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Le suicide pour ceux qui restent
Comment réagirions-nous si un être cher s’enlevait la vie?
Par Karine Vilder
On connaît toutes quelqu’un qui s’est enlevé la vie. Même s’il s’agit du cousin au troisième
degré de l’ami d’une amie et même si le nombre de morts par suicide a considérablement
diminué au Québec au cours des neuf dernières années.
Après le sommet record de 1620 décès atteint en 1999, dont celui de Gaétan
Girouard, le journaliste-vedette de l’émission J.E., les données provisoires de l’Institut
national de santé publique du Québec laissent en effet entendre que le pire est peut-être
derrière nous, avec «seulement» 1091 suicides en 2007. Mine de rien, c’est le plus faible
bilan depuis 1976!
Qu’on ne se réjouisse cependant pas trop vite: aussi belle soit-elle, notre province
enregistre toujours année après année les taux les plus élevés de suicide au Canada tant
chez les hommes que chez les femmes et «on continue à figurer dans le peloton de tête
quand on se compare aux autres pays, précise André Landry, directeur général de Suicide
Action Montréal. C’est vrai qu’en regardant les nombres, ils peuvent nous paraître petits.
Mais il faut voir le tableau dans son ensemble : lorsque quelqu’un se suicide, six personnes*
sont vivement touchées par ce décès. Étant donné que les collègues de travail, l’employeur
ou un voisin peuvent l’être presque tout autant, il serait plus juste de hausser ce chiffre à
10. Il faut également savoir que pour chaque suicide il y a 25 tentatives de suicide, et que
pour chaque tentative de suicide il y a 100 individus qui ont des idées suicidaires. Pour la
seule année 2005, on a ainsi estimé à 317 000 le nombre de personnes directement
affectées par cette triste réalité, et ce, à Montréal uniquement…»
Voilà pourquoi on connaît toutes forcément quelqu’un qui s’est enlevé la vie. Et
hélas, ce n’est pas toujours le cousin au troisième degré de l’ami d’une amie. Hélas, parce
que plus on est proche de la personne qui s’est suicidée, plus on va avoir du mal dans les
mois et les années qui suivent à revoir la lumière au bout du tunnel.
Quand l’impensable survient
Un beau jour, en rentrant de l’école, une petite fille de huit ans est très surprise de voir
quantité d’inconnus s’affairer autour de sa maison. Comme elle n’a pas la moindre idée de
ce qu’ils fabriquent, elle s’approche d’un monsieur pour le lui demander tout en précisant
qu’elle habite là. Croyant bien faire, le monsieur en question sort aussitôt de sa poche un
calepin et un stylo, et dessine vite fait un bonhomme pendu en traçant les lettres p-a-p-a
juste en dessous.
De cette terrible histoire vraie ne découle qu’une certitude : on ne peut jamais
prédire la façon dont on va être informée du suicide d’un être qui nous est cher. Et on a
beau essayer d’imaginer le meilleur des scénarios, il n’y en a pas. Les seules choses qu’on
puisse espérer, c’est de ne pas le découvrir par nous-mêmes – sans conteste l’un des pires
traumatismes qu’on sera amenée à vivre – et de l’apprendre de vive voix, peu importe si
tout le tact et toute la délicatesse du monde ne peuvent en atténuer le choc. «Dans ma
malchance j’ai eu de la chance, confie Raymonde, 54 ans. La policière chargée de me dire
l’indicible à propos de mon mari s’est montrée extrêmement humaine. Elle avait déjà
traversé une épreuve comparable, et sachant que notre tête et notre univers s’arrêtent de
tourner en même temps, elle s’est arrangée pour que mes sœurs viennent après m’avoir fait
promettre d’entrer rapidement en contact avec le groupe de soutien qui l’a épaulée. Le gros
message que je souhaite transmettre, c’est de ne surtout pas rester seule avec sa peine. Elle
est beaucoup trop lourde pour ne pas être partagée avec les autres ou être supportée sans
aide.»
Philippe Angers, coordonnateur des services à l’entourage et aux intervenants à
Suicide Action Montréal, tient d’ailleurs à souligner que tous les centres de prévention du
suicide offrent ce genre d’aide (voir l’encadré «À quelle porte frapper quand ça ne va pas»).
«On rappelle aussi aux gens de répondre correctement à leurs besoins de base (manger,
boire, dormir, sortir prendre de l’air, etc.) et très souvent, ce sont les proches qui y veillent,
ajoute-t-il. Pendant les premiers jours on est en état de choc et, par ricochet, incapable de
fonctionner normalement. D’où l’importance d’être bien entourée après l’annonce du
suicide, d’autant plus qu’on risque davantage de se renfermer en soi-même que le reste des
endeuillés. Des gens qui décèdent d’un cancer, il y en a beaucoup. Mais d’avoir à dire que
“moi, mon fils s’est enlevé la vie”, c’est beaucoup plus difficile parce que ça peut laisser
croire que c’est de notre faute.»
Chercher le coupable
«Ma sœur s’est suicidée à cause d’un gars lorsque j’avais 19 ans, raconte Anne-Lise. J’en ai
maintenant 38 et ça continue à me hanter, même si la souffrance s’est peu à peu estompée
avec le temps. Je n’apprendrai rien à personne en disant que perdre un être cher, c’est
extrêmement douloureux. Sauf que je pense que ça l’est encore plus quand la mort se fait
par suicide. Ma mère est décédée d’un infarctus en 2006. J’ai trouvé ça dur à surmonter,
mais jamais autant que le décès de ma sœur.»
Le psychologue Ghaïst Touma, qui est régulièrement appelé à intervenir en milieu de
travail lorsqu’il y a suicide, le confirme : «Les réactions émotives qui découlent d’une mort
volontaire sont généralement plus intenses et plus complexes que celles qui surviennent
après une mort naturelle ou accidentelle, car à la douleur de cette perte soudaine s’ajoute le
sentiment d’avoir peut-être joué un rôle dans le décès. “J’aurais dû me rendre compte qu’il
ou elle n’allait pas.”; “Si j’avais pris le temps de l’écouter, peut-être que…”; “Pourquoi ne lui
ai-je pas dit telle ou telle chose?”»
«Ces phrases-là, elles ont tourné en boucle dans ma tête pendant trois ans, avoue
Jean-Marc, 49 ans. Je n’arrivais tellement pas à comprendre le geste de mon père, qui s’est
tué sans motif apparent en 2004, qu’elles sont en quelque sorte devenues une obsession.
Pour moi, c’était clair : étant enfant unique, je ne pouvais qu’être l’unique responsable de sa
mort. J’étais tellement dévasté que je ne voyais pas comment j’allais un jour pouvoir
redevenir le “Jean-Marc d’avant”.»
Lorsqu’un de nos proches se suicide, il n’y a tout simplement pas de mots pour
décrire ce que l’on peut ressentir. Anne-Lise parle d’un gouffre de tristesse sans fond et de
malaises physiques (migraines, nausées, palpitations, crampes d’estomac et sensations
d’étouffement) qui l’ont obligée à passer toute une batterie de tests inutiles, Jean-Marc
d’une sorte de folie qui s’installe en douce et Patricia, ex-mère d’un fils qui aura
éternellement 17 ans, du pire cauchemar qu’on puisse vivre sur terre. «Je ne savais pas qu’il
allait aussi mal et en se suicidant, c’est comme si P. m’avait hurlé en pleine figure que j’étais
la plus mauvaise et la plus stupide des génitrices. J’ai longtemps cru qu’il avait cherché à me
punir parce que je n’avais pas compris sa détresse.»
De toutes les émotions qu’on va ressentir (angoisse, colère, peur de perdre à
nouveau quelqu’un qu’on aime, tristesse, impression d’abandon ou d’échec, etc.), la
culpabilité est indubitablement la plus retorse. Comme le précise M. Touma, on se sent
souvent coupable de n’avoir rien vu ou de n’avoir rien fait pour aider la personne, tout en
s’accusant de ne pas avoir été disponible ou de ne pas avoir été attentif aux signes qui
précèdent la majorité des suicides (voir l’encadré «Les signes annonciateurs d’un suicide»).
«Quand j’ai appris que mon mari venait de s’enlever la vie, ma première réaction n’a été que
colère, explique Maryse Chartrand, (voir l’encadré «L’histoire de Maryse Chartrand»).
“Samuel, qu’est-ce que tu as fait là?” Pour moi, quelqu’un qui se suicidait, c’était quelqu’un
qui n’aimait pas la vie ou quelqu’un qui n’était pas aimé. Or je savais que Samuel aimait la
vie et qu’il était aimé, et son suicide m’a déboussolée. J’étais près de cet homme-là et oui, je
me suis sentie coupable de n’avoir rien vu venir. Mais ce qui me préoccupais le plus,
c’étaient mes trois enfants. J’ai donc tout de suite été consulté pour savoir comment gérer ça
avec eux. Dans des situations extrêmes, où les enfants sont en terrain inconnu, ils vont baser
leurs réactions en grande partie sur celles du parent restant. J’ai alors réalisé que le
meilleur moyen de surmonter la mort de Samuel et de retrouver un certain équilibre
familial, c’était d’être active en cherchant à cerner le pourquoi de son suicide. Avec ce genre
de deuil, on est “guérie” lorsqu’on se dit : “Okay, je n’aurai jamais toutes les réponses, mais
j’accepte maintenant qu’il en soit ainsi.”»
Dans l’œil du cyclone
Comprendre ce qui bien pu pousser un proche à se suicider est donc une étape nécessaire
pour échapper au sentiment de culpabilité qui nous ronge. Mais tenter de donner un sens
rationnel à un geste qui s’inscrit souvent dans l’irrationnel est l’un des plus grands défis qui
nous attend. «Si l’endeuillée n’arrive pas à attribuer le suicide à des causes extérieures
(comme la drogue, la maladie, un accident…), rien ne garantit qu’il arrivera à trouver une
explication cohérente au fil du temps, précise en effet Ghaïst Touma. On doit cependant se
rappeler de deux choses :
- En dépit de tout, on n’est pas responsable de ce qui est arrivé. Si on avait connu les
intentions suicidaires de la personne en cause on serait intervenue, avec ou sans succès.
- Celui ou celle qui se suicide veut d’abord mettre un terme à sa souffrance. Cette dernière
est intolérable et la mort s’est imposée d’elle-même. Le suicide n’est donc ni un acte de
courage ni un acte de lâcheté. C’est un moment de détresse immense où le suicide est
devenu la seule issue pour mettre fin à la douleur morale ou physique.»
Après moult recherches, Maryse Chartrand a en effet appris que dans 90 % des cas
de suicide, il y avait une maladie mentale derrière… et que dans 100 % des cas, le cerveau
des gens qui se suicident n’a plus de sérotonine, l’hormone qui régularise l’humeur et
l’impulsivité. «En dépression, tu n’es plus la même personne, et la période critique se situe à
l’entrée ou à la sortie de cette maladie, dit-elle. Dans le creux, on n’a pas assez d’énergie
pour passer à l’acte.»
Au fil des semaines et des mois, à force d’en parler et de s’informer, on trouvera donc
peut-être des explications au geste qui a été posé. «Je ne peux pas savoir avec certitude si
les miennes sont justes, mais au moins m’ont-elles permis de retrouver une certaine sérénité
après trois ans de questionnement et de mal-être, affirme Patricia. Perdre un
enfant parce qu’il s’est suicidé, c’est le deuil le plus ingrat à traverser. Il nous confronte à
notre propre incompétence en tant que parent et, avec notre enfant, meurent aussi tous les
espoirs et les rêves qu’on avait fondés pour lui. En clair, jamais on ne saura ce qu’il aurait pu
devenir et ça, c’est un crève-cœur indicible. Je veux cependant dire aux pères et aux mères
qui traversent présentement cette tragédie de s’accrocher : premièrement parce qu’on y
survit, deuxièmement parce qu’on en tire souvent du positif.» Benjamine Gill, directrice
générale de l’Association québécoise des parents et amis de la personne atteinte de maladie
mentale, en est d’ailleurs la preuve vivante : «J’ai perdu un neveu en 1994, mon fils en 1998
et un autre neveu il y a deux ans. Les trois avaient des problèmes de santé mentale et j’ai
choisi de donner un sens à ma vie en dirigeant cette association. Autrement, tout ça serait
arrivé inutilement. À chacune de développer ses outils, et les miens se sont affûtés en
apprenant que la fille d’une de mes employées était morte de leucémie à 17 ans. Par rapport
à elle, j’ai eu la chance de profiter de mon fils 10 ans de plus.»
La lumière au bout du tunnel existe donc bel et bien, même si elle n’apparaît pas de
la même façon pour tout le monde. Jean-Marc a mis deux ans avant de l’apercevoir grâce à
un groupe de soutien, Jérôme Blais, un étudiant dont le père s’est aussi suicidé, l’a trouvée
l’été dernier sous les roues de son vélo en parcourant 6500 km afin d’amasser à sa mémoire
des fonds pour la Fondation de Suicide Action Montréal, et Anne-Lise est devenue assistante
sociale au lieu de notaire, ce dont elle se félicite encore. «Il y a en effet plusieurs manières
de faire avancer son deuil, conclut Philippe Angers. Mais comme le cheminement est long, il
faut toujours rester vigilant car on est maintenant plus à risque d’avoir à notre tour des
idées suicidaires… Même s’il ne s’agit que d’un flash, il ne faut pas garder ça pour nous.»
* D’après des données de l’Organisation mondiale de la santé établies en 2001.
**Source : Institut national de santé publique du Québec
À quelle porte frapper quand ça ne va pas
- Centres de prévention du suicide : partout au Québec, on compose le
1 866 A P P E L L E (277-3553). Notre appel sera automatiquement acheminé à la
ressource la plus proche afin d’être écoutée, réconfortée ou dirigée vers un groupe
de soutien.
- Suicide Action Montréal : 514 723-4000. Affilié aux Centres de prévention du
suicide.
- Maison Monbourquette : 1 888 533-3845 ou 514 523-3596 (Montréal). Ce service
d’écoute donne les outils nécessaires pour franchir toutes les étapes d’un deuil.
- Deuil-Jeunesse : 418 670-9772. L’entreprise encadre les jeunes qui vivent la mort
d’un proche.
- Parent Étoile : 514 947-0606. Un organisme à but non lucratif offrant un lieu de
rencontre aux enfants qui ont perdu l’un de leurs parents.
À surveiller : les signes annonciateurs d’un suicide
On s’inquiète si :
1. notre proche sait déjà comment, où et quand il va passer à l’acte lorsqu’on lui pose
directement la question;
2. il a déjà fait, au cours de la dernière année, une tentative de suicide;
3. il montre des signes de grand désespoir;
4. il consomme de façon excessive alcool et/ou drogues;
5. il est très impulsif;
6. il se néglige : il ne dort plus, il ne mange plus, il ne va plus à ses rendez-vous, il ne
prend plus ses médicaments, etc.
7. il s’isole de plus en plus.
Dès qu’un de nos proches montre un ou plusieurs des sept critères, Philippe Angers,
coordonnateur des services à l’entourage et aux intervenants à Suicide Action Montréal,
nous dit d’appeler sans délai Suicide Action Montréal ou tout autre centre de prévention du
suicide pour savoir comment agir.
L’histoire de Maryse Chartrand
Avec son mari et ses trois enfants, Maryse Chartrand a fait le tour du monde pendant un an
dans l’intention d’en tirer un film. Mais deux jours après avoir enfin reçu le financement
nécessaire pour le tourner, Samuel se suicide. Au lieu de raconter son périple, Maryse
réalisera donc Le Voyage d'une vie, un documentaire portant sur son deuil.
«Pour survivre à ça, j’avais besoin de comprendre et ce film-là a été une bouée. Il m’a
permis d’aller chercher des réponses et de faire plus rapidement mon deuil. Toute ma vie il
va y avoir des moments où je vais replonger et être triste mais aujourd’hui, je sais que c’est
un passage, que je vais en ressortir. Je n’ai plus peur de la tristesse parce qu’on en tire du
positif.
Ceci dit, j’étais à 1000 lieues de me douter que Samuel était suicidaire, même si je
savais qu’il était en dépression. La nuit qui a suivi sa disparition a été la pire nuit de ma vie.
Ne rien pouvoir faire quand quelqu’un que tu aimes est en détresse, c’est terrible. Par la
police, j’ai su qu’il avait pris ses messages le lendemain à 11 h. J’ai eu un gros espoir à ce
moment-là, car les messages que je lui avais laissés étaient des messages d’amour. Son
psychologue et son ami Vincent lui en avaient aussi laissés. Mais vers 2 h du matin, la police
est venue chez moi pour m’annoncer que mon mari s’était ôté la vie.
Un deuil, ça s’inscrit dans la durée. On pense que le moment le plus dur à traverser
est au début, mais c’est plutôt une fois que le bateau est sorti de la tempête. C’est là que
l’absence se fait sentir. Moi, ça m’a pris six mois avant de me rendre compte que plus jamais
Samuel n’allait être là. Il est donc important que l’entourage le sache, pour être présent
quand ça arrive.
Aujourd’hui, mes enfants sont en paix avec la façon dont Samuel est mort. Mais ça
laisse un gros vide dans leur vie. Un parent, c’est un témoin qui encourage et qui soutient
les enfants dans leurs succès et leurs échecs et ce regard-là est important. Ma fille entre en
cinéma et Samuel était maniaque de cinéma…»
Pour en savoir plus
Cinq livres qu’on recommande vivement parce qu’ils permettent entre autres de bien
comprendre chacune des phases d’un deuil.
- Le choix de vivre – Comment les épreuves d’une vie nous guident vers l’essentiel
Marie Lise Labonté, aux Éditions de l’Homme, 208 pages, 2009, 24,95 $.
- Surmonter l’épreuve du deuil (5e édition)
Line Saint-Pierre et Roger Régnier, aux Éditions Quebecor, 244 pages, 2009, 24,95 $.
- Sortir du deuil, surmonter son chagrin et réapprendre à vivre
Anne Ancelin Schützenberger et Évelyne Bissone Jeufroy, aux Éditions Payot, 2008, 140
pages, 11,95 $.
- Après le suicide d’un proche
Christophe Fauré, aux Éditions Albin Michel, 2007, 208 pages, 26,95 $.
- Le deuil après suicide
Michel Hanus, aux Éditions Maloine, 411 pages, 2004, 61,95 $.

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Suicide

  • 1. Le suicide pour ceux qui restent Comment réagirions-nous si un être cher s’enlevait la vie? Par Karine Vilder On connaît toutes quelqu’un qui s’est enlevé la vie. Même s’il s’agit du cousin au troisième degré de l’ami d’une amie et même si le nombre de morts par suicide a considérablement diminué au Québec au cours des neuf dernières années. Après le sommet record de 1620 décès atteint en 1999, dont celui de Gaétan Girouard, le journaliste-vedette de l’émission J.E., les données provisoires de l’Institut national de santé publique du Québec laissent en effet entendre que le pire est peut-être derrière nous, avec «seulement» 1091 suicides en 2007. Mine de rien, c’est le plus faible bilan depuis 1976! Qu’on ne se réjouisse cependant pas trop vite: aussi belle soit-elle, notre province enregistre toujours année après année les taux les plus élevés de suicide au Canada tant chez les hommes que chez les femmes et «on continue à figurer dans le peloton de tête quand on se compare aux autres pays, précise André Landry, directeur général de Suicide Action Montréal. C’est vrai qu’en regardant les nombres, ils peuvent nous paraître petits. Mais il faut voir le tableau dans son ensemble : lorsque quelqu’un se suicide, six personnes* sont vivement touchées par ce décès. Étant donné que les collègues de travail, l’employeur ou un voisin peuvent l’être presque tout autant, il serait plus juste de hausser ce chiffre à 10. Il faut également savoir que pour chaque suicide il y a 25 tentatives de suicide, et que pour chaque tentative de suicide il y a 100 individus qui ont des idées suicidaires. Pour la seule année 2005, on a ainsi estimé à 317 000 le nombre de personnes directement affectées par cette triste réalité, et ce, à Montréal uniquement…» Voilà pourquoi on connaît toutes forcément quelqu’un qui s’est enlevé la vie. Et hélas, ce n’est pas toujours le cousin au troisième degré de l’ami d’une amie. Hélas, parce que plus on est proche de la personne qui s’est suicidée, plus on va avoir du mal dans les mois et les années qui suivent à revoir la lumière au bout du tunnel. Quand l’impensable survient Un beau jour, en rentrant de l’école, une petite fille de huit ans est très surprise de voir quantité d’inconnus s’affairer autour de sa maison. Comme elle n’a pas la moindre idée de ce qu’ils fabriquent, elle s’approche d’un monsieur pour le lui demander tout en précisant qu’elle habite là. Croyant bien faire, le monsieur en question sort aussitôt de sa poche un calepin et un stylo, et dessine vite fait un bonhomme pendu en traçant les lettres p-a-p-a juste en dessous. De cette terrible histoire vraie ne découle qu’une certitude : on ne peut jamais prédire la façon dont on va être informée du suicide d’un être qui nous est cher. Et on a beau essayer d’imaginer le meilleur des scénarios, il n’y en a pas. Les seules choses qu’on puisse espérer, c’est de ne pas le découvrir par nous-mêmes – sans conteste l’un des pires traumatismes qu’on sera amenée à vivre – et de l’apprendre de vive voix, peu importe si tout le tact et toute la délicatesse du monde ne peuvent en atténuer le choc. «Dans ma malchance j’ai eu de la chance, confie Raymonde, 54 ans. La policière chargée de me dire
  • 2. l’indicible à propos de mon mari s’est montrée extrêmement humaine. Elle avait déjà traversé une épreuve comparable, et sachant que notre tête et notre univers s’arrêtent de tourner en même temps, elle s’est arrangée pour que mes sœurs viennent après m’avoir fait promettre d’entrer rapidement en contact avec le groupe de soutien qui l’a épaulée. Le gros message que je souhaite transmettre, c’est de ne surtout pas rester seule avec sa peine. Elle est beaucoup trop lourde pour ne pas être partagée avec les autres ou être supportée sans aide.» Philippe Angers, coordonnateur des services à l’entourage et aux intervenants à Suicide Action Montréal, tient d’ailleurs à souligner que tous les centres de prévention du suicide offrent ce genre d’aide (voir l’encadré «À quelle porte frapper quand ça ne va pas»). «On rappelle aussi aux gens de répondre correctement à leurs besoins de base (manger, boire, dormir, sortir prendre de l’air, etc.) et très souvent, ce sont les proches qui y veillent, ajoute-t-il. Pendant les premiers jours on est en état de choc et, par ricochet, incapable de fonctionner normalement. D’où l’importance d’être bien entourée après l’annonce du suicide, d’autant plus qu’on risque davantage de se renfermer en soi-même que le reste des endeuillés. Des gens qui décèdent d’un cancer, il y en a beaucoup. Mais d’avoir à dire que “moi, mon fils s’est enlevé la vie”, c’est beaucoup plus difficile parce que ça peut laisser croire que c’est de notre faute.» Chercher le coupable «Ma sœur s’est suicidée à cause d’un gars lorsque j’avais 19 ans, raconte Anne-Lise. J’en ai maintenant 38 et ça continue à me hanter, même si la souffrance s’est peu à peu estompée avec le temps. Je n’apprendrai rien à personne en disant que perdre un être cher, c’est extrêmement douloureux. Sauf que je pense que ça l’est encore plus quand la mort se fait par suicide. Ma mère est décédée d’un infarctus en 2006. J’ai trouvé ça dur à surmonter, mais jamais autant que le décès de ma sœur.» Le psychologue Ghaïst Touma, qui est régulièrement appelé à intervenir en milieu de travail lorsqu’il y a suicide, le confirme : «Les réactions émotives qui découlent d’une mort volontaire sont généralement plus intenses et plus complexes que celles qui surviennent après une mort naturelle ou accidentelle, car à la douleur de cette perte soudaine s’ajoute le sentiment d’avoir peut-être joué un rôle dans le décès. “J’aurais dû me rendre compte qu’il ou elle n’allait pas.”; “Si j’avais pris le temps de l’écouter, peut-être que…”; “Pourquoi ne lui ai-je pas dit telle ou telle chose?”» «Ces phrases-là, elles ont tourné en boucle dans ma tête pendant trois ans, avoue Jean-Marc, 49 ans. Je n’arrivais tellement pas à comprendre le geste de mon père, qui s’est tué sans motif apparent en 2004, qu’elles sont en quelque sorte devenues une obsession. Pour moi, c’était clair : étant enfant unique, je ne pouvais qu’être l’unique responsable de sa mort. J’étais tellement dévasté que je ne voyais pas comment j’allais un jour pouvoir redevenir le “Jean-Marc d’avant”.» Lorsqu’un de nos proches se suicide, il n’y a tout simplement pas de mots pour décrire ce que l’on peut ressentir. Anne-Lise parle d’un gouffre de tristesse sans fond et de malaises physiques (migraines, nausées, palpitations, crampes d’estomac et sensations d’étouffement) qui l’ont obligée à passer toute une batterie de tests inutiles, Jean-Marc d’une sorte de folie qui s’installe en douce et Patricia, ex-mère d’un fils qui aura éternellement 17 ans, du pire cauchemar qu’on puisse vivre sur terre. «Je ne savais pas qu’il
  • 3. allait aussi mal et en se suicidant, c’est comme si P. m’avait hurlé en pleine figure que j’étais la plus mauvaise et la plus stupide des génitrices. J’ai longtemps cru qu’il avait cherché à me punir parce que je n’avais pas compris sa détresse.» De toutes les émotions qu’on va ressentir (angoisse, colère, peur de perdre à nouveau quelqu’un qu’on aime, tristesse, impression d’abandon ou d’échec, etc.), la culpabilité est indubitablement la plus retorse. Comme le précise M. Touma, on se sent souvent coupable de n’avoir rien vu ou de n’avoir rien fait pour aider la personne, tout en s’accusant de ne pas avoir été disponible ou de ne pas avoir été attentif aux signes qui précèdent la majorité des suicides (voir l’encadré «Les signes annonciateurs d’un suicide»). «Quand j’ai appris que mon mari venait de s’enlever la vie, ma première réaction n’a été que colère, explique Maryse Chartrand, (voir l’encadré «L’histoire de Maryse Chartrand»). “Samuel, qu’est-ce que tu as fait là?” Pour moi, quelqu’un qui se suicidait, c’était quelqu’un qui n’aimait pas la vie ou quelqu’un qui n’était pas aimé. Or je savais que Samuel aimait la vie et qu’il était aimé, et son suicide m’a déboussolée. J’étais près de cet homme-là et oui, je me suis sentie coupable de n’avoir rien vu venir. Mais ce qui me préoccupais le plus, c’étaient mes trois enfants. J’ai donc tout de suite été consulté pour savoir comment gérer ça avec eux. Dans des situations extrêmes, où les enfants sont en terrain inconnu, ils vont baser leurs réactions en grande partie sur celles du parent restant. J’ai alors réalisé que le meilleur moyen de surmonter la mort de Samuel et de retrouver un certain équilibre familial, c’était d’être active en cherchant à cerner le pourquoi de son suicide. Avec ce genre de deuil, on est “guérie” lorsqu’on se dit : “Okay, je n’aurai jamais toutes les réponses, mais j’accepte maintenant qu’il en soit ainsi.”» Dans l’œil du cyclone Comprendre ce qui bien pu pousser un proche à se suicider est donc une étape nécessaire pour échapper au sentiment de culpabilité qui nous ronge. Mais tenter de donner un sens rationnel à un geste qui s’inscrit souvent dans l’irrationnel est l’un des plus grands défis qui nous attend. «Si l’endeuillée n’arrive pas à attribuer le suicide à des causes extérieures (comme la drogue, la maladie, un accident…), rien ne garantit qu’il arrivera à trouver une explication cohérente au fil du temps, précise en effet Ghaïst Touma. On doit cependant se rappeler de deux choses : - En dépit de tout, on n’est pas responsable de ce qui est arrivé. Si on avait connu les intentions suicidaires de la personne en cause on serait intervenue, avec ou sans succès. - Celui ou celle qui se suicide veut d’abord mettre un terme à sa souffrance. Cette dernière est intolérable et la mort s’est imposée d’elle-même. Le suicide n’est donc ni un acte de courage ni un acte de lâcheté. C’est un moment de détresse immense où le suicide est devenu la seule issue pour mettre fin à la douleur morale ou physique.» Après moult recherches, Maryse Chartrand a en effet appris que dans 90 % des cas de suicide, il y avait une maladie mentale derrière… et que dans 100 % des cas, le cerveau des gens qui se suicident n’a plus de sérotonine, l’hormone qui régularise l’humeur et l’impulsivité. «En dépression, tu n’es plus la même personne, et la période critique se situe à l’entrée ou à la sortie de cette maladie, dit-elle. Dans le creux, on n’a pas assez d’énergie pour passer à l’acte.» Au fil des semaines et des mois, à force d’en parler et de s’informer, on trouvera donc peut-être des explications au geste qui a été posé. «Je ne peux pas savoir avec certitude si
  • 4. les miennes sont justes, mais au moins m’ont-elles permis de retrouver une certaine sérénité après trois ans de questionnement et de mal-être, affirme Patricia. Perdre un enfant parce qu’il s’est suicidé, c’est le deuil le plus ingrat à traverser. Il nous confronte à notre propre incompétence en tant que parent et, avec notre enfant, meurent aussi tous les espoirs et les rêves qu’on avait fondés pour lui. En clair, jamais on ne saura ce qu’il aurait pu devenir et ça, c’est un crève-cœur indicible. Je veux cependant dire aux pères et aux mères qui traversent présentement cette tragédie de s’accrocher : premièrement parce qu’on y survit, deuxièmement parce qu’on en tire souvent du positif.» Benjamine Gill, directrice générale de l’Association québécoise des parents et amis de la personne atteinte de maladie mentale, en est d’ailleurs la preuve vivante : «J’ai perdu un neveu en 1994, mon fils en 1998 et un autre neveu il y a deux ans. Les trois avaient des problèmes de santé mentale et j’ai choisi de donner un sens à ma vie en dirigeant cette association. Autrement, tout ça serait arrivé inutilement. À chacune de développer ses outils, et les miens se sont affûtés en apprenant que la fille d’une de mes employées était morte de leucémie à 17 ans. Par rapport à elle, j’ai eu la chance de profiter de mon fils 10 ans de plus.» La lumière au bout du tunnel existe donc bel et bien, même si elle n’apparaît pas de la même façon pour tout le monde. Jean-Marc a mis deux ans avant de l’apercevoir grâce à un groupe de soutien, Jérôme Blais, un étudiant dont le père s’est aussi suicidé, l’a trouvée l’été dernier sous les roues de son vélo en parcourant 6500 km afin d’amasser à sa mémoire des fonds pour la Fondation de Suicide Action Montréal, et Anne-Lise est devenue assistante sociale au lieu de notaire, ce dont elle se félicite encore. «Il y a en effet plusieurs manières de faire avancer son deuil, conclut Philippe Angers. Mais comme le cheminement est long, il faut toujours rester vigilant car on est maintenant plus à risque d’avoir à notre tour des idées suicidaires… Même s’il ne s’agit que d’un flash, il ne faut pas garder ça pour nous.» * D’après des données de l’Organisation mondiale de la santé établies en 2001. **Source : Institut national de santé publique du Québec À quelle porte frapper quand ça ne va pas - Centres de prévention du suicide : partout au Québec, on compose le 1 866 A P P E L L E (277-3553). Notre appel sera automatiquement acheminé à la ressource la plus proche afin d’être écoutée, réconfortée ou dirigée vers un groupe de soutien. - Suicide Action Montréal : 514 723-4000. Affilié aux Centres de prévention du suicide. - Maison Monbourquette : 1 888 533-3845 ou 514 523-3596 (Montréal). Ce service d’écoute donne les outils nécessaires pour franchir toutes les étapes d’un deuil. - Deuil-Jeunesse : 418 670-9772. L’entreprise encadre les jeunes qui vivent la mort d’un proche. - Parent Étoile : 514 947-0606. Un organisme à but non lucratif offrant un lieu de rencontre aux enfants qui ont perdu l’un de leurs parents.
  • 5. À surveiller : les signes annonciateurs d’un suicide On s’inquiète si : 1. notre proche sait déjà comment, où et quand il va passer à l’acte lorsqu’on lui pose directement la question; 2. il a déjà fait, au cours de la dernière année, une tentative de suicide; 3. il montre des signes de grand désespoir; 4. il consomme de façon excessive alcool et/ou drogues; 5. il est très impulsif; 6. il se néglige : il ne dort plus, il ne mange plus, il ne va plus à ses rendez-vous, il ne prend plus ses médicaments, etc. 7. il s’isole de plus en plus. Dès qu’un de nos proches montre un ou plusieurs des sept critères, Philippe Angers, coordonnateur des services à l’entourage et aux intervenants à Suicide Action Montréal, nous dit d’appeler sans délai Suicide Action Montréal ou tout autre centre de prévention du suicide pour savoir comment agir. L’histoire de Maryse Chartrand Avec son mari et ses trois enfants, Maryse Chartrand a fait le tour du monde pendant un an dans l’intention d’en tirer un film. Mais deux jours après avoir enfin reçu le financement nécessaire pour le tourner, Samuel se suicide. Au lieu de raconter son périple, Maryse réalisera donc Le Voyage d'une vie, un documentaire portant sur son deuil. «Pour survivre à ça, j’avais besoin de comprendre et ce film-là a été une bouée. Il m’a permis d’aller chercher des réponses et de faire plus rapidement mon deuil. Toute ma vie il va y avoir des moments où je vais replonger et être triste mais aujourd’hui, je sais que c’est un passage, que je vais en ressortir. Je n’ai plus peur de la tristesse parce qu’on en tire du positif. Ceci dit, j’étais à 1000 lieues de me douter que Samuel était suicidaire, même si je savais qu’il était en dépression. La nuit qui a suivi sa disparition a été la pire nuit de ma vie. Ne rien pouvoir faire quand quelqu’un que tu aimes est en détresse, c’est terrible. Par la police, j’ai su qu’il avait pris ses messages le lendemain à 11 h. J’ai eu un gros espoir à ce moment-là, car les messages que je lui avais laissés étaient des messages d’amour. Son psychologue et son ami Vincent lui en avaient aussi laissés. Mais vers 2 h du matin, la police est venue chez moi pour m’annoncer que mon mari s’était ôté la vie. Un deuil, ça s’inscrit dans la durée. On pense que le moment le plus dur à traverser est au début, mais c’est plutôt une fois que le bateau est sorti de la tempête. C’est là que l’absence se fait sentir. Moi, ça m’a pris six mois avant de me rendre compte que plus jamais Samuel n’allait être là. Il est donc important que l’entourage le sache, pour être présent quand ça arrive. Aujourd’hui, mes enfants sont en paix avec la façon dont Samuel est mort. Mais ça laisse un gros vide dans leur vie. Un parent, c’est un témoin qui encourage et qui soutient les enfants dans leurs succès et leurs échecs et ce regard-là est important. Ma fille entre en cinéma et Samuel était maniaque de cinéma…»
  • 6. Pour en savoir plus Cinq livres qu’on recommande vivement parce qu’ils permettent entre autres de bien comprendre chacune des phases d’un deuil. - Le choix de vivre – Comment les épreuves d’une vie nous guident vers l’essentiel Marie Lise Labonté, aux Éditions de l’Homme, 208 pages, 2009, 24,95 $. - Surmonter l’épreuve du deuil (5e édition) Line Saint-Pierre et Roger Régnier, aux Éditions Quebecor, 244 pages, 2009, 24,95 $. - Sortir du deuil, surmonter son chagrin et réapprendre à vivre Anne Ancelin Schützenberger et Évelyne Bissone Jeufroy, aux Éditions Payot, 2008, 140 pages, 11,95 $. - Après le suicide d’un proche Christophe Fauré, aux Éditions Albin Michel, 2007, 208 pages, 26,95 $. - Le deuil après suicide Michel Hanus, aux Éditions Maloine, 411 pages, 2004, 61,95 $.