1. VOS ANALYSES Nouveaux Territoires de Business
Comment cette aventure
collective a-t-elle débutée ?
Résidant tous les trois à Hong Kong,
observatoire du dynamisme du marché
des affaires asiatiques et ayant chacun,
de par nos activités professionnelles
respectives un contact journalier avec
des entrepreneurs, il nous a semblé
intéressant de mettre en avant et de
promouvoir ces Français qui ont décidé
de tenter l’aventure asiatique. Notre
rencontre est à notre sens le symbole
du dynamisme qui existe ici.
Nous avons chacun des parcours pro-
fessionnels et personnels très différents,
mais nous avons pu facilement nous
retrouver et nous entendre autour
d’une idée, d’un projet et d’un état
d’esprit commun.
Après tant d’années passées ici, nous
avons trouvé intéressant et nécessaire
de faire le point sur toute une nouvelle
génération de Français qui s’installe en
Asie. Nous pensons que cette photo-
graphie, inédite, peut apporter une
vision à la fois surprenante et pro-
metteuse de la France.
Pouvez-vous nous
décrire vos parcours
professionnels respectifs ?
J-L.T. : Pour ma part, j’ai eu essentiel-
lement un parcours dans l’industrie de
la banque, surtout dans les activités de
marché dans un premier temps que j’ai
ensuite complété par une expérience
dans l’asset management ainsi que
la banque privée. Par ailleurs, je fus
pour me spécialiser en droit des
affaires internationales et en cross-
border M&A entre l’Europe et l’Asie.
A l’époque, on parlait encore de la
Chine comme du Tigre endormi…
Après avoir été avocat dans un cabinet
chinois à Wuhan, puis chez Gide à
Pékin et à Hong Kong, j’ai créé il y a
8 ans une petite boutique de M&A
spécialisée dans les opérations stra-
tégiques en relation avec la Chine
pour aider les entrepreneurs et les
entreprises familiales à se développer
dans la région.
Comment vous-êtes-vous
retrouvés en Asie ?
J-L.T. : Je réside en Asie depuis dix
ans, mais connais la région depuis
mon enfance puisque j’avais cou-
tume d’y venir régulièrement. Mes
origines chinoises ainsi que la maitrise
du cantonais et du mandarin, m’ont
naturellement poussé à développer
ma carrière professionnelle dans la
région après mes études. Par ailleurs,
je suis tout à fait conscient d’avoir la
chance de vivre un moment unique
dans le développement de la région,
et j’ai donc décidé, avec mon épouse,
de saisir cette opportunité, poussé par
une envie, une insatiable curiosité et
une volonté de m’associer activement
à cette histoire.
L.M. : De par mon activité profes-
sionnelle, j’ai passé trois années entre
Paris et Hong Kong, au sein de la
banque NEUFLIZE OBC (groupe
ABN AMRO), à aider des entrepre-
neurs à développer leurs activités en
Asie, j’ai décidé il y a un an d’y poser
définitivement mes valises. En effet, le
nombre croissant d’entreprises euro-
péennes souhaitant développer leurs
activités dans la zone et d’entrepre-
neurs Asiatiques souhaitant investir
en Europe me permet, en étant basé
à Hong Kong de me positionner en
trait d’union entre ces deux mondes.
A-SOCIETY
Pouvez-vous nous
présenter A-Society en
quelques lignes ?
Le « A » de A-Society signifie Asia,
mais c’est également le « A » de
A-Grade et de A-List.
A-Society est une organisation dont
la vocation est de diffuser et de pro-
mouvoir des idées, des individus et des
tendances en provenance de l’Asie en
général, et de la Chine en particulier.
Nous croyons en effet à l’influence
grandissante de la Chine dans le
monde et il devient donc impératif
de développer une meilleure compré-
hension de ce qui s’y passe. C’est une
démarche pratique et pragmatique
puisque nous partons toujours de la
réalité du terrain.
Pourquoi un
« recensement » des
Français en Chine ?
Avant tout par fierté d’être Français
et la volonté d’offrir un panorama des
forces vives françaises en Asie. Il nous a
ainsi semblé intéressant et opportun de
mettre en avant les nombreux profils
prometteurs qui viennent démontrer
l’essor et la réussite de cette com-
munauté hors de nos frontières. Ces
Français font preuve d’un grand cou-
rage en quittant leur zone de confort
pour se confronter à un autre univers
culturel et une pratique des affaires
totalement différente. Ils portent tous
au quotidien l’image de la France,
chacune et chacun d’eux agit comme
un véritable ambassadeur du pays.
Depuis l’étranger, ils sont en effet tous
A la rencontre de A-Society, un think-tank
installé en Asie et créé par trois Français
également conseiller auprès de grandes
familles dans la région. Par conséquent,
je me considère avant tout comme
un expert et facilitateur d’affaires au
sein de la région asiatique, chinoise en
particulier, un agitateur d’idées aussi,
avec une forte expérience bancaire.
Je me consacre aujourd’hui à ce qui
me passionne le plus : travailler au
rapprochement et au renforcement
de la coopération entre les grandes
familles Européennes et Asiatiques.
L.M. : Après avoir exercé pendant
six années la profession d’avocat, j’ai
rejoint il y a 8 ans le secteur de la ges-
tion privée en développant un business
model basé sur un constat simple : Les
nouveaux clients des banques privées
sont des chefs d’entreprises. Leur pas-
sion est leur entreprise. Ils souhaitent
être conseillés et accompagnés dans
leur activité professionnelle aussi bien
dans leur pays d’origine que pour leur
développement international. Placer
des actifs, gérer leur fortune n’est pas
le seul service que ces personnalités
entreprenantes attendent. Mon modèle
consiste donc à utiliser mon réseau afin
d’aider mes clients dans leurs activi-
tés aussi bien en Europe qu’en Asie.
J’aiguille les entrepreneurs asiatiques
souhaitant investir ou développer
leurs activités en Europe, et inverse-
ment, j’oriente les européens en quête
d’expansion en Asie Pacifique.
F.T. : Je suis arrivé en Chine il y a
plus de 20 ans après une première
expérience professionnelle à Singapour
Face à l’expansion et à l’affirmation de l’influence chinoise dans le monde, il devient
plus que jamais nécessaire de mieux la comprendre afin de toujours mieux agir.
A-Society est un think-tank nouvellement créé par trois Français installés en Asie.
Sa vocation est de contribuer à un meilleur décryptage des idées, changements
et tendances ainsi que des individus qui comptent dans cette région. Son premier
projet porte sur le recensement de 50 jeunes Français prometteurs en Chine
(Shanghai, Pékin et Hong-Kong), reflet d’une jeunesse française ambitieuse qui va
au bout de ses idées et de ses rêves. Entretien avec Jean-Louis C.H.TSE, Laurent
MESNIER et Fabrice TURRIES, fondateurs du think-tank A-Society.
Janvier 2016 C’est à vous ! 38108
2. Nouveaux Territoires de Business
perçus et définis comme Français. Le
public étranger perçoit donc la France
à travers eux et en cela, il s’agit d’une
responsabilité signifiante. Pour toutes
ces raisons, nous avions souhaité que le
premier projet de A-Society leur rende
hommage et mette en valeur leurs
parcours et projets respectifs. C’est très
important car l’ensemble de ce qu’ils
réalisent se fait en complément de ceux
qui bâtissent leurs carrières et créent
leurs entreprises depuis la France. C’est
cette combinaison formidable d’efforts
qui continue à garantir le rayonnement
de la France dans le monde. D’où le
projet de recenser chaque année le
profil de 50 jeunes français extrême-
ment prometteurs en Asie.
Quelles sont les
conséquences pour
la France ?
Le départ pour des raisons de conjonc-
ture économique de jeunes diplômés
et d’entrepreneurs à l’étranger peut
sembler avoir pour conséquence un
« appauvrissement humain » de notre
pays. Mais l’ironie est que ce phéno-
mène est aussi lié à la forte croissance
en Asie de nombreuses multinationales
Françaises dans des secteurs tels que
le luxe, l’agroalimentaire, l’industrie,
la finance…, cette réussite impliquant
l’embauche de nombreux cadres
Français…
Par conséquent, leur départ à l’étranger
ne doit pas être interprété simplement
comme une « fuite des cerveaux »,
ce serait un raccourci journalistique,
et constitue en fait un processus de
renforcement de la place de la France
sur l’échiquier international.
Quels sont les premiers
constats de ce
« recensement » ?
Tout d’abord une très grande diversité
d’ambitions et d’actions, et donc de
projets aux profils variés.
Au-delà des industries traditionnelles
dont la France peut revendiquer un
leadership naturel, il est intéressant
de constater l’engouement des jeunes
français dans la création d’entreprises
dans un grand nombre de domaines
allant de la galerie d’arts aux start-
ups technologiques, en passant par
différents métiers liés aux services.
Ce qui frappe d’emblée dans la lecture
de notre recensement est la part rela-
tivement élevée des entrepreneurs.
LA COMMUNAUTE
FRANCAISE EN CHINE
Un mot sur la communauté
française. Comment a
évolué la communauté
Française en Chine ?
Depuis quelques années le nombre de
Français en Asie est grandissant. La
mauvaise santé de l’économie et les
nombreux obstacles à l’entreprenariat
en France ont poussé jeunes diplômés
et entrepreneurs à tenter l’aventure sur
la zone. Par ailleurs, face à l’essor de
certaines multinationales françaises en
Chine, de nombreux cadres ont décidé
de quitter la France pour tenter l’aven-
ture internationale. Le cas de Hong
Kong est assez intéressant. Il est estimé
que la population française s’élève à
près de 18,000 personnes faisant d’elle
la 2e
plus grande communauté euro-
péenne en seconde place derrière les
britanniques et ce, avec une moyenne
d’âge de 30 ans. Les chiffres à Shan-
ghai et à Pékin montrent également
une bonne dynamique de croissance.
Quelles sont les grandes
caractéristiques de
cette communauté ?
C’est une communauté qui évolue
puisque nous constatons un rajeunis-
sement des arrivants depuis quelques
années. De plus en plus d’entre eux
arrivent sans emploi et se lancent très
rapidement dans l’entrepreneuriat.
Ce constat est bien reflété dans notre
recensement qui dresse, selon nous,
un état des lieux en parfait accord
avec la réalité.
L’AVENIR
Quels sont les futurs
projets de A-Society ?
Le premier objectif serait de garantir
la pérennité de ce premier projet car
nous souhaitons qu’il devienne une
véritable référence en la matière :
contribuer au rayonnement de la
France à l’étranger et rapprocher nos
deux continents. Nous pourrions éga-
lement imaginer avec l’aide de sponsors
de créer des activités annexes autour
de ce « recensement », comme par
exemple un forum annuel qui fédé-
rerait des responsables politiques et
économiques autour des personnes
recensées pour promouvoir ensemble la
réussite française et initier des projets
communs. Nous sommes ouverts à
toutes propositions. Et à partir de la
seconde édition, nous voudrions élargir
notre champ d’action et y incorporer
les français résidant à Singapour et à
Taiwan afin de rendre notre « recen-
sement » encore plus complet. Par
ailleurs, comme nous l’avons indiqué
précédemment, A-Society doit jouer
un rôle de vecteur d’informations et
d’idées en provenance de l’Asie. Ses
initiatives ne se résumeraient donc pas
à l’activité des Français dans la région.
Sans rentrer dans les détails, nous tra-
vaillons actuellement à l’élaboration
d’un nouveau projet en rapport avec
les entrepreneurs en Chine.
A suivre donc…
❚❚ Propos recueillis par Muriel Lorach
Contact :
jean-louis.tse@a-society.org
laurent.mesnier@a-society.org
fabrice.turries@a-society.org
LES FONDATEURS
Jean-Louis C.H.TSE, 35 ans,
a officié successivement au
sein de HSBC Global Banking
& Markets, la Société Générale
CIB et dernièrement au sein du
groupe Edmond de Rothschild
où il s’est employé à contribuer
à la réflexion stratégique et à
son développement en Asie. Par
ailleurs, il est aussi conseiller
auprès de grandes familles dans
la région.
Jean-Louis est diplômé de l’ESCP
Europe et de Sciences Po Paris.
Laurent MESNIER, 42 ans, après avoir
exercé pendant six années la profession
d’avocat spécialisé en fiscalité internationale,
successivement chez Landwell & Partners,
August & Debouzy et Marvell, Laurent a effectué
ses premiers pas de banquier en 2007 au
sein d’Aforge Degroof. Il a ensuite rejoint, en
février 2010, la Banque Neuflize OBC (Groupe
ABN AMRO) à Paris. Après trois années passées
entre la France et l’Asie, il s’est définitivement
installé à Hong Kong en février 2015, exerçant
toujours ses activités pour le groupe ABN AMRO.
Laurent est Docteur en Droit et diplômé de l’ESCP
Europe.
Fabrice TURRIES, 44 ans,
a débuté sa carrière en 1995 à
Singapour au sein du cabinet Allen
& Gledhill. Il poursuivra ensuite
son aventure asiatique en Chine
successivement chez Wuhan
Foreign Economic Law Firm puis
chez Gide Loyrette Nouel.
Il a enfin co-fondé Palazzari &
Turries en 2008, une boutique de
conseils M&A spécialisé sur les
transactions cross-borders entre
petites et moyennes entreprises.
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