L’Observatoire économique régional (CROCIS) de la CCI Paris Ile-de-France a mené une enquête auprès d’une centaine de commerçants (hôtels/restaurants, commerces), syndicats professionnels et associations de commerçants, afin de mesurer l’impact immédiat des attentats du 13 novembre dernier sur l’activité économique parisienne. Cette enquête indique que si les effets à court terme sont importants, les commerçants sont dans l’expectative en ce qui concerne l’impact de ces événements à plus long terme.
Les services à la personne, un secteur dynamique qui plaide pour la stabilité...
Impacts des attentats du 13 novembre 2015 sur l'économie francilienne
1. 20 novembre 2015
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Impact des attentats sur l’activité économique francilienne
L’Observatoire économique régional (CROCIS) de la CCI Paris Ile-de-France a mené une enquête
auprès d’une centaine de commerçants (hôtels/restaurants, commerces), syndicats professionnels
et associations de commerçants, afin de mesurer l’impact immédiat des attentats du 13 novembre
dernier sur l’activité économique parisienne. Cette enquête indique que si les effets à court terme
sont importants, les commerçants sont dans l’expectative en ce qui concerne l’impact de ces
événements à plus long terme.
I- Impact sur l’activité économique francilienne
Les exemples passés
Le coût économique des événements passés comparables (les attentats du 11 septembre 2001 à NY,
les attentats à Madrid en 2004 ou encore ceux de Londres en 2005) représente une part vraiment
minime de l’activité économique. A Paris, en janvier dernier, même si les attentats ont eu des
répercussions considérables sur le démarrage des soldes dans les commerces parisiens (rappelons
que les attentats avaient eu lieu le jour de démarrage des soldes), la consommation était restée
robuste au 1er trimestre.
Cependant, concernant les attentats de vendredi dernier, la configuration n’est pas la même qu’en
janvier : il s’agit d’attentats touchant « au hasard » des personnes dans leur vie quotidienne, d’où un
risque potentiel beaucoup plus étendu.
Secteur des congrès et salons
Dès jeudi 19 novembre, les professionnels des métiers de l’événement, des congrès et salons
annonçaient un retour à la normale après une semaine d’adaptation. En effet, le Salon des maires,
(867 stands pour près de 55 000 visites en 2014) porte de Versailles à Paris et qui devait se tenir du
17 au 19 novembre, a été reporté (et non annulé) du 31 mai au 2 juin 2016. Il était en effet
impossible que des Maires ne soient pas auprès de leurs administrés en de pareilles circonstances.
Les Salons Studyrama (15 et 17 novembre) ont également été ajournés, de même qu’Educatec-
Educatice organisé par TARSUS (18-22 novembre) et le Salon de l’éducation, prévus Porte de
Versailles cette semaine. Le week-end dernier, le congrès City Events, organisé par GL Events dans les
locaux de la Chambre de commerce de Paris-Ile-de-France, est lui aussi reporté au printemps 2016.
Les Salons d’art Paris Tableau (palais Brongniart) et Paris Photo, l’une des grandes manifestations du
groupe Reed au Grand Palais, ont quant à eux dû clôturer leurs portes deux jours plus tôt que
prévu. Le Midest se déroule en ce moment à Paris Nord Villepinte. Les mesures de sécurité ont été
renforcées, peu d’annulations sont enregistrées (uniquement de la part de clientèles étrangères).
Les conventions d’entreprise et événements corporate ont eux aussi été abandonnés, mais
temporairement, et ce plutôt par souci de décence.
Après ces quelques reports (survenus juste après les attentats), les grands opérateurs Comexposium,
GL Events et Reed Expositions France ont assuré qu’ils maintiendraient la tenue de leurs principales
manifestations, peu de défections d’exposants ayant été constatées. Pour ce qui est de la
fréquentation, il faudra attendre la fin des manifestations du 4ème trimestre 2015 pour constater les
véritables effets en termes de visitorat.
Tourisme
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Rappelons qu’avec 46 millions de touristes en 2014 (dont 42 % d’étrangers) et une offre de 150 000
chambres, Paris Ile-de-France est la première destination touristique mondiale. Le secteur du
tourisme est donc évidemment celui qui risque de payer le plus lourd tribut.
Alors que les clignotants étaient au vert, les annulations se sont succédé depuis samedi dans les
hôtels d’Ile-de-France. Ainsi une baisse de 50% du chiffre d’affaire du secteur serait enregistrée. C’est
l’hôtellerie de luxe qui semble la plus touchée. Cette baisse est due à l’annulation de la venue de
touristes, surtout américains et japonais, mais aussi de l’annulation d’événements. De plus, le format
réduit pris par la COP21 va aussi entrainer une annulation de réservations.
Selon des données collectées par la société de conseil MKG Hospitality, le taux d'occupation a chuté
de 20,8 et 23,1 points les nuits de samedi et dimanche (par rapport au même jour de semaine de
l'année précédente) et le revenu par chambre disponible de 21,1% samedi et 28,5% dimanche.
L'impact des attentats de vendredi sur le tourisme apparaît nettement plus fort que celui des
attaques du 7 janvier 2015 ; la baisse du taux d'occupation n'avait alors pas dépassé 2,8 points les 9
et 10 janvier, pour un retrait maximum de 8,5 % du revenu par chambre disponible. "Les
conséquences des attentats de vendredi sur l'industrie touristique semblent prendre une autre
importance, à quelques jours de la Conférence sur le climat (...) et à quelques semaines des fêtes de
fin d'année qui génèrent habituellement une forte activité dans les hôtels de la capitale", souligne
MKG Hospitality.
Mais l’impact n’est pas que parisien. En effet, la peur des attentats a impacté aussi les grands sites
touristiques franciliens tels que Disneyland Paris qui a vu, depuis sa réouverture, sa fréquentation
diminuer de moitié.
Il semble cependant prématuré de tirer un bilan objectif des conséquences des attentats sur la
fréquentation touristique et également sur la consommation des clientèles touristiques, estimée à 39
milliards € / an (source :Insee IdF / CCI Paris IdF /CRT Paris IDF).
Les grands magasins parisiens
Les grands magasins parisiens du bd Haussmann font état d’une baisse de fréquentation entre 30 et
50%. Ils avaient dû fermer leur porte tôt le samedi après-midi. Les dispositifs de sécurité y ont été
renforcés (nombre d’accès réduits, vidéo surveillance, fouille à l’entrée…).
Les centres commerciaux de périphérie font état d’une baisse d’environ 10 à 15% cette semaine.
A contrario, les commerces de proximité alimentaires ont profité de la moindre fréquentation des
grandes surfaces. Certaines supérettes ont ainsi vu leur chiffre d’affaires bondir de 20%. A noter aussi
une augmentation importante (environ 20%) du nombre de livraisons.
Les ventes en ligne
D’après la Fevad, il est trop tôt pour tirer des conclusions.
II- Enquête du CROCIS réalisée par téléphone le jeudi 19 novembre auprès d’une centaine
de commerçants (commerces alimentaires et non alimentaires et café/restaurants) et
d’associations de commerçants parisiens.
Depuis les attentats de vendredi soir, avez-vous constaté une baisse de fréquentation dans votre
magasin ?
88 % des commerçants ont constaté depuis vendredi une baisse de fréquentation. Logiquement les
quartiers les plus touristiques ont été les plus impactés (Rivoli, Francs bourgeois, Saint-Germain,
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Champs Elysées…). C’est principalement la clientèle touristique qui est en baisse, notamment la
clientèle étrangère (pour 88 % des commerçants).
Depuis les attentats de vendredi soir, avez-vous constaté une baisse de votre chiffre d’affaires par
rapport à la même période de 2014 ?
Plus des trois quart des magasins ont enregistré une baisse de leur CA. Ce sont les commerces non
alimentaires et les café restaurants où les baisses sont les plus importantes (plus de 80 % d’entre
eux).
Le comportement de la clientèle.
Les commerçants notent 2 types de comportements : soit une restriction des achats liés à un
sentiment de peur, de culpabilité ou le manque d’envie de consommer, soit tout au contraire un élan
vers la consommation comme achats plaisir. Leurs clients ont un important besoin de parler et
reviennent systématiquement sur les événements. La méfiance et l’inquiétude dominent. Ils
s’attardent moins dans les magasins. De plus, la clientèle est essentiellement une clientèle de
quartier. Dans le commerce alimentaire, le nombre des livraisons a augmenté. Dans la restauration,
les terrasses ont du mal à se remplir.
Avez-vous dû fermer ce week-end ou modifier vos horaires de fermeture ?
63% des commerçants ont fermé ou modifié leurs horaires, surtout dans le commerce non
alimentaire (75%). Certains restaurants ont fermé plus tôt le vendredi soir suite à l’annonce des
attentats puis le samedi soir. Dans les commerces, certaines enseignes avaient pour consigne de
fermer avant la nuit (autour de 17h). Certains sont restés fermés toute la journée soit sur arrêté
préfectoral soit sur décision du siège. Certains commerces n’ont pas ouvert le dimanche.
Depuis les attentats de vendredi soir, avez-vous renforcé vos mesures de sécurité ?
Un tiers des commerçants ont renforcé leurs mesures de sécurité, essentiellement dans les
commerces non alimentaires. Des mesures avaient déjà été prises depuis le renforcement du plan
vigipirate en janvier. Cependant, un commerçant sur deux a souhaité accroître la sécurité de son
commerce en embauchant un vigile supplémentaire.
Suite aux attentats, avez-vous ou allez-vous annuler des événements tels que des opérations
commerciales ?
Seulement 10% des commerçants ont ou vont annuler des événements.
Et après ?
Novembre est toujours un mois difficile pour le commerce, novembre 2015 sera mauvais. Les
opérations commerciales avant Noël vont démarrer dans de nombreux magasins, peut être
l’occasion de faire revenir en nombre la clientèle.
Pour décembre, l’attentisme prévaut. Une crainte des commerçants est que le consommateur réalise
ses achats via internet.