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Observatoire de l'islam
1
OBSERVATOIRE DE L'ISLAM
La revue de la presse (n°3)
Observatoire de l'islam
2
Islam et islamisme : entre foi
individuelleet dérive politique
collective
La question de l’islamisme, très prégnante dans toutes les sphères des sociétés arabes,
interpelle aujourd’hui, plus que par le passé, les musulmans partout dans le monde. C’est
une posture qui consiste à faire de la religion une sorte de plateforme idéologique et
politique pour dominer la ‘’communauté des musulmans’’.
L’islamisme,une posture
politique
Enfant naturel du
wahhabisme, importé
sans contrainte d’Arabie
Saoudite, l’islamisme
s’enracine
progressivement parmi
nous et parmi de très
nombreux autrespeuples
arabes et africains, très
souvent par conviction
intéressée, parfois par
mimétisme, désormais
davantage par une
espèce de contrainte
sociale diffuse partout,
dans les écoles, les
médias de toutes sortes,
publics autant que
privés. ‘’Parce qu’il n’est
plus possible de faire
autrement’’ dans la
psyché et le
comportement de
milliers d’hommes et de
femmes.Parce qu’ilssont
pauvres, illettrés,
marginalisés/brimés ou
tout cela à la fois par le
système politico-religieux
dominant ou parce qu’ils
en veulent à la planète
entière d’être
responsable de leur mal-
vie, de leur déprime ou
de leurs reculs matériel,
politique etintellectuel…
Nous parlons ici de
l’islamisme et non de
l’islam – de ce nouveau
‘’isme’’, comme on
parlait/on parle encore
de communisme ou de
libéralisme,… – en tant
que religion
monothéiste. Nous
parlons de cette
approche idéologico-
comportementale qui
met en avant les aspects
visibles et parfois
sectaires, en tout cas
ségrégationnistes et
exclusifsde lareligiosité.
Une telle approche est
aussi aisée que
confortable, parce
qu’elle se limite à des
apparences
Observatoire de l'islam
3
comportementales ou
vestimentaires, à
l’évocation de l’au-delà
et à des
slogans/messages
subliminaux tendant à
donner à ceux qu’elle
embrigade un sentiment
de paix intérieure et de
satisfactionde soi et,très
souvent également, de
supériorité surlesautres,
touslesautres(lesautres
nations, les autres
religions, celles qui ne
pensent pas et ne se
comportent pas comme
eux/nous).
L’islam, une religion de
la Raison
L’islam, lui, nous ont
appris les grands
penseursde l’islamd’hier
et d’aujourd’hui, a, par
contre, toujours laissé
une grande latitude à la
Raison (avec un grand R
(Al Akl) dans la conduite
de la vie quotidienne des
humains et dans leur
réflexion et leur rapport
à Dieu. C’est pour cela
qu’il n’y a point
d’intermédiaires en
islam,ni de sacerdoce (La
Rahbaniata Fi Al Islam).
La relation y est directe
entre Dieu et les
croyants. L’islam a
toujours incité le
musulman à raisonner, à
réfléchir,àphilosopher,à
se relever par la pensée,
par la création, par la foi
et par le travail (Ijtihad).
Ibnou Rochd avait
clairement souligné
‘’qu’en cas de
contradiction entre la
science rationnelle et la
foi, il faut choisir la
raison’’. Ibn Al Banna,
père des ‘’Frères
musulmans’’,soutenait à
la fin du 19ième siècle
‘’qu’en cas de
contradiction entre un
‘’Hadith’’etlaFaculté (au
sens d’Ecole supérieure
et donc de Science), il
faut revenir à la Faculté’.
C’estdanscet esprit qu’il
faut considérer l’islam.
Une religion qui n’a pas
vocation à être figée
dans une interprétation
radicale et encore moins
à se transformerenarme
de guerre contre ceux et
cellesqui ne pensent pas
et n’agissent pas comme
vous. Les oulémas d’Al
Azhar au Caire viennent
d’interpeller, dans un
communiqué de leur
dernier congrès en
décembre 2014, l’opinion
publique arabe et
internationale pour
condamner
énergiquement ceux qui
instrumentalisent la
religionmusulmane pour
des intérêts politiques.
L’instrumentalisation de
la religion
Au Maroc, l’observateur,
même le moins attentif,
relève désormais
partout, dans tous les
espaces sociaux, publics
et privés, une forte
présence de symboles,
cérémonials, discours et
pratiques à connotation
islamiste tendant à avoir
prise sur toutes les
manifestations de la vie,
autant intime que
sociale.Il ya une volonté
chez les islamistes de
vouloir tout régenter,
tout déterminer, tout
contrôler, d’où
l’instrumentalisation de
la religion à des fins de
pouvoir.
L’islamisation des
consciences s’est
produite sous l’effet du
discours tantôt
‘’salafiste’’, tantôt
‘’takfiriste’’– qui a pris le
relais, avec des moyens
financiers importants
venant de la péninsule
arabique et de la
puissance médiatique
des paraboles (environ
500 chaînes TV de
prêche), historiquement
incomparable du
discours communiste
venu de l’ancienne URSS
– qui a eu un effet
d’attraction/d’intimidatio
n sur les illettré(e)s et
parfoisleslettré(e)saussi
de la société musulmane.
Nombreux sont ceux et
celles, de tous les
milieux, de toutes les
couches sociales, qui
prétendent aujourd’hui
‘’connaître’’l’islam,qui le
propagent dans le tissu
social et l’inculquent
chacun à sa façon à leurs
concitoyens, pensant les
mettre ou les remettre
sur ‘’le droitchemin’’, en
attendantrédemption et
rétributiondansl’au-delà
(Al Ajr Fi Al Jana).
Lorsque cette démarche
émane du ‘’petit
peuple’’, pauvre et
Observatoire de l'islam
4
analphabète et très
souvent soumis, on
comprendrait et on lui
tiendrait moins rigueur,
même si des parades
contre les dérives
toujours possibles
doiventêtre recherchées
et trouvées. Le vrai
problème se pose
lorsque lapropagation et
l’endoctrinement
islamistes viennent de
personnes supposées
averties et pondérées.
L’état d’esprit d’une
bonne partie des
citoyens marocains est
désormais caractérisé
par un repli identitaire
allant, parfois, jusqu’au
plus petit détail de la vie
familiale et sociale,
privée et publique des
individus. Les exemples
sont bien nombreux et
très divers. Les aspects
les plus manifestes ont
pour illustration la barbe
hirsute chez les hommes
et le port d’habits de
‘’type religieux’’ chez les
hommes et les femmes,
de même que la façon de
se comporter avec son
propre corps etlesautres
comme le refus de
certains hommes de
tendre la main aux
femmes ou le fait pour
ces dernières de refuser
celle des hommes.
Lorsque leshommessont
habillésà‘’l’afghane’’, ils
sont évidemment vite
repérables. Ils le sont
moins dans l’espace
public lorsqu’ils sont
normalementvêtusetne
portent pas la barbe. Il
leur arrive, par effet de
mode, de vouloir se
confondre avec les
modernesmal-rasés!Les
femmes sont
évidemment les plus
visibles dans le même
espace, où les hommes
ont désormais tendance
à être à leur égard des
agents de la ‘’bonne
vertu’’, les rappelant à
l’ordre à chaque
‘’déviationvestimentaire
ou comportementale’’.
A ce propos, plus
spécialement, le port du
voile (oudu‘’Niqab’’) est
justifié, d’abord, par le
fait d’être un ‘’acte de
foi’’ et de spiritualité,
une ‘’prescription
divine’’, et donc, une
obligation qui
concernerait toutes les
femmes croyantes. Et
toutes doivent être
croyantes, tout en
exprimant leur nouvelle
subordination par
l’acceptation de la
nécessité impérieuse où
elles ont été mises de se
protégerdes‘’regards de
la convoitise’’ des
hommes, considérés
comme rien d’autre que
des ‘’envies
ambulantes’’.
L’habit/Niqab
matérialise, dans cet
esprit, l’indication de la
décence et de la pudeur
desfemmes et aussi leur
ultime arme
d’autodéfense dans un
milieu prétendument
peuplé de ‘’rapaces’’, où
la loi ne semble être
d’aucune espèce
d’utilité. Son abandon
engendrerait un malaise
au sein du corps social.
On enoublieraitpresque
que, voici quelques
décennies encore, nos
mères et grand-mères
portaientdes‘’djellabas’’
marocaines dont
l’élégance des coutures
et des couleurs le
disputait à leur piété
naturelle, sans qu’il y ait
eujamaisbesoinqu’elles
se couvrent de la tête
aux pieds de ces tissus,
noirs ou marrons ou gris,
venus de cieux sous
lesquelsl’histoire semble
s’être figée.
L’idée que lesfemmesne
peuventse montrer dans
l’espace mixte que
vêtues de voile paraît
avoir pris comme un feu
de paille. Sa pratique
s’intègre, aujourd’hui,
dans un processus
socioreligieux,culturel et
politique global. Il est
devenu ce symbole qui
atteste du besoin de
retour sur soi, de la
volonté de se positionner
contre l’aliénation et les
libertés, considérées
comme étantexcessives,
régnant en Occident,
notamment par rapport
au corps des femmes
exhibé ou à leurs droits
civils, sociaux et
politiques. Cette
pratique, du voile
intégral, exprimerait
l’angoisse de la
dissolutiondesmœurs,la
peur de la négation des
vertus élémentaires qui
fondent la civilisation
Observatoire de l'islam
5
arabo-musulmane. Elle
esten réalité l’expression
de l’aliénation de la
femme, de sa
subordination et de son
infériorité et,au final, de
son exclusion de la
sphère publique de débat
et de production. C’est
même là l’une des
principales victoires des
islamistes purs et durs
jusqu’à aujourd’hui :
l’intériorisation de la
soumission par les
femmes. Notre société
serait ainsi privée de la
moitié de ses forces
vives, ce qui n’est pas un
moindre handicap dans
notre compétition
permanente vis-à-vis du
reste du monde dont
nous importons tout ce
qui est déterminant (de
la voiture au téléphone,
au sucre ou aux
médicaments….) pour
notre existence
matérielle et même
religieuse, puisque sans
avions fournis par les
mécréants de chez
Boeing ou Airbus, point
de Hajj à la Mecque et
pas, non plus, de web
sites pour propager de
par le monde les fatwas
rétrogrades.
On peine à dénoncer
cette pratique. S’y
opposer, c’est aller
contre les
commandements du
Coran, sans que
personne, y compris
parmi les plus zélés, ait
jamaissignalé le moindre
verset imposant le voile
intégral ou la ‘’burka’’ ou
encore leur couleur ou la
façon de les porter aux
femmes.Ungrand cheikh
d’Al Azhar avait
clairementditque le port
du voile n’est pas, en
islam, une obligation.Les
réformateurs de l’islam
le confirmentaujourd’hui
clairement dans leurs
discours et écrits. En le
portant,la femme nie,en
fait, sa féminité, son
individualité, cache son
corps nonseulement aux
autres mais aussi à elle-
même. Avec ce
vêtement, elle se fond
dans la masse et perd
son entité en tant que
femme et,infine,entant
qu’être humain.
L’époque contemporaine
dicte etpropose d’autres
formes de défense,
certainement pas en
termes vestimentaires.
Les moyens de défense
devraient être plus
sophistiqués.Lesfemmes
musulmanes, comme les
hommesmusulmans,ont
besoin surtout de
moyens d’autodéfense,
d’une bonne image de
soi, d’armes en matière
de responsabilité,
d’intellect, bien
enracinées et
viscéralement
structuréesenelles/eux.
Ils ont besoin aussi de
lois bien faites et de
pouvoirs publics forts,
capablesde lesappliquer
et de juges vertueux en
mesure de sanctionner
leur non-application.
Dans les sociétés
civilisées, c’est la loi
démocratiquement
discutée et adoptée qui
protège, pas l’habit,
quelles que soient son
épaisseuretsesopacités,
pas les postures.
Le voile peut constituer
aujourd’hui, par ailleurs,
un vrai handicap pour les
femmes, qui se voient
parfois, même
lorsqu’elles sont très
brillantes, refuser des
postes de travail ou des
possibilités
d’avancement dans un
certain nombre
d’entreprises nationales
et internationales au
Maroc, comme dans
d’autres pays. Ces
entreprises sont-elles
discriminatoires ? Peut-
être, mais toujours est-il
que leur choix se porte
sur les femmes sans
apparence religieuse
marquée. Et de fait, on
n’a pas à faire montre de
son appartenance
religieuse dans des lieux
où des personnes de
toutesreligions,etmême
sans religion, ont
vocation à se retrouver
en travaillant ensemble
ou comme clients.
Feu Mohammed V avait,
bien avant
l’Indépendance du pays,
libéré ses filles et les
Marocaines du voile,
sans que la religiosité de
la société en souffre
outre mesure.
Aussitôt après
l’Indépendance, les
femmes ont enlevé
Observatoire de l'islam
6
‘’L’tam’’ et les filles la
‘’Djellaba’’. Et le Maroc
avançait lentement vers
une modernité
émancipatrice. En
Tunisie, le président
visionnaire à ce propos,
Bourguiba, en avait fait
autant. Mais ça, c’était
un autre siècle, un autre
monde. Aujourd’hui,
avecle voile généraliséet
lesbarbesen bataille, on
est entré de plain-pied
dans l’ère du
hooliganisme surtousles
terrains (sportifs ou
politiques) et dans celle
de Daech, soit celle de
ces jeunes désœuvrés
que nous envoyons
détruire des civilisations
millénaires en Syrie ou
en Irak, en attendant un
‘’retour victorieux’’ au
Maroc, en Arabie ou
ailleurs. La Tunisie, qui
avance aujourd’hui dans
la construction de sa
démocratie, le doit pour
beaucoup à ses femmes
compétentes, lettrées,
libérées, mais combien
respectées et
respectables.
Manifestations islamiste
dans l’espace éducatif et
universitaire
Dans un autre espace
social vital, celui de
l’éducationnationale,les
pratiques islamistes
infiltrent les
établissements scolaires
et universitaires.
L’idéologie politico-
religieuse s’affiche
ouvertement dans les
écoles,collègesetlycées.
Bon nombre de
responsables
administratifs et
pédagogiques sont de
plusenplus d’obédience
islamiste radicale,dansla
forme comme dans
l’esprit. Il arrive que l’on
impose même à des
fillettes,encoregamines,
de porter le foulard en
classe. Il existe, par
ailleurs, dans de
nombreux
établissements, un
amalgame dans le
contenu des cours. Il y a
une dualité dans le
contenu du module de
l’éducation à la
citoyenneté,puisée dans
la double référence à la
culture musulmane et à
la culture universelle.
L’élève se trouve alors
tiraillé entre les valeurs
inhérentes à ses
croyances et les valeurs
universelles. Cette
coexistence d’un double
référentiel a induit une
dilution de la notion de
citoyennetéenfaveur de
valeurs humaines
restrictives fondées
d’abord sur la culture
religieuse. Cette dualité
favorise le
développement de
différentes
instrumentalisations
idéologiques des
principes et valeurs des
droits humains,
introduits dans les
contenus des manuels
scolaires, dans un
contexte socioculturel
marqué par la
prééminence des
pensées conservatrices,
dans de larges couches
de la population
marocaine.
La rupture constitue la
conditionprimordiale de
dépassement de
l’opposition du
spécifique et de
l’universel et de
réconciliation de
l’apprenant avec la
culture humaine.Lorsque
les manuels se
contredisent et
s’opposent, ils
déstabilisent l’élève. Et,
de là, toute la société
s’en trouve, à plus ou
moins brève échéance,
affectée.
Pour ce qui est des
universités,celles-ci sont
devenueségalement des
lieux de ‘’propagande
islamiste’’. Aujourd’hui,
bon nombre de
professeurs et
d’étudiant(e)s ne font
plus mystère de leur
appartenance à
l’idéologie islamiste, en
classe, dans les
amphithéâtres, comme
dans les enceintes
universitaires. Les
étudiantes voilées
représententaujourd’hui
une bonne moitié de
l’ensemble des filles
inscrites dans les
universités,peut-être un
peu plus. Les rencontres
et conférences
d’islamistes sur le
campus y sont
nombreuses… On avait,
jusqu’àune date récente,
l’habitude d’évoquer les
étudiant(e)s islamistes
Observatoire de l'islam
7
dans l’enceinte
universitaire et plus
précisément au sein de
l’organisation syndicale
estudiantine, mais
quasiment jamais
d’enseignant(e)s
islamistes. Aujourd’hui,
ce sont ces derniers qui
font le plus parler d’eux.
On les voit se multiplier
et s’organiserpourmieux
faire passer leurs
messagesparl’entremise
de la ‘’science’’ et de la
‘’recherche’’, non
conventionnelle, comme
certains le soutiennent à
présent, surtout
s’agissant de sciences
sociales comme
l’économieetla finance ,
puisque ‘’l’Economie
islamique’’estdésormais
ouvertement enseignée
comme une discipline à
part, là où il n’est
questionjusqu’à présent
que de quelques
préceptes portant sur la
redistribution, tels Zakat
ou l’héritage, ou sur la
finance dite islamique.
Mais un système
financier, aussi
performant et
‘’vertueux’’soit-il,peut-il
être intelligible s’il n’est
pas accolé à un système
de production dont il
n’est question nulle part
?
En organisant des
rencontres sur des
thématiques d’ordre
religieux, les groupes
d’enseignantsàréférents
islamistes, incarnent les
‘’modèles’’ à suivre pour
les étudiant(e)s. Ils
soumettent, pour
accréditation, des
programmesde diplômes
(DUS, Licences
professionnelles ou
Masters spécialisés en
‘’Economie et finance
islamiques’’). Parfois, les
enseignementsproposés
sont payants. Cet état de
faitest,de notre pointde
vue, une vraie dérive car
l’université a pour
vocation de dispenser
des enseignements
réservés aux sciences et
d’organiser des
manifestations à
caractère strictement
scientifique. L’amalgame
est déroutant.
A l’université, chercher à
s’informer sur les
religions et analyser
l’évolution des
phénomènes à caractère
religieux pour en
comprendre les
motivations internes est
un acte plusque louable,
puisqu’il relève aussi de
la Science (histoire,
sociologie,
anthropologie,…). C’est
une nécessité
intellectuelle.La position
de repli et d’ignorance
desdoctrines religieuses
conduitsans doute à une
impasse. Mais
l’université devraitrester
endehorsdesdémarches
prédicatrices des
islamistes. Son espace
public n’a pas besoin de
voir se développer en
son sein des discours à
soubassement
idéologique islamiste.On
ne devrait pas tolérer et
accueillir des
événements dont c’est
cela l’objectif. Il y a bien
d’autres lieux où les
prédicateurs font
entendre leur voix. Pour
les enseignements à
caractère religieux, il y a
aussi des universités
spécialisées(Qaraouiyine
et Dar Al Hadit Al
Hassanya’’,notamment).
Les enseignements dans
les universités à
caractère scientifique
devraientse limiteràleur
vocation, à savoir la
transmission et
l’acquisition de
connaissances
scientifiques.
La posture de la finance
sans usure
En ce qui concerne la
finance,suite au feu vert
donné par le Conseil
économique,social et de
l’environnement à la
création des ‘’banques
islamiques’’, dites
participatives, au Maroc,
la loi est déjà prête pour
autoriser leur
fonctionnementavecdes
conditions qui les
rendraient non
concurrentes aux
banques classiques.
La créationde ce type de
banques est-t-elle
nécessaire dans un pays
qui ambitionne de
devenir un pays
émergent ? Peut-elle
sortir les gens non
bancarisés de leur
paupérisation ? Ce qui
est certain, c’est que
cette création répond
Observatoire de l'islam
8
aux intérêts des
fondateurs des banques
islamiques, pour la
plupart originaires des
riches pays pétroliers du
Golfe où ‘’l’argent’’ –
pour parler trivialement
– a une origine et donc
aussi une signification
différentes qu’il en a
dans les pays où l’on
‘’travaille dur pour en
gagner’’. En outre, ces
mêmesbanquiers,quand
bien ils seraient nos
‘’frères en islam’’, ne
seront ni moins
affairistes ni moins
mercantiles que leurs
confrères qu’ils
voudraient supplanter,
même si leur discours
n’arrête pas de puiser
dans la morale et
l’éthique. Si cela pouvait
en être autrement, on
l’aurait déjà remarqué
dans l’aide au
développement que les
pétromonarchies
accordent aux pays
arabes moins nantis.
Or, les ressources
immenses de ces
monarchies et autres
émirats sont plus
investies dans des fonds
de pension et autres
groupesindustriels et de
services américains ou
européens que dans le
soutien à la ‘’Oumma
islamique’’, combien
dans le besoin. Du reste,
a-t-on déjà vu des fonds
qataris investir dans une
équipe de football
marocaine ou tunisienne
ou égyptienne, alors
qu’ils trustent à ‘’tour de
bras’’ des équipes du
gotha des championnats
anglais, français ou
espagnol, plus voyants à
l’international et
combienprofitables, etc.
? Dans la même veine,
les jeunes des banlieues
de Rabat ou de Tunis
seraient-ils moins pieux
ou moins à plaindre que
ceux des banlieues
parisiennes, sur lesquels
‘’pleuvent’’ depuis
quelques années des
millions d’euro venus de
l’Emirat du Qatar,
soutien indéfectible,
entre autres, des Frères
musulmans ?
Nonobstant, une partie
desclientsdes ‘’banques
islamiques’’ est
convaincue
religieusementpar‘’leurs
bienfaits’’. Mais, une
autre partie serait plutôt
mue par le désir de voir
se développer sur le
marché financier des
produits bancaires
concurrentiels aux
banques ‘’classiques’’
(considérées à juste titre
comme trop voraces
dans notre pays).Mais,la
‘’Mourabaha’,’ par
exemple, – pour ne pas
parler de la
‘’Moucharaka’’ ou de la
‘’Moudaraba’’, autres
prêts ‘’spéculatifs’’-
produit phare de la
finance islamique,
remplaçant l’intérêt
usuraire (Arriba), n’est
rien d’autre qu’un crédit
déguisé, d’ailleurs plus
coûteux qu’un crédit
conventionnel.Il ne peut
et il ne pourra jamais y
avoir de finance
islamique, dans le sens
de l’absence d’intérêt.Ce
que l’islam, comme les
autres religions
monothéistes,condamne
c’est l’intérêt d’usure,
celui qui se pratique hors
concurrence, hors la loi
et dans le déséquilibre
total entre le débiteur et
son créancier. Evoquer
un système financier
sans intérêt relève de la
pure chimère, puisque
dans tout système
marchand (etl’économie
dite islamique ne remet
pas en cause ni le
système marchand ni
l’économielibéralequi le
fondent), toute chose a
un coût et, donc, un prix.
Et l’argentestune chose,
une marchandise (même
s’il est aussi beaucoup
‘’d’autres choses’’ à la
fois, dont les tenants de
la finance islamiste ne
parlent jamais) qui doit
avoirabsolumentunprix,
et ce, quelle que soit
l’appellation qu’on lui
donne. Soutenir la
possibilité de ‘’gratuité’’
à ce propos,ou même de
partage ou de
participation dans le
cadre d’un ‘’échange
équitable’’, entre des
partenaireségaux relève
du pur mensonge, de
l’ignorance des bases
mêmesde l’économie ou
des deux à la fois.
En guise de conclusion
Il est important de
souligner au terme de ce
Observatoire de l'islam
9
texte que la tendance
vers plus ‘’d’islamisme’’
est en totale
contradiction avec
l’orientation officielle
que le Maroc dit avoir
prise en matière de
développement
économique, social,
humainetculturel depuis
maintenant bien
longtemps.Il estillusoire
de croire que l’on peut
aller vers la
modernisation et la
démocratisationde notre
pays en ayant, en même
temps, des pratiques et
comportements qui ont
effacé l’âge d’or de la
civilisation du monde
musulman à un moment
où l’Europe somnolait
dans son sous-
développement. Si le
développement est une
affaire de changement
des structures
socioéconomiques, il est
aussi, concomitamment,
une affaire de
changement de
mentalité et d’adoption
de nouvelles valeurs de
travail, de solidarité non
confessionnelle, et
d’inclusionsociale plutôt
que d’exclusion de
l’autre,à commencer par
la femme.
La religiositéetlafoi sont
des dimensions
intrinsèques à la nature
humaine. L’Homme a
besoin d’une spiritualité
qui lui donne une
satisfaction morale et
une paix intérieure. Le
mieux est de faire en
sorte qu’elles se
perpétuent dans le
champ de l’intime. C’est
le sens même de l’islam
lorsqu’il affirme et
consigne dans le texte
coranique qu’il n’y a
point de contrainte en
matière de religion. La
liberté impose la laïcité
qui n’a rien à avoir avec
l’athéisme évoqué
souvent par les
détracteurs
antidémocrates.
Nous n’avons
franchement pas besoin
de compliqueretde nous
compliquer l’existence.
Pour mieux coexister et
pour un meilleur vivre-
ensemble, nous avons
plutôt besoin de
consolider la cohésion
sociale, le partage de
valeurs d’humanisme et
de progrès, ainsi que
d’ouverture vers autrui.
Nousavonsplutôtbesoin
de mettre enexergue les
moments phares de
notre civilisation arabo-
musulmane.
Restons tout de même
optimistes. Le
pessimisme est un luxe
que nousne pouvonspas
nous permettre.
Mounir ZouitenetMehdi
Lahlou
Observatoire de l'islam
10
Houellebecqconvertit la France à
l’islam dans son prochain roman
L’auteursitue son nouveau livre, Soumission, à paraître le 7 janvier 2015, dans la France de
2022. Une anticipationdanslaquelle unparti musulmanremportelaprésidentielle contre le
Front national.
Michel Houellebecq se
lance dans la politique
fiction. Son prochain
roman, Soumission,
paraîtra le 7 janvier chez
Flammarion et risque de
faire beaucoup de bruit.
Le Goncourt 2010 plonge
son lecteur dans la
France de 2022. Il
imagine une élection
présidentielle en fin de
second mandat de
François Hollande.
Le Front national de
Marine Le Pen,qui a déjà
perdu le scrutin de 2017,
subitla loi d’une alliance
UMP, UDI, PS, associée à
la Fraternité musulmane,
parti inventé par
l’auteur. Son leader,
Mohammed Ben Abbes,
finit par être élu et
choisit François Bayrou
comme premierministre.
Le narrateur, qui
s’appelle François,est un
universitaire malheureux
et solitaire,spécialiste de
Joris-Karl Huysmans. Il
couche avec des
étudiantes et comme
toujours chez
Houellebecq,l’amour est
triste. La soumission du
titre faitréférence àcelle
des mécréants qui
doivent se soumettre à
Allah et à celle des
femmes aux hommes. À
la fin du roman, François
se convertit à l’islam et,
professeur adulé, voit se
soumettre àsesdésirsde
jeunes étudiantes
voilées…
Ce roman de 300 pages
devrait attirer toute
l’attention lors de la
rentrée littéraire.Le sujet
commence déjàà faire le
tour du web, et la
twittosphère n’a pas
tardé à réagir. Et risque
bien de ranimer la
polémique née en 2001,
lorsque l’écrivain en
promotion de son roman
Plateforme avaitdéclaré:
«La religion la plus con,
c’est quand même
l’islam.»
François Menia
Observatoire de l'islam
11
Maroc : L’émirat des croyants a repris
les interdictionsdes activités d’ONG
des droits de l’Homme
L’émirat des croyants qui a accueilli le Forum mondial des droits de l’Homme continue
d’entraver l’action des organisations locales.
En laps de trois jours, le
Maroc gouverné par le
parti islamiste du PJD a
empêché la tenue de
troisréunionsorganisées
par des associations des
droits de l’Homme dans
les villes de Rabat et
Tanger. Ces interdictions
s’ajoutent aux dizaines
d’activités que les
organisations des droits
de l’Homme marocaines
ont essayé d’organiser
dans le paysdepuisjuillet
2014 et qui ont été
interdites par le
ministère de l’intérieur.
« Vendredi après-midi,
lesservicesde Mohamed
Hassad ont brandi le
carton rouge devant une
session de formation au
profit des membres de
l’AMDH, qui était prévue
au siège du club des
œuvres sociales du
ministère de l’Agriculture
et de la Pêche à Rabat, et
ce malgré l’autorisation
des gérants du lieu »,
note le portail marocain
Yabiladi.
Le lendemaindanslaville
de Tanger, le même sort
sera subi par une
rencontre à l’occasion de
la célébration du 66ème
anniversaire de la
proclamation de la
Déclaration universelle
des droits de l’Homme
qui devait être animée
par Khadija Ryadi et
Mohamed Zehari. La
moindre explication de
l’interdiction n’a été
donnée aux
organisateurs.
Enfin, dimanche 14
décembre à Rabat, le
ministère de l’intérieur a
interdit une marche de
solidarité avec les
victimes des dernières
inondationsprogrammée
par la Ligue marocaine
de la citoyenneté et des
droits de l’Homme. Pire
encore, les forces de
Observatoire de l'islam
12
l’ordre, présentes en
nombre,ont dispersé les
manifestants à coups de
matraques et procédé à
plusieurs arrestations,
nous informe le portail
marocain Yabiladi.
« Le Maroc abritait
autrefois une ruche
d’activités
indépendantes dans le
domaine des droits
humains, mais les
autoritésontrécemment
empêché diverses
activités que certaines
desorganisationslesplus
critiques ont tenté
d’organiser », avait
déclaré Sarah Leah
Whitson, directrice de la
divisionMoyen-Orient et
Afrique du Nord à
Human Rights Watch.
Le Maroc devrait arrêter
d’entraver
arbitrairement les
activités pacifiques des
organisations
indépendantes de
défense des droits
humains dans le pays et
leur permettre de
fonctionner librement,
selon Human Rights
Watch.
Kamal Znidar, penseur
musulman auteur du
livre « Islam : meilleure
religion au monde »,
dénonce à son tour ces
interdictions et appelle
les autorités marocaines
à mettre fin à ces
interdictions qui nuisent
à l’image de l’Islam et
poussent les gens à
croire que dans les
systèmes où règne
l’Islam, il n’y a pas de
place pour le respect des
libertés et des droits de
l’Homme.
Double poids, double
mesure. La conférence
organisée samedi dernier
à Rabat par l’association
Mountada Al Karama
présidée par Abdelali
Hamieddine,membre du
secrétariat général du
PJD et proche de
Mustapha Ramid, sur
l’état des lieux des
libertés au Maroc n’a pas
été interdite… une
preuve qui confirme que
le ministère de l’intérieur
mène une politique
sélective qui épargne les
associations proches du
PJD.
Nezha Chakour
Pakistan : attaque meurtrière de
talibans contre une école
Six terroristes lourdement armés appartenant au groupement du taliban ont attaqué ce
mardi une école pour enfants de militaires à Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan.
L’attaque a fait au moins 130 morts, en majorité des écoliers, ainsi que de nombreux
blessés.
Observatoire de l'islam
13
L’assaut a duré près de 7
heures. Il s’est terminé
avec la mort du dernier
assaillant, le 6ème, par
des tirs de l’armée
pakistanaise. Les
assaillants -portant des
uniformesmilitaires- ont
réussi à pénétrer dans
l’école en escaladant un
mur, a précisé une
source interne à l’école.
Cette opération
terroriste est la
deuxième attaque
sanglante depuis
quelquesmoisvisantune
institution de l’armée
pakistanaise. Le mois
dernier, il y avait eu une
cinquantaine de morts à
la frontière avecl’Indeau
terme d’une cérémonie
militaire.
Le premier ministre
pakistanais Nawaz Sharif
a évoqué une tragédie
nationale et déclaré que
le Pakistan allait
«continuer le combat
pour éradiquer
définitivement les
insurgés». Le
gouvernementprovincial
a annoncé trois jours de
deuil national.
La France et l’Inde ont
dénoncé vigoureusement
cette attaque terroriste,
la qualifiant d’«ignoble»
et «lâche». Le président
Obama a déclaré qu’«En
visant des étudiants et
des enseignants dans
cette attaque odieuse,
les terroristes ont une
nouvellefoismontré leur
dépravation» et a
renouvelé l’engagement
des Etats-Unis aux côtés
du gouvernement
pakistanais «pour
combattre le terrorisme
et l’extrémisme» et
promouvoir la paix et la
stabilité dans la région.
La militante pakistanaise
Malala Yousafzai a pris la
parole après l’attaque.
«Je condamne ces actes
atroces et lâches et je
reste unie avec le
gouvernement et les
forces armées du
Pakistan» dans leurs
«efforts louables» pour
gérer la situation, a écrit
la jeune fille de 17 ans
dans un communiqué.
Même son pour le
penseur musulman
Kamal Znidar. L’auteur
du livre « Islam :
meilleure religion au
monde » a qualifié
d’«ignoble» et «lâche»
cette opération et
avancé que «Si la pensée
des talibans et ce
cauchemar auquel le
monde a assisté
aujourd’hui étaient
l’Islam, moi, je serais
sans doute non-
musulman et
islamophobe en plus».
«Le dieu des talibans est
en réalité un diable qui
ne prend d’Allah que le
nom», a ajouté le
penseur musulman.
Ali Dayan Hasan, ancien
directeur de Human
Right Watch au Pakistan,
s’est de son coté
démarqué en lançant
une petite pique à la
politique américaine,
selon lui responsable de
la naissance du
mouvement Taliban :
«Ne disons pas que nous
sommes « unis dans la
peine » avecceux qui ont
permis aux talibans de
s’installer. Ils doivent
prendre leurs
responsabilités.
Maintenant».
Imad Doublali
Grande-Bretagne : une « poupée
islamique » sans visage en vente
Un modèle de poupée étiquetée « islamique », hijab sur la tête et sans visage, vient d’être
misenvente enGrande-Bretagne.Baptisée Romeisa,dunomd’une despremière femmes à
s’être convertie àl’islam(etnond’une desfemmesduProphète Muhammad),cette poupée
estla première de lamarque Deeni Doll.Vendue 25£ (31 € environ),lapoupée estfabriquée
Observatoire de l'islam
14
enChine.Lesyeux,labouche etle nezne sont pasreprésentés pour être « compatible avec
la charia », explique sa créatrice.
Ridhwana B., une
ancienne professeure
d’une école musulmane
de Lancashire,a expliqué
avoir eu cette idée après
s’être entretenue avec
des parents d’élèves,
inquiets à cause des
jouets représentant des
visages. « Il existe une
règle islamique qui
interditlareprésentation
des traits du visage en
tout genre, qui inclut les
images,lessculptureset,
dans ce cas, les poupées
», a-t-elle expliqué au
Lancashire Telegraph. «
J’ai parlé à un érudit
religieux de Leicester qui
m’a guidée dans ce qui
était autorisé lors de la
production du produit et
ce qui ne l’était pas », a
poursuivi la créatrice.
Pour Fawaz Gerges, un
professeur spécialisé
dans les sociétés
musulmanes à la London
School of Economics, la
majorité des musulmans
ne sera pas intéressée
par l’achat d’un tel
modèle. « La poupée est
un gadget, une
interprétation ultra-
conservatrice » a déclaré
Fawaz Gerges au Mail
Online. « L’écrasante
majorité des musulmans
vivent selon des modes
de vie du XXIe siècle, les
choses n’ont pas été
gelées au VIe siècle »,
note le professeur.
Dans les premiers temps
de l’islam, l’imagerie
étaitinterdite « pourune
variété de raisons »,
déclare ce dernier. «
Mais le débat est de
savoir jusqu’où allons-
nous maintenant ? (…) Il
y a des personnes qui
voudraient nous faire
croire que l’histoire
musulmane est figée
dans le temps et
l’espace, mais elle a
évolué », insiste Fawaz
Gerges.
Si Deeni Doll a faitle tour
desmédiasbritanniques,
elle n’est pourtant pas la
première « poupée
islamique » à être
commercialisée, mais
avec des visages comme
la poupée Fulla, qui fait
un carton au Moyen-
Orient. Mais c’est la
première fois qu’est
lancée une production à
plusgrande échelle et de
qualité, selon sa
créatrice…Si tant est que
des parents soient
convaincus par ses
arguments, rien
n’empêchera les enfants
qui recevront des
poupées sans visage de
dessiner eux-mêmes le
visage…
SaphirNews
Observatoire de l'islam
15
Eric Zemmour écarté d’iTÉLÉ après des
propos controverséssur l’islam
Le polémiste français Eric Zemmour, phénomène de librairie avec son livre « Le suicide
français », a été écarté d’iTELE en raison de propos controversés sur l’islam qui avaient
indigné les journalistes de cette chaîne d’information et des associations antiracistes.
La chaîne a diffusé un
communiqué laconique
précisant que l’émission
dans lequel intervenait
Eric Zemmour depuis
2003 ne reprendrait pas
enjanvieralorsque celui-
ci a indiqué ne pas
vouloir « réagir pour le
moment« .
Eric Zemmour, qui
travaille aussi pour le
quotidien Le Figaro et la
radio RTL, est célèbre
pour ses prises de
position contre l’Europe,
l’immigration ou les
élites politiques,
économiques,
médiatiques et
intellectuelles qu’il
accuse d’avoir bradé les
valeurs de la France.
Juif originaire d’Afrique
du nord, véritable bête
médiatique que
s’arrachentlesémissions
de talk show, Eric
Zemmour est au centre
d’une nouvelle
polémique depuis la
diffusion d’un entretien
au quotidien italien
Corriere della Sera dans
lequel il déclarait que les
musulmans « vivent
entre eux, dans les
banlieues » et que « les
Français ont été obligés
de les quitter« .
Si le journaliste italien a
reconnu avoir ajouté le
mot « déporter » (cinq
millions de musulmans
français) dans une de ses
questions en
retranscrivant
l’entretien, la
controverse n’apas faibli
en France autour des
proposde Eric Zemmour.
iTELE a fait interviewer
Eric Zemmour par un de
ses journalistes « pour
bien comprendre sa
pensée et cela n’a fait
que confirmer qu’il
n’était plus possible de
continuer l’émission« , a
expliqué à l’AFP un
porte-parole de iTELE.
Dans un communiqué, la
Société des journalistes
(SDJ) de la chaîne s’est
« félicitée » de cette
« prise de position
forte« .
Observatoire de l'islam
16
« Les déclarations d’Eric
Zemmour dans le
Corriere della Sera ont
profondément choqué
les membres » de la SDJ
qui s’est « mobilisée »
dès le début de la
semaine à ce sujet, écrit-
elle.
L’association SOS
Racisme s’est« félicitée »
de la décision d’iTELE et
« attend de RTL, de Paris
Première (autre chaîne
de télévision) et du
Figaro qu’ils prennent la
même décision« .
Ces derniers jours,
d’autres associations
antiracistesavaientlancé
des appels aux médias
pour qu’ils cessent leur
collaboration avec le
polémiste, et annoncé
leurintention de saisir la
justice après ses propos
au Corriere della Sera.
Belga
Daesh: 100 jihadistesétrangers
voulant fuir la Syrie exécutés
Le Financial Times affirme que pour surveiller les potentiels déserteurs, Daesh a créé une
police militaire. Début décembre, BFMTV assurait que plusieurs français partis en Syrie
avaient pris contact avec un avocat spécialiste des questions de terrorisme pour regagner
l’Hexagone.
Le groupe jihadiste
Daesh ou Etat islamique
(EI) a exécuté 100 de ses
combattants étrangers
qui tentaient de quitter
la ville syriennede Raqqa
au nord du pays, a
affirmé samedi dans le
Financial Times un
activiste opposé au
régime syrienetà Daesh.
Ce militant qui
témoignait sous couvert
de l’anonymat et que le
quotidien dit « bien
connaître » affirme
« avoir vérifié ces 100
exécutions » jihadistes
étrangers tentant de fuir
les combats.
Une police militaire
créée par Daesh
Selon des membres du
groupe Etat islamique à
Raqqa, une police
militaire aété créée pour
s’occuper des
combattants étrangers
tentant de déserter les
combats, donnant lieu à
des dizaines de fouilles
de domiciles des
combattants et à autant
d’arrestations.
La presse britannique
affirmait mi-octobre que
cinq Britanniques, trois
Français,deux Allemands
et deux Belges, qui
voulaient rentrer dans
leur pays d’origine après
s’être plaints de
combattre des groupes
rebelles plutôt que les
forces du régime de
Observatoire de l'islam
17
Bachar Al-Assad, avaient
été faits prisonniers par
le groupe EI.
Au total, entre 30 et 50
Britanniques
souhaiteraient rentrer
mais craignent d’être
emprisonnés à leur
arrivée, évaluaient
également mi-octobre
des chercheurs du King’s
College de Londres qui
avaientété contactés par
l’un d’entre eux
affirmant parler au nom
des autres.
Des Français veulent
rentrer mais…
Derrière les images de
propagande, la
désillusion frappe
certains Français partis
enSyrie gonfler les rangs
de Daesh. Plusieurs
jeunes recrues – dont
BFMTV racontait le
quotidien il y a peu –
cherchent même à
rentrer. Et certains ont
contacté des avocats
spécialistesdesquestions
de terrorisme.
Mais le retour est
souvent difficile: « La
première difficulté
rencontrée par ces gens
c’estqu’ilsappartiennent
à des groupes qui ne les
laissent pas partir »,
pointe Martin Pradel.
« Autre difficulté,ils sont
dans une situation
administrative délicate,
leurs passeports leurs
ont souvent été retirés à
leur arrivée sur place.
Enfin, quand ils vont
rentrerenFrance,s’ilsne
sont pas en mesure de
s’expliquer, de justifier
leurpassage enSyrie puis
leur revirement, ils
devront faire faire face à
la justice française ».
Depuis 2012, seulement
200 jihadistes français,
sur plusieursmilliers, ont
réussi à regagner la
France.
Plusieurs chefs de Daesh
tués par la coalition?
Depuis le lancement en
août de la campagne de
frappesaériennesmenée
par la coalition formée
par les Etats-Unis, le
groupe jihadiste a perdu
du terrain et vu le
nombre de ses membres
tués augmenter
notablement. Cette
semaine, le Pentagone a
affirmé que plusieurs
chefs du groupe EI en
Irak avaient été tués par
les frappes aériennes de
la coalition.
En 40 jours, entre
octobre et novembre,
quelque 2.000 raids ont
fait plus de 500 morts,
selon l’Observatoire
syrien des droits de
l’Homme (OSDH), une
ONG qui dispose d’un
réseau de militants et
sources médicales sur le
terrain.
BFMTV
Observatoire de l'islam
18
Joué-lès-Tours: le drapeau de l’Etat
islamique sur le profil Facebook de
l’agresseur
Né au Burundi en 1994, il avait choisi le nom de «Bilâl» lorsqu’il s’est converti à l’islam.
Hieraprès-midi, Bertrand
Nzohabonayo,20ans, est
entré dans le
commissariat de Joué-
lès-Tours(Indre-et-Loire)
où il aurait crié «Allahou
Akbar» avant d’agresser
plusieurs policiers avec
un couteau. Il a été
abattu.
Françaisné au Burundi, il
est arrivé à Joué-lès-
Tours, en Indre-et-Loire,
il y a quelquesannées,de
parents séparés. Ce
jeune costaud et plutôt
sportif «naviguait
apparamment entre des
membres de sa famille»,
a dit samedi le procureur
de la République de
Tours, Jean-Luc Beck.
Il avait choisi le nom de
«Bilâl» lorsqu’il s’est
converti à l’islam, selon
un de ses proches qui
s’est confié à l’AFP. Il
était connu pour des
affaires de petite
délinquance, trafic de
stupéfiants, extorsion,
vol à l’étalage et recel.
Plusieurs spécialistes de
l’antiterrorisme ou des
groupes jihadistes lui
attribuent un compte
Facebook dont la photo
de profil est,depuisjeudi
seulement,le drapeaude
l’organisation Etat
islamique (EI) qui mène
le jihad en Syrie et en
Irak. Plusieurs textes et
slogans inspirés de
l’islam radical sont aussi
postés sur cette page.
Sur les photos de lui qui
circulent sur les réseaux
sociaux, on distingue un
jeune souriant au crane
rasé et au collier de
barbe noire fourni mais
sans moustache.
Il n’était pas fiché par la
Direction générale de la
sécurité intérieure
Observatoire de l'islam
19
(DGSI). En revanche, son
frère est connu des
services pour ses
positions radicales et a
un temps envisagé de
partir en Syrie avant de
renoncer, selon une
source proche de
l’enquête.
Sur Twitter,le journaliste
David Thomson, auteur
du livre Les Français
jihadistes(Les
Arènes), signale que
cette agressionintervient
au lendemain de la
diffusion d’un message
de menaces d’un
jihadiste français de
l’Etat islamique sur
Youtube, «faitesexploser
la France». Il ajoute
qu’entrer dans un
commissariat français
pour y faire un carnage
était un scénario évoqué
par un Français de
l’organisation» dans son
livre et rappelle que la
France est officiellement
une cible de l’Etat
islamique depuis une
déclarationde sonporte-
parole le 21 septembre
dernier.
Libération
Algérie – Islam : des imams algériens
formés en France
L’idée de la convention signée cette semaine entre Paris et Alger est de « lutter contre le
dévoiement et l’abaissement de l’islam ».
Sur fond de lutte contre
les extrémismes
religieux,enl’occurrence
l’islamisme, le ministre
français de l’Intérieur,
BernardCazeneuve,aété
reçu à Alger par le
Premier ministre
Abdelmalek Sellal, par
son homologue, Tayeb
Bélaïz, et par le ministre
des Affaires religieuses,
Mohamed Aïssa. C’est
avec ce dernier que
Bernard Cazeneuve a
signé cette convention
sur la formation
préparatoire des imams
algériens délégués en
France, mais aussi sur la
réhabilitation de la
Grande Mosquée de
Paris (GMP) et de
l’institut El Ghazali de
formation des imams,
lequel est rattaché à la
GMP.
Des imams délégués
« en harmonie avec les
exigences de la
République »
Faisant allusion aux
« actes terroristes
abjects et barbares [qui]
n’ont rien à voir avec la
religionmusulmane », le
ministre Bernard
Cazeneuve a indiqué
qu’ »il estimportantqu’il
y ait des imams formés
en harmonie avec les
exigences de la
République, des imams
Observatoire de l'islam
20
qui permettent de lutter
contre le dévoiement,
l’abaissement » de
l’islam.Cette déclaration
s’emboîte parfaitement
avec la démarche
adoptée en Algérie par
Mohamed Aïssa. Le
ministre des Affaires
religieusess’étaitdéjàen
effet engagé à revoir la
formation des imams.
Objectif : « Immuniser »
définitivement l’Algérie,
qui compte 17 000
mosquées, contre
l’intégrisme religieux qui
a conduit à une guerre
civile meurtrière dansles
années 90. Il y a deux
semaines, il avait ainsi
animé une discussion
religieuse à la Grande
Mosquée de Paris, une
première pour un
membre du
gouvernement algérien.
Le monde universitaire
et intellectuel ciblé
Cette convention a
permisde part et d’autre
de partager lavolonté de
« mobiliser le monde
universitaire et
intellectuel ». Objectif
affiché :« luttercontre le
mensonge et les
manipulations » de
l’islamauxquelsse livrent
lesgroupes terroristes. Il
faut noter que cette
réflexion intervient au
moment où les actes
islamophobes sont en
hausse en France, si l’on
en croit de nombreuses
associations. L’occasion
pour M. Cazeneuve, cité
par l’AFP, d’affirmer que
« le gouvernement
français est déterminé à
luttercontre toute forme
de racisme,
d’antisémitisme,
d’islamophobie et de
xénophobie ».
Précision : pays à forte
traditionlaïque,laFrance
compte quelque deux
mille lieux de culte
musulman.Quelque cent
imams sont affiliés à la
Grande Mosquée de
Paris (GMP). Celle-ci est
financée par l’Algérie et
est l’une des
composantes du Conseil
français du culte
musulman (CFCM).
Pour clore cette
séquence, une note
personnelle liée au
ministre français de
l’Intérieur a marqué la
signature de cette
convention. Après Alger,
Bernard Cazeneuve s’est
rendu à Oran, dans
l’ouest,pourse recueillir
sur la tombe de son
grand-père.
Aïda Haddad
Observatoire de l'islam
21
Un ancien du Djihad islamique : les
Frères musulmans sont très ignorants
des principesdu Coran
Nabil Na’im Aboul Fattah était en son temps l’un des fondateurs du Djihad islamique en
Egypte, groupe alors connu non moins que l’Etat islamique actuellement.
Ayant purgé plus de 20
ans pour activités
terroristes en prisons
égyptiennes,Nabil Na’im
est de nos l’un des plus
âpres critiques des
fanatiques religieux.
Salafistes, takfiristes,
frères musulmans sont
de diverses branches
d’un même arbre, a-t-il
constaté dans un
entretien avec notre
correspondant.
« La Confrérie
musulmane est
étroitement liée aux
takfiristes (de l’arabe
«excommunier »). Je
peux même dire qu’elle
lesa engendrés.Ainsi,les
Frères musulmans
prétendent que ceux qui
fréquentent la mosquée
pour prier ne sont pas
des musulmans. Saïd
Kutblui-même ettousles
adeptes des Frères
musulmans ne
comprennent rien en
Islam. J’ai étudié à
l’Université la loi
musulmane et je peux
juger du niveau de leurs
connaissance de la
religion ».
« Quant aux leaders de
groupes radicaux
islamiques (Frères
musulmans,salafistes),je
peux dire qu’ils sont des
personnes sans
scrupules, des
personnages
machiavéliques, à la
recherche uniquement
du gain et des sponsors.
Aprèsla révolution du 25
janvier, à laquelle les
salafistes n’ont pas pris
part, tousnousavons été
surpris par leurs fatwas
odieuses, telles que le
droit de donner le sein à
un homme adulte, de
prendre pourfemme des
fillettes(7-9 ans), d’avoir
des rapports sexuels
d’adieu avec l’épouse
morte.Est-ce que ce sont
des enseignements de
l’Islam ? Par leur faute
l’Islam a commencé à
susciter de la répulsion
Observatoire de l'islam
22
chezdesgensà traversle
monde. Les salafistes
représentent un danger
pour la société. Après le
25 janvier ce sont eux
encore qui ont brûlé des
mosquées,carilssontles
descendants de
Mohammed ben
Abdelwahhab, qui
considérait tous, dont
des musulmans, comme
des apostats ».
« Lessalafistescherchent
à mettre à leur profit
toute situation, avec
pour motif un impératif
religieux. Ils n’ont pas
pris part à la révolution
du 30 juin, amis ont
prétendu à leur part du
gâteau. C’est-à-dire que
des jeunes font la
révolution,tandisque les
salafistes cherchent à
profiter de ses fruits. Un
travail d’explication est
nécessaire pour que les
gens comprennent que
les salafistes égyptiens
sont des wahhabites et
non pas des adeptes du
prophète Mahomet. Ma
tâche est d’expliquer aux
gens qui est qui ».
Amru Beltagi
Tariq Ramadan : « La résistance du
Hamas est digne ! »
Invité d’Audrey Crespo-Mara, Tariq Ramadan, qui publie De l’islam et des musulmans,
considère le Hamas comme une « organisation de résistance ».
Audrey Crespo-Mara :
Au retour en France de
Serge Lazarevic, vous
avez déclaré vous réjouir
de sa libération, pour lui
et sa famille, condamner
toute prise d’otage,
quelle qu’elle soit, mais
vous écrivez aussi
ressentir un « profond
sentimentde malaise »…
Tariq Ramadan : Oui,
parce que, vous savez, la
France a toujours
négocié. Et je ne suis pas
de ceux qui pensent qu’il
ne faut pas négocier. Il
faut, à un moment
donné, sauver des vies !
On ne peut pas accepter
simplementqu’ontue les
otages. Mais il y a des
limites.Pourlalibération
Observatoire de l'islam
23
d’un otage juste avant
Noël afin de réjouir la
France, on a accepté
qu’un prisonnier qui a
tué de sang-froid un
gardiende prisonafricain
soitlibéré.Onestrevenu
à la pensée coloniale : la
vie d’un Blanc vaut plus
que la vie d’un Noir. En
France, il faut vraiment
qu’onse pose la question
de la perception qu’on a
de l’Afrique. On ne peut
pas continuer cette
politique de la
Françafrique.
Et si c’était l’ultime
exigence des ravisseurs,
il fallait, selon vous,
renoncer à libérer Serge
Lazarevic, le laisser se
faire exécuter ?
Non, il ne fallait pas le
laisser se faire exécuter,
mais libérer un
meurtrier… Il y a des
choses qu’on ne fait pas,
non. On ne peut pas
libérerunmeurtrierpour
simplement sauver l’un
des nôtres. Ça suffit. À
partir d’un certain
moment, la dignité
humaine doit être la
même pour tous. La vie
d’unNoirvaut la vie d’un
Blanc.
Dans votre livre, vous
n’avezaucune ambiguïté
à l’égard d’Aqmi, d’al-
Qaida, de Daesh, de
ceux qu’on appelle les
« djihadistes ». Sont-ils
des musulmans ou des
barbares qu’il faut
anéantir ?
Je n’utiliseraispasce mot
de « barbares à
anéantir».Mais je pense
que c’est à condamner !
Absolument.Ce n’estpas
ça, le « djihad ». Le
djihad, littéralement, ça
veut dire l’effort et la
résistance à tout ce qui
peut être l’oppression.
En soi et à l’extérieur. Le
djihad, ce n’est pas la
guerre ! C’est la
résistance pourlapaix.Et
l’une desconditionsde la
paix, c’est la justice, la
dignité.
Comment se fait-il, s’il
n’y a rien dans le texte
originel, qu’onarrive à le
tordre au point de lui
faire dire l’inverse de ce
qu’il dit ? Parmi ces
islamistes, aucun n’a lu
le texte ou tous l’ont lu
de travers ?
Ilsl’ont lu partiellement.
Ilsenont trahi lalettre et
l’esprit. Et donc nous
devons le dire. Ensuite,
nous devons aussi avoir
une analyse politique de
ce qui se passe. Le
silence de l’Occident, là
où ça a commencé,
quand des gens se
faisaient massacrer en
Syrie, et où on
demandait au dictateur
Assadde réformer.Onne
peut pas dire : « Vous,
musulmans, condamnez
! » Nous, on se lave les
mains de notre soutien à
Bachar el-Assad, à
Saddam Hussein… À al-
Sissi, reçu comme un
président, c’est un
dictateur ! Mille
condamnations à mort
en moins de quinze
minutes en Égypte et on
le reçoitcomme si c’était
un être respectable ?
Vous ne pouvez pas
espérer qu’il n’y ait pas
des « barbares » qui
réagissent.
Aux jeunes musulmans
français tentés de partir
faire la guerre en Irak,
en Syrie, que dites-vous
?
Il y a unvrai problème de
compréhension de
l’islam.Onades gens qui
sont dans la pensée
binaire, c’est eux contre
nous,etqui réussissent à
attirer ces jeunes. Donc,
déjà, il faut leur dire :
« Apprenezvotre religion
! Apprenez que ce n’est
pas nous,lesmusulmans,
contre le monde. C’est
nous, les personnes qui
défendent des principes
de justice, contre ceux
qui défendent
l’oppression. » Et puis
j’aimerais dire aux
gouvernements
européens qu’il ne faut
pas criminaliser ces
jeunes. Beaucoup sont
des victimes. Quand ils
reviennent,lesmettreen
prison, les criminaliser,
non ! Il faudrait utiliser
ces jeunes, dans un
travail de suivi éducatif,
pour qu’ils puissent
prévenir d’autres d’y
aller et de s’y engager.
Après la mort du
ministre palestinien Ziad
Abou Eïn en Cisjordanie,
Observatoire de l'islam
24
lors de heurts avec des
soldats israéliens dans
une colonie sauvage,
vous avez condamné ces
colonisations. Est-ce
que, pour autant, vous
légitimez les actions du
Hamas ?
Moi, je ne légitime
aucune action qui s’en
prend à des innocents et
qui s’en prend à des
civiles. La résistance à
l’armée israélienne, elle
est légitime.
Mais le Hamas, pour
vous, ce n’est pas une
organisation terroriste ?
Non, c’est une
organisation qui est du
même type que l’ANC à
l’époque oùondisaitque
c’était des terroristes. Ils
ont des moyens que je
réprouve, mais ont une
résistance que
j’approuve.
Propos recueillis par
Audrey Crespo-Mara
Observatoire de l'islam
25
«L’islam modéré n’est pas assez
entendu»
Pour les administrateurs de la mosquée de Graulhet, la principale crainte après les
arrestations antiterroristes hier dans le Tarn réside dans l’amalgame qui pourrait être fait
avec la majorité des musulmans, islamistes modérés.
L’étonnement régnait
hier parmi les
administrateurs de la
mosquée de Graulhet.
«Elle a été crée en 1981
dans une ancienne église.
Il y a toujours eu une
entente cordiale avec les
catholiques ou les
protestants. Nous avons
le même imam depuis
vingt ans, explique Ali
Grhouti qui confiait hier
«nous ne comprenons
pas.Guillaume venaitàla
mosquée, il ne parlait
pas. Nous ne savons pas
de quoi il est aujourd’hui
accusé».
«à la base, l’islam est
une religion de paix»
La principale crainte à
présent des
administrateurs est
l’amalgame qui pourrait
être fait.
«L’islam modéré n’est
pas assez entendu,
témoigne AhmedMazari.
À la base, l’islam est une
religion de paix. Notre
rôle est aussi de faire
face aux réseaux sociaux.
Certains jeunes se
cherchent, ils sont
perdusetsont desproies
faciles. Pourtant, l’imam
a expliquéce qu’il ne faut
pas faire. Parfois,
certains parents sont
même venus nous
trouver pour nous dire
qu’ils craignaient que
leursenfants ne tombent
dans la délinquance. Ici,
tout le monde se
connaît».
Les deux responsables
tiennent à répéter
inlassablementque l’état
prétendumentislamique
n’a rien à voir avec la
religion, il est mené par
des «barbares».
Albi, Labastide-
Rouairoux,etGraulhetet
à nouveau Albi hier… Les
personnes qui gèrent la
mosquée graulhétoise
comme Claude Fita,
maire de la ville, ne
pensent pas que le
départementduTarnsoit
un terreau favorable.
Observatoire de l'islam
26
«C’est bien dans toute la
France qu’il y a eu des
interpellations. Nous
avons à Graulhet un très
bon vivre ensemble»,
insiste l’élu qui hier ne
pouvait pas être très
loquace.
«Ce que je peux vous
dire, c’est que j’ai peu
d’informations à vous
communiquer pour
l’heure sur cette affaire.
Nous avons tous des
enfants et nous ne
savons pas toujours ce
qu’ils font, ce qu’ils
décident. Le parquet de
Parisgère cette situation.
Même moi, maire de
Graulhet, je ne sais pas
qui a été interpellé et je
suis vraiment surpris».
Jean-Claude Clerc
Observatoire de l'islam
27
Tables des matières
Islametislamisme :entre foi individuelle etdérivepolitique collective ………………………… 2
Points d'info
HouellebecqconvertitlaFrance à l’islamdanssonprochainroman ……………………………… 10
Maroc : L’émiratdescroyantsa reprislesinterdictionsdesactivitésd’ONGdesdroits
de l’Homme …………………………………………………………………………………………………………………… 11
Pakistan: attaque meurtrière de talibanscontre une école ………………………………………….. 12
Grande-Bretagne :une « poupée islamique » sansvisage envente ………………………………. 13
Eric Zemmourécarté d’iTÉLÉ aprèsdesproposcontroverséssurl’islam ……………………….. 15
Daesh:100 jihadistesétrangersvoulantfuirlaSyrie exécutés ………………………………………. 16
Joué-lès-Tours:le drapeaude l’Etatislamique surle profil Facebookde l’agresseur ……. 18
Algérie –Islam: desimamsalgériensformésen France ………………………………………………… 19
Communication
Un anciendu Djihadislamique :lesFrèresmusulmanssonttrèsignorantsdesprincipes
du Coran……………………………………………………………………………………………………………………….. 21
Tariq Ramadan: « La résistance duHamasest digne ! » ……………………………………………….. 22
Points de vue
«L’islammodéré n’estpasassezentendu» ……………………………………………………………………. 25
© Observatoire de l'islam 2014

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  • 2. Observatoire de l'islam 2 Islam et islamisme : entre foi individuelleet dérive politique collective La question de l’islamisme, très prégnante dans toutes les sphères des sociétés arabes, interpelle aujourd’hui, plus que par le passé, les musulmans partout dans le monde. C’est une posture qui consiste à faire de la religion une sorte de plateforme idéologique et politique pour dominer la ‘’communauté des musulmans’’. L’islamisme,une posture politique Enfant naturel du wahhabisme, importé sans contrainte d’Arabie Saoudite, l’islamisme s’enracine progressivement parmi nous et parmi de très nombreux autrespeuples arabes et africains, très souvent par conviction intéressée, parfois par mimétisme, désormais davantage par une espèce de contrainte sociale diffuse partout, dans les écoles, les médias de toutes sortes, publics autant que privés. ‘’Parce qu’il n’est plus possible de faire autrement’’ dans la psyché et le comportement de milliers d’hommes et de femmes.Parce qu’ilssont pauvres, illettrés, marginalisés/brimés ou tout cela à la fois par le système politico-religieux dominant ou parce qu’ils en veulent à la planète entière d’être responsable de leur mal- vie, de leur déprime ou de leurs reculs matériel, politique etintellectuel… Nous parlons ici de l’islamisme et non de l’islam – de ce nouveau ‘’isme’’, comme on parlait/on parle encore de communisme ou de libéralisme,… – en tant que religion monothéiste. Nous parlons de cette approche idéologico- comportementale qui met en avant les aspects visibles et parfois sectaires, en tout cas ségrégationnistes et exclusifsde lareligiosité. Une telle approche est aussi aisée que confortable, parce qu’elle se limite à des apparences
  • 3. Observatoire de l'islam 3 comportementales ou vestimentaires, à l’évocation de l’au-delà et à des slogans/messages subliminaux tendant à donner à ceux qu’elle embrigade un sentiment de paix intérieure et de satisfactionde soi et,très souvent également, de supériorité surlesautres, touslesautres(lesautres nations, les autres religions, celles qui ne pensent pas et ne se comportent pas comme eux/nous). L’islam, une religion de la Raison L’islam, lui, nous ont appris les grands penseursde l’islamd’hier et d’aujourd’hui, a, par contre, toujours laissé une grande latitude à la Raison (avec un grand R (Al Akl) dans la conduite de la vie quotidienne des humains et dans leur réflexion et leur rapport à Dieu. C’est pour cela qu’il n’y a point d’intermédiaires en islam,ni de sacerdoce (La Rahbaniata Fi Al Islam). La relation y est directe entre Dieu et les croyants. L’islam a toujours incité le musulman à raisonner, à réfléchir,àphilosopher,à se relever par la pensée, par la création, par la foi et par le travail (Ijtihad). Ibnou Rochd avait clairement souligné ‘’qu’en cas de contradiction entre la science rationnelle et la foi, il faut choisir la raison’’. Ibn Al Banna, père des ‘’Frères musulmans’’,soutenait à la fin du 19ième siècle ‘’qu’en cas de contradiction entre un ‘’Hadith’’etlaFaculté (au sens d’Ecole supérieure et donc de Science), il faut revenir à la Faculté’. C’estdanscet esprit qu’il faut considérer l’islam. Une religion qui n’a pas vocation à être figée dans une interprétation radicale et encore moins à se transformerenarme de guerre contre ceux et cellesqui ne pensent pas et n’agissent pas comme vous. Les oulémas d’Al Azhar au Caire viennent d’interpeller, dans un communiqué de leur dernier congrès en décembre 2014, l’opinion publique arabe et internationale pour condamner énergiquement ceux qui instrumentalisent la religionmusulmane pour des intérêts politiques. L’instrumentalisation de la religion Au Maroc, l’observateur, même le moins attentif, relève désormais partout, dans tous les espaces sociaux, publics et privés, une forte présence de symboles, cérémonials, discours et pratiques à connotation islamiste tendant à avoir prise sur toutes les manifestations de la vie, autant intime que sociale.Il ya une volonté chez les islamistes de vouloir tout régenter, tout déterminer, tout contrôler, d’où l’instrumentalisation de la religion à des fins de pouvoir. L’islamisation des consciences s’est produite sous l’effet du discours tantôt ‘’salafiste’’, tantôt ‘’takfiriste’’– qui a pris le relais, avec des moyens financiers importants venant de la péninsule arabique et de la puissance médiatique des paraboles (environ 500 chaînes TV de prêche), historiquement incomparable du discours communiste venu de l’ancienne URSS – qui a eu un effet d’attraction/d’intimidatio n sur les illettré(e)s et parfoisleslettré(e)saussi de la société musulmane. Nombreux sont ceux et celles, de tous les milieux, de toutes les couches sociales, qui prétendent aujourd’hui ‘’connaître’’l’islam,qui le propagent dans le tissu social et l’inculquent chacun à sa façon à leurs concitoyens, pensant les mettre ou les remettre sur ‘’le droitchemin’’, en attendantrédemption et rétributiondansl’au-delà (Al Ajr Fi Al Jana). Lorsque cette démarche émane du ‘’petit peuple’’, pauvre et
  • 4. Observatoire de l'islam 4 analphabète et très souvent soumis, on comprendrait et on lui tiendrait moins rigueur, même si des parades contre les dérives toujours possibles doiventêtre recherchées et trouvées. Le vrai problème se pose lorsque lapropagation et l’endoctrinement islamistes viennent de personnes supposées averties et pondérées. L’état d’esprit d’une bonne partie des citoyens marocains est désormais caractérisé par un repli identitaire allant, parfois, jusqu’au plus petit détail de la vie familiale et sociale, privée et publique des individus. Les exemples sont bien nombreux et très divers. Les aspects les plus manifestes ont pour illustration la barbe hirsute chez les hommes et le port d’habits de ‘’type religieux’’ chez les hommes et les femmes, de même que la façon de se comporter avec son propre corps etlesautres comme le refus de certains hommes de tendre la main aux femmes ou le fait pour ces dernières de refuser celle des hommes. Lorsque leshommessont habillésà‘’l’afghane’’, ils sont évidemment vite repérables. Ils le sont moins dans l’espace public lorsqu’ils sont normalementvêtusetne portent pas la barbe. Il leur arrive, par effet de mode, de vouloir se confondre avec les modernesmal-rasés!Les femmes sont évidemment les plus visibles dans le même espace, où les hommes ont désormais tendance à être à leur égard des agents de la ‘’bonne vertu’’, les rappelant à l’ordre à chaque ‘’déviationvestimentaire ou comportementale’’. A ce propos, plus spécialement, le port du voile (oudu‘’Niqab’’) est justifié, d’abord, par le fait d’être un ‘’acte de foi’’ et de spiritualité, une ‘’prescription divine’’, et donc, une obligation qui concernerait toutes les femmes croyantes. Et toutes doivent être croyantes, tout en exprimant leur nouvelle subordination par l’acceptation de la nécessité impérieuse où elles ont été mises de se protégerdes‘’regards de la convoitise’’ des hommes, considérés comme rien d’autre que des ‘’envies ambulantes’’. L’habit/Niqab matérialise, dans cet esprit, l’indication de la décence et de la pudeur desfemmes et aussi leur ultime arme d’autodéfense dans un milieu prétendument peuplé de ‘’rapaces’’, où la loi ne semble être d’aucune espèce d’utilité. Son abandon engendrerait un malaise au sein du corps social. On enoublieraitpresque que, voici quelques décennies encore, nos mères et grand-mères portaientdes‘’djellabas’’ marocaines dont l’élégance des coutures et des couleurs le disputait à leur piété naturelle, sans qu’il y ait eujamaisbesoinqu’elles se couvrent de la tête aux pieds de ces tissus, noirs ou marrons ou gris, venus de cieux sous lesquelsl’histoire semble s’être figée. L’idée que lesfemmesne peuventse montrer dans l’espace mixte que vêtues de voile paraît avoir pris comme un feu de paille. Sa pratique s’intègre, aujourd’hui, dans un processus socioreligieux,culturel et politique global. Il est devenu ce symbole qui atteste du besoin de retour sur soi, de la volonté de se positionner contre l’aliénation et les libertés, considérées comme étantexcessives, régnant en Occident, notamment par rapport au corps des femmes exhibé ou à leurs droits civils, sociaux et politiques. Cette pratique, du voile intégral, exprimerait l’angoisse de la dissolutiondesmœurs,la peur de la négation des vertus élémentaires qui fondent la civilisation
  • 5. Observatoire de l'islam 5 arabo-musulmane. Elle esten réalité l’expression de l’aliénation de la femme, de sa subordination et de son infériorité et,au final, de son exclusion de la sphère publique de débat et de production. C’est même là l’une des principales victoires des islamistes purs et durs jusqu’à aujourd’hui : l’intériorisation de la soumission par les femmes. Notre société serait ainsi privée de la moitié de ses forces vives, ce qui n’est pas un moindre handicap dans notre compétition permanente vis-à-vis du reste du monde dont nous importons tout ce qui est déterminant (de la voiture au téléphone, au sucre ou aux médicaments….) pour notre existence matérielle et même religieuse, puisque sans avions fournis par les mécréants de chez Boeing ou Airbus, point de Hajj à la Mecque et pas, non plus, de web sites pour propager de par le monde les fatwas rétrogrades. On peine à dénoncer cette pratique. S’y opposer, c’est aller contre les commandements du Coran, sans que personne, y compris parmi les plus zélés, ait jamaissignalé le moindre verset imposant le voile intégral ou la ‘’burka’’ ou encore leur couleur ou la façon de les porter aux femmes.Ungrand cheikh d’Al Azhar avait clairementditque le port du voile n’est pas, en islam, une obligation.Les réformateurs de l’islam le confirmentaujourd’hui clairement dans leurs discours et écrits. En le portant,la femme nie,en fait, sa féminité, son individualité, cache son corps nonseulement aux autres mais aussi à elle- même. Avec ce vêtement, elle se fond dans la masse et perd son entité en tant que femme et,infine,entant qu’être humain. L’époque contemporaine dicte etpropose d’autres formes de défense, certainement pas en termes vestimentaires. Les moyens de défense devraient être plus sophistiqués.Lesfemmes musulmanes, comme les hommesmusulmans,ont besoin surtout de moyens d’autodéfense, d’une bonne image de soi, d’armes en matière de responsabilité, d’intellect, bien enracinées et viscéralement structuréesenelles/eux. Ils ont besoin aussi de lois bien faites et de pouvoirs publics forts, capablesde lesappliquer et de juges vertueux en mesure de sanctionner leur non-application. Dans les sociétés civilisées, c’est la loi démocratiquement discutée et adoptée qui protège, pas l’habit, quelles que soient son épaisseuretsesopacités, pas les postures. Le voile peut constituer aujourd’hui, par ailleurs, un vrai handicap pour les femmes, qui se voient parfois, même lorsqu’elles sont très brillantes, refuser des postes de travail ou des possibilités d’avancement dans un certain nombre d’entreprises nationales et internationales au Maroc, comme dans d’autres pays. Ces entreprises sont-elles discriminatoires ? Peut- être, mais toujours est-il que leur choix se porte sur les femmes sans apparence religieuse marquée. Et de fait, on n’a pas à faire montre de son appartenance religieuse dans des lieux où des personnes de toutesreligions,etmême sans religion, ont vocation à se retrouver en travaillant ensemble ou comme clients. Feu Mohammed V avait, bien avant l’Indépendance du pays, libéré ses filles et les Marocaines du voile, sans que la religiosité de la société en souffre outre mesure. Aussitôt après l’Indépendance, les femmes ont enlevé
  • 6. Observatoire de l'islam 6 ‘’L’tam’’ et les filles la ‘’Djellaba’’. Et le Maroc avançait lentement vers une modernité émancipatrice. En Tunisie, le président visionnaire à ce propos, Bourguiba, en avait fait autant. Mais ça, c’était un autre siècle, un autre monde. Aujourd’hui, avecle voile généraliséet lesbarbesen bataille, on est entré de plain-pied dans l’ère du hooliganisme surtousles terrains (sportifs ou politiques) et dans celle de Daech, soit celle de ces jeunes désœuvrés que nous envoyons détruire des civilisations millénaires en Syrie ou en Irak, en attendant un ‘’retour victorieux’’ au Maroc, en Arabie ou ailleurs. La Tunisie, qui avance aujourd’hui dans la construction de sa démocratie, le doit pour beaucoup à ses femmes compétentes, lettrées, libérées, mais combien respectées et respectables. Manifestations islamiste dans l’espace éducatif et universitaire Dans un autre espace social vital, celui de l’éducationnationale,les pratiques islamistes infiltrent les établissements scolaires et universitaires. L’idéologie politico- religieuse s’affiche ouvertement dans les écoles,collègesetlycées. Bon nombre de responsables administratifs et pédagogiques sont de plusenplus d’obédience islamiste radicale,dansla forme comme dans l’esprit. Il arrive que l’on impose même à des fillettes,encoregamines, de porter le foulard en classe. Il existe, par ailleurs, dans de nombreux établissements, un amalgame dans le contenu des cours. Il y a une dualité dans le contenu du module de l’éducation à la citoyenneté,puisée dans la double référence à la culture musulmane et à la culture universelle. L’élève se trouve alors tiraillé entre les valeurs inhérentes à ses croyances et les valeurs universelles. Cette coexistence d’un double référentiel a induit une dilution de la notion de citoyennetéenfaveur de valeurs humaines restrictives fondées d’abord sur la culture religieuse. Cette dualité favorise le développement de différentes instrumentalisations idéologiques des principes et valeurs des droits humains, introduits dans les contenus des manuels scolaires, dans un contexte socioculturel marqué par la prééminence des pensées conservatrices, dans de larges couches de la population marocaine. La rupture constitue la conditionprimordiale de dépassement de l’opposition du spécifique et de l’universel et de réconciliation de l’apprenant avec la culture humaine.Lorsque les manuels se contredisent et s’opposent, ils déstabilisent l’élève. Et, de là, toute la société s’en trouve, à plus ou moins brève échéance, affectée. Pour ce qui est des universités,celles-ci sont devenueségalement des lieux de ‘’propagande islamiste’’. Aujourd’hui, bon nombre de professeurs et d’étudiant(e)s ne font plus mystère de leur appartenance à l’idéologie islamiste, en classe, dans les amphithéâtres, comme dans les enceintes universitaires. Les étudiantes voilées représententaujourd’hui une bonne moitié de l’ensemble des filles inscrites dans les universités,peut-être un peu plus. Les rencontres et conférences d’islamistes sur le campus y sont nombreuses… On avait, jusqu’àune date récente, l’habitude d’évoquer les étudiant(e)s islamistes
  • 7. Observatoire de l'islam 7 dans l’enceinte universitaire et plus précisément au sein de l’organisation syndicale estudiantine, mais quasiment jamais d’enseignant(e)s islamistes. Aujourd’hui, ce sont ces derniers qui font le plus parler d’eux. On les voit se multiplier et s’organiserpourmieux faire passer leurs messagesparl’entremise de la ‘’science’’ et de la ‘’recherche’’, non conventionnelle, comme certains le soutiennent à présent, surtout s’agissant de sciences sociales comme l’économieetla finance , puisque ‘’l’Economie islamique’’estdésormais ouvertement enseignée comme une discipline à part, là où il n’est questionjusqu’à présent que de quelques préceptes portant sur la redistribution, tels Zakat ou l’héritage, ou sur la finance dite islamique. Mais un système financier, aussi performant et ‘’vertueux’’soit-il,peut-il être intelligible s’il n’est pas accolé à un système de production dont il n’est question nulle part ? En organisant des rencontres sur des thématiques d’ordre religieux, les groupes d’enseignantsàréférents islamistes, incarnent les ‘’modèles’’ à suivre pour les étudiant(e)s. Ils soumettent, pour accréditation, des programmesde diplômes (DUS, Licences professionnelles ou Masters spécialisés en ‘’Economie et finance islamiques’’). Parfois, les enseignementsproposés sont payants. Cet état de faitest,de notre pointde vue, une vraie dérive car l’université a pour vocation de dispenser des enseignements réservés aux sciences et d’organiser des manifestations à caractère strictement scientifique. L’amalgame est déroutant. A l’université, chercher à s’informer sur les religions et analyser l’évolution des phénomènes à caractère religieux pour en comprendre les motivations internes est un acte plusque louable, puisqu’il relève aussi de la Science (histoire, sociologie, anthropologie,…). C’est une nécessité intellectuelle.La position de repli et d’ignorance desdoctrines religieuses conduitsans doute à une impasse. Mais l’université devraitrester endehorsdesdémarches prédicatrices des islamistes. Son espace public n’a pas besoin de voir se développer en son sein des discours à soubassement idéologique islamiste.On ne devrait pas tolérer et accueillir des événements dont c’est cela l’objectif. Il y a bien d’autres lieux où les prédicateurs font entendre leur voix. Pour les enseignements à caractère religieux, il y a aussi des universités spécialisées(Qaraouiyine et Dar Al Hadit Al Hassanya’’,notamment). Les enseignements dans les universités à caractère scientifique devraientse limiteràleur vocation, à savoir la transmission et l’acquisition de connaissances scientifiques. La posture de la finance sans usure En ce qui concerne la finance,suite au feu vert donné par le Conseil économique,social et de l’environnement à la création des ‘’banques islamiques’’, dites participatives, au Maroc, la loi est déjà prête pour autoriser leur fonctionnementavecdes conditions qui les rendraient non concurrentes aux banques classiques. La créationde ce type de banques est-t-elle nécessaire dans un pays qui ambitionne de devenir un pays émergent ? Peut-elle sortir les gens non bancarisés de leur paupérisation ? Ce qui est certain, c’est que cette création répond
  • 8. Observatoire de l'islam 8 aux intérêts des fondateurs des banques islamiques, pour la plupart originaires des riches pays pétroliers du Golfe où ‘’l’argent’’ – pour parler trivialement – a une origine et donc aussi une signification différentes qu’il en a dans les pays où l’on ‘’travaille dur pour en gagner’’. En outre, ces mêmesbanquiers,quand bien ils seraient nos ‘’frères en islam’’, ne seront ni moins affairistes ni moins mercantiles que leurs confrères qu’ils voudraient supplanter, même si leur discours n’arrête pas de puiser dans la morale et l’éthique. Si cela pouvait en être autrement, on l’aurait déjà remarqué dans l’aide au développement que les pétromonarchies accordent aux pays arabes moins nantis. Or, les ressources immenses de ces monarchies et autres émirats sont plus investies dans des fonds de pension et autres groupesindustriels et de services américains ou européens que dans le soutien à la ‘’Oumma islamique’’, combien dans le besoin. Du reste, a-t-on déjà vu des fonds qataris investir dans une équipe de football marocaine ou tunisienne ou égyptienne, alors qu’ils trustent à ‘’tour de bras’’ des équipes du gotha des championnats anglais, français ou espagnol, plus voyants à l’international et combienprofitables, etc. ? Dans la même veine, les jeunes des banlieues de Rabat ou de Tunis seraient-ils moins pieux ou moins à plaindre que ceux des banlieues parisiennes, sur lesquels ‘’pleuvent’’ depuis quelques années des millions d’euro venus de l’Emirat du Qatar, soutien indéfectible, entre autres, des Frères musulmans ? Nonobstant, une partie desclientsdes ‘’banques islamiques’’ est convaincue religieusementpar‘’leurs bienfaits’’. Mais, une autre partie serait plutôt mue par le désir de voir se développer sur le marché financier des produits bancaires concurrentiels aux banques ‘’classiques’’ (considérées à juste titre comme trop voraces dans notre pays).Mais,la ‘’Mourabaha’,’ par exemple, – pour ne pas parler de la ‘’Moucharaka’’ ou de la ‘’Moudaraba’’, autres prêts ‘’spéculatifs’’- produit phare de la finance islamique, remplaçant l’intérêt usuraire (Arriba), n’est rien d’autre qu’un crédit déguisé, d’ailleurs plus coûteux qu’un crédit conventionnel.Il ne peut et il ne pourra jamais y avoir de finance islamique, dans le sens de l’absence d’intérêt.Ce que l’islam, comme les autres religions monothéistes,condamne c’est l’intérêt d’usure, celui qui se pratique hors concurrence, hors la loi et dans le déséquilibre total entre le débiteur et son créancier. Evoquer un système financier sans intérêt relève de la pure chimère, puisque dans tout système marchand (etl’économie dite islamique ne remet pas en cause ni le système marchand ni l’économielibéralequi le fondent), toute chose a un coût et, donc, un prix. Et l’argentestune chose, une marchandise (même s’il est aussi beaucoup ‘’d’autres choses’’ à la fois, dont les tenants de la finance islamiste ne parlent jamais) qui doit avoirabsolumentunprix, et ce, quelle que soit l’appellation qu’on lui donne. Soutenir la possibilité de ‘’gratuité’’ à ce propos,ou même de partage ou de participation dans le cadre d’un ‘’échange équitable’’, entre des partenaireségaux relève du pur mensonge, de l’ignorance des bases mêmesde l’économie ou des deux à la fois. En guise de conclusion Il est important de souligner au terme de ce
  • 9. Observatoire de l'islam 9 texte que la tendance vers plus ‘’d’islamisme’’ est en totale contradiction avec l’orientation officielle que le Maroc dit avoir prise en matière de développement économique, social, humainetculturel depuis maintenant bien longtemps.Il estillusoire de croire que l’on peut aller vers la modernisation et la démocratisationde notre pays en ayant, en même temps, des pratiques et comportements qui ont effacé l’âge d’or de la civilisation du monde musulman à un moment où l’Europe somnolait dans son sous- développement. Si le développement est une affaire de changement des structures socioéconomiques, il est aussi, concomitamment, une affaire de changement de mentalité et d’adoption de nouvelles valeurs de travail, de solidarité non confessionnelle, et d’inclusionsociale plutôt que d’exclusion de l’autre,à commencer par la femme. La religiositéetlafoi sont des dimensions intrinsèques à la nature humaine. L’Homme a besoin d’une spiritualité qui lui donne une satisfaction morale et une paix intérieure. Le mieux est de faire en sorte qu’elles se perpétuent dans le champ de l’intime. C’est le sens même de l’islam lorsqu’il affirme et consigne dans le texte coranique qu’il n’y a point de contrainte en matière de religion. La liberté impose la laïcité qui n’a rien à avoir avec l’athéisme évoqué souvent par les détracteurs antidémocrates. Nous n’avons franchement pas besoin de compliqueretde nous compliquer l’existence. Pour mieux coexister et pour un meilleur vivre- ensemble, nous avons plutôt besoin de consolider la cohésion sociale, le partage de valeurs d’humanisme et de progrès, ainsi que d’ouverture vers autrui. Nousavonsplutôtbesoin de mettre enexergue les moments phares de notre civilisation arabo- musulmane. Restons tout de même optimistes. Le pessimisme est un luxe que nousne pouvonspas nous permettre. Mounir ZouitenetMehdi Lahlou
  • 10. Observatoire de l'islam 10 Houellebecqconvertit la France à l’islam dans son prochain roman L’auteursitue son nouveau livre, Soumission, à paraître le 7 janvier 2015, dans la France de 2022. Une anticipationdanslaquelle unparti musulmanremportelaprésidentielle contre le Front national. Michel Houellebecq se lance dans la politique fiction. Son prochain roman, Soumission, paraîtra le 7 janvier chez Flammarion et risque de faire beaucoup de bruit. Le Goncourt 2010 plonge son lecteur dans la France de 2022. Il imagine une élection présidentielle en fin de second mandat de François Hollande. Le Front national de Marine Le Pen,qui a déjà perdu le scrutin de 2017, subitla loi d’une alliance UMP, UDI, PS, associée à la Fraternité musulmane, parti inventé par l’auteur. Son leader, Mohammed Ben Abbes, finit par être élu et choisit François Bayrou comme premierministre. Le narrateur, qui s’appelle François,est un universitaire malheureux et solitaire,spécialiste de Joris-Karl Huysmans. Il couche avec des étudiantes et comme toujours chez Houellebecq,l’amour est triste. La soumission du titre faitréférence àcelle des mécréants qui doivent se soumettre à Allah et à celle des femmes aux hommes. À la fin du roman, François se convertit à l’islam et, professeur adulé, voit se soumettre àsesdésirsde jeunes étudiantes voilées… Ce roman de 300 pages devrait attirer toute l’attention lors de la rentrée littéraire.Le sujet commence déjàà faire le tour du web, et la twittosphère n’a pas tardé à réagir. Et risque bien de ranimer la polémique née en 2001, lorsque l’écrivain en promotion de son roman Plateforme avaitdéclaré: «La religion la plus con, c’est quand même l’islam.» François Menia
  • 11. Observatoire de l'islam 11 Maroc : L’émirat des croyants a repris les interdictionsdes activités d’ONG des droits de l’Homme L’émirat des croyants qui a accueilli le Forum mondial des droits de l’Homme continue d’entraver l’action des organisations locales. En laps de trois jours, le Maroc gouverné par le parti islamiste du PJD a empêché la tenue de troisréunionsorganisées par des associations des droits de l’Homme dans les villes de Rabat et Tanger. Ces interdictions s’ajoutent aux dizaines d’activités que les organisations des droits de l’Homme marocaines ont essayé d’organiser dans le paysdepuisjuillet 2014 et qui ont été interdites par le ministère de l’intérieur. « Vendredi après-midi, lesservicesde Mohamed Hassad ont brandi le carton rouge devant une session de formation au profit des membres de l’AMDH, qui était prévue au siège du club des œuvres sociales du ministère de l’Agriculture et de la Pêche à Rabat, et ce malgré l’autorisation des gérants du lieu », note le portail marocain Yabiladi. Le lendemaindanslaville de Tanger, le même sort sera subi par une rencontre à l’occasion de la célébration du 66ème anniversaire de la proclamation de la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui devait être animée par Khadija Ryadi et Mohamed Zehari. La moindre explication de l’interdiction n’a été donnée aux organisateurs. Enfin, dimanche 14 décembre à Rabat, le ministère de l’intérieur a interdit une marche de solidarité avec les victimes des dernières inondationsprogrammée par la Ligue marocaine de la citoyenneté et des droits de l’Homme. Pire encore, les forces de
  • 12. Observatoire de l'islam 12 l’ordre, présentes en nombre,ont dispersé les manifestants à coups de matraques et procédé à plusieurs arrestations, nous informe le portail marocain Yabiladi. « Le Maroc abritait autrefois une ruche d’activités indépendantes dans le domaine des droits humains, mais les autoritésontrécemment empêché diverses activités que certaines desorganisationslesplus critiques ont tenté d’organiser », avait déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la divisionMoyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. Le Maroc devrait arrêter d’entraver arbitrairement les activités pacifiques des organisations indépendantes de défense des droits humains dans le pays et leur permettre de fonctionner librement, selon Human Rights Watch. Kamal Znidar, penseur musulman auteur du livre « Islam : meilleure religion au monde », dénonce à son tour ces interdictions et appelle les autorités marocaines à mettre fin à ces interdictions qui nuisent à l’image de l’Islam et poussent les gens à croire que dans les systèmes où règne l’Islam, il n’y a pas de place pour le respect des libertés et des droits de l’Homme. Double poids, double mesure. La conférence organisée samedi dernier à Rabat par l’association Mountada Al Karama présidée par Abdelali Hamieddine,membre du secrétariat général du PJD et proche de Mustapha Ramid, sur l’état des lieux des libertés au Maroc n’a pas été interdite… une preuve qui confirme que le ministère de l’intérieur mène une politique sélective qui épargne les associations proches du PJD. Nezha Chakour Pakistan : attaque meurtrière de talibans contre une école Six terroristes lourdement armés appartenant au groupement du taliban ont attaqué ce mardi une école pour enfants de militaires à Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan. L’attaque a fait au moins 130 morts, en majorité des écoliers, ainsi que de nombreux blessés.
  • 13. Observatoire de l'islam 13 L’assaut a duré près de 7 heures. Il s’est terminé avec la mort du dernier assaillant, le 6ème, par des tirs de l’armée pakistanaise. Les assaillants -portant des uniformesmilitaires- ont réussi à pénétrer dans l’école en escaladant un mur, a précisé une source interne à l’école. Cette opération terroriste est la deuxième attaque sanglante depuis quelquesmoisvisantune institution de l’armée pakistanaise. Le mois dernier, il y avait eu une cinquantaine de morts à la frontière avecl’Indeau terme d’une cérémonie militaire. Le premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a évoqué une tragédie nationale et déclaré que le Pakistan allait «continuer le combat pour éradiquer définitivement les insurgés». Le gouvernementprovincial a annoncé trois jours de deuil national. La France et l’Inde ont dénoncé vigoureusement cette attaque terroriste, la qualifiant d’«ignoble» et «lâche». Le président Obama a déclaré qu’«En visant des étudiants et des enseignants dans cette attaque odieuse, les terroristes ont une nouvellefoismontré leur dépravation» et a renouvelé l’engagement des Etats-Unis aux côtés du gouvernement pakistanais «pour combattre le terrorisme et l’extrémisme» et promouvoir la paix et la stabilité dans la région. La militante pakistanaise Malala Yousafzai a pris la parole après l’attaque. «Je condamne ces actes atroces et lâches et je reste unie avec le gouvernement et les forces armées du Pakistan» dans leurs «efforts louables» pour gérer la situation, a écrit la jeune fille de 17 ans dans un communiqué. Même son pour le penseur musulman Kamal Znidar. L’auteur du livre « Islam : meilleure religion au monde » a qualifié d’«ignoble» et «lâche» cette opération et avancé que «Si la pensée des talibans et ce cauchemar auquel le monde a assisté aujourd’hui étaient l’Islam, moi, je serais sans doute non- musulman et islamophobe en plus». «Le dieu des talibans est en réalité un diable qui ne prend d’Allah que le nom», a ajouté le penseur musulman. Ali Dayan Hasan, ancien directeur de Human Right Watch au Pakistan, s’est de son coté démarqué en lançant une petite pique à la politique américaine, selon lui responsable de la naissance du mouvement Taliban : «Ne disons pas que nous sommes « unis dans la peine » avecceux qui ont permis aux talibans de s’installer. Ils doivent prendre leurs responsabilités. Maintenant». Imad Doublali Grande-Bretagne : une « poupée islamique » sans visage en vente Un modèle de poupée étiquetée « islamique », hijab sur la tête et sans visage, vient d’être misenvente enGrande-Bretagne.Baptisée Romeisa,dunomd’une despremière femmes à s’être convertie àl’islam(etnond’une desfemmesduProphète Muhammad),cette poupée estla première de lamarque Deeni Doll.Vendue 25£ (31 € environ),lapoupée estfabriquée
  • 14. Observatoire de l'islam 14 enChine.Lesyeux,labouche etle nezne sont pasreprésentés pour être « compatible avec la charia », explique sa créatrice. Ridhwana B., une ancienne professeure d’une école musulmane de Lancashire,a expliqué avoir eu cette idée après s’être entretenue avec des parents d’élèves, inquiets à cause des jouets représentant des visages. « Il existe une règle islamique qui interditlareprésentation des traits du visage en tout genre, qui inclut les images,lessculptureset, dans ce cas, les poupées », a-t-elle expliqué au Lancashire Telegraph. « J’ai parlé à un érudit religieux de Leicester qui m’a guidée dans ce qui était autorisé lors de la production du produit et ce qui ne l’était pas », a poursuivi la créatrice. Pour Fawaz Gerges, un professeur spécialisé dans les sociétés musulmanes à la London School of Economics, la majorité des musulmans ne sera pas intéressée par l’achat d’un tel modèle. « La poupée est un gadget, une interprétation ultra- conservatrice » a déclaré Fawaz Gerges au Mail Online. « L’écrasante majorité des musulmans vivent selon des modes de vie du XXIe siècle, les choses n’ont pas été gelées au VIe siècle », note le professeur. Dans les premiers temps de l’islam, l’imagerie étaitinterdite « pourune variété de raisons », déclare ce dernier. « Mais le débat est de savoir jusqu’où allons- nous maintenant ? (…) Il y a des personnes qui voudraient nous faire croire que l’histoire musulmane est figée dans le temps et l’espace, mais elle a évolué », insiste Fawaz Gerges. Si Deeni Doll a faitle tour desmédiasbritanniques, elle n’est pourtant pas la première « poupée islamique » à être commercialisée, mais avec des visages comme la poupée Fulla, qui fait un carton au Moyen- Orient. Mais c’est la première fois qu’est lancée une production à plusgrande échelle et de qualité, selon sa créatrice…Si tant est que des parents soient convaincus par ses arguments, rien n’empêchera les enfants qui recevront des poupées sans visage de dessiner eux-mêmes le visage… SaphirNews
  • 15. Observatoire de l'islam 15 Eric Zemmour écarté d’iTÉLÉ après des propos controverséssur l’islam Le polémiste français Eric Zemmour, phénomène de librairie avec son livre « Le suicide français », a été écarté d’iTELE en raison de propos controversés sur l’islam qui avaient indigné les journalistes de cette chaîne d’information et des associations antiracistes. La chaîne a diffusé un communiqué laconique précisant que l’émission dans lequel intervenait Eric Zemmour depuis 2003 ne reprendrait pas enjanvieralorsque celui- ci a indiqué ne pas vouloir « réagir pour le moment« . Eric Zemmour, qui travaille aussi pour le quotidien Le Figaro et la radio RTL, est célèbre pour ses prises de position contre l’Europe, l’immigration ou les élites politiques, économiques, médiatiques et intellectuelles qu’il accuse d’avoir bradé les valeurs de la France. Juif originaire d’Afrique du nord, véritable bête médiatique que s’arrachentlesémissions de talk show, Eric Zemmour est au centre d’une nouvelle polémique depuis la diffusion d’un entretien au quotidien italien Corriere della Sera dans lequel il déclarait que les musulmans « vivent entre eux, dans les banlieues » et que « les Français ont été obligés de les quitter« . Si le journaliste italien a reconnu avoir ajouté le mot « déporter » (cinq millions de musulmans français) dans une de ses questions en retranscrivant l’entretien, la controverse n’apas faibli en France autour des proposde Eric Zemmour. iTELE a fait interviewer Eric Zemmour par un de ses journalistes « pour bien comprendre sa pensée et cela n’a fait que confirmer qu’il n’était plus possible de continuer l’émission« , a expliqué à l’AFP un porte-parole de iTELE. Dans un communiqué, la Société des journalistes (SDJ) de la chaîne s’est « félicitée » de cette « prise de position forte« .
  • 16. Observatoire de l'islam 16 « Les déclarations d’Eric Zemmour dans le Corriere della Sera ont profondément choqué les membres » de la SDJ qui s’est « mobilisée » dès le début de la semaine à ce sujet, écrit- elle. L’association SOS Racisme s’est« félicitée » de la décision d’iTELE et « attend de RTL, de Paris Première (autre chaîne de télévision) et du Figaro qu’ils prennent la même décision« . Ces derniers jours, d’autres associations antiracistesavaientlancé des appels aux médias pour qu’ils cessent leur collaboration avec le polémiste, et annoncé leurintention de saisir la justice après ses propos au Corriere della Sera. Belga Daesh: 100 jihadistesétrangers voulant fuir la Syrie exécutés Le Financial Times affirme que pour surveiller les potentiels déserteurs, Daesh a créé une police militaire. Début décembre, BFMTV assurait que plusieurs français partis en Syrie avaient pris contact avec un avocat spécialiste des questions de terrorisme pour regagner l’Hexagone. Le groupe jihadiste Daesh ou Etat islamique (EI) a exécuté 100 de ses combattants étrangers qui tentaient de quitter la ville syriennede Raqqa au nord du pays, a affirmé samedi dans le Financial Times un activiste opposé au régime syrienetà Daesh. Ce militant qui témoignait sous couvert de l’anonymat et que le quotidien dit « bien connaître » affirme « avoir vérifié ces 100 exécutions » jihadistes étrangers tentant de fuir les combats. Une police militaire créée par Daesh Selon des membres du groupe Etat islamique à Raqqa, une police militaire aété créée pour s’occuper des combattants étrangers tentant de déserter les combats, donnant lieu à des dizaines de fouilles de domiciles des combattants et à autant d’arrestations. La presse britannique affirmait mi-octobre que cinq Britanniques, trois Français,deux Allemands et deux Belges, qui voulaient rentrer dans leur pays d’origine après s’être plaints de combattre des groupes rebelles plutôt que les forces du régime de
  • 17. Observatoire de l'islam 17 Bachar Al-Assad, avaient été faits prisonniers par le groupe EI. Au total, entre 30 et 50 Britanniques souhaiteraient rentrer mais craignent d’être emprisonnés à leur arrivée, évaluaient également mi-octobre des chercheurs du King’s College de Londres qui avaientété contactés par l’un d’entre eux affirmant parler au nom des autres. Des Français veulent rentrer mais… Derrière les images de propagande, la désillusion frappe certains Français partis enSyrie gonfler les rangs de Daesh. Plusieurs jeunes recrues – dont BFMTV racontait le quotidien il y a peu – cherchent même à rentrer. Et certains ont contacté des avocats spécialistesdesquestions de terrorisme. Mais le retour est souvent difficile: « La première difficulté rencontrée par ces gens c’estqu’ilsappartiennent à des groupes qui ne les laissent pas partir », pointe Martin Pradel. « Autre difficulté,ils sont dans une situation administrative délicate, leurs passeports leurs ont souvent été retirés à leur arrivée sur place. Enfin, quand ils vont rentrerenFrance,s’ilsne sont pas en mesure de s’expliquer, de justifier leurpassage enSyrie puis leur revirement, ils devront faire faire face à la justice française ». Depuis 2012, seulement 200 jihadistes français, sur plusieursmilliers, ont réussi à regagner la France. Plusieurs chefs de Daesh tués par la coalition? Depuis le lancement en août de la campagne de frappesaériennesmenée par la coalition formée par les Etats-Unis, le groupe jihadiste a perdu du terrain et vu le nombre de ses membres tués augmenter notablement. Cette semaine, le Pentagone a affirmé que plusieurs chefs du groupe EI en Irak avaient été tués par les frappes aériennes de la coalition. En 40 jours, entre octobre et novembre, quelque 2.000 raids ont fait plus de 500 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG qui dispose d’un réseau de militants et sources médicales sur le terrain. BFMTV
  • 18. Observatoire de l'islam 18 Joué-lès-Tours: le drapeau de l’Etat islamique sur le profil Facebook de l’agresseur Né au Burundi en 1994, il avait choisi le nom de «Bilâl» lorsqu’il s’est converti à l’islam. Hieraprès-midi, Bertrand Nzohabonayo,20ans, est entré dans le commissariat de Joué- lès-Tours(Indre-et-Loire) où il aurait crié «Allahou Akbar» avant d’agresser plusieurs policiers avec un couteau. Il a été abattu. Françaisné au Burundi, il est arrivé à Joué-lès- Tours, en Indre-et-Loire, il y a quelquesannées,de parents séparés. Ce jeune costaud et plutôt sportif «naviguait apparamment entre des membres de sa famille», a dit samedi le procureur de la République de Tours, Jean-Luc Beck. Il avait choisi le nom de «Bilâl» lorsqu’il s’est converti à l’islam, selon un de ses proches qui s’est confié à l’AFP. Il était connu pour des affaires de petite délinquance, trafic de stupéfiants, extorsion, vol à l’étalage et recel. Plusieurs spécialistes de l’antiterrorisme ou des groupes jihadistes lui attribuent un compte Facebook dont la photo de profil est,depuisjeudi seulement,le drapeaude l’organisation Etat islamique (EI) qui mène le jihad en Syrie et en Irak. Plusieurs textes et slogans inspirés de l’islam radical sont aussi postés sur cette page. Sur les photos de lui qui circulent sur les réseaux sociaux, on distingue un jeune souriant au crane rasé et au collier de barbe noire fourni mais sans moustache. Il n’était pas fiché par la Direction générale de la sécurité intérieure
  • 19. Observatoire de l'islam 19 (DGSI). En revanche, son frère est connu des services pour ses positions radicales et a un temps envisagé de partir en Syrie avant de renoncer, selon une source proche de l’enquête. Sur Twitter,le journaliste David Thomson, auteur du livre Les Français jihadistes(Les Arènes), signale que cette agressionintervient au lendemain de la diffusion d’un message de menaces d’un jihadiste français de l’Etat islamique sur Youtube, «faitesexploser la France». Il ajoute qu’entrer dans un commissariat français pour y faire un carnage était un scénario évoqué par un Français de l’organisation» dans son livre et rappelle que la France est officiellement une cible de l’Etat islamique depuis une déclarationde sonporte- parole le 21 septembre dernier. Libération Algérie – Islam : des imams algériens formés en France L’idée de la convention signée cette semaine entre Paris et Alger est de « lutter contre le dévoiement et l’abaissement de l’islam ». Sur fond de lutte contre les extrémismes religieux,enl’occurrence l’islamisme, le ministre français de l’Intérieur, BernardCazeneuve,aété reçu à Alger par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, par son homologue, Tayeb Bélaïz, et par le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa. C’est avec ce dernier que Bernard Cazeneuve a signé cette convention sur la formation préparatoire des imams algériens délégués en France, mais aussi sur la réhabilitation de la Grande Mosquée de Paris (GMP) et de l’institut El Ghazali de formation des imams, lequel est rattaché à la GMP. Des imams délégués « en harmonie avec les exigences de la République » Faisant allusion aux « actes terroristes abjects et barbares [qui] n’ont rien à voir avec la religionmusulmane », le ministre Bernard Cazeneuve a indiqué qu’ »il estimportantqu’il y ait des imams formés en harmonie avec les exigences de la République, des imams
  • 20. Observatoire de l'islam 20 qui permettent de lutter contre le dévoiement, l’abaissement » de l’islam.Cette déclaration s’emboîte parfaitement avec la démarche adoptée en Algérie par Mohamed Aïssa. Le ministre des Affaires religieusess’étaitdéjàen effet engagé à revoir la formation des imams. Objectif : « Immuniser » définitivement l’Algérie, qui compte 17 000 mosquées, contre l’intégrisme religieux qui a conduit à une guerre civile meurtrière dansles années 90. Il y a deux semaines, il avait ainsi animé une discussion religieuse à la Grande Mosquée de Paris, une première pour un membre du gouvernement algérien. Le monde universitaire et intellectuel ciblé Cette convention a permisde part et d’autre de partager lavolonté de « mobiliser le monde universitaire et intellectuel ». Objectif affiché :« luttercontre le mensonge et les manipulations » de l’islamauxquelsse livrent lesgroupes terroristes. Il faut noter que cette réflexion intervient au moment où les actes islamophobes sont en hausse en France, si l’on en croit de nombreuses associations. L’occasion pour M. Cazeneuve, cité par l’AFP, d’affirmer que « le gouvernement français est déterminé à luttercontre toute forme de racisme, d’antisémitisme, d’islamophobie et de xénophobie ». Précision : pays à forte traditionlaïque,laFrance compte quelque deux mille lieux de culte musulman.Quelque cent imams sont affiliés à la Grande Mosquée de Paris (GMP). Celle-ci est financée par l’Algérie et est l’une des composantes du Conseil français du culte musulman (CFCM). Pour clore cette séquence, une note personnelle liée au ministre français de l’Intérieur a marqué la signature de cette convention. Après Alger, Bernard Cazeneuve s’est rendu à Oran, dans l’ouest,pourse recueillir sur la tombe de son grand-père. Aïda Haddad
  • 21. Observatoire de l'islam 21 Un ancien du Djihad islamique : les Frères musulmans sont très ignorants des principesdu Coran Nabil Na’im Aboul Fattah était en son temps l’un des fondateurs du Djihad islamique en Egypte, groupe alors connu non moins que l’Etat islamique actuellement. Ayant purgé plus de 20 ans pour activités terroristes en prisons égyptiennes,Nabil Na’im est de nos l’un des plus âpres critiques des fanatiques religieux. Salafistes, takfiristes, frères musulmans sont de diverses branches d’un même arbre, a-t-il constaté dans un entretien avec notre correspondant. « La Confrérie musulmane est étroitement liée aux takfiristes (de l’arabe «excommunier »). Je peux même dire qu’elle lesa engendrés.Ainsi,les Frères musulmans prétendent que ceux qui fréquentent la mosquée pour prier ne sont pas des musulmans. Saïd Kutblui-même ettousles adeptes des Frères musulmans ne comprennent rien en Islam. J’ai étudié à l’Université la loi musulmane et je peux juger du niveau de leurs connaissance de la religion ». « Quant aux leaders de groupes radicaux islamiques (Frères musulmans,salafistes),je peux dire qu’ils sont des personnes sans scrupules, des personnages machiavéliques, à la recherche uniquement du gain et des sponsors. Aprèsla révolution du 25 janvier, à laquelle les salafistes n’ont pas pris part, tousnousavons été surpris par leurs fatwas odieuses, telles que le droit de donner le sein à un homme adulte, de prendre pourfemme des fillettes(7-9 ans), d’avoir des rapports sexuels d’adieu avec l’épouse morte.Est-ce que ce sont des enseignements de l’Islam ? Par leur faute l’Islam a commencé à susciter de la répulsion
  • 22. Observatoire de l'islam 22 chezdesgensà traversle monde. Les salafistes représentent un danger pour la société. Après le 25 janvier ce sont eux encore qui ont brûlé des mosquées,carilssontles descendants de Mohammed ben Abdelwahhab, qui considérait tous, dont des musulmans, comme des apostats ». « Lessalafistescherchent à mettre à leur profit toute situation, avec pour motif un impératif religieux. Ils n’ont pas pris part à la révolution du 30 juin, amis ont prétendu à leur part du gâteau. C’est-à-dire que des jeunes font la révolution,tandisque les salafistes cherchent à profiter de ses fruits. Un travail d’explication est nécessaire pour que les gens comprennent que les salafistes égyptiens sont des wahhabites et non pas des adeptes du prophète Mahomet. Ma tâche est d’expliquer aux gens qui est qui ». Amru Beltagi Tariq Ramadan : « La résistance du Hamas est digne ! » Invité d’Audrey Crespo-Mara, Tariq Ramadan, qui publie De l’islam et des musulmans, considère le Hamas comme une « organisation de résistance ». Audrey Crespo-Mara : Au retour en France de Serge Lazarevic, vous avez déclaré vous réjouir de sa libération, pour lui et sa famille, condamner toute prise d’otage, quelle qu’elle soit, mais vous écrivez aussi ressentir un « profond sentimentde malaise »… Tariq Ramadan : Oui, parce que, vous savez, la France a toujours négocié. Et je ne suis pas de ceux qui pensent qu’il ne faut pas négocier. Il faut, à un moment donné, sauver des vies ! On ne peut pas accepter simplementqu’ontue les otages. Mais il y a des limites.Pourlalibération
  • 23. Observatoire de l'islam 23 d’un otage juste avant Noël afin de réjouir la France, on a accepté qu’un prisonnier qui a tué de sang-froid un gardiende prisonafricain soitlibéré.Onestrevenu à la pensée coloniale : la vie d’un Blanc vaut plus que la vie d’un Noir. En France, il faut vraiment qu’onse pose la question de la perception qu’on a de l’Afrique. On ne peut pas continuer cette politique de la Françafrique. Et si c’était l’ultime exigence des ravisseurs, il fallait, selon vous, renoncer à libérer Serge Lazarevic, le laisser se faire exécuter ? Non, il ne fallait pas le laisser se faire exécuter, mais libérer un meurtrier… Il y a des choses qu’on ne fait pas, non. On ne peut pas libérerunmeurtrierpour simplement sauver l’un des nôtres. Ça suffit. À partir d’un certain moment, la dignité humaine doit être la même pour tous. La vie d’unNoirvaut la vie d’un Blanc. Dans votre livre, vous n’avezaucune ambiguïté à l’égard d’Aqmi, d’al- Qaida, de Daesh, de ceux qu’on appelle les « djihadistes ». Sont-ils des musulmans ou des barbares qu’il faut anéantir ? Je n’utiliseraispasce mot de « barbares à anéantir».Mais je pense que c’est à condamner ! Absolument.Ce n’estpas ça, le « djihad ». Le djihad, littéralement, ça veut dire l’effort et la résistance à tout ce qui peut être l’oppression. En soi et à l’extérieur. Le djihad, ce n’est pas la guerre ! C’est la résistance pourlapaix.Et l’une desconditionsde la paix, c’est la justice, la dignité. Comment se fait-il, s’il n’y a rien dans le texte originel, qu’onarrive à le tordre au point de lui faire dire l’inverse de ce qu’il dit ? Parmi ces islamistes, aucun n’a lu le texte ou tous l’ont lu de travers ? Ilsl’ont lu partiellement. Ilsenont trahi lalettre et l’esprit. Et donc nous devons le dire. Ensuite, nous devons aussi avoir une analyse politique de ce qui se passe. Le silence de l’Occident, là où ça a commencé, quand des gens se faisaient massacrer en Syrie, et où on demandait au dictateur Assadde réformer.Onne peut pas dire : « Vous, musulmans, condamnez ! » Nous, on se lave les mains de notre soutien à Bachar el-Assad, à Saddam Hussein… À al- Sissi, reçu comme un président, c’est un dictateur ! Mille condamnations à mort en moins de quinze minutes en Égypte et on le reçoitcomme si c’était un être respectable ? Vous ne pouvez pas espérer qu’il n’y ait pas des « barbares » qui réagissent. Aux jeunes musulmans français tentés de partir faire la guerre en Irak, en Syrie, que dites-vous ? Il y a unvrai problème de compréhension de l’islam.Onades gens qui sont dans la pensée binaire, c’est eux contre nous,etqui réussissent à attirer ces jeunes. Donc, déjà, il faut leur dire : « Apprenezvotre religion ! Apprenez que ce n’est pas nous,lesmusulmans, contre le monde. C’est nous, les personnes qui défendent des principes de justice, contre ceux qui défendent l’oppression. » Et puis j’aimerais dire aux gouvernements européens qu’il ne faut pas criminaliser ces jeunes. Beaucoup sont des victimes. Quand ils reviennent,lesmettreen prison, les criminaliser, non ! Il faudrait utiliser ces jeunes, dans un travail de suivi éducatif, pour qu’ils puissent prévenir d’autres d’y aller et de s’y engager. Après la mort du ministre palestinien Ziad Abou Eïn en Cisjordanie,
  • 24. Observatoire de l'islam 24 lors de heurts avec des soldats israéliens dans une colonie sauvage, vous avez condamné ces colonisations. Est-ce que, pour autant, vous légitimez les actions du Hamas ? Moi, je ne légitime aucune action qui s’en prend à des innocents et qui s’en prend à des civiles. La résistance à l’armée israélienne, elle est légitime. Mais le Hamas, pour vous, ce n’est pas une organisation terroriste ? Non, c’est une organisation qui est du même type que l’ANC à l’époque oùondisaitque c’était des terroristes. Ils ont des moyens que je réprouve, mais ont une résistance que j’approuve. Propos recueillis par Audrey Crespo-Mara
  • 25. Observatoire de l'islam 25 «L’islam modéré n’est pas assez entendu» Pour les administrateurs de la mosquée de Graulhet, la principale crainte après les arrestations antiterroristes hier dans le Tarn réside dans l’amalgame qui pourrait être fait avec la majorité des musulmans, islamistes modérés. L’étonnement régnait hier parmi les administrateurs de la mosquée de Graulhet. «Elle a été crée en 1981 dans une ancienne église. Il y a toujours eu une entente cordiale avec les catholiques ou les protestants. Nous avons le même imam depuis vingt ans, explique Ali Grhouti qui confiait hier «nous ne comprenons pas.Guillaume venaitàla mosquée, il ne parlait pas. Nous ne savons pas de quoi il est aujourd’hui accusé». «à la base, l’islam est une religion de paix» La principale crainte à présent des administrateurs est l’amalgame qui pourrait être fait. «L’islam modéré n’est pas assez entendu, témoigne AhmedMazari. À la base, l’islam est une religion de paix. Notre rôle est aussi de faire face aux réseaux sociaux. Certains jeunes se cherchent, ils sont perdusetsont desproies faciles. Pourtant, l’imam a expliquéce qu’il ne faut pas faire. Parfois, certains parents sont même venus nous trouver pour nous dire qu’ils craignaient que leursenfants ne tombent dans la délinquance. Ici, tout le monde se connaît». Les deux responsables tiennent à répéter inlassablementque l’état prétendumentislamique n’a rien à voir avec la religion, il est mené par des «barbares». Albi, Labastide- Rouairoux,etGraulhetet à nouveau Albi hier… Les personnes qui gèrent la mosquée graulhétoise comme Claude Fita, maire de la ville, ne pensent pas que le départementduTarnsoit un terreau favorable.
  • 26. Observatoire de l'islam 26 «C’est bien dans toute la France qu’il y a eu des interpellations. Nous avons à Graulhet un très bon vivre ensemble», insiste l’élu qui hier ne pouvait pas être très loquace. «Ce que je peux vous dire, c’est que j’ai peu d’informations à vous communiquer pour l’heure sur cette affaire. Nous avons tous des enfants et nous ne savons pas toujours ce qu’ils font, ce qu’ils décident. Le parquet de Parisgère cette situation. Même moi, maire de Graulhet, je ne sais pas qui a été interpellé et je suis vraiment surpris». Jean-Claude Clerc
  • 27. Observatoire de l'islam 27 Tables des matières Islametislamisme :entre foi individuelle etdérivepolitique collective ………………………… 2 Points d'info HouellebecqconvertitlaFrance à l’islamdanssonprochainroman ……………………………… 10 Maroc : L’émiratdescroyantsa reprislesinterdictionsdesactivitésd’ONGdesdroits de l’Homme …………………………………………………………………………………………………………………… 11 Pakistan: attaque meurtrière de talibanscontre une école ………………………………………….. 12 Grande-Bretagne :une « poupée islamique » sansvisage envente ………………………………. 13 Eric Zemmourécarté d’iTÉLÉ aprèsdesproposcontroverséssurl’islam ……………………….. 15 Daesh:100 jihadistesétrangersvoulantfuirlaSyrie exécutés ………………………………………. 16 Joué-lès-Tours:le drapeaude l’Etatislamique surle profil Facebookde l’agresseur ……. 18 Algérie –Islam: desimamsalgériensformésen France ………………………………………………… 19 Communication Un anciendu Djihadislamique :lesFrèresmusulmanssonttrèsignorantsdesprincipes du Coran……………………………………………………………………………………………………………………….. 21 Tariq Ramadan: « La résistance duHamasest digne ! » ……………………………………………….. 22 Points de vue «L’islammodéré n’estpasassezentendu» ……………………………………………………………………. 25 © Observatoire de l'islam 2014