), assure 12,5% des besoins de
la Tunisie en gaz naturel, ainsi que
l’approvisionnement en électricité
de certains gouvernorats du sud
tunisien. Imaginons un peu quels
seront les résultats si cette compa-
gnie quitte la Tunisie et quel sera le
manque à gagner.
Le gouvernement aurait pu régler
définitivement ce problème, surtout
en mobilisant ceux qui travaillent
dans cette compagnie et qui vont
perdre leur gagne-pain, comme c’est
le cas pour d’autres régions, notam-
ment à Menzel Bourguiba, dans le
gouvernoratdeBizerte,oùlavieéco-
nomiqueestàl’arrêt,depuisledépart
de certaines entreprises privées.
Le casse-tête des entreprises
publiques en difficulté
Depuislarévolution,lesentreprises
publiques sont pratiquement toutes
dans le rouge, si bien qu’au lieu de
créerdesrichesses,ellespuisentdans
les caisses de l’Etat pour combler
leur déficit.
Si ces entreprises constituent,
actuellement, un fardeau, pourquoi
ne pas les privatiser et leur donner la
possibilité d’éviter ces saignements.
Entre-temps, des compétences
et des commis de l’Etat, accusés à
tort ou à raison de connivence avec
le régime de Ben Ali, attendent de
pouvoir travailler.
Le rêve est permis
Le désordre, la contrebande, la
corruption,lesmalversations,lafuite
fiscale et le terrorisme continuent
d’êtredesmenacespourl’économieet
pourlecitoyen.Maisl’annéequivient
estuneannéecharnièrequidécidera
del’avenirdupays.LaTunisieabesoin
de toutes ses forces et de toutes ses
compétences pour aller de l’avant. Il
a besoin, aussi, de la conjugaison de
tous les efforts et de l’apport de tous,
pour redynamiser son économie et
donner de lui l’image qui doit être
la sienne.
Lesdécideurspolitiquessedoivent
de tenir un discours vrai, juste et
courageux, même s’il ne plaît pas à
toutlemonde,afindemettretousles
acteursdelaviepubliquetunisienne
devantleursresponsabilités.Patrons,
syndicats, l’Etat lui-même doivent
repenser leurvisionetréinventerles
outils et leur méthode d’action. Ils
sont placés face à cette impérieuse
nécessité de réenchanter le pays car
le Tunisien a le droit de rêver d’un
avenir meilleur. Aux décideurs de ne
pas briser ce rêve ƒ
Gros plan
36 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
E
ncore une fois, la Tunisie fait la « Une » de la
pressemondiale.Nonpasparunexploitscien-
tifique,ouéconomique,ouculturel,maisparla
terreurqu’asemée,selonlapoliceallemande,un
ressortissanttunisiendansunmarchédeNoëlberlinois.
L’auteur présumé de ce nouveau massacre en Europe,
Anis Amri, 24 ans, alors qu’il était activement recher-
ché par toutes les polices européennes, a pu sortir de
l’Allemagne,traverserlaFranceetarriverenItalie,dans
unebanlieuedeMilan,oùilfutfinalementabattuparla
policeitalienneaprèsunéchangedetirs,emportantavec
lui tous ses secrets. Les autorités d’Allemagne fédérale
l’accusentd’êtreleconducteurducamion-bélierutilisé
dans l’attentat terroriste de Berlin le 19 décembre, qui
a fait 12 morts et des dizaines de blessés.
L’attentatperpétréparleterroristeprésuméAnisAmri
intervientcinqmoisaprèsl’attentatdeNicecommisle14
juilletdernier,parunautreterroristetunisien,Mohamed
Lahouaiej-Bouhlel,utilisantluiaussiuncamion-bélier.
Le bilan est lourd : 86 morts et des centaines de blessés.
Lesdeuxattentatsontétérevendiquésparl’organisation
terroriste Daech.
De par l’atrocité de leurs actes et leur médiatisation
àuneéchellemondiale,cesdeuxterroristes(àsupposer
que les accusations de la police allemande contre Anis
Amri soient fondées) ont contribué à eux seuls à ternir
beaucoup plus l’image de la Tunisie que les 3000 ou
4000 terroristes tunisiens actifs en Syrie, en Irak et en
Libye. Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a loué un camion
frigorifique avec lequel il a commis son massacre sur la
promenade des Anglais à Nice. Et le présumé terroriste
de Berlin a tué le chauffeur polonais avant de s’emparer
de son camion et foncer sur de paisibles citoyens berli-
nois qui préparaient leur fête annuelle en faisant leurs
achats dans le marché de Noël.
LamajoritédesTunisienssontsouslechoc.Toussou-
haitentdansleurforintérieurquelapoliceallemandese
trompeetqu’elledécouvreunautrecoupabled’uneautre
nationalité. Toutefois, la mort du terroriste présumé va
trèsprobablementmettreuntermeauxinvestigationset
aboutir au classement définitif du dossier du massacre
de Berlin.
Maintenant,venons-enàl’essentiel.Supposonsencore
unefoisqueleterroristeprésuméAnisAmrisoitlevéri-
table auteur du massacre de Berlin. Il est important de
souligner ici que ni lui, ni Mohamed Lahouaiej-Bouhlel
n’ont quitté la Tunisie en tant que terroristes, détermi-
nés à traverser la Méditerranée pour aller massacrer
des Européens. Celui-ci a émigré en France où il mena
une vie normale comme n’importe quel autre émigré,
avant d’être la proie des milieux intégristes implantés
en France.
Lahouaiej-Bouhlelneseraitjamaisdevenuterroriste,
si la France laïque n’avait pas été très peu regardante
et complaisante, pour ne pas dire complice, avec un
wahhabismehyperactifdanslesmilieuxémigrésarabes.
Par Hmida Ben Romdhane
MassacresdeNicele14juillet
etdeBerlinle19décembre
Chronique
La Tunisie et les Tunisiens ne
sont pas responsables de la
radicalisation et du basculement
dans le terrorisme des tueurs de Nice
et de Berlin et n’ont pas à en avoir
honte. La terreur qui sévit en Europe
aujourd’hui est le résultat logique et
naturel de l’hospitalité et de l’aide
multiforme, accordées à l’islam
politique et à ses représentants en
Grande-Bretagne, en France, en
Allemagne, en Belgique et dans
d’autres pays européens.
Qui sont les vrais responsables ?
38 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
La France laïque a permis que l’argent du pétrole soit
utilisé dans la construction de mosquées wahhabites,
oùsontenseignéslefanatismeetlahainedunon-musul-
man. La France laïque a permis et permet toujours à
ce que des imams ignares prennent possession de ces
mosquées et enseignent à des enfants de 5 et 6 ans que
«lebonDieutransformeencochonquiconqueécoutela
musique ». Comment, dès lors, ne pas faire assumer à la
Franceofficielleuneresponsabilitédanslafanatisation
etlaradicalisationdesjeunesémigrésdesbanlieuesdes
grandes villes françaises ?
Toutes les mises en garde envoyées de Tunis
tombaient alors dans l’oreille d’un sourd
Certes, depuis des décennies, la marginalisation et
le déracinement des jeunes émigrés engendraient des
problèmes de sécurité dans les banlieues françaises.
Mais sans l’offensive du wahhabisme et du jihadisme,
ces problèmes n’auraient jamais évolué en phénomène
terroriste.
Pour la plupart des citoyens français, le massacre de
Niceaétéperpétréparunterroristetunisien.Ilsignorent
ousemoquentdesavoirquelecoupableadébarquéchez
euxetavécudesannéesenjeunehommetrèsordinaire,
et que c’est en France qu’il a été endoctriné, fanatisé et
recrutéparl’hydreterroriste,grâceàlanégligenceoula
complaisance, pour ne pas dire la complicité, de l’Etat
laïque français.
Le cas du tueur ou du présumé tueur de Berlin n’est
pas très différent. Quand il traversa illégalement la
Méditerranéeendirectiondel’Italieenfévrier2011,Anis
Amrin’étaitpasterroriste,maisunjeunedélinquantqui
afaitdelaprisonpourquelquesdélitsdedroitcommun.
En Italie, il a écopé de trois ans de prison pour avoir
incendié un campement de réfugiés. A sa libération, il
s’arrangea pour passer en Allemagne, où il déposa une
demande de réfugié.
Toujoursdélinquant,AnisAmrifutbrièvementempri-
sonnépourunebagarredansunbar,avantsarencontre
avecun«imam»irakienportantlepseudonymed’Abou
AlWala,quil’endoctrinaetletransformadedélinquant
en terroriste.
Pour la plupart des citoyens allemands, le massacre
de Berlin a été perpétré par un terroriste tunisien. Ils
ignorent ou se moquent de savoir que le coupable a
débarquéchezeuxendélinquant,etc’estenAllemagne
qu’il a été endoctriné, fanatisé et recruté par l’hydre
terroriste.
Les autorités allemandes assument la même res-
ponsabilité que les autorités françaises. Car, rien qu’à
Berlin, 18 mosquées étaient utilisées au vu et au su de
tous dans la diffusion du discours radical, et surtout
danslerecrutementpourlejihadenSyriepour«20.000
euros pour chaque jihadiste de nationalité allemande
recruté ». Le dernier chiffre parle de « 682 jihadistes
recrutés en Allemagne ». On ne peut pas dire que tout
cela a été fait, alors que les services de renseignements
allemands ne sont au courant de rien. Non, ceux-ci
sont connus pour être parmi les meilleurs services de
renseignements du monde, par conséquent, ils doivent
avoir tous les renseignements sur ceux qui financent,
ceux qui recrutent et ceux qui sont recrutés.
La responsabilité des autorités allemandes se situe
également à un autre niveau. Elles disposent de tout un
dossier sur Anis Amri, elles savent qu’il constitue un
danger pour l’ordre public et pourtant, elles n’ont rien
faitpourleneutraliser.C’estpourtenterd’échapperaux
critiques acerbes dont elles font l’objet de la part de la
presse et de l’opinion allemandes qu’elles ont rejeté la
responsabilitésurlaTunisie,«coupabled’avoirreconnu
tardivement » la nationalité tunisienne du tueur pré-
sumé de Berlin.
La Tunisie et les Tunisiens ne sont pas responsables
de la radicalisation et du basculement dans le terro-
risme des tueurs de Nice et de Berlin et n’ont pas à en
avoir honte. La terreur qui sévit en Europe aujourd’hui
est le résultat logique et naturel de l’hospitalité et de
l’aide multiforme, accordées à l’islam politique et à ses
représentants en Grande-Bretagne, en France, en Alle-
magne, en Belgique et dans d’autres pays européens.
Rappelons pour mémoire que, des décennies durant,
la Tunisie n’a cessé de mettre en garde ces pays sur le
danger que constitue l’islam radical pour leur sécurité
et pour la nôtre.
Toutes les mises en garde envoyées de Tunis tom-
baient alors dans l’oreille d’un sourd. Aujourd’hui,
rétrospectivement, ces mises en garde prennent toute
leur importance et leur pertinence. Si maintenant tout
lemondeestdanslepétrin,c’estparceque,entreautres
raisons, Londres, Paris, Berlin et Bruxelles ont ignoré
les mises en garde de la Tunisie.
On reste pantois face à l’obstination déconcertante
despaysoccidentauxànepasreconnaitreleurserreurs
catastrophiques. Pire, et comme si de rien n’était, les
Etats-Unis,laFranceetlaGrande-Bretagne,pourneciter
quecestroispays,nonseulementilssesoucientcomme
d’uneguignedesconséquencescatastrophiquesdeleurs
actions en Libye, mais ils cherchent désespérément les
moyens de sauver ce qui peut l’être d’une opposition
armée aux abois, celle-là même qui, pendant près de
six ans, a mis la Syrie à feu et à sang ƒ
Chronique
Analyse
40 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
La BCT adopte la voie
la plus risquée pour commencer
la libéralisation du capital
Finance
Abdelhay Chouikha
Consultant Financier
Accord Tunisie - FMI
L
edossierdesnégociationsdelaTunisieavecle
Fondsmonétaireinternational(FMI)dumois
de mai 2016 (dossier publié par les médias)
comprendunenotepréparéeparlesautorités
tunisiennesàl’intentionduFMI:«Mémorandumdes
politiqueséconomiquesetfinancières»,présentant
les points importants du programme économique
du pays pour les quatre prochaines années. Dans ce
programme, un point qui attire l’attention concerne
les mesures prises par la Banque centrale de Tunisie
(BCT)pourentamerla«libre mobilitéducapital».Ces
mesures incluent :
-«Lasuppressionduplafonnement delasous-
criptiondesétrangers auxtitresd’empruntémis
par l’Etat ou par les sociétés résidentes.
- Un déplafonnement total des emprunts exté-
rieurscontractésparlesétablissementsdecrédit
et les sociétés totalement exportatrices.
- Le relèvement du plafond concernant toutes
les autres entreprises ».
Cette approche - qui consiste à commencer la
libéralisation des flux de capitaux par l’ouverture du
marché des dettes aux flux de fonds - est considérée
parleséconomistesinternationauxcommetrèsrisquée
pour les pays en voie de développement, à cause de sa
grande volatilité.
Il est surprenant de voir le FMI soutenir une telle
approche.Eneffet,cemêmedossierdenégociationscom-
prendunenotepréparéeparleFMIexpliquantlademande
d’accord élargi de crédit FMI. Dans la partie intitulée
«ProgrammeappuyéparleFMI»,cedernierstipule:
-«LesservicesduFMIontnotéavecsatisfaction
les mesures prises pour réduire les contrôles ex-
ante sur les transactions courantes, supprimer
le plafond de la dette publique détenue par des
étrangers et octroyer des pouvoirs élargis aux
banques pour les transferts de devises ».
Cette position est très étonnante de la part du FMI,
car elle est en contradiction totale avec la démarche
que ce même FMI recommande dans son document
daté du 14 novembre 2012 concernant la « libéralisa-
tion et la gestion des flux de capitaux », où il indique
que « historiquement, les flux de dette ont été
plusvolatilesetrisquéspourlesystèmefinancier
que l’ont été les flux d’investissements directs
étrangers (IDE) et des portefeuilles d’actions »,
et où il conseille que la libéralisation soit faite après
des réformes profondes du système financier et par
étapes, dont la toute dernière est celle des flux de
capitaux à court terme.
Donc, la décision de la BCT ainsi que l’appui du
FMI à cette décision sont surprenants et même cho-
quants ; ils ne tiennent pas compte des leçons que les
économistes du monde ont tirées des dernières crises
financières internationale (2008-2009) et du sud-est
asiatique (1997-1998).
Commençonsparvoircequeleséconomistesinter-
nationauxtirentcommeleçonssurcettelibéralisation
pour les pays en voie de développement.
Libéralisation totale des flux de capitaux :
est-elle bénéfique ?
La libéralisationtotaledesfluxdecapitauxdansles
pays en voie de développement est basée sur un choix
idéologique et politique, plutôt que sur un fondement
économique.LeFMI,quiatoujoursoptépourlathéo-
rieéconomiquenéo-classique,asouventpousséles
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701
L'Economiste Maghrébin n°701

Contenu connexe

Similaire à L'Economiste Maghrébin n°701

Al Qotb France -Bulletin n°3 - mars2013
Al Qotb France -Bulletin n°3 - mars2013Al Qotb France -Bulletin n°3 - mars2013
Al Qotb France -Bulletin n°3 - mars2013AL QOTB Tunisie
 
La croissance, une impasse écologique
La croissance, une impasse écologiqueLa croissance, une impasse écologique
La croissance, une impasse écologiqueEcosysmis
 
LE PARTI FUSION DES SOCIAUX-DÉMOCRATES HAÏTIENS (PFSDH) FAIT SA RENTRÉE POLIT...
LE PARTI FUSION DES SOCIAUX-DÉMOCRATES HAÏTIENS (PFSDH) FAIT SA RENTRÉE POLIT...LE PARTI FUSION DES SOCIAUX-DÉMOCRATES HAÏTIENS (PFSDH) FAIT SA RENTRÉE POLIT...
LE PARTI FUSION DES SOCIAUX-DÉMOCRATES HAÏTIENS (PFSDH) FAIT SA RENTRÉE POLIT...Stanleylucas
 
Le 4 pages fédéral
Le 4 pages fédéralLe 4 pages fédéral
Le 4 pages fédéralAGPG14
 
Texte le foll ps 92
Texte le foll ps 92Texte le foll ps 92
Texte le foll ps 92Brunschvicg
 
Message du chef de l’etat à la nation à l’occasion de la fin d’année 2013 et ...
Message du chef de l’etat à la nation à l’occasion de la fin d’année 2013 et ...Message du chef de l’etat à la nation à l’occasion de la fin d’année 2013 et ...
Message du chef de l’etat à la nation à l’occasion de la fin d’année 2013 et ...Paul Biya
 
Paul Biya - Cameroun - Message du Chef de l’Etat à la Nation à l’occasion de ...
Paul Biya - Cameroun - Message du Chef de l’Etat à la Nation à l’occasion de ...Paul Biya - Cameroun - Message du Chef de l’Etat à la Nation à l’occasion de ...
Paul Biya - Cameroun - Message du Chef de l’Etat à la Nation à l’occasion de ...Paul Biya
 
Cahier de tendances 2016
Cahier de tendances 2016Cahier de tendances 2016
Cahier de tendances 2016Backstory
 
TrendOBS 2023 : À la reconquête du temps perdu
TrendOBS 2023 : À la reconquête du temps perdu TrendOBS 2023 : À la reconquête du temps perdu
TrendOBS 2023 : À la reconquête du temps perdu Ipsos France
 
Présentation de "2017 : Le Réveil Citoyen"
Présentation de "2017 : Le Réveil Citoyen"Présentation de "2017 : Le Réveil Citoyen"
Présentation de "2017 : Le Réveil Citoyen"Robert BRANCHE
 
La voix du centre 467
La voix du centre 467La voix du centre 467
La voix du centre 467Htogui
 
2017: sous le pessimisme ambiant, l’espoir d’un sursaut - Baro éco Viavoice, ...
2017: sous le pessimisme ambiant, l’espoir d’un sursaut - Baro éco Viavoice, ...2017: sous le pessimisme ambiant, l’espoir d’un sursaut - Baro éco Viavoice, ...
2017: sous le pessimisme ambiant, l’espoir d’un sursaut - Baro éco Viavoice, ...HEC Paris
 
MARKET_121-Antoine PRAZ
MARKET_121-Antoine PRAZMARKET_121-Antoine PRAZ
MARKET_121-Antoine PRAZAntoine Praz
 
Les previsions choc_de_saxo_bank_pour_l_annee_2016
Les previsions choc_de_saxo_bank_pour_l_annee_2016Les previsions choc_de_saxo_bank_pour_l_annee_2016
Les previsions choc_de_saxo_bank_pour_l_annee_2016Georges Laederich
 
Market 119 Novembre 2014 Chronique Antoine PRAZ
Market 119 Novembre 2014 Chronique Antoine PRAZMarket 119 Novembre 2014 Chronique Antoine PRAZ
Market 119 Novembre 2014 Chronique Antoine PRAZAntoine Praz
 
Interview De Julien Pouget Du 15 Septembre 2009 Pour Doppelganger
Interview De Julien Pouget Du 15 Septembre 2009 Pour DoppelgangerInterview De Julien Pouget Du 15 Septembre 2009 Pour Doppelganger
Interview De Julien Pouget Du 15 Septembre 2009 Pour DoppelgangerJulien Pouget & Associés
 
Baromètre des décideurs Viavoice, HEC Paris, Le Figaro, BFM Business - Janvie...
Baromètre des décideurs Viavoice, HEC Paris, Le Figaro, BFM Business - Janvie...Baromètre des décideurs Viavoice, HEC Paris, Le Figaro, BFM Business - Janvie...
Baromètre des décideurs Viavoice, HEC Paris, Le Figaro, BFM Business - Janvie...HEC Paris
 
Grande consultation des entrepreneurs - Bilan 2015
Grande consultation des entrepreneurs - Bilan 2015Grande consultation des entrepreneurs - Bilan 2015
Grande consultation des entrepreneurs - Bilan 2015CCI France
 

Similaire à L'Economiste Maghrébin n°701 (20)

Al Qotb France -Bulletin n°3 - mars2013
Al Qotb France -Bulletin n°3 - mars2013Al Qotb France -Bulletin n°3 - mars2013
Al Qotb France -Bulletin n°3 - mars2013
 
La croissance, une impasse écologique
La croissance, une impasse écologiqueLa croissance, une impasse écologique
La croissance, une impasse écologique
 
LE PARTI FUSION DES SOCIAUX-DÉMOCRATES HAÏTIENS (PFSDH) FAIT SA RENTRÉE POLIT...
LE PARTI FUSION DES SOCIAUX-DÉMOCRATES HAÏTIENS (PFSDH) FAIT SA RENTRÉE POLIT...LE PARTI FUSION DES SOCIAUX-DÉMOCRATES HAÏTIENS (PFSDH) FAIT SA RENTRÉE POLIT...
LE PARTI FUSION DES SOCIAUX-DÉMOCRATES HAÏTIENS (PFSDH) FAIT SA RENTRÉE POLIT...
 
La cinquième erreur
La cinquième erreurLa cinquième erreur
La cinquième erreur
 
2012 Dette sur PIB : zone orange ou zone rouge
2012  Dette sur PIB : zone orange ou zone rouge2012  Dette sur PIB : zone orange ou zone rouge
2012 Dette sur PIB : zone orange ou zone rouge
 
Le 4 pages fédéral
Le 4 pages fédéralLe 4 pages fédéral
Le 4 pages fédéral
 
Texte le foll ps 92
Texte le foll ps 92Texte le foll ps 92
Texte le foll ps 92
 
Message du chef de l’etat à la nation à l’occasion de la fin d’année 2013 et ...
Message du chef de l’etat à la nation à l’occasion de la fin d’année 2013 et ...Message du chef de l’etat à la nation à l’occasion de la fin d’année 2013 et ...
Message du chef de l’etat à la nation à l’occasion de la fin d’année 2013 et ...
 
Paul Biya - Cameroun - Message du Chef de l’Etat à la Nation à l’occasion de ...
Paul Biya - Cameroun - Message du Chef de l’Etat à la Nation à l’occasion de ...Paul Biya - Cameroun - Message du Chef de l’Etat à la Nation à l’occasion de ...
Paul Biya - Cameroun - Message du Chef de l’Etat à la Nation à l’occasion de ...
 
Cahier de tendances 2016
Cahier de tendances 2016Cahier de tendances 2016
Cahier de tendances 2016
 
TrendOBS 2023 : À la reconquête du temps perdu
TrendOBS 2023 : À la reconquête du temps perdu TrendOBS 2023 : À la reconquête du temps perdu
TrendOBS 2023 : À la reconquête du temps perdu
 
Présentation de "2017 : Le Réveil Citoyen"
Présentation de "2017 : Le Réveil Citoyen"Présentation de "2017 : Le Réveil Citoyen"
Présentation de "2017 : Le Réveil Citoyen"
 
La voix du centre 467
La voix du centre 467La voix du centre 467
La voix du centre 467
 
2017: sous le pessimisme ambiant, l’espoir d’un sursaut - Baro éco Viavoice, ...
2017: sous le pessimisme ambiant, l’espoir d’un sursaut - Baro éco Viavoice, ...2017: sous le pessimisme ambiant, l’espoir d’un sursaut - Baro éco Viavoice, ...
2017: sous le pessimisme ambiant, l’espoir d’un sursaut - Baro éco Viavoice, ...
 
MARKET_121-Antoine PRAZ
MARKET_121-Antoine PRAZMARKET_121-Antoine PRAZ
MARKET_121-Antoine PRAZ
 
Les previsions choc_de_saxo_bank_pour_l_annee_2016
Les previsions choc_de_saxo_bank_pour_l_annee_2016Les previsions choc_de_saxo_bank_pour_l_annee_2016
Les previsions choc_de_saxo_bank_pour_l_annee_2016
 
Market 119 Novembre 2014 Chronique Antoine PRAZ
Market 119 Novembre 2014 Chronique Antoine PRAZMarket 119 Novembre 2014 Chronique Antoine PRAZ
Market 119 Novembre 2014 Chronique Antoine PRAZ
 
Interview De Julien Pouget Du 15 Septembre 2009 Pour Doppelganger
Interview De Julien Pouget Du 15 Septembre 2009 Pour DoppelgangerInterview De Julien Pouget Du 15 Septembre 2009 Pour Doppelganger
Interview De Julien Pouget Du 15 Septembre 2009 Pour Doppelganger
 
Baromètre des décideurs Viavoice, HEC Paris, Le Figaro, BFM Business - Janvie...
Baromètre des décideurs Viavoice, HEC Paris, Le Figaro, BFM Business - Janvie...Baromètre des décideurs Viavoice, HEC Paris, Le Figaro, BFM Business - Janvie...
Baromètre des décideurs Viavoice, HEC Paris, Le Figaro, BFM Business - Janvie...
 
Grande consultation des entrepreneurs - Bilan 2015
Grande consultation des entrepreneurs - Bilan 2015Grande consultation des entrepreneurs - Bilan 2015
Grande consultation des entrepreneurs - Bilan 2015
 

Plus de L'Economiste Maghrébin

Maroc : Liste des produits soumis au controle 2020
Maroc : Liste des produits soumis au controle 2020Maroc : Liste des produits soumis au controle 2020
Maroc : Liste des produits soumis au controle 2020L'Economiste Maghrébin
 
Circulaire aux banques n°2020-14 du 18 Juin 2020 - en Arabe
Circulaire aux banques n°2020-14 du 18 Juin 2020 - en ArabeCirculaire aux banques n°2020-14 du 18 Juin 2020 - en Arabe
Circulaire aux banques n°2020-14 du 18 Juin 2020 - en ArabeL'Economiste Maghrébin
 
Economie tunisienne et Covid-19 : Osons une relance transformative
Economie tunisienne et Covid-19 : Osons une relance transformativeEconomie tunisienne et Covid-19 : Osons une relance transformative
Economie tunisienne et Covid-19 : Osons une relance transformativeL'Economiste Maghrébin
 
Quel traitement des dengagements bancaires en phse du covid 19
Quel traitement des dengagements bancaires en phse du covid 19Quel traitement des dengagements bancaires en phse du covid 19
Quel traitement des dengagements bancaires en phse du covid 19L'Economiste Maghrébin
 
[ DOCUMENT ] : Protocole sanitaire pour le tourisme tunisien anti Covid-19
[ DOCUMENT ] : Protocole sanitaire pour le tourisme tunisien anti Covid-19[ DOCUMENT ] : Protocole sanitaire pour le tourisme tunisien anti Covid-19
[ DOCUMENT ] : Protocole sanitaire pour le tourisme tunisien anti Covid-19L'Economiste Maghrébin
 
L'économie au coeur du confinement ciblé
L'économie au coeur du confinement cibléL'économie au coeur du confinement ciblé
L'économie au coeur du confinement cibléL'Economiste Maghrébin
 
Situation des entreprises et des établissements publics
Situation des entreprises et des établissements publicsSituation des entreprises et des établissements publics
Situation des entreprises et des établissements publicsL'Economiste Maghrébin
 
Lettre destinée au Chef du Gouvernement sur la gestion de la crise actuelle.
Lettre destinée au Chef du Gouvernement sur la gestion de la crise actuelle.Lettre destinée au Chef du Gouvernement sur la gestion de la crise actuelle.
Lettre destinée au Chef du Gouvernement sur la gestion de la crise actuelle.L'Economiste Maghrébin
 
Principaux produits importés par la Tunisie en 2019
Principaux produits importés par la Tunisie en 2019 Principaux produits importés par la Tunisie en 2019
Principaux produits importés par la Tunisie en 2019 L'Economiste Maghrébin
 
Indicateurs clés de l’agriculture tunisienne en 2019
Indicateurs clés de l’agriculture tunisienne en 2019 Indicateurs clés de l’agriculture tunisienne en 2019
Indicateurs clés de l’agriculture tunisienne en 2019 L'Economiste Maghrébin
 
Guide de l'exportation de l'huile d'olive
Guide de l'exportation de l'huile d'oliveGuide de l'exportation de l'huile d'olive
Guide de l'exportation de l'huile d'oliveL'Economiste Maghrébin
 
Utilisation des TIC par les entreprises tunisiennes
Utilisation des TIC par les entreprises tunisiennesUtilisation des TIC par les entreprises tunisiennes
Utilisation des TIC par les entreprises tunisiennesL'Economiste Maghrébin
 
IACE: Rapport national sur l'emploi 2019
IACE: Rapport national sur l'emploi 2019IACE: Rapport national sur l'emploi 2019
IACE: Rapport national sur l'emploi 2019L'Economiste Maghrébin
 
LIVRE BLEU : sauver l’économie pour réussir la transition démocratique
LIVRE BLEU : sauver l’économie pour réussir la transition démocratiqueLIVRE BLEU : sauver l’économie pour réussir la transition démocratique
LIVRE BLEU : sauver l’économie pour réussir la transition démocratiqueL'Economiste Maghrébin
 
Rapport annuel de la BCT pour l’année 2018
Rapport annuel de la BCT pour l’année 2018Rapport annuel de la BCT pour l’année 2018
Rapport annuel de la BCT pour l’année 2018L'Economiste Maghrébin
 
AVIS D’APPEL A MANIFESTATION D’INTERET - Cession de la société Alpha Ford
AVIS D’APPEL A MANIFESTATION D’INTERET - Cession de la société Alpha FordAVIS D’APPEL A MANIFESTATION D’INTERET - Cession de la société Alpha Ford
AVIS D’APPEL A MANIFESTATION D’INTERET - Cession de la société Alpha FordL'Economiste Maghrébin
 

Plus de L'Economiste Maghrébin (20)

Maroc : Liste des produits soumis au controle 2020
Maroc : Liste des produits soumis au controle 2020Maroc : Liste des produits soumis au controle 2020
Maroc : Liste des produits soumis au controle 2020
 
Texte intégral de la loi ESS
Texte intégral de la loi ESSTexte intégral de la loi ESS
Texte intégral de la loi ESS
 
Circulaire aux banques n°2020-14 du 18 Juin 2020 - en Arabe
Circulaire aux banques n°2020-14 du 18 Juin 2020 - en ArabeCirculaire aux banques n°2020-14 du 18 Juin 2020 - en Arabe
Circulaire aux banques n°2020-14 du 18 Juin 2020 - en Arabe
 
Economie tunisienne et Covid-19 : Osons une relance transformative
Economie tunisienne et Covid-19 : Osons une relance transformativeEconomie tunisienne et Covid-19 : Osons une relance transformative
Economie tunisienne et Covid-19 : Osons une relance transformative
 
Quel traitement des dengagements bancaires en phse du covid 19
Quel traitement des dengagements bancaires en phse du covid 19Quel traitement des dengagements bancaires en phse du covid 19
Quel traitement des dengagements bancaires en phse du covid 19
 
[ DOCUMENT ] : Protocole sanitaire pour le tourisme tunisien anti Covid-19
[ DOCUMENT ] : Protocole sanitaire pour le tourisme tunisien anti Covid-19[ DOCUMENT ] : Protocole sanitaire pour le tourisme tunisien anti Covid-19
[ DOCUMENT ] : Protocole sanitaire pour le tourisme tunisien anti Covid-19
 
L'économie au coeur du confinement ciblé
L'économie au coeur du confinement cibléL'économie au coeur du confinement ciblé
L'économie au coeur du confinement ciblé
 
Situation des entreprises et des établissements publics
Situation des entreprises et des établissements publicsSituation des entreprises et des établissements publics
Situation des entreprises et des établissements publics
 
Lettre destinée au Chef du Gouvernement sur la gestion de la crise actuelle.
Lettre destinée au Chef du Gouvernement sur la gestion de la crise actuelle.Lettre destinée au Chef du Gouvernement sur la gestion de la crise actuelle.
Lettre destinée au Chef du Gouvernement sur la gestion de la crise actuelle.
 
Cir 2020 06_ar
Cir 2020 06_arCir 2020 06_ar
Cir 2020 06_ar
 
Principaux produits importés par la Tunisie en 2019
Principaux produits importés par la Tunisie en 2019 Principaux produits importés par la Tunisie en 2019
Principaux produits importés par la Tunisie en 2019
 
Indicateurs clés de l’agriculture tunisienne en 2019
Indicateurs clés de l’agriculture tunisienne en 2019 Indicateurs clés de l’agriculture tunisienne en 2019
Indicateurs clés de l’agriculture tunisienne en 2019
 
Guide de l'exportation de l'huile d'olive
Guide de l'exportation de l'huile d'oliveGuide de l'exportation de l'huile d'olive
Guide de l'exportation de l'huile d'olive
 
Utilisation des TIC par les entreprises tunisiennes
Utilisation des TIC par les entreprises tunisiennesUtilisation des TIC par les entreprises tunisiennes
Utilisation des TIC par les entreprises tunisiennes
 
Projet de la loi de finances plf 2020
Projet de la loi de finances plf 2020Projet de la loi de finances plf 2020
Projet de la loi de finances plf 2020
 
IACE: Rapport national sur l'emploi 2019
IACE: Rapport national sur l'emploi 2019IACE: Rapport national sur l'emploi 2019
IACE: Rapport national sur l'emploi 2019
 
LIVRE BLEU : sauver l’économie pour réussir la transition démocratique
LIVRE BLEU : sauver l’économie pour réussir la transition démocratiqueLIVRE BLEU : sauver l’économie pour réussir la transition démocratique
LIVRE BLEU : sauver l’économie pour réussir la transition démocratique
 
La iste des bureaux de change
La iste des bureaux de change La iste des bureaux de change
La iste des bureaux de change
 
Rapport annuel de la BCT pour l’année 2018
Rapport annuel de la BCT pour l’année 2018Rapport annuel de la BCT pour l’année 2018
Rapport annuel de la BCT pour l’année 2018
 
AVIS D’APPEL A MANIFESTATION D’INTERET - Cession de la société Alpha Ford
AVIS D’APPEL A MANIFESTATION D’INTERET - Cession de la société Alpha FordAVIS D’APPEL A MANIFESTATION D’INTERET - Cession de la société Alpha Ford
AVIS D’APPEL A MANIFESTATION D’INTERET - Cession de la société Alpha Ford
 

L'Economiste Maghrébin n°701

  • 1. 3Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I U neannées’achève,uneautrepointeàl’horizon, avec pour perspective les mêmes doutes, les mêmesinterrogationsetcetespoirlongtemps contrarié et déçu. 2016 aura été, comme celles qui l’ont précédée, une année perdue. La croissance ne décolle pas. Le PIB reste scotché sur la ligne de départ. Très peu de richesses créées, comparées à la masse des salaires et à la déferlante des importations. Le pays pro- duit peu et dépense en frais de consommation plus qu’il ne se dépense, et n’est jamais rassasié. Tout et tout de suite, au mépris de nos habitudes ancestrales d’épargne etd’abstinence.Lesinvestissementsd’avenir,entendezles générations futures, attendront, si tant est qu’un sursaut reste encore possible. Peu d’avancées économiques en 2016. Et une dérive financièreetsociale,porteusederéellesmenaces.L’inves- tissement est en rade, l’emploi à la diète. La valse des prix n’en finit pas d’inquiéter. Les déficits s’accumulent, la corruption étend ses tentacules et se répand comme une traînéedepoudre.Ladetteexploseetsonremboursement pose déjà problème. Nous avons échappé de peu à la dou- loureuse épreuve du rééchelonnement en 2016, mais il y a peu de chances que l’on puisse rééditer cet exploit en 2017.Nonqu’ilfailleyvoirunequelconquehumiliationou atteinte à notre dignité de renégocier un nouvel échéan- cier de remboursement de la dette, mais ce « reprofilage » sonne, malgré tout, comme un aveu d’échec. D’autant que le pays a toujours, quoi qu’il lui en coûte, honoré ses engagements et payé rubis sur l’ongle. Notre signature n’avait souffert d’aucune égratignure, même quand les caisses de l’Etat étaient à leur plus bas niveau. 2016 ou l’an II de la 2ème République … Que de désil- lusions ! L’apprentissage de la démocratie s’est avéré plus complexe,pluslaborieuxqu’onl’imaginait.Lamarchevers lamaturitépolitiquearavivédesquerellesetdestensions en tout genre, sans doute à cause d’une confusion des pouvoirs et d’un problématique jeu de rôles mal assumé. Endeuxans,lanouvelleConstitutionarévélésespropres limitesetsonincompatibilitéavecnotreADNnational.Ni régimeparlementaire,nisystèmeprésidentiel!Unentre- deux qui ouvre la voie à une forme d’immobilisme. Et peut-êtreaussiàunindéniablefaisceaudemalentendus. Le départ du gouvernement Habib Essid, dans les conditions que l’on sait, souleva plus de questions qu’il n’apporta de vraies réponses, même si cela n’enlève rien au mérite de l’équipe de Youssef Chahed. Il ne sera pas inscrit, loin s’en faut, en lettres d’or dans le registre de la 2ème République. Paradoxalement, le paysage politique sort plus divisé, plus disloqué qu’il ne l’était avant la formationdugouvernementd’Unionnationale.Lesrallie- ments, quasimententrompe-l’œil,despartisaunouveau gouvernementlesexposentàdescourantsd’airravageurs. Leslignesdefracturepassentdésormaisàl’intérieurdes partis signataires du Pacte de Carthage, menacés dans leur totalité d’implosion. L’émiettement, l’atomisation, l’éclatement de partis et de formations politiques, déjà à l’œuvre au lendemain desélections,s’accélèrentets’intensifient.Ladémocratie semble de nouveau fragilisée, menacée comme au lende- maindelarévolution,enl’absenced’uneoppositionforte et crédible pour éviter toute dérive anti-démocratique. Nidaa Tounes part en lambeaux, Afek voit son horizon se rétrécir, l’UPL, un parti à géométrie variable, disait-on, n’est visible que par les apparitions médiatiques de son chef.MoncefMarzoukietlessiensn’enontcure.LeFront Populairecampesursespositionsetincarne,aveclavéhé- mencequ’onluiconnaît,l’oppositionpureetdureausein del’ARPetaubesoin,ens’autorisantquelquesincursions danslarue.Enface, Ennahdhadominelascènepolitique quand elle ne mène pas le jeu. Elle présente, en dépit de sespropresquerellesdechapelle,unfrontuniinaltérable. Elle évolue au gré du vent et de la géopolitique, change de discours,maisjamaisdedirection.Elleavanceetavise,« surveille » de près partenaires de circonstance et adver- saires de toujours. Elle a réussi à se placer au centre de l’échiquier politique national. Les partis se définissent, pourexister,avecoucontreEnnahdha.MachrouTounes, le dernier-né des partis, en est l’illustration. Il cherche à fédérer autour de lui un front républicain. Manière de recourir à une croissance externe pour contourner les limites d’une croissance interne, forcément lente, quand Editorial Hédi Mechri Vœux Il ne suffit pas de le dire, il faut oser briser le plafond de verre qui inhibe la liberté d’entreprendre. Si on y arrive, 2017 sera alors l’année d’un nouveau départ pour une longue période de croissance inclusive. Une chose est sûre, elle sera pour nous l’année de tous les espoirs.
  • 2. Editorial il faut au plus vite atteindre une masse critique politique pour pouvoir peser dans la compétition électorale. L’idée peutparaîtreséduisante,saufqu’ilyapeudecasderéussite d’OPApolitique,mêmesouscouvertderassemblementou de front. Réussira-t-il à résorber le gap, à rééquilibrer le paysagepolitiqueavecl’émergenced’unetroisièmeforce pour incarner une troisième voie qui occuperait l’espace qui sépare Ennahdha du Front Populaire ? En attendant, d’autres nouveaux partis en gestation se préparent à entrer dans la course. Mondher Znaidi et Mehdi Jomaa sont déjà dans les starting-blocks. Le constat s’impose de lui-même. En 2016, la politique fait encore des siennes et jette de nouveau un voile sur l’ultime effort de redressement économique. Sauf que la fracturepolitiquen’ajamaisétéaussiprofonde.Lespartis vainqueurs des élections se fissurent et se décomposent. Avecpourtoiledefond,unmouvementderecomposition, préludepeut-êtreàunbig-bangpolitique.Iltrouverapeut- être son épilogue en 2017. Avec l’espoir qu’il contribue au redressement de l’économie. P rèsdesixansaprèslarévolution,l’enjeupolitique reste au centre des préoccupations nationales, tant il est primordial. Le pays est certes assailli pardesproblèmeséconomiques:reculdel’inves- tissement, de la production, de la productivité, aggrava- tion des déficits, du chômage, de la dette, persistance de l’inflation,absencedechoixclairs,assumésetpleinement aboutis,etdoncdevéritablesperspectives.Maislasolution à ces problèmes reste d’ordre et d’essence politique. Elle est portée par les dirigeants politiques dans l’exercice de leurs fonctions. Rien ne dit que les signataires du Pacte de Carthage aient à cœur la réussite du gouvernement Chahed. Il y a même tout lieu de penser que les partis de la coalition ont en permanence un œil sur leur cote de popularité pour ne pas se laisser entraîner, par solidarité gouvernementale,danslechampdeminesdesnécessaires et inévitables réformes structurelles. Les discussions qui ont émaillé la présentation de la loi de finances 2017 sont un simple avant-goût de leur attitude à l’approche des élections municipales et législatives, qui sont dans tous les esprits. 2016auraétéuneannéeperduepourl’économie,mais pas une année pour rien. Car elle aura servi à tirer un certainnombred’enseignementsd’importancemajeure. Onsaitdésormaisàquelpointnosconcitoyenssontrétifs, hostiles à toute forme de réforme qui remette en cause leursprivilègesetleursdroitsacquis.Maispouravoirosé secouer le cocotier et défier les corps intermédiaires qui se complaisaient dans leur zone de confort, le gouverne- ment,mêmes’iln’apasengrangésurlecouplesbénéfices escomptés,auraréussiàlézarderl’édifice.Demain,ilsera beaucoup plus facile de s’attaquer avec méthode et péda- gogie à ces citadelles, d’ouvrir avec succès les véritables chantiers de la réforme et des révisions déchirantes. L’année2016auraété,aussietsurtout,celleduretourde laTunisieau-devantdelascèneinternationale,aprèsune si longue éclipse. La Tunisie est de retour dans l’univers desbailleursdefondsetdesinvestisseursétrangers.Deux joursdurant,finnovembre,toutaulongdelaConférence internationalesurl’investissement,baptiséefortàpropos « Tunisia 2020 », le pays est réapparu avec éclat sur les radarsdesétats-majorsdesprincipalespuissancesfinan- cièresetdesmultinationalesdansl’industrieetailleurs.Il a réussi à s’attirer leur sympathie et leur soutien au-delà de ce qu’il pouvait espérer. Pari réussi, puisqu’il a fait monterdeplusieurscranssoncapital-confiance.Chiffres à l’appui, les promesses et les engagements d’investisse- ment et de financement sont à la hauteur de nos besoins pour les cinq années à venir. Cet engagement, s’il venait à être réalisé, renflouerait lescaissesdel’Etatetimpulseraitunenouvelledynamique de développement dans les régions. De quoi inverser au plus vite la courbe du chômage, atténuer le déséquilibre territorial et donner une réelle perspective aux jeunes et moins jeunes. Ce qui signifie, en clair, qu’il y a comme une nécessité de gagner la deuxième manche, celle de la crédibilité auprès de nos partenaires étrangers. T ransformer l’essai en 2017. Nous ne saurions formulerunbienmeilleurvœu pournous,pour le pays et pour ces jeunes sans emploi. L’année 2016 n’est pas, à vrai dire, différente de celle qui l’a précédée. Mais 2017 pourra être bien meilleure, si l’on retrouve pour de bon les chemins vertueux du travail, de l’effort, de la discipline, de l’innovation, de la qualité, du calme, de la sérénité et du respect de la loi républicaine. Nousn’avonsd’autrechoixquedenousimposercesrègles de survie dans le monde qui est le nôtre… En 2016, nous avons frôlé la faillite. Il suffit de se dire, plus jamais cela, pour que tout devienne possible. La relance de l’économie tient à si peu de choses, au regard de notre potentiel de développement, de notre désir d’entreprendre et de l’engagement financier de nos partenaires. A charge pour les syndicats et l’Etat de ne pas se mettre au travers de l’investissement. Il ne suffit pas de le dire, il faut oser briser le plafond de verre qui inhibe la liberté d’entreprendre. Si on y arrive, 2017 sera alorsl’annéed’unnouveaudépartpourunelonguepériode de croissance inclusive. Une chose est sûre, elle sera pour nous l’année de tous les espoirs. Bonne et heureuse année ƒ 4 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I
  • 3.
  • 4. Editorial 3 Vœux C.C.P. : 0003527117001000000023925432 Promédia C.C.B. : UIB agence U.S.A. 12102000300000488930 Tél. : 71 841 442 / 71 790 773 Fax : 71 791 427 / 71 793 707 3, Rue El Kewekibi, 1002 Tunis Belvédère E-mail : leconomiste_tn@yahoo.fr Directeur de la Publication Rédacteur en chef Hédi Mechri Secrétaire de rédaction Bouraouia Mlika Rédaction Fawzi Snoussi Mohamed Ali Ben Rejeb Mohsen Tiss Imen Zine Hamza Marzouk Chroniqueurs Moez Laabidi Ezzeddine Ben Hamida Khalifa Chater Mohamed Gontara Yassine Essid Khalil Zamiti Grands reporters Jalel Damergi Abdelwaheb Klila Marketing Basma Bahri Infographistes Houneida El Alaoui Etudes Amira Hedhli Agents Techniques Houcine Chihi, Issam Béji, Badreddine Zaïri Impression DELTA Impression Tel. : 71 409 500 contact@deltaimpression.com.tn 6 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I L’entretien 20 HélaCheikhrouhou,ministredesMines,del’Energieetdes Energiesrenouvelables « Le plus important est qu’on n’empêche plus la production et qu’on ne pousse pas les investisseurs à fuir le pays » Gros plan Société Analyse 32 32 40 Hydraulique 62 Degrandschantierspourredonnerdel’espoir2017 L’ARP aux larges pouvoirs, le Groupe chimiqueàlatraîne,Petrofacréceptacle de tous lec chocs sociaux du secteur pétrolier, le tourisme victime de ses propres déboires autant que du terro- risme et les exportations aux moteurs en panne quand ils ne sont pas à l’arrêt définitif pèseront de tout leur poids sur la sort de la croissance en 2017. «FollowtheLeaders» Libéralisation des énergies, décentralisation et travail en réseau pour gagner le pari Desexpertslèventlevoile Vision optimiste sur l’état des ressources en eau Finance La BCT adopte la voie la plus risquée pour commencer la libéralisation du capital Lepartagedelavaleurajoutée Au-delà des idées reçues Par Afif Hendaoui Par Abdelhay Chouikha
  • 5.
  • 6. U ne perméabilité aux violations de toutes sortes à vous donner des sueurs froides, une schizophrénie inhibitrice qui vos empêche d’entreprendre, une autorité qui s’effiloche chaque jour davantage, un honneur bafoué qui tente désespérément de se racheter, une forteresse assiégée qui ne veut pas tomber et qui fait de la résistance, déci- dément,ilnefaitpasbond’êtrecetteentitéquis’appelle Etat en ces temps de révolution où tout est permis. De quoi vous coller une de ces peurs ! La coupe est pleine et les nerfs sont à vif, c’est sûr. Halima au pays des mer- veilles, quelles merveilles ! Trois et trois font six et six et six font…j’espère que nous n’irons pas jusque-là pour… atteindre les objectifs de la révolution ! Mais que faire quand l’Etat est mou, parfois absent (l’affaire Petrofac est là pour nous le rappeler) et que son prestige n’est plus qu’un vague souvenir ? S’en remettre aux bonnes fées pour qu’il retrouve son lustre d’antan ? Il faudrait peut-être se pincer pour réaliser que ce sont bien les ignorants aux bras longs qui font en ce moment la pluie et le beau temps au pays de la confusion bruyante, des corvées à merci, des impostures et autres désillusions. Je n’irai pas jusqu’à dire que Mohamed Bouazizi est mort pour rien, mais ça y ressemble ou presque. On me rétorquera que la liberté chèrement acquise n’a pas de prix,jerépondrai:Attentionvigilance,caraupaysdela révolutiondelabrouette,commes’évertuentàl’appeler certains cyniques à la langue fourchue et bien pendue, toutpeutarriver.M.HoucineAbassi,lepuissantpatron d’uneUGTTplustriomphantequejamais,metengarde: Lacentralesyndicaleneselaisserapasfaire,silasituation dans le pays venait à ne pas changer, particulièrement danslesrégions.Lemessageestclair,d’autantplusclair qu’il a été envoyé de Sidi Bouzid, où l’on s’est rappelé au souvenir évanescent du marchand de la ville-symbole d’où l’éclair est parti, et qui est restée figée comme si le temps s’était arrêté. « Nous jouions sans calculs, sans primes mais avec un esprit de don de soi et de sacrifice pour le pays », tous les anciens sportifs vous le diront, les temps ne sont plus ce qu’ils étaient. Le général De Gaulle, dont on connait la rectitude, disait qu’en plus de l’énergie et des aptitudes, il faut du dévouement. Où en sommes-nous par rapport à cette profession de foi, alorsquelefutile,l’insignifiant,lesuperficiel,levulgaire et le laid n’ont jamais autant occupé l’espace et autant alimenté le débat public ? Jamais les consciences n’ont été autant perverties, les valeurs marchandes autant glorifiées, et l’échec aussi patent. « Quand, dans un pays, il vaut mieux faire sa cour que faire son devoir, alors, tout est perdu », avertissait déjà Montesquieu. Nous n’en sommes pas loin. Un agent de la sécurité qui tentedemettrefinàsesjourssurleslieuxdesontravail devantleregardahurietdésemparédesescollèguesqui, heureusement,finissentparledissuaderdecommettre l’irréparable, et c’est le ciel qui nous tombe sur la tête ; Mohamed Zouari, un brillant ingénieur tunisien, est L’Etat est mort, vive l’Etat Dieu soit loué ! Mohamed Fawzi Blout, ancien ambassadeur Le bloc-notes de 8 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I La coupe est pleine et les nerfs sont à vif, c’est sûr. Halima au pays des merveilles, quelles merveilles ! Trois et trois font six et six et six font…j’espère que nous n’irons pas jusque-là pour…atteindre les objectifs de la révolution ! Mais que faire quand l’Etat est mou, parfois absent (l’affaire Petrofac est là pour nous le rappeler) et que son prestige n’est plus qu’un vague souvenir ?
  • 7. Le bloc-notes criblédeballespardesagentsduMossaddanssavoiture à Sfax, et on découvre avec stupéfaction qu’il est affilié au Hamas palestinien ; or, qui dit Hamas, dit liens avé- rés avec l’islam politique et toutes ses nébuleuses aussi extrémisteslesunesquelesautres,d’oùtouscesdébats passionnésmaispasinnocents,surlaquestiondesavoir si oui ou non, le défunt devait être considéré comme un martyr de la cause. Par ailleurs, le mode opératoire utilisé par les assassins de l’ingénieur tunisien, en plus de ramener à la surface des précédents douloureux, est venu rappeler cruellement les carences flagrantes de notre système de renseignements et fait passer un voile d’indignation et de honte sur le pays déjà accablé. « Je bruleraimonmanteausimonmanteauconnaissait monplan»,aditunjouruncertainJulesCésar,ilsavait de quoi il parlait. Et cela n’a pas bien sûr échappé aux gensduMossad.Alors,onveutsefairebonneconscience et quoi de mieux que cet art de la récupération qui est devenu un sport national, au même titre que les grèves. A entendre tout le monde disserter avec ferveur sur la questionpalestinienne,historiquedesrelationsàl’appui, on comprend mieux pourquoi les Tunisiens entrent en transe quand il s’agit de défendre cette noble cause : Ils veulent être plus palestiniens que les Palestiniens eux- mêmes, même si à Gaza et à Ramallah, on se montre moins intraitables. ******* Au Kef, l’amour était-il dans l’air ? Depuis quelques jours, dans l’austère ville du Kef surlaquelleveilleSidiBoumakhloufleSaintdes lieux,ilyacommeuneatmosphèred’alertemaxi- male,aprèsquel’onadécouvertavecuneincrédulitéqui laissepantois,quel’amourouledésir,c’estselon,n’apas d’âgefixe.Unvéritablecoupdethéâtredansunevilleoù l’art du théâtre est sublimé et fait partie du quotidien. On ne sait pas trop s’il y a eu coup de foudre et romance juvénile ou plutôt un moment d’égarement, le temps d’un fugace plaisir charnel, dont la conséquence la plus visible a été le gonflement de ce ventre que personne ne veut voir, tellement il fait honte. Sous cape, Tartuffe aurait bien ri de cet encombrant objet du délit. Plaisir d’amour dure toujours, plaisir interdit ne dure jamais. Onabienmariélesamantsmauditssurlabased’uneloi obsolètequ’ons’estjuréderevisiter;restequelescandale a été proportionnel à la progression d’une grossesse qui n’avait plus besoin de se cacher, au grand dam des tenants de la chasteté et de l’orthodoxie. Les deux tour- tereauxétaientconsentants;alors,messieurs,cherchez la faille. La bohème pour vivre l’air du temps, nos deux RoméoetJuliettesavaientqu’ilsfranchissaientunseuil interdit.SidiBoumakhloufestenétatdechoc,iln’arien vu venir, ni su prévenir, malgré toutes ses incantations, la faillite totale, ce qui, pour un saint, constitue le pire des châtiments. Le plaisir des sens a été le plus fort. La société civile s’emballe ; les médias se mobilisent et les politiques s’en mêlent par pur opportunisme. On crie au viol caractérisé sur une mineure, on appelle à une résiliation d’un mariage que tout le monde veut qu’il soitnécessairementforcé,etonenappelleaulégislateur pour réparer l’infamie ; mais a-t-on demandé l’avis des premiers concernés ? Tout cela sent le souffre en même temps que l’instrumentalisation. En fait, les Tunisiens, comme le reste des peuples de la planète, adorent les mélimélos et les dessous qui les accompagnent parfois. Ils savent se montrer compatissants quand il s’agit de sentiments. En ce moment, ce n’est pas l’amour vache avec leurs hommes politiques qui les ont cyniquement abusés et qui ont réussi l’incroyable prouesse de les dégoûter de tout. Presque définitivement. Et pour les occuper, il n’y a pas que ce genre d’histoire, même s’il y a là un véritable problème de société sur lequel tout le monde devrait se pencher et plutôt sérieusement. Morale de l’histoire, ne jamais aimer à en perdre la raison,j’ajouterai,etlespédales,parcequevousrisquez de vous retrouver dans de beaux draps, comme c’est le cas de nos jeunes amants du Kef. Est-ce que Sidi Boumakhlouf saura se montrer la prochaine fois plus vigilant et surtout plus pertinent pour faire la part des choses ? Seul l’avenir nous le dira. En attendant, le bon peuple devra faire avec la mauvaise foi des uns et des autres et surtout s’inquiéter de certaines dérives chez les jeunes, comme cette affaire de cambriolage qui a 9Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I On crie au viol caractérisé sur une mineure, on appelle à une résiliation d’un mariage que tout le monde veut qu’il soit nécessairement forcé, et on en appelle au législateur pour réparer l’infamie ; mais a-t-on demandé l’avis des premiers concernés ? Tout cela sent le souffre en même temps que l’instrumentalisation.
  • 8. touché un établissement scolaire du pays, et cherchez avec moi l’éthique, quand vous lisez que deux élèves en herbe ont escaladé la clôture de leur collège pour entrerpareffractiondansledortoirdeleurscamarades internes et subtiliser leurs biens personnels. Comment peut-on appeler cette conduite ? Perte de valeurs, perte de repères ? Aujourd’hui, des petits larcins, et demain ? ******* Un Abderrahmane Haj Ali qui jette l’éponge, le tigre était trop au parfum Sanominationafaitdesvagues,unhommedemain deBenAliàlatêtedesservicesdesécurité,voyons, c’estimmoral,etpuispourquoilesTunisiensont-ils faitunerévolution?Certainementpaspourseretrouver avecunhautresponsableveillantsurlasûretédupayssur lequelpèseuncontentieuxdroitdel’hommiste,variable à souhait selon l’idéologie dominante du moment. Un HajAliquiaimedévoilerlesvéritésquidérangent,alors forcément, cela gêne et met dans l’embarras ceux qui se sont mouillés et qui tiennent absolument à ce que la véritén’éclatejamais.Touslescoupsdeviennentsoudain légitimes,lorsqu’ils’agitdesedébarrasserd’unhomme quipourraitensavoirtrop.Enbonhautcommisdel’Etat respectueux de ses obligations de réserve, le directeur général sortant de la sûreté nationale ne dira rien qui puissefairedesvagues,maisonl’auracompris.Onpeut regretter le départ d’un fin limier, juste au moment où Anis Amri, le tueur radicalisé de Berlin activement recherché par toutes les polices d’Europe, vient d’être abattu par la police italienne lors d’un contrôle d’iden- tité. L’assassin venait d’Ouslatia, une bourgade pauvre comme il en existe beaucoup dans ce gouvernorat de Kairouan, objet de toutes les privations, de toutes les frustrations, et forcément, de toutes les fanatisations. A l’instar de centaines de jeunes comme lui, il est parti versLampedusadansunrafiotdefortuneàlarecherche d’une vie meilleure, avec des rêves plein la tête. Comme pour l’ingénieur Zouari, à Tunis, on n’a pas vu venir et cela a failli tourner au vinaigre avec les autorités alle- mandes. Anis Amri aurait pu être un de ces terroristes repentis que les islamistes d’Ennahdha et ceux qui font leur jeu, veulent blanchir à tout prix et ce, au nom du pardon. Shana tova, Bonne année en hébreu. Après le drame qui s’est joué à Sfax, il est plus qu’urgent que nos services de renseignements apprennent la langue de l’ennemi, et c’est la moindre des choses ƒ 10 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I Shana tova, Bonne année en hébreu. Après le drame qui s’est joué à Sfax, il est plus qu’urgent que nos services de renseignements apprennent la langue de l’ennemi, et c’est la moindre des choses. Le bloc-notes
  • 9.
  • 10. 12 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I Le déficit budgétaire pour l’exercice 2016 est estimé à 6 milliards de dinars sur un budget total de 29 milliards de dinars. L’information a été fournie par Chakib Bani, rapporteur de la commission des finances relevant de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Le député, qui intervenait sur les ondes de la radio privée Express Fm, a ajouté cette précision : « Ce déficit va être couvert par des prêts à de faibles taux d’intérêt. C’est comme les avocats, nos députés sont optimistes jusqu’à ce que l’affaire soit perdue » ƒ Budget 2016 Déficit estimé à 6 milliards de dinars Quelqueschangementsserontopérésen2017.Envoici les plus importants : Lespremierschangementsconcernerontlesfourchettes de cotation : – Une nouvelle fourchette de cotation à ±6% au lieu de ±3%. –Encasderéservation(H/B),lafourchettevamonter à (+/-12%) pour les valeurs du TUNINDEX 20 et à (+/-9%) pour les autres valeurs. Les seconds portent sur les introductions. Pour les nouvelles introductions, ce sera ± 25% au lieu de ±18% Les derniers ont trait aux horaires. Les modifications des horaires proposées sont : pré-ouverture à 08h30, ouverture à 09h00, clôture à 15h40, ajout d’1/4 horaire pour le fixing ƒ Bourse Des changements pour 2017 La Banque centrale de Tunisie (BCT)etsonhomologuechinoise viennentdesigner,àPekin, unmémo- randumd’ententeetdecoopération (12 décembre 2016). Principale composante de ce mémorandum: les deux Banques centralessesontmisesd’accordsurle principedeconclureuneconvention pour l’échange du yuan et du dinar tunisien pour payer une partie des opérations commerciales et finan- cières en monnaie nationale. « Cela permettra d’alléger les risques de change pour les deux parties et d’encourager les Chinois à importer du marché tunisien », a précisélaBCT,dansuncommuniqué publié mardi. Autre accord en vue : les deux parties ont examiné la possibilité d’émettre sur le marché financier chinois un emprunt obligataire, « ce qui permettra, selon la BCT, de mobiliser des fonds pour le finance- ment des projets de développement économiques en Tunisie » ƒ Tunisie -Chine Mémorandum d’entente entre les Banques centrales Chedly Ayari, gouverneur de la BCT
  • 11.
  • 12. 14 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I Focus C’est officiel. Jusqu’au 22 décembre 2016, plus de 5,4 millions de touristes ont séjourné dans les hôtels tuni- siens, contre une moyenne en période ordinaire de 6 millions. Sur le total enregistré cette année, 2 millions sont des Tunisiens, soit 30% du marché. La ministre du Tourisme et de l’artisanat, Salma Elloumi Rekik, qui a fourni ces statistiques, s’attend à une relance significative du secteur en 2017, malgré l’attentat perpétré en pleine période de Noël, à Berlin, par un Daechien tunisien ƒ «NeinvestPotentiel»dontleprési- dentduconseild’administration estleSaoudienKhaledIbnRachedEl Anzenestunnouveaufondscommun de placement en valeurs mobilières quivientdevoirlejouretdontl’ouver- turedessouscriptionsaétéannoncée mercredi 21 décembre 2016. Crééenpartenriatentre lasociété Netinvest et Attijari Bank, le fonds tuniso-saoudien, d’un montant de 20 MDT, a obtenu l’agrément du Conseil du Marché Financier le 30 janvier 2015. Objectif du Fonds: la participa- tion,pourlecomptedesporteursde parts et en vue de leur rétrocession ou cession, et le renforcement des opportunités d’investissement et des fonds propres des entreprises. Concrètement, il s’agit de réali- ser des opérations en capital ou en quasi-capital dans une perspective decréationdevaleursurunhorizon à moyen/long terme. Plus simplement encore, le fonds, qui interviendra en fonds propres et accessoirement en quasi- fonds propres,cibleraenprioritélesPME/ projetsinnovantsouàcontenutech- nologique et accompagnera des entreprisesayantunfortpotentielde croissance dans leur secteur d’acti- vité, ouvertes sur l’international, disposantderessourceshumaineset d’unmanagementdequalitéetayant une vision stratégique cohérente. « Netinvest Potentiel » investira exclusivement dans des sociétés établies en Tunisie. Le montant des interventionsdufondsparprojet(sur unouplusieursrounds)sesitueraen général dans un intervalle de cinq centmille(500.000)dinarstunisiens àtroismillions(3.000.000)dedinars tunisienssurunouplusieursrounds d’investissement. Les secteurs ciblés sont : les TIC, services à forte valeur ajoutée, bio- technologie, industrie pharmaceu- tique, santé, secteur agroalimen- taire, industries manufacturières, logistique, énergies renouvelables, protectiondel’environnement,socié- tésexportatricesouenstaded’inter- nationalisation ƒ Tourisme Plus de 5,4 millions de touristes ont séjourné dans les hôtels en 2016 Tunisie-Arabie Saoudite Le fonds « Netinvest Potentiel» est né Poulina va investir 1.5 milliard de dinars sur la période 2017-2020. La nouvelle a été annoncée à l’occasion de la présenta- tion de la communication financièreparAbdelwaheb Ben Ayed, président du groupe PGH. (photo). Lorsdecettecommuni- cation, le premier respon- sabledugroupeafaitétatde sapréoccupationdes ten- sions sociales et a évoqué lasolutionquesongroupe atrouvéepouryremédier. Pour contourner ces tensions, il a révélé que «son groupe a été amené àinvestirdansl’automati- sation et la diminution du nombre des employés au sein du groupe» ƒ Investissement privé Poulina va investir 1.5 milliard de dinars sur la période 2017-2020
  • 13. Focus
  • 14. 16 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I Deutsche Hospitality, groupe hôtelier allemand en activité danslesecteurdepuis1930,a décidé de faire des affaires en Tunisie. A compterdumoisd’avrilprochain,le groupequiestimplantédans14pays, aura à gérer deux hôtels en Tunisie : le Steigenberger Hôtel et le Jaz Hôtel Tour Khalef, à Sousse. LeSteigenbergerHôtel,decatégo- rie5-étoiles,estunétablissementde 365chambresetsuites,6restaurants et bars, un centre de thalassothéra- pie, 6 piscines dont 3 d’eau de mer, un sauna, un hammam , une salle de fitness, espaces pour activités sportivesetunesalledeconférences. Le Jaz Hôtel Tour Khalef est un hôtel classé quatre-étoiles de 570 chambres et suites, 8 restaurants et bars servant des mets tunisiens et internationaux. L’établissement comprend aussi trois piscines dont deux d’eau de mer, espace spa et pour activités physiques, installa- tions de thalassothérapie, une salle de conférences... ƒ Hôtellerie Deutsche Hospitality s’implante en Tunisie Un conseil ministériel présidé par le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, vient d’ordonner l’élaboration d’un projet de loi sur la cybercriminalité. Ce projet de loi tombe à point nommé lorsqu’on sait que 90% des nouveaux crimes sont planifiés sur les réseaux de commu- nication. En relation avec cette décision, le conseil ministériel s’est penché sur l’organisation du travail des socié- tés de production audiovisuelle qui concoctentdesprogrammesauprofit des chaînes tv étrangères. La réunion s’est déroulée en pré- sence des ministres de l’Intérieur, de la Défense et de la Justice, ainsi que du directeur du cabinet du Pré- sidentdelaRépubliqueetdescadres sécuritaires ƒ Cyber sécurité Bientôt une loi sur la cybercriminalité EO Data Center, leader sur le marché de l’hébergement en Tunisie, vient d’annoncer un accord de partenariat avec Hexatrust, acteur majeur de la sécurité des systèmes d’information. A travers cet accord, EO, certifié ISO 27 001, consolide son écosystème afin d’assurer à ses clients des conditions de sécurité renforcées en matière de cyber sécurité et de confiance numérique. Parmi ses clients figurent 8 institutions financières, des hébergeurs web, des radios, des TV et également la pla- teforme de portabilité des numéros des 3 opérateurs de télécommunications ƒ Partenariat entre EO Data Center et Hexatrust Lastationdedessalementdel’eau demeràDjerbaentreraenexploi- tation, au cours de l’été 2017, pour permettre de résoudre la pénurie en eau dans le sud tunisien, a annoncé le ministre de l’Agriculture, des res- sources hydrauliques et de la pêche, Samir Taieb. Lacapacitédeproductiondecette stationestde50millemètrescubes/ jouretpeutatteindre75millemètres cubes. La phase d’essai de cette sta- tion,dontlecoûts’élèveà140millions dedinars,débuteraenmaiprochain, a ajouté Samir Taieb. Le taux de réalisation de cette station a atteint 40%, tandis que les travaux d’ingénierie civile ont été achevés ƒ Djerba -eau potable Entrée en fonction, l’été prochain, de la station de dessalement Focus
  • 15.
  • 16. 18 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I Trois rapports viennent d’être rendus publics sur la jeunesse et l’enfance. Leurs révélations tan- tôt positives tantôt négatives ne peuventquenousinterpeller.Envoici l’essentiel : Les premières révélations sont plus ou moins positives parce que républicaines.Ellessont révéléespar un rapport national sur la situation de l’enfance en Tunisie en 2015: - Le nombre d’enfants âgés de moins de 17 ans s’élève à 3 millions 195 mille, soit 28,7% du total de la population,selonlerapportnational surlasituationdel’enfanceenTunisie pour l’année 2015. - Le taux de mortalité infantile s’élèveà16,3pour1000enfantscontre 11,5 pour 1000 enfants en 2012. - Signe de disparité sociale, la plu- partdescrèchessontprivées(98,8%) et sont localisées dans les grandes villes. Letauxd’inscriptiondesélèves demoinsdetroisansn’apasdépassé 9%. Quelque 321 crèches pour 5761 enfants inscrits sont recensées. - Concernantlesjardinsd’enfants, lenombretotal,aucoursdelamême année, est de 4191 établissements dont90,9%appartiennentausecteur privé. La politique de généralisation progressive de l’année préparatoire dans les écoles pour les enfants âgés de 5 ans a fait augmenter le nombre des écoles ayant une classe prépara- toire(2082écolesaucoursdel’année scolaire 2014/2015). - Le nombre des écoles a aug- menté avec le début de l’année sco- laire 2014/2015 pour atteindre 4565 écoles suite à l’ouverture de 21 nou- vellesécolesdont11danslesrégions rurales. Les secondes sont inquiétantes dans la mesure où elles viennent confirmerl’enelisementdenosjeunes dans l’obscurantisme. Selon une étudesociologiquemenéeparl’Obser- vatoire national des jeunes dans le GrandTunis,letiersdesjeunesTuni- sienssympathisentaveclesalafisme. Une nuance toutefois: les jeunes sondés refusentl’idéequelecourant salafiste puisse participer à la vie politique. Il n’en demeure pas moins queletiersd’entreeuxéprouventune certaine sympathie pour la prédica- tion salafiste. Cetteétude, menéeen2014auprès d’unéchantillonde1700jeunesâgés de 18 à 30 et issus de la région du Grand Tunis, a révélé toutefois que lesfemmessontplusopposéesàcette idée que les hommes. Comme quoi l’essentielc’estlamatricequicompte. Les dernières nouvelles sont alr- mantes. Un nouveau rapport du ministère de l’Éducation relève que 96 mille élèves tunisiens ont quitté les bancs de l’école en 2016. Ce nombre a baissé de 10.000 par rapport à l’année précédente (2015) mais reste tout de même alar- mant ƒ B.K. Jeunesse Statistiques alarmantes 96 mille élèves tunisiens ont quitté les bancs de l’école en 2016. Le taux de mortalité infantile s’élève à 16,3 pour 1000 enfants contre 11,5 pour 1000 enfants en 2012. Signe de disparité sociale, la plupart des crèches sont privées (98,8%) et sont localisées dans les grandes villes. Le nombre d’enfants âgés de moins de 17 ans s’élève à 3 millions 195 mille, soit 28,7% du total de la population. Focus
  • 17.
  • 18. Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I L’entretien HelaCheikhRouhou,ministredesMines,del’EnergieetdesEnergiesrenouvelables «Leplusimportantestqu’onn’empêchepluslaproduction etqu’onnepoussepaslesinvestisseursàfuirlepays»
  • 19. L’entretien 21Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I u Où en est la situation dans le bassin minier ? Pour ce qui est des activités de la Compagnie de phosphate de Gafsa (CPG)etduGroupechimiquetunisien (GCT),tousleslavoirssontenproduc- tion. La production du phosphate, qui était à l’arrêt pendant des mois, connaît, depuis deux mois, un bon rythme. Nous pouvons avancer que la production dans le bassin minier a repris sa cadence normale. La production n’est plus à 11 mille tonnesparjour.Noussommesactuel- lement à 18 mille tonnes par jour, ce qui constitue un bon rythme de production. Concernant le transport du phos- phate vers les usines pour sa trans- formation en produits destinés à l’exportation(acidephosphorique)et à la consommation locale (engrais), le parc des locomotives demeure insuffisantetfaible.Ilnesatisfaitpas les besoins. Noussommesentraindedéployer tous nos efforts avec le ministère du Transport pour y remédier, sachant que l’âge moyen des locomotives est de 33 ans. Les infrastructures en Tunisie datent de l’ère Bourguiba. Les trains disponibles ne peuvent transporter, en moyenne, qu’entre 8 milleet9milletonnesparjour,cequi estinsuffisantpourfairefonctionner àpleinrégimeetdansdesconditions acceptables les usines du Groupe chimique. Conséquence : les usines fonc- tionnent à hauteur de 30 à 35% de leurcapacité,cequiestpréjudiciable auxusinesduGroupechimique,ence sens où l’alternance des arrêts et des relancesdeproductionoccasionnent des dommages aux équipements. La solution a consisté à recourir, depuis des mois, au transport du phosphate par camion, mode de transport auquel sont opposées des parties au sein des sociétés. u Voudriez-vous, Mme la ministre, nous expliquer dans le détail cette problématique du transport du phosphate ? Au départ, c’étaient les ouvriers du CPG qui étaient contre motif : ils exigent une prime du transport sur les camions et non seulement sur les trains. Ils ont obtenu gain de cause. Après, c’était au tour des ouvriers de la Société de transport du phos- phate dans le bassin minier, une nouvellesociétécrééedetoutespièces après la révolution. C’est une filiale à 100% de la CPG. Les 1600 travail- leursintérimairesquiytravaillaient, avant le 14 janvier 2011, relevaient de sociétés privées sous- traitantes, spécialisées dans le transport du phosphate entre les carrières et les lavoirs. Ces ouvriers ont été intégrés après la révolution dans cette nou- velle société, qui a coûté 45 MDT à laCPG.C’estlacolonnevertébralede la compagnie, en raison de son rôle dans le transport du phosphate. Il y a, actuellement, tout un programme pourleredressementdecettesociété sur deux ans : 2016-2017. Le redressement va avoir lieu, car la fin de la sous-traitance et ses corollaires, l’intégration des intéri- maires dans la nouvelle société et l’acquisition des équipements des sociétéssous-traitantesprivées,aété accompagnée,durantlessixdernières années, par des actes d’endomma- gement des équipements. Tous les équipements ont été endommagés. Laproductivitéabeaucoupbaissé.La CPGafournisagarantiepourl’acqui- sition de nouveaux équipements. Ainsi, la nouvelle filiale a acquis, depuis l’arrivée du gouvernement d’unionnationale,50camionsneufs. Ces acquisitions ont été accompa- gnéesparunplandeformationdevant aider les travailleurs à utiliser au mieuxceséquipementsetàaccomplir dansdemeilleuresconditionslamis- sionimpartieàlaSociétédetransport de phosphate dans le bassin minier. Les travailleurs de cette société devaient ensuite revendiquer le contrôle du transport par camion en dehors du bassin minier. Ils veulent être responsables des appels d’offres.Envertudeleursrésultats,les camionneursprivésserontautorisés àtransporterlephosphatedeslavoirs Mme Héla Cheikhrouhou, ministre desMines,del’énergieetdesénergies renouvelables aindiquéquelesindi- cateurs des trois secteurs dont elle a lachargesontentraindes’améliorer et qu’elle et son équipe travaillent dur pour les améliorer davantage, à la faveur de gros investissements programmés dans les trois secteurs. La ministre, qui s’exprimait dans cette interview accordée à l’Econo- miste Maghrébin, pense toutefois quelestroissecteursrencontrentdes difficultésduesprincipalementàdes problèmes fonciers et aux arrêts de la production et des travaux d’exé- cutiondesnouveauxprojetsd’infras- tructure par l’effet des mouvements sociaux. Elle estime que les arrêts de produc- tion risquent de compromettre le devenirdecessecteursetdefairefuir lesinvestisseurs.Pourelle,lesprotes- tataires doivent prendre conscience queleurpropreintérêtnerésidepas dans l’arrêt de la production, mais dans le dialogue et rien que dans le dialogue,leseulmoyenindiquépour résoudre tous les problèmes. La production dans le bassin minier a repris sa cadence normale.
  • 20. L’entretien 22 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I vers les usines du Groupe chimique. Seulement, cette société n’a pas la capacitéinstitutionnelledelancerces appels d’offres. Car toutes les procé- dures concernant les contrats et les appels d’offres sont effectuées de A à Z par les cadres de la CPG. La question qui se pose dès lors : pourquoi cherchent-ils à avoir le contrôle des appels d’offres ? Il y a là une grande interrogation sur la transparence et le bien- fondé de cette requête. En attendant, pour parvenir au rythme du transport de phosphate souhaité,lestrainssontinsuffisants. Donc, nous devons assurer le trans- portduphosphateparcamions,même si, à moyen terme, nous envisageons d’arrêterdéfinitivementletransport du phosphate par voie routière. Malheureusement, nous ne pou- vons l’arrêter définitivement que d’ici fin 2017. D’ici cette échéance, le ministreduTransportestentrainde sedémenerpouracquérirdenouvelles locomotives usagées. Entre-temps, il faut qu’on produise, qu’on vende et qu’on réalise du cash flow pour le groupe CPG-GCT. Depuisdeuxmois,letransportpar camionsestàl’arrêt,carlesyndicatde laSociétédetransportduphosphate danslebassinminierveutdejouerun rôledanscetteaffaire.Ledialogueest en cours entre ce syndicat d’un côté, ladirectiondelaCPGetlesecrétaire d’Etat chargé du secteur minier de l’autre. Aux dernières nouvelles, les troispartiessontentraindenégocier une solution. Ilyaactuellementuncontratpour letransportde300milletonnes,mais nous ne pouvons pas le concrétiser, car le syndicat de la STP s’y oppose et empêche donc sa concrétisation. Par ailleurs, il va y avoir le lan- cement d’un appel d’offres pour la conclusion de contrats avec des camionneurs privés pour l’exercice 2017. Seulement, l’appel d’offres ne peut pas être publié sans l’accord du syndicat de la STP dans le bassin minier. Des négociations sont en cours pour trouver une issue à ce problème et nous souhaitons qu’une solution soit trouvée dans les plus brefs délais. Ce qui est demandé à la STP est qu’elle assainisse, au préalable, ses finances, qu’elle assure convenable- mentletransportduphosphatedans le bassin minier, d’autant plus que la situation des travailleurs de cette société s’est améliorée de manière sensible, en comparaison avec leur situation d’anciens intérimaires. Leurs salaires ont évolué de manière très importante après leur intégration et attachement à la CPG. Espérons que la sagesse l’emportera pourtrouverunesolutionrationnelle. Acestade,ilyadesnégociationsavec la partie syndicale. L’administration (CPG et secrétariat d’Etat) dispose d’un projet de solution qu’elle va soumettreausyndicat.Notresouhait est que le problème du transport soit résolu dans les plus brefs délais. Je ne peux encore dévoiler les détails de ce projet. Je peux dire simplementquenousallonsexaminer les demandes des travailleurs. u Et à propos de ces fameux concours dont les résultats sont constamment mis en doute ? Nouspouvonsannoncerqued’im- portantes améliorations sont signa- léesenmatièredegestionetd’accep- tation des résultats des concours et ce,enconcertationaveclessyndicats et la société civile. D’abord,unmotsurlamassesala- riale du groupe CPG-GCT et de leurs filiales.Cettemasseaplusquedoublé et l’effectif de tout le groupe a triplé ces6dernièresannées.Ilestpasséde 9 mille à 27 mille. Les augmentations du nombre d’emploisonteulieudanslessociétés de l’environnement qui emploient, à elles seules, 11 mille personnes. Pour revenir aux concours, ceux qui ont eu lieu concernent la CPG et le Groupe chimique. Ils ont pour objectif de remplacer les personnes qui sont parties à la retraite. Il s’agit de postes techniques réels, voire de vrais postes. Nous sommes attachés à ce que ces concours se déroulent dans les meilleures des conditions. Pour résumer, la production marche bien. Le transport par voie ferroviaire marché bien, sauf pour les lignes qui desservent Redeif et Oumlares qui, relativement, pro- duisent une capacité moindre, et la ligne qui traverse Bouzayane à Sidi Bouzid, à cause des sit-in et des mouvements sociaux. Sijamaiscetteligneétaitdégagée, laquantitédephosphatetransportée par train serait plus importante. u Qu’est-ce qui justifie ces mouvements sociaux et ce blocage de la production ? Il y a plusieurs raisons objectives. Premièrement, depuis des décen- nies, il n’y a pas eu suffisamment d’investissements pour diversifier la base économique du bassin minier. La perception, c’est que l’employeur unique,enl’occurrence, offredebons salaires.Cequifaitquetoutlemonde s’estfocalisésurcetemployeur,alors quelarégionengranged’importantes opportunités dans le domaine agri- cole et dans d’autres importants secteurspotentielsencoresous-déve- loppés. C’est pourquoi, de nos jours, le gouvernement met l’accent sur le Depuis des décennies, il n’y a pas eu suffisamment d’investissements pour diversifier la base économique du bassin minier.
  • 21.
  • 22. L’entretien 24 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I développement de l’agriculture et la diversification de l’industrie dans le bassin minier. L’ultime but étant d’y créer le maximum d’entreprises génératrices d’emplois. J’ajouteraisquelesmoyensderelan- cer et de dynamiser les sociétés de l’environnement sont limités. Il y a une commission groupant les repré- sentantsdecessociétésetleministère qui a été chargée de réfléchir sur les moyens de dynamiser ces sociétés, ens’inspirantd’expertisessimilaires réussies comme celle enregistrées à Regim Maatoug au sud du pays. Deseffortssontdéployésenparte- nariataveclesdépartementsconcer- nés (agriculture, équipement, trans- port…), pour accorder des marchés, voiredescontratsàcessociétés.C’est une de nos priorités. Globalement, nous sommes en train de réfléchir sur les moyens de conférer à l’économie de la région plus de dynamisme. L’autre aspect sur lequel nous tra- vaillons, c’est le problème de l’eau dans le bassin minier, pour contenir lestensionsgénéréesparceproblème dans la mesure où certains disent quel’eaudisponibleestaccaparéeen totalitéparl’industriephosphatière, aux dépens de la satisfaction des besoins de la communauté de Gafsa en eau potable et en eau d’irrigation. Noussommesentraind’étudieret detravaillersurl’agrandissementde lacapacitéd’unprojetdedessalement del’eaudanslarégiondeGafsaetson adduction vers les villes de la région. Nousallonscréeruneautreressource hydrique non conventionnelle. Moralité:Ilyauneactionmultidi- mensionnelle pour développer cette région. Parmi les projets retenus, celui de l’alimentation de la ville de Gafsa en gaz naturel. L’absence de cettesourced’énergiedanslarégion constitue un sérieux handicap pour lacréationd’entreprisesindustrielles. Actuellement, nous avons résolu les problèmes fonciers qui empêchaient la finalisation de ce projet. Nous sommes en train d’assurer le suivi régulier de ces actions. Il faut conjuguer les efforts de tous pour accélérer le développement de cette région et faire en sorte qu’elle profite de l’énorme potentiel qu’elle engrange. Dans cette optique, le budget de responsabilité sociétale du groupe CPG-GCT va être exploité en partie pour aider les jeunes promoteurs à lancer leurs propres projets, moyen- nant des microcrédits fournis par la BTS. Il faut dire ici que l’accès au finan- cement est un des principaux obs- tacles au développement des projets privés dans toutes les régions. Pour revenir à la région de Gafsa, nous sommes persuadés que les revendicationsdescitoyensdeGafsa sont légitimes et que pour les satis- faire, nous disposons de tout un pro- gramme comportant une vingtaine d’actionsdédiéesauredressementde l’activité phosphatière. Ces actions concernent aussi bien Gafsa, Sfax, Gabès et Skhira. N’oublions pas également que le groupe CPG-CGT a programmé d’importants investissements pour moderniserlesusinesdevenuesobso- lètes. L’impact de ces dernières sur l’environnement n’est plus en ligne aveclesmeilleurespratiques.Degros investissements (600 MDT et plus) sontengagésparleGroupechimique en matière de dépollution. u Ausujetdeladépollution,est-ce que la SIAPE va fermer en fin de compte ses portes ou non ? Il y a un engagement ferme pour fermer,auplustarden2017, laSIAPEà Sfax,etce,sansquelesemploissoient détruits.Carlesemployésdelasociété disposent d’un savoir faire et d’une technicité qu’ils peuvent valoriser dans d’autres activités. Nous sommes convaincus que le développement dans les régions ne peut réussir qu’en partenariat avec les syndicats, les patrons, la société civile, qui regroupe les associations environnementales,legouvernement. Dans cette optique, le démantèle- ment des usines va durer des années avectoutcequecelasupposecomme créationd’emploisàlafaveurdecette démolition. Nous sommes en train de réfléchir sur plusieurs actions que nous aloons concrétiser. A titre indicatif,ilyavaitl’idéed’exploiterle siteàtraverssaconversionenlabora- toire, usinedemaintenanceouàdes finsfoncières.L’essentielestdemener danslatransparencetotaleuneétude sur la conversion du site. L’idée donc est de créer de nouveaux emplois et non pas d’en détruire. u Où en est le positionnement de la Tunisie sur le marché mondial du phosphate ? Nous devons comprendre que le secteurdesphosphatesdanslemonde est soumis à une grande pression, car l’offre est de loin supérieure à la demande. Des mégaprojets ont été lancésenArabiesaoudite,enEgypte, en Ethiopie, en Algérie, en Chine,… Les prix sont en train de chuter. Lesacheteurspréfèrentacheterselon l’offrelaplusrégulièreetselonlemeil- Il y a un engagement ferme pour fermer, au plus tard en 2017, la SIAPE à Sfax, et ce, sans que les emplois soient détruits. Car les employés de la société disposent d’un savoir faire et d’une technicité qu’ils peuvent valoriser dans d’autres activités.
  • 23. L’entretien 25Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I leurrapportqualité-prix.Nousdevons comprendrequesinousréduisonsla capacité de production du Groupe chimique, nous affectons en même temps la réputation de la Tunisie en tant qu’un des grands producteurs de phosphate. LaTunisie,mêmesielleaperduson classement de 5ème producteur du monde, gardetoujoursuneoccasion pour se rattraper en raison de son historique et de la bonne image dont elle jouit, depuis longtemps, auprès de ses clients classiques. L’espoir de retrouver notre place antérieure sur le marché est encore possible. Ilfauttoutefoisprendreconscience du fait que les clients ne vont pas se croiser les bras et attendre, éternel- lement, le retour de la Tunisie sur le marché. Bien au contraire, ils vont aller chercher d’autres fournisseurs poursatisfaireleursbesoins.Leprin- cipeestsimple:lanatureahorreurdu vide.QuandlaTunisies’estabsentée, d’autres pays se sont précipités pour prendre sa place. Dois-je rappeler qu’en 2016, le Groupe CPG-CGT et ses filiales ont enregistré des résultats négatifs ? Il y a des sociétés qui sont en train d’absorber leurcapital.Sicelaconti- nue,leGroupechimiquevademander de l’argent à l’Etat pour continuer à exister. Auparavant, c’était lui qui fournissait des ressources à l’Etat et il n’avait pas besoin de la garantie de l’Etat pour emprunter. Aujourd’hui, il en a besoin. La situation est hélas critique.C’estpourquoi,cetterichesse minièrenationalequidoitprofiter,en priorité,auxcommunautésdeGafsa, Gabès et Sfax, gagnerait à être valo- risée dans l’intérêt de tous. Nous sommes engagés dans le redressementdel’ensembledessocié- tés, mais nous ne pouvons le réussir que si tout l’environnement est favo- rable pour le faire. u Le deuxième volet de notre entretienvaportersurl’énergie.Quel est l’état des lieux dans ce secteur ? Les indicateurs sont malheureu- sement dans le rouge. En 2016, nous avonsforéunseulpuitsavecuneseule découverte et nous sommes en train de forer deux autres. Auparavant, la moyenneétaitde12à15puitsd’explo- ration par an et de 10 à 12 puits de développement par an. A l’origine de cette situation, trois facteurs : Le premier concerne l’effondre- ment du prix du pétrole. Le deuxième concerne le change- mentdelaConstitutionetl’avènement de l’article 13 qui insiste à ce que les richesses nationales soient la pro- priété du peuple. Depuis, nous avons enregistré beaucoup de retard pour adapterlaréglementation,mêmesile tribunal administratif a toléré le fait qu’onpeutcontinueràtravailleravec le code des hydrocarbures actuel et les accords antérieurs. Pour le tribu- nal administratif, tant qu’il n’existe pas une nouvelle loi et un nouveau cadreréglementairepourappliquerla Constitution, le ministère des Mines et de l’énergie peut continuer à tra- vailler avec ce qui existe. Seulement, il y a eu une grande campagne pourdiscréditerlesecteur deshydrocarburesdugenre«Ouinou le pétrole » et pour le qualifier de secteur corrompu. Moralité : Comme aucun investis- seur n’aime être désigné du doigt et qualifié de corrompu et comme il a lechoixdeplacersonargentsousdes cieux plus hospitaliers, il va s’inves- tir ailleurs. Cette tendance a réduit l’appétit d’investissement pour la Tunisie. La vérité, c’est que les gouverne- ments n’ont pas osé soumettre au parlement de nouveaux contrats et continuer l’octroi des contrats sur décision d’un ministre alors qu’il y a une nouvelle Constitution. Aujourd’hui,legouvernementd’union nationale dispose d’un projet de loi qui va juste changer un article dans le code des hydrocarbures. On va inclure dans ce projet deux conventions modèles avec le secteur privé. Ces conventions vont être exa- minésenconseilministérielavantde les soumettre ensuite au parlement. Enplusclair,aulieudefairesigner les contrats par le ministre, c’est le parlementquiadoptecescontratspar le biais de lois. Cela pour appliquer la Constitution qui stipule que les projetsd’hydrocarburesdoiventfaire l’objet de lois votées par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). CettemêmeConstitutionquistipule quetoutprojetutilisantlesressources naturelles(énergiesolaire,air,pétrole, gaz, forêt,…) doit faire l’objet d’une convention entre l’Etat et les inves- tisseurs privés, laquelle convention doit faire l’objet d’une loi votée par le parlement. Actuellement, nous sommes en possession de cinq conventions dis- ponibles et pour ne pas les perdre, nous allons les soumettre dans les meilleursdélais,c’est-à-diredansles semainesquiviennent,auparlement. u Est-ce que la loi sur l’urgence économique ne peut pas jouer un rôle dans ce contexte et vous aider à contourner ces obstacles ? Je ne pense pas. Car la loi sur l’ur- genceéconomiqueapourobjectifde En 2016, nous avons foré un seul puits avec une seule découverte et nous sommes en train de forer deux autres. Auparavant, la moyenne était de 12 à 15 puits d’exploration par an et de 10 à 12 puits de développement par an.
  • 24. L’entretien 26 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I faciliteretd’accélérerlesprocédures des marchés et la réalisation des investissements. Dans son appli- cation, les modifications apportées au code des hydrocarbures visent à harmoniser ce texte avec l’article 13 de la Constitution. Cela fait par- tie certes de la réponse à l’urgence économique, mais le nouveau projet portant amendement du code des hydrocarbures est un texte de loi à part entière. Le principe aujourd’hui est de coopéreravecleparlementetdefaire en sorte que ces conventions soient adoptées. Nous allons apprendre à travailler ensemble sur ce projet, en prévision de l’élaboration d’un nouveau code des hydrocarbures. D’ici cette échéance, nous aurons beaucoupapprisdurantlesprochains mois, et nous verrons comment sim- plifier et clarifier les choses. Ce sera peut-être alors un texte de plus haut niveauquiserasoumisauparlement. Les processus techniques seront du ressortdugouvernement.Cedernier est disposé à assumer ses responsa- bilités, mais en partenariat avec le législatif. Le troisième facteur qui a plombé l’investissement dans les hydrocar- buresatraitauxmouvementssociaux (sit-in, arrêts anarchiques de tra- vail,…). Beaucoupdesociétéssontentrain d’enregistrer des faillites et les gens n’en sont pas conscients. u Et pour le gaz naturel, comment se présentent les choses ? Le gaz naturel est, de plus en plus, perçu comme un préalable indis- pensable à l’investissement dans les régions.Atitreindicatif,nousvenons de tenir une réunion avec le gouver- neur de Bizerte, les députés de cette région et les investisseurs intéressés par cette région et la STEG. Les par- ticipantsontdemandéàalimenterla région en gaz naturel. Et il existe un projet à ce sujet. Cela pour dire que le plus grand handicap qui entrave l’investisse- ment dans les régions, c’est la pose de gazoducs. Aujourd’hui, les entre- preneurs remportent des marchés pour la pose de gazoducs et quand ils commencent à exécuter le projet, ils rencontrent des difficultés dues au refus de certains particuliers de tolérer que les gazoducs traversent leurs terres. Conséquence : Partout, les projets d’infrastructure rencontrent des difficultés d’exécution. C’est ce qui explique les retards. Un projet qui doitêtreréaliséendeuxansvadurer 5 ans, six ans et plus. C’est une généralisation que je fais là, mais la situation est en train de s’améliorer avec la promulgation d’une loi sur l’expropriation. Nous devons comprendre qu’au- jourd’hui, on ne peut plus mettre en route un projet d’infrastructure de la même manière qu’auparavant. Les conditions sont devenues plus difficiles. Il y a un côté positif en ce sensoùilyaundialogueaveclesgens, mais également un aspect négatif, dans la mesure où il suffit qu’une seulepersonnes’opposeàl’itinéraire du projet pour que ce dernier tombe à l’eau ou soit changé. A titre indicatif, le projet de gaz Nawara, où l’ETAP détient 50%, a été initié depuis 2008, mais il ne sera finaliséqu’en2018,àcausejustement des protestations de groupes de per- sonnesquisesontrelayéspourexiger des droits sur le passage du gazoduc et se faire indemniser. Les problèmes fonciers qui entra- ventlesprojetsd’infrastructuresont devenusmonnaiecouranteetdoivent faire l’objet d’un gros travail. Cela engendre un coût énorme pour les sociétésnationalesetpourlessociétés privéescontractantes.Uncontractant immobilisé, au lieu de faire son cash flow et réinvestir, se trouve malgré lui plombé sans rien pouvoir faire. C’est le même constat pour les sociétés pétrolières. Les forages sont très peu nombreux, pour une raison simple.Pourrameneruneforeuse,ça coûtetrèscher.Enplus,cetteforeuse nepeutpastolérerplusde40travail- leurs,alorsquequelque400personnes viennent exiger de travailler. u Le prix du pétrole est actuellement en hausse. Est-ce que cette nouvelle donne ne va pas améliorer la situation du secteur ? Malheureusement non. En Tuni- sie, en net, nous bénéficions de la baissedesprix,caronestimportateur aujourd’hui,etce,enraisondufaitque nousn’investissonsplusdansl’explo- ration du pétrole. Le prix du pétrole est très fluctuant. Stratégiquement, quel que soit le prix du pétrole, nous devons investir. Nous ne sommes pas en train d’investir en raison de la non-clarté des réglementations régissant l’octroi des permis. Nous devons trouver un terrain d’entente avec les communautés locales. Les sociétés pétrolières ont fait, ces six dernières années, un gros effort en matière de responsabilité sociétale. Il y a une expérience exemplaire à Tataouine, où un investissement de 11,5 MDT a été programmé sur troisans.Empressons-nousdesigna- ler ici que ces sociétés ne sont pas Le projet de gaz Nawara, où l’ETAP détient 50%, a été initié depuis 2008, mais il ne sera finalisé qu’en 2018, à cause justement des protestations de groupes de personnes qui se sont relayés pour exiger des droits sur le passage du gazoduc et se faire indemniser.
  • 25.
  • 26. L’entretien 28 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I contrecegenred’investissements.Au contraire, elles peuvent le faire, à la seule condition de ne pas stopper la production.Leproblème,c’estqu’avec lesarrêtssuccessifsdelaproduction, on risque de tuer la poule aux œufs d’or. Lorsqu’on pousse trop, on perd tout. u Pour revenir au gaz, où en sont les projets de gaz de schiste ? En2014,ilyaeuunepremièreétude sur l’extraction en Tunisie, et nous avons une autre étude en cours de finalisation. Ce qui est clair, avec la politiquevolontaristedecesdernières décennies,surtoutlesdeuxdernières décennies, tous les gouvernorats du pays réclament le gaz naturel pour satisfaire les besoins des citoyens et des entreprises. Pour approvisionner les villes en gaz naturel, nous avons deux solu- tions : soit on profite de l’occasion pour développer notre propre gaz aux fins de répondre à une demande pressante et de créer des emplois supplémentaires, soit on importe en devises du gaz et on crée à cette fin une infrastructure coûteuse. Dans le budget 2017, il est prévu d’alloueruneenveloppede1000MDT pourdévelopperl’industriegazièreet créer de nouveaux emplois. Concer- nant le gaz de schiste, je l’ai dit à maintes reprises, si on développe notre propre gaz naturel, le gaz de schiste en fera partie. Si le pays va s’engager dans une infrastructure à échelle, il faut accé- lérer l’élaboration d’une étude envi- ronnementale stratégique. Elle a été décidéeen2013,maisjusqu’àcejour, elle n’a pas été entamée. Labonnenouvelle:leministèrede l’Environnement,quiestlechefdefile, est en train de signer avec un bureau d’étudesuneconventionpourl’élabo- ration de cette étude. Cette étude va commenceraumoisdejanvieretfinir dans18mois.J’espèrequ’elleavancera dans les délais et qu’elle sera de la meilleure qualité possible. L’ultime but est de nous fournir les informa- tions les plus fiables possibles sur les caractéristiquesgéologiquesdesbas- sins ciblés, dont celui de Ghedames ausuddupaysetsurlafaisabilitédes futurs projets gaziers. Quantauxbesoinseneauqu’exige- rontlesforages,ilestprévud’épargner la nappe phréatique et les eaux de surfaceetderecouriràdesressources non conventionnelles, à travers la création d’une unité de dessalement del’eau.L’étudestratégiquedoitnous informer sur les caractéristiques géologiquesetsurlesbesoinseneau. Toujoursàproposdegazdeschiste, il y a aussi l’idée de forer un puits pilote dans le bassin de Ghedames et de changer, à cette fin, la nature d’un permis détenu par une des plus grandes sociétés opérant dans ce domaine.Cettepropositionserasou- mise au parlement pour examen et adoption. Ainsi, on aura fait d’une pierredeuxcoups:l’étudeenvironne- mentaleetlasoumissionauparlement d’uneapprochepiloteconsistantenla conversiond’unpermispourfavoriser le forage d’un puits pilote. Une fois l’approche pilote expérimentée, on ne peut intensifier l’investissement qu’à la faveur des résultats obtenus. u Le nombre d’emplois créés à travers le monde dans le domaine du gaz naturel est très important. La question qui se pose dès lors : est-ce que la Tunisie peut se passer de ces emplois ? D’autres initiatives seront prises pour la sécurité de la ressource gazière. Nous devons encourager le développement de champs conven- tionnels. Le champ Nawara, une fois Dans le budget 2017, il est prévu d’allouer une enveloppe de 1000 MDT pour développer l’industrie gazière et créer de nouveaux emplois. Concernant le gaz de schiste, je l’ai dit à maintes reprises, si on développe notre propre gaz naturel, le gaz de schiste en fera partie. La masse salariale a plus que doublé et l’effectif de tout le groupe a triplé ces 6 dernières années. Il est passé de 9 mille à 27 mille.
  • 27. L’entretien 29Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I achevé, sera suivi, complété et ren- forcé par le développement d’autres petits gisements. Nous allons également négocier des contrats d’approvisionnement à moyen et long termes avec l’Algérie. L’objectifestd’avoirlacertituded’être régulièrement approvisionné en gaz naturel. Aujourd’hui, il y a beaucoup de projets industriels énergivores qui nepeuventpasêtrecréés,àdéfautde disponibilité de gaz naturel. Si nous parvenons à développer notrepropregaz,nousferonsl’écono- mied’importantessortiesdedevises. Pour un pays vulnérable au chan- gement climatique, le gaz naturel est un fuel de transition qui va nous aideràresterendessousde2°C.Nous devons donc le valoriser. u Et le délicat dossier de Petrofac, quelles en sont les nouvelles ? Selon nos informations, les arrêts de la production ont repris. C’est un mauvais signal qu’on lance aux investisseurs étrangers, suite au succèsde«Tunisia2020».Qu’enest-il exactement ? Concernant Petrofac, c’est symp- tomatique, c’est-à-dire une chose qui existe dans beaucoup de régions du pays. Je suis optimiste et confiante. Je pensequedanslesjoursquiviennent, le problème sera résolu et que de bonnes nouvelles seront annoncées pourlegisementChergui.Leseulmes- sageàtransmettreauxcommunautés des îles Kerkennah, c’est de prendre conscience que toute personne qui a un problème ne doit pas arrêter la production d’une entreprise pour résoudresonproblème.Celadoitpas- serparledialogue.Leplusimportant est d’encourager les investisseurs à réinvestir et à rester dans le pays. u Au sujet des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, la Tunisie accuse un important retard au regard des progrès accomplis en la matière dans des pays ayant le même degré dedéveloppementquenous.C’estle cas du Maroc, à titre indicatif. Quelle estlastratégiedevotredépartement dans ce domaine ? En matière d’énergies vertes, la Tunisie était pionnière. Seulement, pourdiversesraisons,audépart,elle a fait preuve de prudence et de cir- conspection.Après,elleaobservéune positiondewaitandsee.Aujourd’hui, il est difficile de dire si on a perdu du temps ou si, au contraire, on en a gagné. Le constat, aujourd’hui, est que nous disposons de bien meilleures conditions pourdévelopper,àgrande vitesse, la réalisation de projets d’énergies renouvelables. Je puis vous dire que si nous fai- sons du bon travail, nous sommes capables d’attirer de grands, petits et moyens investisseurs du monde entier (Europe, Asie, Etats-Unis,…). Tous ces investisseurs veulent venir investir en Tunisie. A cet effet, nous avons arrêté une stratégie pour le développement des énergies vertes à l’horizon 2030. Elle a été adoptée, en novembre 2016, par un conseil ministériel. Nous allons communiquer sur cette vision dans les semaines qui viennent. u Concrètement, en quoi consiste cette stratégie ? En discussion avec l’ETAP et la STEG,nousallonscommencermain- tenant par une capacité de 1000 mégawatts et une autre de 1250 mégawatts en 2021, par rapport à un parc total à installer de 5000 mégawatts. Cela veut dire qu’on va lancer tout ce programme sur une période de deux ans au maximum. Je peux avancer que de gros inves- tisseurs comme Total, ENI et autres compagnies sont intéressés par le marchédesénergiesvertesenTunisie. Mieux, il y a une dizaine de déve- loppeurs en Tunisie qui ont mis des années à préparer leurs projets, qui ont attendu avec impatience l’ouver- ture officielle du marché et qui sont fin prêts pour faire démarrer leurs projets. En vertu des responsabilités qui sont les miennes, je dois veiller à la publication des cahiers de charges crédiblesetrassurantspourlesinves- tisseurs. Nous devons, particuliè- rement, donner des dates précises, fournirdescritèresdesélectionclairs et s’assurer que les clauses soient transparentes.L’ultimeobjectifétant de faire en sorte que lorsque l’appel d’offres sera publié, les investisseurs se présenteront en masse. Nous allons retenir deux ou trois catégories de projets. Il y aura des projets de catégorie moyenne : 10 mégawatts pour le solaire et 30 mégawatts pour l’éolien. Pourquoi cechoix?Peut-êtreparcequ’ilyaune vision selon laquelle nous pouvons créerplusd’emploisetfairebénéficier lemaximumderégionsdesinvestisse- mentsdanscetteénergie.Nousallons expérimenter cette approche. Nous savonsqu’ilexistedespartiesquisont intéressées par ces projets et qui s’y sont préparées pendant des années. Il existe également des projets de plusgrandetaille.Nousavonsretenu deux projets d’une capacité égale de 250 mégawatts pour le solaire, un projetde100mégawattspourl’éolien, letoutselonlerégimedeconcession. Cesont,certes,desprojetsdetaille De gros investisseurs comme Total, ENI et autres compagnies sont intéressés par le marché des énergies vertes en Tunisie.
  • 28. L’entretien 30 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I moyenne. Mais, comparé à l’état des lieux actuel, soit zéro mégawatt sur le plan commercial, il y a de toute évidence d’énormes progrès. Lorsque nous sommes arrivés, le solaire disponible dans le pays était estimé à 30 mégawatts, essentiel- lement les toits solaires. Le solaire n’existe pas à grande échelle et les entreprises qui y travaillent sont sur le point de déclarer faillite. Ces entreprises,noussommesentrainde les aider à se redresser, grâce à une enveloppe budgétaire. Le programme adopté par le gou- vernement prévoit la réalisation de 620 mégawatts par le secteur privé. C’est20foisplusqu’auparavant.Cela veut dire que le secteur privé qui opèredanslerenouvelablegrâceaux projetsquenousallonslancer,vafaire vingt fois plus que ce qu’il réalisait auparavant. Aurayondufinancement,lesbail- leursdefonds(BEI,BAD…)etagences spécialisées ont fait part de leur disposition à financer des projets d’énergies renouvelables en Tunisie Pourrésumer,lesinvestisseurssont disponibles, les financements sont disponibles. Le secret de réussite de l’ouverturedecemarchérésidedans le lancement d’un signal rassurant aux investisseurs et ce, à travers la conclusion de contrats bien ficelés et la fourniture d’assurances, pour qu’ilspuissentexécuterleursprojets dans de bonnes conditions. L’objectifstratégiqueestdemettre à la disposition du pays une énergie propre et pérenne. Néanmoins, il importedepréciserquecettenouvelle énergienevapasrésoudreleproblème de l’énergie dans toutes les régions. u Cesprojetsdepetiteetmoyenne tailles ne vont pas peut-être faire rêver les gens. Il faut peut-être des projets de plus grande taille, non ? Un pays comme le Maroc s’est forgé la réputation d’être le champion des énergies vertes, avec la création àOuarzazate-Noor, d’une des plus grandes installations d’Afrique et du monde. Il existe d’autres projets de plus grandetailledevantfavoriserl’injec- tiondesénergiesrenouvelablesdans leréseaudedistributiond’électricité. Pourcefaire,ilfautserappelerquele marchétunisienestunpetitmarchéet qu’ilfautréunirdeuxconditionspour développer des projets titanesques: augmenter la capacité du réseau et réussirl’interconnexionavecl’Italie. Nous sommes en train d’y travailler concomitamment et parallèlement. u Unmotsurleparcéoliendansla région de Bizerte ; les éoliennes sont à l’arrêt, cela est dû à quoi ? CeparcestlapropriétédelaSTEG. Ilaétémissurpiedgrâceàundonou un crédit concessionnel. Seulement, unefoisréalisé,ons’estrenducompte qu’on n’avait pas prévu, lors de la conclusion du contrat avec la firme quiaréaliséleprojet,unprogramme de maintenance, voire de service après-vente. Résultat : les pièces de rechange ne sont plus disponibles. C’est pourquoi, dorénavant, tout projet énergétique (énergie conven- tionnelle ou renouvelable) doit être accompagné d’un contrat de main- tenance et d’un service après-vente. u Et au sujet du développement des ressources humaines, avez-vous une stratégie pour améliorer les capacités et motiver les cadres ? Rapidement, je dirai qu’il y a un gros travail d’accompli à cette fin. Toutes les grosses entreprises rele- vant de ce ministère (STEG, ETAP, ANME,…)ytravaillent.Deuxobjectifs sont poursuivis à travers le dévelop- pement des ressources humaines. Motiver et garder les cadres de ces structures et faire en sorte que ces entreprises publiques et structures d’appui (ANME) améliorent leur productivité et leur rendement et puissent procurer de nouvelles res- sources financières à l’Etat. u Votre dernier message aux Tunisiens ? Mon principal message concerne lesindicateursdesminesetdel’éner- gie. Ces indicateurs sont en train de s’améliorer et nous sommes en train de travailler pour qu’ils s’améliorent davantage et de manière significa- tive. Les investissements dans ces secteurs seront importants. Le plus importantestqu’onn’empêcheplusla productionetqu’onnepoussepasles investisseursàfuirlepays.Toutpeut se résoudre par le dialogue. Car tout posted’emploiperduenTunisiemigre vers un autre site. Les jeunes qui ont des diplômes vont s’en priver. Notre mission est de faciliter la création d’emplois.Lasociétéciviledoitaider àcequelalibertéd’entreprendresoit assurée et respectée ƒ Interview réalisée par HédiMechri etKhémaiesKrimi Mon principal message concerne les indicateurs des mines et de l’énergie. Ces indicateurs sont en train de s’améliorer et nous sommes en train de travailler pour qu’ils s’améliorent davantage et de manière significative. Les investissements dans ces secteurs seront importants.
  • 29.
  • 30. 32 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I L’ARP aux larges pouvoirs, le Groupe chimique à la traîne, Petrofac réceptacle de tous lec chocs sociaux du secteur pétrolier, le tourisme victime de ses propres déboires autant que du terrorisme et les exportations aux moteurs en panne quand ils ne sont pas à l’arrêt définitif pèseront de tout leur poids sur la sort de la croissance en 2017.
  • 31. 33Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I Par Faouzi Snoussi L es six années écoulées n’ont fait qu’assombrir le paysage politique, économique et socialdanslepays,alorsque, pour de multiples raisons, on aurait pu mieux faire, surtout que les bases d’un redémarrage existent, grâce à un climat favorable, débarrassé des contraintes passées. Malheureusement, la classe poli- tique, qui n’a pas suffisamment d’ex- périence, s’est embourbée dans des querelles de chapelle, qui ont fait beaucoup plus de mal que de bien. Résultat : le citoyen est désespéré et ne croit plus à un avenir meilleur. Chacun y a mis du sien pour que la situation dégénère de plus en plus, avecdesmouvementsdeprotestation, le moins qu’on puisse dire, irrespon- sables, l‘absence de communication et d’initiatives de la part des gouver- nementsquisesontsuccédé,d’autant plusquelesproblèmesauxquelsilsont dûfaceauquotidienlesontempêché de réaliser les programmes, si pro- grammes il y a bien sûr, pour faire redémarrer l’économie. Une année difficile, mais… Les sans-emploi refusaient de croire en l’impossibilité pour ces gouvernements de leur fournir un travail,maispourceuxquiavaientla chanced’enavoirun,l’objectifétaitde percevoir un salaire sans se fatiguer. Côté enseignement, c’est pire. Les écoliers ont été pris en otage, durant près de trois ans, dans une querelle entreleministèreetlessyndicatsqui ne veulent rien lâcher, au point de menacer de boycotter les examens et de refuser de remettre les notes et les moyennes de fin d’année. L’année 2017 est celle que tous les indicateurs annoncent comme l’une des plus difficiles. C’est aux Tunisiensd’œuvrerpourdémentirles Cassandres et de montrer au monde entier que la Tunisie est comme un phénix qui renaît de ses cendres Il est nécessaire de redonner de l’espoiràunpeuplequiatropsouffert etquiestdevenuagressifetdéfaitiste. Celan’estpasarrivédepuisdesdécen- nies, même lorsque le leader Habib Bourguiba n’arrivait plus à gouver- ner le pays. Il est nécessaire aussi de raviver l’intérêt et la confiance des investisseursquin’attendentquedes signespositifspourrevenirenTunisie, ce pays qui regorge de compétences. Il ne faut pas s’arrêter à mi-chemin, surtoutaprèslesuccèsqu’arencontré la conférence « Tunisia 2020 ». Il faut montrer à nos partenaires que tous lespronosticspessimistesn’ontpour objectif que de ternir l’image d’un pays qui détient d’énormes atouts pour redécoller de nouveau. Trop de dossiers en suspens Certes,ilestdouloureuxderemuer le couteau dans la plaie, au risque d’ouvrir la boîte de Pandore. Consé- quencedecesdérapagesincontrôlés, laTunisieestaujourd’huidosaumur. Mais le réveil, même un peu tardif, peutêtresalutaire,danslamesureoù chacunymettradusien.Lessolutions sont possibles et réalisables. Le gouvernement de Youssef Cha- hed a donné un regain de vigueur à la politique économique du pays, et la Conférence internationale sur l’investissementetledéveloppement économique«Tunisia2020»aravivé elle aussi l’espoir de voir la Tunisie redécoller et se repositionner sur la scène internationale. Ilestdoncurgentquelepayssorte delacrise.Lessolutionssontpossibles et les dossiers restés en suspens, durant ces six ans, sont nombreux, mais,avecdeseffortsetunconsensus, tout peut être remis sur les rails. L’important est de mobiliser l’argent nécessaire pour réaliser les projets économiques, sans oublier, néanmoins, de neutraliser les nom- breuxempêcheursdetournerenrond. Il suffit, pour cela, de regarder les plateauxdetélévisionsetlesdéclara- tions intempestives et inconscientes de certains politiciens de la dernière heure, pour nous rendre compte que beaucoup de personnes ne veulent Degrandschantiers pourredonnerdel’espoir2017 Gros plan La nouvelle année commence dans quelques jours et pourtant, le bilan de celle écoulée ressemble, à une virgule près, à celui des précédentes, avec une accumula- tion de problèmes et l’absence de recherche de solutions radicales permettant aux peu de secteurs-clés de l’économie tuni- sienne de reprendre leur élan d’avant la révolution et, pourquoi pas, mieux faire.
  • 32. 34 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I pas du bien pour ce pays et profitent dudésordrequirègnepourjoueraux héros. D’autres aussi se présentent comme des experts, alors qu’ils ne connaissent rien au domaine dont ils parlent et leurs gesticulations, au cours des débats, ne servent qu’à cacher leur ignorance. Phosphate : l’éternel problème Lacriseduphosphatequiperdure, malgré une dernière éclaircie, a été catastrophique pour le pays. La pro- ductiondephosphateaétélaisséeau bon gré de quelques trouble-fêtes et contestatairesexploitéspardetristes personnages, dont le bien de tout un peuple est le dernier souci. LesrésultatsréalisésparlaCompa- gnie des phosphates de Gafsa (CPG), durant les sept premiers mois de l’année, demeurent en dessous des objectifsénoncés,atteignant2,1mil- lionsdetonnes,soitunebaissede44% parrapportauxestimationsprévues, à savoir 3,8 millions de tonnes. Ce résultat est, certes, meilleur que celui de l’année dernière, mais il est très loin de celui réalisé en 2010, où la production de phosphate avait dépassé 4,5 millions de tonnes. Cettebaisseestdueessentiellementà l’interruptiondel’activité,àmaintes reprises, au niveau des unités de la CPG à Redeyef, Om Larayes et Mdhilla, à cause, notamment, des mouvements de protestation, du blocage des routes et voies ferrées et du manque de la matière première. Lemoisdenovembreaétémeilleur, avec une production de 500 mille tonnes, mais voilà que les revendica- tionsreprennentpourfairechuterde nouveau la production. Est-ce vraiment difficile de trou- ver une solution à ce problème qui envenimelaviedetoutunpaysetqui est à l’origine d’un manque à gagner consistant ? Il semble que le manque de com- munication soit à l’origine de ce problème. Le raccommodage n’a pas apporté les résultats escomptés, notammentaveclacréationdesocié- tés de l’environnement et du boise- ment,etautres.Iln’afaitqu’augmen- terlefardeaudescaissesdelaCPGet du GCT (Groupe chimique tunisien), certainespersonnespercevantmême des salaires pour ne rien faire. Le dossier de Petrofac L’autre dossier à régler est celui de la compagnie Petrofac. Les accords établisn’ontrienapportédenouveau, sauf un nouvel arrêt des activités, à cause des protestations. La compagnie pétrolière tuniso- britannique opérant dans l’île de Kerkennah, au large de Sfax, vient d’informer le gouvernement de l’im- possibilitédepoursuivresesactivités en Tunisie, à cause du blocage des routes menant au champ gazier de Chergui, au sud-est de l’île, par des diplômés chômeurs. Un accord avait, pourtant, été trouvé, en septembre dernier, avec les protestataires, qui avait alors permis la fin des sit-in (ils avaient duré 9 mois), qui avaient paralysé l’entreprise. Petrofac,oùl’Etattunisiendétient 55%ducapitalàtraversl’ETAP(Entre- prise tunisienne des activités pétro- lières), assure 12,5% des besoins de la Tunisie en gaz naturel, ainsi que l’approvisionnement en électricité de certains gouvernorats du sud tunisien. Imaginons un peu quels seront les résultats si cette compa- gnie quitte la Tunisie et quel sera le manque à gagner. Le gouvernement aurait pu régler définitivement ce problème, surtout en mobilisant ceux qui travaillent dans cette compagnie et qui vont perdre leur gagne-pain, comme c’est le cas pour d’autres régions, notam- ment à Menzel Bourguiba, dans le gouvernoratdeBizerte,oùlavieéco- nomiqueestàl’arrêt,depuisledépart de certaines entreprises privées. Le casse-tête des entreprises publiques en difficulté Depuislarévolution,lesentreprises publiques sont pratiquement toutes dans le rouge, si bien qu’au lieu de créerdesrichesses,ellespuisentdans les caisses de l’Etat pour combler leur déficit. Si ces entreprises constituent, actuellement, un fardeau, pourquoi ne pas les privatiser et leur donner la possibilité d’éviter ces saignements. Entre-temps, des compétences et des commis de l’Etat, accusés à tort ou à raison de connivence avec le régime de Ben Ali, attendent de pouvoir travailler. Le rêve est permis Le désordre, la contrebande, la corruption,lesmalversations,lafuite fiscale et le terrorisme continuent d’êtredesmenacespourl’économieet pourlecitoyen.Maisl’annéequivient estuneannéecharnièrequidécidera del’avenirdupays.LaTunisieabesoin de toutes ses forces et de toutes ses compétences pour aller de l’avant. Il a besoin, aussi, de la conjugaison de tous les efforts et de l’apport de tous, pour redynamiser son économie et donner de lui l’image qui doit être la sienne. Lesdécideurspolitiquessedoivent de tenir un discours vrai, juste et courageux, même s’il ne plaît pas à toutlemonde,afindemettretousles acteursdelaviepubliquetunisienne devantleursresponsabilités.Patrons, syndicats, l’Etat lui-même doivent repenser leurvisionetréinventerles outils et leur méthode d’action. Ils sont placés face à cette impérieuse nécessité de réenchanter le pays car le Tunisien a le droit de rêver d’un avenir meilleur. Aux décideurs de ne pas briser ce rêve ƒ Gros plan
  • 33.
  • 34. 36 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I E ncore une fois, la Tunisie fait la « Une » de la pressemondiale.Nonpasparunexploitscien- tifique,ouéconomique,ouculturel,maisparla terreurqu’asemée,selonlapoliceallemande,un ressortissanttunisiendansunmarchédeNoëlberlinois. L’auteur présumé de ce nouveau massacre en Europe, Anis Amri, 24 ans, alors qu’il était activement recher- ché par toutes les polices européennes, a pu sortir de l’Allemagne,traverserlaFranceetarriverenItalie,dans unebanlieuedeMilan,oùilfutfinalementabattuparla policeitalienneaprèsunéchangedetirs,emportantavec lui tous ses secrets. Les autorités d’Allemagne fédérale l’accusentd’êtreleconducteurducamion-bélierutilisé dans l’attentat terroriste de Berlin le 19 décembre, qui a fait 12 morts et des dizaines de blessés. L’attentatperpétréparleterroristeprésuméAnisAmri intervientcinqmoisaprèsl’attentatdeNicecommisle14 juilletdernier,parunautreterroristetunisien,Mohamed Lahouaiej-Bouhlel,utilisantluiaussiuncamion-bélier. Le bilan est lourd : 86 morts et des centaines de blessés. Lesdeuxattentatsontétérevendiquésparl’organisation terroriste Daech. De par l’atrocité de leurs actes et leur médiatisation àuneéchellemondiale,cesdeuxterroristes(àsupposer que les accusations de la police allemande contre Anis Amri soient fondées) ont contribué à eux seuls à ternir beaucoup plus l’image de la Tunisie que les 3000 ou 4000 terroristes tunisiens actifs en Syrie, en Irak et en Libye. Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a loué un camion frigorifique avec lequel il a commis son massacre sur la promenade des Anglais à Nice. Et le présumé terroriste de Berlin a tué le chauffeur polonais avant de s’emparer de son camion et foncer sur de paisibles citoyens berli- nois qui préparaient leur fête annuelle en faisant leurs achats dans le marché de Noël. LamajoritédesTunisienssontsouslechoc.Toussou- haitentdansleurforintérieurquelapoliceallemandese trompeetqu’elledécouvreunautrecoupabled’uneautre nationalité. Toutefois, la mort du terroriste présumé va trèsprobablementmettreuntermeauxinvestigationset aboutir au classement définitif du dossier du massacre de Berlin. Maintenant,venons-enàl’essentiel.Supposonsencore unefoisqueleterroristeprésuméAnisAmrisoitlevéri- table auteur du massacre de Berlin. Il est important de souligner ici que ni lui, ni Mohamed Lahouaiej-Bouhlel n’ont quitté la Tunisie en tant que terroristes, détermi- nés à traverser la Méditerranée pour aller massacrer des Européens. Celui-ci a émigré en France où il mena une vie normale comme n’importe quel autre émigré, avant d’être la proie des milieux intégristes implantés en France. Lahouaiej-Bouhlelneseraitjamaisdevenuterroriste, si la France laïque n’avait pas été très peu regardante et complaisante, pour ne pas dire complice, avec un wahhabismehyperactifdanslesmilieuxémigrésarabes. Par Hmida Ben Romdhane MassacresdeNicele14juillet etdeBerlinle19décembre Chronique La Tunisie et les Tunisiens ne sont pas responsables de la radicalisation et du basculement dans le terrorisme des tueurs de Nice et de Berlin et n’ont pas à en avoir honte. La terreur qui sévit en Europe aujourd’hui est le résultat logique et naturel de l’hospitalité et de l’aide multiforme, accordées à l’islam politique et à ses représentants en Grande-Bretagne, en France, en Allemagne, en Belgique et dans d’autres pays européens. Qui sont les vrais responsables ?
  • 35.
  • 36. 38 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I La France laïque a permis que l’argent du pétrole soit utilisé dans la construction de mosquées wahhabites, oùsontenseignéslefanatismeetlahainedunon-musul- man. La France laïque a permis et permet toujours à ce que des imams ignares prennent possession de ces mosquées et enseignent à des enfants de 5 et 6 ans que «lebonDieutransformeencochonquiconqueécoutela musique ». Comment, dès lors, ne pas faire assumer à la Franceofficielleuneresponsabilitédanslafanatisation etlaradicalisationdesjeunesémigrésdesbanlieuesdes grandes villes françaises ? Toutes les mises en garde envoyées de Tunis tombaient alors dans l’oreille d’un sourd Certes, depuis des décennies, la marginalisation et le déracinement des jeunes émigrés engendraient des problèmes de sécurité dans les banlieues françaises. Mais sans l’offensive du wahhabisme et du jihadisme, ces problèmes n’auraient jamais évolué en phénomène terroriste. Pour la plupart des citoyens français, le massacre de Niceaétéperpétréparunterroristetunisien.Ilsignorent ousemoquentdesavoirquelecoupableadébarquéchez euxetavécudesannéesenjeunehommetrèsordinaire, et que c’est en France qu’il a été endoctriné, fanatisé et recrutéparl’hydreterroriste,grâceàlanégligenceoula complaisance, pour ne pas dire la complicité, de l’Etat laïque français. Le cas du tueur ou du présumé tueur de Berlin n’est pas très différent. Quand il traversa illégalement la Méditerranéeendirectiondel’Italieenfévrier2011,Anis Amrin’étaitpasterroriste,maisunjeunedélinquantqui afaitdelaprisonpourquelquesdélitsdedroitcommun. En Italie, il a écopé de trois ans de prison pour avoir incendié un campement de réfugiés. A sa libération, il s’arrangea pour passer en Allemagne, où il déposa une demande de réfugié. Toujoursdélinquant,AnisAmrifutbrièvementempri- sonnépourunebagarredansunbar,avantsarencontre avecun«imam»irakienportantlepseudonymed’Abou AlWala,quil’endoctrinaetletransformadedélinquant en terroriste. Pour la plupart des citoyens allemands, le massacre de Berlin a été perpétré par un terroriste tunisien. Ils ignorent ou se moquent de savoir que le coupable a débarquéchezeuxendélinquant,etc’estenAllemagne qu’il a été endoctriné, fanatisé et recruté par l’hydre terroriste. Les autorités allemandes assument la même res- ponsabilité que les autorités françaises. Car, rien qu’à Berlin, 18 mosquées étaient utilisées au vu et au su de tous dans la diffusion du discours radical, et surtout danslerecrutementpourlejihadenSyriepour«20.000 euros pour chaque jihadiste de nationalité allemande recruté ». Le dernier chiffre parle de « 682 jihadistes recrutés en Allemagne ». On ne peut pas dire que tout cela a été fait, alors que les services de renseignements allemands ne sont au courant de rien. Non, ceux-ci sont connus pour être parmi les meilleurs services de renseignements du monde, par conséquent, ils doivent avoir tous les renseignements sur ceux qui financent, ceux qui recrutent et ceux qui sont recrutés. La responsabilité des autorités allemandes se situe également à un autre niveau. Elles disposent de tout un dossier sur Anis Amri, elles savent qu’il constitue un danger pour l’ordre public et pourtant, elles n’ont rien faitpourleneutraliser.C’estpourtenterd’échapperaux critiques acerbes dont elles font l’objet de la part de la presse et de l’opinion allemandes qu’elles ont rejeté la responsabilitésurlaTunisie,«coupabled’avoirreconnu tardivement » la nationalité tunisienne du tueur pré- sumé de Berlin. La Tunisie et les Tunisiens ne sont pas responsables de la radicalisation et du basculement dans le terro- risme des tueurs de Nice et de Berlin et n’ont pas à en avoir honte. La terreur qui sévit en Europe aujourd’hui est le résultat logique et naturel de l’hospitalité et de l’aide multiforme, accordées à l’islam politique et à ses représentants en Grande-Bretagne, en France, en Alle- magne, en Belgique et dans d’autres pays européens. Rappelons pour mémoire que, des décennies durant, la Tunisie n’a cessé de mettre en garde ces pays sur le danger que constitue l’islam radical pour leur sécurité et pour la nôtre. Toutes les mises en garde envoyées de Tunis tom- baient alors dans l’oreille d’un sourd. Aujourd’hui, rétrospectivement, ces mises en garde prennent toute leur importance et leur pertinence. Si maintenant tout lemondeestdanslepétrin,c’estparceque,entreautres raisons, Londres, Paris, Berlin et Bruxelles ont ignoré les mises en garde de la Tunisie. On reste pantois face à l’obstination déconcertante despaysoccidentauxànepasreconnaitreleurserreurs catastrophiques. Pire, et comme si de rien n’était, les Etats-Unis,laFranceetlaGrande-Bretagne,pourneciter quecestroispays,nonseulementilssesoucientcomme d’uneguignedesconséquencescatastrophiquesdeleurs actions en Libye, mais ils cherchent désespérément les moyens de sauver ce qui peut l’être d’une opposition armée aux abois, celle-là même qui, pendant près de six ans, a mis la Syrie à feu et à sang ƒ Chronique
  • 37.
  • 38. Analyse 40 Du 28 décembre 2016 au 11 janvier 2017 I La BCT adopte la voie la plus risquée pour commencer la libéralisation du capital Finance Abdelhay Chouikha Consultant Financier Accord Tunisie - FMI L edossierdesnégociationsdelaTunisieavecle Fondsmonétaireinternational(FMI)dumois de mai 2016 (dossier publié par les médias) comprendunenotepréparéeparlesautorités tunisiennesàl’intentionduFMI:«Mémorandumdes politiqueséconomiquesetfinancières»,présentant les points importants du programme économique du pays pour les quatre prochaines années. Dans ce programme, un point qui attire l’attention concerne les mesures prises par la Banque centrale de Tunisie (BCT)pourentamerla«libre mobilitéducapital».Ces mesures incluent : -«Lasuppressionduplafonnement delasous- criptiondesétrangers auxtitresd’empruntémis par l’Etat ou par les sociétés résidentes. - Un déplafonnement total des emprunts exté- rieurscontractésparlesétablissementsdecrédit et les sociétés totalement exportatrices. - Le relèvement du plafond concernant toutes les autres entreprises ». Cette approche - qui consiste à commencer la libéralisation des flux de capitaux par l’ouverture du marché des dettes aux flux de fonds - est considérée parleséconomistesinternationauxcommetrèsrisquée pour les pays en voie de développement, à cause de sa grande volatilité. Il est surprenant de voir le FMI soutenir une telle approche.Eneffet,cemêmedossierdenégociationscom- prendunenotepréparéeparleFMIexpliquantlademande d’accord élargi de crédit FMI. Dans la partie intitulée «ProgrammeappuyéparleFMI»,cedernierstipule: -«LesservicesduFMIontnotéavecsatisfaction les mesures prises pour réduire les contrôles ex- ante sur les transactions courantes, supprimer le plafond de la dette publique détenue par des étrangers et octroyer des pouvoirs élargis aux banques pour les transferts de devises ». Cette position est très étonnante de la part du FMI, car elle est en contradiction totale avec la démarche que ce même FMI recommande dans son document daté du 14 novembre 2012 concernant la « libéralisa- tion et la gestion des flux de capitaux », où il indique que « historiquement, les flux de dette ont été plusvolatilesetrisquéspourlesystèmefinancier que l’ont été les flux d’investissements directs étrangers (IDE) et des portefeuilles d’actions », et où il conseille que la libéralisation soit faite après des réformes profondes du système financier et par étapes, dont la toute dernière est celle des flux de capitaux à court terme. Donc, la décision de la BCT ainsi que l’appui du FMI à cette décision sont surprenants et même cho- quants ; ils ne tiennent pas compte des leçons que les économistes du monde ont tirées des dernières crises financières internationale (2008-2009) et du sud-est asiatique (1997-1998). Commençonsparvoircequeleséconomistesinter- nationauxtirentcommeleçonssurcettelibéralisation pour les pays en voie de développement. Libéralisation totale des flux de capitaux : est-elle bénéfique ? La libéralisationtotaledesfluxdecapitauxdansles pays en voie de développement est basée sur un choix idéologique et politique, plutôt que sur un fondement économique.LeFMI,quiatoujoursoptépourlathéo- rieéconomiquenéo-classique,asouventpousséles